Toujours dans son interview à la Repubblica, Amato explique qu’une fois sous-secrétaire à la présidence du conseil, six ans après les faits, il aurait reçu la visite de généraux qui tentaient de le convaincre de la thèse de l’explosion d’une bombe à l’intérieur de l’avion. Une thèse qui, selon lui, venait remplacer celle du défaut structurel de l’avion. J’ai compris qu’il y avait une vérité qu’il fallait cacher. Et notre armée de l’air était prête à défendre le mensonge. Bettino Craxi, alors président du conseil et mort en 2000, lui aurait demandé expressément de ne pas importuner les militaires.

Une longue enquête judiciaire a abouti à un procès au pénal contre plusieurs hauts responsables militaires italiens, soupçonnés d’avoir caché des informations dans cette affaire, qui s’est achevé définitivement en 2007 avec leur acquittement devant la Cour de Cassation. Puis des magistrats romains avaient rouvert en 2008 l’enquête sur Ustica à la suite de déclarations de l’ancien dirigeant Francesco Cossiga, 81 ans, qui disait qu’un missile français avait abattu le DC-9 italien.

Lorsqu’il revient lui-même au palazzo Chigi en 2000 en tant que premier ministre, Amato se serait décidé à écrire aux présidents Clinton et Chirac pour leur demander de faire la lumière sur cette tragédie aérienne. J’ai reçu des réponses très polies me renvoyant aux organes compétents. Mais par la suite, je n’ai plus rien entendu. Un silence total, ajoute-t-il. Il demande aujourd’hui à Emmanuel Macron, à peine né lors de la tragédie, de laver la honte qui pèse sur la France soit en démontrant que cette thèse est infondée, soit, si elle est confirmée, en présentant les excuses les plus sincères à l’Italie et aux familles des victimes.

La première ministre italienne Giorgia Meloni a appelé Amato à apporter des éléments concrets à ses accusations. Je demande au président Amato, en plus de ses déductions, de nous faire savoir s’il est en possession d’éléments qui permettraient de revenir sur les conclusions de la justice et du Parlement, et de les mettre à la disposition du gouvernement.