Publié par (l.peltier) le 21 août 2008 | En savoir plus |
11 1997
Le Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat – GIEC – qui réunit 4 000 scientifiques internationaux reconnus par leurs gouvernements respectifs, publie un premier rapport sur le réchauffement climatique de la terre pour le siècle qui vient. L’effet de serre, sans lequel nous serions congelés depuis longtemps à – 18°, tend à perdre ses repères sous l’effet de l’augmentation de la production, – due à l’activité humaine – , de gaz qui captent la chaleur du soleil : dioxyde de carbone – CO², pour 55 %, Chlorofluorocarbone – CFC, pour 17 %, Méthane – CH4, pour 15,%, Oxyde Nitreux – N2O, pour 6 % et 7 % de divers.
Le grand danger d’un réchauffement arrivera lorsque les températures seront à même de dégeler en profondeur le permafrost sibérien, car la quantité de carbone séquestré par le permafrost est comparable à celle présente dans l’atmosphère et dans toute la végétation terrestre, autour de 1 672 milliards de tonnes de carbone. Soit 50 années d’émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Au dernier maximum des grandes glaciations, il y a 18 000 ans, la température moyenne n’était que de 4 à 5° inférieure à celle d’aujourd’hui, et, à l’optimum holocène, il y a 8 000 ans, elle était supérieure de 2° seulement à celle d’aujourd’hui. Ce rapport fait des prévisions moyennes en tablant sur une augmentation de la température d’ici la fin du XXI° siècle de 2°, et cela promet de joyeux changements sur notre chère terre qui risquent de ne pas être ceux que l’on croit de prime abord : le principe de ce genre d’évolution est qu’un monde plus chaud est un monde plus humide : l’accroissement de l’évaporation entraîne un changement du régime des moussons. Mais chez nous, ils ne prédisent pas moins que la disparition des glaciers dans les Alpes en 2100 [1]. Le niveau moyen d’élévation des eaux de la mer, dû à la fonte des glaces, essentiellement antarctiques [2] , et à un phénomène général de dilatation des masses d’eau océaniques, [à raison de plus de 50%] sera dans une fourchette de 30 à 80 cm. Sur le siècle passé, le niveau de la Méditerranée a augmenté de 18 cm.
Pour le passé proche et le présent, on a déjà constaté, sur les vingt dernières années, une nette diminution de la banquise arctique, en surface – 37 000 km² /an, mais surtout en épaisseur : de 3,1 m. en moyenne, elle est passée à 1,8 m, soit une diminution de 40 % ! Pourquoi ? Peut-être une modification des courants… un nouveau courant chaud, longeant la côte canadienne ? Un réchauffement dû à l’activité de l’homme, qui se traduit par une forte élévation du dioxyde de carbone ?
De toutes façons, c’est embêtant pour nous, car, pour que fonctionne efficacement le chauffage central qu’est le Gulf Stream, il faut à la fois une source chaude et une source froide. Si la banquise arctique disparaît, cela consistera à remplacer, sur une énorme superficie, un miroir renvoyant 80 % de l’énergie solaire par un collecteur absorbant 80% de cette même énergie. Cette modification non négligeable du bilan radiatif de la planète entraînera une nette diminution de la source froide, et, par voie de conséquence, une perturbation des courants océaniques.
Paradoxalement, le réchauffement planétaire pourrait se traduire, pour un pays comme la France, plus précisément la Bretagne, soumis à l’influence du Gulf Stream, par un refroidissement et un climat se rapprochant substantiellement de celui du Québec. L’eau douce de la calotte glaciaire est moins dense que l’eau salée, et donc, freine la circulation. La température de l’eau de surface a baissé de 2° à 3° en 10 ans. Des glaçons dans un verre refroidissent le liquide qui s’y trouve… jusqu’à ce qu’ils soient complètement fondus. Après, le liquide se réchauffe.
En Antarctique aussi, les effets du réchauffement donnent des situations très contrastées : qui dit réchauffement de l’air dit aussi augmentation de la capacité à absorber de l’humidité : ainsi, en Antarctique l’augmentation des chutes de neige est-elle très importante depuis 1994 : on l’estime, dixit le Los Angeles Times, à 45 milliards de tonnes par an ; c’est donc une très forte augmentation de l’épaisseur de la calotte glaciaire qui compenserait la fonte des glaces du Groenland.
Mais de façon générale, la grande inconnue de ces prospectives est la capacité de régulation des excès par les océans : on n’en connaît pas les limites. Un chercheur américain prétend les connaître mieux que d’autres… et c’est pour nous annoncer de grands refroidissements dus à de profonds changements dans les courants, – notamment le Gulf Stream – . Si la France, parmi les pays riches, figure parmi les meilleurs élèves, c’est à dire parmi ceux qui contribuent le moins à cette augmentation de température, elle le doit pour le principal, au tout nucléaire (85 %) pour l’EDF, choisi par Giscard d’Estaing, lors de son septennat.
Les partisans de la théorie du complot, soutiennent un avis contraire : Les gaz à effet de serre sont devenus l’un des thèmes politiques culpabilisants favoris, et le gaz carbonique (CO²) a été désigné leader au banc des accusés. La guerre au CO² est donc déclarée. Mais oublierait-on que tout ce qui respire émet du CO², y compris nous-même ? Avant d’avaler des slogans, réfléchissons avec le simple bon sens scientifique : de mon temps, on apprenait en classe de 4° que le gaz carbonique est plus lourd que l’air. Donc il descend et ne peut que stagner au raz du sol ou de l’eau. Sur le sol, il y a les arbres et les plantes, tous dotés, me semble-t-il, d’une certaine fonction chlorophyllienne qui justement, grâce à la lumière solaire, absorbe le gaz carbonique et fabrique de l’oxygène. De son côté, l’eau de mer est connue pour être un solvant de ce même CO² par simple contact, sans compter la même fonction chlorophyllienne diurne du plancton. Comment le CO² pourrait-il réchauffer l’atmosphère dans ces conditions ? Je m’étais longtemps abstenu d’évoquer tout cela de peur de dédouaner en même temps les autres pollutions gazeuses (dioxyde de soufre, ammoniac, monoxyde de carbone, dioxyde d’azote…) qui sont beaucoup plus inquiétantes mais dont on parle moins. Si je me décide à contester l’effet CO², c’est que j’ai réalisé qu’il était l’alibi idéal pour promouvoir le nucléaire. L’alerte au CO² n’est pas scientifique mais politique ! Savez-vous que la Mer de glace, à Chamonix, qui descendait jusqu’aux Houches, se rétracte depuis 1905 ? Maintenant, si nous allons du côté de l’astrophysique, pourquoi nous cache-t-on que les mesures spectrographiques de la surface de toutes les planètes du système solaire augmentent parallèlement ? Serait-ce à cause de nos avions et nos autobus ? Pourquoi personne ne nous parle de ce gigantesque nuage hotonique à haute énergie que le système solaire traverse actuellement ? D’après les astrophysiciens, ce réchauffement généralisé devrait durer une trentaine d’années. Mais il ne faut pas le dire, car cela mettrait en péril l’impôt CO² qui nous pend au nez !
Michel Dogna. Santé pratique. mai 2009
Une dizaine d’années plus tard, le GIEC se prendra les pieds dans le tapis en se faisant surprendre en flagrant délit de primauté accordée à l’idéologie sur la déontologie : un rapport [3] 2007 du groupe d’experts assurera que la quasi-totalité des glaciers de l’Himalaya auront disparu en 2035 si le réchauffement se poursuit au rythme actuel, ce qui n’est – heureusement – qu’une énorme sottise, même si l’ensemble des chercheurs du GIEC ont mis trois ans pour le reconnaître, et c’est là que l’erreur devient faute ! L’énorme sottise n’est que la suite de la méthode suivie en matière de rédaction des rapports, consistant en la reprise d’informations publiées antérieurement et ailleurs : si les contrôles et relecture ne sont pas rigoureux, on fait place aux erreurs : en l’occurrence, elle remonte à un rapport commandé par l’UNESCO en 1996 au glaciologue russe Vladimir Kotlyakov , dans lequel il estimait la quasi-disparition des glaciers himalayens pour… 2 350 ; il a suffit qu’un zéro passe du rang des centaines à celui des unités pour que cela devienne une bourde, laquelle échappa pendant longtemps à toute perspicacité. C’est exactement le même type d’erreur qui a fait dire à des générations de parents : mange des épinards, c’est plein de fer, alors que cette prétendue très forte teneur en fer n’était due qu’à une erreur de virgule par la secrétaire d’un professeur au début du XX° siècle, lui attribuant ainsi une teneur dix fois plus forte que la réalité !
Parmi les membres du GIEC, il en est pour ne pas partager ses conclusions… au moins celles du rapport n°5 du 6 octobre 2018 : ainsi de François Gervais, chercheur à Tours en physique des infra-rouges lors d’une conférence du 13 décembre 2018, dans laquelle il conteste, pour résumer, la méthodologie :
La conférence sera bien évidemment critiquée ; il y répond, sans rien cacher de sa préférence pour les organismes indépendants plutôt que pour les organismes gouvernementaux, dont le GIEC :
16 12 1997
Le Centre Getty, inauguré à Los Angeles devient le plus grand complexe culturel privé du monde. Il a été construit par Richard Meïer. 88 000 m² pour un coût d’un milliard $. 750 000 ouvrages en bibliothèque.
21 12 1997
Ouverture au public de 10 000 m² supplémentaires au Louvre consacrés pour le principal aux antiquités égyptiennes et à la peinture italienne. Le Louvre reçoit environ 5 millions de spectateurs par an. La totalité des travaux du Grand Louvre, qui seront terminés en 2005, notamment avec une passerelle Solférino qui le reliera au Musée d’Orsay, aura coûté 7 milliards, c’est à dire 1/24° du trou du Crédit Lyonnais.
23 12 1997
Le Brésilien Ronaldo est élu meilleur footballeur de l’année : il gagne 100 000 F/jour. 4 ans plus tard, Zidane sera le joueur de foot le mieux payé au monde en touchant au Real de Madrid 13,6 M € par an, soit 245 000 F/jour. Ils restent tout de même des petits à coté de la star du basket américain : Michael Jordan, qui, lui, touche 600 000 F/jour, – six cent mille francs par jour -. Mais, presque vingt ans plus tard, en 2014, Zlatan Ibrahimovic, au PSG, aura des revenus annuels estimés à 56 millions € ! Le salaire du patron d’Air France étant en 2015 de 600 000 € annuels.
À peu près en même temps, les chômeurs commencent à donner de la voix, et à se faire reconnaître ; le gouvernement refuse à peu près tout, mais l’affaire ne fait que commencer :
L’être humain ne peut pas supporter d’être inutile.
Charles Rojzman.
On dit d’un fleuve emportant tout qu’il est violent, mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui l’enserrent.
Bertold Brecht.
25 12 1997
Giorgio Strehler, un grand Monsieur du théâtre s’en va : … Ce qu’il y a encore d’humain et de sensible dans le monde, ce n’est pas la politique qui l’a préservé, ce ne sont pas seulement les rapports sociaux, c’est aussi le rêve réalisé de grands esprits qui ont donné un aperçu de la beauté de l’homme. Tout le mal du monde nous appartient mais le bien aussi, Léonard m’appartient, Dostoïevski, Masaccio, m’appartiennent et me donnent la certitude que je ne suis pas seulement coupable de meurtre (…) Je me demande si l’art n’a pas cette petite force de nous faire sentir que nous sommes humains. Et d’empêcher d’autres dégâts majeurs.
Giorgio Strehler, dans Le Monde du 10 juillet 1995
Il avait été au cœur d’une anecdote qui en disait long sur son talent : en 1973, dirigeant la mise en scène des Noces de Figaro à l’Opéra du Château de Versailles, par trois fois il avait voulu démissionner, trouvant cette salle impossible. Il faudra attendre 17 ans pour que Jean-Paul Gousset, directeur technique de l’Opéra comprenne de quoi il s’agissait, à l’occasion du concert de réouverture en 1990 : un mur coupe-feu en béton avait été ajouté en 1955 pour mettre la salle aux normes, ce qui avait entraîné la destruction de l’intégralité de la machinerie des cintres et, plus grave, la destruction aussi de trois mètres du cadre de scène de chaque coté, en condamnant les deux premiers plans du décor : ainsi plus de 15 mètres du premier rang séparaient les acteurs des spectateurs ! Giorgio Strehler était le seul à avoir senti les effets de ce jeu de massacre !
29 12 1997
Xavier Fortin, séparé de sa femme depuis plus d’un an vient à son domicile pour y prendre ses deux enfants Théo et Manu qui ne demandent pas mieux que de partir avec lui : ils ont 6 et 7 ans. Ils vont devenir Shahi’yena et Okwari, des noms indiens, une des grandes source d’inspiration de leur père.
Xavier et Martine se sont rencontrés à Saint Affrique en 1988 ; elle revenait d’un long voyage en Inde et au Népal, lui vivait en roulotte. Elle a déjà un enfant de 3 ans, Nicolas. Théo naît le 4 août 1990, et Manu le 12 janvier 1992. Le couple ne résiste pas au refus catégorique du monde extérieur de Xavier – pas d’emprunt, pas de scolarisation pour les enfants etc… Le 6 juin 1996, elle emmène contre leur gré les enfants chez leur grand’ père, bien loin, à 1 000 km, puis elle va s’occuper de 300 brebis dans le Gers. Il l’y rejoint et on se rabiboche. Xavier vient de se réconcilier avec son père médecin qui avait fini par retirer sa caution pour des prêts. Mais décidément, ça ne marche pas et Martine entreprend une procédure de séparation. En janvier 1997, un juge des affaires familiales fixe la résidence des enfants chez la mère et octroie au père un droit de visite et d’hébergement.
Ce jour va être le premier de onze ans de vie en marge de la société, dans des fermes perdues, avec parfois des haltes prolongées… les gendarmes sont bien quelquefois sur leurs traces mais encore faut-il qu’ils aient appris sous quelle identité ils se cachent ! Et il va y en avoir des identités ! L’activité la plus fréquente est le petit élevage… Jugé coupable de non-représentation d’enfant, Xavier Fortin est condamné par défaut le 17 janvier 2005 à deux ans d’emprisonnement.
Haute Garonne, Vaucluse, où ils se nomment Bertrand, Benoît et Sylvain Laroque, Gard, Ariège où il gère pendant 7 ans une ferme pédagogique, puis Massat, encore dans l’Ariège où Xavier Fortin est devenu Pierre Duchêne, né à La Paz. Le maire de Massat : C’était des gens sans histoire, qui avaient choisi un mode de vie soixante-huitard mais se montraient ouverts, instruits, sympathiques, C’est là qu’il sera appréhendé le 30 janvier 2009.
Xavier Fortin sera condamné le 17 mars 2009 à 2 ans de prison dont 22 mois avec sursis, soit 2 mois ferme, par le tribunal correctionnel de Draguignan. Cette peine couvrant la durée de sa détention provisoire, il quittera la prison environ une heure après le jugement.
Le père, je l’aime. Il nous a préservés de notre mère qui voulait nous imposer une vie de merde et de béton, avec l’école, la télé et la nounou le soir. Mais les trois dernières années ont été dures… reconnaîtra Shahi Yena à l’issue du procès.
Et le je vote Fortin de Frankiz le 18 mars 2009 pourrait bien tenir lieu de conclusion : J’espère que Fortin va se présenter aux prochaines élections présidentielles, si c’est le cas je voterai pour lui car il a su donner des leçons de gestion, d’économie, de courage, de volonté, d’agriculture, de commerce, d’indépendance, d’autonomie, de débrouillardise, d’écologie de justice, de pédagogie, d’éducation et de liberté. Alors je dis chapeau !
Et ma foi, tant pis si cela ne s’est pas fait sous le sceau de la rigueur affichée : tous les jours, tous les jours pendant onze ans, faire bouillir la marmite pour mener deux garçons de 7 à 17 ans, cela demande quelques petits arrangements avec les principes : Fortin a accepté des secours financiers de son père tout au long de ces onze ans, il n’a pas du tout le niveau de maîtrise de sciences naturelles comme il l’a prétendu, [il faut bien se fabriquer un CV présentable pour prétendre donner un enseignement conforme aux programmes] et ça c’est un petit mensonge mais le gros c’est quand même : maman est morte d’une tumeur au cerveau.
Reste à savoir si des enfants peuvent rester bien dans leurs pompes sans jamais aller à l’école, non pour ce qui s’y apprend en classe, mais pour ce qui s’y passe en récréation : les copains, c’est-à-dire la socialisation nécessaire à tout individu. Le trio sortira un livre en 2010, Hors système et Cédric Kahn un film en 2014, Vie sauvage.
1997
L’Algérie s’enfonce dans l’horreur tous les jours un peu plus – pas loin de 700 personnes massacrées dans les dix derniers jours de l’année – et tous ces grands voisins, riches et moins riches qui restent là sans rien faire, et l’ONU de même. La non assistance à nation en danger est encore une rêverie… tant que les massacres ne gênent pas le commerce : et il s’agit d’à peu près 70 000 morts, depuis le début des massacres.
Il faut avoir l’espérance chevillée au corps pour voir une lumière au bout du tunnel : Je refuse de croire au recyclage de ton malheur, Algérie. Ton simulacre de victime expiatoire ne trompe personne et ta convalescente n’a que trop duré. Un jour, le voile intégral qui te dérobe au génie de tes prodiges tombera et tu pourras te mettre à nu pour que le monde entier voie que tu n’as pas pris une seule ride, que tes seins sont aussi fermes que tes serments, ton esprit plus clair que l’eau de tes sources et tes promesses toujours aussi intactes que tes rêves. Algérie la Belle, la Tendre, la Magnifique, je refuse de croire que tes héros sont morts pour être oubliés, que tes jours sont comptés, que tes rues sont orphelines de leurs légendes et tes enfants rangés à la consigne des gares fantômes. S’il faut secouer tes montagnes pour les dépoussiérer, boire la mer jusqu’à la lie pour que tes calanques se muent en vergers, s’il faut aller au fin fond de l’enfer ramener la lumière qui manque à ton soleil, je le ferai.
Yasmina Khadra. Qu’attendent les singes. Julliard 2014
Naissance par clonage de la brebis Dolly : des difficultés respiratoires et autres obligeront ses inventeurs à mettre fin à ses jours 6 ans plus tard, le 14 février 2003.
Débuts de Netflix : La société Netflix (dont le nom provient de la contraction des termes Internet et flix, expression familière du mot film en anglais) est fondée en 1997 à Scotts Valley par Reed Hastings, son actuel PDG et Marc Randolph après que le premier a revendu sa jeune pousse Pure Software, éditeur d’un logiciel de débogage, pour 75 millions $.
L’entreprise commence ainsi son activité de location de DVD par abonnement mensuel en 1999, alors que le secteur du commerce électronique n’en est qu’à ses débuts. Au tout début du XXI° siècle alors qu’elle connaît des difficultés financières, Netflix propose à la chaîne de magasins Blockbuster Video d’entrer dans son capital à hauteur de 49 %, ce que l’entreprise refuse en profitant pour lancer sa propre offre de location de DVD mensuelle. En 2002, Netflix est introduite à la bourse de New-York NASDAQ sous l’indice NFLX, ce qui lui permet d’obtenir 82 millions $. Le cofondateur, Marc Randolph quitte la société en 2004. La location de films en video à la demande sur ordinateur débute en 2007 tandis que le service est peu à peu disponible sur divers terminaux tels que des décodeurs, lecteurs de disques Blu-ray, consoles de jeu, téléviseurs connectés, smartphones et tablettes.
Wikipedia
2 01 1998
Bernard Clavel refuse la Légion d’honneur… en cela il marche dans les pas de La Fayette, pour éviter le ridicule, Berlioz, Nerval, George Sand qui craignait d’avoir l’air d’une vieille cantinière, Littré, Courbet, Daumier, par modestie, Maupassant, Marcel Aymé, Maurice Ravel, Pierre et Marie Curie, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Antoine Pinay, Brigitte Bardot, Élisabeth de Fontenay : Madame Miss France : on ne donne pas ça à n’importe qui, ce n’est pas une médaille en chocolat, Jacques Prévert, Georges Brassens, Léo Ferré : ce ruban malheureux et rouge comme la honte… et sans doute de nombre de citoyens moins connus.
23 01 1998
Une plaque à vent aux Orres tue neuf collégiens et deux accompagnateurs ; le guide sera condamné ; l’affichage systématique du panneau Danger d’avalanche sera à décharge : dès lors que ces panneaux sont mis en place tous les jours, ils perdent tout leur sens et on ne peut plus retenir comme une infraction le fait de ne pas en tenir compte.
01 1998
La droite française se redonne du courage avec quelques flèches assassines : Martine Aubry ? Le portrait de son père… en plus viril. Au parti socialiste, on préfère : La Mèremptoire. Sur Jospin, après une intervention malheureuse sur l’abolition de l’esclavage: Il lui manque une case… celle de l’oncle Tom.
20 01 1998
Deux équipes de chercheurs américains annoncent la création de deux veaux clonés, selon un procédé différent de celui qui a permis de créer la brebis Dolly, il y a moins d’un an en Écosse. Les enjeux commerciaux sont de taille : ces vaches pourraient produire du lait contenant de l’albumine humaine, dont la médecine a besoin à raison de 440 t/an, soit une valeur de 1,5 milliard $. Une vache laitière transgénique clonée pourrait produire 80 kg d’albumine humaine par an.
31 01 1998
Les déballages grotesques des frasques sexuelles de Bill Clinton auront eu au moins le mérite de mettre en évidence le fossé de plus en plus grand qui sépare les opinions des médias de celle de l’ensemble des citoyens, lesquels se désintéressent de plus en plus de ce que fait l’État Fédéral, qui veulent n’en garder que l’essentiel, à savoir le président et qui en ont assez de voir attaqué par des roquets rageurs un homme pendant la présidence duquel l’Amérique ne s’est jamais aussi bien porté depuis 20 ans ; Bill Clinton, quasiment menacé d’Impeachment à Washington, n’a jamais été aussi populaire dans le pays. Les ayatollahs qui sont à ses basques se trouvent aussi dans son propre camp démocrate, et c’est bien l’ordre moral qui est brandi quand le sénateur Joseph Liberman déclare : La vie privée d’un président est publique. Mais Clinton a la peau dure : les Américains s’accordent à reconnaître que si Clinton avait été le Titanic, c’est l’iceberg qui aurait coulé.
… Mais en Amérique en général, ce fut l’été du marathon de la tartuferie : le spectre du terrorisme, qui avait remplacé celui du communisme comme menace majeur pour la sécurité du pays, laissait la place au spectre de la turlute ; un président des États-Unis, quadragénaire plein de verdeur, et une de ses employées, une drôlesse de vingt et un ans folle de lui, batifolant dans le bureau ovale comme deux ados dans un parking, avaient rallumé la plus vieille passion fédératrice de l’Amérique, son plaisir le plus dangereux peut-être, le plus subversif historiquement : le vertige de l’indignation hypocrite [4].
Philip Roth. La Tâche. p 12. Gallimard 2002
3 02 1998
37 ans après l’accident de la télécabine de la Vallée Blanche en France, un biréacteur EA-6B Prowler de la base américaine d’Aviano piloté par Richard Ashby, 31 ans, sectionne le câble du téléphérique du Mont Cermis, à Cavelese, dans les Dolomites – province de Trente, entraînant la mort des 20 occupants de la cabine montante. Il demandera à son navigateur, Joseph Schweitzer de faire disparaître la vidéo cassette d’enregistrement du vol… Devant le tollé de la presse et la fermeté du gouvernement italien, les États-Unis feront amende honorable et paieront les ¾ des 350 000 F d’indemnité accordés à chaque famille de victime. Un an après, devant la Cour Martiale de Camp Lejeune, en Caroline du Nord, le pilote sera acquitté, puis finalement condamné, plus tard, à 6 mois de prison pour avoir fait disparaître la cassette. On entendra à nouveau aux E.U. les mêmes bonnes résolutions de sécurité renforcée sur ces vols qu’il y a 37 ans en France … paroles… paroles.
6 02 1998
Claude Érignac, préfet de Corse, est assassiné.
16 02 1998
EOLE, le dernier RER, – de la gare de l’Est et gare St Lazare vers l’Est parisien, dont les travaux auraient dû être terminés fin 1997, n’en finit pas de finir… ! Il sera finalement inauguré le 13 juillet 1999. Autre projet parisien très gourmand : METEOR, une 14° ligne de métro de St Lazare au sud de Paris, dont le tronçon Madeleine-Bibliothèque de France sera inauguré le 15 octobre 98 ; on est à un coût de près d’un milliard le kilomètre. Au départ les travaux concernaient une ligne partant de la gare St Lazare à Tolbiac-Maison Blanche. Une ligne de tramway revient à 150 millions le kilomètre. En francs constants 1997, l’objectif financier des ces deux projets en 1987 se montait à 6,33 milliards de francs… en 1999, la Cour des Comptes chiffrera à près de 20 milliards, (toujours en francs 1997) le montant des investissements…Tout cela est tellement cher que personne n’osera faire remarquer que dans ce Météor, le niveau sonore dû au sifflement des roues est tel qu’il est impossible d’y tenir une conversation.
Les Français laissent dans les casinos, machines à sous, etc… la bagatelle de 118 milliards par an.
Le téléphone envahit l’espace : le réseau de télécommunications – radiotéléphone universel – Globalstar, de Loral et Qualcomm, investit 24 milliards F et lance ses 4 premiers satellites : il y en aura 52, dont 48 en service et 4 en attente, en orbite à 1 500 km d’altitude, le tout opérationnel en 1999. Globalstar perdra d’un seul coup d’un seul 12 satellites dans l’explosion de la fusée russe Zénit le 10 septembre 98. Un autre réseau, Iridium, lancé par Motorola, qui a investi 36 milliards F, compte 72 satellites de 689 kg, sur orbite basse, à 780 km d’altitude ; les lanceurs sont la fusée chinoise Longue Marche, l’américaine Delta 2 et la russe Proton ; il sera opérationnel en novembre 1998 : ce n’est pas vraiment fait pour M. Tout le Monde : 25 000 F le téléphone, la minute de communication de 12 à 42 F, et l’abonnement à 300F/mois. Globalstar adoptera des techniques plus économiques : 38 bases terrestres prennent en charge les communications sur les réseaux filaires traditionnels, les satellites acheminant seulement la communication entre le téléphone et la base terrestre la plus proche ; l’acheminement des communications Iridium se fait, lui, entièrement dans l’espace, par connexion – coûteuses – entre les satellites : d’où, en moyenne un coût de communication deux fois moindre pour Globalstar. Un troisième réseau de téléphone est lancé par Inmarsat : ICO : 12 satellites à 10 000 km d’altitude, opérationnels en l’an 2000, pour 12 milliards F. Le premier satellite de télécommunications, Early Bird, lancé en 1965, assurait 250 communications simultanées ; aujourd’hui, Intelsat 802, lancé en 1997, en assure 134 500 plus 3 programmes de télévision. D’autres réseaux existent encore, multimédia : Craig Mc Gaw et Bill Gates ont un programme Télédésic, l’Internet du ciel, de 288 satellites, et Alcatel un programme Skybridge de 80 satellites, qui devraient être opérationnels en 2002. La banlieue de la Terre , – 350 à 400 km. – est occupée par les vaisseaux – Soyouz, navettes Columbia, Endeavour -, stations spatiales comme Mir, qui sera relayée par l’ISS. Plus loin, sur l’orbite polaire héliosyncrone – 800 km -, se trouvent les satellites civils d’observation de la Terre.
Vient ensuite l’orbite basse, occupée par les satellites de téléphones – 800 à 1 500 kilomètres. Et enfin, l’orbite haute – 36 000 km – occupée par les satellites géostationnaires, qui assurent les télécommunications et la retransmission des programmes de télévision.
02 1998
Aux Jeux Olympiques de Nagano, la délégation française de patinage artistique envoie des cartons d’invitation pour fêter la médaille de bronze d’un couple français… avant même que l’épreuve n’ait eu lieu. Personne ne protestera et tous les invités viendront gaiement siroter champagne et whisky. Mais, 4 ans plus tard, aux JO de Salt Lake City, certains s’en souviendront, et décideront de mettre un coup d’arrêt à la tradition : une juge française sera suspendue, pour avoir donné sa voix à un couple russe plutôt que canadien, choix dans lequel l’accompagnaient d’ailleurs plusieurs autres juges.
Lors de la descente de ski, une des chutes les plus spectaculaires jamais vues dans l’histoire du ski alpin, celle de Hermann Maïer, le grand favori : au bout de 17 secondes de course, à 120 km/h, il perd le contrôle lors d’un saut, bascule tête en bas et heurte la piste tête la première, rebondit, perd ses skis, déchire un filet de sécurité, déchire le deuxième et bascule sur une forte pente de neige où il s’arrête après trois culbutes. Mais de quel bois est donc fait cet homme pour sortir indemne de pareille gamelle, qui ne l’empêchera d’ailleurs pas de gagner dans les jours suivants le Géant et le Super G… et le surnom d’Herminator ! C’est le français Jean-Luc Chrétier qui gagnera cette descente.
Mais, si, à ces Jeux Olympiques archi-cadrés, archi-organisés, archi-formatés, vous préférez la liberté dans la neige vierge, regardez… de quoi faire redescendre Samivel sur terre pour l’entendre dire : encore, encore
Volkswagen lance une campagne de pub française : le support en est la Cène. Mgr Jean Marie Lustiger, archevêque de Paris, pris d’une vertueuse indignation, traduit Volkswagen en justice… mais décidément l’époque n’est plus à produire des âmes fortes, et les coups de fouet du Christ chassant les marchands du temple sont bien oubliés : il suffit à Volkswagen de verser 500 000 F au Secours Catholique pour que Mgr Lustiger, aveuglé par l’obsession du consensus et dans un grand élan de ridicule inconséquence retire sa plainte !
Cette fois, la preuve est faite. Les idéologies, les religions sont dissoutes dans la pensée unique, qui est le calcul universel. Il n’existe plus des croyants et des pratiquants, rien que des clients sur le marché mondial… Nous sommes directement menacés de n’être plus que des clients qui achètent à des entreprises qui vendent un produit, de beauté, d’automobile, d’adoration du Dieu unique, peu importe… À deux ans de l’an 2000, tous les enfants du Bon Dieu, selon un mot magnifique, sont structurellement pris pour pire que des canards sauvages ; pour des clients qui ne savent même pas, les ingrats ! que leur chef d’entreprise cosmique appelé Dieu Providence ou la Force des choses, les aime d’un amour infiniment rentable sur le tout marché très mal camouflé en société humaine.
Le voilà bien, le blasphème structurel contre l’Esprit : caricaturer le Créateur donné à tous en cadre supérieur avec gueule de l’emploi divin, capable d’aimer toiser à la tête du client… Le problème apparaît d’une simplicité enfantine, de l’ordre du salut public, théâtral, poétique, symphonique, bref liturgique et non publicitaire. Car la publicité n’est jamais que l’ersatz d’un appétit de liturgie qui ne trouve ni sa nourriture ni la grande boisson correspondant à sa soif. Le monde devient atroce faute d’une cordialisation de la vie publique.
Père Jean Cardonnel. Le Monde 26 02 1998.
2 03 1998
Natascha Kampusch, 10 ans est enlevée à Vienne. Une camarade de classe a vu la scène et affirme qu’il y avait deux hommes dans la fourgonnette blanche qui l’emmène dans le sous-sol d’un garage, situé Strasshof, d’où elle ne parviendra à s’échapper que le 23 août 2006, huit ans, cinq mois et vingt et un jours plus tard – 3 096 jours – . Son geôlier, Wolfgang Priklopil, 44 ans se suicidera en se jetant sous un train quand il constatera sa disparition.
4 03 1998
Le capitaine Francesco Adragna et son équipage se dirigent vers leurs lieux de pêche préférés au large de la côte ouest de la Sicile, par 300 mètres de fond. Tout se passait comme d’habitude… mais soudain, alors qu’ils remontaient l’un des filets, les pêcheurs eurent la surprise de leur vie : s’extirpant de la mer, tête la première, apparaissait une remarquable statue en bronze d’un satyre dansant de deux mètres ! Chose encore plus incroyable, quelques mois plus tôt, le même capitaine Adragna avait pêché une jambe en bronze appartenant, comme cela allait être révélé plus tard, à la même statue ! Ce chef-d’œuvre proviendrait du butin volé par Genséric, roi des Vandales, lors du sac de Rome en 455. Le satyre se trouvait à bord de l’un des vaisseaux du vainqueur en route pour Carthage, lequel coula au large de l’île de Pantelleria.
Yeux d’albâtre, boucles dorées, oreilles pointues, lèvres ourlées, le satyre a une telle grâce que les archéologues Paolo Moreno et Bernard Andreae l’attribuent au grand sculpteur grec Praxitèle. Après cinq années de restauration, le Satyre dansant sera exposé pendant quelques mois au Palazzo Montecitorio, siège du Parlement italien à Rome. Par après, lorsqu’elle n’est pas partie en voyage (elle sera l’invitée d’honneur du Musée national de Tokyo, du Louvre à Paris et, en 2012, fera partie de l’Académie royale de l’exposition d’œuvres d’art en bronze à Londres), la statue résidera au Musée de Mazara del Vallo.
19 03 1998
84 pays tiennent une Conférence Internationale sur l’Eau : ce sera sans doute le plus grave problème des débuts du siècle prochain : l’eau couvre 70 % de la surface de la planète, mais 97 % de son volume est salée. L’eau douce – 3 % du total – est à 70 % stockée dans les glaces et neiges des pôles. Rivières, lacs et marais, représentent moins de 1 % de cette eau douce, le reste étant stockée sous terre. 60 % de l’eau de pluie s’évapore, 25 % pénètre la terre et 15 % approvisionne rivières, lacs, mers, océans. 1/3 seulement des ressources d’eau douce dont exploitables. 70 % va à l’agriculture, 22 % à l’industrie et l’énergie et 8 % à l’alimentation, l’hygiène. Un américain consomme en moyenne 600 litres d’eau/jour, un Africain, 30. 44 000 km³ par an s’écoulent à la surface de la terre : pour 6 milliards d’êtres humains cela représente une moyenne de 7 300 m³ par habitant en 1990 ; mais cette moyenne va descendre à 4 000 m³ dans les deux ou trois décennies qui viennent. La France dispose de 3 100 m³ par habitant, Gaza, 59 m³, l’Islande, 630 000 m³… Mais le seuil au-dessous duquel la pénurie d’eau compromet à la fois l’alimentation humaine et le développement économique, est fixé à 1 000 m³.
29 03 1998
Inauguration à Lisbonne du pont Vasco de Gama sur le Tage, construit par l’entreprise française Campenon Bernard, filiale de Vivendi : 12,3 km, 17 km accès inclus. Coût : 6 milliards. Il relie les deux rives du Tage au nord-est de Lisbonne. Le souvenir de la destruction de la ville par un tremblement de terre en 1755 a fait prendre de très importantes marges anti sismiques : 4,5. Le pont précédent – Salazar, puis du 25 Avril– long de 2,278 km, avait été inauguré le 6 08 1967. Si le coût des ponts peut-être comparé, celui de Normandie inauguré en février 94 aurait coûté presque trois fois plus cher : 2,752 milliards F pour 2,141 km de longueur hors tout… cela signifie sans doute qu’il est plus difficile de piper les appels d’offre au Portugal qu’en France.
5 04 1998
Inauguration au Japon du pont Akashi ; avec une longueur totale de 3 900 m, c’est le pont suspendu le plus long du monde, reliant l’île principale Honshu à Shikoku via Awaji.
8 04 1998
L’Assemblée nationale adopte le projet de loi modifiant le statut de la Banque de France, qui est dessaisie d’une bonne partie de ses prérogatives au profit de la future Banque Centrale Européenne, dont le siège sera à Francfort, avec pour mission prioritaire de maintenir la stabilité des prix, sans avoir de comptes à rendre à qui que ce soit.
10 04 1998
Les hommes de bonne volonté – Gerry Adams et Martin McGuinness, du Sinn Féin – en Irlande avaient fini par l’emporter sur les extrémistes de tout poil et un cessez le feu avait été annoncé par l’IRA en 1994, suivi peu après par les organisations paramilitaires protestantes. Les États-Unis s’étaient alors mêlés de l’affaire, encourageant avec beaucoup d’insistance les négociations, qui aboutissent finalement à un accord, aux termes duquel le pouvoir en Irlande du Nord est exercé conjointement par les unionistes et les nationalistes : les députés ne peuvent légiférer que si une double majorité – unioniste et nationaliste – y consent. Le premier ministre unioniste et le vice-premier ministre nationaliste n’ont d’autre choix que de s’entendre. Des liens constitutionnels existent désormais entre Dublin et Belfast : ce n’est pas la réunification, mais, pratiquement, la frontière devient invisible : les postes de contrôle sont démontés. Les groupes paramilitaires sont désarmés ; les Irlandais du Nord pourront détenir la double nationalité, irlandaise et britannique. La violence politique va quasiment disparaître de l’île, après 200 ans de rébellion !
16 04 1998
Aux Chantiers de l’Atlantique, lancement du paquebot Vision of the seas, 8° de la série depuis 1987 : 279 m, 22,3 nœuds, 2 416 passagers, 784 hommes d’équipage, 12 ponts, un poids en acier de 2 Tours Eiffel : le tout pour environ 2 milliards F : il en faut pratiquement dix fois plus pour faire un porte avions nucléaire comme le Charles de Gaulle, et pour ce dernier la mise en service est autrement plus laborieuse.
04 1998
L’éducation publique dans le département de la Seine Saint Denis est à l’état de quasi abandon.
certains jeunes vivent des difficultés à n’en plus finir. Il s’agit d’une misère matérielle et morale… certains de nos élèves n’ont pas une vie d’enfant… dans ce département, les difficultés ne sont ne sont pas différentes d’ailleurs, mais elles sont plus nombreuses que partout ailleurs… alors nous ne pouvons traiter que les urgences. Lorsqu’un feu est éteint, un autre s’allume à coté…
Je n’ai pas dix élèves dans une classe qui vivent dans une famille dite moyenne ou standard, avec un papa qui travaille, une maman et des frères et sœurs…
Sur vingt six élèves dans ma classe de sixième, deux sont nés en France métropolitaine. Cette mosaïque devrait et pourrait être une richesse. Ce n’est pas partout que l’on voit un Rwandais expliquer à un Cambodgien les conflits dans son pays. Mais actuellement l’école fait comme si tous les élèves étaient pareils….
Mais que faire face à des enfants qui s’insultent dès le plus jeune âge, qui n’ont pas de limite dans le geste et dans le propos, que faire lorsque quinze élèves sur vingt quatre n’ont pas fait les devoirs demandés, que faire lorsque les colles se multiplient tellement qu’elles finissent par ne plus avoir de sens et que les mots inscrits sur le carnet ne peuvent pas être lus par les parents parce qu’ils ne maîtrisent pas le français ?…
le jour où Claude Allègre annonçait son plan de rattrapage, nous apprenions de l’inspection académique qu’on allait nous supprimer notre demi-poste d’assistante sociale. J’en ai pleuré. Trop, c’était trop.
Propos d’enseignants recueillis par Le Monde du 8 avril 1998.
D’autres sons de cloche chantent une autre chanson, tout aussi bien tournée : Pour la première fois, un ministre de l’éducation démontre que les professeurs sont compétents pour enseigner, mais qu’ils n’ont pas à décider de la politique éducative. C’est un gain considérable pour la République, sans doute de même nature que celui voulu par Clemenceau quand il déclara que la guerre est une chose trop grave pour être confiée à des militaires. Claude Allègre dérange comme l’honnêteté et la rectitude dans un panier de crabes. On fait semblant de ne pas comprendre ses propositions véritablement sociales plus que socialistes, réellement démocratiques plus que démagogiques. Faut-il vraiment lui reprocher d’être libre d’esprit ? Voudrait-on un ministre obéissant ? Et à qui ?
Gilbert Longhi, proviseur du lycée Jean Lurçat Paris. Le Monde du 20 février 99.
24 04 1998
Exécution à Kigali de 22 condamnés à mort, dont la participation au génocide de 1994 a été établie par la justice rwandaise. Et toutes les belles âmes éprises de pureté de s’indigner vivement de ces exécutions sans vouloir admettre qu’absoudre ces gens, c’était recréer les conditions qui ont permis ce génocide.
4 05 1998
Alois Estermann, 44 ans, colonel de nationalité suisse, membre de l’Opus Dei, vient d’être nommé commandant de la garde suisse du Vatican ; il a eu une carrière éclair, s’étant notamment illustré lors de l’attentat contre Jean-Paul II le 13 mai 1981 en se faisant bouclier, après que le pape ait été atteint une première fois. À 20 heures, il est chez lui, au Vatican, en compagnie de son épouse, Gladys Meza Romero, diplomate de l’ambassade du Venezuela au Vatican, et de Cédric Tornay, caporal adjoint dans la garde suisse. À 20 h 46, un vieil ami appelle Alois pour le féliciter de sa nomination et entend des bruits secs après une interruption de la communication, mais pas une coupure, comme si le combiné avait été plaqué contre un vêtement. À 21 h 04 une religieuse voisine, ayant entendu ces bruits sort sur le palier, voit la porte des Estermann ouverte, jette discrètement un œil et voit du sang partout, sur les murs, par terre : les deux hommes sont au sol, la femme assise, le dos contre un mur : trois morts.
Trois heures seulement après les faits, avant quelque résultat que ce soit, d’autopsie, d’études balistiques, d’interrogatoires, un scénario simpliste sera élaboré pour expliquer l’assassinat : Cédric Tornay aurait pété un câble en venant tuer Alois Estermann et Gladys Meza Romero, puis se serait suicidé. Cette accusation portée contre Cédric Tormay permettra aux corps de surveillance, la police du Vatican de se croire dispensées de la moindre explication à fournir à Muguette Baudat, sa mère… qui n’obtiendra jamais rien… sinon un courrier de Gianluigi Marrone, juge unique du Vatican en date du 1° mars 2000 : Les documents fournis par le Saint Siège [bulletin n° 5 du Vatican du 8 février 1999] ne peuvent recevoir la caution formelle de l’autorité judiciaire. Elle déposera en juillet 2000 une demande de réouverture de l’enquête, avec le concours de deux avocats parisiens, Jacques Vergès et Luc Brosselet, qui mettront en évidence les incohérences du scénario fabriqué par le Vatican, dont l’obstruction systématique empêchera le procès d’aboutir. Cédric Tornay aurait été liquidé, puis transporté dans l’appartement des Estermann juste après leur assassinat : cette mise en scène permettait de l’accuser. Ne restent que des hypothèses… probablement un règlement de compte entre l’Opus Dei – dont Alois Estermann était l’homme fort – et la Franc-maçonnerie, les deux organisations qui rivalisent d’influence au Vatican.
On inaugure sur la presqu’île de Tina, près de Nouméa, le Centre Culturel Jean Marie Tjibaou, dix ans après l’assaut imbécile et assassin de la grotte d’Ouvéa, et neuf ans après l’assassinat de Jean Marie Tjibaou. Renzo Piano a fait sortir de terre des ongles géants terminés en peigne qui embellissent tout le paysage.
5 05 1998
Accord de Nouméa du 5 mai 1998
Préambule
1 – Lorsque la France prend possession de la Grande Terre, que James Cook avait dénommée Nouvelle Calédonie, le 24 septembre 1853, elle s’approprie un territoire selon les conditions du droit international alors reconnu par les nations d’Europe et d’Amérique, elle n’établit pas des relations de droit avec la population autochtone. Les traités passés, au cours de l’année 1854 et les années suivantes, avec les autorités coutumières, ne constituent pas des accords équilibrés mais, de fait, des actes unilatéraux.
Or, ce Territoire n’était pas vide.
La Grande Terre et les Iles étaient habités par des hommes et des femmes qui ont été dénommés Kanak. Ils avaient développé une civilisation propre, avec ses traditions, ses langues, la coutume qui organisait le champ social et politique. Leur culture et leur imaginaire s’exprimaient dans diverses formes de création.
L’identité kanak était fondée sur un lien particulier à la terre. Chaque individu, chaque clan se définissait par un rapport spécifique avec une vallée, une colline, la mer, une embouchure de rivière, et gardait la mémoire de l’accueil d’autres familles. Les noms que la tradition donnait à chaque élément du paysage, les tabous marquant certains d’entre eux, les chemins coutumiers structuraient l’espace et les échanges.
2 – La colonisation de la Nouvelle-Calédonie s’est inscrite dans un vaste mouvement historique où les pays d’Europe ont imposé leur domination au reste du monde.
Des hommes et des femmes sont venus en grand nombre, aux XIX° et XX° siècles, convaincus d’apporter le progrès, animés par leur foi religieuse, venus contre leur gré ou cherchant une seconde chance en Nouvelle-Calédonie. Ils se sont installés et y ont fait souche. Ils ont apporté avec eux leurs idéaux, leurs connaissances, leurs espoirs, leurs ambitions, leurs illusions et leurs contradictions.
Parmi eux certains, notamment des hommes de culture, des prêtres ou des pasteurs, des médecins et des ingénieurs, des administrateurs, des militaires, des responsables politiques ont porté sur le peuple d’origine un regard différent, marqués par une plus grande compréhension ou une réelle compassion.
Les nouvelles populations sur le Territoire ont participé, dans des conditions souvent difficiles, en apportant des connaissances scientifiques et techniques, à la mise en valeur minière ou agricole et, avec l’aide de l’Etat, à l’aménagement de la Nouvelle-Calédonie. Leur détermination et leur inventivité ont permis une mise en valeur et jeté les bases du développement.
La relation de la Nouvelle-Calédonie avec la métropole lointaine est demeurée longtemps marquée par la dépendance coloniale, un lien univoque, un refus de reconnaître les spécificités, dont les populations nouvelles ont aussi souffert dans leurs aspirations.
3 – Le moment est venu de reconnaître les ombres de la période coloniale, même si elle ne fut pas dépourvue de lumière.
Le choc de la colonisation a constitué un traumatisme durable pour la population d’origine.
Des clans ont été privés de leur nom en même temps que de leur terre. Une importante colonisation foncière a entraîné des déplacements considérables de population, dans lesquels des clans kanak ont vu leurs moyens de subsistance réduits et leurs lieux de mémoire perdus. Cette dépossession a conduit à une perte des repères identitaires.
L’organisation sociale kanak, même si elle a été reconnue dans ses principes, s’en est trouvée bouleversée.Les mouvements de population l’ont déstructurée, la méconnaissance ou des stratégies de pouvoir ont conduit trop souvent à nier les autorités légitimes et à mettre en place des autorités dépourvues de légitimité selon la coutume, ce qui a accentué le traumatisme identitaire.
Simultanément, le patrimoine artistique kanak était nié ou pillé.
À cette négation des éléments fondamentaux de l’identité kanak, se sont ajoutées des limitations aux libertés publiques et une absence de droits politiques, alors même que les kanak avaient payé un lourd tribut à la défense de la France, notamment lors de la première guerre mondiale.
Les kanak ont été repoussés aux marges géographiques, économiques et politiques de leur propre pays, ce qui ne pouvait, chez un peuple fier et non dépourvu de traditions guerrières, que provoquer des révoltes, lesquelles ont suscité des répressions violentes, aggravant les ressentiments et les incompréhensions.
La colonisation a porté atteinte à la dignité du peuple kanak qu’elle a privé de son identité. Des hommes et des femmes ont perdu dans cette confrontation leur vie ou leurs raisons de vivre. De grandes souffrances en sont résultées. Il convient de faire mémoire de ces moments difficiles, de reconnaître les fautes, de restituer au peuple kanak son identité confisquée, ce qui équivaut pour lui à une reconnaissance de sa souveraineté,
préalable à la fondation d’une nouvelle souveraineté, partagée dans un destin commun.
4 – La décolonisation est le moyen de refonder un lien social durable entre les communautés qui vivent aujourd’hui en Nouvelle-Calédonie, en permettant au peuple kanak d’établir avec la France des relations nouvelles correspondant aux réalités de notre temps.
Les communautés qui vivent sur le Territoire ont acquis par leur participation à l’édification de la Nouvelle-Calédonie une légitimité à y vivre et à continuer de contribuer à son développement. Elles sont indispensables à son équilibre social et au fonctionnement de son économie et de ses institutions sociales. Si l’accession des kanak aux responsabilités demeure insuffisante et doit être accrue par des mesures volontaristes, il n’en reste pas moins que la participation des autres communautés à la vie du Territoire lui est essentielle.
Il est aujourd’hui nécessaire de poser les bases d’une citoyenneté de la Nouvelle-Calédonie, permettant au peuple d’origine de constituer avec les hommes et les femmes qui y vivent une communauté humaine affirmant son destin commun.
La taille de la Nouvelle-Calédonie et ses équilibres économiques et sociaux ne permettent pas d’ouvrir largement le marché du travail et justifient des mesures de protection de l’emploi local.
Les accords de Matignon signés en juin 1988 ont manifesté la volonté des habitants de Nouvelle Calédonie de tourner la page de la violence et du mépris pour écrire ensemble des pages de paix, de solidarité et de prospérité.
Dix ans plus tard, il convient d’ouvrir une nouvelle étape, marquée par la pleine reconnaissance de l’identité kanak, préalable à la refondation d’un contrat social entre toutes les communautés qui vivent en Nouvelle-Calédonie, et par un partage de souveraineté avec la France, sur la voie de la pleine souveraineté.
Le passé a été le temps de la colonisation. Le présent est le temps du partage, par le rééquilibrage. L’avenir doit être le temps de l’identité, dans un destin commun.
On est très tenté de mettre comme signataire le nom de Michel Rocard, tant on y voit sa patte. C’est en fait Lionel Jospin le signataire, pour le gouvernement français.
12 05 1998
Pendant que leur mari batifolent à droite à gauche, Bernadette Chirac fait visiter ses terres corréziennes à Hillary Clinton, sans que les dits maris en aient été avertis. Ah mais ! Scrogneugneu ! Le féminisme à la Chodron de Courcelles, ça fait tout de même un peu rikiki. La Première Dame de France remettra le couvert en matière de rikiki en critiquant ouvertement Brigitte Macron pour n’avoir pas fait la révérence au roi d’Angleterre lors de sa visite en France à l’automne 2023 : quand l’étiquette tient lieu de colonne vertébrale. Mais que voulez-vous quand on a passé son enfance au milieu des lavabos/WC/bidets, – c’est ce que son père fabriquait -. cela n’ouvre par vraiment l’esprit
En septembre 2023, on verra Bernadette sur le grand écran, avec Catherine Deneuve dans le rôle titre, s’attribuant une clairvoyance politique que l’on a bien du mal à croire vraie ; quant à Chirac, il convenait de le rabaisser, pour mieux élever Bernadette, et c’est ce que fait très bien Michel Vuillermoz, ramenant l’homme à une fonction de conseiller général friand de pincer le cul des vaches, plus beauf que nature, borné et limité : on ne voit jamais le tueur qu’il était en fait et rarement l’homme cultivé qui se flattait de s’en cacher. Le tout réalisé par Léa Domenach.
29 05 1998
Christian Brossier, Jean Didier Blanchet et Michel Gérard remettent au ministre un rapport sur transports dans les Alpes, qui met fin à la mégalomanie des dernières années… lorsque l’on envisageait un TGV Lyon-Turin, doublé d’une autoroute ferroviaire, pour la bagatelle de 90 milliards F, incluant, un tunnel de 52 km, sous l’actuel tunnel du Fréjus, lorsque l’on envisageait encore un tunnel de 17 km sous le col de la Lombarde, dans le Mercantour, ne servant pratiquement à rien…
Ces trois partisans du retour sur terre disent qu’il est urgent d’attendre… que les Suisses aient ouvert leur pays aux camions de gros tonnage, en les faisant transiter par de nouveaux tunnels ferroviaires au Lötschberg, proche du Simplon, qui reliera par une voie unique Berne à Domodossola, – 37 km, livrable en 2008, 15 milliards FF – et au Saint Gothard, qui reliera Zürich à Lugano – 57 km, le plus long tunnel du monde, livrable en 2016 pour un coût de 30 milliards FF – ; pour ce dernier, la société Alptransit a mis en œuvre un tunnelier, dont la fraise, au diamètre du tunnel : 9 m, permet d’avancer de 20 à 30 mètres par jour. L’altitude des ouvertures du tunnel est à 300 mètres ; elle sera de 550 en son milieu, facilitant ainsi l’écoulement des eaux d’infiltration. Milan-Zürich en 2 h 40’ pour 300 trains roulant à plus de 200 km/h. Une fraise sur le gâteau : un ascenseur de 800 m pour relier en une minute le tunnel à Sedrun en surface, proche de la source du Rhin antérieur. … attendre aussi que les Autrichiens aient réalisé leurs projets – tunnel ferroviaire de 55 km sous le Brenner… il sera alors temps de voir quelle est la nouvelle donne… en attendant, on aménage… y compris la liaison Grenoble-Sisteron, mais on arrête de jeter l’argent par les fenêtres.
Mais, dix mois plus tard, la catastrophe du tunnel du Mont Blanc, qui fera 39 morts, remettra au premier plan au moins l’un de ces grands projets : la liaison ferroviaire Lyon Turin, avec transport de camion par ferroutage : France et Italie se mettront d’accord sur le principe de cette réalisation le 24 septembre 99, et feront accélérer les études. Il faudra attendre au moins jusqu’en 2015. Le projet comprend 2 tunnels d’accès de 20 km chacun, l’un sous la Grande Chartreuse, uniquement pour le fret, l’autre sous le massif de Belledone, en trafic mixte, avec une plate-forme multimodale, pour le chargement et le déchargement des camions sur les trains. Chaque tunnel coûterait environ 6 milliards de francs. Le tunnel principal, appelé actuellement tunnel du Mont Cenis, entre Saint Jean de Maurienne et Suse – 57 km – coûterait environ 25 milliards de francs, en 2012, 8.5 milliards d’€. Il ne comprendrait dans un premier temps qu’un seul tube pour les deux sens de circulation. L’actuel tunnel du Fréjus enregistrera après cette catastrophe des trafics de 6 000 camions/jour ! Limitée en principe à 220 camions à l’heure, la circulation y est souvent de 300 camions/heure. En janvier 99, on comptait 62 000 camions, 119 000 un an plus tard, et 143 000 en octobre 2001. Selon une étude du cabinet Okosciences de Zürich, commanditée par la Fondation internationale Alp Action présidée par le prince Saddrudin Aga Khan, les émissions d’oxyde d’azote auraient été multipliées par deux de 1997 à 2000, aux abords de l’autoroute A 43 qui conduit au Fréjus.
La réouverture du tunnel du Mont-Blanc, prévue pour début 2002, devrait se faire sur le principe de l’alternat – circulation alternée – une fausse bonne idée – selon nombre d’experts : un sens unique emprunté par le Mont Blanc et le Fréjus, avec inversion de ce sens à périodes fixes. À plus long terme, le tunnel du Fréjus devrait lui aussi fermer, pour doubler sa capacité, en la portant à 20 millions de tonnes par an, à l’horizon 2010 ; les wagons actuels, avec un plancher à 1,2 m au-dessus du sol, seront remplacés par des wagons à planchers surbaissés et pivotant, permettant aux camions d’entrer par le coté. Actuellement, tous les véhicules de plus de 28 tonnes, interdits de passage en Suisse, en provenance de l’Allemagne, des pays du Benelux et de l’Europe du Nord qui se dirigent vers l’Italie et le bassin méditerranéen, empruntent pour les deux tiers l’autoroute du Brenner, et pour un tiers les tunnels du Mont Blanc et du Fréjus.
En 1970, 32 millions de tonnes de marchandises transitaient à travers les Alpes entre le col du Brenner, les tunnels ferroviaires du Saint Gothard et du Simplon, le tunnel routier du Mont Blanc, le col et le tunnel du Fréjus. et celui de Vintimille. 80 % de ces échanges passaient alors par le rail et 20 % par la route. Vingt cinq ans plus tard, les données ont totalement changées : le trafic à travers les Alpes atteint 106 millions de tonnes entre ces mêmes axes de transit, soit plus de trois fois plus qu’auparavant… Sur ces 106 MT, 50 se font entre la France et l’Italie, dont le tiers par train. Autre bouleversement : les camions transportent désormais plus de 60 % de marchandises. En 1998, près de quatre millions de poids lourds auront franchi les Alpes en empruntant les cols et les tunnels situés entre le Brenner et le Fréjus. En 2011, plus d’un million de poids lourds transitent entre le tunnel du Mont Blanc et celui de Fréjus. À lui seul, le col du Brenner (1 362 m) qui fût la première traversée autoroutière totale des Alpes, aura absorbé un peu plus d’1.25 million de poids lourds en 1998. Quant au volume de marchandises qui transite, chaque année, sur l’ensemble de l’arc alpin, de Vintimille sur les bords de la Méditerranée à Wechsel au sud de Vienne, il atteint déjà 140 millions de tonnes et mobilise actuellement près de 7,5 millions de camions. Ces chiffres devraient doubler à l’horizon 2015.
En 2012, les écologistes estiment que le transport de 15 millions de tonnes par an par le tunnel de Mont Cenis suffit à répondre aux demandes, en baisse.
Sur l’Espagne, ce sont 70 MT qui passent la frontière, dont 8 % par le train et 92 % par la route ; ce trafic devrait doubler d’ici 2010. Un tunnel au Perthus, emprunté par le TGV Montpellier Barcelone, devrait améliorer la situation, ainsi qu’un tunnel sous le Vignemale.
Le projet de tunnel Lyon Turin rencontrera plus tard de farouches détracteurs : Le projet de création d’un ensemble de tunnels ferroviaires entre Lyon et Turin figure en tête des grands projets européens présentés par la Commission de Bruxelles et approuvés par les chefs de gouvernement des pays de l’Union. Ce projet, dont le coût prévisionnel est estimé, très probablement par défaut, à 15 milliards d’euros (100 milliards de francs) et dont l’exploitation serait ensuite très lourdement déficitaire ne répond à aucun besoin. Le potentiel voyageurs entre Lyon et Turin ou Milan ne permettrait pas de remplir plus d’un ou deux trains par jour. Quant au trafic des poids lourds dans les deux tunnels routiers existants entre la France et l’Italie, il est stagnant depuis dix ans. Mieux encore, il diminuera à l’avenir lorsque les Suisses ouvriront entièrement en 2005 leurs frontières aux camions, puis mettront en service entre l’Italie et l’Allemagne, leurs tunnels directs à très grande capacité actuellement en cours de travaux. Un audit officiel accablant réalisé par le Conseil Général des Ponts et Chaussées et l’Inspection Générale des Finances a mis en évidence qu’aucune étude sérieuse n’avait été conduite, et que les arguments avancés pour soutenir ce projet faramineux avaient été systématiquement biaisés. C’est pourquoi il a recommandé en termes feutrés d’adopter une attitude de veille active du dossier, c’est-à-dire en fait d’abandonner purement et simplement le projet à échéance humaine.
Christian Gerondeau. SNCF, transports publics, et autres. Les danseuses de la République. L’Harmattan, 2004
Seize ans plus tard, les travaux allant bon train, les Italiens seront les premiers à commencer à faire de la résistance active, vite rejoints et soutenus par l’écrivain Erri de Luca que son passé gauchiste à Lotta continua met en phase directe avec la situation. Le 1° septembre 2013, il a déclaré sur la version italienne du site Huffington Post que les travaux du TGV devaient être sabotés. Une plainte, déposée par LTF, a abouti à la mise en examen de l’écrivain, le 24 janvier 2014, qui sera relaxé le 19 octobre 2015.
Les habitants du Val de Suse, en Italie, sont mobilisés depuis des années contre ces travaux qui impliquent le percement d’un tunnel de 57 km entre Suse, dans le Piémont, et Saint-Jean-de-Maurienne, en Savoie. Maintes fois repoussé, ce projet de transport mixte, fret et voyageurs, a été lancé en 1991, acté dans un traité international en 2001 et longtemps ajourné faute de financements. L’ensemble devrait coûter 25 milliards d’euros, dont 8,5 pour le tronçon international. Sur cette partie, les travaux sont menés par l’entreprise Lyon Turin ferroviaire (LTF), qui dépend de Réseau Ferré de France et de Rete ferroviaria italiana.
La montagne est pleine d’amiante et de pechblende, un matériau radioactif que le percement d’un tunnel sur des dizaines de kilomètres risque de mettre à l’air libre.
Surtout, ces travaux sont essentiellement destinés à drainer des fonds publics vers les entreprises qui s’en mettent plein les poches, alors qu’il existe déjà une ligne traditionnelle, utilisée à moins de 20 % de ses capacités. L’Italie est pleine de chantiers abandonnés, des ponts, des routes, des hôpitaux… Il y en a des centaines. D’une certaine façon, ces chantiers-là se sont auto-sabotés. C’est un modèle de développement. L’Italie est le pays le plus corrompu d’Europe.
[…] Depuis 2008, le chantier du TGV est militarisé et les habitants doivent présenter leur carte d’identité pour aller travailler dans leurs vignes. Le gouvernement a levé une armée contre la population locale, qui est entrée en résistance voilà des années. Une forme de répression à l’ancienne. Au moins mille personnes ont été poursuivies dans ce cadre. Par exemple, pour avoir coupé des filets de protection du chantier, placés par la LTF dans des zones communales où il était illégal de les installer. Et maintenant, quatre d’entre eux ont été arrêtés pour terrorisme, après avoir été accusés d’avoir endommagé un compresseur sur le chantier. À Turin, une équipe de magistrats ne s’occupe que de cela. Ils se comportent comme les chiens de garde de la LTF.
[…] Les habitants du Val de Suse sont solidaires. En février, ils se sont cotisés pour payer l’amende infligée au chef de file des résistants, Alberto Perino. Le Val de Suse est devenu une affaire nationale. Et une cause pour la vraie gauche italienne, celle de la base, des centres sociaux, et de quelques petits partis comme le mouvement 5 Etoiles de Beppe Grillo, ou Sinistra e Libertà (SEL). C’est la plus puissante et la plus robuste des luttes populaires qui existent en Italie actuellement.
[…] La démocratie, c’est aussi la possibilité de changer les choses. Or, ce sont les minorités qui font bouger les choses, les lois, les politiques. C’est comme dans le domaine scientifique : les individus sont souvent plus efficaces que les masses. Quand Copernic a écrit De revolutionibus orbium coelestium, il était seul.
En Italie, la résistance au fascisme a été le fait de petits groupes réfugiés dans les montagnes. Et le XX° siècle a été le siècle des révolutions, menées au départ par des minorités. Dans les années 1970, à l’époque des luttes ouvrières dans les usines, Lotta Continua, le mouvement auquel j’appartenais, incitait les ouvriers à saboter des lignes de montage. C’était nécessaire pour améliorer les conditions de travail. Et cela ne détruisait rien, si ce n’est le flux de production.
Chez nous, c’est comme cela : le pouvoir est immobile, donc il faut parfois des activistes pour mener le combat, au nom du plus grand nombre. Car dans le Val de Suse, des gens défendent leur santé. Ils se battent contre l’empoisonnement de la vallée. Et là, il s’agit d’un mouvement de masse. Partout où il y a de grandes industries, il y a des tragédies écologiques. La défense de l’air, du sol, de l’eau, ça, c’est révolutionnaire. Et ceux qui sont nés là ont le droit d’en être citoyens, et de décider de l’environnement qu’ils veulent.
Erri de Luca. Le Monde du 12 04 2014
Le problème de ces grands travaux, c’est qu’il y a contradiction de plus en plus flagrante entre la date de la prise de décision – ici 1991 – et la date de fin de travaux – ici, on ne sait pas. Dans ce laps de temps, les mentalités, les sensibilités et les économies ont beaucoup évolué : en 1991, on pouvait encore se dire : Lyon-Turin en une petite poignée d’heures, woahou, super ; et, en 2020 alors que les travaux ne sont pas encore finis : Lyon Turin, en une petite poignée d’heures, à quoi bon, pour quoi faire ? Dès lors que l’on refuse de se dépêcher, nombre de projets tombent à l’eau.
Printemps 2021 : Le cout global actuel est de 26 milliards d’€, mais on peut déjà dire qu’au jour de l’inauguration, il sera de 30 milliards. L’évolution de la situation vient conforter les arguments des opposants : l’actuel tunnel du Mont Cenis, actualisé aux conditions actuelles de transport moyennant un peu plus d’1.4 milliard d’€, a vu son trafic marchandises régulièrement diminuer de 1997 – 10 M.t. – à 3 M.t. en 2020, et en 2021, il est donc très loin d’être saturé. Daniel Ibañez, chef de file pour la France des opposants, a démonté l’argumentaire principal du TELT – Train Euralpin Lyon Turin, dirigé par Hubert du Mesnil, (capable de vendre des congélateurs à des Ïnuits) – un gain de trois heures par rapport au trajet actuel, en décortiquant les temps de parcours sur la voie en service : il faut décompter la durée des arrêts, des décélérations et des accélérations, et surtout il faut décompter la différence de temps sur le Suse-Turin qui emprunte aujourd’hui une voie ferrée classique quand existe, déjà en place la voie TGV en site propre, inutilisée aujourd’hui : tout cela représente 90′ et dès lors le gain de temps sur l’ensemble Lyon-Turin, n’est plus que de 1 h 30’… belle différence ! Le coût de la section transfrontalière – Saint Jean de Maurienne-Suse – d’un coût de 8.3 milliards en 2012, est prise en charge à 40 % par l’Europe, 35 % par l’Italie et 25 % par la France. Les rivalités fratricides entre Grenoble et Chambéry tournent à l’avantage de Chambéry, moyennant un supplément de 1.4 milliard, un lobbying forcené de Louis Besson, ancien maire de Chambéry, ancien ministre qui en aura appelé directement à Jacques Chirac, président de la République, contre un Alain Carignon, empêtré dans ses procès à Grenoble. On verra se constituer un puissant lobbying composé d’anciens hauts responsables, aujourd’hui en retraite, la Transalpine, qui n’hésite pas à se montrer généreuse avec Pierre, Paul, Jacques et Jean quand il s’agit d’appuyer dans leur sens, tout cela, sans aucun mandat démocratique ! C’est l’exemple parfait du projet déjà obsolète avant que d’être opérationnel. Le délai pour la mise en route du programme est mille fois trop long par rapport à la vitesse de changement de nos économies : ces grands projets ressemblent de plus en plus à ces porte-conteneurs monstrueux de 228 000 tonnes qui ont besoin d’être prévenus très longtemps à l’avance du moindre changement de cap tant est lourde leur masse et longue à réduire leur erre.
4 06 1998
Première réunion au château de Senningen au Luxembourg de ce qui s’appellera Eurogroupe à partir du Conseil de Nice en 2000. La mise en place de l’Union économique et monétaire (UEM), et du traité de Maastricht de 1992 qui avait jeté les bases de la future monnaie commune, avait entraîné la création de l’Eurogroupe en 1997. Son existence est aujourd’hui inscrite à l’article 137 du Traité sur le fonctionnement de l’Union Européenne (TFUE) et son rôle est précisé par le protocole 14 du traité. Cette assemblée informelle réunit les ministres des Finances des 19 Etats membres de la zone euro, un représentant de la Banque centrale européenne (BCE) – habituellement le président – et un représentant de la Commission européenne – habituellement le vice-président chargé des Affaires économiques. Il ne s’agit pas d’une véritable institution de l’Union européenne, mais son rôle est fondamental dans la politique économique de la zone euro. Car lors du Conseil Economie et Finances (ECOFIN) qui réunit chaque mois les 28 ministres de l’Economie et des Finances de l’UE, les discussions portent sur les questions économiques, budgétaires et financières de toute l’UE. Les débats relatifs à la coordination des politiques économiques au sein de la zone euro et concernant les responsabilités spécifiques que les 19 Etats membres de l’UEM partagent en matière de monnaie unique (protocole 14, TFUE) se déroulent donc la veille du Conseil ECOFIN, lors de la réunion de l’Eurogroupe. Le lendemain, ses décisions sont entérinées par un vote à 19 lors du Conseil ECOFIN. Bien qu’informel puisque des votes ne peuvent y avoir lieu, l’Eurogroupe est néanmoins la vraie instance décisionnaire sur les questions de politiques économique, financière et budgétaire concernant la zone euro.
Etant donné que les 19 Etats membres de la zone euro sont soumis à une politique monétaire unique menée de façon indépendante par la BCE, l’objectif de l’Eurogroupe est de garantir la stabilité et la cohérence des politiques économiques des Etats membres entre elles et en accord avec la politique monétaire. Les critères édictés dans le traité de Maastricht (déficit public inférieur à 3 % du PIB et dette publique inférieure à 60 %) doivent par exemple être respectés. Considérée comme nécessaire à l’harmonie de l’UE et plus particulièrement de la zone euro, cette discipline budgétaire sera réaffirmée en 1997 dans le Pacte de stabilité et de croissance (PSC), puis en 2013 dans le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG).
L’Eurogroupe a également pour objectif de favoriser les conditions d’une croissance économique plus forte.
Les sujets discutés à l’Eurogroupe concernent donc les différents aspects de l’Union économique et monétaire – tant son fonctionnement que d’éventuelles réformes -. Sont ainsi abordés :
C’est à peu près le point de départ du creusement de l’écart de compétitivité pendant dix ans, entre l’Allemagne et la France : le franc sera légèrement surévalué par rapport au mark ; l’Allemagne va comprimer ses salaires, avec des heures très mal payées au bas de l’échelle, la France va mettre en place les 35 heures, augmenter ses charges sociales et les entreprises laisseront filer les salaires.
13 06 1998
Tabarly est en mer : il ne reviendra plus.
Pen Duick I est attendu en Écosse à Fairline pour la parade exceptionnelle des quelques Fife ayant encore le pied dans l’eau. Ils rappliquent du bout du monde, Suède ou Venezuela. Le jeudi 4, Pen Duick appareille de la Trinité, le 9 il est à Newlyn en Cornouailles, bloqué par le mauvais temps. Le 12, il arrondit Lizard et Land’s end et fait route au nord, vent portant, l’Ecosse au bout du méridien. Force 6, un souffle puissant. C’est bien. Ça avance. Ça fait du bon bateau. Brise et courants lèvent un clapot dur, désordonné. C’est moins bien. C’est épuisant. Ça rend fou. À bord, un équipage disparate : outre le capitaine après Dieu, un couple de Suisses, un ancien marin militaire et l’éternel ami d’Éric, le photographe Erwan Quéméné, grand navigateur. Dans la soirée du 12, le vent forcit. Mieux vaudrait établir la voile de cape. On y va, tous…. Il fait noir, la mer invisible danse dans un chahut sous le bateau. Erwan est à la barre, Éric à la manœuvre, attaché bien sûr que non. Le 13, juste après minuit, quelque chose lui arriva.
Yann Queffelec
Amis, ne pleurez pas le marin disparu, mais priez que les vagues le bercent longuement.
Alain Gerbault
Premier marin français d’après guerre à avoir mis fin à la domination anglaise dans les courses au large, il donna naissance à un fantastique renouveau technique de la voile et en même temps à une kyrielle de coureurs des mers, tous plus talentueux les uns que les autres.
Taillé dans le granit, libre, si paisible devant la gloire dit Yann Queffelec, il parvint, à peu de choses près, à faire tout ce qu’il voulait, au point même de refuser une invitation à déjeuner de de Gaulle à l’Élysée, pour raison de marée [5] : ce dernier, prenant la mesure du personnage, choisit de ne pas se vexer, et renouvela l’invitation… l’histoire ne dit pas s’il essuya un deuxième refus…
L’hommage qui lui fût rendu venait bien sûr des marins, mais aussi de tout un peuple qui reconnaissait dans cette trempe tout ce que la France avait, au mieux, fait taire, au pire, laissé tomber, depuis vingt ans : taiseux, amoureux du travail propre, intègre … des valeurs de paysans et d’ouvriers passées à la trappe par les tristes canailles des temps nouveaux, accoucheurs de sociétés tellement avancées qu’elles puent..
Ne pleure pas, petite Marie, je vais te raconter une histoire. Il était une fois un bateau centenaire qui languissait loin de son capitaine. C’était un cotre de quinze mètres dix chevillé à l’ancienne, effilé comme l’aileron d’un espadon. Il était si gracieux, il volait si vite sur les crêtes d’écume, que les goélands, jaloux de sa coque couleur jais, l’avaient baptisé d’un nom breton signifiant Mésange à tête noire.
Il se morfondait dans un port gallois depuis qu’on l’avait séparé de son Pappy.
Ainsi nommait-il, par tendresse, celui qu’il avait connu enfant et auquel il avait confié sa barre après lui avoir enseigné tous les secrets des océans pour qu’il devienne le meilleur des marins. Son Pappy ayant été porté disparu en mer d’Irlande, on l’avait amarré contre son gré à un sinistre débarcadère. Il faisait peine à voir. Ses voiles auriques ne chantaient plus dans le vent ; les lattes de son pont en pin d’Oregon ne crissaient plus sous la houle ; ses bronzes ne brillaient plus au soleil ; sa parure d’acajou se ternissait sous les embruns ; son drapeau était en berne.
Un dauphin, passant par là, eut pitié de lui.
Pourquoi es-tu si triste ? lui demanda-t-il.
Le vieux bateau ronchonna :
Stupides gens de terre ! Ils croient que j’ai abandonné mon capitaine dans la tempête...
Le dauphin s’étonna de cette réflexion :
Que me chantes-tu là ? Ton compère n’a-t-il pas disparu ?
Alors, très en colère, le vieux cotre répéta au dauphin ce que les hommes n’avaient point voulu entendre : son Pappy n’était pas tombé à l’eau, il avait plongé au milieu de ses amies les vagues. Pour trouver la clef de l’énigme qui le turlupinait depuis ses premiers naufrages. Pour découvrir la réponse à la seule question restée taboue dans l’univers des voiliers. Une question qu’il avait lui-même formulée dans ses Mémoires du large :
Quand je suis en difficulté, je n’appelle jamais Dieu à mon secours. S’il m’a mis dans le pétrin, alors pourquoi viendrait-il me repêcher ensuite ?
Voilà pourquoi, petite Marie, les loups de mer gallois racontent aujourd’hui que la Mésange à tête noire a disparu, une nuit, sans laisser de trace, après que ce dauphin compatissant eut largué ses amarres pour qu’elle aille récupérer son capitaine. Et elle l’a retrouvé ! Rassuré par la réponse enfin reçue là où la mer est toujours calme. C’est elle que les enfants aperçoivent, les soirs de brume, au large de Bénodet. C’est lui qu’ils distinguent à la barre. Tous les enfants. Car pour les voir, comme toi, petite Marie, il faut avoir, comme Pappy, ton papa, l’âme bleu marine.
Alain Rollat. Le secret du Pen-Duick Le Monde du 16 juin 1998.
La vie de la plupart des hommes est un chemin mort et ne mène à rien. Mais d’autres savent, dès l’enfance, qu’ils vont vers une mer inconnue. Déjà l’amertume du vent les étonne, déjà le goût du sel est sur leurs lèvres – jusqu’à ce que, la dernière dune franchie, cette passion infinie les soufflette de sable et d’écume. Il leur reste de s’y abîmer ou de revenir sur leurs pas.
François Mauriac. Les chemins de la mer.
Paroles, musique et interprétation de Yan Veillet Kerverzio. Arrangements d’Arnaud de Buchy
24 06 1998
Bernard Bosson, député et maire d’Annecy et Michel Bouvard, député et président de l’ANEM : Association Nationale des Élus de la Montagne, déposent une proposition de loi pour la création d’une région Savoie, réunissant les deux départements actuels : en superficie, cela donnerait une région plus importante que la Corse ou l’Alsace, et économiquement, le million d’habitants ainsi rassemblés avec un des taux de chômage les plus faibles de France, lui donnerait le poids nécessaire : cette initiative a reçu l’appui de la grande majorité des membres des 2 Conseils Généraux.
25 06 1998
79 balles ont raison de la vie de Lounès Matoub, un kabyle qui chantait l’identité de son peuple : Ne capitule jamais ! Ne capitule jamais ! Bien sûr, les temps changent, mais tu ne dois jamais oublier.
Juin 1998
International Launch Service, consortium créé en 1995 rassemble Boeing, Lockheed Martin, les Russes Khrunichev et RSC Energia, des Norvégiens, et des Ukrainiens achève une plate forme marine de lancement de satellites : Odyssey, – plate forme de récupération de l’industrie pétrolière -, qui sera assistée du navire d’assemblage et de commande de tir Sea Launch Commander : l’ensemble forme un géant de 46 000 Tonnes. Construit aux chantiers Vyborg, près de St Pétersbourg, le port d’attache sera Long Beach, en Californie où seront assemblés sur les fusées américaine Atlas, la russe Proton et l’ukrainienne Zénit, les satellites, exclusivement en orbite géostationnaire. Le lancement se fera au sud ouest d’Hawaï, à 5 000 km de Los Angeles, près des îles Gilbert, république de Kiribati, au croisement de l’équateur (pour bénéficier ainsi de l’effet maximum de la force de Coriolis), et de la longitude 154 : c’est à peu près à mi-chemin entre Tahiti et Hawaï. Le consortium espère prendre 20 % du marché des satellites géostationnaires (36 000 km d’altitude). Fin 99, on en était à deux lancements : deux réussites.
4 07 1998
Lancement vers mars de la sonde japonaise Nozomi Orbiter : elle devrait arriver en janvier 2004, mais sa trajectoire a été déviée…
12 07 1998
Aimé Jacquet et sa bande multicolore trouvent la gloire au Stade de France : l’équipe de France de foot remporte la Coupe du Monde face au Brésil : deux têtes splendides de Zinédine Zidane en première mi-temps, un tir de cavalier seul de Petit à la dernière minute : la Sélaçao a été étouffée, peinant à mettre la tête hors de l’eau. Venue du monde entier : Nouvelle Calédonie, Antilles, Guyane, Ghana, Kabylie, Arménie, Bretagne, Pays Basque, et même un peu de la France profonde, cette bande a su créer un spectacle fin et puissant, rapide et volontaire : du plaisir à revendre. Et c’est tout un pays qui ne boude pas sa joie à se retrouver à la première place, tout en se frottant les yeux d’étonnement à force de s’être habitué aux échecs : merde alors, on a pu faire ça !
Et l’ancien fraiseur tourneur, le besogneux, le taiseux, a fait taire les bavards et les pisseurs de copie, mauvais, prétentieux et suffisants, qui n’avaient cessé de le descendre en flammes à longueur de page, – Aimé Jacquet n’est décidément pas l’homme de la situation de Jérôme Bureau, directeur des rédactions de l’Équipe, quelques jours plus tôt, – à longueur de mois, incapables d’avoir d’autres instruments de mesure que ceux du show business : les Tapie, Delarue et leurs collègues en paillettes des années fric et toc sont remis en place.
Et lui qui semble tout droit sorti des années 60, se moque de la mode du consensus mou, en déclarant tout net, après la victoire, à l’intention de toute la rédaction de L’Équipe : Jamais je pardonnerai. Jamais ! Les lecteurs de l’Équipe feront de même.
13 07 1998
Le FMI accorde une aide de 22,6 milliards $ à la Russie.
6 08 1998
Construit par la société Aéro Vironment pour la Nasa, le drone – avion sans pilote – Pathfinder Plus, 36,3 m d’envergure, masse totale de 315 kg, monte à 24 500 m grâce à l’énergie solaire, obtenue des cellules photoélectriques qui donnent une puissance maximale de 12 500 watts, entraînant 8 hélices, qui permettent une vitesse de 30 et 36 km/h. En projet : Centurion, 60 mètres d’envergure pour monter à 30 000 mètres, et encore Hélios, qui, muni de batteries lui permettant de voler la nuit, pourrait ainsi garder l’air pendant six mois. Les concepteurs ont bien l’intention d’en faire des concurrents sérieux pour les satellites de télécommunication.
7 08 1998
Attentat terroriste contre les ambassades des États-Unis à Nairobi, Kenya et Dar es-Salaam, Tanzanie. 213 morts à Nairobi, où l’explosion a été entendue à plus de 15 kilomètres à la ronde, 11 morts à Dar es Salam. Plus de 4 000 blessés au total
12 08 1998
Une fusée américaine Titan 4 A explose peu après le décollage, et avec elle le satellite militaire d’observations de type Vortex : on ne peut pas faire mieux pour claquer un maximum d’argent dans un minimum de temps : à peu près 1 milliard $, … ce qui le place parmi les satellites bon marché… le Celestri de Motorola se monte à près de 13 milliards $ ! 15 jours plus tard, c’est une fusée encore américaine, Delta 3, porteuse d’un satellite Galaxy de Panamsat, qui explose peu après le décollage : c’était son premier vol commercial… Et le 10 septembre, c’est une fusée russe Zénit qui explose, et avec elle, 12 satellites de télécommunications de Globalstar !
13 08 1998
Un commando de rebelles ougandais s’empare du site d’Inga, deux barrages hydroélectriques qui fournissent l’électricité du Congo, privant les habitants de Kinshasa d’eau potable et d’électricité durant plusieurs semaines. Inga I et Inga II, construits sur le fleuve Congo à proximité de Matadi en 1972 avec 351 MW pour Inga I et en 1982 avec 1 424 MW pour Inga II, sous Mobutu, exportent une partie de l’électricité vers les pays voisins. Et 10 000 pylônes relient Inga à la riche province minière du Katanga, dans le sud-est du pays.
Or Inga I et II se dégradent rapidement. De symboles du développement du Zaïre, ils sont devenus des icônes de la gabegie en RDC. Ils tournent à 20 % de leur capacité, obérés par l’absence de gestion digne de ce nom et la corruption. Les révisions des machines devraient être faites toutes les 40 000 heures, on attend parfois plus 240 000 heures ! et donc elles lâchent. Un plan de réhabilitation en 2003 engloutira 200 millions de dollars d’aide de la Banque mondiale. Il en faudrait en plus 880 millions pour permettre à ces deux barrages l’exploit jamais atteint de fonctionner à plein régime.
On pourrait supposer que les décideurs s’attellent à remédier à cette gabegie ; non point, on met tout simplement en chantier d’autre barrages pharaoniques : Inga III avec 4 800 MW et Inga IV même, avec 7 800 MW, à l’horizon, et encore 5 autres barrages qui pourraient en faire le plus grand complexe hydroélectrique du monde, avec 40 000 MW à l’horizon 2030. La Banque mondiale mettra en 2014 73 millions de $ pour le financement des études d’Inga III ! L’Afrique du Sud, le Nigeria, les deux géants africains sont demandeurs d’électricité.
D’un point de vue économique, c’est aberrant. Mais si l’on essaie de se mettre à la place des décideurs qui se goinfrent de détournement d’argent, cela devient parfaitement cohérent : l’argent d’Inga I et II, et des plans de réhabilitation a été dépensé depuis longtemps et il ne reste plus rien à gratter, à tel point qu’il n’y a même plus assez de sous pour assurer l’entretien normal des machines. Donc, si l’on veut renflouer ses comptes, il faut un apport d’argent frais, avec lequel on pourra se goinfrer pendant toute la durée des études ; et peu importe si ces projets gigantesques sont appelés à ne jamais mieux fonctionner que les deux premiers barrages. L’argent détourné lui, tournera à plein régime.
18 08 1998
Le rouble s’effondre et pour la Russie, c’est la banqueroute. La Douma demande la démission d’Eltsine, qui refuse.
25 08 1998
Le drone Laima traverse l’Atlantique, de Saint John’s, Terre Neuve, à la côte ouest de Benbecula, dans les Hébrides, au large de l’Écosse ; 26 heures de vol, 3 m d’envergure, 15 kg, (Laima est le nom de la déesse lettonienne de la bonne fortune), dont le cerveau électronique était guidé par un récepteur GPS : Global Positionning System. Conception et réalisation de la Société américaine Insitu et de l’université de Washington à Seattle.
23 09 1998
Une équipe internationale de chirurgiens, dirigée pas le Français Michel Dubernard et l’Australien Earl Owen, réalisent à l’hôpital Édouard Herriot, Lyon, la première greffe d’une main provenant d’un donneur cliniquement décédé, sur un homme de 48 ans. L’opération a nécessité 13 heures et 8 chirurgiens y ont œuvré. Le receveur est un Néo Zélandais de 48 ans, Clint Hallam, hommes d’affaires très motivé, équilibré, plein de courage et de détermination pour les uns, escroc pour les autres.
16 10 1998
Augusto Pinochet est arrêté à Londres en vertu d’une plainte internationale pour génocide, terrorisme et tortures et grâce à un mandat d’arrêt délivré par le juge espagnol Baltasar Garzón, qui l’avait su réfugié à Londres. Pinochet avait essayé de demander un visa pour la France, qui s’y était opposée. Il y a huit ans qu’il a quitté le pouvoir. Libéré pour raisons de santé en mars 2000, il retourne au Chili où il pourra mourir dans son lit le 10 décembre 2006, sans que la justice chilienne ait pu trouver la faille lui permettant de le traduire devant les tribunaux malgré sa sénilité.
31 10 1998
Quelques années après le Professeur Montagnier, qui avait identifié le virus du sida, puis était parti aux États-Unis, qui lui accordaient le droit de travailler encore après l’âge de la retraite, le cosmonaute Jean Loup Chrétien fait de même.
5 11 1998
À Craonne, Lionel Jospin, premier ministre se prononce officiellement, pour la première fois, en faveur d’une mémoire incluant les mutins fusillés de 1917 : Certains de ces soldats, épuisés par des attaques condamnées à l’avance, glissant dans une boue trempée de sang, plongés dans un désespoir sans fond, refusèrent d’être des sacrifiés. Que ces soldats, fusillés pour l’exemple, au nom d’une discipline dont la rigueur n’avait d’égale que la dureté des combats, réintègrent aujourd’hui, pleinement, notre mémoire collective nationale.
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[1] Chacun peut s’en faire une idée de visu : il n’est que d’être allé au Montenvers il y a trente ans et aujourd’hui : là où l’on trouvait alors un sentier en légère pente descendante pour accéder à la Mer de Glace, il faut aujourd’hui emprunter des échelles métalliques quasiment verticales pour descendre 105 mètres plus bas et ainsi arriver sur la Mer de Glace. Fernand Braudel cite le cas dans les Hohe Tauern d’Autriche, de hautes mines d’or du temps des Romains et du Moyen Age, remises aujourd’hui à l’air par le recul des glaciers. Mais rien n’est forcément irréversible : dans les Écrins, le glacier Blanc affiche un bilan positif depuis 2012 : il suffit d’un hiver avec de fortes chutes de neige et d’un été pas trop chaud.
[2] Dire que la fonte des glaces de l’arctique va augmenter le niveau des mers n’a guère de sens, puisqu’en gros la glace de l’arctique est assimilable à un glaçon dans un verre d’eau… dont la fonte n’entraîne pas d’augmentation du niveau de l’eau. Le total des glaces continentales représente 33 millions de km³ dont, pour la seule calotte de glace de l’Antarctique, 30 millions de km³ avec une épaisseur de 3 km au centre du continent. Le 7 mars 2002, une plaque de glace de 3 275 km² – 720 milliards de tonnes – [un peu moins de la moitié de la Corse] s’est détachée du glacier de Larsen, au sud de la Patagonie, se divisant rapidement en plusieurs morceaux, sous l’effet du réchauffement notable des eaux environnantes depuis 50 ans : environ 2,5°. L’événement est tout à fait exceptionnel, mais de là à dire qu’il est le signe d’un réchauffement global de la région, il y a un pas … qu’il ne faut pas franchir, car plus à l’ouest à la même latitude, on a observé une augmentation de l’épaisseur de glace comme de la surface gelée, signes d’un refroidissement : l’Antarctique n’est pas un petit morceau homogène et il y a place pour une certaine diversité climatique.
[3] Lequel rapport leur vaudra le Nobel de la Paix, ce qui atteint par ricochet la vénérable institution !
[4] Indignation qui, il est vrai, ne parvient pas à être en prise chez nous : En France, on se relève de tout, même d’un divan disait Lamartine.
[5] Dans son refus, Tabarly se trouve en compagnie de Georges Brassens, qui motiva sa position pour raison de pot au feu.