20 janvier 2008 au 18 octobre 2009. Graines congelées. Elon Musk. Vol Rio-Paris. HSBC sort de l’ombre. 17309
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Publié par (l.peltier) le 18 août 2008 En savoir plus

20 01 2008 

À bord de son trimaran IDEC, Francis Joyon pulvérise de quatorze jours le record du Tour du monde en solitaire d’Helen Mac Arthur en 57 jours, 13 heures 34 minutes et 6 secondes. Une moyenne de 19 nœuds – 34 km/h – sur ce bateau de 29.7 m de long, 16.5 de large et un mât à 32 m au-dessus de l’eau.

2 02 2008    

Lara Gut, tessinoise [Suisse italophone] née à Lugano a 16 ans et demi. C’est sa première descente de Coupe du Monde de ski alpin, à Saint Moritz. Elle va arriver avec 2/10 sec. d’avance sur ses suivantes immédiates : stupéfiant !  une totale décontraction, grand privilège de son âge, un culot, une insolence et un talent à couper le souffle ! À trente mètres de l’arrivée, petite faute de carre, et c’est le grand écart… elle perd un ski, peut-être le réglage était-il trop lâche, continue quelques mètres sur un seul, puis tombe… et franchit sur les fesses, sur le dos,  la ligne d’arrivée à 1/100° de la deuxième, Maria Holaus, et à 35/100° de Tina Maze, la grande descendeuse slovène. Les officiels chercheront en vain dans les règlements l’obligation de franchir l’arrivée sur les skis : ils ne trouveront rien ! Elle est troisième ! De mémoire de skieur, jamais on ne vit dans une aire d’arrivée rire aussi éclatant après une gamelle à 100 km/h. Star en ses terres, elle va devenir une des cinq meilleures skieuses du monde, seule avec Petra Vhlova à pourvoir faire de l’ombre à Mikaela Schiffrin, mais sans cesse médaille d’or au concours missski. Plus craquante qu’elle, tu meurs ! Quand elle arrêtera de courir, la Suisse pourra la nommer ambassadrice à l’ONU, ou à Washington.

Dans le courant 2023, elle fera une grosse sottise, en se lâchant en famille : je commence à m’ennuyer dans tout ce cirque blanc, j’envisage de mette fin à la compétition. Elle recevra en retour une volée de bois vert de tous ses proches : ce n’est pas possible, tu ne peux pas faire cela, tu ne dois pas faire cela. La suite montra que ce sont ses proches qui avaient raison : jamais elle ne skiera aussi bien que pendant cette saison 2023-2024 ! Que du bonheur, et avec quelle classe !

02 2008

Au Spitzberg, à 130 mètres au-dessus du niveau de la mer, – on est en terre norvégienne – on inaugure une banque de semences agricoles : une porte d’entrée blindée, suivie d’un tunnel de 120 mètres de long, bétonné au point de ne pas craindre une roquette ; le tunnel donne sur deux portes d’acier, puis une grande salle, et encore trois portes blindées, qui protègent trois caves  réfrigérées à – 20°, abritant des milliers de semences : maïs, blé, riz, haricot, sorgho, légumes d’Europe et d’Amérique latine. Toutes ces graines, séchées pour éviter toute moisissure, sont enfermées dans des sacs hermétiques repliés trois fois. L’ambition est d’y préserver des échantillons de toutes les variétés de plantes vivrières : 3 millions ; il existe 4 000 variétés de pommes, des dizaines de milliers de maïs, de froment, de blé etc.

C’est simplement une installation de sauvegarde, destinée à stocker des doubles des échantillons de semences détenus par les banques génétiques un peu partout dans le monde. Une banque qui aurait déposé des copies de sécurité dans la chambre forte et qui viendrait à perdre ses collections peut revenir ici les récupérer et les reconstituer.

Asmund Asdal, biologiste, agronome, coordinateur du projet et maître des lieux.

L’importance de l’entreprise tient en un chiffre. Selon la FAO – Food and Agriculture Organisation – près des trois quarts de la biodiversité cultivée a disparu des campagnes depuis un siècle. Des milliers de variétés de pommes, d’avocats, de blé, d’orge, de pois chiches ou de pommes de terre, qui peuplaient les champs et les vergers au début du XX°  siècle, seulement quelques dizaines demeurent exploitées. Dans les années 1970, pour lutter contre la faim, des variétés très productives ont été sélectionnées, souvent sur une base génétique étroite, et diffusées à une vaste échelle. La contrepartie est le risque d’amnésie. La perte de milliers d’années de sélection de variétés agricoles, la disparition d’un patrimoine agronomique irremplaçable.

Lorsque j’étais enfant, chaque ferme de Norvège utilisait d’une année sur l’autre ses propres semences, raconte Asmund Asdal, qui n’a pas 60 ans. Chaque exploitation, chaque village avait ses propres variétés de blé, par exemple. Aujourd’hui, ce monde est révolu, mis à bas par la nécessité de produire toujours plus. L’agriculture moderne, avec ses rendements vertigineux, ne tient qu’au prix d’une uniformisation des variétés, développées par l’industrie semencière et vendues chaque année aux agriculteurs.

En 2011, on en sera à 100 000 variétés collectées, en 2016, plus de 800 000. La Corée du nord participe au programme – c’est d’ailleurs sa seule participation internationale – la France, elle, réfléchit encore, mais en 2016 en restait encore à l’écart.

La comptabilité est soigneusement tenue. Ici dorment plus de 541  millions de graines, représentant un total de 843 400 échantillons de variétés différentes appartenant à 5 128  espèces domestiques, ou leurs équivalents sauvages. La plupart ne sont plus cultivées. Cette chambre forte est aussi un musée, ou un caveau. Tout, ou presque, appartient à l’agriculture mais certains pays ont aussi déposé quelques variétés d’arbres forestiers, la Norvège y a mis des échantillons de la flore du Svalbard, et l’Australie a même stocké là deux variétés végétales qu’on ne trouve qu’en Antarctique.

Des semences de différentes variétés ont été stockées là au début des années 1980 et, raconte, Asmund Asdal, tous les cinq ans, nous allons en récupérer pour s’assurer que les semences sont toujours capables de germer. Jusqu’à présent, en près de quarante ans d’expérience, leur potentiel de germination s’est, à chaque fois, révélé intact. Sortez une graine de la chambre forte, semez-la, et elle poussera. La sauvegarde fonctionne.

Depuis l’inauguration de la chambre forte, début 2008, 171 dépôts ont été effectués. Un seul retrait a été enregistré. C’était dans la première semaine d’octobre 2015, avec le retrait de 38 000 échantillons par Mahmoud Solh, directeur général du Centre international de recherche agricole dans les zones arides (Icarda), l’institut chargé de collecter, de conserver et de distribuer les variétés de blé, d’orge, de pois chiches ou de lentilles caractéristiques du Moyen-Orient. L’institut avait placé des copies de ses échantillons dans la chambre forte norvégienne. Bien lui en avait pris.

Car, en  2012, l’Icarda perd brutalement l’accès à sa banque de semences. On comprend aisément pourquoi : le siège et les installations de recherche de l’institut se trouvent tout à côté d’Alep, au cœur du cauchemar syrien. En  2012, la situation s’est brutalement dégradée et tout le personnel international de l’Icarda a été évacué, raconte Ahmed Amri, responsable de la gestion des ressources génétiques de l’institution. Nous avons dû délocaliser nos activités, principalement au Liban et au Maroc. L’accès à la banque génétique et à ses quelque 150 000 échantillons est perdu. Quelques mois plus tard, le déplacement des combats met en péril les installations et, au printemps 2014, celles-ci tombent sous le contrôle de l’Armée syrienne libre.

Mais une forme de miracle se produit. Parmi les rebelles qui ont pris le bâtiment, il s’en trouvait un qui était agronome et qui a tout de suite compris qu’il fallait à tout prix préserver ces ressources, poursuit Ahmed Amri. Aujourd’hui, selon les dernières nouvelles qui parviennent aux responsables de l’institut, trois employés syriens continuent, dans le chaos de la guerre civile, de veiller sur la banque génétique. Aucune destruction n’a été jusqu’à présent rapportée, mais tout reste à la merci d’un obus ou d’une simple coupure prolongée d’électricité.

Il nous faut reconstruire nos collections et cela prendra plusieurs années, dit Ahmed Amri. Après un premier retrait de 38 000 échantillons, en octobre  2015, les responsables de l’Icarda prévoient de refaire régulièrement le voyage au Svalbard pour reconstituer entièrement leur banque et poursuivre leurs travaux.

Malgré cette preuve d’utilité, le projet norvégien a ses détracteurs. Ceux qui estiment que le projet est l’allié objectif de l’agriculture intensive, dont il permet de gérer l’une des conséquences les plus potentiellement désastreuses : l’érosion de la biodiversité agricole. Cependant, c’est oublier qu’il y a de par le monde plus de 1 500 banques génétiques qui remplissent cet office. Et que la réserve norvégienne ne fait qu’offrir un niveau de sécurité supplémentaire.

Stéphane Foucart. Le Monde du 19 mai 2016

Selon la FAO, seules 12 espèces végétales assurent aujourd’hui l’essentiel de l’alimentation de la planète ; la subsistance des pays du nord dépend de quatre grandes plantes commerciales – blé, riz, maïs, soja – ; mais, à l’autre extrémité des structures des pays développés, on rencontre des communautés paysannes, comme celles de la jungle de Sanephong, en Thaïlande, qui cultivent 387 espèces vivrières, dont la courge cireuse, le jacquier et le champignon à oreilles de Judas. Outre 17 gouvernements, les promoteurs de l’initiative sont le Fonds fiduciaire mondial pour la diversité des cultures, les fondations Rockefeller, Bill et Melinda Gates, des organismes et entreprises privées comme le géants des semences Syngenta, le tout à hauteur de 4 millions d’Euros.

Les opposants soulignent qu’à part la conservation des gènes, cela ne sert à rien, car une semence qui ne germe pas au bout de quelques années perd la plupart du temps son pouvoir de germination, propos qui viennent donc en contradiction avec ceux des promoteurs du projet, sauf à s’entendre sur le nombre d’années. D’autre part, une semence doit aller jusqu’à la germination, être plantée et rester ainsi dans son milieu de vie où elle s’adapte à des conditions de vie toujours nouvelles, puisque le monde change en permanence. À rester ainsi congelée pendant des années, voire des siècles, elle se retrouvera à la sortie dans des conditions de vie auxquelles elle n’est plus adaptée. Il en va ainsi de tout le vivant.

2 04 2008

Au sommet de l’OTAN, à Bucarest, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy s’opposent à l’adhésion à l’OTAN de l’Ukraine et de la Géorgie.

12 05 2008

En Chine, tremblement de terre dans le Si Chuan, autour de deux failles, de magnitude 8 ; de l’acide sulfurique se dégage en quantité. 87 000 morts.

8 06 2008   

Pierre Nowacki, ingénieur français, et douze Algériens sont tués dans un attentat à la bombe à 50 km au sud d’Alger , revendiqué par AQMI – filiale d’Al Qu’Aïda au Maghreb islamique -.

19 06 2008  

La grande piraterie s’installe à demeure dans le delta du Niger, où l’on produit du pétrole offshore : le Nigeria a été jusqu’alors le premier producteur de pétrole en Afrique.

La guerre du pétrole menace dans le delta du Niger. Pour la quatrième fois en trois jours, des installations pétrolières ont été attaquées mercredi par des groupes armés dans cette région du sud du Nigeria. Ce double attentat, qui a détruit une station de pompage de brut non loin de Port Harcourt, la capitale du delta, confirme la recrudescence des activités rebelles dans cet immense marécage gorgé de brut qu’est le delta.

Le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (Mend) a revendiqué, dans un communiqué laconique, ces actions. Le scénario bien rodé du raid portait de toute façon sa marque : un commando d’une cinquantaine d’hommes sur huit barques surmotorisées a envahi à l’aube la station de pompage avant de la faire sauter avec des explosifs. Déjà dimanche et lundi, le mouvement avait saboté un important oléoduc et une autre station de pompage.

Depuis son apparition en 2006, le Mend a érigé en spécialité non seulement ces raids, mais aussi l’enlèvement des expatriés. Sans chef connu et sans mode d’ordre clair, le Mouvement, qui prétend lutter au nom des populations du delta pour un meilleur partage de la rente pétrolière, reste une curiosité même sur un continent riche en rébellion. Le Mend est un mélange d’activistes politiques et de bandits purs. Toutes ses actions ne sont pas sous contrôle de la hiérarchie, ce qui le rend très difficile à comprendre, explique Emmanuel Igah, un analyste politique nigérian.

Les violences déclenchées par le Mend, mais aussi par une myriade d’autres groupes armés qui prospèrent dans cette région rongée par la misère et la corruption, ont sévèrement affecté la production. Le Nigeria vend désormais entre 1,8 et 2 millions de barils par jour, contre 2,6 il y a deux ans, et a perdu en avril sa place de premier producteur d’Afrique au profit de l’Angola.

Les attaques de ces derniers jours et l’opération Barbarossa, la guerre totale déclarée par le Mend, risquent encore d’aggraver cette situation. Jusqu’à présent, la plupart des sabotages ont pris pour cible la filiale locale du groupe anglo-néerlandais Shell, qui produit plus de 40 % du brut. Mais, mercredi, le Mend a dit vouloir s’en prendre maintenant à d’autres majors étrangères, l’italienne Agip et l’américaine Chevron.

Le groupe clandestin a surtout menacé de s’attaquer à la production offshore, pointant directement les plates-formes de Agbami et de Bonga, ancrées à une centaine de kilomètres au large. Nous conseillons à tous les travailleurs d’évacuer, a-t-il insisté. En juin, une première offensive sur Agbami, un site que l’on croyait hors de portée des bateaux rebelles, avait semé la panique.

Il ne faut pas sombrer dans le pessimisme. Nous ne sommes pas en guerre. Ces déclarations du Mend s’inscrivent dans le cadre d’un vaste marchandage avec le gouvernement d’Abuja, particulièrement pour l’attribution d’un ministère nouvellement créé, le ministère du… Delta, insiste Emmanuel Igah.

Tanguy Berthemet. Le Figaro du 20 06 2008

2 07 2008   

L’armée colombienne met fin à 6 ans, 4 mois et 10 jours – 2 405 jours – de captivité d’Ingrid Betancourt, aux mains des FARC de Colombie : l’opération a été un petit chef d’œuvre de manipulation, d’intox savamment distillée. La Colombie, c’est un pays où l’on ne craint pas d’afficher, dans l’aéroport de Bogota, la capitale, les mots suivant en guise de bienvenue : Le plus grand risque que vous courez en Colombie, c’est de vouloir rester.

3 07 2008

Frank Walter Steinmeier, ministre des Affaires étrangères d’Allemagne (et futur président de la République) participe à une réunion du Comité directeur de Pétersbourg, un forum bilatéral entre la Russie et l’Allemagne :

Ce n’est qu’avec la Russie que notre approvisionnement énergétique sera sûr et pacifique à long terme ! Ce n’est qu’avec la Russie que nous progresserons dans le désarmement et que nous saurons réussir dans la lutte mondiale contre le terrorisme ! J’en suis convaincu, il n’y aura pas de sécurité en Europe et dans toute la région eurasienne, ni sans la Russie, ni contre les Russie ! 

Cela vous a une sale petite odeur de Münich de 1938, où Poutine aurait pris la place de Hitler.  I believe it is peace for our time, avait clamé Chamberlain de retour à Londres .

 08 2008 

Depuis une semaine, la nervosité est palpable en Géorgie qui se traduit par des accrochages avec les forces russes aux frontières. Incidents en Ossétie. Les occidentaux s’agitent pour inciter au calme le président Saakachvili, en vain : celui-ci déclenche une opération militaire d’envergure, bombardant la capitale ossète Tskhinvali. Des soldats russes sont atteints. Vladimir Poutine, en voyage à Pékin, rentre dare dare et engage près de 40 000 hommes et deux divisions blindées. Les combats font rage autour de Tskhinvali, puis font mouvement vers Tbilissi. Saakachvili est acculé. Nicolas Sarkozy, alors président du Conseil européen, va se démener comme un beau diable pour arracher un accord, et ce ne sera pas en vain : il sera signé le 12 août. L’Abkhazie et l’Ossétie du sud deviendront indépendants.

Ce que la Russie voulait démontrer à ses véritables interlocuteurs, c’est d’abord qu’elle n’accepterait pas l’extension de l’OTAN au Caucase. Poutine et Medvedev l’avaient dit à maintes reprises ; n’étant pas écoutés, ils sont passés du discours aux travaux pratiques- à une guerre. Cette fois, ils ont été entendus.

Au-delà de cette déclaration d’hostilité à l’extension de l’OTAN, le geste russe signalait l’existence d’une limite à ne pas franchir : la Russie indiquait par là que les empiétements constants sur ce qu’elle tenait pour sa zone d’influence n’étaient plus acceptables par elle. L’avertissement valait aussi pour le projet d’extension de l’OTAN à l’Ukraine, et les Ukrainiens ne s’y sont pas trompés.

De manière générale, ce que les responsables russes ont cherché à faire entendre au monde occidental, entre le 7 et le 12 août 2008, c’est qu’ils n’acceptaient plus que les règles du jeu international soient fixées en dehors d’eux et contre eux. En ces journées dramatiques, la Russie a rappelé au monde extérieur qu’elle était encore une grande puissance. Fallait-il se lancer pour cela dans une guerre ? Les risques n’étaient-ils pas trop grands, au regard des résultats apparents : la naissance de deux petits États plus ou moins dépendants de la Russie ? Si l’on tient compte des conditions dans lesquelles se joua ce drame – les Etats-Unis empêtrés en Orient et paralysés par leur campagne électorale ; une Europe mobilisée un moment par son président temporaire, mais divisée sur le fond -, on ne peut nier que le tandem du Kremlin avait soigneusement évalué les risques et inconvénients d’une telle opération, et qu’il a atteint, au bout du compte, le résultat escompté. Si la reconnaissance explicite d’une zone d’influence russe n’est plus guère concevable au XXI° siècle, la reconnaissance implicite d’une nécessaire modération là où les intérêts russes sont prioritaires est acquise depuis l’automne 2008. Et passé le temps d’une désapprobation décente, la communauté internationale et la Russie se sont retrouvées.

Hélène Carrère d’Encausse. La Russie entre deux mondes. Fayard 2010

6 09 2008  

Le tirage au sort des éliminatoires de la Coupe du monde de foot a désigné la Turquie et l’Arménie. Jusque là on savait les deux pays opposés sur tous les autres terrains ; les contentieux immédiats de la région ont amené le président turc à Erevan et les deux présidents assistent au match, lequel va réchauffer de façon non négligeable les relations entre les deux pays.

16 09 2008

Les instruments du Fermi Gamma-Ray Space Telescope de la NASA parviennent à enregistrer une fantastique explosion loin, très loin, très très loin : 12,2 milliards d’années lumière ! La puissance du sursaut dépassait celle de 8 000 supernovæ ; l’énergie libérée en moins d’une minute représentait 5 masses solaires, et la vitesse de la matière expulsée atteignait 99,9999 % de celle de la lumière. C’est la plus violente explosion jamais observée dans l’Univers.

25 09 2008

Mise en service du Pont Gustave Flaubert à Rouen : pont levant routier sur la Seine, qui marque la limite du fleuve accessible aux navires de mer. Cette solution nécessite la réalisation de pylônes de grande hauteur de part et d’autre permettant de dégager le gabarit maritime. Le levage de la travée centrale nécessite de couper la circulation routière. Il a une portée de 120 mètres et une hauteur totale de 86 mètres. Le tirant d’air est de 7 mètres lorsque le tablier est en position basse, compatible avec le passage de péniches, et de 55 mètres au-dessus de la Seine en position haute. Sa longueur totale, y compris les viaducs d’accès, est de 670 mètres. Le tablier double, long de 120 mètres et pesant deux fois 1 300 tonnes, est supporté par quatre pylônes (jumelés deux à deux) implantés dans le lit de la Seine. Il se lève en douze minutes, d’après les prévisions en moyenne une trentaine de fois par an, notamment pour laisser le passage aux voiliers de l’Armada qui reviennent périodiquement à Rouen et aux paquebots de croisière qui accostent au centre-ville. Le marché de la construction du pont se monte, sans les viaducs d’accès, à 60 millions € TTC. Il a été remporté en février 2004 par une filiale du groupe Bouygues, la société rouennaise Quille, en association avec Eiffel, Eiffage Travaux Publics et la société belge  Victor Buyck. Le coût total de l’opération, avec les accès routiers, est de 137 millions € TTC.

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Armada de Rouen. Comment fonctionne la levée du pont Flaubert pour laisser passer les voiliers

28 09 2008   

Elon Musk, 37 ans, américain né en Afrique du Sud, président de Paypall – paiement sécurisé sur Internet par carte bancaire – et de Tesla, des voitures électriques de luxe, a fondé Space X, une société privée de lanceurs de satellites en 2002 ; il a fabriqué le lanceur Falcon 1 dont le premier étage est récupérable. Les trois premiers lancements  – 24 mars 2006, 21 mars 2007 et 3 août 2008 – ont été des échecs, mais cette fois-ci, c’est la réussite : le lanceur Falcon 1 part du site d’essais militaires Ronald Reagan, sur l’atoll Kwajalein, à 4 000 kilomètres au sud-ouest de Hawaï. Neuf minutes plus tard, après un vol propulsé sans le moindre incident, la charge utile, une simple masse de 165 kg, s’inscrivait sur une orbite de 500 x 700 kilomètres inclinée à 9,2°.

À la suite du retrait planifié de la navette spatiale américaine la NASA avait lancé un appel d’offres pour le transport d’une partie du fret et des équipages jusqu’à l’ISS qui ne peut être pris en charge par les vaisseaux existants. L’offre de Space X, qui propose de développer le lanceur moyen Falcon 9 et le cargo spatial Space X Dragon, est retenue avec celle d’une autre société pour le transport de fret.

  • La NASA passera contrat avec la société SpaceX en décembre 2008 pour le lancement de douze vaisseaux ayant une capacité cargo totale de 20 tonnes au minimum pour un montant de 1,6 milliard de dollars. Les clauses du contrat prévoient qu’il peut être étendu jusqu’à concurrence d’un montant de 3,1 milliards de dollars.
  • Le premier lancement de la fusée Falcon 9 aura lieu le 4 juin 2010 depuis Cape Canaveral. 55 mètres de haut, Ø 3.6 m, 10 moteurs fusée Merlin 1 C de 56 T de poussée chacun, capable de placer un peu plus de 10 T en orbite basse et jusqu’à 4.5 T et orbite géostationnaire, emmenant la maquette du cargo spatial Dragon 6 un véhicule orbital destiné à desservir l’ISS. Space X est soutenu par la Nasa dans le cadre de son programme COTS, susceptible d’accueillir un équipage de sept astronautes.
  • Le premier des trois vols de qualification, prévu dans le contrat avec la NASA, aura lieu le 8 décembre 2010. Dans le cadre de vol baptisé Dragon C1 le lanceur Falcon 9 place le cargo spatial Dragon sur une orbite circulaire de 288 km avec une inclinaison de 34,53 degrés. Les communications sont testées et des manœuvres de changement d’orbite et de contrôle d’orientation seront effectuées par le vaisseau à l’aide de ses moteurs. Le vaisseau amerrira après avoir effectué une rentrée atmosphérique à faible distance du point prévu[].
  • Le second vol de qualification, baptisé Dragon C2, au cours duquel l’ensemble du processus de ravitaillement de l’ISS doit être testé et validé, sera lancé le 22 mai 2010

Le pari d’Elon Musk est de fiabiliser les lancements de satellites artificiels tout en réduisant le coût de l’opération d’un facteur dix : pour faire ce que je veux faire, j’ai besoin d’un camion, pas d’une Ferrari. ce qui est une façon élégante pour ne pas avoir à dire : mes ingénieurs ont un  salaire de chauffeur de camion, et pas un salaire de pilote de Ferrari. […] Avec une agence spatiale de 1 800 employés et techniciens en 2012, et un lanceur dont le coût est évalué à 8 millions de dollars, une misère en comparaison de la concurrence,  ce nouvel acteur pourrait bientôt quelque peu jouer les trouble-fête dans un milieu de plus en plus concurrentiel. Il proposera ce que fait Arianespace pour 14 millions €, soit plus de 50 % moins cher ! En juin 2014, Arianespace passera un accord avec le motoriste Safran pour tenter de réduire ses coûts.

D’autant qu’Elon Musk n’entend pas se limiter au créneau des petits satellites en orbite basse. Un successeur de la fusée Falcon 9 est déjà à l’étude, version plus puissante capable de lancer 32 T en LEO et plus de 19 T en GTO. Le délai relativement bref entre les deux modèles s’explique par l’emploi d’une technologie éprouvée, puisqu’il s’agit simplement d’accoler à une Falcon 9 de base deux corps de premier étage du même lanceur en guise d’accélérateurs.

Résumé du Monde du 27 11 2013 et de http://www.futura-sciences.com/magazines/espace/infos/dico/d/univers-orbite-transfert-3605

La scène se passe au milieu des années 2000, lors d’une conférence spatiale au Vietnam. Le Français Jean-Yves Le Gall, alors patron d’Arianespace, devise avec ses pairs quand il voit débarquer un jeune homme en jean déchiré. Il nous a dit, à nous les patrons des plus grandes entreprises de lanceurs : Me voilà et vous êtes morts. L’un d’entre nous a répliqué : Vous parlez. Nous, on lance [des satellites]. Si on avait su… , racontera plus tard Le Gall à l’agence de presse Bloomberg.

Quinze ans plus tard, si les Européens ne sont pas morts, du moins ont-ils été bien sonnés par ce jeune prétentieux qui a envoyé le 23 avril 2021, des hommes vers la station spatiale internationale (ISS), pour la seconde fois en un an, à bord de sa fusée Falcon 9 et de sa capsule Crew Dragon. Le vrai héros de l’aventure, c’est lui, Elon Musk, même si, sur la photo, les Français n’ont d’yeux que pour leur astronaute-star Thomas Pesquet.

En deux décennies, le milliardaire a révolutionné le secteur des fusées spatiales et l’a fait basculer dans le low cost, ubérisé en quelque sorte.  Space X fait plus rêver que Tesla, mais techniquement, il n’y a rien de révolutionnaire. Musk a utilisé des techniques éprouvées, mais au juste prix, analyse Xavier Mosquet, expert du Boston Consulting Group à Detroit (Michigan). Pendant des décennies, l’aérospatiale s’est peu préoccupée du coût des lanceurs. Seule comptait la sécurité, notamment dès qu’il s’agissait d’envoyer des êtres humains dans l’espace. Le prix d’un tir était astronomique en 1957, à l’époque de Spoutnik, mais il était tombé à 10 000 dollars [8 500 euros] le kilo au début des années 1970, à la fin du programme Apollo. Sauf qu’il est resté au même niveau pendant les quarante années suivantes. Une ligne plate, comme si c’était une loi de la nature, explique Robert Zubrin, président de la Mars Society et ami d’Elon Musk.

Après avoir tenté d’acheter des fusées bon marché en Russie en 2001, Musk décide de les construire lui-même et remise à plus tard son rêve d’aller sur Mars. Il veut commencer par s’attaquer au marché du satellite, un projet plus réaliste qui consiste à transformer l’orbite terrestre en une sorte d’autoroute où circuleraient des milliers d’engins. Pour cela, il va tout faire lui-même, avec les moyens du bord, avant d’avoir, quelques années plus tard, l’idée géniale de récupérer les lanceurs utilisés.

L’incroyable aventure, car il s’agit bien de cela, commence dans le Pacifique, où le milliardaire va tester ses fusées. C’est l’ingénieur Jeremy Hollman qui raconte au Monde le périple. En décembre 2005, il prend un avion à Los Angeles, direction Honolulu, la capitale de l’archipel d’Hawaï. Puis un autre qui le dépose, via l’île américaine de Guam, au milieu des îles Marshall sur l’atoll de Kwajalein. D’où il faut compter encore une heure de bateau pour traverser le lagon et rejoindre l’îlot d’Omelek, le site choisi par Elon Musk, à la verticale de l’équateur. Il n’a guère eu le choix. L’armée de l’air américaine n’a pas voulu l’accueillir sur sa base de Vandenberg, au nord de Los Angeles. Musk doit se résoudre à s’exiler à 8 000 kilomètres de la Californie, 5 000 de Sydney, 4 000 de Tokyo. L’îlot le plus proche, à 400 kilomètres au nord, est Bikini, connu pour avoir servi aux essais atomiques américains au tournant des années 1950.

À Omelek, il n’y a rien, juste du sable cerné par l’océan. Seuls quelques ouvriers s’emploient à bétonner un pas de tir. L’ingénieur Jeremy Hollman fait partie de l’équipe de préparation du lancement. Au début, les pionniers de SpaceX font l’aller-retour chaque jour entre Omelek et Kwajalein, mais finissent par installer quelques préfabriqués pour dormir sur place. Je suis resté près de deux mois à Omelek, dont deux semaines sans retourner à Kwajalein, se souvient Hollman. Les jours tranquilles, l’ingénieur pêche, chasse le requin, fait des barbecues, prend des coups de soleil ou regarde les étoiles. Si un employé se rend aux Etats-Unis, il en revient avec des DVD. Mais, loin de se la couler douce, les hommes travaillent dur sur l’îlot, de 7 heures à 19 heures sans interruption. Il s’agit d’être prêt. C’est une des meilleures équipes avec lesquelles j’ai travaillé, se souvient Hollman, encore médusé du succès de l’entreprise. SpaceX est bien plus grand que j’aurais pu le rêver. Jamais je n’aurais imaginé cela.

Pourtant, il a fallu en affronter des épreuves pour en arriver là. Le 24 mars 2006, c’est le grand jour. Elon Musk a fait le déplacement et surveille le décollage du centre de contrôle de Kwajalein. Jeremy Hollman, lui, a inspecté le moteur de la fusée Falcon 1 (27 tonnes, 21,3 m, 420 kg de charge utile). Il est évacué à la toute fin sur un îlot à quinze minutes de bateau du pas de tir. Le vent souffle dans les cocotiers, le ciel est clairsemé de nuages, les moteurs s’allument. Une minute, puis c’est l’explosion, les débris de la fusée retombent autour du pas de tir. On a vu l’échec du lancement depuis l’île de repli et on a cherché tout de suite à savoir ce qui s’était passé. On n’était pas complètement surpris que quelque chose n’ait pas marché, mais on était déçu que ça se soit passé si mal, se désole Jeremy Hollman. Après enquête, la cause du désastre est mise au jour : fuite de carburant sur le moteur. Musk ne se laisse pas démonter : Space X est un projet de long terme et nous le ferons fonctionner contre vents et marées.  Selon son biographe, Ashlee Vance, il mit en avant le fait que d’autres lancements financés par l’Etat avaient eux aussi échoué à leurs débuts.

Toutefois, ce jour-là, Elon Musk trouve un bouc émissaire en Jeremy Hollman, accusé en son absence d’avoir mal resserré une valve. Je savais que ce que j’avais fait avec mon adjoint était correct et les investigations ont montré que [ce que Musk avait dit] n’était pas ce qui s’était passé. Je n’étais pas ravi, confie-t-il avec un sens certain de la litote. En réalité, un joint avait souffert de la corrosion marine, causant la fuite. Il faut recommencer de zéro, mais le deuxième tir est aussi un échec, la fusée n’atteignant pas son orbite, tout comme le troisième, en août 2007, qui voit la collision de deux éléments de la fusée lors de leur séparation.

C’est la catastrophe. Elon Musk n’a plus les fonds pour financer l’aventure spatiale. Le tir de la dernière chance a lieu le 28 septembre 2008. Le fondateur de SpaceX n’a pas osé faire le déplacement dans le Pacifique. Il est resté à Los Angeles, et, pour faire baisser la tension, il a, selon son biographe, passé la journée à Disneyland avec son frère et ses enfants.

Enfin, c’est le triomphe. Lancement impeccable. C’est l’un des plus beaux jours de ma vie, explique Elon Musk à ses salariés. Mais la situation financière reste dramatique. Son bras droit, Gwynne Shotwell, a convoqué tous les managers pour nous expliquer qu’on n’était pas au bout du tunnel, que l’argent sortait plus vite qu’il n’entrait, se souvient James McLaury, ingénieur spécialisé dans le contrôle des pièces. Sale temps pour Space X. Mais personne ne voit encore que ce lancement est décisif. Dans trois mois, Elon Musk sera sauvé par la Nasa.

Le changement de regard sur le milliardaire est spectaculaire. Au début, quand Elon disait qu’il allait construire une fusée, personne ne le croyait. On le prenait pour un charlatan, pas digne de confiance, se souvient Jim Cantrell, qui l’avait accompagné à Moscou et s’était efforcé de faire la promotion de Musk auprès des Russes. Une partie de mon rôle était de le crédibiliser. Je l’ai présenté aux sénateurs de mon Etat, l’Utah, à John McCain, sénateur d’Arizona [et candidat malheureux à la présidentielle face à Barack Obama, en 2008], à des généraux du Pentagone que j’avais connus pendant mes études. 

C’est la déroute de la Nasa qui fera la fortune de Musk. Son timing était excellent, personne ne pensait que la navette spatiale prendrait sa retraite quand on a lancé Space X, poursuit Jim Cantrell. L’agence américaine connaît deux échecs techniques – et humains – avec les explosions en vol de Challenger (1986) et de Columbia (2003) et une dérive hallucinante des coûts tant la remise à niveau de la navette après chaque vol est élevée. Fort de la réussite du lancement, Elon Musk va bénéficier de cette déroute, alors que le président George W. Bush a demandé à la Nasa de recourir aux services du privé pour desservir la Station spatiale internationale et la desserte de routine de l’orbite basse de la Terre.

En plein interrègne entre les présidents Bush et Obama, alors que la crise financière fracasse l’économie mondiale, deux jours avant Noël, le 23 décembre 2008, tombe un communiqué de la Nasa : SpaceX se voit allouer par l’agence spatiale 1,6 milliard $ pour réaliser douze vols vers l’ISS, sur la base de l’unique tir réussi en septembre. Chaque vol devait permettre le transport d’au moins 20 m³ de marchandises. La Nasa l’a sauvé, résume Jim Cantrell, qui estime que le contribuable américain a fait une excellente affaire : la Nasa a dépensé 50 milliards $ dans son propre programme de lanceur. C’est un ratio de 1 à 50 comparé à Musk. Je suis incroyablement redevable à la Nasa d’avoir soutenu Space X alors que mes fusées s’étaient crashées. Je suis le plus grand fan de la Nasa, répétait encore Elon Musk, en 2016, au congrès mondial de l’astronautique à Guadalajara (Mexique).

Béni par la puissance publique, Elon Musk quitte le Pacifique et effectue désormais ses tirs de Cap Canaveral, en Floride. Il se concentre sur un lanceur plus puissant, le Falcon 9, gigantesque fusée dont le premier tir a lieu en 2010, et met en œuvre les ingrédients de sa recette pour abaisser les coûts. Ainsi, le Falcon 9 utilise neuf moteurs au fonctionnement simplifié plutôt qu’un seul ultra-sophistiqué. La construction se fait dans une seule usine en Californie, là où les Européens complexifient la production en vertu de la loi du juste retour, qui veut que chaque pays actionnaire d’Ariane ait sa part. Musk lance un satellite à la fois, là où les Européens en lancent deux, ce qui entraîne risques et délais supplémentaires si l’un des deux satellites n’est pas prêt à temps.

Surtout, Elon Musk a l’idée farfelue de récupérer ses lanceurs. Dans ses shows, il explique que les laisser sombrer dans l’océan, c’est comme abandonner un Boeing 747 après un seul voyage vers l’Asie. La réutilisation des lanceurs est l’avancée décisive pour passer au niveau supérieur, assure Elon Musk, en octobre 2014, lors d’un entretien au Massachusetts Institute of Technology (MIT). À l’époque, il a déjà fait plusieurs tentatives, sans succès. Nous avons été en mesure de faire atterrir en douceur le propulseur de fusée dans l’océan à deux reprises. Malheureusement, il s’est en quelque sorte posé là pendant plusieurs secondes, puis s’est renversé et a explosé. C’est assez difficile de le réutiliser à ce stade, reconnaît Musk, pince-sans-rire comme il l’est souvent. Lorsque sa fusée s’écrase, c’est comme si un immeuble de 14 étages faisait un plat dans l’eau. Ce que nous devons parvenir à faire, c’est atterrir sur une plate-forme flottante.

L’entrepreneur fait alors construire deux immenses barges de 90 mètres sur 150, positionnées 300 kilomètres au large de Cap Canaveral avec, pour chacune, un nom facétieux : Bien sûr je t’aime encore ou Lire simplement les instructions. In fine, le 8 avril 2016, à la cinquième tentative, SpaceX récupère le premier étage de sa fusée au large de la Floride et le réutilise, un an plus tard, le 30 mars 2017, pour envoyer 3 tonnes de ravitaillement à la Station spatiale internationale. Cela signifie que vous pouvez faire voler et revoler un lanceur qui est la partie la plus chère de la fusée, déclare Musk. Le low cost est en marche. Depuis 2010, Musk a divisé le prix d’envoi d’un kilo dans l’espace par cinq, à 2 000 $, et il espère tomber à 500 $, se réjouit Robert Zubrin, de la Mars Society.

L’Europe, qui ricanait, ne trouve plus cela très drôle, surtout quand elle se convainc que le complexe militaro-spatial américain et le milliardaire font cause commune. Musk n’est pas un homme seul. Il est très soutenu par l’appareil d’Etat américain, le Pentagone et l’industrie aérospatiale américaine, analyse l’ancien président François Hollande. Les clients affluent, y compris les Européens, ravis de voir enfin les prix baisser, séduits par un interlocuteur de haut niveau. Elon Musk est le meilleur ingénieur de Space X, confie Yohann Leroy, ancien numéro deux d’Eutelstat.

Au total, selon des calculs réalisés par les Européens, depuis sa création en 2002, Space X a touché près de 25 milliards $, financés pour moitié par la puissance publique américaine, un gros 25 % par des contrats privés et 22 % par ses actionnaires. Musk adopte une stratégie classique : pour conquérir le marché du lancement privé, il facture ses services de moins en moins cher – le prix du lancement d’un Falcon 9 est passé en quelques années de 60 à 40 millions $ – et se rattrape en faisant payer ses vols – parfois secrets – plus de 90 millions $ à la Nasa ou au Pentagone. Les Européens encaissent mal cette pratique commerciale, tout comme les concurrents américains de Space X, qui ne parviennent pas à combattre sur un terrain de jeu où ils sont pourtant à armes égales.

Le plus vexé d’entre eux est sans aucun doute Jeff Bezos, qui s’est lancé dans l’aventure spatiale dès l’an 2000 avec son projet Blue Origin. Pour le moment, le patron de Space X l’a emporté et prend un malin plaisir à moquer le fondateur d’Amazon et l’homme le plus riche du monde, auquel il inflige camouflet sur camouflet. Dernière victoire en date : Musk a remporté, seul, en avril, avec une offre moins-disante à 2,9 milliards $, un appel d’offres de la Nasa pour envoyer un équipage sur la Lune. Bezos, qui s’était allié aux grands noms américains de l’aéronautique (Lockheed Martin, Northrop Grumman et Draper), a déposé plainte contre la décision. Dans un tweet méprisant – Mort de rire –, Musk a expliqué que Bezos était incapable d’envoyer un objet en orbite.

Leurs relations spatiales avaient commencé lors d’un dîner en 2004 où les deux jeunes ambitieux parlèrent déjà de leur projet de récupérer les lanceurs. Mais les choses se gâtent lorsque Bezos tente en 2010 de déposer un brevet sur ces barges flottantes où les fusées doivent se reposer après le lancement. Musk contre-attaque en expliquant que l’idée est connue comme le loup blanc : en septembre 2015, 13 des 15 brevets de Blue Origin sont annulés.

La guerre est sans pitié, Musk accuse Bezos d’être grossier dans ses tentatives de débauchage. Blue Origin fait des frappes chirurgicales sur des talents spécialisés en doublant leur salaire, déclare-t-il à son biographe. Il rebaptise Blue Origin Blue Balls, terme d’argot qui signifie dur-à-jouir, en bon français. Il accuse même son concurrent – qui a sept ans de plus que lui – d’être trop vieux pour l’aventure spatiale. Bezos a riposté en embarquant lui-même, mardi 20 juillet, dans le premier vol de tourisme spatial de Blue Origin, et n’en finit pas de ricaner sur le projet martien de Musk : Allez vivre d’abord au sommet de l’Everest pendant un an et voyez si vous aimez cela, car c’est un jardin paradisiaque par rapport à Mars.

Musk n’en a cure. Juste avant l’incursion de quelques minutes dans l’espace de Jeff Bezos, Musk a approuvé d’un haha un tweet anonyme moquant ce vol qui n’était pas orbital, puisque le patron d’Amazon a juste dépassé les 100 kilomètres d’altitude, considérée comme la limite entre l’atmosphère et l’espace, mais n’a pas atteint les 160 kilomètres, là où un satellite peut tourner en orbite. Et dans la foulée, le dirigeant de Space X a posté des photos des essais de son nouveau lanceur géant.

Car Musk est bel et bien en tête dans la course à la Lune ainsi que dans la guerre des satellites qui se joue autour de la planète. Démarré en 2015, son projet, baptisé Starlink, vise à lancer jusqu’à 42 000 satellites en orbite basse, soit environ 1 200 kilomètres d’altitude – le service rendu par les satellites géostationnaires à 36 000 kilomètres étant beaucoup plus lent. Officiellement, il s’agit d’offrir l’Internet à haut débit aux zones rurales mal desservies. Plus de 1 500 satellites sont déjà en orbite et des tests de réception ont lieu depuis fin 2020 dans le nord-ouest des Etats-Unis, sur la côte Pacifique, à 250 kilomètres de Seattle.

L’embouteillage est en vue dans la périphérie terrestre, au point que les astronomes se plaignent de ne plus pouvoir explorer l’immensité de l’espace, en raison des reflets des satellites de Starlink désormais lancés par grappes de soixante. Les chiffres donnent le tournis : chaque satellite pèse 227 kg, ce qui fait un total de près de 14 tonnes utiles projetées dans l’espace. Les risques se multiplient, deux collisions ont déjà failli se produire. Mais à chaque critique, Musk rabroue ses détracteurs. Lorsque son concurrent Viasat dénonce une prolifération dangereuse, Musk ricane : Starlink représente un danger pour les profits de Viasat, c’est plutôt cela. Et lorsqu’il a proposé de déplacer des satellites, le patron de Space X a eu droit à un coup de fil des autorités de régulation américaines, saisies par… Jeff Bezos, qui veut en déployer plus de 3 200 pour sa constellation Kuiper. Il n’est pas très utile aujourd’hui d’entraver Starlink pour le système satellite d’Amazon, qui ne fonctionnera pas avant plusieurs années, au mieux, a cinglé Musk en janvier.

Le milliardaire avance à marche forcée. Il a annoncé en février qu’il couvrirait la plus grande partie de la Terre d’ici à la fin de l’année, la totalité l’année prochaine. Il s’agira alors de densifier la couverture. Les concurrents ont protesté contre ce projet pharaonique. Musk s’en moque, estimant que son réseau sera utile pour les opérateurs télécoms, car Starlink servira les clients les plus difficiles à servir. II a même eu droit à près de 900 millions $ d’aides publiques pour services rendus aux zones rurales, comme le prévoit la loi, mais l’affaire fait grincer des dents.

Comme toujours, chez Musk, le projet a un coût mirobolant : Space X doit franchir un gouffre de trésorerie négative l’année prochaine pour rendre Starlink financièrement viable. Chaque nouvelle constellation de satellites de l’histoire a fait faillite. Nous espérons être les premiers à ne pas tomber en faillite, twittait-il en février. Comme pour Tesla, Musk a recours aux précommandes, et il est possible, moyennant 99 $ de préréserver un récepteur satellite (le prix du service sera de 99 $ d’abonnement par mois plus un récepteur à 499 $).

Déjà, Musk est dans le coup d’après. Avec Space X, il contrôle les lanceurs, la fabrication de satellites, leur gestion et bientôt les télécoms grâce à Starlink. Demain, il veut faire la jonction avec Tesla, dont la nouvelle frontière sera d’utiliser ses satellites pour permettre aux camions – électriques – de rouler sans chauffeur. Ses détracteurs dénoncent un Amazon de l’espace, au grand dam d’un Jeff Bezos, qui passe pour le méchant là où Elon Musk conserve ses fans et n’en rate pas une lorsqu’il s’agit d’attaquer son concurrent. Ainsi, lorsque Amazon a refusé à l’été 2020 de mettre en vente un livre controversé sur le Covid-19, Musk a tweeté, avec la brutalité qui est la sienne et qui, on le verra, touche aussi ses collaborateurs : C’est dingue, Jeff Bezos. Il est temps de démanteler Amazon. Les monopoles sont néfastes. 

Arnaud Leparmentier. Le Monde du 23 07 2021

Tout ceci étant dit, il reste que le bonhomme, aux dires des connaisseurs, est sans aucun doute génial, mais absolument imbuvable, odieux même, pire, paraît-il que Napoléon ! Excusez du peu ! 

5 11 2008  

Raz de marée de bonheur aux États-Unis : Barak Obama, métis, ex travailleur social, sénateur à Washington depuis quatre ans seulement, depuis huit dans l’Illinois, est élu très largement président des États-Unis d’Amérique. Probablement l’événement le plus important dans la vie politique intérieure américaine depuis l’élection d’Abraham Lincoln. La tâche honteuse de l’esclavage est lavée. On est déjà certain que l’homme ne vient de nulle part, en ce sens qu’il ne représente aucun lobby, aucune puissance d’intérêts, et c’est déjà beaucoup.

Si jamais quelqu’un doute encore que l’Amérique est un endroit où tout est possible, qui se demande si le rêve de nos pères fondateurs est encore vivant, qui doute encore du pouvoir de notre démocratie, la réponse lui est donnée ce soir.

C’est la réponse dictée par les files d’attente devant les écoles et les églises, d’une ampleur que le pays n’a jamais connue, par les personnes qui ont attendu trois à quatre heures, la plupart pour la première fois de leur vie, parce qu’elles croyaient que ce moment devait être différent, et que leur voix pouvait être cette différence.

C’est la réponse que donnent jeunes et vieux, riches et pauvres, démocrates et républicains, Noirs, Blancs, Latinos, Asiatiques, Indiens, gays, hétéros, handicapés et non handicapés – des Américains qui ont signifié au monde que nous n’avons jamais été un assemblage d’Etats rouges et bleus, mais que nous serons toujours les Etats-Unis d’Amérique.

Cette réponse conduit ceux qui ont été décrits comme des personnes pétries de cynisme, qui craignaient et qui doutaient de ce que nous pouvions faire, à diriger le cours de l’histoire vers l’espoir de jours meilleurs. 
Il a fallu longtemps. Mais ce soir, grâce à ce que nous avons accompli aujourd’hui et pendant cette élection, en ce moment historique, le changement est arrivé en Amérique.

Je viens juste de recevoir un appel courtois du Sénateur McCain. Il a mené une dure et longue bataille, d’autant plus dure et longue qu’il adore ce pays. Il a enduré des sacrifices pour l’Amérique que la plupart d’entre nous ne peut même pas imaginer. Nos vies ont été améliorées grâce aux services rendus par ce dirigeant courageux et désintéressé . Je le félicite lui et le Gouverneur Palin pour ce qu’ils ont accompli, et je suis impatient de travailler avec eux pour renouveler ce pays dans les mois à venir.

Je voudrais remercier mon partenaire dans ce voyage, un homme qui a fait campagne avec son cœur et qui a parlé pour les hommes et les femmes avec qui il a grandi dans les rues de Scranton, et avec qui il a pris le train pour rentrer dans le Delaware, le Vice-président des Etats-Unis, Joe Biden.

Je ne serais jamais là ce soir sans le soutien indéfectible de celle qui est ma meilleure amie depuis les seize dernières années, le pilier de notre famille et l’amour de ma vie, la prochaine Première dame de notre nation : Michelle Obama. Sasha et Malia, je vous aime et vous avez gagné un nouveau chiot qui viendra avec nous à la Maison Blanche. Et même si elle n’est plus avec nous, je sais que ma grand-mère est présente, tout comme la famille qui a fait de moi ce que je suis. Ils me manquent ce soir et je sais que ma dette envers eux est incommensurable.

À mon directeur de campagne David Plouffe, à mon conseiller en stratégie David Axelrod, et à la meilleure équipe jamais réunie dans l’histoire de la politique – vous avez fait en sorte que cela arrive et je vous suis redevable pour toujours des sacrifices que vous avez concédés pour y arriver.

Mais avant tout, je n’oublierai jamais que cette victoire vous appartient. Je n’étais pas le candidat le plus évident pour ce poste. Nous n’avons pas commencé avec beaucoup d’argent ni avec beaucoup d’appuis. Notre campagne n’a pas éclos dans les halls de Washington – elle a commencé dans les arrière-cours de DesMoines, dans les salons de Concorde et sur les porches de Charleston.

Cette campagne a été menée par des travailleurs et des travailleuses qui ont pioché dans le peu d’économies qu’ils avaient pour donner cinq, dix, vingt dollars pour cette cause. Elle a gagné en force grâce aux jeunes qui ont rejeté le mythe de l’apathie de leur génération, qui ont quitté leurs maisons et leurs familles pour des emplois qui leur offraient peu d’argent et peu de sommeil, grâce aux personnes pas si jeunes qui ont défié le froid et la chaleur pour frapper aux portes de parfaits inconnus, grâce aux millions d’Américains volontaires qui se sont organisés et qui ont prouvé que plus de deux siècles plus tard , le gouvernement pour le peuple et par le peuple n’a pas péri. C’est votre victoire.

Je sais que vous ne l’avez pas fait juste pour gagner une élection.

Vous l’avez fait car vous comprenez l’immensité de la tâche qui nous attend. Parce qu’à l’heure où nous célébrons la victoire ce soir, nous savons que les défis de demain sont les plus importants de notre existence – deux guerres, une planète en péril, la plus grave crise financière depuis un siècle. En ce moment même, nous savons qu’il y a de courageux Américains qui se réveillent dans les déserts d’Irak et dans les montagnes d’Afghanistan pour risquer leurs vies pour nous. Il y a des pères et des mères qui passent des nuits blanches après avoir couché leurs enfants et qui se demandent comment ils pourront payer leur emprunt, les honoraires du médecin, ou comment ils pourront économiser assez pour les études. Il y a une nouvelle énergie à exploiter et de nouveaux emplois à créer, de nouvelles écoles à construire, de nouvelles menaces auxquelles il faudra faire face et des alliances à reconstruire.

La route sera longue. Le chemin sera escarpé. Nous n’atteindrons peut-être pas notre but en un an ou même en un mandat, mais il n’y a jamais eu autant d’espoir que ce soir, et le peuple américain y arrivera. 
Il y aura des revers et des faux départs. Nombreux sont ceux qui ne seront pas d’accord avec chaque décision que je prendrai en tant que président et nous savons que le gouvernement ne peut résoudre tous les problèmes. Mais je serai toujours honnête avec vous quant aux défis auxquels nous sommes confrontés. Je vous écouterai, particulièrement lorsque nous serons en désaccord. Et par-dessus tout, je vous demanderai de me rejoindre pour reconstruire cette nation de la seule manière possible en Amérique depuis 221 ans : bloc par bloc, brique par brique, avec nos mains calleuses.

Ce qui a commencé il y a 21 mois dans les profondeurs de l’hiver ne doit pas s’achever durant cette nuit d’automne. Cette seule victoire n’est pas ce que nous cherchons – c’est notre seule opportunité pour créer ce changement. Et cela ne peut pas arriver si nous retournons en arrière. Cela ne pourra pas arriver sans vous.

Alors faisons appel à un nouvel esprit de patriotisme, de service et de responsabilité où chacun d’entre nous s’attellera à travailler dur et à s’occuper non seulement de sa personne, mais aussi des autres. Rappelons nous que si cette crise financière nous a bien appris une chose, c’est que Wall Street ne peux pas s’enrichir pendant que d’autres souffrent – dans ce pays, nous nous élevons et nous tombons comme une seule nation, comme un seul peuple.

Résistons à la tentation de retomber dans le même esprit partisan, mesquin et immature qui a empoisonné notre vie politique pendant si longtemps. Rappelons-nous qu’il y avait un homme de cet Etat qui a d’abord porté les couleurs du Parti républicain à la Maison Blanche – un parti fondé sur les valeurs d’indépendance, de liberté individuelle, et d’unité nationale. Ce sont des valeurs que nous partageons et tandis que le Parti démocrate a remporté une grande victoire ce soir, nous y sommes parvenus grâce à une bonne dose d’humilité et de détermination pour mettre fin aux divisions qui ont retardé notre progrès. Comme Lincoln le disait à une nation bien plus divisée que la nôtre : Nous ne sommes pas ennemis, mais amis… La colère a affaibli nos liens d’affection, mais elle ne doit pas les rompre. À tous ces Américains dont je n’ai pas encore le soutien, je n’ai peut-être pas remporté votre vote, mais je vous entends, j’ai besoin de votre aide, et je serai également votre président.

Et à tous ceux qui nous regardent par delà nos côtes, depuis des parlements et des palaces, à ceux qui sont rassemblés autour de radios dans les coins perdus de notre monde – nos histoires sont particulières, mais notre destin est partagé et l’aube d’une nouvelle direction américaine est à portée de main. À ceux qui veulent démolir ce monde : nous vous vaincrons. Et à ceux qui se demandent si le phare de l’Amérique brille toujours, ce soir nous vous prouvons une fois encore que la force de notre nation ne vient pas de la puissance de nos armes ou de l’étendue de notre richesse, mais du pouvoirs de nos idées : la démocratie, la liberté, l’opportunité et l’ espoir inflexible. C’est là qu’est le vraie génie de l’Amérique et c’est pour cela que le pays peut changer. Notre Union peut être parfaite. Et ce que nous avons déjà accompli nous donne l’espoir nécessaire pour ce que nous avons à accomplir demain.

Cette élection est faite de plusieurs histoires qui seront racontées durant des générations. Ce soir, je pense à cette femme qui a voté à Atlanta. Elle ressemble beaucoup aux millions d’autres qui ont fait la queue pour faire entendre leur voix dans cette élection à un point près – Ann Nixon Cooper a 106 ans. Elle est d’une génération née juste après l’esclavage. À une époque où quelqu’un comme elle ne pouvait pas voter pour deux raisons : parce que c’était une femme et à cause de la couleur de sa peau. Et ce soir je pense à tout ce qu’elle a vu à travers le siècle aux Etats-Unis – la douleur et l’espoir, la lutte et le progrès, les moments où on nous disait que nous n’y pouvions rien, et les personnes qui ont persévéré avec ce credo : oui nous le pouvons.

Un homme a touché la lune, un mur est tombé à Berlin, il y a eu un lien entre la science et l’imagination. Et cette année, lors de cette élection, elle a touché du doigt un écran et a voté, parce qu’après 106 ans en Amérique, après les meilleurs moments et les heures les plus noires, elle sait que l’Amérique peut changer. Oui nous pouvons.

Amérique, nous sommes allés si loin. Nous avons vu tant de choses. Mais il y a encore tant à faire. Alors ce soir demandons-nous – si nos enfants devaient vivre le siècle prochain, si mes filles étaient assez chanceuses pour vivre aussi longtemps qu’Ann Nixon Cooper, quels changements verraient-elles ? Quels progrès aurons nous accompli ?

Nous avons l’opportunité de répondre à cette question. C’est notre moment. Le temps est venu de remettre les personnes au travail et d’ouvrir les portes de l’opportunité pour nos enfants, de rétablir la prospérité et d’encourager la paix, de se réapproprier le rêve américain et de réaffirmer la vérité fondamentale : nous ne sommes qu’un, tandis que nous respirons, nous espérons et quand nous ferons face au cynisme, au doute et à ceux qui nous disent que nous ne pouvons pas, nous répondrons avec ce crédo intemporel qui résume l’esprit du peuple : Oui nous pouvons.

Merci, Dieu vous bénisse, Dieu bénisse les Etats-Unis d’Amérique.

Barak Obama, président des Etats-Unis d’Amérique, à Chicago.

26 12 2008  

Deux équipes de la DNEF – Direction Nationale d’Enquêtes Fiscales – ont rendez-vous à l’aéroport de Nice Côte d’Azur, à 10 heures du matin avec Hervé Falciani, ancien employé à Genève de la HSBC, une banque anglaise – Hong Kong and Shangaï Banking Corporation – : celui ci  leur remet 4 DVD contenant des dizaines de milliers de noms de fraudeurs. Le Père Noël ne pouvait leur faire de plus beau cadeau.

Un roman d’espionnage, une foire d’empoigne diplomatique, et surtout un bon moyen pour l’État français de se renflouer. L’affaire HSBC, c’est tout cela, et plus encore, avec son lot d’interventions, de pressions, d’immixtions du pouvoir politique. Car de grands noms, avocats, hommes d’affaires, vedettes du show-biz, sont cachés dans cette liste d’évadés fiscaux potentiels, titulaires d’un compte chez la filiale suisse de la banque britannique HSBC à Genève. Certains sont aujourd’hui révélés par Le Monde, d’autres en cours d’investigation.

Depuis que l’informaticien Hervé Falciani a fourni au fisc français, en plein cœur de l’hiver 2008, les données permettant d’identifier des fraudeurs français, mais aussi étrangers, tous détenteurs de comptes chez HSBC, la Suisse et la France se livrent une guerre souterraine sans merci. Près de 4,5 milliards d’euros dorment sur ces comptes, selon les calculs du député socialiste Christian Eckert, rapporteur de la commission des finances. L’enjeu est donc de taille, à la mesure d’une affaire extraordinaire dont Le Monde livre les détails.

Ruben Al-Chidiack, alias Hervé Falciani. Tout commence en 2008. Le rendez-vous est fixé dans l’urgence. Les DVD, contenant des dizaines de milliers de noms de fraudeurs, changeront de mains à 10 heures, à l’aéroport de Nice-Côte d’Azur. Sacré cadeau de Noël pour le fisc français… Ce 25 décembre 2008, deux équipes de la Direction nationale d’enquêtes fiscales (DNEF) descendent en toute hâte à Nice. Huit mois qu’ils attendent ce moment. La DNEF, c’est le service de renseignement du fisc français, des enquêteurs au long cours, chargés de débusquer les fraudeurs. Ils tiennent là l’affaire du siècle.

C’est en avril 2008 que Roland Veillepeau, le patron de la DNEF, entend parler de l’informaticien Hervé Falciani. C’est son homologue anglais qui l’avertit. À l’époque, Falciani, qui travaille pour HSBC, agit caché sous une fausse identité. Il se fait appeler Ruben Al-Chidiack, et tente de monnayer ses talents au Liban, tout en contactant les services de renseignement européens. Il prétend disposer de la liste complète des clients de HSBC. Une aubaine pour qui mettra la main dessus.

Mais la DNEF ne veut pas payer, et souhaite surtout savoir avec qui elle travaille. La haute hiérarchie de Bercy est mise au courant. L’Elysée aussi, car Claude Guéant, devenu secrétaire général de Nicolas Sarkozy, a gardé des liens avec un responsable du contrôle fiscal, connu lors de son passage à Bercy.

Falciani est d’abord testé par la DNEF. Veillepeau est un dur à cuire, un Breton avec 38 ans de contrôle fiscal au compteur, réputé incontrôlable. Il exige des garanties. Des équipes de la DNEF rencontrent l’informaticien à la frontière franco-suisse. Avec eux, un expert en évaluation comportementale de la DGSE, et quelques officiers du service action, au cas où. Les entretiens sont filmés, sonorisés. Deux rencontres sont organisées, l’homme semble fiable, même s’il refuse de lâcher son véritable nom.

S’il avait, au début, des motivations commerciales, son patriotisme, encouragé par ses officiers traitants, prend le dessus. Il était clair qu’il ne voulait pas d’argent, soutient sur procès-verbal Jean-Patrick Martini, son agent traitant à la DNEF. Il fournit sept noms d’éventuels fraudeurs. La DNEF vérifie. Ça colle. À chaque fois, Falciani est raccompagné sur le territoire suisse par la DGSE. Précautions maximales – il ne faut pas éveiller l’attention des Suisses. La DNEF s’équipe en prévision de la fourniture des données. Elle achète un logiciel à 300 000 euros, embauche des informaticiens, et ses meilleurs hommes, regroupés au sein de la cellule des affaires particulières, sont sur le pont.

L’affaire prend une sale tournure le 22 décembre 2008. Ce jour-là, les autorités suisses perquisitionnent le bureau de Falciani. Elles pensent tenir l’homme qui a essayé, lors d’une virée au Liban, de monnayer ses listings. Falciani est convoqué pour le lendemain. Il s’enfuit en voiture, direction la France, Menton. Avec ses ordinateurs. Et les données compilées des nuits entières. Falciani contacte Jean-Patrick Martini. Il a besoin d’aide. Il se dit prêt à coopérer.

À Bercy, on fonce. On lui déniche même un avocat. C’est ainsi que le 26 décembre 2008, quatre DVD sont remis par Falciani à la DNEF, à une table d’un café de l’aéroport, bien en vue des caméras scrutant l’espace public. Il y a là des dizaines de gigaoctets de données cryptées, brutes. Il faut s’atteler à leur retranscription. Là encore, la DGSE est mise à contribution, avec ses immenses moyens techniques. Et très vite, des noms apparaissent. Falciani n’a pas menti, il est bien l’homme qui savait tout.

Les premiers noms connus repérés.

Des équipes de la DNEF descendent à Nice, s’installent à l’hôtel, les logiciels tournent à plein régime. Les noms de personnalités sortent très vite : le cuisinier Paul Bocuse, par exemple. Le préfet Jean-Charles Marchiani. Ou encore le gestionnaire de fonds Patrice de Maistre, qui deviendra célèbre quelques mois plus tard dans l’affaire Bettencourt. Patrice de Maistre, l’ami d’Eric Woerth, le trésorier de l’UMP placé à la tête de Bercy en 2007. Gros ennuis à venir.

Tous les éléments que nous avons trouvés et pu vérifier ont conforté l’authenticité des données en la possession de M. Falciani, confirme M. Martini. C’était un travail de fourmi, se souvient devant les enquêteurs Thibaut Lestrade, informaticien à la DNEF. Il fallait comprendre les codes. En termes informatiques et fiscaux, ces données ont été entièrement validées.

Mais le 20 janvier 2009, nouveau coup de théâtre. À la demande de la Suisse, une perquisition est menée au domicile d’Hervé Falciani en France, sous l’autorité du procureur de Nice Eric de Montgolfier. Les ordinateurs sont saisis. La Suisse exige leur restitution immédiate. Le procureur s’y oppose : il vient d’apprendre par un gendarme que Falciani travaille pour la DNEF. Branle-bas diplomatique. Faut-il remettre les données à la Suisse, au risque de les voir disparaître dans les limbes du secret fiscal helvétique ? Le procureur de Montgolfier s’oppose à sa hiérarchie.

La justice est embarrassée. En haut lieu, à la chancellerie notamment, l’affaire suscite l’embarras. Les gendarmes sont chargés de reconstituer le fichier. Deux listings sont donc en cours d’élaboration, à partir des mêmes données : le fichier A, réalisé par le fisc, contenant au final 2 846 noms de fraudeurs potentiels, et le fichier B, aux mains de la justice, qui compte pour sa part, après application de divers critères, 2 956 identités. Montant moyen des avoirs dissimulés : 166 802 euros par foyer fiscal. Les listings se recoupent, mais diffèrent sur certains points, tant les méthodes utilisées sont distinctes.

Mais il faut croire qu’en France, on ne travaille pas impunément sur de tels dossiers. En décembre 2010, Eric de Montgolfier est dessaisi au profit du parquet de Paris. Les fichiers sont transmis avec un luxe de précautions. Les enquêteurs notent très vite une différence : alors qu’ils s’apprêtent à mettre en cause des personnalités, on leur demande de différer leurs efforts. Les investigateurs de la douane judiciaire, notamment, demeurent amers. Ils se souviennent des freins rencontrés, des magistrats tétanisés. Ils ont dû remiser leurs formulaires, pourtant déjà rédigés, de perquisitions sans assentiment. Il se passe des choses bizarres. Le nom de Marchiani disparaît subitement du listing judiciaire.

Pour Christian Eckert, auteur d’un rapport qui fait autorité sur l’affaire HSBC, cela ne fait pas de doute : Côté judiciaire, il y a eu une vraie volonté d’enterrer l’affaire quand elle a été transmise à Paris, déclare-t-il au Monde. Le fisc, lui, a bien travaillé. Croyez-moi, si j’avais trouvé quelque chose sur Eric Woerth, je ne l’aurais pas loupé… 

Bercy donne l’ordre de tout arrêter Le député Christian Eckert n’a pas auditionné, lors de ses travaux, Roland Veillepeau, l’ex-patron de la DNEF. Selon des protagonistes de l’affaire, rencontrés par Le Monde, celui-ci aurait pu lui expliquer comment, en janvier 2009, un directeur de Bercy lui a demandé de cesser son enquête. Sur ordre de qui ? Veillepeau ne l’a jamais su. Il a refusé, bien sûr, exigeant en tout état de cause des ordres écrits. Qui ne lui parviendront jamais. Ses proches racontent comment, en mars 2009, deux après son arrivée à la DNEF, il a appris, en vacances en Chine, qu’il était viré. La règle veut qu’un directeur de la DNEF demeure cinq ans en fonction. Au bout de deux ans, Roland Veillepeau est sommé de quitter son poste, on lui en propose un autre à Paris.

Il pose ses conditions : il ne fera pas de bruit, mais souhaite aller à Toulouse. Il obtient gain de cause dans la journée. Il est aujourd’hui, à quelques mois de la retraite, conservateur des hypothèques dans cette ville. Une sinécure très bien payée. S’est-il montré trop proactif ? Il m’a semblé qu’il s’agissait d’une sanction, relève en tout cas M. de Montgolfier, qui s’était félicité de sa collaboration avec la DNEF.

Avant son départ précipité, Roland Veillepeau a pris la précaution d’entrer, un par un, tous les noms des contribuables suspectés dans la base interne du contrôle fiscal. On ne peut plus y toucher. Les contrôles se poursuivent aujourd’hui, y compris sur les comptes à solde négatif. Les pénalités tombent : 231 millions d’euros à ce jour, plus de 700 contribuables redressés. Et côté judiciaire, avec la saisine du juge Van Ruymbeke, l’enquête est enfin repartie.

Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Le Monde du 28 janvier 2014

L’affaire va avoir des suites. Le point, six ans plus tard : L’affaire des fichiers HSBC pourrait ébranler la place bancaire genevoise. L’enquête judiciaire sur les contribuables français ayant placé leur argent en Suisse prend une dimension européenne, et met désormais directement en cause HSBC Private Bank.

Dans des documents judiciaires auxquels Le Monde a eu accès, les magistrats annoncent clairement leur volonté de mettre en examen le célèbre établissement bancaire suisse, en qualité de personne morale. Une équipe franco-belge d’enquêteurs est également mise sur pied. HSBC Private Bank est suspectée d’avoir incité près de 3 000 contribuables français à frauder le fisc, pour un montant global de plus de 4 milliards d’euros selon le calcul fait en 2013 par Christian Eckert, alors rapporteur de la commission des finances de l’Assemblée. Elle aurait également mis en place un complexe système de sociétés écrans, destiné à brouiller les radars du fisc.

L’enquête française a franchi plusieurs étapes décisives ces dernières semaines. Après avoir authentifié les fichiers à l’origine de l’affaire, les enquêteurs ont accumulé documents et témoignages confirmant l’implication de la banque dans un système de fraude fiscale généralisée, et ce à l’échelle planétaire. Dans une ordonnance de saisie visant à bloquer les avoirs placés sur des comptes, les juges parisiens Renaud Van Ruymbeke et Charlotte Bilger ont synthétisé, le 27 février, leurs investigations, déclenchées par la découverte de listings clients dérobés par un ancien employé de HSBC, Hervé Falciani, et portant sur 2005-2006.

Les deux magistrats, saisis d’une instruction ouverte pour démarchage illicite et blanchiment en bande organisée de fraude fiscale, écrivent ceci : Il apparaît au vu des éléments recueillis par l’information que la banque HSBC Private Bank (Suisse), dans le cadre des faits de blanchiment dont nous sommes saisis, a bénéficié du produit des faits de fraude fiscale et a, en organisant l’opacification de flux financiers, blanchi les fonds d’origine illicite en permettant à des milliers de clients détenteurs d’avoirs très importants de les soustraire à l’administration fiscale française.

En effet, précisent les juges, l’établissement bancaire HSBC Private Bank a mis à disposition de ses clients des comptes au nom de sociétés offshore et les a conseillés afin qu’ils puissent dissimuler leurs avoirs. Conclusion : Dès lors, la banque HSBC Private Bank est susceptible d’être mise en examen pour des faits de blanchiment de fraude fiscale.  Ils ajoutent, s’agissant des listings Falciani, que leur authenticité a été vérifiée par les auditions de nombreux titulaires de comptes qui ont du reste transigé avec l’administration fiscale sur la base de ce fichier.

Ces affirmations sont susceptibles de provoquer un nouveau tollé en Suisse. En effet, les autorités helvétiques, attachées au secret fiscal, jugent infondées les poursuites lancées à partir de listings volés. D’autre part, elles accusent le fisc et la justice française d’avoir falsifié les fichiers originaux – ce que l’enquête des juges français dément.

Autre élément à même d’inquiéter la Confédération helvétique, Renaud Van Ruymbeke et Charlotte Bilger ont signé, le 4 juin, avec leur homologue du tribunal de Bruxelles, le juge Michel Claise, un protocole d’accord pour la création d’une équipe commune d’enquête franco-belge. Le texte précise que les deux pays sont aux prises avec des faits similaires : ainsi, HSBC est accusée d’avoir permis à des clients fortunés belges de dissimuler leurs avoirs aux autorités fiscales belges (voire aux autorités judiciaires) causant ainsi un préjudice très important au Trésor public. Le protocole indique que depuis le début de l’affaire Falciani, en décembre 2008, HSBC Private Bank a exigé de certains de ses clients de quitter rapidement la banque tout en leur conseillant de transférer leurs avoirs chez HSBC à Tel-Aviv.

Ce n’est pas tout. L’analyse, par les gendarmes de la section de recherches de Paris, des rapports de visite effectués chez HSBC par les gestionnaires de comptes, lorsque ceux-ci rencontraient leurs clients, est aussi embarrassante. L’exploitation (…) révèle la mise en place par HSBC Private Bank de Genève d’un dispositif frauduleux destiné à éviter l’assujettissement de ses clients à la taxe ESD, indiquent les gendarmes. Cette taxe fut instituée en 2005 à la suite d’une directive européenne sur la fiscalité et l’épargne.

Les enquêteurs expliquent encore que les clients de HSBC Genève qui ne souhaitaient pas payer cette taxe se sont vu proposer par des employés d’HSBC la création d’une structure de type société offshore, fondation ou trust, ayant pour vocation de se substituer à la personne physique. Les clients ont majoritairement opté, sans autre motif que celui d’éluder les charges fiscales, pour la création d’une ou plusieurs structures du type précité, selon les gendarmes, qui ajoutent : Les constitutions des fondations et trusts ont généralement été retenues par les clients bénéficiant d’avoirs importants, principalement pour des raisons de succession. Certains clients fortunés ont combiné les structures en constituant un trust détenant une société offshore. Autant de paravents assurant l’impunité aux fraudeurs.

L’exploitation des rapports révèle également que certains gestionnaires de clientèles de la banque HSBC sont venus démarcher en France leurs propres clients afin de leur vendre la création de sociétés offshore et l’ouverture de compte pour celles-ci, solution proposée par HSBC Private Bank pour éviter la nouvelle taxe européenne, notent enfin les gendarmes.

Les rapports saisis en perquisition dénotent du concours proactif de la banque sur le territoire national français aux opérations de blanchiment de la fraude fiscale. D’après les gendarmes, certains rapports indiquent très clairement que la banque a manifestement connaissance que des comptes ne sont pas déclarés à l’administration fiscale. D’ailleurs la régularisation fiscale des clients apparaît contraire aux intérêts de la banque, comme en témoigne un rapport indiquant que la banque a tenté de dissuader un client qui veut se mettre en règle avec le fisc belge en liquidant sa société offshore. Ils soulignent que l’attrait de la banque repose essentiellement sur un ensemble de techniques proposées à une clientèle désireuse de pouvoir frauder le fisc en toute sécurité.

En conclusion, les gendarmes accusent HSBC d’avoir apporté un concours de façon habituelle à des opérations de dissimulation et de placement du produit de la fraude fiscale. (…) Certains conseillers de clientèles travaillant pour HSBC Private Bank ont réalisé des actes de démarchage bancaire ou financier de prospects français ou résidant sur le territoire national français, dont les fonds obtenus par ce démarchage illicite ont été blanchis par HSBC Private Bank. HSBC n’a pas répondu aux sollicitations du Monde mardi. En janvier, elle avait contesté son implication dans un système frauduleux : HSBC réprouve le recours éventuel à l’évasion fiscale, assurait la banque.

Entre sociétés écrans et placements offshore

Des dizaines de contribuables français détenteurs de comptes ouverts à la HSBC Genève ont été interrogés ces derniers mois par les gendarmes. Confrontés aux listings Falciani, ils n’ont pu que reconnaître les faits. Certains avaient déjà été questionnés, en début d’année, par Le Monde daté 28 janvier.

Ainsi de l’ex-président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Richard Prasquier. Le 24 janvier, il a confirmé aux enquêteurs l’existence d’un compte, ouvert par ses parents après la seconde guerre mondiale, dont il est devenu cotitulaire au décès de son père. Puis, avec HSBC (rémunérée 3 000 euros pour ce service), il a créé Lotsun, une société offshore localisée au Panama, détenant des avoirs pour 5 millions d’euros.

Cette société était implantée au Panama parce que c’est un paradis fiscal, a admis M. Prasquier. Le compte suisse ouvert à mon nom n’était déjà pas déclaré, et cette société n’avait que pour seul but de nous dissimuler encore davantage. HSBC pouvait-elle ignorer ce processus de fraude ? Evidemment, la banque en avait connaissance, tranche M. Prasquier.

Il n’est que l’un des 2 543 Français identifiés par l’administration fiscale comme susceptibles d’avoir fraudé, en dissimulant plus de 4 milliards d’euros d’avoirs dans les coffres de HSBC Private Bank, à Genève. Beaucoup ont déjà été interrogés, livrant diverses explications pour justifier leur présence sur le listing – qui recouvre de fait des situations fort dissemblables.

Alain Afflelou, par exemple. À l’époque où il détenait un compte chez HSBC, l’opticien était résident suisse. Cela ne l’a pas empêché de payer 150 000 euros de redressement au fisc, lorsqu’il est revenu en France… Xavier Gouyou-Beauchamps, lui, était président d’une société de droit néerlandais, Skygate, titulaire d’un compte chez HSBC. Je ne peux expliquer la raison de l’existence de ce compte bancaire en Suisse, a lâché l’ancien patron de France Télévisions aux enquêteurs, le 24 octobre 2013. Même incompréhension chez le tennisman Henri Leconte, qui assure avoir placé des avoirs à la HSBC Monaco, mais pas à Genève…

L’avocat Olivier Morice, lui, a révélé comment une cliente voulut, en 2006, le rémunérer en Suisse grâce à un compte HSBC, dont il aurait été le bénéficiaire. On m’a fait remplir un document avec le nom d’une société domiciliée au Panama, s’est-il souvenu le 31 janvier. Après avoir signé à Genève, il s’est ravisé une fois de retour à Paris. Mais son nom est demeuré dans le listing clients de HSBC. L’avocat évoque une manipulation et envisage de porter plainte.

Le cas d’Antoine Francisci, ancien banquier du cercle de jeux Haussmann, à Paris, est très différent. Lui a bien été client de HSBC Genève, à partir de 1990, pour y recevoir des revenus qu’il ne souhaitait pas déclarer au fisc français. Le courrier reste à la banque, pas question d’éveiller l’attention.

J’ai aussi été lié à des comptes de société, s’est-il souvenu, le 25 novembre 2013. Ces sociétés écrans avaient pour but d’être officiellement titulaires des comptes, alors qu’en fait les avoirs m’appartenaient. Plus de 10 millions d’euros vont s’accumuler dans les coffres appartenant au casinotier.

Mon gestionnaire, assure-t-il, m’avait dit qu’avec ces sociétés écrans j’allais gagner plus d’argent encore. (…) Il savait que tous ses clients français venaient en Suisse pour cela. Devenu résident suisse en 2009, M. Francisci dit avoir régularisé sa situation fiscale, moyennant plus de 2 millions d’euros de pénalités.

Gérard Davet, Fabrice Lhomme. Le Monde 11 06 2014

2008     

Rémy Garnier est un brillant inspecteur des impôts dans le Lot et Garonne : et donc il inspecte… et a l’intime conviction que Jérôme Cahuzac, propriétaire d’une clinique de chirurgie esthétique, possède un compte à l’étranger ; en politique, il est président de la commission des finances de l’Assemblée Nationale. Il en fait part à sa hiérarchie qui ne trouve rien de mieux à faire… que de le sanctionner – la page Wikipedia de Rémi Garnier est éloquente -. Michel Gonelle, avocat de Rémi Garnier et adversaire politique de Jérôme Cahuzac dans le Lot et Garonne, par ailleurs détenteur depuis 2000 de la bande son qui accuse Jérôme Cahuzac et qu’il fera entendre à Médiapart, affirme d’autre part que Thierry Picard, inspecteur des douanes a identifié ce compte ouvert en Suisse en 1992  par Philippe Péninque, avocat spécialiste de l’optimisation fiscale, conseiller très écouté et très discret de Marine Le Pen. Thierry Picard avait transmis le tout à sa hiérarchie.

7 01 2009

Les discussions sur le prix du gaz vendu par la Russie à l’Ukraine se passent mal : Gazprom ferme le robinet des gazoducs qui vont de Russie en Ukraine. France, Allemagne et Royaume Uni tiennent le choc grâce à leurs stocks propres et à d’autres gazoducs les reliant à la Norvège, aux Pays-Bas et à l’Afrique du Nord. Alexander Medvedev, vice-président de Gazprom et directeur général de Gazprom export, [sans parenté avec Dimitri Medvedev, le vice-président de la Russie] fait la tournée des capitales européennes pour marteler le même langage : 80 % du gaz que nous fournissons passe par le tuyaux ukrainiens. Gazprom est victime de l’obstruction décidée à Kiev. Si nous ne parvenons pas à signer un contrat de transit, nous ne pourrons pas assurer nos livraisons de gaz. Si vous ne nous aidez pas à trouver un contrat, vous aurez froid cet hiver. Vous devez nous aider à faire pression sur les Ukrainiens. 

La corruption en Ukraine est alors telle que les chefs d’État et de gouvernement européens n’ont alors pas beaucoup de mal à se laisser convaincre du bien-fondé d’Alexander Medvedev. Et même si la Russie est alors au moins aussi corrompue que l’Ukraine, ce n’est dans l’intérêt de personne en Europe que de le reconnaître, et ce d’autant que Gazprom est réputé pour tenir ses engagements. Peu après, Nicolas Sarkozy signera deux contrats de fournitures de frégates Mistral à la Russie. Le 17 janvier, le premier ministre Vladimir Poutine recevra Ioula Timochenko, rencontre qui débouchera sur un nouveau prix du gaz avec 20% de réduction pour l’Ukraine et le maintien des tarifs de transit préférentiels.

15 01 2009   

Le vol 1549 de l’US Airways, un Airbus A320-214 décolle de l’aéroport La Guardia de New-York à 15 h 26’ à destination de la Caroline du Nord, puis l’État de Washington. Le commandant, Chesley Sullenberger et le copilote Jeffrey Skiles ont avec eux 5 membres d’équipage et 150 passagers. Deux minutes après le décollage, à une hauteur de 850 mètres, il heurte des bernaches – des oies sauvages du Canada – dont certaines peuvent faire près de 5 kg, qui cassent les moteurs. À 15 h 31’, le pilote pose l’avion sur l’Hudson River sans avoir sorti son train d’atterrissage : un bon bain glacé que personne n’avait commandé, mais tout le monde est indemne : bravo l’artiste ! L’ordinateur commence à pouvoir battre les meilleurs joueurs d’échec du monde, mais il n’est pas près d’aller plus vite que l’instinct d’un professionnel aguerri par des milliers d’heures de vol et qui n’a que quelques secondes pour prendre la décision qui laissera la vie sauve à ses passagers ! Pour l’instinct hip hip hip Hourra ! Clint Eastwood en fera un film en 2016 : Sully.

Captain Chesley 'Sully' Sullenberger, Flight 1549 'Miracle on the ...

24 01 2009    

Tempête sur le sud-ouest de la France ; des rafales  à 180 km/h ; 9 morts, 300 000 ha de forêt landaise à terre, avec des arbres cassés net à 5 m. du sol en moyenne… 40 millions de m³ à terre ! Rien à en faire… du bois de trituration, de chauffe, ce qui restera après le passage des ramasseurs, venus se procurer au meilleur compte possible du bois de chauffage.

3 ou 4 02 2009 

Le Vanguard, sous-marin atomique anglais part en mission ; le Triomphant, sous-marin atomique français rentre de mission ; tous deux sont équipés d’à peu près 96 têtes nucléaires d’une puissance équivalente à 1 000 fois celle d’Hiroshima. En plongée, à petite vitesse, ils se présentent tous deux face à face et se donnent un bien rugueux baiser. La qualité essentielle de ces deux navires est de tout entendre et de ne pas être entendu. On appelle ça la discrétion acoustique. Et paf, CQFD.

12 02 2009  

Début du procès de Douch, né Kaing Guek Eav, directeur de la prison de Tuol Sleng [un ancien lycée] ou S-21 à Phnom Penh, et responsable de la mort d’environ 15 000 détenus, sous le régime Khmer Rouge, pendant trois ans, huit mois et vingt jours, du 17 avril 1975 au 7 janvier 1979. Il a été reconnu en 1999, travaillant au sein d’une ONG chrétienne. Le tribunal est sous l’autorité des Nations Unies. En première instance il sera condamné en juillet 2010 à trente ans de prison, qui deviendront en appel prison à vie le 3 février 2012. Il mourra le 1° septembre 2020, à 77 ans.

Sa défense reposera  sur le vieux principe de droit romain : Nullum crimen, nulla pœna sine lege : il ne peut y avoir de crime, de condamnation là où il n’y a pas de loi. En France, l’article 8 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, reconnue dans le préambule à la Constitution de 1958 dispose : Nul ne peut être puni qu’en vertu d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée.

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L’Angkar n’ayant jamais promulgué aucune constitution, aucune loi, vous ne pouvez me condamner, car vous ne pouvez vous appuyer sur aucune loi. Pour résumer, il conteste la légitimité du tribunal.

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À te supprimer, nulle perte, à te garder en vie, nul profit, slogan khmer.

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Douch fut un rouage, un engrenage parfaitement usiné. Torquemada le fut aussi. Le petit homme maigrelet aux cheveux gris, élégant dans sa chemise bleue, prépare dans sa cellule ses interventions avec la même précision, la même froide méticulosité qu’il mettait à préparer ses cours de mathématiques, et les interrogatoires des traîtres supposés de Tuol Sleng : J’aime la vérité. Je me sens attiré par ce qui est exact.

Il pourrait se taire, comme le loup. Il a récité dès le début du procès le poème de Vigny pour rappeler cette possibilité qu’il avait.

Gémir, pleurer, prier est également lâche
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le sort a voulu t’appeler
Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler

Il ne risque pas qu’on le torture. Mais il sait qu’il parle devant le monde entier, de son plein gré, il devient un personnage historique. C’est pour lui, l’arène construite à la sortie de Phnom Penh et son grand mur de verre blindé, les détecteurs automatiques pour le protéger d’un attentat, les caméras, la ronde des autocars depuis les villages, les millions de dollars du procès, les milliers de pages traduites en français et en anglais. Son nom sera su dans l’Histoire et celui des procureurs oublié. Il collabore avec les psychiatres chargés de son expertise, dont le bilan est précis et lui convient : Absence de pathologie mentale. Il est responsable de l’ensemble de ses actes. Il bénéficie d’une grande intelligence et d’une très bonne mémoire.

L’un des experts mentionne la soif de justice inextinguible du jeune étudiant, une soif exacerbée par sa lecture des auteurs français, l’idéalisation de Paris, ville des tables rases et de la guillotine. Dans le Kampuchéa démocratique, où la littérature n’existe plus, Douch est à la tête d’une industrie de l’autobiographie. Des milliers de pages d’interrogatoires méticuleusement conservées par ses soins comme les milliers de photographies, que l’avancée fulgurante des troupes vietnamiennes a sauvées de la destruction. Les archives de S-21 aujourd’hui livrées au grand jour, quand le rôle de S-21 était de garder le secret. Tout est secret, à S-21. Et c’est pourquoi tout accusé, interrogé, torturé, quoi qu’il dise ou taise, devait mourir, pour cette simple raison qu’il connaissait à présent l’existence de S-21, et qu’il était dès lors impossible de le relâcher. Il n’y avait aucun innocent à S-21. Parce que la connaissance même de l’existence de S-21 était un crime passible de la peine de mort.

Au milieu de son usine de production de traîtres et de cadavres, au milieu des hurlements des électrocutés, des pleurs des enfants trop jeunes pour être interrogés, qu’un adolescent est chargé d’aller égorger derrière un mur dès leur arrivée, les journées de Douch sont celles d’un cadre moyen consciencieux qui déjeune vite, toujours à la même table, sur son lieu de travail, sans trop parler à ses subalternes. Il travaille douze heures par jour, déclare avoir épousé sa femme par état de nécessité humaine.

À l’heure des règlements de comptes, après que Pol Pot avait fait assassiner Son Sen et sa famille, la femme de Douch est morte dans une attaque dont il a réchappé de justesse, avant de s’enfuir et de changer à nouveau d’identité. L’absence de cette femme est peut-être le seul changement dans sa vie, pendant ces dix dernières années qu’il vient de passer en prison. Douch y mène une existence de détenu modèle comme il fut un bourreau modèle. Il compulse les dossiers, choisit ses menus, on ne lui permet cependant pas d’invite des filles. Il ne risque même pas sa vie puisque la peine de mort est abolie. Douch n’est pas un monstre. Rien d’un sérial killer.

Comme tous les bourreaux ordinaires, ceux de l’Arménie et de la Pologne, de la Sibérie ou du Rwanda, Douch est l’employé idéal tel que le décrivent toutes les offres d’emploi, consciencieux, ponctuel, rigoureux, honnête, un bon voisin. Il ne connaît pas la duplicité. Ses convictions sont inébranlables et sa foi en l’Angkar jusqu’à la défaite, puis sa foi chrétienne. Une quête de l’absolue pureté, un fanatique qui a trouvé la Cause. En somme chacun de nos voisins si par malheur ils avaient une cause. Il suffirait d’une situation un peu chaotique pour révéler leur vocation. Douch est au fond de nous, la partie noire et putride de notre âme.

VIVE LE 17 AVRIL, JOUR DE VICTOIRE TRÈS SPECTACULAIRE DONT LA PORTÉE DÉPASSE EN PRESTIGE L’ÉPOQUE D’ANGKOR !

Angkar

[…] Le procès des Khmers rouges est l’aboutissement d’une histoire vieille d’un siècle et demi. La fascination monstrueuse de deux peuples égarés dans l’espace et le temps. Deux peuples qui cultivent au plus haut niveau ces deux vertus de l’élégance et de la duplicité. Le voyage à Angkor et le voyage à Paris. La littérature en pierre et celle en papier. Les poèmes gravés sur les murs des temples pour chanter la guerre, l’enfer de Yama après le jugement, les corps empalés, pincés, noyés, percés de clous, ébouillantés en un cauchemar de S-21. Le combat du peuple des singes, leur rouerie de tordre les couilles des ennemis, et puis leur défaite, et la victoire des hommes, la mort du roi des singes fastueuse comme celle de Sardanapale, les pleurs des singes en armes. Les chauves-souris plein les voûtes comme de minuscules Khmers rouges. Les peuples passent, comme la houle du vent dans le riz en herbe.

Patrick Deville. Kampuchéa. Le Seuil 2011

3 03 2009   

Dominique Reyl a crée en 1973 une société fiduciaire à Genève qui deviendra banque en novembre 2010. Son fils François a pris le relais en 2002. Ses fonds de gestion prospèrent, multiplié par 7 depuis 2006, d’un montant de 7.3 milliards de francs suisses en 2013. Il ouvre une filiale à Singapour – Reyl Singapour PTE Ltd -. Il lui reste dix jours pour opérer les transferts de tous les avoirs qui menacent de devenir à risques en Suisse : il va faire vite. Font partie de cette fuite devant l’ouragan qui menace, les millions de Jérôme Cahuzac, durement gagnés en plantant des cheveux sur des crânes beaucoup plus dégarnis que le porte feuille de leur propriétaire.

13 03 2009   

La Suisse accepte de lever le secret bancaire en matière d’évasion fiscale, lorsqu’une autorité fiscale en fait la demande.

2 04 2009 

Réunion du G 20 à Londres. N’en retenons que le frou frouLa reine a accueilli son douzième président américain avec ce qu’elle a de plus précieux : son sourire éclatant, sa main molle et ses fins de phrase inaudibles. Insigne faveur, Élisabeth II a invité Barack Obama et son épouse Michelle dans la salle d’audience privée située dans ses appartements du premier étage de Buckingham Palace, auquel même ses plus proches conseillers n’ont jamais accès. La conversation à bâtons  rompus, sans autres témoins que les conjoints, a eu lieu dans son salon personnel aux murs verts pâle et or, décoré de porcelaines Wedgwood et de portraits de parents éloignés. À la demande de son premier ministre, le monarque a déroulé son tapis rouge élimé pour célébrer pendant vingt minutes la relation particulière entre les États-Unis et son ancienne tutelle coloniale, l‘Angleterre. Il y avait urgence en la matière. En effet, après l’investiture, Barack Obama avait rendu à l’ambassade britannique à Washington le buste de Winston Churchill que Tony Blair avait prêté à Georges W. Bush, lequel l’avait mis dans le bureau Ovale. À la fin février, le porte-parole de la Maison Blanche avait ramené ces liens historiques au simple rang de special partnership (un partenaire spécial) Le 2 mars, lors de la visite préparatoire de Gordon Brown à Washington, seule une brève séance de questions-réponses dans le bureau Ovale avait été organisée pour l’occasion. Gordon Brown avait reçu de surcroît un coffret de vingt-cinq DVD classiques américains qui n’étaient pas configurés pour l’Europe. Dans l’imagination des gens en Amérique, je pense que ce que la reine défend, sa dignité et sa politesse, ce qu’elle représente, c’est très important : au cours de la conférence de presse au Foreign Office, Barack Obama a passé sous silence ces bisbilles. Peut-être parce que sa tâche s’annonçait rude : rivaliser avec les deux présidents favoris d’Elizabeth II : Eisenhower et Reagan. Pas de souci à se faire. Courtois, affable, élancé, le chef de l’exécutif est le genre d’homme que la souveraine apprécie (quoi que, en lieu et place de DVD, il ait apporté un iPod à la reine). Michelle Obama pouvait, en revanche, nourrir quelques inquiétudes. Aux yeux de la locataire de BP, qui déteste les féministes, les first ladies doivent se conformer aux modèles grand-mère façon Barbara Bush, glamour style Jackie Kennedy, dame de bonne volonté à la Rosalind Carter ou fantomatique à la Pat Nixon. Puis soudain, à la stupéfaction du protocole, Michelle a eu l’audace de lui poser la main sur le dos. Elle a eu droit à un regard assassin de la reine. Sa Majesté, qui a eu un petit geste de recul, a toutefois su se montrer indulgente, blâmant le décalage horaire. Pour ce crime de lèse-majesté, il y a quatre siècles, Michelle aurait pu perdre la tête sur le billot d’un échafaud Tudor façon sixième épouse d’Henry VIII. Les thèmes abordés ont été politiquement neutres, et aucun procès-verbal n’a été rédigé. Aucune boisson n’a été servie. Une réception au champagne devait suivre dans trois salles somptueuses du rez-de-chaussée comprenant des toiles de la collection royale – Rubens, Rembrandt et Canalette – à donner le vertige. Aux yeux des Obama, Ma’am sera restée un mystère jusqu’au bout. C’est la règle. Faute de quoi, le trône risque de devenir une chaise.

Corinne Lesne, Marc Roche, envoyés spéciaux du Monde à Londres.

Ce que ne nous disent pas ces envoyés spéciaux, c’est comment ils ont fait pour savoir tout cela, étant donné que dans un premier temps, on apprend que l’entretien s’est déroulé sans témoin, puis qu’ensuite, pour constater le shocking de la reine à la découverte d’une main noire dans son dos blanc, il fallait la présence d’un membre du protocole, etc .  Bref, il faut croire que les salons les plus privés de la reine ressemblent autant à une passoire qu’un palais de justice français ! Comme tout journaliste, il commence son article par : Attention, ce que je vais vous dire est un secret ; c’est pour vous seul ; ne le répétez à personne.

6 04 2009        3 h 32’

Tremblement de terre de magnitude 6.3 sur l’échelle de Richter à l’Aquila, une ville des Abruzzes en Italie, plein est de Rome, 72 000 habitants, 720 m d’altitude, proche du Gran Sasso, ou avait été enfermé quelques semaines Mussolini. On dénombrera 309 victimes, 2 000 blessées, 65 000 sans abri. Les dégâts matériels sont estimés à 10 milliards €. Les entrepreneurs locaux se frottent les mains : tout cet argent qui va nous tomber dessus et que l’on va pouvoir détourner…

Un sommet du G 8 avait été prévu  du 8 au 10 juillet sur l’île de la Maddalena, au nord de la Sardaigne, 400 millions € avaient été dépensés en hôtellerie, installations portuaires, yacht-club… tout ça, abandonné en cours de route pour déplacer le sommet à l’Aquila que Berlusconi utilisera comme plate-forme pour étaler avec la vulgarité du show-biz sa pseudo compassion…

En 2012, le cœur de L’Aquila sera toujours un champ de gravats et une ville fantôme. Le 22 octobre 2012, sept membres de la Commission gouvernementale italienne Grands risques seront condamnés à six ans de prison ferme pour homicide par imprudence, et 9,1 millions € de dommages-intérêts aux parties civiles.

printemps 2009          

Hervé Preuilh, capitaine de police, affecté depuis un an à la sous-direction K, chargée de la protection du patrimoine économique à la DCRI – Direction Centrale du Renseignement Intérieur -, est alerté par une connaissance, Nicolas Forissier, cadre à UBS – Union des Banques Suisses – France, de l’existence d’un mécanisme de fraude fiscale transfrontalier élaboré par la banque. Le capitaine rédige immédiatement une note dans laquelle il écrit, déjà, que pour pouvoir gérer les opérations clients dissimulées par ce stratagème transfrontalier dit transborder, le dirigeant de l’UBS France SA tenait un listing informatique et manuel dit carnet du lait dans un fichier informatique Vache.

Le policier assure encore que la procédure d’évasion fiscale a été instaurée en  2002, avec une réelle montée en puissance en  2004. Depuis cette date, elle est potentiellement évaluée à 250  millions d’euros. Comme il le racontera plus tard au juge Guillaume Daïeff, qui l’a interrogé comme témoin, le capitaine Preuilh avise oralement son supérieur hiérarchique, Eric Bellemin-Comte, adjoint au sous-directeur de la division économique de la DCRI, de sa connaissance de pratiques de fraude fiscale que commettrait l’UBS au profit de ses clients, en décrivant les mécanismes de fraude.

Pour le fonctionnaire de police, les ennuis commencent. […] Ma hiérarchie connaissant le sujet, pour ne pas aller au-delà de mes attributions professionnelles et éventuellement ne pas empiéter sur le travail d’un autre service dans le domaine de la recherche financière, je n’insiste pas davantage.

Les mois suivants néanmoins, le policier continue d’entretenir le contact avec sa source à UBS. Durant cette période, la DCRI, effectivement très bien informée, produit plusieurs notes de renseignement, classées Confidentiel défense, d’une grande précision. Le 14  avril 2009, le contre-espionnage décrit par exemple sur dix pages un système d’évasion fiscale structuré, signalant même que certains de ses aspects ont fait l’objet d’une dénonciation à la Commission bancaire par l’ancien directeur de l’agence UBS de Strasbourg.

Le système d’évasion fiscale mis à disposition des clients français d’UBS était directement organisé depuis la Suisse, conclut la note, qui contient nombre d’indications techniques, relatives au mécanisme délictueux, parfaitement détaillées.

D’autres notes de renseignement tout aussi bien informées seront produites les mois suivants par la DCRI, qui écrit ainsi, le 24  septembre 2009 : Il semble se confirmer que de nombreux pays ont été la cible d’un système d’évasion fiscale organisé par UBS depuis la Suisse. Outre la France et les Etats-Unis, on peut ainsi citer la Grande-Bretagne, l’Italie, le Canada et la Turquie.

[…] Marginalisé à la DCRI, le capitaine Preuilh, qui voit sa notation baisser, sera finalement mis sur la touche juste avant le second tour de l’élection présidentielle de 2012. Son éviction lui est notifiée par le chef du contre-espionnage, Bernard Squarcini. L’homme de confiance de Nicolas Sarkozy dans les services indique ainsi au directeur des ressources de la police nationale, le 4  mai 2012, qu’il ne peut, pour des raisons de sécurité, maintenir en fonctions à la DCRI le capitaine Preuilh.

Gérard Davet, Fabrice Lhomme. Le Monde du 19 02 2016

Il était certainement capital que le capitaine Preuilh n’aille pas suffisamment loin pour apprendre que dans la liste des fraudeurs figurait, entre autres, Valéria Bruni Tedeschi, demi-sœur de Carla Bruni ! Comme le dit un dicton qui circule autour des machines à café à la CIA : Grosse affaire : gros problèmes, petite affaire : petits problèmes. Pas d’affaire : pas de problème.

1 06 2009  

Crash du vol AF 447 Rio-Paris : un Airbus A 330, un peu au nord de l’équateur, entre Brésil et Sénégal, par 3°34’40″ N, 30°22’28″ O, à 2 h 14’ UTC, plein nord de Natal, entraînant la mort de 228 personnes, dont 58 français.

Dès le 6 juin, le sous-marin nucléaire d’attaque Emeraude participe à la recherche des boîtes noires. Leur balise de localisation sous-marine émettant un signal sonore durant 30 jours, elles restent susceptibles d’être localisées par un sous-marin, équipé de détecteurs sonores très sensibles. Mais un sous-marin de ce type ne peut descendre au-delà de 400 m grand maximum. L’épave sera localisée finalement le 3 avril 2011, 22 mois plus tard ! par les sous-marins de l’Institut océanographique de Woods Hole et les boîtes noires récupérées le 1 mai 2011, par 3 900 m de profondeur. 104 corps récupérés sont identifiables. Plusieurs pages Wikipedia ont été écrites, qui donnent des informations contradictoires quant à la récupération de ces boites : donc, l’affaire fait polémique et l’affrontement est rude, bien que ce soit finalement toujours le pot de terre contre le pot de fer. Les premières erreurs étaient venues des informations erronées données par la sonde Pitot dont le givrage, en traversant un nuage de grêle, empêchait un fonctionnement correct. Les fausses informations qu’elles donnaient alors avaient entraîné une désactivation du pilotage automatique et les pilotes étaient alors passé en pilotage manuel, mais toujours avec de fausses informations, ce qu’ils ignoraient et c’est ainsi que, croyant monter, en fait ils descendaient. On entendra bien plus tard des personnes compétentes affirmer que plusieurs cas similaires s’étaient alors produits et que sur les avions dont les pilotes n’étaient intervenus en rien, tout s’était bien passé. Ce qui en clair signifie qu’il aurait suffi d’attendre, sans intervenir, que les sondes Pitot, en se dégivrant, recommencent à envoyer des informations exactes.

Norbert Jacquet, ancien pilote, s’est fait depuis des années procureur sans nuances – les faits me donnent toujours raison sur toute la ligne -, des choix d’Airbus en matière d’informatisation des commandes de vol de ses avions. La lecture de son site laisse pour le moins songeur sur la sécurité des procédures de pilotage. Une blague court dans les pots d’Airbus : aujourd’hui on a besoin seulement de deux êtres vivants pour piloter un avion : un pilote et un chien : le pilote, pour donner à manger au chien, et le chien pour mordre le pilote s’il s’avise de toucher aux instruments.

Ironie de l’histoire : les dénonciations de Norbert Jacquet, dix ans plus tard, se verront confirmées par les deux tragédies du grand concurrent d’Airbus : Boeing avec les crashs à cinq mois d’écart de 2 Boeing 737 MAX 8, en Indonésie en octobre 2018 et en Ethiopie en mars 2019. Ainsi donc, ce n’est pas le fonctionnement d’une entreprise en particulier qui est mis en cause par Norbert Jacquet, mais bien le fonctionnement des deux principaux constructeurs d’avion au monde. Le procès intenté par les familles des victimes conclura le 6 septembre 2019 à un non lieu. Les familles feront appel, qui confirmera en avril 2023 la mise hors cause tant d’Airbus que d’Air France, aucune preuve irréfutable ne venant engager leur responsabilité…

L’analyse des causes d’un accident se fonde sur des démarches rationnelles, basées sur la recherche de la cause première. James Reason, anglais, va apporter du neuf dans ce type de démarche

La logique cartésienne consiste à considérer qu’un problème n’est que la somme de sous problèmes élémentaires qui peuvent être résolus indépendamment. Cette forme de logique se révèle fondamentale dans des problèmes mathématiques par exemple.

La logique systémique diffère en considérant un système comme un ensemble d’éléments interdépendants. Dans cette logique, il est impossible de résoudre un problème sans le traiter dans sa globalité. Cette forme de logique s’applique à tous les domaines traitant du vivant : biologie, psychologie, etc…

La logique cartésienne reste la plus connue du grand public… Elle revêt un caractère rassurant car elle permet une analyse assez simple voire simpliste. La logique systémique rend les analyses très complexes et plutôt qu’une réponse, elle apporterait, en général, un ensemble de possibilités.

L’aéronautique implique de nombreux acteurs (compagnies aériennes, services du contrôle, pilotes, mécaniciens, météorologues, etc.) constituant ainsi un ensemble complexe qui ne peut se satisfaire d’une logique cartésienne. Ce sera donc bien une logique systémique qui s’appliquera à notre domaine et c’est le sens de la modélisation pensée par Reason.

James Reason a largement contribué aux facteurs humains et ses plaques sont aujourd’hui célèbres..

James REASON est anglais, professeur de psychologie  qui a enseigné à l’université de Manchester de 1977 à 2001. Aujourd’hui il poursuit sa carrière en qualité de chercheur et de consultant pour de nombreuses organisations.

Ses œuvres sont aujourd’hui des références en matière de facteurs humains et son modèle de plaques se retrouve dans tous les cours traitant de la sécurité.

  1. Reason a proposé un modèle simple pour illustrer la complexité de l’enchaînement des évènements pouvant amener à un incident ou un accident : une série de plaques trouées… La simplicité de l’analogie rend l’idée géniale : chaque maillon de la chaîne de sécurité est modélisé par une plaque et un trou dans cette plaque symbolise une faille dans la sécurité : manque d’entraînement, d’expérience, mauvaise pratique, connaissances insuffisantes, mauvais entretien d’un système, etc…

Si les plaques sont mises en perspective, il y a deux options :

  1. il n’y a pas d’alignement des trous, signe que l’une des plaques au moins à joué le rôle de sécurité : aucun n’incident/accident ne se produit.
  2. il y a alignement des trous et malgré tous les éléments susceptibles d’empêcher un incident/accident, aucune sécurité n’a pu l’empêcher…

https://controle-aerien.chakram.info/wp-content/uploads/2013/03/plaques-de-reason.jpg

La lime: AF447 : le BEA et les plaques de Reason

Cette vue 3D permet d’illustrer le concept des plaques de Reason. Symboliquement, chaque plaque représente un acteur (humain ou non) du système, acteur qui possède chacun ses failles (les trous). La miniatures de face permet de voir que le recouvrement de plaques limite les risques sauf en (1) où persiste une faille béante. Dans ce genre de cas, une investigation devrait permettre de trouver un palliatif et de réduire les risques d’accident/incident (le trou est réduit). Finalement, le gros risque viendrait plus du petit trou résiduel (2) suffisamment discret pour qu’il passe inaperçu jusqu’au jour où…

Les plaques de Reason conceptualisent bien le principe d’enchaînement de défaillances amenant à un incident/accident mais elles ne résolvent rien. Elles ne sont qu’une façon  claire d’illustrer ce concept de chaîne de sécurité . Chaque maillon doit alors recenser les risques inhérents à son activité et tenter de trouver des parades pour limiter la taille et le nombre des trous de ses plaques tout en restant assez lucide pour comprendre que jamais, il ne sera possible de tous les faire disparaître. Ce travail pro-actif pour limiter les risques doit être permanent et parfois devenir transversal pour impliquer plusieurs maillons en interaction étroite.

La meilleure illustration de cette composante transversale, ce sont les C.R.M. (Cockpit Ressource Management) qui se limitaient au départ au Cockpit pour finalement s’étendre à l’équipage entier (Crew).

Bien des années après les pilotes, les contrôleurs aériens goûtèrent aux joies du TRM (Team Ressource Management), la transposition du CRM au monde du contrôle aérien…

Chakram

11 06 2009

Alexandra Lange, habitant Douai, 32 ans, 4 enfants, est battue depuis 11 ans par son mari. Elle a déjà voulu porter plainte, mais la police n’a voulu prendre qu’une main courante. Ce jour-là, elle lui annonce qu’elle le quitte ; il la bat une fois de plus en tentant de l’étrangler, mais cette fois-ci est la fois de trop : elle a pris un couteau et le lui plante dans le cou. Il meurt.  Elle sera acquittée le 24 mars 2012 : l’avocat général, Luc Fremiot, tiendra des propos qu’on n’a pas l’habitude d’entendre venant de là : le silence d’Alexandra Lange […] fait de souffrance, de douleur, de cris, d’horreur, de colère, d’innocence […] Cette fois-ci, c’est la victime de ces violences [conjugales] qui se retrouve dans le box à la place de l’accusée. Malheureusement, on a rendez-vous d’habitude avec ce type de victime à la morgue. Donc c’est un procès emblématique.[…] Cette femme n’a rien à faire dans une salle d’assises.

21 06 2009 

Le Groenland, par vote du parlement danois, est doté d’un statut d’autonomie renforcée ; il est désormais considéré comme territoire d’outre-mer de l’Europe, aboutissement d’un traité entre le Danemark et l’Europe. On y compte – au 1 janvier 2013 – 56 370 habitants.

28 09 2009   

Scènes d’horreur dans un stade de Conakry, Guinée : 156 personne tuées, 109 femmes violées, 1 400 blessés : c’est l’insaisissable capitaine Moussa Dadis Camara qui est arrivé au pouvoir par un putsch et qui est candidat aux élections présidentielles à venir. Un procès se tiendra en novembre 2023. Mais le 4 novembre, quatre des principaux inculpés seront exfiltrés par un commando ; trois seront repris mais le quatrième, Claude Pivi, originaire de la Guinée forestière, à l’est, disposant d’importants soutiens, court toujours. Sa tête est mise à prix : 500 millions de francs guinéens – 55 000 € – et un  nunméro de téléphone,  le 1015, pour fournir toute information le concernant.

8 10 2009 

Adlène Hicheur, algérien, ingénieur en physique, est arrêté par le renseignement français au départ d’un séjour qu’il comptait faire en Algérie : il préparait un attentat contre une base militaire près d’Annecy.

14 10 2009

Mademoiselle Chambon sort sur les écrans. Sandrine Kiberlain, qui a le rôle-titre de Véronique – a fait du violon, puis s’est retrouvée institutrice : elle rompt la monotonie de son quotidien en demandant fréquemment une mutation ; elle a la quarantaine et vit seule. Jean – Jérôme Lindon – est maçon, marié, un enfant qui est dans la classe de Véronique, laquelle lui demande un jour qui pourrait lui changer une fenêtre passoire thermique. Il se propose, et s’établissent des relations plus approfondies qu’entre le père d’un élève et son institutrice ; fenêtre posée, elle passe la musique qu’elle aime… et le levain fait lever la pâte.

C’est la naissance d’une passion… qui n’est pas joyeuse, mais grâve, ravageuse, car consciente d’être engagée dans une impasse. Il y a des sourires, très peu de rires. Stéphane Brizé qui a réalisé Mademoiselle Chambon en 2009 en s’inspirant du roman éponyme d’Ēric Holder, a voulu un environnement tout de paix et de tranquillité – pas de drogue, pas de violence hors le cœur du scénario, pas de rap, de rock hard, pas de bouchon de voitures, pas d’insultes, – la vie d’un fleuve tranquille – ; ce n’est pas que tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, mais les autres personnages sont au pire neutres, et au mieux bienveillants. Les vies tranquilles de Jean et de Véronique sont bousculée par cette passion. Tous deux sont à l’âge mur et plutôt avares de leurs mots : pour lui, bon spécimen de taiseux, c’est dans son ADN, comme le geste du maçon, pour elle c’est acquis, et elle a dû prendre des cours de violon pour paraître crédible et elle s’est accommodée de sa solitude : Pour avoir si souvent dormi avec ma solitude, je m’en suis fait presqu’une amie, une douce habitude chantait Serge Reggiani. Elle ne montre pas son trouble ; Jean, lui ne peut s’empêcher de devenir irascible, sur le chantier comme chez lui. C’est sobre, tout est a minima, les dialogues réduits à l’essentiel…  et c’est un chef d’œuvre, grâce aux talents magnifiques de Sandrine Kiberlain et de Jérôme Lindon (en couple quelques années dans le réel) et à celui de Stéphane Brizé, qui recevra le César de la meilleure adaptation pour Mademoiselle Chambon.

18 10 2009 

Jessica Rose Watson, née le 18 mai 1993 à Gold Coast en Australie, appareille de Sydney à la barre du S§S 34 Ella’s Pink Lady un sloop de 10.23 m,  de 1984. Elle a un peu plus de 16 ans. Cap à l’est, Fidji, Kiribati, cap Horn, cap de Bonne Espérance, cap Leeuwin, cap du sud-est, et retour à Sydney le 15 mai 2010, trois jours avant son anniversaire : 210 jours sans escale et sans assistance.

Jessica Watson : Challenge and Adventure

Jessica Watson returns to Oz

il y avait un fou qui ne savait pas que la chose était impossible… alors, il l’a faite. Proverbe anglais.