2023 à 2030 Foch : touché, coulé. En Turquie, en Syrie, au Maroc, en Afghanistan, au Japon, la terre tremble et tue. En Lybie, c’est l’eau qui tue. »Solein », la farine qui vaut un bon steak. Denis Mukwege, président du Congo ? La guerre entre le Hamas et Israël commence par le terrorisme. Gérard Depardieu. 28726
Poster un commentaire

Nom: 
Email: 
URL: 
Commentaires: 
Publié par (l.peltier) le 16 août 2008 En savoir plus

3 02 2023

L’ex porte avion Foch, sister-ship du Clémenceau, acheté en 2000 par le Brésil subit la loi du moindre coût : il est envoyé par le fond – quelques 5 000 mètres -, à 350 km au large des côtes brésiliennes : ses 24 000 tonnes sont faites en partie d’amiante, et dans une moindre mesure de cadmium, plomb, mercure et PCB : bon appétit à tutti. Il était sorti des chantiers de Saint Nazaire en 1960.

Le porte-avions « Foch » quitte définitivement, le 2 novembre 2000, le port de Toulon pour celui de Brest où la marine nationale remettra son pavillon à la marine brésilienne qui a acheté le navire.

le 2 novembre 2000, il appareillait de Toulon pour Brest. Il aurait mieux fait de mettre le cap sur Monaco… – c’est plus près – ; il aurait pu y servir de parking de voitures, puisqu’ils manquent tellement de place.  L’exploitant, par contrat, aurait du consacrer une partie des bénéfices pour désamianter le navire. C’aurait été du gagnant, gagnant… La Royale manque d’imagination…

6 02 2023

La terre tremble en Turquie et en Syrie avec une magnitude de 7.8, à 4 h 15′, puis avec à peu près la même intensité, vers 13 h 30′. On retrouvera des survivants treize jours plus tard avec un bilan qui s’établira, Turquie et Syrie confondues, à près de 59 487 morts, 53 537 en Turquie, 5 950 en Syrie, 105 000 blessés. Au moins 173 000 bâtiments ont été gravement endommagés ou totalement détruits. Elle recommencera à trembler, avec une moindre intensité, le 20 février.

Selon l’Institut géologique danois, des secousses ont également été ressenties jusqu’au Groenland et au Danemark. Les ondes du séisme ont atteint le sismographe de l’île danoise de Bornholm (en mer Baltique) environ 5 minutes après le début de la secousse, a expliqué la sismologue Tine Larsen. 8 minutes après le tremblement de terre, la secousse a atteint la côte est du Groenland, se propageant ensuite à travers tout le Groenland.

Séisme dévastateur en Turquie et en Syrie : la Ville de Lyon apporte ...

 

Une séquence historique de séismes s’est produite au XXᵉ siècle : initiée à l’est avec le séisme de Erzincan en 1939 (7,8), elle a continué avec des séismes en 1943, 1944, 1967 et enfin en 1999 avec les deux séismes d’Izmit (7,6) et Duzce (7,3), séparés d’à peine quelques mois.

Une séquence historique de séismes s’est produite au XXᵉ siècle : initiée à l’est avec le séisme de Erzincan en 1939 (7,8), elle a continué avec des séismes en 1943, 1944, 1967 et enfin en 1999 avec les deux séismes d’Izmit (7,6) et Duzce (7,3), séparés d’à peine quelques mois. Romain Jolivet, ENS. Fond de carte GoogleEarth

 

Séisme en Turquie et en Syrie : pourquoi il y a des secousses en cascade

Besnaya, en Syrie, le 7 février

روسيا تطالب إيران بالانسحاب من جنوب سوريا

L’image est cruelle et le contraste saisissant. D’un côté, la petite ville d’Erzin, dans la province de Hatay, la région du sud de la Turquie la plus touchée par le séisme du 6 février, ses 42 000 habitants et ses maisons de petite taille, toutes debout. De l’autre, la région alentour et ses paysages apocalyptiques, les quartiers entiers rasés d’Antakya ou de Dörtyol, aplatis comme des feuilles de papier, ses scènes de désolation et de mort.

À l’exception de quelques rares maisons et des minarets des mosquées, Erzin n’a enregistré aucun dommage, ni victimes ni blessés. Interrogé, le jeune maire de la commune, Okkes Elmasoglu, a expliqué qu’il n’avait jamais autorisé de construction illégale. Certains ont essayé, a-t-il précisé. Nous les avons alors signalés au bureau du procureur et pris la décision de démolir les édifices. Ici, la majorité des habitations sont soit individuelles, soit à quatre étages. Le bâtiment le plus élevé en compte six. Nous devons tous ensemble changer radicalement de mentalité, ajoute l’élu. Si une maison doit être détruite, il faut rester rigoureux, l’Etat ne doit pas octroyer de privilèges et le citoyen ne doit pas chercher de passe-droits. Et puis ceci, sur le même ton de l’évidence et de la simplicité : Nous avons tous besoin d’un meilleur fonctionnement des mécanismes de contrôle du pouvoir.

Tout est dit des rapports de la puissance publique et du secteur de la construction. Les mots de l’édile local viennent à l’appui des critiques de plus en plus nombreuses d’experts qui dénoncent le manque d’anticipation des autorités, mais aussi la corruption des promoteurs immobiliers et leur collusion avec les plus hautes sphères du pouvoir turc. Un cocktail mortifère dans un pays à haut risque sismique, situé à la croisée de trois plaques tectoniques extrêmement actives.

En un peu plus d’un siècle, la Turquie a connu une vingtaine de tremblements de terre d’une magnitude supérieure à 7 sur l’échelle de Richter. Près de 7 habitants sur 10 vivent dans une zone sismique, soit 60 millions de personnes sur 85 millions. Aujourd’hui, au moment même où la panique des premières heures a largement cédé la place à la colère des survivants, le dernier bilan, – encore provisoire – fait état de 40 000 morts et près de 26 millions de personnes affectées sur l’ensemble de la région.

Il s’agit d’un désastre causé par des constructions de mauvaise qualité, pas par un tremblement de terre, dit sans détour David Alexander, professeur de planification d’urgence à l’University College de Londres. Bien sûr que l’on ne peut pas prévenir un séisme, mais on peut prévenir une catastrophe, abonde Taner Yüzgeç, de l’Union des chambres d’ingénieurs et des architectes de Turquie. Dans notre pays (…), les lois et les règlements adoptés, les plans et les projets créés après des années de travail restent sur le papier. Après la tragédie, on panse les plaies, et puis rien. La spéculation et la rente continuent, les étages s’élèvent toujours un peu plus haut. D’après ses données, sur les quelque 10 millions d’édifices érigés en Turquie, 6,5 à 7 millions seraient à risque.

Sur le terrain, il est de notoriété publique, selon Eyup Muhcu, président de la chambre des architectes, que de très nombreux immeubles dans les zones frappées par le séisme ont été construits avec des matériaux et des méthodes de piètre qualité. Ce constat comprend des bâtiments anciens, mais aussi des édifices construits ces dernières années, bien après l’adoption de standards censés limiter les destructions. Au moins la moitié des immeubles des dix provinces touchées par le tremblement de terre ont été érigés après 2001. Le parc immobilier était fragile et peu solide, malgré la réalité sismique, résume Taner Yüzgeç. Un problème largement ignoré car trop coûteux à résoudre, impopulaire et susceptible de freiner un moteur-clé de la croissance économique du pays, si chère au gouvernement. 

Pour comprendre cette curée immobilière qui porte indubitablement la marque des deux décennies de gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP), la formation créée par le président Recep Tayyip Erdogan, il faut remonter au dernier grand tremblement de terre d’Izmit, en 1999, près d’Istanbul, qui a constitué – terrible ironie du destin – l’un des marchepieds de l’actuel chef de l’Etat vers le pouvoir.

À l’époque, déjà, le pays est pris de court par ce puissant séisme survenu dans la région de Marmara qui fait près de 18 000 morts. Les autorités paraissent totalement dépassées. Recep Tayyip Erdogan, lui, est sur tous les fronts. On se souvient de ces images de l’ex-maire d’Istanbul dans la tente des secours, assis par terre avec sa femme, aux côtés des victimes, imputant tous les maux dont souffre le pays à la corruption généralisée et aux institutions éloignées des préoccupations de la population. C’est sur la promesse d’un parc immobilier solide et accessible à tous grâce à des crédits bon marché qu’il bâtit alors une grande partie de sa popularité. Il l’assure, sous son règne, les choses changeraient radicalement.

Le gouvernement de l’époque a beau mettre en place, dès la fin 1999, une taxe antisismique, censée garantir de nouveaux immeubles plus résistants dans les zones à risque, l’AKP emporte haut la main les élections législatives de 2002. Recep Tayyip Erdogan s’installe au poste de premier ministre l’année suivante. Aussitôt, il est question de nouvelles législations et de normes de construction renforcées.

Un peu partout, la politique de transformation urbaine souhaitée par l’AKP est en marche. Sa mise en œuvre est assurée par TOKI, l’Agence nationale du logement social. Fondée en 1984 pour pallier le manque d’habitations pour les bas revenus et freiner l’étalement des quartiers informels, l’agence est pourvoyeuse de crédits à taux réduits pour la construction de coopératives de logements jusqu’en 2003. Avec l’arrivée de l’AKP, TOKI, rattachée au bureau du premier ministre, se transforme en bras armé de la politique économique d’Erdogan. Elle s’impose comme l’acteur et le promoteur le plus puissant du secteur foncier et immobilier du pays. Sa mission principale est de faciliter l’accès à la propriété des nouvelles classes moyennes et populaires, cœur électoral du pouvoir en place.

Hormis la production de logements de qualité médiocre, TOKI est habilitée à la mise en place de plans directeurs. Ces opérations financières sont menées en puisant dans un vaste registre de terres, transférées par l’Etat, ainsi que par des leviers législatifs qui permettent des expropriations rapides. Des lois autorisent la mise en œuvre d’opérations, en partenariat public-privé, avec des groupes immobiliers, toujours plus tentaculaires. TOKI est partout. Autrefois apanage des municipalités, le pouvoir de transformation urbaine revient désormais à l’agence.

En 2007, la tentative de moralisation de la profession des promoteurs immobiliers, les fameux mutahit, engagée par le directeur de TOKI, Erdogan Bayraktar, ancien patron du BTP et ami de vingt ans du premier ministre, fait long feu. Le pays compte 200 000 acteurs dans ce secteur d’activité, un chiffre unique au monde, et les résistances sont tenaces. TOKI avait la responsabilité de réorganiser la profession et choisit finalement de se consacrer aux projets juteux et importants, liés aux grands créanciers, pointe Jean-François Pérouse, spécialiste des questions d’urbanisme, installé à Istanbul depuis 1999.

S’ensuivent des décisions qui doivent moins à une quelconque maîtrise des risques qu’à la volonté de laisser libre cours aux lois du marché. En 2011, le ministère des travaux publics est supprimé. L’année suivante, une loi autorise la saisie de terrains en cas de risques sismiques, une façon de court-circuiter les mécanismes de surveillance existants jusque-là, souligne l’expert. En 2013, après les événements de Gezi, lorsque des centaines de milliers de Turcs se dressent contre un projet d’aménagement urbain au centre d’Istanbul, le gouvernement décide de retirer à la chambre des ingénieurs, particulièrement à la pointe de la contestation, la validation du contrôle technique du bâti. En un peu plus d’une décennie, la loi sur les marchés publics est révisée – plus de 160 fois au total.

La connivence croissante entre le pouvoir politique et le secteur de la construction défraye régulièrement la chronique jusqu’au scandale retentissant qui éclate le 17 décembre 2013. Ce jour-là, un vaste coup de filet a lieu dans l’entourage du premier ministre. Cinquante-six personnalités sont auditionnées par la police, parmi lesquelles figurent les fils de trois ministres, dont celui d’Erdogan Bayraktar, et d’autres élus de l’AKP. L’opération porte sur des allégations de malversations, corruption et blanchiment d’argent. TOKI est dans le collimateur. Des élus sont soupçonnés d’avoir délivré des permis de construire mettant en danger la sécurité de certains édifices. Des magnats de l’immobilier sont cités, on parle des « cinq gros », les cinq géants du BTP, tous proches du pouvoir et qui se partagent les marchés publics. Six mois plus tard, le nouveau procureur chargé du volet immobilier des enquêtes abandonne les charges contre tous les suspects.

En 2018, l’amnistie qui a eu lieu avant les élections rapporte 24 milliards de livres turques (environ 1,2 milliard €). Entrepreneurs fraudeurs ou promoteurs accusés de malversations s’en sortent ainsi à bon compte. Plus l’infraction est élevée et plus l’amende est lourde. Un moyen efficace de rapporter de l’argent à l’Etat et d’effacer les ardoises ainsi que les erreurs passées. Une amnistie de même type était en cours de négociation à Ankara pour les élections de 2023. Quant aux revenus de la fameuse taxe antisismique, estimée à 35 milliards de livres, ils ont été utilisés à la construction de routes, d’aéroports ou de logements, et non pas pour consolider le bâti, de l’aveu même de l’ex-ministre des finances Mehmet Simsek, ancien fidèle d’Erdogan.

Se préparer à un tremblement de terre est un travail d’infrastructure coûteux et, par définition, peu visible, explique Taner Yüzgeç. Le réflexe politique étant d’éviter d’attribuer des ressources à ce que l’on ne voit pas, les travaux de prévention sont relégués au second plan, avec les conséquences que l’on sait.  À ce jour, aucune commission d’enquête n’a été lancée pour déterminer les causes profondes de la catastrophe.

Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul  et candidat potentiel à la présidentielle de la fin 2023, enverra près de 300 secouristes à Antioche deux heures après la première annonce, et dès le lendemain 800 personnes et 275 véhicules sur les lieux du drame.

Le gouvernement turc donnera plusieurs aides financières aux victimes :

  • 100 000 livres turques (TRY) aux proches de personnes décédées ;
  • 10 000 livres turques (TRY) aux personnes affectées par le séisme ;
  • 15 000 livres turques (TRY) aux déplacés internes ;
  • 3 000 à 5 000 livres turques (TRY) d’aide pour le loyer ;

Les équipes officielles de secours de l’AFAD et d’autres organisations étatiques sont mal formées et incapables de gérer efficacement un désastre d’une telle ampleur. L’ONU lancera un appel aux dons, estimant à 400 millions $ le montant de l’aide humanitaire nécessaire pour la population syrienne victime du séisme.

Près de 48 heures après le séisme, de nombreuses équipes de recherche et de secours arrivent en Turquie. Cependant, aucune n’atteint la Syrie avant plusieurs jours, dont le gouvernement n’a pas sollicité officiellement d’aide internationale, et a continué de bombarder une zone affectée par le séisme, compliquant l’envoi d’équipe de secours sur place. Aucune aide humanitaire ne parvient en Syrie avant le cinquième jour suivant le séisme, alors qu’il est trop tard pour pouvoir sauver les personnes restées sous les décombres. Les hésitations et tergiversations de l’Organisation des Nations Unies (ONU) ayant entrainé des retards, notamment pour la région d’Idleb, sont décriées par divers observateurs et ONG, de même que les blocages attribués à la politique de Bachar el(Assas et Vladimir Poutine.

Le régime syrien est accusé d’instrumentaliser la crise humanitaire à des fins politiques, en exigeant que l’ensemble de l’aide humanitaire transite exclusivement par Damas. En outre, le djihadiste Abou Mohammed al-Jouhani, chef du groupe Hayat Tahrir al-Cham qui contrôle la majorité de la région d’Idleb, a proclamé son refus de l’arrivée des aides depuis les territoires contrôlés le gouvernement syrien au lendemain des premières secousses.

Wikipedia

9 02 2023

Mario Vargas Llosa, écrivain péruvien, prix Nobel de littérature en 2010, est reçu à l’Académie Française au fauteuil de Michel Serres, N° 18. Il parle couramment français mais n’a jamais écrit de livre en français, et,  pour l’Académie, c’est une première.

26 02 2023

Pakistanais, Afghans, Turcs… ils étaient entre 150 et 180 à s’être embarqués d’Izmir, en Turquie pour gagner l’Italie. Pas loin de Crotone, en Calabre, leur embarcation s’est fracassée sur un rocher : 62 morts, dont 13 enfants et un nouveau-né.

02 2023

Marion Van Renterghem, auteure de Le Piège Nord Stream Les Arènes 2023, interview Andriy Kobolyev, ancien PDG de Naftogaz, la compagnie nationale ukrainienne de gaz et de pétrole :

Le 10 septembre 2021, Gazprom a annoncé que la construction du gazoduc Nord Stream 2 était achevée. Le 24 février 2022, Vladimir Poutine a déclenché l’invasion de l’Ukraine. Les deux événements sont-ils liés par une relation de cause à effet ? Nous avions la ferme conviction que si Nord Stream 2 était achevé, cela conduirait à une guerre totale entre la Russie et l’Ukraine. Malheureusement, il s’est avéré que nous avions raison. Nord Stream pour nous, ce n’était pas une question de gaz, même si sa construction menaçait l’Ukraine de perdre ses redevances annuelles grâce aux frais de transit ce qui aurait représenté plus de 2 millions $, soit une somme substantielle pour l’économie du pays. Notre principale inquiétude avec Nord Stream, ce n’était pas le gaz : c’était la sécurité militaire de l’Ukraine. Tant que Poutine avait besoin de nous pour acheminer son gaz vers l’Europe, il ne pouvait pas attaque le pays dont dépendaient ses principaux clients. Le gaz était pour l’Ukraine une ressource financière et avant tout la garantie de sa sécurité militaire. Dans une certaine mesure, je peux même dire que nous avons gardé le transit du gaz en otage, comme un rempart contre une guerre de Poutine.

1 03 2023

Collision frontale entre deux trains, l’un de marchandises, l’autre de voyageurs en Grèce : 57 morts. On entendra dans les manifestations : Ce n’était pas une erreur humaine, ce n’était pas un accident, c’était un crime.

31 03 2023

La France confirme son addiction à l’american way of life en gommant les conflits à coup de fric. Le groupe Nestlé, géant de l’agro-alimentaire fabrique des pizzas Buitoni à Caudry, près de Cambrai, quand la bactérie Escherichia coli vient infecter les pizzas, tuant deux enfants et en intoxiquant plus d’un. Le site est fermé. Les employés se font insulter dans la rue. Plainte contre Nestlé déposée, qui, dans la crainte de voir son image écornée, propose du fric à chacun des employés, moyennant leur engagement à retirer la plainte et à se taire désormais (selon Le Monde du 25 11 2023, la pression mise sur Nestlé a déjà permis d’obtenir le paiement des salaires et des primes pour les 140 salariés de Caudry jusqu’à fin décembre 2023 ) : j’achète ton silence. Charles Peguy avait dit sur la guerre de 1914 : Celui qui ne se rend pas a raison contre celui qui se rend. On pourrait le paraphraser : Celui qui ne se vend pas a raison contre celui qui se vend. On ne connait pas d’employé qui ait refusé cet argent.

03 2023

Pierre Perret chante Paris… le Paris de février-mars 2023 :

Dans Paris, Paris dégoutant
Seuls les rats sont contents
Ils savent qu’ici les végans pas idiots
Les nourrissent qu’avec du bio
Pour traverser les tranchées les travaux
C’est pire que le col de Roncevaux
Les déjections qui fleurissent les trottoirs
Décorent ce grand dépotoir
Pauvre Paris, Paris enlaidie
Dans quel état ils t’ont mis
Ils avaient promis le Nirvana
Et c’est la Bérézina
Où es-tu Paris, lumières des cités
Qui était de la France la bergère
Quand des crétins frappés de cécité
Firent de toi une pétaudière
Les plastocs jaunes, les affreux bitoniaux
Qui bornent les pistes à vélo
Les plots de béton, le piéton prend du shtar
Sont d’authentiques œuvres d’arts
Pauvre Paris, Paris enlaidie
Toi qui fut le paradis
Te voila fringuer Waterloo
Par nos gentils écolos
Y’en a qui écrivent des conneries sur les murs
Ceux qui ont rêvé d’être Arthur
Et d’autres qui se prennent au feutre ou au pinceau
Pour Baudelaire ou Picasso
Rue de Rivoli devenue rue de Ri-vélo
L’ambulance a du boulot
Ça grille les feux vélos et trottinettes
Au carrefour font des omelettes
Dans Paris l’hiver comme l’été
On touche pas à la saleté
Les vieilles télé, les tonnes de détritus
S’empilent gaiement dans les rues
Pauvre Paris devenue si cracra
On sait bien qui t’a fait ça
C’est les cranes de piafs dégourdis
Qui bouffent des graines à la mairie
Dans Paris, Paris rapiécé
C’est la mocheté qui est passé
Les bancs publics et les fontaines Wallace
C’était pas si dégueulasse
C’est à Barbès, la Chapelle, Stalingrad
Qu’on trouve les squats les plus crades
Et dans les squares où plus un enfant joue
Y a que les seringues et plus de nounous
Dans Paris, Paris dégoutant
Oui seuls les rats sont contents
Et le Paris du Grand Charles outragé
C’est un Paris saccagé

1 04 2023

La ville de Romorantin organise un festival avec pour thème la langue française : muni d’un confortable panier, on peut y faire son marché :

Loin des vieux livres de grammaire,
Écoutez comment un beau soir,
Ma mère m’enseigna les mystères
Du verbe être et du verbe avoir.

Parmi mes meilleurs auxiliaires,
Il est deux verbes originaux.
Avoir et Être étaient deux frères
Que j’ai connus dès le berceau.

Bien qu’opposés de caractère,
On pouvait les croire jumeaux,
Tant leur histoire est singulière.
Mais ces deux frères étaient rivaux.

Ce qu’Avoir aurait voulu être
Être voulait toujours l’avoir.
À ne vouloir ni dieu ni maître,
Le verbe Être s’est fait avoir.

Son frère Avoir était en banque
Et faisait un grand numéro,
Alors qu’Être, toujours en manque.
Souffrait beaucoup dans son ego.

Pendant qu’Être apprenait à lire
Et faisait ses humanités,
De son côté sans rien lui dire
Avoir apprenait à compter.

Et il amassait des fortunes
En avoirs, en liquidités,
Pendant qu’Être, un peu dans la lune
S’était laissé déposséder.

Avoir était ostentatoire
Lorsqu’il se montrait généreux,
Être en revanche, et c’est notoire,
Est bien souvent présomptueux.

Avoir voyage en classe Affaires.
Il met tous ses titres à l’abri.
Alors qu’Être est plus débonnaire,
Il ne gardera rien pour lui.

Sa richesse est tout intérieure,
Ce sont les choses de l’esprit.
Le verbe Être est tout en pudeur,
Et sa noblesse est à ce prix.

Un jour à force de chimères
Pour parvenir à un accord,
Entre verbes ça peut se faire,
Ils conjuguèrent leurs efforts.

Et pour ne pas perdre la face
Au milieu des mots rassemblés,
Ils se sont répartis les tâches
Pour enfin se réconcilier.

Le verbe Avoir a besoin d’Être
Parce qu’être, c’est exister.
Le verbe Être a besoin d’avoirs
Pour enrichir ses bons côtés.

Et de palabres interminables
En arguties alambiquées,
Nos deux frères inséparables
Ont pu être et avoir été.

Oublie ton passé,
Qu`il soit simple ou composé,
Participe à ton Présent
Pour que ton Futur soit Plus que Parfait…

Yves Duteil

Les problèmes des boulangers sont croissants…
Alors que les bouchers veulent défendre leur beefsteak,
Les éleveurs de volailles se font plumer,
Les éleveurs de chiens sont aux abois,
Les pêcheurs haussent le ton !
Et bien sûr, les éleveurs de porcs sont dans le caca,
Tandis que les céréaliers sont sur la paille.
Par ailleurs, alors que les brasseurs sont sous pression,
Les viticulteurs trinquent.
Heureusement les électriciens résistent.
Mais pour les couvreurs, c’est la tuile
Et certains plombiers prennent carrément la fuite.
Dans l’industrie automobile, les salariés débrayent,
Dans l’espoir que la direction fasse marche arrière.
Chez EDF, les syndicats sont sous tension,
Mais la direction ne semble pas au courant.
Les cheminots voudraient garder leur train de vie,
Mais la crise est arrivée sans crier gare,
Alors… les veilleurs de nuits, eux, vivent au jour le jour.
Pendant que les pédicures travaillent d’arrache-pied.
Les croupiers jouent le tout pour le tout,
Les dessinateurs font grise mine,
Les militaires partent en retraite,
Les imprimeurs dépriment
Et les météorologistes sont en dépression.
Amis, c’est vraiment une mauvaise passe.
Mais rarement les banquiers perdent au change.

*****

Le chien aboie quand le cheval hennit et que beugle le bœuf et meugle la vache.
L’hirondelle gazouille, la colombe roucoule et le pinson ramage.
Les moineaux piaillent, le faisan et l’oie criaillent quand le dindon glousse.
La grenouille coasse mais le corbeau croasse et la pie jacasse.
Et le chat comme le tigre miaulent, l’éléphant barrit, l’âne braie, mais le cerf rait.
Le mouton bêle évidemment et bourdonne l’abeille.
La biche brame quand le loup hurle.
Tu sais, bien sûr, tous ces cris-là mais sais-tu ?…  
Que si le canard nasille, les canards nasillardent,
Que le bouc ou la chèvre chevrote,
Que le hibou hulule mais que la chouette, elle, chuinte,
Que le paon braille, que l’aigle trompète.  
Sais-tu ?  
Que si la tourterelle roucoule, le ramier caracoule et que la bécasse croule, que la perdrix cacabe, que la cigogne craquette et que si le corbeau croasse, la corneille corbine et que le lapin glapit quand le lièvre vagit.  du verbe vaginer   
Tu sais tout cela ? Bien.
Mais sais-tu ?  
Que l’alouette grisolle ?
Tu ne le savais pas. Et, peut-être, ne sais-tu pas davantage que le pivert picasse.  C’est excusable !
Ou que le sanglier grommelle, que le chameau blatère  
Et que c’est à cause du chameau que l’on déblatère !  
Tu ne sais pas non plus peut-être que la huppe pupule
Et je ne sais pas non plus si on l’appelle en Limousin la pépue parce qu’elle pupule ou parce qu’elle fait son nid avec de la chose qui pue. Qu’importe !
Mais c’est joli : la huppe pupule !
Et encore sais-tu   que la souris, la petite souris grise : devine ?  
La petite souris grise chicote ! Oui ! Avoue qu’il serait dommage d’ignorer que la souris chicote et plus dommage encore de ne pas savoir, que le geai cajole !
Et que l’homme picole !

La dictée qui rend fou

Monsieur Lamère a épousé Mademoiselle Lepère. De ce mariage, est né un fils aux yeux pers. (pers = entre vert et bleu). Monsieur est le père, Madame est la mère. Les deux font la paire. Le père, quoique père, est resté Lamère, mais la mère, avant d’être Lamère était Lepère.
Le père est donc le père sans être Lepère, puisqu’il est Lamère et la mère est Lamère, bien que née Lepère. Aucun des deux n’est maire. N’étant ni le maire ni la mère, le père ne commet donc pas d’impair en signant Lamère.
Le fils aux yeux pers de Lepère deviendra maire. Il sera le maire Lamère, aux yeux pers, fils de Monsieur Lamère, son père, et de Mademoiselle Lepère, sa mère.
La mère du maire meurt et Lamère, père du maire, la perd. Aux obsèques, le père de la mère du maire, le grand-père Lepère, vient du bord de mer et marche de pair avec le maire Lamère, son petit-fils. Les amis du maire, venus pour la mère, cherchent les Lamère, ne trouvent que le maire et Lepère, père de la mère du maire, venu de la mer, et chacun s’y perd !

*****

Les moulins, c’était mieux à vent ?
Quand on voit beaucoup de glands à la télé, faut-il changer de chêne ?
Si le ski alpin, qui a le beurre et la confiture ?
Je m’acier ou je métal ? Que fer ?
Un prêtre qui déménage a-t-il le droit d’utiliser un diable ?
Est-ce que personne ne trouve étrange qu’aujourd’hui des ordinateurs demandent à des humains de prouver qu’ils ne sont pas des robots ?
Est-ce qu’à force de rater son bus on peut devenir ceinture noire de car raté ?
Est-ce qu’un psychopathe peut être embauché chez Lustucru ?
Si Gibraltar est un détroit, qui sont les deux autres ?
Lorsqu’un homme vient d’être embauché aux pompes funèbres, doit-il d’abord faire une période décès ?
Je n’ai jamais compris pourquoi le 31 mai est la journée sans tabac, alors que le lendemain c’est le premier joint !

Mais aussi, parmi tant d’autres trésors …

Mignonne, allons voir si la rose

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

Pierre de Ronsard, À Cassandre Les Odes

3 04 2023

Alexeï Navalny et Natan Sharansky échangent un courrier, grâce au service Zonatelecom, un des systèmes de moyens d’échanges numérisés disponibles dans les lieux de détention russes :

Cher Natan, [Sharansky, ancien dissident, installé en Israël]

C’est Alexeï Navalny, qui vous salue depuis l’oblast de Vladimir – même si je doute que vous en gardiez de chaleureux souvenirs.

Je me trouve actuellement dans la colonie pénitentiaire numéro 6, à Melekhovo, mais la prison de Vladimir m’écrit qu’une cellule est en train d’être préparée pour moi. Je vais donc probablement être transféré dans le même établissement que celui où vous avez été. Peut-être y aura-t-il une plaque disant Natan Sharansky a été détenu ici. Je vous prie de pardonner cette intrusion et cette lettre d’un inconnu, mais je crois que c’est une chose permise entre un auteur et son lecteur.

Je vous écris en effet en tant que lecteur. Je viens de lire votre livre, Tu ne craindras point le mal [Grasset, 1988], alors que j’étais au PKT [cellule disciplinaire]. À présent, je vous écris du ShIZO [cellule d’isolement punitif, l’équivalent du mitard] – j’y aurai passé 128 jours au total ! Et j’ai ri à la lecture de ce passage : On m’a puni en m’envoyant quinze jours au ShIZO, puis, comme j’avais enfreint les règles de la prison, on m’a envoyé pour six mois au PKT. Ce qui m’a amusé, c’est que ni l’essence du système ni ses méthodes n’ont changé.

Je tiens à vous remercier pour cet ouvrage qui m’a beaucoup aidé et m’aide encore. Oui, je suis actuellement au ShIZO, mais j’ai lu que vous aviez passé 400 jours en cellule disciplinaire, avec des rations alimentaires réduites, et j’ai compris que certaines personnes payaient un prix bien plus élevé encore pour leurs convictions.

Je regarde la photo de la carte postale que vous envoyait Avital [la femme de Sharansky], dont tous les mots sont barrés [par la censure]. Je suis allé ensuite au tribunal où on essaie de me convaincre que brûler les lettres qui me sont adressées est légal, car elles contiennent un message codé.

J’ai conscience de ne pas être le premier, mais j’espère vivement être le dernier, ou du moins un des derniers, à devoir endurer tout cela. 

Votre livre donne de l’espoir parce que la similitude entre les deux systèmes – celui de l’Union soviétique et celui de la Russie de Poutine -, leur ressemblance idéologique, leur hypocrisie comme fondement du régime, et leur continuité garantissent une chute aussi inévitable que celle à laquelle nous avons assisté.

L’essentiel est de tirer les bonnes leçons pour éviter que cet Etat de mensonge et d’hypocrisie ne recommence. Dans la préface de l’édition de 1991, vous écrivez que les dissidents politiques emprisonnés conservent le virus de la liberté et qu’il est important d’empêcher le KGB d’inventer un vaccin contre ce virus. Hélas, ils ont inventé ce vaccin. Pourtant, dans la situation actuelle, ce ne sont pas eux qui sont à blâmer, mais nous, nous qui pensions naïvement qu’il n’y aurait pas de retour en arrière possible. Et que, pour de bonnes causes, on pouvait truquer un brin les élections ici, influencer un peu les tribunaux là, étouffer un tantinet la presse, ailleurs.

Toutes ces petites choses, et la croyance qu’il est possible de moderniser l’autoritarisme, sont les ingrédients de ce vaccin.

Malgré tout, le virus de la liberté est loin d’être éradiqué. Ce ne sont plus des dizaines ou des centaines, comme autrefois, mais des dizaines et des centaines de milliers d’individus qui n’ont plus peur de se lever pour la liberté et contre la guerre, malgré les menaces auxquelles ils s’exposent. Des centaines d’entre eux se trouvent en prison, mais je suis persuadé qu’ils ne se laisseront pas briser et ne renonceront pas.

Beaucoup d’entre eux puisent de la force et de l’inspiration dans votre histoire et votre héritage.

Je suis certainement l’un d’eux.

Je vous remercie.

J’ai recopié, pour moi-même, ces mots de votre livre : L’Shana Haba’ah B’Yerushalayim. [L’an prochain à Jérusalem]

Bien à vous,

Alexeï

Natan Sharansky lui répond le jour-même :

Mon cher et très respecté Alexeï,

J’ai été bouleversé en recevant votre lettre. La seule pensée qu’elle vient directement du ShIZO, où vous avez déjà passé cent vingt-huit jours, me bouleverse – comme un vieil homme serait bouleversé en recevant une lettre de son alma mater, l’université où il a passé les années de sa jeunesse.

Je vais vous faire une réponse non seulement d’auteur à son lecteur, mais aussi d’admirateur.

Voici, d’abord, ma réponse d’auteur :

Lors de la rédaction de mon livre Fear No Evil[Random House, 1988, traduit en français la même année et publié chez Grasset sous le titre Tu ne craindras point le mal] juste après ma libération en février 1986, presque tous mes amis et compagnons d’armes étaient soit au goulag, soit en lutte. J’ai conçu ce livre non seulement comme une autobiographie, mais aussi comme une sorte de guide ou de manuel pour tenir face au KGB. Mais, au moment où il a été publié en russe, l’URSS était déjà en train de s’effondrer. Aussi, au fil des ans, ce livre a été de plus en plus considéré comme un roman historique sur un âge obscur. Mais aujourd’hui, le rêve de l’idiot s’est réalisé !

Ce fut d’abord Vladimir Kara-Mourza [opposant condamné le 17 avril 2023 à vingt-cinq ans de colonie pénitentiaire]. Et à présent, c’est vous qui m’écrivez pour me dire que ce livre fonctionne dans une prison russe d’aujourd’hui. À quelque chose mon malheur est bon.

À présent, voici ma réponse d’admirateur :

Alexeï, vous n’êtes pas un simple dissident – vous êtes un dissident “avec du style”. L’horreur que m’a inspirée votre empoisonnement s’est muée en stupéfaction et même en admiration lorsque vous avez mené votre propre enquête.

Au lendemain de votre retour en Russie, un correspondant européen posait cette question, qui m’a profondément mis en colère : Pourquoi y est-il retourné ? Tout le monde savait qu’il allait se faire arrêter à l’aéroport – ne comprend-il donc pas une chose si évidente ?J’ai eu cette réponse assez brutale : “C’est vous qui ne comprenez rien. Si vous croyez que son but est de survivre, alors vous avez raison. Mais ce qui le préoccupe véritablement, c’est le sort de son peuple, et en retournant en Russie, il lui dit : Je n’ai pas peur, et vous non plus, vous ne devez pas avoir peur.

Je vous souhaite – aussi dure que la détention puisse être physiquement – de conserver votre liberté intérieure.

En prison, j’ai découvert que, outre la loi de la gravitation universelle des particules, il existe aussi une loi universelle de la gravitation des âmes. En restant un homme libre en prison, Alexeï, vous touchez l’âme de millions de personnes dans le monde.

Alexeï, c’est vraiment triste que le passé puisse revenir aussi rapidement et aussi facilement. Après la chute de l’URSS, Vladimir Boukovski a appelé à juger le communisme devant un tribunal. Mais rares étaient ceux à soutenir cette idée. Après tout, le monde libre avait vaincu “sans qu’une seule balle ne soit tirée”. Alors pourquoi remuer le passé ?

J’espère qu’à présent, après que tous ces coups de feu ont été tirés, il est évident que ce procès était à l’époque nécessaire, et qu’il le sera demain.

D’ailleurs, je vous écris la veille de Pessah [la Pâque juive] – qui commémore la libération des juifs de l’esclavage d’Egypte, il y a 3 500 ans. Ce fut le commencement de notre liberté et de notre histoire en tant que peuple. Ce soir-là, les juifs du monde entier se réunissent autour d’une table et lisent ces mots : Aujourd’hui, nous sommes des esclaves ; demain, nous serons libres. Aujourd’hui, nous sommes ici ; l’an prochain, à Jérusalem.

Ce jour-là, je serai assis devant le repas de Pessah portant une kippa qui a été fabriquée il y a quarante ans avec ma portianka [bande de tissu remplaçant des chaussettes] par mon compagnon de cellule – un détenu ukrainien de la prison de Tchistopol. Voilà comme tout dans ce monde est lié ! Je vous souhaite, à vous Alexeï ainsi qu’à toute la Russie, un Exode le plus rapide possible.

Je vous embrasse,

Natan Sharansky Jérusalem, 3 avril 2023 

10 04 2023

Vous prenez une bonne poignée de bactéries prélevées dans un lieu tenu secret de la forêt finlandaise (à l’heure de la rédaction de ces lignes il n’est pas encore certain que des bactéries made in France fassent l’affaire), vous y ajoutez de l’eau et vous obtenez une poudre jaune, – la Solein – couleur du bétacarotène, un antioxydant des bactéries sélectionnées) dont la composition nutritionnelle est parfaite : 65 à 70 % de protéines, – composées des acides aminés essentiels -, 5 à 8 % de matières grasses, 10 à 15 % de fibres, 3 à 5 % de micronutriments tels le fer ou la vitamine D…

Le procédé est très simple. Techniquement, c’est de la fermentation, comme pour la bière ou le vin, sauf qu’au lieu de la levure et des sucres les microbes sont nourris de bulles de gaz carbonique et de différents nutriments (phosphore, calcium…). On les laisse se multiplier pendant deux à trois jours, pour un résultat vingt fois plus efficace que la photosynthèse.

Petri Tervasmäki

On utilise la Solein comme de la farine, c’est une matière première pour des préparations liquides ou solides. L’idée n’est pas de tout remplacer, mais qu’elle s’insère dans notre alimentation, avec une empreinte environnementale minimale. En produire un kilo nécessite 10 litres d’eau, contre  15 000 pour un kilo de bœuf.

Sini Möttönencuisinière à Solar Foods, la société qui fabrique la Solein en Finlande.

Les neurones de nos cerveaux ne pourront qu’être séduites par un tel produit auquel on ne trouve pour l’instant que des avantages… qui sont immenses. Il reste à savoir si notre métabolisme en dira autant, estomac, intestins, reins, … à voir…

14 04 2023

Après des mois  et des mois de contestation, parfois violente dans la rue, [14 journées, dont 4 avec plus d’un million de manifestants dans la rue] la loi N° 2023-270 portant l’âge du départ en retraite à 64 ans est promulguée au Journal Officiel en utilisant l’article 49-3 qui permet de se passer de l’accord du Parlement. On ne sait pas très bien qui sont les perdants, mais parmi les gagnants, c’est le Rassemblement National qui arrive en tête, avec près de 10 % d’adhésions en plus.

Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont, écrivait René Descartes en 1637 dans le Discours de la méthode. Mais depuis, les choses ont bien changé, sais-tu ? disait Julos Beaucarne au XX° siècle.

*****

L’exécutif a vidé de son sens le discours politique. Le 5 avril, après avoir reçu les syndicats à Matignon, Élisabeth Borne a déclaré, en s’en félicitant : J’ai entendu leur désaccord sur le relèvement de l’âge [du départ à la retraite], et j’ai pu leur redire ma conviction et celle de mon gouvernement de la nécessité de cette réforme. Comment peut-on à la fois affirmer son envie de discuter, et refuser par principe tout retrait de la réforme ? On atteint là un degré suprême; d’absence de sens. Come une machine discursive qui tourne à vide, une langue morte dépourvue d’empathie, de sens politique et de sens tout court. Séparée de la réalité sociale qui n’est plus intégrée ni dans les discours ni dans les gestes des gouvernants. Cette même scénographie s’est retrouvée lors de l’allocution d’Emmanuel Macron le 17 avril : la parole présidentielle, un monologue, devait être reçue comme telle par la magie d’un verbe quasi divin censé ouvrir une nouvelle séquence.

Divin ? Dans la Bible, il est écrit : Dieu dit : que la lumière soit, et la lumière fût. Eh bien Emmanuel Macron semble penser qu’il lui suffit de dire : La réforme est validée, on passe à autre chose, pour que cela advienne. Un verbe tout puissant et qui serait infaillible – à l’image de l’infaillibilité pontificale – , car il ne revient jamais en arrière en s’enrichissant d’autres points de vue… Autant dire que l’allusion à Notre-Dame n’a fait que renforcer cela : le chef de l’État se pose en personnage sacrificiel et thuriféraire, investi d’une mission quasi mystique ; un bâtisseur de cathédrales à la fois réelles et symboliques, Notre-Dame incendiée, puis la France tout entière. Son discours montrait encore la façon dont il aborde le dissensus : il le psychologise. Dans un passé pas si lointain, les politiques s’opposaient pour des raisons idéologiques. Avec son prétendu dépassement du clivage droite-gauche, Emmanuel Macron infantilise les revendications sociales en les attribuant uniquement à des sentiments, la colère ou l’angoisse. Comme si ses opposants n’avaient pas eux-mêmes une vision politique du type de société qu’ils souhaitent mais seulement des émotions. Lui, à l’inverse, serait du côté de la raison et de la logique.

Les élus de la France insoumise ont créé un spectacle politique à l’Assemblée empêchant, lui aussi la mise en place d’un espèce de dialogue, de délibération et de compromis. Ils sont dans la fonction démonstrative, performative de l’opposition, plutôt que dans l’argumentation. L’hémicycle est détourné de sa fonction première, être un lieu de création du droit, pour devenir une plate-forme de streaming – d’ailleurs la chaîne parlementaire LCP, réalise d’excellentes audiences ces temps-ci. Cette spectacularisation de l’Assemblée est-elle une cause ou un symptôme de l’absence de dialogue ? sans doute les deux. Les seules paroles qui a à mes yeux portent encore du sens, dans la mesure où l’on peut y percevoir du réel, ce sont les discours des syndicats, finalement assez calmes et rationnels dans le chaos ambiant et la plupart des slogans des manifestants. Quel paradoxe : d’ordinaire, c’est dans la rue que sont censées se jouer les émotions fortes. Cette fois, le tapage a eu lieu à l’Assemblée.

Nous avons basculé d’un conflit social assez classique à une crise politique avec l’utilisation du 49-3 qui, bien que légale, a gelé le processus de la représentation nationale et donné la sensation que l’exécutif fonctionnait en circuit fermé, en imposant ses desiderata. Face à cela, la France insoumise a adopté une stratégie de rapport de force assez explicite : la rue contre le gouvernement. Est-ce parce qu’ils n’ont pas vraiment l’habitude de siéger à l’Assemblée que ses députés la prennent pour une tribune ? Toujours est-il qu’en effet ils y relaient des mots d’ordre de mobilisation populaire en dehors du Parlement. Mais n’oublions pas que ceci est un leitmotiv de Jean-Luc Mélenchon, depuis longtemps. Encore l’an passé, alors que la France insoumise venait d’obtenir plus de soixante-dix sièges aux législatives, il appelait à se retrouver dans la rue pour un troisième tour.

Du temps de Jean-Marie Le Pen, l’extrême droite était dans une stratégie de captation de l’attention médiatique, qui allait de pair avec une violence du langage, dans le contenu comme dans le ton employé. En 1986, elle ne comptait que trente-cinq députés (contre quatre-vingt-huit aujourd’hui) et on n’entendait qu’eux, tellement ils hurlaient ! Marine le Pen cherche au contraire la normalisation. Elle veut apparaître comme la prochaine présidente, ce qui implique qu’elle ait un groupe parlementaire discipliné. L’un des obstacles pour le Rassemblement National reste son image dans l’opinion publique : environ 50 % des électeurs estiment toujours qu’il est un danger pour la démocratie. Pour gagner, le RN doit donner l’image d’un parti le plus respectable possible, légaliste, qui se moule dans les institutions. Ses élus endossent ainsi les habits du parlementaire sérieux, en costume cravate ou en tailleur, sans un mot plus haut que l’autre.

Pour des raisons diverses, d’autres acteurs que le RN se sont lancés dans une sorte de concours de celui qui parlera le plus fort et de la façon la plus polémique possible. Quand Gérard Darmanin s’interroge par exemple sur les subventions accordées à la Ligue des droits de l’homme, association créée pendant l’affaire Dreyfus et à laquelle s’était attaqué le régime de Vichy, jusqu’à la dissoudre, il sait que cela va faire du bruit. Sans doute cherche-t-il d’abord à faire parler de lui, à affirmer son statut d’homme fort au sein du gouvernement. D’autant que s’annonce un vide politique ! comme Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter en 2027, des prétendants à l’Élysée vont devoir émerger. D’où le risque d’une surenchère permanente, extrêmement dommageable au débat public.

La comparaison entre Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron est assez juste, dans la mesure où l’on constate une même volonté de se construire l’image de quelqu’un qui n’a pas peur, ni des faits ni des mots. Et qui est du côté de l’ordre. Cela m’évoque d’ailleurs aussi le on va nettoyer la cité au karcher de Nicolas Sarkozy, en 2015, alors qu’il n’était encore que ministre. Mais les références à Vichy sont plus graves. Dès qu’un politique s’autorise à piocher un arsenal de mesures qui s’en inspirent, même si ce ne sont que des menaces verbales, il abîme les valeurs de la République. Des digues morales, éthiques s’effondrent. Après cela, comment faire appel à ces valeurs pour ériger, par exemple, un front républicain contre le RN ? la surenchère peut naître de l’émotion à la suite d’un fait divers, ou s’une stratégie politico-médiatique, elle a toujours des conséquences tragiques à long terme. Me revient une citation du philosophe allemand Victor Klemperer (1881-1961) auteur de La langue du III° Reich : Les mots peuvent être comme de minuscules doses d’arsenic : on les avale sans prendre garde, elles semblent ne faire aucun effet, et voilà qu’après quelques temps l’effet toxique se fait sentir. Les manifestants ont fait référence à la Révolution française, en fabriquant des guillotines en carton et en chantant : Louis XVI, on l’a décapité, Macron, on peut recommencer. Ceci est une réponse directe à ce qu’Emmanuel Macron lui-même avait théorisé dans un entretien à l’hebdomadaire Le 1 en 2015: il nous manque un roi en France. Depuis son intronisation solitaire dans la cour du Louvre, il bâtit un récit faisant de lui le nouveau souverain. Forcément, cela réveille un imaginaire, y compris révolutionnaire. L’autre chose, c’est qu’à force d’éliminer les corps intermédiaires pour élaborer des lois et des politiques, le chef de l’État s’est isolé dans un face à face avec les citoyens. La rue l’a parfaitement compris à propos des retraites et c’est ce qui se lit dans les pancartes et dans les chants qui le visent directement. Il est très difficile à mes collègues de Stanford de comprendre le motif du mécontentement. Les Américains vivent dans un autre univers social : il n’existe chez eux quasiment que la retraite par capitalisation et, faute de ressources, certains travaillent jusqu’à leur mort. Ils ont aussi beaucoup de mal à comprendre la force des mobilisations. Voir entre un et trois millions de personnes dans la rue, c’est incroyable pour eux. Même la marche des femmes à Washington après l’élection de Donald Trump n’avait pas atteint le million de participants, alors que le pays compte plus de 330 millions d’habitants. La France a une culture politique vraiment très spécifique.

La présence de Marlène Schiappa dans Playboy, le coming out d’Olivier Dussopt, ministre du travail dans Têtu, ce sont deus jeux sur le registre de l’intime et cela penche pour l’hypothèse de la diversion qui vise à exister médiatiquement, faire du buzz sur autre chose que leur action et créer un cycle médiatique qui n’a plus rien à voir avec les retraites. En posant pour Playboy, Marlène Schiappa dévalorise son ministère et son discours politique, c’est assez pathétique. Olivier Dussopt, lui, mélange les genres : c’est très bien de défendre les droits LGBTQ, mais il faut le faire par l’action ministérielle; un coming out ne changera pas la société. Enfin j’imagine que l’interview du président dans Pif-Gadget était prévu depuis longue date, mais il est malencontreux qu’il soit sorti maintenant, tant il conforte l’impression d’un décalage énorme entre l’état d’inflammabilité de la société et la parole présidentielle, paternaliste.

Le caractère extrêmement tendu et conflictuel de la situation sociale se reflète dans les rapports entre politiques et médias. Jean-Luc Mélenchon a récemment taclé le journal Libération, qu’il a rebaptisé Le Figaro, pour sa Une qui pointait les divisions de la Nupes. Mais en réalité rien de nouveau de son côté : depuis 2012, Jean-Luc Mélenchon a théorisé son rejets des médias qui, selon lui, ne feraient que déformer ses propos… quelques jours plus tôt, la nouvelle dirigeante de la CGT, Sophie Binet, avait refusé de répondre à CNews en arguant : Je m’adresse à tous les médias qui garantissent une liberté d’expression et la pluralité. Le problème de CNews c’est celui des bulles médiatiques hyperfiltrées idéologiquement, qui se livrent à une concurrence cognitive et font du réel un récit très orienté. Le chroniqueur vedette de la chaine a longtemps été Éric Zemmour, ce n’est pas anodin. CNews est certes un média au sens strict du terme, un médium de communication, mais pas du tout de la même nature que LCI, Frane Info ou d’autres. Je doute qu’il réponde aux mêmes critères déontologiques. Sophie Binet a clarifié sa position vis-à-vis de ce genre de chaîne ; les politiques, pas encore.

Christine Kelly a invité Éric Zemmour pendant des années dans ses émissions, et a avoué qu’elle écoutait Dieu pour savoir ce qu’elle devait dire ou pas… L’entendre prétendre qu’elle crée, avec Factuel, un média indépendant d’investigation pour enfin fournir de l’information au public, c’est comme plonger dans un espace-temps parallèle où les mots n’ont plus aucun sens. On emploie souvent l’adjectif orwellien à tort et à travers, mais il m’arrive de ne pas en trouver d’autres pour décrire ce qui se passe.

La séquence actuelle me semble inédite. Quand j’étais adolescente, puis jeune adulte, les choses étaient très structurées : il  y avait la droite, la gauche… Pas ce magma dans lequel les choses ne veulent plus rien dire, et où des personnalités essaient désespérément de faire parler d’elles. Désormais tout le monde se dit républicain, démocrate, social, et même écologiste – et finalement, personne, ou presque, ne l’est. Il faut mobiliser énormément d’attention pour repérer les idéologies derrière les affichages. On ne devrait pas avoir besoin d’être spécialiste de sciences politiques pour comprendre ce qui se passe dans son pays ! Sans compter qu’on tend de plus en plus souvent à disqualifier la parole de l’autre en le traitant d’ultra ou d’extrême, avant même qu’il formule une position qu’on pourrait en effet qualifier ou non, d’extrême gauche ou d’extrême droite… Lorsque j’était professeure de littérature du XVI° siècle, je citais souvent Montaigne: il y a trois choses qui me plaisent dans la vie, les femmes, les livres et la conversation. La France d’aujourd’hui semble ne plus avoir cette capacité à converser sans invectiver, sans délégitimer l’interlocuteur. Nous avons perdu l’art de l’écoute.

Dans son discours du 17 avril (2023) Emmanuel Macron a parlé de cent jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action. Son objectif était sans doute de projeter les Français dans le futur et de tourner la page des rois derniers mois. Mais les cent jours c’est une allusion historique très ambivalente. Certes cela peut évoquer la prétendue période de grâce qui suit généralement une élection. Mais c’est également ainsi qu’on désigne le retour de Napoléon de son exil sur l’île d’Elbe, en 1815. Sans juger de l’ego démesuré qui se cache derrière la référence, je rappellerai que la période s’est extrêmement mal terminée pour lui et pour la France, avec Waterloo, la pire défaite géopolitique de l’histoire du pays, et l’abdication de l’empereur.

Cécile Alduy. Professeure à l’Université de Stanford. Télérama n° 3824 du 29 avril au 5 mai 2023

17 04 2023

Mis en service du robot BathyBot à 40 km au large de Toulon par – 2 440 mètres :

18 04 2023

Très inquiets du harcèlement dont est victime leur fils Nicolas, ses parents adressent un courrier au proviseur du lycée Adrienne-Bolland de Poissy :

Il est incompréhensible que vous puissiez laisser un adolescent subir une telle violence verbale et psychologique dans votre établissement sans réagir d’une quelconque manière. Aussi allons-nous déposer plainte et vous considérer comme responsable si une catastrophe devait arriver à notre fils. Une main courante a été déposée au commissariat de Poissy le 12 avril.

Les parents de Nicolas au proviseur du lycée Adrienne-Bolland de Poissy

20 04 2023

Trois minutes après son décollage, Starship, la dernière fusée de Space X – Elon Musk – 120 mètres de haut, dont les deux éléments principaux auraient du se séparer, et les moteurs du premier s’arrêter, n’exécute plus le programme : les deux étages ne se séparent pas et peu après, le tout explose. Elle était prévue pour être multifonction… aller sur la Lune, sur Mars etc… Malgré son décollage correct, le pas de tir a été endommagé.

25 04 2023

Clochemerle, quand tu nous tiens ! 

Pull de ski, jeans, chaussures de running et gueule burinée par le froid et le soleil, Christophe Profit, 62 ans, a posé ses pattes carrées et rugueuses sur la barre du tribunal correctionnel de Bonneville (Haute-Savoie) pour se défendre. Jeudi 20 avril, le guide de haute montagne, alpiniste star des années 1980, était devant la justice, dans le rôle de voleur allégué.

L’objet du délit ? Quatre pieux métalliques d’environ 1,80 m, propriétés de la mairie de Saint-Gervais-les-Bains (Haute-Savoie), que ce membre de la prestigieuse Compagnie des guides de Chamonix aurait frauduleusement soustraits, entre le 10 juin et le 13 juillet 2022, sur l’arête des Bosses, – située à environ 4 600 m d’altitude – sur la voie dite normale du mont Blanc (4 807 m). Une infraction passible d’une peine maximale de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende que ce partisan d’un alpinisme exempt d’aménagements humains et professionnels de la montagne depuis quarante ans, réfute farouchement.

Jeudi, le guide, auteur d’ouvertures en solo très médiatisées dans les parois les plus techniques et les plus vertigineuses des Alpes (Drus, Grandes Jorasses, Cervin, Eiger… ), mais néanmoins justiciable ordinaire, a assuré avoir démonté ces pieux afin d’éviter des prises de risques inutiles. Situées aux abords d’une large crevasse récemment formée, ces tiges métalliques généraient, selon lui, un sentiment de sécurité trompeur. Les quelque deux cents prétendants au sommet du Toit de l’Europe occidentale qui se croisent quotidiennement, en période estivale, sur cette section effilée de plusieurs dizaines de mètres auraient pu être tentés de s’y amarrer.

La question qui se pose est de savoir, si oui ou non, M. Christophe Profit a commis un vol, et pas comment il convient de pratiquer l’alpinisme dans nos montagnes, ce que le tribunal serait bien en peine de dire, a prévenu la présidente, Anne-Sophie Vilquin, pour décourager toute digression sur la marchandisation, la surfréquentation et la régulation de l’accès au sommet du mont Blanc.

Achetés par la commune de Saint-Gervais, les pieux à l’origine du procès ont été installés le 10 juin 2022 par la Compagnie des guides de Saint-Gervais, en accord avec celle de Chamonix et la préfecture de Haute-Savoie, afin de sécuriser une des deux voies contournant la crevasse proche de l’arête des Bosses. Une décision collégiale dont Christophe Profit, absent des réunions de concertation, n’aurait pas eu connaissance, mais qui n’aurait de toute façon pas emporté son adhésion.

À l’audience, le guide a expliqué avoir constaté, dès mai 2022, que l’arête des Bosses était plus chaotique et plus fracturée qu’à l’ordinaire, à cause du réchauffement [climatique]. Partant du principe qu’il est du devoir des guides comme des alpinistes amateurs de s’adapter à la montagne, il a alors cherché et trouvé assez facilement un itinéraire alternatif, (…) un chemin très facile qui monte doucement, permettant d’éviter l’arête.
J’ai communiqué dessus très rapidement, j’ai essayé de sensibiliser (…), je ne pouvais pas ne rien faire pour les gens sans expérience, a-t-il poursuivi, précisant qu’il avait partagé l’information du tracé de cette variante dans des courriels adressés aux compagnies de guide et aux maires de Chamonix et de Saint-Gervais. D’où son incompréhension et son acte militant, lorsqu’il a découvert les pieux quelques jours plus tard…

J’ai d’abord retiré les deux pieux situés sur l’arête qui matérialise la frontière franco-italienne, et ça m’a bien pris une vingtaine de minutes pour chacun, car ils étaient bien pris dans la glace, a raconté Christophe Profit, mais pour les deux derniers [situés sur le territoire italien et extraits plus tard], je n’ai même pas eu à forcer. Avec la chaleur, ils sont venus tout seuls !

Fustigeant la vision élitiste de la montagne du guide, Jean-Marc Peillex, 69 ans, maire sans étiquette de Saint-Gervais-les-Bains depuis 2001, absent à l’audience, a alors déposé plainte pour mise en danger d’autrui et vol.

La première qualification n’a pas été retenue par le parquet, mais la procureure, Karline Bouisset, a estimé, jeudi, que la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui par Christophe Profit est parfaitement constituée, et que ce dernier avait mille autres moyens d’exprimer son désaccord par rapport à l’usage de ces pieux. Elle a aussi regretté que cet alpiniste émérite ait refusé de sortir par le haut de cette affaire. En novembre 2022, Christophe Profit a refusé une composition pénale proposée par le parquet : moyennant la reconnaissance de sa culpabilité, une amende de 600 euros et l’indemnisation de la commune de Saint-Gervais, cette procédure alternative au procès aurait permis un classement sans suite.
Aussi renommé, soit-il, M. Profit n’a pas à s’ériger en juge, ni à imposer sa vision du métier de guide et de l’alpinisme au mépris de toutes les autres, a asséné Mme Bouisset. Estimant probable une récidive, au regard des faits et de la personnalité du guide, la procureure a requis à son encontre une amende de 4 000 euros, dont 3 000 avec sursis.

On s’étripe ici sur des règles de droit qui n’ont rien à voir avec la choucroute, a réagi Me Laurent Thouvenot, conseil et compagnon de cordée occasionnel de Christophe Profit, arguant du caractère politique et d’intérêt général de l’acte commis au nom de la liberté d’expression par son client. Il avait raison, a insisté l’avocat. (…) Ces pieux n’ont pas été réinstallés, leur pose n’était donc pas nécessaire (…). On vous demande de le condamner parce qu’il est passionné (…), mais pour avoir fait son travail de guide, vous le relaxerez

A l’issue de l’audience, la procureure – qui pratique elle-même la montagne – a offert une poignée de main à Christophe Profit. J’aurais préféré vous rencontrer dans d’autres circonstances, lui a-t-elle glissé. Le jugement a été mis en délibéré au 5 juin.

Patricia Jolly de Bonneville, Haute-Savoie Le Monde du 25 04 2023

Le jugement du 5 juin condamnera Christophe Profit à 600 € d’amende pour le vol de 2 piquets. Pour les deux autres, sur territoire italien, aucune condamnation, l’Italie n’ayant pas jugé nécessaire de s’associer à cette querelle franco-française. Christophe profit fera appel, sans attendre sa date pour démissionner en juin 2023 de la Compagnie des guides de Chamonix, estimant avoir été trop peu soutenu.

Le guide de montagne Christophe Profit, le 6 octobre 2007.

Christophe Profit, 62 ans

Donc, les gens de la montagne en connaissent un brin sur la conquête des sommets, y compris ceux de la connerie. Un procès pour quatre bouts de fer ! Connerie et mauvaise foi, car ce sont bien les mêmes gens qui se résignent à ce que chaque année les cailloux du couloir du Goûter tuent les candidats au Mont Blanc par la voie normale (Saint Gervais, Col de Voze, Nid d’Aigle, Tête Rousse, Goûter, Mont Blanc), sans rien entreprendre pour éviter ce massacre – il est vrai que ça coûterait nettement plus cher que quatre piquets de fer -. Donc, on brandit comme argument pour l’Aiguille du Goûter l’inévitable prise de risque inhérente à la montagne, mais on le tait pour la mise en place de quatre piquets soi-disant pour sécuriser ce risque, plus haut, sur l’arête des Bosses ! Où est la logique, où est la cohérence ? La seule vérité dans cette affaire, c’est que la haine entre les guides de Saint Gervais et les Guides de Chamonix est elle aussi un sommet, et pas des moindres, et qui ne s’érode pas avec le temps. Et ces procureurs qui se disent en permanence débordés de travail et qui acceptent d’instruire une plainte pour quatre morceaux de fer ! où est donc le simple bon sens quand il suffisait de dire à ces gens : réglez vos affaires entre vous, moi, j’ai bien d’autres choses à faire, et d’une toute autre importance ! Si le ridicule pouvait encore tuer, il y aurait eu un bon petit paquet de morts dans cette grotesque histoire de Clochemerle.

Rivalité ? Elle est ancienne, très ancienne : dès que l’autorisation avait été accordée au début du XX° siècle à Duportal de construire le TMB – Tramway du Mont Blanc – avec pour ambition initiale d’aller jusqu’au sommet en partant de Saint Gervais, c’est le projet chamoniard de Vallot/ Eugster/Fabre d’en faire autant, mais à partir de Chamonix, qui avait été abandonné. Plus récemment, il y a soixante-dix ans de cela, le 3 novembre 1950, le Malabar Princess s’était crashé sur les rochers de la Tournette, et une caravane de guides de Chamonix s’était mise en route le 6 novembre pour trouver quoi ? certainement pas des survivants : à cette époque de l’année, sans équipement, on ne tient pas 48 heures ; mais elle avait fait demi-tour après la mort accidentelle de Renée Payot. Presque simultanément, une caravane de guides de Saint Gervais s’était mise en route et était arrivée sur les lieux le 8 novembre ; à leur retour, ils furent fêtés comme des héros, mais personne ne leur demanda d’examiner le contenu de leur sacs à dos. Ce n’est qu’en septembre 2013 qu’un alpiniste de Bourg Saint Maurice trouvera un coffret de bijoux. Donc c’est bien des bijoux et autre pierres précieuses, voire de l’or, que partaient chercher ces guides, comme nos naufrageurs bretons !

27 04 2023

La Sud-Africaine Kirsten Neuschäfer, 40 ans, remporte la Golden Globe Race – un tour du monde à la voile en solitaire – après 8 mois en mer.

La Sud-Africaine Kirsten Neuschäfer va devenir la première femme à remporter un tour du monde à la voile et en solitaire.

Who is Kirsten Neuschäfer and Where is She Sailing? - American Sailing

Le bateau se nomme Minnehaha, ce qui signifie « l’eau rieuse », dans un des dialectes Sioux du Dakota. Il ressemble beaucoup à celui de Joshua Slocum, dans les années 1900.

01 05 2023

Un Cessna 206 se crashe dans les environs de San José de Guaviare, dans le sud de la Colombie : c’est la forêt amazonienne. Le pilote et un passager meurent, sauf quatre enfants de 11 mois à treize ans et leur mère, très gravement blessée : elle mourra quatre jours plus tard ; mais Lesly, 13 ans, Soleiny, 9 ans, Tien Noriel, 5 ans et Cristin, 11 mois, des indiens Uitotos pour lesquels la forêt n’est pas a priori une ennemi survivront quarante jours et seront retrouvés le 9 juin à cinq kilomètres du lieu de l’accident par une équipe qui aura parcouru près de 2 600 kilomètres pour arriver là. La grande sœur, chapeau !

4 05 2023

Le rectorat de Versailles écrit aux parents de Nicolas au sujet du harcèlement dont il se dit victime :

Madame, Monsieur,
Il a été porté à ma connaissance que, le 18 avril 2023, vous avez remis en cause les fonctions et menacé de dépôt de plainte le personnel de direction du lycée professionnel des métiers Adrienne Bolland de Poissy. Vous avez reproché à ce dernier sa passivité face à un supposé harcèlement subi par votre enfant, élève dans l’établissement.
Les propos que vous avez tenus et le comportement que vous avez eu envers des personnels de l’Education nationale dont le professionnalisme et l’intégrité n’avaient pas à être remis en cause de la sorte, sont inacceptables. Je les réprouve de la façon la plus vive.

Le rectorat rappelle ensuite aux parents de Nicolas l’article 226-10 du code pénal, qui réprouve la dénonciation calomnieuse et prévoit, pour ce délit, une peine de cinq ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. 

Courrier du pôle Versailles, le service interacadémique des affaires juridiques du rectorat de Versailles  aux parents de Nicolas,

10 05 2023

Yannick Morez, maire de Saint Brévin les Lis, en Loire Atlantique, contraint par l’abandon de ceux qui auraient de le protéger, démissionne, épuisé par le harcèlement, les violences des crétins, des abrutis racistes d’extrême-droite, qui n’ont pas hésité à s’en prendre à ses biens propres en incendiant sa maison. Prévenu, l’État n’a pas eu l’élémentaire courage d’intervenir, a laissé parler sa lâcheté, sa couardise, son double langage de parfait faux-cul : la honte en préfecture de la Loire Atlantique, place Beauvau, à Matignon, mais surtout à l’Élysée.

18 05 2023

S’il existait un prix Nobel de la Solidarité, c’est à Gelje, un guide népalais qu’il faudrait l’attribuer, pour avoir descendu sur son dos un homme en détresse (qui n’était pas son client) sur les pentes de l’Everest, de 8 500 m. à 7 900 m. : ce que j’ai fait aucune bête ne l’aurait fait, avait dit il y a déjà bien longtemps Henri Guillaumet. L’hélicoptère ne peut participer à une opération de secours à cette altitude ; il y a trop de rochers pour tirer un homme au sol ; seule solution : le porter sur le dos, jusqu’au camp le plus proche, à 7900 m., où il sera pris en charge.

Everest: un alpiniste a été sauvé par un sherpa qui l'a porté pendant 6 heures

20 05 2023

L’État ne cesse de réformer son service public et la qualité du service rendu au public ne cesse de se dégrader. Problème… et tentative de réponse :

Nos services publics devront porter l’espérance en une vie meilleure, déclarait le chef de l’État il y a un mois, après la promulgation de la loi sur les retraites – depuis, la cheffe du gouvernement, le ministre de la Santé puis celui de la Justice, ont annoncé une série de mesures. La fonction publique, qui emploie 5.6 millions de personnes en France, revient régulièrement dans les discours des politiques. Qui, tous , promettent d’améliorer les services rendus aux usagers. Pourtant, réforme après réforme, ceux-ci constatent des fermetures de classes ou de maternités, un manque de lits dans les hôpitaux, des délais allongés pour nombre de démarches. Tandis que les agents dénoncent une dégradation de leurs conditions de travail. Dans La valeur du service public, sorti en 2021, la politiste Julie Gervais, enseignante à l’Université Paris I-Panthéon Sorbonne, et l’historienne Claire Lemercier membre du Centre de sociologie des organisations (CSO CNRS-Sciences Po Paris), s’interrogeaient déjà sur cet apparent paradoxe. Dont la résolution apparaît plus que jamais nécessaire.

Le gouvernement dit faire des services publics l’une de ses priorités. Face à la forte demande de la société, il est légitime de les réformer…

Tout  le monde aimerait qu’ils soient plus efficaces, et, si possible, en dépensant moins. Mais depuis vingt ans, les réformes qui devaient les consolider n’ont fait que les affaiblir. Elles reposent sur des notions abstraites, supposées fonctionner partout : on veut gérer un hôpital comme on gère une mairie, une sous-préfecture, un lycée ou une entreprise. Cela est renforcé par une plus grande circulation des cadres, voulue par l’État: une même personne, peut, un jour, diriger une collectivité locale, puis un service de l’Éducation nationale et le lendemain, un opéra, en appliquant chaque fois les mêmes recettes… Globalement les effectifs de la fonction publique restent stables depuis quelques années ; la question n’est pas tant celle des moyens que celle de leur utilisation, et de leur organisation. Or les modes de gestions de services publics fort différents les uns des autres sont de plus en plus dictés d’en haut, de façon uniforme, par des décideurs qui restent dans leurs bureaux et cadrent les moyens et les objectifs dans des tableaux Excel, sans prendre en compte les contraintes du quotidien.

N’est ce pas caricatural ? 

Comment l’Éducation nationale décide-t-elle de fermer ou non des classes de primaire ? En regardant d’abord un tableau qui répertorie, à l’échelle du département, le nombre d’élèves par maître ; s’il est trop faible, les classes sont menacées. Sauf qu’en appliquant ce ratio en Lozère, par exemple, certains enfants devront faire quatre heures de car pour aller et revenir de l’école. Face à de tels écueils, il faut bien discuter. Mais la négociation est compliquée car elle est vue comme une insulte à la beauté des tableaux Excel. De façon plus générale, on demande désormais aux services publics, ou du moins à certains, de créer du profit. Pour se voir allouer des moyens, un hôpital doit distinguer les opérations et les examens qui rapportent de ceux qui coûtent cher – ce qui le pousse à développer les premiers au détriment des autres. C’est la conséquence de la T2A, la tarification à l’activité, mise en place en 2004. La qualité du service s’en ressent.

Comment et par qui ce type de réformes est-il conçu ? 

Par de très hauts fonctionnaires, qui souvent vont pantoufler dans le privé ; mais aussi des consultants de cabinets de type McKinsey ; des banquiers travaillant de manière temporaire dans les ministères ; des dirigeants d’entreprise, sollicités pour amender les programmes scolaires – des Ponts et Chaussées par exemple ; etc… La liste est longue. Tous ces gens forment, avec les responsables politiques au sommet de l’État, ce que nous appelons la NMPP – la noblesse managériale publique-privée – pour reprendre le concept bourdieusien de noblesse d’État, en l’adaptant aux réalités d’aujourd’hui. [qui n’est qu’un détournement en forme de clin d’œil des NMPP – Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne. ndlr]. Or il se trouve que cette NMPP est largement déconnectée du terrain. Ceux qui la composent ne croisent jamais les groupes sociaux concerné par leurs modernisation, ils n’en voient pas les conséquences. Leur socialisation des isole du reste du monde. Leurs existences sont étanches, elles ont leurs enjeux propres, qui déterminent ce qui, pour eux a ou non de la valeur. Entendons-nous bien : le privé n’assiège pas l’État – après tout, les consultants répondent à des appels d’offres. Mais force est de constater qu’au terme de leur formation dans les grandes écoles nos très hauts fonctionnaires et nos dirigeants politiques sont convaincus de la supériorité du général sur le particulier, et font de la rentabilité financière un objectif central et universel, pour le public comme pour le privé. Cette foi préside ensuite aux règles de gestion des services publics. Les cadres qui veulent grimper dans la hiérarchie doivent aussi y adhérer.

De quand datez-vous le début de ce phénomène ? 

Les préceptes du nouveau management public apparaissent dès les années 1970dans l’ensemble du monde occidental. En France, 2001 aura été une étape importante, avec l’adoption de la LOLF, la Loi organique relative aux lois de finances. Outre des impératifs gestionnaires, elle induit une logique de performance, avec des indicateurs chiffrés censés mesurer la réalisation des objectifs. Or une loi organique est difficile à détricoter, car elle se situe au-dessus d’une loi ordinaire ; et les indicateurs sont un carcan, qui contraint la possibilité d’imaginer de nouvelles réformes. Sont ensuite venues la RGPP en 2007 (Révision générale des politiques publiques), puis d’autres textes, qui ont amplifié de mouvement.

A-t-il existé un âge d’or des services publics ? 

De la toute fin du XIX° siècle aux années 1980, le maillage du territoire métropolitain était remarquable, pour les tribunaux notamment, mais ce n’était pas du tout le cas dans les territoires d’outre-mer – qui souffrent encore d’un sous-équipement hérité de l’époque coloniale. Quant à l’égalité femmes-hommes, elle est restée une chimère durant des décennies, de nombreux corps de la haute fonction publique étant, de fait, fermés aux femmes. Du point de vue des usagers non plus, l’égalité était loin d’être parfaite : l’attribution des HLM a été longtemps tributaire  de considérations racistes. On ne peut donc pas parler d’un âge d’or à restaurer. Pour moderniser les services publiques actuels, mieux vaudrait imaginer des réformes nouvelles, qui tiendraient compte des aspirations de la population, en matière de proximité ou de nouveaux besoins. Les réflexions se multiplient par exemple, autour d’un service public de l’alimentation, avec des propositions très variées sur la façon dont il pourrait se concrétiser. Cela n’a jamais été tenté – hormis l’ouverture des cantines publiques à la fin du XIX° siècle, mais personne ne voudrait aujourd’hui d’une cantine municipale comme il en existait à Roubaix en 1895… Ceci dit, reconnaissons qu’il n’est pas facile de savoir ce que souhaitent les gens. Les sociologues expliquent que ce sont souvent les mêmes qui répondent aux questionnaires, que les autres censurent, voire se taisent. Donc, oui, il est compliqué de réformer les services publics en partant du terrain. Reste que les gouvernements actuels ne font pas beaucoup d’efforts pour y parvenir.

Le Covid n’a-t-il pas changé la donne ?

Un peu. On a senti, après le premier confinement, un début d’inflexion des discours politiques qui s’est d’ailleurs accentué des dernières semaines, sur fond de crise politique et sociale ; Elisabeth Borne elle-même assure qu’il faudrait désormais que chaque décision règle un problème, améliore le quotidien des Français. Mais il est frappant de voir le décalage entre ces propos et les mesures annoncées. L’ouverture des Maisons France Services, par exemple, pour contrer les déserts administratifs, ne suffira pas …

Où, géographiquement, les services publics manquent-ils le plus ? 

Dans les zones rurales, où les fermetures ont été motivées par la baisse de la population, mais aussi, de façon plus étonnante, dans les banlieues populaires : l’offre de service y est restée à peu près la même que dans les années 1950-1960, c’est-à-dire avant la construction des grands ensembles. Elle est donc aujourd’hui très sous-dimensionnée. Les Maisons France Service sont censées compenser cela en rassemblant en un lieu l’accès à un ensemble de guichets (Caisse d’allocations familiales, impôts, Pôle emploi…). Mais ce qui peut sembler une bonne idée pose deux gros problèmes : les gens ne sont pas au courant que cela existe, d’autant que ces structures ont changé plusieurs fois de nom, qu’elles déménagent fréquemment, n’ont pas une signalétique claire, et que les gouvernements surestiment totalement leur capacité à communiquer dessus. La plupart des usagers, notamment à la campagne, continuent de s’adresser d’abord à leur mairie – en vain. Ensuite, les personnes travaillant dans ces Maisons France service ne sont pas en capacité de résoudre tous les problèmes qui leur sont soumis. Elles sont souvent très mal payées, avec des contrats précaires, et n’ont pas reçu de formation approfondie ; elles n’ont même pas le droit d’effectuer les démarches qui requièrent la confidentialité. Elles sont juste en position d’aiguillage et disent souvent aux usagers : Rentrez chez vous pour faire vos dossiers sur Internet, ou Remplissez votre demande sur la borne là-bas, mais je ne peux pas tout vous expliquer. Dans le passé, les secrétaires de mairie pouvaient connaître le numéro de téléphone direct d’interlocuteurs adhoc, à la CAF par exemple, qui savaient résoudre tel et tel problème. Les jeunes précaires des Maisons France-service n’ont pas ces numéros. Or il existe beaucoup de cas compliqués, de situations personnelles qui n’entrent pas dans les cases des formulaires.

La dégradation des services publics peut-elle peser sur le fonctionnement de la démocratie ? 

La fermeture des guichets de proximité est une violence pour celles et ceux qui se retrouvent sans service public à moins de 20 ou 30 kilomètres, et qui n’ont pas de voiture pour s’y rendre… La colère de cet éloignement se traduit politiquement. La carte de la désertification des services publics coïncide avec celle des services électoraux du Rassemblement national. La dématérialisation (le recours à Internet) ne règle rien, au contraire : elle crée de la frustration – la défenseure des droits l’a montré – pour des populations qui se sentent hors du jeu, et hors de la société. Une méfiance généralisée est entrain de s’installer : celle de usagers vis-à-vis d’un État qui de répond plus à leurs besoins ; celle de l’État  vis-à-vis des ses propres agents soupçonnés de ne pas être assez efficaces ; celle d’agents qui ont le sentiment d’être empêchés de bien travailler, face à des objectifs intenables. Et bien sur tout cela pourrait se transformer en méfiance envers la démocratie elle-même.

Julie Gervais, politiste, Claire Lermercier historienne. Propos recueillis par Valérie Lehoux. Télérama 3828 du 20 au 26 mai 2023

On aurait pu encore ne pas se limiter aux jeunes en contrat précaire pour ce qui est de l’incompétence et donc aller voir un peu partout où elle s’affiche sans complexe : ainsi de ces machines à fournir des timbres à la Poste qui commencent par vous demander de taper le code-barre ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Il n’y a pas qu’une personne impliquée dans l’affaire : d’abord bien sur le concepteur du logiciel mais aussi tous ceux qui ont laissé passer cette ânerie sans rien y trouver à redire…. Etanchéité interne aux services publics, car il suffisait d’aller voir aux impôts pour trouver quelqu’un qui en fabrique un correct, -les impôts font des logiciels particulièrement bien conçus -.

27 05 2023

Les Américains – démocrates et républicains confondus – ont en horreur les gens qui crachent dans la soupe ; Jane Fonda, cette éternelle jeune fille de 85 ans remet à Justine Triet la palme d’or du festival de Cannes pour Anatomie d’une chute ; et elle sans élégance aucune profite de l’occasion pour mettre son grain de sel dans le concert des contestations contre la réforme du régime des retraites du gouvernement, confortant ainsi que la déontologie n’est plus qu’une vieillerie et que l’on est en droit d’instrumentaliser n’importe quelle manifestation pour s’en faire un marchepied politique. Mais passons sur la malhonnêteté intellectuelle que cela suppose. Fin du discours et Justine Triet commence à regagner sa place oubliant son trophée que Jane, furibarde, lui jette dans le dos.

Mais après tout en subventionnant le cinéma, le gouvernement n’achète pas les consciences des réalisateurs, et Georges Pompidou, en son temps avait été le premier à en convenir. La porte claquée par Adèle Haenel il y a quelques semaines était certes plus honnête, sans ambiguïté aucune, mais cela restera un geste isolé, probablement sans grande portée. Justine Triet a fait un film militant… ce n’est pas le premier mais les autres sont restés le plus souvent dans une marginalité plutôt maigrichonne. Là, c’est la palme d’or ; c’est à dire la reconnaissance par tout un milieu jusqu’alors plutôt abonné au strass et aux paillettes ; et c’est un extraordinaire changement de braquet. Les valeurs prônées par les revendications des femmes se retrouvent boostées et en position de force sur la grand place des décideurs.

28 05 2023

Premier vol du C 919, premier avion commercial chinois, à même d’emmener 164 passagers, qui espère rivaliser avec l’Airbus A 320 et le Boeing 737 MAX. Il est fabriqué par l’entreprise d’État Comac.

Un appareil aux lignes épurées construit par l'entreprise d'Etat Comac.

31 05 2023

Développé par la start-up EEL Energy, une hydrolienne ondulant comme un poisson est expérimentée dans le lit du Rhône, sur le réseau de Voies navigables de France.

Cette technologie permet de transformer la force du fleuve en électricité, grâce à un ingénieux système d’ondulation. Quatre machines de ce type sont prévues dans le Rhône d’ici à la fin de 2023, pour une production annuelle d’électricité de 400 mégawattheures. Ce qui permet d’alimenter environ une centaine de foyers.

La machine est composée d’une membrane de 7 mètres sur 10, plongée à environ 7 mètres de profondeur, qui se met à osciller grâce au courant du fleuve. Donnant l’effet d’une queue de baleine en plongée, la membrane articulée est reliée à un bras mécanique entraînant un transformateur, placé sur une barge en surface.

Cette technologie dépend de la vitesse du courant au cube. Nous l’avons testée dans la rade de Brest. Et nous avons pu démontrer qu’elle n’était pas soumise aux limites physiques des éoliennes. Celles-ci développent 59 % de l’énergie captée ; nous atteignons 67 %. C’est plus efficace que les turbines. Nous battons les hélices, confie Franck Sylvain, directeur général de la société EEL Energy.

La start-up de huit salariés travaille depuis dix ans sur cette source d’énergie inédite. Imaginé par l’inventeur Jean-Baptiste Drevet, originaire de Bourgoin-Jallieu (Isère), le procédé est développé à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), et les machines sont fabriquées à Gravelines (Nord).

Selon ses concepteurs, l’hydrolienne par ondulation a l’avantage de produire une énergie décarbonée, sans impact sur l’environnement. Ce qui entre parfaitement dans le cadre du projet de fermes hydroliennes lancé en 2015 à Lyon par Voies navigables de France (VNF).

Des hydroliennes par turbine ont déjà été installées dans le secteur du Rhône dévolu aux nouvelles productions d’énergie, situé au nord de Lyon, entre le parc de Saint-Clair, à Caluire, et celui de la Feyssine, à Villeurbanne. Le lieu est à l’écart des lignes de navigation, donc sans conflit d’usage. L’avantage est que la vitesse du courant est assez forte, de plus de 2 mètres par seconde.

Cette démarche permet à notre réseau des Voies navigables en France de contribuer à la production d’une électricité verte, et de répondre ainsi, de manière concrète, aux enjeux de la transition énergétique, souligne Cécile Avezard, directrice territoriale de VNF. La concession prévue sur dix ans va permettre à EEL Energy de tester la fiabilité et la productivité de l’hydrolienne biomimétique en milieu naturel.

D’après Franck Sylvain, l’expérience lyonnaise pourrait ouvrir de sérieuses perspectives dans d’autres fleuves puissants, tels le Congo ou l’Amazone, ou dans des secteurs marins à fortes marées, capables d’activer des machines de 250 mégawattheures.

Richard Schittly. Le Monde du 31 05 2023

3 06 2023

Un train de voyageurs percute un train de marchandises près de Balasore, à environ 200 kilomètres de Bhubaneswar, la capitale de l’Etat d’Odisha, dans l’est de l’Inde. Un autre train de voyageurs s’ajoute à la catastrophe : bilan : au moins 288 morts, plus de 900 blessés.

Rescuers work at the site of passenger trains accident, in Balasore district, in the eastern Indian state of Orissa, Saturday, June 3, 2023. Rescuers are wading through piles of debris and wreckage to pull out bodies and free people after two passenger trains derailed in India, killing more than 280 people. Hundreds of others were trapped inside more than a dozen mangled rail cars, in one of the country's deadliest train crashes in decades. (AP Photo)

6 06 2023

Claude Palmero, homme de confiance du prince Albert II de Monaco et administrateur de ses biens est sèchement licencié. Mais il ne part pas sans biscuits, notamment cinq grands cahiers sur lesquels il a soigneusement retranscrit à la main tous ses entretiens avec SAS – Son Altesse Sérénissime – où l’on voit combien la vie financière de la principauté est un gigantesque mélange des genres dans lequel l’argent public vient en permanence abonder le secteur privé, les besoins de ses deux ex-maîtresses et de leur fils, reconnus par le prince, de ses deux sœurs – Caroline et Stéphanie – et de son épouse étant insatiables, d’où création d’une forêt de comptes en d’innombrables banques sises en des lieux qu’on dit étanches à toute indiscrétion. Nauséeux à souhait. Le plus drôle dans l’affaire, c’est que l’on a envie de pisser de rire quand Claude Palmero proteste véhémentement et sans crainte de se répéter de son honnêteté, comme si le comptable d’Al Capone pouvait être honnête !

14 06 2023

Un chalutier grec transportant 750 migrants partis de Tobrouk, en Libye, coule à l’ouest-nord-ouest de la Crète, après que deux navires marchands l’aient vu et ravitaillé la veille. Après quatre jours de voyage, ils n’avaient plus d’eau. Des gardes côtes grecs viendront, dont il est permis de penser qu’ils ont causé involontairement le chavirage du chalutier ; ils sauveront 104 personnes. Plus un navire est chargé au-delà des normes, plus il devient instable, et le simple fait de le prendre en remorque peut causer son naufrage. Il y aurait au moins 500 morts. Quelques jours plus tard, des moyens autrement plus puissants seront mis en œuvre dans l’Atlantique pour essayer de sauver les cinq hommes partis pour une virée touristique réservée aux milliardaires dans le Titan pour zyeuter le Titanic.

26 06 2023

Sophie Lavaud, suisse, canadienne et française – elles est née à Lausanne de parents français un temps émigrés au Canada – 55 ans – arrive au sommet du Nanga Parbat, 8 126 m., le dernier à s’offrir pour en terminer avec ces quatorze sommets de plus de 8000 m d’altitude qu’elle aura conquis en onze ans, parfois sans oxygène, quelquefois avec… parcimonie, mais c’est encore trop pour être acceptée dans le club très fermé des sans oxygène présidé par Reinhold Messner. Men only.

L’alpiniste Sophie Lavaud emmène le Lysosome à 8 485m - Vaincre les ...

27 06 2023

Après un refus d’obtempérer, Nahel Merzouk, 17 ans, est arrêté par des policiers à Nanterre dans un ralentissement du trafic. L’un des deux policiers sort son arme, donne des coups de croce et pour finir tire dans la poitrine. Mortellement blessé, Nahel repart pour aller s’encastrer quelques mètres plus loin dans un poteau. Le policier est en garde à vue, puis mis en examen et emprisonné jusqu’en novembre 2023, date à laquelle il sera libéré. Nahel à la morgue. Et, très vite, ce sont des voitures qui brûlent, des bâtiments publics saccagés, des commerces et des supermarchés incendiés, jusqu’à l’attaque à la voiture bélier du domicile du maire de l’Haÿ les Roses ! De la pure barbarie. Cinq jours après, 3 250 interpellations. Au soir du 2 juillet, on comptera plus de 5 000 véhicules incendiés, 10 000 feux de poubelles, près de 2 508 bâtiments brûlés, dégradés ou pillés, 250 attaques de commissariats de police ou de gendarmeries, plus de 700 policiers blessés. Les assureurs estimeront le montant des dégâts à 350 millions €. Des journaux très comme il faut n’hésitent plus à parler de course à l’abîme.

Tout ça, parce qu’un policier qui doit toucher moins de 2 000 € par mois perd son sang froid en voyant un jeune de 17 ans au volant d’une Mercedes flambant neuve, et le tue délibérément. Il n’est pas nécessaire de cautionner les propos de Kylian Mbappé parlant d’un petit ange pour estimer l’acte injustifiable, et le fait de ne pas prendre les canards sauvages pour des enfants du Bon Dieu ne justifie en rien l’assassinat des canards sauvages. Kylian Mbappé se croit encore un bon petit gars de Bondy, mais aujourd’hui, il roule en Ferrari avec chauffeur, difficile dans ce cas-là de comprendre que rouler en Mercedes soit un signe de richesse… Mais enfin Nahel roulait en Mercédès. – Oui, et alors ? De la difficulté à parler juste quand on est millionnaire. Une Mercédès immatriculée en Pologne, aux mains d’un jeune de 17 ans à Nanterre, que cela signifie-t-il sinon de l’argent facile obtenu du trafic de drogue ? Or personne ne parle de drogue… motus. Si Nahel avait un casier judiciaire vierge, il figurait tout de même sur le TAJ – Traitement des Antécédents Judiciaires. Cela ressemble à l’omerta des mafieux. Étrange !

On sous-estime la connerie de ces gens, déclarera Matthias Wargon, chef du service des urgences de l’hôpital Delafontaine, à Saint Denis. Connerie allant jusqu’à exposer sur les réseaux sociaux leur butin de pillage : quand le narcissisme peut mener directement en prison ! À la maison, bien souvent, il n’y a que la mère : ce n’est pas elle qui est en cause. Celui qui est en cause, c’est celui qui n’est pas là : le père. Un enfant sans père est un enfant sans repère. Défaite cinglante de l’autorité parentale.

Et pourtant, depuis plus de cinquante ans, les plans gouvernementaux n’ont pas manqué : en 1977 Jacques Barrot, en 2003 puis en 2017 Jean-Louis Borloo, en 2008 avec Fadela Amara, en 2015 avec Manuel Valls contre l’apartheid. Rien de tout cela n’a opéré convenablement quand ce n’est pas mort-né, ainsi du plan Borloo 2017 jeté à la poubelle par Macron le 22 mai 2018. Donc, les cibles n’étaient pas bonnes. Et on se prive dès l’entrée de jeu en s’interdisant toute atteinte au fonctionnement des réseaux sociaux, intégrés au statut de vache sacrée.

À peu près dans le même temps, le 12 juillet, Philippe, 72 ans, excédé par le bruit de jeunes voisins à Vieux Condé, dans le Nord,  leur demande de baisser le son. Il se fait rouer de coups et en meurt quelques jours plus tard : qui s’en émeut ?  Personne. Ce que les émeutiers nomment justice n’est que clanisme. Personne ne descendra dans la rue pour un vieux de 72 ans.

23 07 2023

Le nageur français Léon Marchand, 21 ans, 1.87 m, 77 kg devient champion du monde en décrochant le record du monde du 400 mètres 4 nages à Fukuoka en 4’2″50/100°, jusqu’alors détenu par l’Américain Michaël Phelps depuis 2008 en 4’03 » 84/100°, soit 1″34/100° de plus. Deux jours plus tard, il remportera le 200 mètres papillon et, le lendemain, le 200 mètres quatre nages. C’est essentiellement dans la longueur des passages sous l’eau qu’il fait la différence avec les autres nageurs.

Natation : le prodige français Léon Marchand dans les pas de Michael ...

Léon Marchand

Et le garçon n’est pas tout seul à faire briller les couleurs françaises : après avoir pris le bronze sur le 100 m nage libre et le 50 m papillon, Maxime Grousset, 24 ans, né en Nouvelle Calédonie, remporte le 100 m papillon en 50″ et 14/100°.

Maxime Grousset, sa médaille d’or autour du cou, à Fukuoka (Japon), le 29 juillet 2023.

Maxime Grousset

26 07 2023

Des militaires avides de promotion renversent le président nigérien Mohamed Bazoum, élu en 2021, qui était parvenu à contenir voire enrayer les attaques djihadiste, au sud comme au nord. La CDEAO – Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest – englobant états francophones comme anglophones et dominée par le puissant Nigeria, tape du poing sur la table mais se révèle incapable de traduire ses menaces dans les faits. La France est sommée de quitter le pays au plus vite : elle y entretenait 1 500 militaires.

7 08 2023

En Ukraine, pour que tout soit prêt pour la fête de l’indépendance, le 24, on fait le nécessaire pour que la statue de la mère patrie ne porte plus la faucille et le marteau mais le trident, symbole de l’Ukraine.

La faucille et le marteau figurant sur le bouclier d'une immense statue à Kiev (Ukraine) ont été enlevés début août 2023 et seront remplacés par le symbole du pays, un trident.

Mère Patrie

Mère Ukraine

               12 08 2023

Un déficit d’eau, une végétation qui se dessèche, un ouragan – Dora – qui frappe dans ce type de configuration, et c’est la catastrophe : cela se passe sur l’archipel des îles américaines de Hawaï, en plein cœur du Pacifique (dont l’île de Oahu, ville principale Honolulu, dont la marine a été attaquée à Pearl Harbor par les Japonais en décembre 1941) : les villes de Maui, Lahaina sont ravagées par le feu ; les alertes ne fonctionnaient pas ou mal ; on verra des gens se jeter à la mer ; treize jours plus tard, le bilan sera de 115 morts, 388 disparus. Le feu aurait pris en plusieurs endroits en même temps.

15 08 2023

Brigitte Bardot, que, bien à tort, on avait cru mourante dans les semaines précédentes, se confie dans le Point à Franz-Olivier Giesbert, expert en colportage de ragots bien croustillants, en balançant un bien gros pavé dans la marre des féministes farouches et tristes : Pendant les tournages, j’adorais qu’on me mette les mains aux fesses quand je passais. C’était la spécialité des machinistes, des gens très gentils, tous des super copains. Si elle ne coche pas toutes les cases de la star parfaite, elle garde au moins son franc-parler ! C’est l’accomplissement du vœu de Jason Robards dans Il était une fois dans l’Ouest quand  il pose la main sur la croupe de Claudia Cardinale en lui disant et si un jour une autre homme que moi fait cela, eh bien, essaie de ne pas nous en faire tout un plat !

23 08 2023

Deux femmes arrivent à égalité à la fin du concours à la perche des championnats du monde de Budapest: et si on se partageait l’or, se disent-elles ? Et ainsi il en sera. La grande classe avec la même élégance que celles de Derartu Tulu, Éthiopie et Elana Meyer, Afrique du Sud, quelques 31 ans plus tôt lors d’un 10 000 mètres d’anthologie aux Jeux Olympiques de Barcelone. Et c’est tout de même autre chose que les rugissements de Rottweilers déchainés que l’on peut voir et entendre chez les hommes dans les enceintes de tennis et les stades de foot, public et joueurs confondus,

De face Katie Moon, américaine, de dos, Nina Kennedy, australienne. Kate Moon est au sommet depuis des lustres, Nina Kennedy depuis peu : l’accueil de l’ancienne à la nouvelle : welcome to club.

Nina Kennedy breaks Alana Boyd’s Australian pole vault record | Herald Sun

19 08 2023

La sonde russe Luna 25 s’écrase sur la lune. Elle avait décollé de l’extrême orient russe le 11 août.

23 08 2023

La sonde indienne Chandrayaan 3, réussi son alunissage. Le coût de la mission spatiale indienne ne dépasse pas les 75 millions $ (69 millions €) – c’est moins que le budget du film Gravity, estimé à 100 millions de dollars.

Le 23 août, l’Inde est parvenue à faire alunir sa sonde Chandrayaan-3 sur le pôle sud de la Lune.

Vikram, le module d’atterrissage de la sonde Chandrayaan-3, le 23 août 2023 se pose près du pôle sud de la Lune.

2 09 2023

L’Inde lance une fusée porteuse de la sonde Aditya-L1, du mot hindi pour le Soleil, qui doit parcourir un million cinq cent mille kilomètres pendant quatre mois avant de stationner en orbite autour du Soleil. Là, elle va étudier les vents solaires, à l’origine des aurores boréales.
Le vaisseau spatial Aditya-L1 décolle à bord d’un lanceur de satellite, depuis le centre spatial de Sriharikota, en Inde, le samedi 2 septembre 2023.

Le vaisseau spatial Aditya-L1 décolle à bord d’un lanceur de satellite, depuis le centre spatial de Sriharikota, en Inde, le samedi 2 septembre 2023.

5 09 2023

Nicolas X, 15 ans, se pend dans sa chambre. Il était scolarisé au lycée Adrienne-Bolland de Poissy, en 3e prépa professionnelle. Il venait d’effectuer sa rentrée en seconde dans un établissement à Paris.

Face aux journalistes, Gabriel Attal, tout jeune ministre de l’Éducation Nationale, qualifiera le courrier du rectorat en date du 4 mai 2023 de HONTE, et le jour des obsèques de Nicolas, le 15 septembre, dira à Béatrice, sa mère :  Nous n’avons pas été à la hauteur, il y a eu des manquements. 

Lettre choc aux parents de Nicolas : Charline Avenel, l’ex-rectrice de Versailles sur la sellette

Charline Avenel, rectrice de l’Académie de Versailles depuis le 24 octobre 2018. ENA, puis Bercy… proche d’Emmanuel Macron… tout comme il faut. Passée au privé à l’été 2023. Elle s’excusera auprès des parents de Nicolas, assurant toutefois n’avoir pas été signataire de ce courrier, étant en congés le 4 mai, se défaussant sur ses services avec une couardise certaine, disant qu’il s’agissait d’une lettre-type qui aurait été envoyée à plusieurs autres parents, c’est-à-dire reconnaissant que ses services peuvent envoyer un courrier de cette teneur sans qu’elle en soit informée ! Sidérant d’irresponsabilité ! 

Le ministre de l’éducation, Gabriel Attal, après le conseil des ministres, le 20 septembre 2023.

Gouverner, ENFIN ! Et il le fera si bien, que six mois plus tard, dépassant dans les sondages Edouard Philippe pour la prochaine présidentielle, il sera nommé Premier Ministre, le 9 janvier 2024.                     Tous les discours n’avancent pas les choses, il faut faire et non pas dire. Molière

On pourrait paraphraser Georges Pompidou : Le rectorat de Versailles s’est comporté comme le plus froid des monstres froids. [Quelques jours avant sa conférence de presse du 26 septembre 1969, à propos du suicide de Gabrielle Russier le 1° septembre 1969,  Georges Pompidou, président de la République, avait dit en off à Jean-Michel Royer, de RMC : L’appareil judiciaire s’est comporté comme le plus froid des monstres froids.] Sur 120 courriers de réprobation envoyés à des parents de l’Académie de Versailles au cours de l’année scolaire, 55 sont inappropriés. Non contents de se contenter de ce courrier, certains établissements feront un signalement  des parents destinataires de ce courrier aux services sociaux : un comble !

Le 18 septembre, la police  viendra arrêter, dans l’enceinte du collège Henri-Barbusse d’Alfortville, dans le Val de Marne, un collégien de 14 ans, harceleur sur Instagram d’une fille transgenre de 15 ans scolarisée au lycée Maximilien-Perret d’Alfortville : placé en garde à vue, il sera déféré devant un magistrat. ENFIN ! Et laissons vociférer les belles âmes ! C’est peut-être le début de la fin des territoires hors contrôle de l’État.

Tout le monde veut aller sur la lune : à 01 h 42, heure de Paris, la fusée H-IIA de l’Agence japonaise d’exploration aérospatiale (ou JAXA, pour Japan Aerospace Exploration Agency, en anglais) a décollé depuis Tanegashima, dans le Sud-Ouest, au bord de l’océan Pacifique, après trois reports depuis la fin d’août en raison d’une météo défavorable. La fusée transportait notamment un petit module lunaire baptisé SLIM (Smart Lander for Investigating the Moon) et surnommé Moon Sniper, censé se poser dans quatre à six mois sur la Lune avec une haute précision, à 100 mètres au maximum de sa cible, contre plusieurs kilomètres habituellement. XRISM, un satellite astronomique développé conjointement par la JAXA, la NASA et l’Agence spatiale européenne pour une mission d’imagerie en rayons X et spectroscopie, a aussi été embarqué à bord de la fusée H-IIA. Il a été séparé, avec succès, quatorze minutes après le décollage.

8 09 2023

La terre tremble au Maroc à Al Haouz, au sud-ouest de Marrakech, avec une amplitude de 6,8 à 6,9, la plus grande qu’ait jamais connu le pays. L’épicentre est à 31°06’36 » nord,  8°26’24 » ouest, à une profondeur entre 12 km et 24 km. Il y aura 2 960 morts, 6 125 blessés, 60 000 maisons partiellement détruites selon un bilan officiel publié fin septembre. L’approche de l’hiver, de 1 500 à 2 000 mètres d’altitude aggrave l’urgence. Le roi est seul habilité à autoriser les pays étrangers à porter secours : quatre jours après le séisme, la France n’en faisait toujours pas partie [2]: la priorité étant aux bonnes relations avec l’Algérie, la France a refusé de soutenir le Maroc dans sa volonté de mettre dans son escarcelle le Sahara Occidental. Il peut arriver que le revers ait un avers : ainsi, dans cette région où l’on avait constaté le tarissement de nombreuses sources ces dernières années, on en verra une quarantaine se remettre à couler, et parfois avec abondance comme près du douar Toug El Khaïr, mais, comme disait la maman de Napoléon pourvou que ça dure.  Et le malheur parfois rapproche, ainsi en témoigne le message de soutien de l’Algérie au Maroc, parlant de peuple frère, et ces deux seuls mots représentent un progrès très significatif.

Selon le Haut-Commissariat au plan (HCP), 169 communes au total sont sinistrées dans une zone qui abrite 2,6 millions d’habitants. Et qui est aussi l’une des plus vulnérables du royaume, avec un taux de pauvreté à peu près deux fois supérieur au taux national, selon un rapport paru le 8 novembre.

Séisme au Maroc: deux mois après, le pays fait toujours face à une "situation d'urgence"

En France, l’enseignement des constructions antisismiques n’est pas au programme. Les architectes qui y sont formés l’ont fait au cours de leur carrière, et des occasions qui se présentaient.

10 09 2023

Gabriel Attal, tout jeune ministre de l’Éducation nationale, a interdit à l’école le port de l’alaya, cette robe longue que portent souvent les musulmanes. Certaines plumes osent demander aux premières intéressées d’arrêter de cracher dans la soupe.

La portez-vous encore, comme ces 67 élèves qui ont refusé d’obéir au ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal ? Ou bien, comme 298 autres, vous êtes-vous soumise à la règle de la laïcité confirmée par le Conseil d’État et avez-vous en râlant, retiré vote alaya ?  Il est vrai que la France est un pays singulier, le dernier sans doute à bannir des établissements publics des signes religieux habituels en Angleterre ou aux États-Unis. Et pourtant, cette patrie qu’il vous arrive de détester est l’une des dix, sur 330 dans le monde, vers lesquelles affluent, en quête de travail, de soins et d’école, mais surtout de liberté, des centaines de milliers de migrants. Pourquoi ne choisissent-ils pas plutôt la Russie ou la riche Arabie saoudite ? Et pourquoi, hébergés par la Turquie, pays musulman où l’épouse du président porte un foulard et se tait, rêvent-ils de rejoindre l’Union européenne ?  Pourquoi ce désir fou continue-t-il à pousser tant d’Algériens à émigrer vers l’ancienne puissance coloniale. Plus de 60 ans après la déclaration d’indépendance de leur pays si riche en pétrole et en gaz et alors que le président Abdelmadjid Tenine, invité à Moscou a rétabli, pour faire plaisir à Vladimir Poutine le couplet anti-français de l’hymne national : O France, voici venu le jour où il te faudra rendre des comptes ! près de 200 000 algériens se sont encore portés candidats cette année pour rejoindre des amis ou parents dont le nombre, dans l’Hexagone, dépasser déjà 5 millions.

Mais pourquoi , me direz-vous, parler de l’Algérie ? Je suis Française ! Assurément. C’est même là ce qui explique votre insolence. La France en a fait des râleurs ! me lançait il y a quelques années le président algérien Abdelaziz Bouteflika (décédé il y a deux ans), agacé par les cris de ses compatriotes Des visas ! des visas ! scandés à Alger vers Nicolas Sarkozy.

Au fait, connaissez-vous bien l’histoire de notre pays ? Alors que 51 % des Français se déclarent désormais laïcs ? Elle explique leur méfiance à l’égard des religions. Longtemps sous la royauté, la France fut fille aînée de l’Église. Puis, la Révolution passée, elle s’opposa au retour du pouvoir des prêtres : en votant en 1905, une loi de séparation de l’Église et de l’État si sévère que les Jésuites se virent interdire d’enseigner et que leurs élèves tels l’adolescent Charles de Gaulle, furent contraints, pour suivre leurs cours, de les rejoindre en Belgique, dans des pensionnats où l’eau gelait dans les lavabos. J’ignore si vous seriez prête à un tel sacrifice.

Mais j’aimerais partager avec vous quelques souvenirs récents. Depuis la mise à mort, le 7 janvier 2015 de douze journalistes de l’hebdomadaire Charlie Hebdo, grand défenseur de nos libertés, à commencer par celle de rire, depuis l’exécution à la mitraillette, dix mois plus tard, de 90 spectateurs venus au Bataclan applaudir un concert, les attentats islamistes ont fait, dans notre pays 271 morts et 1 200 blessés. Parmi les victimes figurait, notamment sur la promenades des Anglais à Nice, plusieurs enfants de familles musulmanes. Je ne peux pas croire que, par respect pour ces morts et pour leurs proches en deuil, vous ne renoncerez pas à porter un vêtement conforme aux souhaits des tueurs. J’espère même que la résistante que vous êtes souhaitera braver, fut-ce à distance, ces mollahs d’Afghanistan qui interdisent aux filles d’aller à l’école.

Christine Clerc. Le Midi Libre 10 09 2023

En Amérique, on dit cela en cinq mots : Love it, or leave it.

11 09 2023

Daniel, une tempête d’eau s’abat sur l’est de la Lybie, provoquant l’effondrement de deux barrages ; cela avait commencé, dans une moindre mesure, avec la Turquie, la Grèce et la Bulgarie. Au moins 11 300 morts à Derna, 10 000 disparus. L’ouvrage d’Abou Mansour, situé à 14 km de la ville, mesurait 74 m de haut et pouvait contenir jusqu’à 22,5 millions de m³ d’eau, tandis que celui de Derna, également connu sous le nom de Belad, situé dans la ville, pouvait contenir 1,5 million de m³ d’eau. Construits avec de l’argile, des roches et de la terre, ces barrages étaient destinés à protéger Derna des crues soudaines, qui ne sont pas rares dans la région, et à irriguer les cultures en aval.

En haut le barrage situé dans la ville de Derna, le 2 septembre 2023, puis, en bas, le 12 septembre 2023, quelques heures après le passage de la tempête Daniel. HANDOUT / AFP

Les barrages d’Al-Bilad et de Sidi Boumandour étaient entrés en service en 1986 pour contrôler justement les crues du fleuve. Etaient-ils mal entretenus ? Ou sous-dimensionnés pour faire face à un événement climatique jugé alors improbable ? Les deux ouvrages avaient été construits en réaction à de précédentes crues torrentielles. L’une d’elles, en 1959, avait fait des centaines de mort. Le bassin-versant du Wadi Derna, qui débouche directement sur la ville, a reçu en un jour entre deux et trois fois plus de quantités de pluie que cette année-là.

Nissim Gastelli Le Monde du 14 09 2023

En 2021, un rapport d’une agence d’audit publique a indiqué que les deux barrages n’avaient pas été entretenus malgré l’allocation de plus de 2 millions $ (1,9 million €) en 2012 et 2013. L’audit pointe la responsabilité du ministère des travaux publics et des ressources naturelles pour n’avoir pas confié les travaux d’entretien et de reprise de structure à une entreprise. En 2007, c’est le turc Arsel Construction Company Ltd qui avait été chargé d’assurer la maintenance des deux ouvrages et d’en construire un troisième entre les deux. L’entreprise indique sur son site Internet avoir achevé ses travaux en novembre 2012. Mais, d’après des images satellites récentes, aucun troisième barrage n’a jamais été construit. Arsel n’a pas répondu aux sollicitations par mail d’Associated Press (AP).

L’entreprise turque faisait partie des dizaines de sociétés turques qui avaient des projets d’une valeur de plus de 15 milliards $ en Libye avant le soulèvement de 2011. Nombre d’entre elles avaient fui le chaos libyen avant de revenir ces deux dernières années, notamment lorsque le gouvernement turc est intervenu pour aider Tripoli à repousser une attaque des forces du général Haftar en 2019.

Le Monde et Associated Press. le 19 09 2023

14 09 2023

À Copenhague, on inaugure en grande pompe le premier porte-conteneurs Laura-Maersk de l’armateur danois Roller-Maersk propulsé au méthanol vert. Avec une capacité de 32 000 tonnes – soit 2 100 conteneurs, 172 mètres de long, 32 de large, il n’a que le dixième de la taille des plus gros. Ce carburant coûte au moins deux fois plus cher que le fioul classique utilisé par la très grande majorité des navires, mais ses avantages écologiques sont évidents, et il est à l’abri des taxations à venir pour les navires qui continueront à naviguer au fioul. Obtenu en combinant de l’hydrogène vert, généré par électrolyse à partir d’électricité solaire, et du dioxyde de carbone émanant d’une usine de biogaz, ce carburant de synthèse permettra de réduire jusqu’à 95 % les émissions de gaz à effet de serre, comparé au fioul traditionnel. La difficulté de ce marche actuel tient à ce qu’il y a peu de fournisseurs et ceux-là produisent en petite quantité. Pour ce seul petit navire Maersk a du avoir recours à trois fournisseurs.

2 10 2023

Enfin une bonne nouvelle dans ce monde mené avec autant de cupidité que de lâcheté : le docteur Denis Mukwege, 68 ans, prix Sakharov en 2014, prix Nobel de la Paix en 2018, originaire de Bukavu, dans l’est du pays, se porte candidat à l’élection présidentielle de la république démocratique du Congo (Kinshasa), – 100 millions d’habitants – en décembre 2023. Encore faut-il qu’il y arrive vivant, puis qu’ensuite il le reste. Nul mieux que lui ne se définit par le titre du roman de Maylis de Kerangal : Réparer le vivant. Mais ne commettons pas d’erreur d’optique : si le docteur Denis Mukwege est reconnu à l’internationale ce n’est pas le cas dans son pays où sa popularité ne dépasse guère sa région natale, celle de Bukavu où il a réparé d’innombrables femmes violées. Dans l’ouest du pays, là où se trouve la majorité de la population, il n’est pas particulièrement connu. Donc, l’affaire n’est pas gagnée d’avance. Ce que confirmeront les premiers résultats : près de 5 millions de voix pour Tshisekedie, le président sortant, un peu plus de 7 000 pour Mukwege ! ! ! Que peut être dur parfois le retour au réel ! Et le guerre au Kivu va se poursuivre, sur fond d’accaparement du coltane, si précieux pour l’Occident : on parle de 6 millions de morts depuis 2001 ! Qui en parle ?

Le gynécologue congolais Denis Mukwege, lors de l’annonce de sa candidature à l’élection présidentielle, à Kinshasa, le 2 octobre 2023.

7 10 2023

La terre tremble en Afghanistan, avec une magnitude de 6.3,  à 30 km au nord-ouest d’Herat, dans l’ouest du pays : plus de 2 000 morts. Et une nouvelle secousse, de même amplitude, à Hérat, le 14 octobre.

En Israël, on fête les cinquante ans de la guerre du Kippour, on arrive aussi à la fin de la fête de Soukkot, avec pour point d’orgue la célébration de Simhat Torah. Mais il se trouve que les Palestiniens préfèrent retenir les propos souvent repris par rabbins et ministres israéliens : Les Palestiniens sont des cafards qu’il faut écraser. De plus en plus pauvres, de plus en plus étouffés, de plus en plus éloignés d’un Fatah inopérant, Yahya Sinouar, chef du Hamas à Gaza, (le chef du bureau politique du Hamas en exil au Qatar est Ismaïl Haniyeh) déclenche la guerre avec quantité d’hommes infiltrés au sein d’Israël qui massacrent entre autres 260 participants de la soirée techno Tribe of Nova, proche de la frontière, massacre encore au kibboutz de Beeri, avec une pluie de roquettes à laquelle répond bien sur Israël… et c’est la reprise de la guerre. Fin mars 2024, on comptera plus de 32 000 morts coté Palestiniens, dont 70 % d’enfants et de femmes. 1 140 coté Israélien, dont 850 civils parmi lesquels 41 Français. 3 autres Français sont portés disparus, peut-être parmi les 123 otages du Hamas. 200 000 Français vivent en Israël. Le bombardement de l’hôpital Al Hali Arabi au centre de Gaza ne pourra être identifié, chacun l’attribuant à l’autre, mais aucun bord ne donne d’élément permettant une identification certaine. Saleh al-Arouri, n°2 du Hamas sera tué avec six antre cadres du Hamas par un drone israélien le 2 janvier à Beyrouth.  Il reste qu’on ne peut que dénoncer ce terrorisme aveugle de la part de gens qui ne savent envisager d’autre violence que celle de ce type, la plus lâche qui soit : aucune mépris, aucune humiliation ne justifient le massacre de centaines de civils. Les terroristes opèreront la kalach dans une main, le smartphone dans l’autre pour faire partager l’horreur sur Facebook, sur X, (ex Twitter) au monde entier, sans qu’aucun responsable n’exerce la moindre censure, au premier rang desquels Elon Musk. Fin février une distribution de vivres mal encadrée tournera au massacre : on relèvera plus de 110 morts, par bousculade, par tir à balles réelles venant des Israéliens… le bain de sang, l’horreur. Fin mars, l’armée israélienne s’apprêtera à exterminer les membres du Hamas se trouvant à Raffah, n’hésitant pas à organiser la famine d’un million et demi de Palestiniens venus là depuis le nord de la bande de Gaza sur ordre des Israéliens. Comportements génocidaires.

Contrairement à la lecture d’un texte qui sera analysé par le cortex préfrontal où se bâtissent nos raisonnements, la vue d’une image est traitée par la partie animale de notre cerveau. Une image forte, qui plus est violente, va générer spontanément une sorte de fascination morbide, mais également du dégoût et de la compassion pour la victime. Éventuellement aussi de la peur, si celle ou celui qui regarde ressent un risque pour lui-même.

Didier Courbet, chercheur à l’Université d’Aix-Marseille, dans Télérama N°3856 du 9 au 15 12 2023.

Il y a 2.4 millions d’habitants à Gaza pour 360 km², soit 6 000 habitants/km², le tout dépendant en quasi totalité d’Israël, qui contrôle l’énergie, les importations etc, etc.  Israël masse ses troupes à proximité de la frontière, et, quand ils entreront, les combats redoubleront de violence avec ces quelques 500 km de souterrains dont le Hamas a truffé ce minuscule territoire.

Les Palestiniens étaient jusqu’à présent financés largement par l’Europe, à hauteur de 1.7 milliard €/de 2021 à 2024. Le Hamas est financé par le Qatar à raison de 30 millions $/mois, mais aussi par l’Iran – 100 millions $/an, loin des 800 millions $/an que reçoit de l’Iran le Hezbollah libanais. Quant à Israël, c’est 3.8 milliard $ qu’il reçoit chaque année des États-Unis.

Aujourd’hui le Hamas est un instrument dans les mains de l’Iran : il est le point le plus sophistiqué de ce que la république islamique appelle l’axe de la résistance qui va de Téhéran au Hezbollah en passant par Bagdad et les Alaouites de Syrie. Le Hamas, qui est un parti sunnite d’obédience Frères musulmans permet à l’Iran d’apparaître non plus comme une faction chiite minoritaire mais comme le défenseur par excellence de l’oumma [la communauté musulmane] au sens large contre ses ennemis.

[…] Pour la première fois dans l’Histoire, après l’Égypte puis la Jordanie, puis les quatre états signataires des accords d’Abraham, l’Arabie saoudite avait reçu officiellement deux ministres israéliens. En rétorsion, les Iraniens ont déclenché une opération préparée de très longue date. Ne reste plus à Téhéran qu’à attendre que le nombre de victimes civiles palestiniennes dépasse largement celui des Israéliens. L’Iran verra alors s’accomplir son objectif : apparaître comme le défenseur des Palestiniens écrasés par les sionistes. Il n’est pas anodin que les Iraniens aient pris l’initiative de contacter les Saoudiens. Pas anodin non plus que les États arabes, y compris ceux ayant pactisé avec Israël, soient obligés de faire des proclamations en soutien à la Palestine et aux lieux saints de l’Islam.

Gille Kepel. La Tribune dimanche. 15 octobre 2023

Il faut bien voir ce qu’est, au quotidien, la vie du soi-disant État palestinien de Cisjordanie : comment peut-on parler d’indépendance ? Les Français de la zone occupée de 1940 à 1944 devaient se sentir plus libres que les Palestiniens de Cisjordanie aujourd’hui.

Elle habite à plus de 80 km de Gaza, dans la ville de Ramallah en Cisjordanie, mais elle vit chaque heure qui passe avec les habitants de l’enclave bombardée. Nous avons tous perdu des êtres chers, explique Nour Odeh, analyste politique. L’atmosphère est très lourde à Ramallah, c’est un deuil permanant. Il y a un tel sentiment d’impuissance, d’autant plus que, depuis le 7 octobre, les Israéliens ont fermé aux Palestiniens les routes qui permettent d’entrer et de sortir de la ville. Nous sommes encore plus isolés qu’avant. Si la bande de Gaza est d’un seul tenant, la Cisjordanie est morcelée. Un archipel d’ilots palestiniens, reliés les uns aux autres par des routes contrôlées par les autorités israéliennes. Nous sommes dépendants de leur volonté de les ouvrir ou de les fermer, poursuit Nour Odeh. Cela donne l’impression d’être assiégé en permanence, car on n’a pas le contrôle de notre propre vie. Ce système s’immisce dans les moindres détails de notre quotidien. À l’épicerie, des produits peuvent manquer si la circulation a été fermée. Il faut planifier tous ses déplacements.

Cette fragmentation trouve son origine dans les accords d’Oslo, signés en 1993 entre Yasser Arafat, alors chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), et Yitzhak Rabin, Premier ministre travailliste israélien. Salués à l’époque comme une avancée majeure pour la paix, ces accords de reconnaissance mutuelle étaient un pari sur l’avenir. Celui de la confiance et d’une solution à deux États, avec l’instauration progressive d’une souveraineté palestinienne sur la Palestine, dans les frontières fixées après la guerre de 1967.

En signant, l’OLP accepte la division de la Cisjordanie en trois zones. La zone A, régie par l’Autorité palestinienne, regroupe les grandes villes. Dans la zone B, les autres localités et les villages sont sous l’autorité palestinienne pour les questions civiles et sous le contrôle d’Israël pour tout ce qui concerne la sécurité. La zone C, la plus grande, comprenant 60 % du territoire, est entièrement sous contrôle israélien. Composée de terres agricoles et de réserves naturelles, de colonies et de routes, cette zone devait passer sous contrôle palestinien. Mais les extrémistes des deux camps et l’expansion des colonies, entre autres, ont miné les accords.

Oslo ne mentionnait pas la fin de la colonisation, explique Xavier Guignard, spécialiste de la Palestine au centre Noria Research. L’arrêt de la colonisation n’a d’ailleurs jamais été le programme d’un quelconque parti en Israël, de gauche ou de droite, voire d’extrême droite aujourd’hui. Résultat, le nombre de colons et d’implantations juives a explosé. En 1993, 266 000 Israéliens habitaient dans les territoires palestiniens occupés, dont la moitié à Jérusalem-Est. Aujourd’hui, 685 000 colons vivent dans 145 implantations en Cisjordanie, au milieu des 3,3 millions de Palestiniens. En violation du droit international et des résolutions de l’ONU.

Pour faciliter la circulation des colons, des routes et des tunnels de contournement sont imposés aux Palestiniens, divisant leur territoire. Comment peut-on parler d’une solution à deux États aujourd’hui ? C’est une chimère, totalement déconnectée des réalités sur place, affirme Inès Abdel Razek, responsable du plaidoyer de l’Institut palestinien pour la diplomatie publique (PIPD), établi à Ramallah. Répéter le mantra de la solution à deux États sans prendre aucune action pour mettre fin à la colonisation, l’occupation et l’apartheid, a de fait toujours empêché qu’un État palestinien voie le jour. Tout est contrôlé par Israël : l’accès au foncier, à l’eau, l’électricité, les cartes d’identité…

Vert, c’est la couleur des cartes d’identité des Palestiniens de Cisjordanie, qui ne peuvent se déplacer comme ils le veulent. Bleu, celle des Palestiniens de Jérusalem-Est, annexé par Israël en 1980. Une couleur magique qui permet d’accéder à tout Israël et ouvre des droits à la sécurité sociale israélienne.

La carte d’identité d’Ubaï Aboudeh, directeur du Centre de développement et de recherche Bisan, à Ramallah, est verte. Celle de son épouse, Hind, bleue. Vivre en dehors de Jérusalem-Est ferait perdre à Hind sa carte de résidente de la Ville sainte. Mais Ubaï n’a pas le droit d’y aller.

Ils vivent donc à Kufr Aqab, dans la banlieue de Jérusalem-Est. Un quartier hybride, surpeuplé, administré par Israël, installé du côté palestinien du mur de séparation érigé par les Israéliens. Pour la naissance de ses trois garçons, Khaled, 9 ans, et les jumeaux de 7 ans Ghassan et Basel, Hind est allée accoucher à Jérusalem-Est afin de leur permettre d’obtenir le permis de résidence. Avec sa carte verte, Ubaï est resté de l’autre côté du mur.

Ces différentes cartes, ces zones de Cisjordanie empêchent les familles de vivre une vie normale, explique le père de famille de 39 ans. L’Autorité palestinienne était censée nous mener vers la paix et la liberté, elle a fait l’inverse. Il y a deux ans, Ubaï Aboudeh a été arrêté vingt-quatre heures pour avoir défilé contre cette autorité corrompue, dirigée par un président de 88 ans qui refuse la tenue d’élections. Perçue comme une espèce d’auxiliaire d’Israël, contrainte par les accords d’Oslo, elle est devenue illégitime pour une large majorité de Palestiniens. Ce qui a entraîné un vide politique laissant la place à des groupes de jeunes armés, organisés ou spontanés, qui font la loi dans le nord de la Cisjordanie, comme à Jénine.

Aux abords des implantations, ce sont souvent des colons qui font le coup de feu et expulsent des villageois de leurs maisons, grignotant du terrain. Profitant de la guerre à Gaza, les attaques de colons contre des Palestiniens ont d’ailleurs explosé depuis le 7 octobre. On atteint un niveau record de violence, souffle Nour Odeh, l’analyste politique de Ramallah. Pendant qu’elle parle au téléphone, elle regarde par sa fenêtre. De chez moi, je vois une colonie, raconte-t-elle. La seule façon de sortir de cet enfer est d’évacuer les implantations. L’occupation est le principal frein à la relance d’un processus politique.

Médiatisation de l’attaque du Hamas contre Israël : « Il y a une ...

Samedi 7 octobre, à 8 h 30,

Palestiniens vivant en Israël contraints à partir dans la bande de Gaza.

13 10 2023

À Arras, dans l’enceinte du lycée Gambetta Mohammed Mongouchkov, 20 ans originaire d’Ingouchie, une petite république russe voisine de la Tchéchénie, poignarde mortellement Dominique Bernard, 57 ans, enseignant. Quelques jours plus tôt, il écrivait : Oh Français, peuple de lâcheté et de mécréants. J’étais dans vos écoles des années et des années […]. Vous m’avez appris ce qu’est la démocratie et les droits de l’homme, et vous m’avez poussé vers l’enfer.

Mohammed Mongouchkov, avait 11 ans et vivait à Rennes, où son père Iakub venait de se voir notifié le refus de la France de lui accorder le statut de réfugié politique. Lui sera expulsé, mais lui seul, et il ira en Arménie. La famille était en France depuis 2008. La police des frontières avait débarqué au foyer le 18 février 2014 pour les expulser. Ils étaient déjà sur la tarmac de l’aéroport Saint Jacques de Rennes, quand arriva l’ordre de surseoir à l’expulsion : l’administration avait cédé au tintamarre des associations de défense des réfugiés.

Honte aux belles âmes des associations de défense des réfugiés, responsables de l’annulation de l’expulsion, dangereux naïfs, honte au donneur de l’ordre à suspendre l’expulsion, coupable de lâcheté pour avoir cédé à la pression de la rue ! Honte aux sénateurs chez lesquels s’enlise en 2023 le projet de loi sur l’immigration, grâce auquel Mohammed aurait pu être expulsé, s’il avait été voté. Oui, c’est vous les responsables de la mort de Dominique Bernard.

25 10 2023

L’ouragan Otis frappe la ville mexicaine de Acapulco, avec des pointes de vent à 260 km/h, sans que les prévisions météo aient pu annoncer quoi que ce soit.

2 11 2023

Sur l’ouest de la France, la tempête Ciaran envoie au tapis quantité d’arbres ; on dénombre 17 morts en Europe ; en France, 257 000 foyers sont privés d’électricité. Des vents à plus de 200 km/h !

7 11 2023

Si les promoteurs de l’Intelligence Artificielle voulaient nous  faire admirer leur merveilles, ils auraient du s’y prendre autrement, car dans ce cas, c’est plutôt la Connerie Naturelle qui a le dessus. Et le meilleur service actuellement que le pape François pourrait rendre à l’humanité serait de trainer ces connards devant les tribunaux italiens : les arguments qui plaident en sa faveur ne manquent pas.

le pape François habillé par Balenciaga.

Et, hors domaine exploré par l’IA, c’est toute l’Afrique de l’Est – Somalie, Soudan, Ethiopie – qui meurt de soif : cela commence par le bétail et bientôt ce seront les enfants. Il y a des endroits où il n’est pas tombé une seule goutte d’eau depuis quatre ans.

10 11 2023

Anne Hidalgo mixe déplacement professionnel, complètement loupé à Tahiti et vacances privées, et tout le microcosme politique parisien de s’enflammer, tempêter, pour quelque 60 000 € litigieux, mais six ans plus tôt, quand elle avait affrété un avion pour aller à Lima se faire confirmer l’attribution à Paris des JO 2024, emmenant avec elle 320 personnes, aux frais de la princesse, hôtel de luxe, champagne et tutti quanti… Pour le principal, personne n’avait moufté… étrange dérive des ressentis. Ce déplacement à Lima avait couté 1.5 millions € contre 60 000 € à Tahiti … comprenne qui pourra… un vrai bal des faux culs.

19 11 2023

Javier Milei est élu, et largement, président de la République d’Argentine.

Pourquoi un peuple, les Argentins, porte-t-il à la présidence du pays un homme, Javier Milei, qui promet de faire pire que tous ceux et celle [Cristina Kirchner, 2019-2023] qui l’ont précédé au pouvoir ? Pour y répondre, il faut faire un détour par l’histoire du pays qui, en près de quatre-vingts ans, a vu alterner le péronisme, les dictatures militaires et la social-démocratie, cumulant quarante ans pour le premier, vingt-quatre ans pour les secondes, quatorze ans pour la troisième.

Le péronisme est difficilement résumable. C’est une sorte de bonapartisme sud-américain, mélangeant promesse de justice sociale, protectionnisme économique, fierté nationale et incarnation du pouvoir dans la figure du chef. Gouvernant sur de longues périodes, il a structuré l’Etat-providence argentin en plaçant ses affidés dans les institutions, les syndicats, les collectivités territoriales. [La dette auprès du FMI a été soldée en 2006, mais reviendra par après. ndlr]

Au gré des tendances qui le composent – de l’extrême droite à l’extrême gauche –, il a gouverné en social-démocrate (Nestor Kirchner) ou en ultralibéral (Carlos Menem). Dans tous les cas, avec un clientélisme et un niveau de corruption qui font référence.

L’élection de Javier Milei, le 19 novembre, est l’expression massive (55,65 % des voix) d’un rejet du péronisme et de ses avatars néolibéraux, ayant plongé 40 % des 46 millions d’habitants dans la pauvreté et détruit les revenus avec 143 % d’inflation. L’analyse du vote montre que les 29,99 % de voix qui se sont portées sur lui au premier tour sont principalement celles des jeunes, qui n’ont pas connu la dictature et qui votaient pour la première fois. Ils ne s’émeuvent pas des propos révisionnistes de Javier Milei voulant, par exemple, supprimer la pension attribuée aux torturés, pour la donner à leurs tortionnaires à qui il rendra la liberté.

Depuis le retour à la démocratie en 1983, aucun gouvernement n’avait osé amoindrir la condamnation de la dictature. Lui veut stopper le travail de mémoire et de justice, et inverser les accusations, jusqu’à privatiser l’Ecole de mécanique de la marine, où, durant la dernière dictature, furent torturés et assassinés 5 000 prisonniers.

Il y a aussi la prime au machisme avec l’annonce de la suppression du ministère des femmes. Dans le pays le plus féministe d’Amérique du Sud ! Le pays qui fut le premier au monde à reconnaître le mariage homosexuel. Le pays où la lutte contre la dictature a d’abord été l’affaire des femmes, des mères et grands-mères de la place de Mai. Il faut aussi relever, au second tour, le soutien décisif de la droite néolibérale de l’ancien président Mauricio Macri, qui avait obtenu 23,81 % des voix au premier tour et sans qui Javier Milei serait resté limité au tiers des voix. Une partie des voix de la social-démocratie est également venue grossir le discours de haine et acter ainsi sa propre mort.

Le rejet du péronisme ne suffit pas à expliquer l’arrivée au pouvoir d’un homme sans autre projet que de détruire l’organisation politique de l’Etat. Jusqu’ici, en démocratie, l’élection a vu s’affronter des projets politiques comme autant de promesses de futurs. Projets contradictoires posant les termes du débat de société. Cette cartographie du monde politique est obsolète.

La libéralisation des échanges économiques et financiers, la poursuite effrénée de l’extractivisme, l’algorithmisation du monde entier ont périmé la vieille carte de lecture des États et des projets politiques pour structurer l’action publique, sans pour autant répondre à la question du futur dans le nouvel état du monde, sauf à pousser les camps traditionnels (gauche-droite) à offrir la même réponse – continuer avec les vieilles règles économiques –, ce qui est psychologiquement et politiquement déstabilisant.

Les peuples sont face à un chaos mondial sans réponse parce que ce chaos est illisible. Cela s’est manifesté avec Donald Trump et l’attaque du Capitole, avec Jair Bolsonaro et le sassage, à Brasilia, du palais présidentiel, de la Cour suprême et du Congrès. Ce qui est nouveau avec l’élection de Milei, c’est qu’elle représente les débordements de ce chaos, l’aveu de la non-lisibilité du monde. Tout aussi grave, Milei annonce que ce chaos est non réductible, non canalisable, et qu’il faut s’unir pour l’aggraver.

Il y a deux façons de réunir les gens : positivement sur un projet auquel on peut opposer un autre projet. Ou négativement en unissant sur la haine des autres. C’est le sens du glissement des mots d’ordre de campagne, du Que se vayan todos ! (qu’ils s’en aillent tous !  de 2001 au Que venga cualquiera ! (que vienne n’importe qui !) de 2023. Cela trahit un congédiement de la raison : quand on est pauvre, voter pour quelqu’un qui veut fermer les services publics, c’est voter pour être le premier à en pâtir. Voter pour exporter massivement la production agricole, c’est voter pour s’affamer. Voter pour la suppression de la banque centrale et le passage au dollar, c’est abandonner sa souveraineté.

Cette colère des urnes argentines ne parle pas de projet possible dans un monde chaotique. On est dans un processus de refus de prise en compte du réel pour le transformer. Une expression de l’impuissance à maîtriser une situation. Un vote sans autre espoir que de tout casser, ce n’est pas pour rien que le symbole de Milei est la tronçonneuse qu’il a brandie à longueur de campagne. Le vote pour Milei est un gigantesque lâcher-prise, un appétit de jouissance barbare. Dans La Psychologie de masse du fascisme, écrit entre 1930 et 1933, Wilhelm Reich souligne que le peuple n’a pas été trompé, à un moment donné il a désiré le fascisme. Une pulsion de mort collective.

Avec Javier Milei, le futur disparaît de la politique. Sa présidence proclame la fin de la promesse positive, la fin de la politique construite dans les contradictions plutôt que dans la guerre. Milei, c’est l’impossibilité de projets alternatifs, c’est la négation de la gauche horizontale, participative, écologique. Avec lui, le futur est réduit à une menace.

Dans la France cartésienne, il est difficile d’accepter des noyaux d’illisibilité dans la lecture du monde. Le en même temps des macronistes relève de cet aveuglement : l’incapacité à présenter un projet singulier en contradiction avec un autre. La façon coloniale de gérer le chaos, c’est ce en même temps, la façon du colonisé d’affronter le chaos, c’est fonçons, on va tous jouir du chaos. Pourtant, à l’image de la science qui intègre l’aléatoire dans ses raisonnements, la seule lecture rationnelle de l’illisible, c’est d’accepter un noyau d’illisibilité. Socialement, on a du mal à l’admettre, mais si on n’admet pas l’illisible, on augmente le chaos.

Miguel Benasayag, philosophe et psychanalyste franco-argentin, ancien résistant guévariste torturé par la junte militaire au pouvoir en Argentine dans les années 1970 ; Gilles Luneau, journaliste et essayiste. Le Monde du 21 12 2023

21 11 2023

L’arrivée, la nuit dernière à l’aéroport de Yaoundé, au Cameroun, de 331 200 doses du vaccin RTS,S, premier vaccin antipaludique recommandé par l’OMS, marque le début des livraisons vers les pays qui n’avaient pas participé au programme pilote de vaccination, a indiqué l’organisation basée à Genève dans un communiqué. Cette livraison représente une étape historique vers la vaccination à plus grande échelle contre l’une des maladies les plus meurtrières chez les enfants africains, ajoute-t-elle.

Causé par un parasite transmis par certains types de moustiques, le paludisme reste un redoutable fléau à cause notamment d’une résistance croissante aux traitements. En 2021, 247 millions de cas ont été recensés dans le monde et 619 000 patients en sont morts. Cette maladie frappe surtout le continent africain, qui comptait en 2021 quelque 95 % des cas dans le monde et 96 % des décès.

Selon Gavi, plusieurs pays en sont maintenant à l’étape finale de préparation pour l’introduction du vaccin antipaludique dans leurs programmes de vaccination de routine et les premières doses devraient être administrées au cours du premier trimestre 2024. Ce pourrait être un tournant décisif dans notre combat contre le paludisme, a commenté dans un communiqué la directrice générale de l’Unicef, Catherine Russell, comparant l’introduction du vaccin à l’entrée sur le terrain du meilleur joueur.

Le Burkina Faso, le Liberia, le Niger et la Sierra Leone devraient recevoir 1,7 million de doses du vaccin RTS,S dans les semaines qui viennent. D’autres pays africains devraient également en recevoir dans les mois à venir. Ces livraisons marquent la fin de la phase pilote de la vaccination antipaludique, coordonnée par l’Organisation mondiale de la santé et financée par Gavi, le Fonds mondial et Unitaid. Les doses ont été données par GSK, le fabricant du vaccin RTS,S.

Dans ce cadre, le Ghana, le Kenya et le Malawi ont pu administrer depuis 2019 le vaccin dans certains districts, selon un schéma à quatre doses qui débute vers l’âge de 5 mois. Plus de 2 millions d’enfants ont été vaccinés dans ces trois pays africains, entraînant une baisse spectaculaire de la mortalité, selon Gavi, ainsi qu’une réduction substantielle des formes graves du paludisme et des hospitalisations.
L’OMS a récemment recommandé un second vaccin pour les enfants contre le paludisme, le R21, fabriqué par le Serum Institute of India (SII). Il fait encore l’objet d’un autre examen par l’OMS en vue de sa préqualification afin que l’Unicef et Gavi puissent l’utiliser dans leurs programmes.

Le Monde avec AFP

23 11 2023

Secousse de magnitude 3.1 dans la région de Naples.

De nombreuses données géophysiques et volcanologiques indiquent la présence, entre 8 et 10 km de profondeur d’une chambre magmatique horizontale s’étendant sur des centaines de km², commune au Vésuve et aux champs Phlégréens. D’après les mesures chimico-minéralogiques, la chambre semble être déjà différenciée, riche en gaz et prête à entrer en éruption, sachant qu’aucune prévision n’est fiable à court et moyen terme.

Giuseppe Mastrolorenzo, Institut national de géophysique et de volcanologie de Rome. Sciences et avenir n°923. Janvier 2024.

En Méditerranée occidentale, la mer Tyrrhénienne est un bassin où se produisent un volcanisme actif et des tremblements de terre puissants, quoique peu fréquents. Les côtes environnantes sont vulnérables aux tsunamis, aux glissements de terrain sous-marins, aux éruptions volcaniques et aux effondrements de flancs. Le tremblement de terre catastrophique de Messine, en 1908 et le tsunami qui l’ont suivi ont fait au moins 60 000 victimes. Le sud de ce bassin abrite également le plus grand volcan sous-marin de la Méditerranée et plus grand édifice volcanique actif d’Europe : le mont Marsili [à l’ouest de Cozensa et au nord des îles éoliennes]. D’une hauteur de 3 500 mètres, il culmine à 779 mètres de la surface de l’eau. Sa crête sommitale est aujourd’hui affectée par une activité hydrothermale généralisée. Les ruptures de volume extrême ont le potentiel de créer des tsunamis désastreux. Les simulations montrent que les vagues de tsunami atteindraient les îles éoliennes en dix minutes et les côtes de Calabre et de Sicile en vingt minutes.

Sylvie Rouat Sciences et Avenir n°923 Janvier 2024

27 11 2023

L’Ofast – Office anti-stupéfiants donne les chiffres : la drogue engendre 21 000 emplois plein-temps, qui font vivre 240 000 personnes générant un Chiffre d’Affaires de 3 milliards €/an. Aux États-Unis, le fentanyl se vend 400 000 $ le kilo, la pastille 10$ – certains en prennent 10/jour ; il est le premier responsable des 130 000 morts/an d’overdose à New-York !

30 11 2023

Un glaçon de plus d’un milliard de tonnes, 4 000 km², soit la moitié de la Corse, jusque là échoué sur le fond de la mer de Wrangel depuis plusieurs années, voit son fonds fondre, ce qui lui permet de se remettre en route, et roule ma poule. Ça, c’est bon pour refroidir l’océan et donc, l’atmosphère… toujours ça de gagné.

10 12 2023

En se rendant à l’investiture à la présidence de la République d’Argentine de Javier Milei, déjà vieux rocker au visage miné par l’alcool,  ultralibéral, Volodymyr Zelinsky, président de l’Ukraine en guerre contre la Russie, dans une dépendance capitale de l’armement fourni par les États-Unis et l’Europe, commet l’irréparable faute de stratégie politique, en ne se rendant pas compte combien il aggrave ainsi la baisse de la volonté d’aide militaire des États-Unis et de l’Europe en faveur de l’Ukraine. Cela s’appelle scier la branche sur laquelle on est assis et Volodymyr Zelinsky, et l’Ukraine avec, bien sur, vont le payer très cher. Dommage, vraiment dommage.

15 12 2023

Les élèves de Sciences Po Paris ont sans doute la tête bien pleine, mais certainement pas bien faite : Mathias Vicherat, leur directeur est en cours de séparation de sa compagne et cela se passe plutôt mal, – un portable jeté au sol dans le Lutétia – diable ! – jusqu’à se rendre au commissariat de police, où ils passent une nuit en garde à vue, mais ne portent plainte, pas plus l’un que l’autre ; une enquête préliminaire est tout de même ouverte. plutôt que de laisser cette affaire là d’où elle n’aurait jamais du sortir – la sphère privée – les étudiants demandent son départ, au motif d’exemplarité. Mais quelle confusion mentale ! il n’y a même pas eu de plainte. MAIS DE QUOI J’ME MÊLE  ! Que vient donc faire l’exemplarité dans la vie de la société française ? Où cela est-il écrit ? En fait, cela porte un nom, c’est l’ordre moral, et cela est odieux, haïssable. Donc, en droit, on peut encore dire : ceci ne vous regarde pas, mais en fait dans notre société du XXI° siècle, c’est interdit ! Et c’est ahurissant ! Il jettera l’éponge en mars 2024, en démissionnant.

On est aujourd’hui à des années-lumière – même si ça ne fait que 30 ans – du temps où François Mitterrand répondait aux journalistes qui l’interrogeaient sur l’existence de sa fille Mazarine, en clouant ainsi le bec : oui, et alors ? On respectait encore, à peu près dirons-nous, la vie privée.

Quand on veut rendre les hommes bons et sages, libres, modérés, généreux, on est amené fatalement à vouloir les tuer tous. 

Anatole France,  Les opinions de M. Jérôme Coignart.

En rappelant comme il l’a fait la présomption d’innocence, Emmanuel Macron a rappelé un principe qui est bafoué tous les jours par ces émissions de télévision qui essaient de transformer les propos en preuves d’acte. parce que c’est cela que complément d’enquêtes [France 2, sur Gérard Depardieu en décembre 2023] a fait. Le vrai sujet, c’est de savoir s’il appartient au service public de concurrencer les télévisions poubelles sur ce type de reportage. Je suis très en colère, parce que je considère que cette surenchère n’est pas digne du service public. Et pas digne de ce que faisait Benoît Duquesne quand il était à la tête de Complément d’enquête. Il doit se retourner dans sa tombe. Ce que cette émission a voulu mettre dans la tête de nos concitoyens, c’est que Gérard Depardieu était un violeur parce que c’est un gros dégueulasse. Non ! C’est un gros cochon, assurément, mais ça ne fait pas de lui un violeur. On peut, comme il l’a fait, tenir des propos extrêmement choquants et ne pas être coupable de viol. Ce que l’on reproche pénalement à Gérard Depardieu, ce ne sont pas des mots, ce sont des actes et des actes terribles : des viols, rien de moins. Est-ce que les propos tenus sont la preuve que les accusations qui sont portées contre lui sont exactes ? Bien sûr que non ! Ce qui choque dans ce reportage, ce n’est pas ce qu’il a fait, c’est ce qu’il a dit. On a le droit d’être un gros cochon dans sa tête, au même titre que l’on a le droit d’avoir des pensées racistes : ce que l’on a pas le droit de faire, c’est de les exprimer. C’est une différence majeure. Si quelqu’un veut tapisser son intérieur de photos de Hitler et de croix gammées, il en a le droit. Mais il n’a pas le droit d’aller dans la rue en disant vive Hitler et de se promener en arborant une croix gammée. Dans l’ordre le la sexualité, c’est exactement pareil : on n’a pas le droit de passer à l’acte, mais on a le droit de tenir des propos hors de la sphère publique. Là, les propos ont été rendus publics mais ils n’étaient pas destinés à l’être. Leur finalité n’était pas d’être diffusés.

Comme téléspectateur, quand j’ai entendu ce que dit Gérard Depardieu dans ce reportage, j’ai été heurté. Mais attention, il ne faut pas être hypocrite, je ne connais pas un homme de cette génération, la mienne qui, croyant faire de l’humour, n’a pas tenu ce type de propos en petit comité ou en aparté. Je ne dis pas que c’est honorable, mais je dis que c’est ainsi. La question que l’on doit se poser : est-ce le rôle de la télévision que de montrer cela ? Je ne crois pas. Autant c’est une bonne chose que le monde ait changé, autant l’activisme d’une poignée de militantes et militants prétendument féministes qui font leur beurre sur ce genre de choses conduit la société à des excès dans le sens inverse. Il y a désormais une police de la pensée. Sans compter que ces mêmes activistes sont incapables de condamner les abominables violences sexuelles qui ont été perpétrées par le Hamas le 7 octobre. Pour révoltants et inacceptables que soient les propos tenus par Gérard Depardieu, sont-ils plus graves que les viols de masse commis par des terroristes sur des femmes et des jeunes filles ? Il y a dans ce renversement quelque chose de terrifiant. Ce monde devient fou. Dans l’affaire Depardieu, il faut laisser la justice rendre la justice. Ce n’est pas aux chaines de télévision, et à celles du service public moins que n’importe quelles autres, d’ajouter de l’huile sur le feu. La doxa de l’époque a mis Gérard Depardieu dans une forme de prison. Il ne peut plus aller où que ce soit sans risquer de se faire menacer par des bandes de sauvages. De ce point de vue, les activistes ont gagné.

Les gens comme moi, c’est à dire les mâles blancs de plus de 50 ans aujourd’hui, regardés comme des vieux cons, sont devenus inaudibles. Cela ne veut pas dire que nous avons tort. Ce monde fait peur. Et pas seulement à des hommes comme moi. À des femmes aussi.

Alain Jakubowicz, avocat, ancien président de la Licra. La Tribune dimanche 24 12 2023

Gérard, ferme ta gueule

Anny Duperey

En France, le monde du cinéma va se fracturer entre partisans et adversaires de Depardieu : chez les Contre, – ou presque- : Sandrine Bonnaire, Isabelle Carré, Sophie Marceau, Marlène Jobert, Anny Duperey, Lambert Wilson. Chez les pour, en prenant le mot cinéma dans son acception la plus large, le président Emmanuel Macron (qui aurait mieux fait de se taire plutôt que de manifester son soutien à Gérard Depardieu, parfaite illustration de la confusion entre l’homme et l’acteur, qu’engendre le en même temps et en même temps) accompagné d’une ex de l’acteur : Fanny Ardent, 56 acteurs un manifeste où l’on peut lire : Gérard Depardieu est probablement le plus grand des acteurs. Le dernier monstre sacré du cinéma. Nous ne pouvons plus rester muets face au lynchage qui s’abat sur lui, face au torrent de haine qui se déverse sur sa personne, sans nuance, dans l’amalgame le plus complet et au mépris d’une présomption d’innocence dont il aurait bénéficié, comme tout un chacun, s’il n’était pas le géant du cinéma qu’il est… […] Lorsqu’on s’en prend ainsi à Gérard Depardieu, c’est l’art qu’on attaque, sans réaliser l’énormité de l’ânerie que cela signifie, car quand l’on dit : c’est l’art que l’on attaque, on dit en fait que Gérard Depardieu est au-dessus de la loi. Or Gérard Depardieu n’est pas au-dessus de la loi. Les ne se prononce pas : Valérie Lemercier : la justice est saisie, laissons la faire et ne nous en occupons pas.

Le futur dira si la fracture est durable ou temporaire, le temps que l’affaire tienne les feux de la rampe.

Les 55 signataires : Benoît Poelvoorde (acteur), Nathalie Baye (actrice), Carole Bouquet (actrice, ex. de Depardieu, qui dira sa gêne d’avoir signé ce texte en apprenant la couleur politique de Yannis Ezziadi), Jacques Dutronc (chanteur et acteur), Charlotte Rampling (actrice), Nadine Trintignant (réalisatrice et écrivain, qui se rétractera quand elle saura qui est l’auteur de cette tribune), Yvan Attal (acteur et réalisateur), Jacques Weber (acteur), Bertrand Blier (réalisateur), Emmanuelle Seigner (actrice), Roberto Alagna (chanteur), Michel Fau (acteur et metteur en scène), Victoria Abril (actrice), Dominique Besnehard (acteur et producteur) Carla Bruni (chanteuse), Pierre Richard (acteur), Clémentine Célarié (actrice), Gérard Darmon (acteur), Rudy Ricciotti (architecte), Christophe Barratier (réalisateur), Arielle Dombasle (chanteuse), Francis Veber (réalisateur), Patrice Leconte (réalisateur), Brigitte Fossey (actrice), Boualem Sansal (écrivain), Charles Berling (acteur), Yannis Ezziadi (acteur et auteur, initiateur de cette tribune, proche de Sarh Knafo, compagne de Éric Zemmour) Philippe Caubère (acteur), Vincent Perez (acteur), Myriam Boyer (actrice), Antoine Duléry (acteur), Afida Turner (chanteuse), Paulo Branco (producteur), Jean-Marie Rouart, de l’Académie française (écrivain), Josée Dayan (réalisatrice), Joël Séria (réalisateur), Bernard Murat (metteur en scène), Serge Toubiana (critique de cinéma et ancien directeur de la Cinémathèque française), Catherine Millet (écrivain), Jacques Henric (écrivain), Stéphanie Murat (réalisatrice), Marie-France Brière (productrice et réalisatrice), Daniel Humair (musicien et peintre), Judith Magre (actrice), David Belugou (décorateur de théâtre), Marie Beltrami (styliste), Tanya Lopert (actrice), Jean-Claude Dreyfus (acteur), Chiara Muti (actrice), Jean-Marie Besset (auteur dramatique), Stéphan Druet (metteur en scène), Christine Boisson (actrice), Karine Silla-Perez (actrice et réalisatrice), Myriam Boisaubert (poète), Lilian Euzéby (artiste peintre), Marion Lahmer (actrice).

Tous ces gens plutôt intelligents se refusent donc à faire la distinction entre ce qui relève de l’application de la loi – le viol, qui est un crime – et ce qui relève tout bonnement de la vie en société, dans une démocratie où la liberté signifie quelque chose. L’humour graveleux, les blagues lourdingues qui avilissent la femme, la grossièreté, tout cela n’est pas du viol et n’est donc pas du ressort de la justice. Si je ne veux pas fréquenter les mafias corses, je ne fréquente pas le Bar de la Brise de Mer de Bastia, si je ne peux pas supporter l’ambiance des supporters de l’Olympique de Marseille, je ne vais pas voir jouer l’O.M. etc, etc… Et si je ne peux pas supporter l’humour gras de Gérard Depardieu, je ne vais pas sur les plateaux où il tourne : point barre, et c’est tout ; ou bien, ou bien… je vais au clash, et je dis à Gérard Depardieu : ferme ta gueule ! Et c’est ce qu’a fait Anny Duperey, il y a treize ans de cela, en 2010. Pour cela elle s’est faite descendre en flammes, mais treize ans plus tard, Gérard Depardieu a commencé à apprendre à fermer sa gueule. Le geste a tout de même autrement plus d’allure et de panache que les gémissements à Médiapart, dix ans après les faits, d’une dizaine de femmes qui n’osent même pas porter plainte. Et c’est ainsi que vivent nos démocraties, dans cet équilibre social qui se fait entre l’offre et la demande, sans intervention de la justice.

Cinq jours après la publication dans Le Figaro de cette tribune en soutien à l’acteur, six cents artistes signent une contre-tribune pour manifester [leur] désaccord avec cette idée. Le texte, publié par le collectif Cerveaux non disponibles  vendredi 29 décembre et relayé sur le Club de Mediapart, est paraphé notamment par la chanteuse Pomme, l’actrice Judith Chemla, Clotilde Hesme, la militante Rokhaya Diallo ou encore le rappeur Médine et entend briser la loi du silence et l’écho de l’impunité.

Lorsqu’on s’en prend à Depardieu, ce serait à l’art que l’on s’en prendrait ! […] Cette tribune et la défense de Macron sont autant de crachats à la figure des victimes de Gérard Depardieu mais aussi de toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles. C’est l’illustration sinistre et parfaite du monde d’avant qui refuse que les choses changent. […] Se présentant comme un grand admirateur de Gérard Depardieu, Emmanuel Macron avait estimé que l’acteur rend fière la France et avait dénoncé une chasse à l’homme.

Nous aussi, nous souhaitons que la justice fasse son travail. C’est même ce que les féministes réclament depuis toujours. Mais face à l’absence d’écoute et de prise au sérieux des victimes au sein des institutions policières et judiciaires, il est du devoir de chacune de refuser la banalisation de propos et d’actes tels que ceux de Gérard Depardieu. […] L’art n’a pas à être fait par des idoles hors de la réalité, l’art n’est pas du côté des caprices de star. L’art refuse de se soumettre à leur système. […] La production de l’art n’est pas une abstraction située en dehors des dynamiques sociales.

Interrogée par Télé 7 jours sur l’affaire Depardieu, la comédienne Anny Duperey a déclaré qu’elle préférait se tenir à l’écart de cette histoire. Et pour cause, elle en a fait l’amère expérience : Il y a 13 ans, excédée par ses excès en tous genres, à une époque où il était sacré et pas encore maudit, je m’étais fait taper sur les doigts pour avoir osé lui dire publiquement de « fermer sa gueule ». Le 23 septembre 2010, l’actrice invitée des Grandes Gueules sur RMC s’était montrée particulièrement virulente contre l’acteur. Elle avait dénoncé un homme qui se sent tout permis, croit être au-dessus de tout, et adore cracher dans la soupe. La comédienne avait ajouté : À partir d’un certain stade de notoriété ou d’ébriété, ça devient n’importe quoi. Ça a été un formidable acteur mais il faut qu’il ferme sa gueule. Anny Duperey n’avait pas mâché ses mots enfonçant même le clou en exprimant des réserves sur le travail d’acteur de Gérard Depardieu : Quand on joue au théâtre avec une oreillette parce qu’on n’a pas le courage d’apprendre son texte, ça m’emmerde avait-elle alors conclu. Selon la comédienne, ses propos lui avaient valu les foudres d’une large partie du monde du spectacle : On m’est tombé dessus à bras raccourcis. Je m’attaquais à un Dieu du cinéma ! Pourquoi avais-je tant de haine envers lui ? J’ai été harcelée. Pour que cela cesse, il a fallu que Bertrand Blier qui connait bien Gérard et sous la direction duquel je jouais la pièce Désolé pour la moquette prenne la parole dans une émission pour déclarer : Anny a simplement dit tout haut ce que tout le monde pense et notamment ses amis : Gérard ferme ta gueule ! C’est pourquoi la comédienne préfère aujourd’hui prendre ses distances et ne pas mêler sa voix à ceux qui, hier encore, adulaient l’acteur. Anny préfère plaider pour l’apaisement Gérard est hors-circuit mentalement, il a pété les plombs depuis un bout de temps d’ailleurs. Ce n’est pas une raison pour bannir tous ses films. Et si Bertrand Blier avait voulu être honnête jusqu’au bout, il aurait dit « Anny a simplement eu le courage de dire tout haut ce que tout le monde pense et notamment ses amis : Gérard ferme ta gueule ! » Un peu plus tard, elle se démarquera encore de tous ces nouveaux bien-pensants face aux accusations de Judith Godrèche envers Benoît Jacquot : Je vais encore me faire taper dessus, mais je pense que tout cela est extrêmement exagéré. Six ans avec un réalisateur, sous emprise je veux bien, mais quand même consentante, non ? […] Je ne sais pas trop quoi penser de ce truc-là, mais je n’aime pas trop les chasses aux sorcières tardives. Anny Duperey serait-elle sœur de  Claudia Cardinale dont Marcello Mastroianni disait qu’elle est la seule fille simple et saine dans ce milieu de névrosés et d’hypocrites ? et son éviction de la fonction de marraine de SOS Village d’enfants est révélatrice de la puissance de la lâcheté ambiante. Il y a aujourd’hui bien longtemps, François Truffaut remarquait déjà : Qu’est ce donc que ce monde où tout le monde s’embrasse en veux-tu, en voilà ? 

En restant dans le monde de la culture, mais en passant du cinéma à la littérature, on aura eu la naissance en Janvier 2024 d’une autre affaire avec la volonté de mise à l’index par quelques centaines de cultureux de Sylvain Tesson, choisi pour parrainer l’édition 2024 du Printemps des Poètes, événement crée  par Jack Lang qui déclarera qu’un tel crétinismela cervelle, si mince qu’elle ne laissait pas de place au doute – est une insulte à la poésie. Rachida Dati, nouvelle ministre de la Culture, aux côtés de Bruno Le Maire apporteront également leur soutien à Philippe Tesson.

En juin 1978, Alexandre Soljenitsyne disait à Harvard : le déclin du courage est peut-être ce qui frappe le plus un regard étranger dans l’Occident d’aujourd’hui. Et quand l’abbé Pierre dit : Je suis non-violent. Je n’aime pas la violence. Mais, entre la lâcheté et la violence, je choisis la violence, il dit la même chose que Soljenitsyne. Anny Duperey, Jack Lang ont du courage. Car c’est du courage qu’il faut pour contrer les grandes gueules, du courage et rien d’autre. Mais chez les femmes qui vont s’épancher à Médiapart, il est clair que le courage a fait défaut. Et c’est Albert Einstein qui dit encore : Le mal est assuré de son triomphe lorsque les hommes de bien ne font rien.

Nos pays ont vécu pendant des siècles avec cette insupportable domination du mâle dominant et aujourd’hui les femmes rejettent cela avec virulence et c’est très bien ainsi. Mais il faut faire attention à ce que le mouvement de balancier ne nous emmène pas dans la rigueur morale, comme à Hollywood, car si on estime inadmissibles ces ambiances et qu’elles doivent être prise en compte par les juges, on se dirige tout droit vers l’ordre moral, et pour le coup c’est bien cela qui est odieux, insupportable. Les Florentins avaient réglé l’affaire à leur manière, en brûlant Savonarole.

Que l’on laisse donc la justice faire son travail, – un procès pour viols – et pour le reste, tirons si l’on veut sur celui qui jette de l’huile sur le feu, en l’occurrence Tristan Waleckx, le présentateur de Complément d’enquête d’Antenne 2 pour avoir fait un travail de fouille-merde, de presse people alors que c’est un service public, mais ne traînons pas Depardieu devant une justice populaire pour des propos qui, aussi orduriers soient-ils, ne sont pas du ressort de la justice. Il lui faudra rendre compte de ses actes, mais laissons le tranquille avec ses mots. Et après tout, on est bien dans le pays de Rabelais, non ? Au nom de quoi voudriez-vous qu’il n’en reste rien ? Si l’on s’enferre dans l’erreur de condamner des propos tenus dans la sphère publique, c’est par dizaines de milliers voire centaines de milliers que l’on va envoyer les gens en prison, avec obligation d’en construire de toute urgence, et cela va commencer à ressembler diablement à la révolution culturelle mise en route par Mao Zedong ! Mais si, à l’issue de cette affaire, la gauloiserie disparaît purement et simplement de la tradition française, eh bien, on n’en fera pas un fromage, après tout elle n’est pas classée au Patrimoine mondial immatériel de l’UNESCO !

Sur le plan international, il est désespérant de constater que là encore se manifeste la règle qui veut que la société française suive la société américaine avec une trentaine d’années de retard, car ce qui arrive à Depardieu aujourd’hui en France, fin 2023, lui est déjà arrivé il y a plus de trente ans, à Hollywood, quand, en mars 1991 [voir au 25 03 1991] l’oscar du meilleur acteur dans le Cyrano de Jean-Paul Rappeneau lui est passé sous le nez pour y avoir étalé sa gauloiserie devant des parterres de mouvements féministes qui avaient exhumé pour l’heure l’interview où il dit avoir été partie prenante d’un viol collectif quand il avait neuf ans ! Se rendre coupable d’un viol à neuf ans, et puis quoi encore ! On marche sur la tête ! On mettra sur le compte de l’âge l’apparent oubli de cette affaire.

1 01 2024

Pôle Emploi cède la place à France Travail, ce qui va probablement donner lieu à un nouveau logo, qui coûtera probablement quelques centaines de milliers €.

Près de cent cinquante séismes dont le plus puissant est de 7.6, secouent le centre ouest du Japon, faisant plus de 200 morts, 102 disparus.

Carto Japon 2 janvier 2024 version corrigée

3 01 2024

L’Iran connait l’attentat le plus meurtrier de son histoire, au moins 84 morts. Il a eu lieu alors que Téhéran commémorait la mort de Ghassem Soleimani, le commandant des opérations extérieures des gardiens de la révolution (l’armée idéologique du pays), tué le 2 janvier 2020, à Bagdad, par une frappe de drone américain. À quelques minutes d’intervalle, deux bombes ont explosé dans la ville de Kerman, dans le sud du pays, à proximité de la mosquée Saheb Al-Zaman, où est enterré le général, alors qu’une foule importante se rendait sur sa tombe. Revendiqué pat l’État islamique.

Les gens du nord, vivant sur le territoire des wateringues, en ont ras-le-bol d’avoir de l’eau jusqu’à la taille : ils ont déjà subi cela en novembre 2023 et voilà que ça recommence. Aussi ingénieuses que fragiles, les wateringues sont surtout connues en Belgique et aux Pays-Bas. En France, ce système couvre le triangle Calais - Dunkerque - Saint-Omer, afin de protéger les quelque 450 000 habitants des crues des fleuves Aa et Liane. Car cette zone est un polder : une terre gagnée sur la mer et donc se situant en dessous du niveau des fortes marées.

Concrètement, il s’agit d’un réseau de 1 500 kilomètres de fossés et de canaux qui communiquent entre eux afin de réguler le niveau des eaux des terres basses, et si nécessaire, évacuer les excédents d’eau vers la mer. À marée basse, les écluses sont ouvertes afin de reverser ces surplus dans la mer du Nord – la gravité faisant ainsi son œuvre –, tandis qu’à marée haute elles sont fermées pour éviter l’inondation des terres. En cas de surplus d’eau dans les wateringues, les pompes entrent en action pour accélérer l’évacuation.

Le territoire des wateringues s’inscrit dans le triangle Saint-Omer-Calais-Dunkerque, 100 000 hectares et 450 000 habitants, qui est au-dessous du niveau de la mer à marée haute. C’est un polder, un territoire conquis sur la mer, avec, d’un côté, l’Aa et la Hem, et, de l’autre, le marais, qui recueille la pluie de toutes les collines de l’Artois.

Le système de gestion de l’eau est complexe : une multitude de fossés, de rigoles et de petits cours d’eau (les watergangs), près de 1 500 kilomètres, sont entretenus par les associations – obligatoires – de riverains (les sections de wateringues), souvent par des agriculteurs. Les watergangs sont plus ou moins curés, selon les sections. 

Au bout des watergangs se déroule une foule de canaux. Ceux qui sont navigables sont gérés par Voies navigables de France et enfin une centaine de stations de relevage, d’écluses et 33 ouvrages d’évacuation vers la mer du Nord sont à la charge d’un syndicat mixte, l’Institution intercommunale des wateringues (IIW).

En période normale, 85 % de l’eau des wateringues s’écoule doucement (la pente est faible) dans la mer, 15 % est pompé sur le littoral. Mais la période n’est pas normale. En vingt-cinq ans, je n’ai jamais connu ça, reconnaît Philippe Parent. Pour les crues de 1999, de 2009 et de 2021, on pompait 100 millions de mètres cubes, ça durait trois semaines. Cent millions de mètres cubes, c’est ce que l’on pompe dans une année normale. Là, à la fin de l’année, on était à 200 millions de mètres cubes, deux fois les épisodes les plus graves que l’on ait connus. 

Outre les incroyables précipitations, les coefficients de marée étaient faibles à la fin de 2023 – lorsqu’ils sont hauts, la mer se retire plus loin, il y a plus de temps pour déverser l’eau des wateringues -, et la surcote, c’est-à-dire le niveau de la mer, en raison de la pression atmosphérique due aux dépressions, est sensiblement plus haut que d’ordinaire. Il a fallu encore détourner sur la région une partie de l’eau de la Lys, qui court jusqu’à Anvers, en Belgique, de peur qu’une digue ne cède et noie Béthune et tout le bassin minier.

Le syndicat pompe comme un fou. Cent cinquante millions de mètres cubes entre le 1er et le 14 novembre 2023, autant qu’en trois mois, soit 57 422 piscines olympiques, a calculé l’IIW. Comble de malchance, aux 6 pompes du syndicat, qui évacuent sans problème d’ordinaire 25 mètres cubes par seconde du marais, l’une des deux énormes pompes du port de Dunkerque (10 mètres cubes par seconde chacune) est tombée en panne : ces pompes sont quasiment des exemplaires uniques, qui ont, au bas mot, un demi-siècle, la pièce de rechange devrait arriver des Etats-Unis dans six mois… On a fait venir en novembre 2023 des pompes des Pays-Bas, qui connaissent bien le problème. Elles sont reparties en décembre et revenues depuis, ainsi que des pompes tchèques. L’IIW évacue depuis 100 mètres cubes d’eau par seconde, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Les systèmes d’écluses ont cinquante ans, l’IIW passe son temps à les maintenir à flot, et le syndicat vient de surcroît de récupérer la charge de 140 kilomètres de canaux, qui ne sont pas entretenus depuis quarante ans…

En septembre 2023, un rapport de la Chambre régionale des comptes pointait la fragilité du dispositif hydraulique accentuée sous les effets du changement climatique et s’inquiétait de l’accroissement de la population (l’Insee projette plus de 500 000 habitants en 2050), de l’augmentation des surfaces urbanisées, de l’imperméabilisation des sols, du ruissellement et des volumes d’eau à évacuer.

[…]    À qui attribuer la responsabilité de ce défaut d’entretien ? Trois acteurs principaux se partagent la gestion des wateringues. A l’échelle la plus locale, ce sont les sections de wateringues, des petites zones découpées par des fossés, chargées de l’entretien des wateringues. Les grandes artères du réseau sont gérées par les Voies navigables de France, tandis que l’IIW a la mission de réaliser les grands ouvrages d’évacuation et assure leur exploitation et leur entretien.

Le Monde du 7 janvier 2024

11 01 2024

Rachida Dati, membre du Parti Les Républicains est nommée ministre de la Culture dans le gouvernement de Gabriel Attal, du Parti Renaissance. Elle est aussitôt exclue du Parti Les Républicains. Pendant des années, elle a tiré à boulets rouges sur le Parti La République En Marche, devenu Renaissance, et aujourd’hui, elle accepte un ministère dans leur gouvernement après avoir craché dans leur soupe ! Comment peut-on vouloir que des citoyens nourrissent une quelconque estime pour des gens pareils ! Rachida Dati n’est pas ministre de la Culture, – comment être ministre de la Parole, quand on ignore tout de ce que signifie avoir une parole -; langue de vipère, elle est la ministre des Commères : alors y m’a dit que, alors j’y ai dit que, alors y m’a dit que, alors j’y ai dit que… ad nauseam. Florilège :

  • Le rassemblement, ce n’est pas se mettre dans une petite salle, enlever son étiquette, dire je suis pour tout le monde et avec personne. Vous savez comment se finit la droite chewing-gum ? Collée sous la semelle des Marcheurs BFMTV, 29 mai 2019.
  • Nous n’avons pas la même vision qu’Emmanuel Macron sur la sécurité, l’écologie, l’économie. Une politique d’emploi pour les jeunes, ce n’est pas les emplois aidés des années 90 ou le service civique France info, 17 juillet 2020.
  • Tous ceux qui ont fait des alliances opportunistes avec La République En Marche (LREM, devenu En Marche) aux municipales ont perdu. À gauche comme à droite. L’alliance avec En Marche, c’est le baiser de la mort Ouest-France, 28 août 2020.
  • LREM représente à peine 2% des élus aux municipales dont la plupart issus de trahisons. À chaque échéance, LREM tente de nous braquer ou de grimper sur notre porte-bagage sans succès !  BFMTV, 17 mai 2021.
  • La République en Marche n’a pas d’ancrage territorial, c’est l’échec d’Emmanuel Macron. La gauche n’existe plus, dispersée façon puzzle, mais la droite n’a pas cédé dans ses valeurs. France 2, 20 juin 2021.
  • Le scrutin d’hier est l’échec patent de Macron et de son gouvernement, de leur absence d’idéologie, de convictions. La République en Marche c’est quoi ? Un parti de traîtres de gauche et de traîtres de droite, qui n’est rien sans Emmanuel Macron France Inter, 21 juin 2021.
  • En Marche à l’Assemblée nationale, ça va être des canards sans tête et les autres, des têtes brûlées. Et nous, on a la tête sur les épaules BFMTV, 21 juin 2022.
  • Avec ce gouvernement Macron, ce n’est plus la parole des femmes que l’on conforte, c’est leur silence ! X, 7 juin 2022.

El malheureusement, le cas Rachida Dati n’est pas exceptionnel, car voilà que Amélie Oudéa Castérat, jusqu’alors en charge du seul portefeuille de la Jeunesse et des Sports, reprend en plus celui de l’Éducation Nationale et que, lors de sa première déclaration à la Presse, aux côtés de Gabriel Attal, elle ne peut s’empêcher de mentir grossièrement en racontant que, si elle et son mari ont déplacé leur aîné de 4 ans de l’École Maternelle Littré au collège Stanislas, c’était pour ne plus avoir à subir des  paquets d’heures pas sérieusement remplacées quand en fait, c’était pour rapprocher leur enfant de leur domicile, rue Stanislas. Emmanuel Macron, lors de sa conférence de presse le 16 janvier, considérera l’incident comme clos et qualifiera maladresse ce qui était une calomnie. Oui, une calomnie, car quand on disqualifie ainsi un établissement scolaire en mettent à bas en quelques secondes la confiance difficilement acquise des parents par un simple mensonge, cela dit bien le mépris dans lequel cette nouvelle ministre de l’Éducation Nationale, tient les enseignants du public. Elle a été bien évidemment formatée dans le moule de l’ENA, même promotion que celle d’Emmanuel Macron [ceci explique cela]: Léopold Sédar Senghor. Et l’affaire, qui n’a rien d’anodin, révèle à quel point  il y a des blancs dans la formation de l’ENA, car comment cette femme, intelligente au demeurant – elle a eu des résultats bien tangibles à la Jeunesse et aux Sports a-t-elle pu penser un instant qu’elle pouvait grossièrement mentir aux enseignants, à la Presse sans que ceux-ci ne réagissent … comment a-t-elle pu les prendre à ce point pour des imbéciles ? C’est consternant d’aveuglement, d’entre soi…. et c’est le formatage de l’ENA !

19 01 2024

À Valladolid, Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, accuse Israël d’avoir créé et financé le mouvement islamiste palestinien Hamas, actuellement au pouvoir à Gaza et à l’origine de l’attaque meurtrière sans précédent du 7 octobre sur le sol israélien :

Nous pensons qu’une solution à deux États [israélien et palestinien] doit être imposée de l’extérieur pour ramener la paix. Même si, et j’insiste, Israël réaffirme son refus [de cette solution] et, pour l’empêcher, est allé jusqu’à créer lui-même le Hamas. Le Hamas a été financé par le gouvernement israélien pour tenter d’affaiblir l’Autorité palestinienne du Fatah. Mais si nous n’intervenons pas fermement, la spirale de la haine et de la violence se poursuivra de génération en génération, de funérailles en funérailles.

Le Hamas a été créé en décembre 1987, peu après le début de la première Intifada, soulèvement palestinien dans les territoires occupés, par un groupe de militants islamistes se réclamant des Frères musulmans, parmi lesquels l’influent cheikh Ahmed Yassine. Acronyme d’Harakat al-Muqawama al-islamiya (Mouvement de la résistance islamique), le Hamas a été fondé pour faire échec au Jihad islamique palestinien et rivaliser avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), mouvement principalement laïc mené alors par Yasser Arafat.

Vingt ans plus tard, en juin 2007, à la suite d’une guerre civile due à la rivalité entre le Hamas et le Fatah – mouvement au cœur de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, successeur de M. Arafat –, le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza.

Au cours des dernières années, la bande de Gaza, sous blocus israélien, a reçu une aide de plusieurs millions de dollars du Qatar, ce qui a valu des critiques à M. Nétanyahou, accusé par des détracteurs d’avoir favorisé le financement de ce mouvement, ce qu’il nie.

Il y a deux leçons à tirer de l’échec des accords d’Oslo de 1993, qui posaient les bases d’un Etat palestinien. La première est qu’il faut poser d’emblée l’impératif des deux Etats comme solution au conflit. La seconde est de ne pas compter uniquement sur les Israéliens et les Palestiniens pour s’entendre. Les conditions de la paix doivent être appliquées et garanties par l’ensemble de la communauté internationale.

Le Monde avec AFP le 20 01 2024

20 01 2024

Cyprien Sarrazin, 29 ans, se hisse à vitesse Grand V au sommet du ski alpin : en moins d’un mois, il gagne un Super G et trois descentes, et se place second d’une autre descente. Dans la seconde descente de Kitzbühel, il relègue Marco Odermatt, le grand champion du moment à 91/100° ! Il y a bien longtemps que le ski alpin français n’avait  été à pareille fête ! Jusqu’à la saison 2022/2023, beaucoup plus de galères que de bonheurs, des blessures et encore des blessures. Et puis, fin 2023 maturité aidante – on a vu des slalomeurs de grand talent à 18/20 ans, mais on n’a jamais vu cela en descente – et essai de coach psy, les blocages sautent et l’homme se libère : le déclic. La nouveauté n’est pas dans sa technique de ski qu’il n’a pas amélioré, mais dans sa tête, dans sa disposition psychologique qu’il a d’aborder une course et ça, c’est au travail de deux femmes coach qu’il le doit : Tu as le droit de gagner. Tu as le droit d’être à ta place. Send him victorious, happy and glorious.

Pour gagner, il faut d’abord s’imaginer gagnant.

Isabelle Autissier. Seule la mer s’en souviendra. Grasset 2009

Les précédents Français vainqueurs sur la Streif à Kitzbühel :

  • 1960 Adrien Duvillard, qui gagne aussi le slalom et donc le combiné.
  • 1961 Guy Périllat
  • 1967 Jean-Claude Killy
  • 1995 Luc Alphand [vainqueur de deux descentes]

Cyprien Sarrazin : de l'outsider à la victoire sensationnelle en descente - Conseils en ski alpin et en snowboard

22 01 2024

Narendra Modi, président de l’Inde, la plus grande démocratie du monde inaugure à Ayodhya dans l’Uttar Pradesh, en grandes pompes, le nouveau temple de Ram, une divinité hindoue au cœur de l’épopée du Ramayanah. L’événement veut signifier la volonté de domination des hindous sur l’Inde. Pas un mot sur les musulmans, pas un mot sur leur mosquée détruite en 1992 par les fanatiques hindous.

Ayodhya Ram temple: A new-age architectural marvel carved in stone

01 2024

Il y a de tout dans les start-up, la diversité y est reine. Ainsi de cette Artic-Ice, créée par Malik V. Rasmussen en 2022, qui découpe dans le fjord de Nuup Kangerlua des morceaux de glace, les expédie à Nuuk, la capitale du Groenland, où ils sont transférés dans un conteneur réfrigéré jusqu’au Danemark. La glace est ensuite chargée sur un navire jusqu’à Dubaï où elle remplira les chambres froides des palaces, puis finalement les verres à cocktails. À un mois de la toute récente COP 28 à Dubaï, ça illustre parfaitement la monstrueuse hypocrisie qui entoure tout cela. C’est la puissance du symbole qui pèse lourd, car l’ensemble des canons à neige pour avoir des pistes de ski praticables fait certainement beaucoup plus de dégâts.

1 02 2024

Face à la montée de la colère paysanne, Gabriel Attal, tout nouveau premier ministre, lâche du lest tant et plus et, dos au mur, se met dans les pas de Nicolas Sarkozy : l’écologie, ça commence à bien faire. Si à l’international, on dit que le patron de l’OMS, c’est Bill Gates, en France, on peut dire que le patron du ministère de l’Agriculture, c’est Arnaud Rousseau, président de la FNSEA – Fédération Nationale des Syndicats Agricoles –, et aussi patron d’un mastodonte de l’industrie agroalimentaire, le groupe Avril, géant français des huiles et protéines végétales. C’est un céréalier à la tête de 700 ha ! Il gagne au moins entre 120 000 et 130 000 €/an. La plus grande partie des 9 milliards € d’aide que la France reçoit va aux gros agriculteurs. Et le cas d’Arnaud Rousseau, n’est pas l’exception, mais bien la règle à la FNSEA : avant lui, Christina Lambert, présidente de 2017 à 2023, est à la tête d’un GAEC d’élevage de porcs, et avant elle Xavier Beulin, président de 2010 à 2017, patron du groupe Avril (oléagineux dont le biodiesel) , avec un CA de 7 milliards € etc etc.

Voilà des gens qui n’hésitent pas devant les pratiques mafieuses : les indemnités allouées par l’Europe aux agriculteurs qui veulent se reconvertir en bio, passent par le ministère de l’Agriculture…, qui se les garde bien au chaud sans les verser aux destinataires sur demande de la FNSEA qui ne veut pas entendre parler du bio !  

Il y a une très gros problème de représentativité syndicale au sein du monde paysan : La FNSEA est très largement majoritaire, avec un taux de syndicalisation beaucoup plus important que chez les salariés de l’industrie et des services, et composée majoritairement de paysans à la tête de grandes, voire très grandes exploitations, partisans d’un système productiviste, utilisateur d’intrants chimiques… tout pour le rendement… quand les paysans écolos – la Confédération Paysanne – pèsent très peu, même si en nombre ils sont plus nombreux, mais pour la plupart à la tête de moyennes, voire très souvent petites, exploitations ; dans ce conflit, elle sera d’ailleurs le seul syndicat agricole à demander la poursuite des manifestations.

Il faut supprimer les subventions et mettre les prix au niveau des coûts et non des cours mondiaux. Il est monstrueux, absurde, que dans un marché complètement désorganisé, une ferme située sur une bonne terre, bénéficiant d’un bon climat, ne puisse pas produire à un prix qui lui permette de vivre de ce qu’elle produit, qu’on soit en Europe ou aux États-Unis.

Edgar Pisani, au soir de sa vie, mort en 2016

Edgar Pisani, c’est quelqu’un qui a été ministre de l’Agriculture de de Gaulle pendant plus de 4 ans, de 1961 à 1966. Il sait donc de quoi il parle. Et on ne voit pas de raisonnement cohérent pour venir nous montrer qu’il est normal que l’agriculture soit subventionnée. Il faut faire bouger les lignes, certes, mais quelles lignes ? celles qui sont dans la tête du consommateur…  que l’on ne voit jamais manifester contre le prix de l’électricité, du gaz, contre le prix de son smartphone et de ses abonnements, contre le prix de sa voiture et du carburant qu’il doit y mettre pour qu’elle roule ; , mais, dès que l’on touche à l’alimentaire, ce sont aussitôt des cris d’orfrai… l’inflation et tout et tout. Tant que subsistera ce système de subventions, le ver sera dans le fruit. Il est capital que dans le budget des ménages, la part consacrée à l’alimentaire reprenne la place qu’elle avait autrefois et il n’y a rien de scandaleux à envisager que ce soit au détriment des portables, de la voiture et d’autres postes, beaucoup moins  vitaux.

En 1960, la part de l’alimentation dans le budget d’un ménage était de 35 % ; en 2011, elle a baisé jusqu’à 20 % !

6 02 2024

Un jury populaire du tribunal d’Oakland, dans le Michigan déclare coupable d’homicide involontaire Jennifer Crumbley, mère d’Ethan Crumbley qui, le 11 novembre 2021 – il avait alors quinze ans – avait tué avec une arme à feu quatre élèves, en avait blessé sept autres, dans son lycée d’Oxford, dans le Michigan. C’est son père qui avait acheté l’arme le 7 novembre 2021. Deux heures avant la tuerie, Jennifer avait été appelée au lycée pour voir les dessins réalisés quelques instants plus tôt : une arme, des balles, un corps blessé, saignant ; l’enfant avait été renvoyé en classe …avec son arme dans son sac ! Elle accompagnait son fils à des séances de tir ! Sa peine sera connue le 9 avril. Si jamais la peine est sévère et que le jugement fasse jurisprudence, ça remuer dans le Landerneau américain.

9 02 2024

C’est peut-être le dernier géant français qui tire sa révérence : Robert Badinter meurt à 95 ans. L’hommage sera unanime sur toute la gamme de l’échiquier politique de France. En 1994, Jacques Delors venait d’annoncer qu’il ne serait pas candidat à l’élection présidentielle ; Laurent Fabius va voir François Mitterrand et tous deux se disent que Robert Badinter ferait un très bon candidat ; l’intéressé réfléchit deux jours puis leur fait part de son refus : dommage dira Fabius, ça aurait eu de la gueule. Dans un monde où très, trop souvent, le dernier mot revient à la démagogie, c’est la droiture qui l’emportait chez lui, quitte à l’emmener dans de mémorables colères, lors desquelles il se mettait à ressembler à celui qui avait chassé les marchands du temple. Dans les années autour de l’abolition de la peine de mort, le couple avait mis un sac poubelle de 100 litres dans leur appartement pour y jeter les lettres d’insultes : ils avaient rempli le sac ! Pour ramener la vox populi à son juste poids, il faut se souvenir que, pendant quelques une des années 1980, il aura été l’homme le plus haï du pays : les policiers allaient jusqu’à se solidariser avec les manifestants qui réclamaient sa tête sous les fenêtres du ministère de la Justice, place Vendôme.

La France n’est pas la patrie des Droits de l’Homme, elle est la patrie de la Déclaration des Droits de l’Homme.

Robert Badinter

Robert Badinter a inauguré la nouvelle prison de la Santé à Paris

11 02 2024

Pan Zhanle, chinois de 19 ans, bat le record du monde du 100 mètres nage libre au relais 4 x 100 lors des championnats du monde de Doha en 46″ 80/100°. Qui s’en soucie ? Dans le milieu de l’athlétisme, c’est pourtant un exploit majeur.

Zhejiang Pan Zhanle breaks the Asian record in the men's 100m freestyle ...

16 02 2024

L’opposant russe Alexeï Navalny meurt à 47 ans dans sa prison de Kharp, en Iamalo – Nénetsie, dans l’extrême nord sibérien, au sud de la pointe nord-est de la Nouvelle Zemble ; il y était depuis décembre 2023 après avoir survécu à un empoisonnement au Novitchok le 20 août 2020 ; il s’était alors fait soigner en Allemagne et, à son retour volontaire en Russie, le 17 janvier 2021, avait été immédiatement arrêté ; il n’est pas imprudent d’attribuer cette mort directement à Vladimir Poutine ; en tous cas Joe Biden ne s’en privera pas, parlant de Poutine et de sa bande de voyous. Poutine n’en n’est pas à son premier assassinat … pas plus qu’à son dernier. La Russie est bien un État voyou.

17 04 2003 Sergueï Iouchenkov, 53 ans Député et président du parti Russie libérale, ex-allié de l’oligarque Boris Berezovski, abattu à l’entrée de son immeuble à Moscou. Il enquêtait sur la prise d’otages au théâtre de Moscou, en octobre 2002.
10 2006 Anna Politkovskaïa, 48 ans  Journaliste à Novaïa Gazeta a été abattue dans le hall de son immeuble à Moscou.
23 11 2006 Alexandre Litvinenko, 43 ans Ancien agent des services britanniques, mort à Londres. Trois semaines avant son décès, il avait été invité à boire un thé par des hommes d’affaires et d’anciens agents du KGB. Le breuvage contenait une substance hautement radioactive, le polonium 10. Exilé à Londres dès l’an 2000, Litvinenko était lié à l’oligarque Boris Berezovski, retrouvé mort chez lui en 2013
19 01 2009 Anastasia Babourova, 25 ans

Stanislas Markelov, 34 ans

Tués par balle en plein Moscou. Stanislas Markelov, avocat spécialisé dans la défense des victimes d’exactions en Tchetchénie. Anastasia Babourova, journaliste ukrainienne travaillant pour Novaïa Gazeta. Elle est la 4° journaliste de ce titre tuée depuis 2000.
07 2009 Natalia Estemirova Journaliste et membre de l’ONG Memorial, a été enlevée à son domicile de Grozny, en Tchetchénie, où elle travaillait sur des cas de violation des droits de l’homme. Son corps a été retrouvé quelques heures plus tard, criblé de balles. Elle dénonçait les exactions du pouvoir local et avait travaillé avec les journalistes Anna Politkovskaïa et l’avocat Stanislas Markelov.
11 2009 Sergueï Magnitski, 37 ans Avocat fiscaliste, arrêté après avoir été mouillé, selon la justice russe, dans une affaire de fraude fiscale. Proche de Vladimir Poutine pendant une dizaine d’années, il avait dénoncé les abus et la corruption de l’entourage du Président. Magnitski est mort dans une prison de Moscou faute de traitement médical pour sa maladie du pancréas. Son décès a déclenché une crise diplomatique entre la Russie et les États-Unis, qui avaient pris des sanctions contre 11 personnes russes responsables de graves violations des droits de l’homme.
03 2013 Boris Berezovski, 67 ans Ex-oligarque réfugié en Grande-Bretagne, retrouvé mort dans sa propriété d’Ascot, au sud-ouest de Londres. Probablement mort par pendaison. Ancien intime de Boris Eltsine devenu milliardaire, il était en lien avec le crime organisé et les oligarques. Proche de Poutine lors de son arrivée au pouvoir en 2000, il était ensuite tombé en disgrâce et était l’archétype des pilleurs de la Russie post-soviétique.
27 02 2015 Boris Nemtsov Ancien vice-premier ministre d’Eltsine. Tué de 4 balles dans le dos sur le pont Bolchoï Moskvoretski, face au Kremlin
2018 Sergueï Skripal Empoisonné au Novitchok à Londres
30 01 2022 Leonid Schulman, 60 ans Responsable des transports chez Gazprom. Retrouvé mort dans sa salle de bains, près de Saint Petersbourg.
25 02 2022 Alexander Tyulyakov Responsable des finances chez Gazprom. Pendu dans la même résidence que son collègue Schulman. Il a des trace de coups sur le corps.
28 02 2022 Mikhaïl Watford, 66 ans Oligarque russe d’origine ukrainienne, magant de l’énergie, découvert pendu dans le garage de sa maison dans le comté de Surrey.
23 03 2022 Vassili Melnikov, 41 ans Milliardaire. Poignardé avec toute sa famille.
18 04 2022 Vladislav Avayev, 51 ans Vice-président de Gazprombank. Mort un pistolet à la main, aux côtés de sa femme et de sa fille.
19 04 2022 Sergueï Protosenya, 55 ans Ancien directeur général du producteur de gaz Novatek. Pendu dans sa vila en Espagne, près de sa femme et de sa fille, poignardés et tuées à la hâche.
9 05 2022 Alexander Subbotine, 43 ans Cadre chez Loukoil, empoisonné au venin de crapaud
4 07 2022 Youri Voronov, 61 ans Patron d’une entreprise sous-traitante de Gazprom. Retrouvé dans sa piscine à Saint Pétersbourg, une balle dans la tête.
1 09 2022 Ravil Maganov, 68 ans PDG de la compagnie pétrolière et gazière Loukoil, décédé après avoir chuté du 6° étage de l’hôpital clinique central de Moscou. En mars 2022, Loukoil avait été l’une des très rares entreprises russes à appeler à l’arrêt de la guerre en Ukraine.
10 09 2022 Ivan Pechorine, 39 ans À la tête de la Ditection Générale de l’aéronautique pour la Corporation du développement de l’Extrême Orient et de l’Arctique. Tombe, ivre du pont d’un voilier dans les eaux du cap Ignatiev, la partie russe de la mer du Japon
21 09 2022 Anatoli Gerashchenko, 72 ans Ancien recteur de l’Institut de l’aviation de Moscou. Meurt sur le coup d’un chute dans son escalier.
undefined

La localité de Kharp, où se situe la colonie pénitentiaire n°3, surnommée Loup polaire

Empoisonnement de Navalny : le Kremlin ne voit « aucune raison » d ...

Martyred Alexei Navalny ‘was not afraid to ascend to Golgotha ...

La tradition orthodoxe célèbre les obsèques à cercueil ouvert. L’un a sacrifié sa vie pour sauver son pays, l’autre a sacrifié son pays pour sauver sa vie.

18 02 2024

Exceptionnelle moisson française au mondial de biathlon à Nove Mesto, en Tchéquie : 13 médailles dont 6 en or, pour la plupart féminines, ce qui met la France en tête au nombre de médailles. On n’avait jamais vu cela, habitués de tous temps aux rafles des scandinaves : Suède, Norvège et Finlande.

Elles (et ils) ont pour nom Julia Simon, Justine Braisaz-Bouchet, Lou Jeanmonnot, Sophie Chauveau, Quentin Fillon Maillet, Émilien Jacquelin, Eric Perrot, Fabien Claude.

22 03 2024

Quatre terroristes de Daech frappent le Crocus City Hall, une salle de concert de 6 500 places dans la banlieue de Moscou : 147 morts, plus de 100 blessés.

______________________________________________________________________________________

[1] Il faut tout de même bien dire ce qu’implique ce genre de décision, car, dans les huit premiers jours après la catastrophe, il y a urgence absolue à TOUT mettre en œuvre pour retrouver des vivants sous les décombres, et donc il est criminel – non assistance à personne en danger – de refuser une aide, d’où qu’elle vienne. Ce délai dépassé, c’est autre chose, et on est en droit de faire un choix parmi les sauveteurs. Ceci, c’est pour le cadre politique, car pour ce qui est de la réalité, on n’a pas entendu parler de rejet des associations françaises qui y sont allées sans autorisation et ont pu travailler comme elles l’entendaient. D’autre part, Emmanuel Macron a tenu à désamorcer l’affaire, mais sans dire le nombre de vies qu’une autorisation officielle aurait pu sauver dans les huit premiers jours.