25 mai 2020 au 10 novembre 2021. Mars : et le covoiturage ? Le Liban meurtri. Et vive le Tour. 25580
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Publié par (l.peltier) le 16 août 2008 En savoir plus

25 05 2020                               

En tuant par étouffement George Floyd, un Noir américain de 46 ans, la police de Minneapolis, aux États-Unis, met le feu au pays tout entier, qui se répandra aussi outre atlantique, ravivant en France les manifestations dénonçant la mort d’Adama Traoré, deux ans plus tôt. L’inculpation pour meurtre non prémédité de Derek Chauvin, même s’il a lui-même déjà fait l’objet de 17 plaintes dont 15 sont restées impunies, se terminera tout de même le 20 avril 2021 par un  guilty voté à l’unanimité des jurés, et, en juin 2021, Il écopera de 22.5 années de prison. Ce qui n’empêchera pas les partisans de George Floyd de tuer par la suite, pour se venger, une dizaine de policiers en leur tendant des embuscades.

Comparer police américaine et police française est une ineptie : Les polices américaines tuent plus d’un millier, de personnes par an pour 320 millions d’habitants. La police et le gendarmerie en France, une vingtaine environ. Proportionnellement, la police américaine tue treize fois plus que la police française. Le déterminant premier repose sur une question : est-ce que vous vous sentez en danger ou non ? Aux États-Unis circulent 300 millions d’armes à feu. Certains habitants en ont plusieurs dizaines. Le taux d’homicide est quatre fois supérieur au nôtre. Un policier américain pense que l’on peut attenter à sa vie à n’importe quel moment et la probabilité pour qu’il surréagisse et qu’il dégaine est beaucoup plus forte, même lors de contrôles routiers. La société américaine donne un mandat assez étendu pour mettre hors d’état de nuire les bad guys. D’où un système pénal extrêmement répressif, le taux d’incarcération est sept fois plus important que celui de la France. Les 18 000 services de police différents, locaux pour leur immense majorité, ont des règles propres : ceux où le suivi disciplinaire est très fort et ceux où l’on valorise les taux d’interpellation. Une jurisprudence de la Cour suprême encadre aussi les tirs létaux d’une façon beaucoup plus souple qu’en France. À Los Angeles, dans les années 1980, il était encore autorisé de tirer sur un fuyard.

Pierre Conesa. Vendre la Guerre. L’aube 2022

29 05 2020

Un réservoir de stockage de carburant de la centrale thermique n°3 de Norilsk-Taimyr Energy (appartenant à Nornickel) s’effondre et relâche dans les rivières proches 21 000 mètres cubes (17 500 tonnes) de diesel. En 2014, il avait été décidé de réparer les effets de la corrosion constatés sur les parois et le fond du réservoir, mais rien n’avait été fait. À la fin du printemps, le pergélisol s’étant ramolli, le réservoir s’effondra : le diesel va contaminer 350 km² : le coût total du nettoiement, à la charge de Nordnickel, est estimé à 1.5 milliard $, étalé entre cinq et dix ans.

Étendue du déversement vue par le satellite Sentinel-2

vue par le satellite Sentinel-2. Plein centre de la Sibérie, presque sur les rives de l’océan arctique. Kraï de Krasnoïarsk

30 05 2020                       

Depuis Cap Kennedy, Space X lance une fusée Falcon 9 avec en tête, une capsule Crew Dragon dans laquelle vont s’installer Robert Behnken, 49 ans et Douglas Hurley, 53 ans, pour séjourner dans la Station spatiale internationale. C’est la première fois qu’une agence d’État fait appel à un privé, – Space X est l’entreprise d’Elon Musk – pour un vol spatial.

https://cdn-apps.letelegramme.fr/files/dataspot/2020/05/SpaceX-Crew-dragon-ISS-2020-05-26.jpg

il n’est que de remplacer mercredi soir par samedi soir, etc …

3 06 2020                         

Abdelmalek Droukdel, émir d’AQMI ( Al-Quaïda au Maghreb islamique) est tué par les troupes françaises.

18 07 2020                 

Les sangliers n’en finissent pas de proliférer, et toutes les tendances concourent à accroître le phénomène : sur la France métropolitaine, il y a à peu près 1 million de chasseurs, dont le nombre diminue régulièrement. En 1973, ils avaient tué 36 000 sangliers, 747 367 en 2019, 820 000 en 2021, 800 000 en 2022. La population de sangliers se monte à 2.5 millions d’individus. Les interventions des chasseurs, par apport de nourriture, mais aussi le réchauffement climatique qui entraîne une augmentation de la production des glands, ne fait que renforcer un accroissement naturel déjà important. Les intérêts divergents des populations concernées – agriculteurs et chasseurs – n’aide pas à trouver une stratégie commune pour régler l’affaire.

En Italie, on les estime fin 2022 à 2.3 million soit un animal pour 36 habitants : la loi autorisera les Italiens à les chasser même en ville, comme dans les parcs naturels… et à les manger… Il se nourrissent plus facilement dans les poubelles que dans la nature…

D’abord, il y a eu l’exode rural. Dans les campagnes, la pression contre les sangliers s’est relâchée. Il y a désormais beaucoup de terres abandonnées, on n’a jamais eu autant de forêts en France. Il n’y a donc jamais eu autant de lieux qui assurent la quiétude pour les animaux. Et qui fournissent aussi la nourriture, avec les champignons, les glands, les châtaignes. Il y a un autre phénomène à prendre en compte, c’est le changement climatique. Cela favorise des hivers de moins en moins rigoureux et réduit la mortalité naturelle des sangleirs. Autre paramètre: depuis la fin du XIX° siècle, notre espace rural est purgé de tous les grands prédateurs : loups, lynx… qui étaient des prédateurs efficaces  contre les sangliers.

Dans les année 1970, du fait de la modernisation de l’activité agricole (disparition des haies, utilisation d’insecticides…), on a eu une réduction du petit gibier: lapins, lièvres, perdrix. Les chasseurs se sont dit : comment fait-on pour avoir du gibier à chasser ?

Là où le sanglier n’était plus présent, comme dans le sud de la France, les chasseurs, et même l’office de la chasse et de la faune sauvage, ont travaillé pour faire des élevages, lâchers de sanglier, les agrainer (nourrir)… Il y a eu tout un travail pour avoir un territoire giboyeux. Mais il ne faut pas faire d’anachronisme : à l’époque, on voulait davantage de sangliers parce qu’ils étaient rares.

Raphaël Mathevet, Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier. Interview de la Gazette de Montpellier n° 1804 du 12 au 18 01 2023.

Jacques Chirac, qui n’aimait pas les chasseurs s’adressa un jour à l’un d’eux : Je suis antichasseur. Mais je vous comprends, bien sûr : si un lièvre vous attaque, il faut que vous pussiez vous défendre ! 

Les sangliers, sûrement une fratrie, au bord d'une piscine au Grau d'Agde.

Le 15 juillet 2021, ils sont venus à 5  dans une piscine du Grau d’Agde. Midi-Libre du 17 juillet 2021. Et alors ! Si on ne peut plus se rafraîchir les idées ! Chez les sangliers comme chez les humains, il y a les classes supérieurs et les inférieures : en 2024 : c’est à un 4° étage d’un immeuble de La Paillade, à Montpellier qu’on en retrouvera un.

29 07 2020                 

Dans la foulée de la démission de Christophe Girard, adjoint à la culture à la mairie de Paris, connaissance de Gabriel Matzneff et du harcèlement subi par le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, Mazarine Pingeot [fille de François Mitterrand et d’Anne Pingeot] monte au créneau, et ce n’est pas pour crier un ènième slogan de plus, mais bien pour faire entendre raison à celles et ceux qui la perdent.

Ce mortel ennui qui me vient, devant la victoire d’extrémistes de la médiocrité au nom de l’éthique, discréditant les combats féministes : ceux qui luttent pour l’égalité des droits, l’égalité des chances, avec à l’horizon une véritable révolution anthropologique. Combats politiques et non moraux ! Aujourd’hui, les femmes sont assez puissantes pour mener ce combat politique, pourquoi s’en tiendraient-elles à occuper la seule place du ressentiment et de la vengeance, de la délation et de la vindicte ? Est-ce cela, la place naturelle de la femme ?

Ce mortel ennui qui me vient, devant une certaine jeunesse sans désir mais pleine de colère, ces jeunes femmes mieux loties que leurs mères et leurs grands-mères, qui ont mené la lutte pour elles, déblayé le terrain pour leur laisser en héritage de continuer le combat : les unes se sentent insultées quand un homme, de sa violence ancestrale, ose un compliment – et c’est comme une gifle en plein visage, certaines appellent ça un viol, au mépris de celles qui en ont vraiment été victimes ; les autres se déguisent en putes pour imiter les danseuses des clips de rap qui vantent l’argent facile et l’amour monnayable.

Elles ne se connaissent pas, elles cohabitent. Il y a les pauvres, celles qui pensent que cacher un bifton dans leur string est le comble de la classe ; il y a les riches, les pourvues socialement et culturellement, qui identifient tout acte évoquant leur corps sacré comme un viol – réveil la nuit, manifestation du désir, expression du vivant.

Ce mortel ennui, devant les générations à venir, qui en seront réduites à des relations tarifées ou contractuelles. Devant les enivrés de haine, qui ne considèrent pas l’intelligence comme un atout et ont décidé plus que de s’en passer, de la piétiner systématiquement.

Devant le règne de la bêtise, du mimétisme, de la libération des pulsions de haine, et, pire que tout, de l’exaltation narcissique de croire appartenir à la morale, s’en revendiquer, en être le bras armé. Mais qu’est-ce qu’une morale adossée à la haine ?

Ce mortel ennui devant ce qui était l’arme des révolutionnaires – l’indignation – devenue la monnaie courante de tous les frustrés de la terre, des médiocres, de ceux qui veulent exister mais n’ont d’autres moyens que de vomir des insultes, de confondre les plans, l’opinion, la justice, la rumeur, les faits, d’invoquer un nouvel ordre moral au lieu de faire de la politique.

Ce mortel ennui devant ces combattants des réseaux, qui prennent le risque suprême de descendre dans la rue masqués – le Covid-19 aura au moins fourbi les armes de la lâcheté – pour hurler des approximations et des contresens, avec le but avoué de détruire psychiquement et socialement des cibles qui sont toutes masculines, blanches et d’un certain âge, n’importe qui fera l’affaire. L’homme blanc occidental a exploité tant de monde, de cultures, et même la nature. L’homme blanc n’est pas un concept, puisqu’il est incarné par tous les hommes blancs, indistinctement. Le concept n’a plus lieu d’être, le symbolique est déchiré, anéanti, il n’y a plus de commun, pour ne pas dire d’universel, ce gros mot honni par les partisans identitaires.

Ce mortel ennui devant ces gens fiers d’eux, sûrs de leur bon droit, et qui crient. Crient pour tout, contre tout, enfonçant des portes ouvertes.

Devant les contempteurs de la domination masculine, blanche et occidentale, qui ont comme seul projet de renverser la domination, non pour un monde plus égal et construit sur un autre paradigme, mais bien pour substituer une domination à une autre.

Ce mortel ennui devant l’orgasmique onanisme d’une colère pseudoféministe, quand des femmes sont encore excisées, quand des femmes sont encore lapidées, quand des femmes sont exploitées, quand des femmes gagnent moins bien leur vie que les hommes, se battent sur tous les fronts… Il faut respecter les différences culturelles, diront les nouveaux révolutionnaires, et reconstruire des murs. On se régale d’avance à la perspective de la convergence des luttes qui, à ce compte, ne peut aboutir qu’à de nouvelles frontières. Ennui mortel devant l’inconséquence des nouveaux maccarthystes.

Et que deviendra l’art, dans tout ça ? Des livrets de vertu qu’on distribuera au seuil des nouvelles églises ? Des éditoriaux pleins de bons sentiments mâtinés de haine rance de vieilles filles ? Des imprécations béni-oui-oui de néoromantiques exaltés par les combats sur Facebook ? Des œuvres théâtrales où l’on dira le catéchisme, le mal contre le bien, dont on voit vite les incarnations ? Des tableaux respectant la parité, homme, femme, Noir, Blanc, vieux, jeunes, handicapés, dans des champs de blé bio et des plants de tomates en permaculture ?

Mortel ennui. Et où mettra-t-on donc les déviants ? Car ils risquent de devenir très nombreux. Si la police des mœurs s’exerce comme l’appellent de leurs vœux les nouveaux parangons de vertu. Reste l’autocensure, l’intériorisation de l’interdit. Un nouveau vocabulaire est à disposition, et, pour les écrivains, on pourra toujours fournir un dictionnaire officiel des mots acceptables. La morale a aussi son mot à dire sur la culture. Dieu merci, morale et culture sont des substantifs féminins…

Avant même de mourir du réchauffement climatique, nous risquons de mourir d’ennui. Car nous avons prévenu nos enfants qu’ils auraient à se battre pour sauvegarder la planète. Mais leur avons-nous glissé qu’ils auraient aussi à affronter le mortel ennui qui s’abat sous le drapeau brandi d’une morale de la haine ? L’idée même de combat politique risque d’y succomber.

Mazarine Pingeot, agrégée de philosophie, autrice. Elle a notamment écrit La Dictature de la transparence  (Robert Laffont, 2016) et Se taire (Julliard, 2019).

30 07 2020                                 

Émirats Arabes Unis, Chine, États-Unis : ils visent tous Mars ; et pourquoi donc n’ont-ils pas fait de covoiturage : 78 millions de kilomètres, 150 à 300 jours de voyage, cela en aurait fait des économies d’énergie ! tout le monde fait ça : on voyage ensemble en train, en avion, et à l’arrivée, chacun va à ses affaires…

La NASA doit initier jeudi la première étape d’une saga visant à ramener sur Terre des échantillons martiens Après l’orbiteur Hope des Émirats arabes unis le 20 juillet et le triptyque chinois Tianwen ­1 (orbiteur, atterrisseur, petit rover) le 23 juillet, l’américaine Mars 2020 est la dernière des trois missions de l’année à s’envoler à destination de la Planète rouge. Décollage prévu ce jeudi 30 juillet, depuis Cap Canaveral (Floride). [pour une arrivée le 18 février 2021, 21 h 30. ndlr.] Cependant, en termes d’intérêt scientifique, elle s’avère sans conteste la première, grâce à son passager nommé Perseverance.
Évolution du rover Curiosity, qui vadrouille sur Mars depuis 2012, cette astromobile de plus d’une tonne va poursuivre la tâche de son prédécesseur, à savoir mieux comprendre l’histoire de la planète, son climat et sa météorologie, résume Michel Viso, responsable de l’exobiologie au Centre national d’études spatiales (CNES). Mais Mars 2020 est plus qu’une simple continuation – à près de 2,5 milliards $ (2,1 milliards €) – de Curiosity. Elle constitue la première étape d’une ambitieuse saga spatiale, Mars Sample Return (MSR), le retour sur Terre d’échantillons prélevés dans le sol martien, avec pour but la recherche de traces d’une éventuelle vie passée. Le 18 février 2021, au terme d’un voyage de plus de six mois, Perseverance atterrira dans le cratère Jezero. D’une cinquantaine de kilomètres de diamètre, il a autrefois été occupé par un lac qu’alimentait le delta d’un fleuve. De l’eau, des alluvions, des argiles, des sulfates, des carbonates, d’excellentes conditions pour que la vie ait pu se développer… et pour que ses restes soient piégés dans les sédiments.
On se posera au pied du delta et l’on montera dessus, explique le responsable des programmes d’exploration du Système solaire au CNES, Francis Rocard, lequel inclut dans ce on tous les chercheurs et ingénieurs qui ont conçu et vont commander les six instruments qu’emporte Perseverance. Le prélèvement des échantillons est intimement lié à ce qu’observent les instruments, souligne Michel Viso. Une équipe de douze chercheurs qui se consacre uniquement aux échantillons discute au jour le jour avec les autres scientifiques pour déterminer ce que le rover va faire. C’est un vrai travail collectif, difficile, répétitif, fastidieux. Mais si on ne le fait pas, on ne trouvera pas la pépite. Il n’y a pas de place pour la chance dans ce genre de mission. C’est donc en observant les paysages et les cailloux, en analysant la composition chimique des roches, que l’équipe scientifique décidera de forer ou non pour prélever des petites carottes qui seront scellées dans des tubes. Perseverance en aura une quarantaine à sa disposition, mais seulement 31 reviendront sur Terre. Tout au long de son trajet, le rover déposera les tubes par petits paquets. La stratégie des crottes de bique, dit Michel Viso, qui aime à rappeler son passé de vétérinaire… Tout cela devrait prendre au minimum deux ans. En 2026, grâce à une collaboration entre la NASA et l’Agence spatiale européenne (ESA), débutera la deuxième étape de MSR. Deux missions décolleront coup sur coup. La première emportera un atterrisseur américain et une astromobile légère de construction européenne, le Fetch Rover (rover de collecte). Celui ­ci aura pour mission d’aller récupérer les 31 tubes sélectionnés par les chercheurs. Le premier défi sera donc de parvenir à le poser près des dépôts laissés par Perseverance, de réaliser en quelque sorte un rendez­-vous au sol inédit sur Mars. Pour obtenir cette précision à l’atterrissage, les Américains ont trouvé une solution qu’ils vont tester avec Mars 2020 : ouvrir les parachutes non plus quand la vitesse a suffisamment été réduite, mais quand la structure contenant le rover est sur le point de survoler la cible, quitte à solliciter fortement les parachutes. Une fois les échantillons collectés, le Fetch Rover retournera vers sa plate­forme, dans laquelle se trouve une petite fusée de près de 3 mètres, le Mars Ascent Vehicle (MAV). Il y placera les tubes à son sommet, dans un conteneur de la taille d’un ballon de basket que la fusée mettra ensuite en orbite autour de Mars. Là est le deuxième défi : redécoller. Jusqu’à présent, tous les objets qui ont atterri sur la Planète rouge y sont restés et rien n’en est jamais reparti. Plusieurs éléments le rendent particulièrement délicat à relever, selon Francis Rocard : Tout d’abord, le MAV est lancé sans aucune assistance au sol ! Il devra donc être très fiable et robuste en cas de défaillance partielle. Mais la difficulté principale est la température : sur Mars, il fait 0 °C le jour et – 100 °C la nuit. Il faut un carburant qui ne se dégrade pas face à cette amplitude thermique. Les Américains ont choisi un matériau, le SP7, un propergol solide à base de paraffine, qui est issu de la recherche militaire et devrait résister à – 100 °C pendant plusieurs mois. La seconde mission, lancée en 2026, interviendra quand ces échantillons seront sur orbite martienne : elle sera menée par un satellite américano-­européen censé capturer en plein vol le conteneur. Voici le troisième défi de MSR, car si des rendez­-vous en orbite ont déjà été effectués autour de la Terre ou de la Lune, cela n’a jamais été réalisé autour de Mars. Au départ, l’orbiteur se trouvera à 600 km d’altitude, soit 30 km au-­dessus des échantillons, détaille Francis Rocard. Il commencera sa chasse en descendant sur l’orbite du conteneur, se positionnera derrière lui et l’approchera. Tout cela sera piloté depuis la Terre. Mais la phase finale ne pourra l’être, car Mars se trouve à des dizaines de millions de kilomètres de nous : les ordres émis depuis notre planète ont beau voyager à la vitesse de la lumière, ils mettent plusieurs minutes à arriver là-­bas. Les cent derniers mètres et la capture seront donc gérés en mode automatique, avec une batterie de caméras placées sur  l’orbiteur, précise Francis Rocard. Laboratoire ultra-sécurisé. Une fois son précieux chargement à bord – sécurisé dans une sphère étanche, elle­-même rangée dans une capsule pour résister à la rentrée dans l’atmosphère terrestre –, l’orbiteur quittera la Planète rouge pour revenir vers la Planète bleue. Arrivé à proximité de la Terre, en 2031, il larguera la capsule, qui atterrira dans le désert de l’Utah avant d’être immédiatement transportée dans une infrastructure analogue aux laboratoires P4 où sont étudiés les pathogènes les plus dangereux. Même si les chercheurs estiment que, si la vie a éclos sur Mars, il y a très peu de chances qu’elle y existe encore, il est hors de question de prendre le moindre risque. L’idée de ce laboratoire est double, explique Michel Viso : protéger la biosphère terrestre de toute particule qui pourrait sortir des échantillons et, dans l’autre sens, éviter qu’ils ne soient exposés à une contamination d’origine terrestre. Ce laboratoire sera installé aux États-­Unis, mais les Européens aimeraient aussi en avoir un sur le Vieux Continent. À lire l’exposé des obstacles à franchir et des défis technologiques à relever, on en oublierait presque deux questions essentielles. La première, toute bête : pourquoi rapporter des échantillons sur Terre et ne pas chercher les traces de vie in situ ? Les laboratoires mobiles que sont les rovers ont des capacités importantes mais limitées, répond Michel Viso. Les moyens d’investigation à notre disposition sur Terre sont sans commune mesure. Certains dispositifs d’analyse nécessaires pour détecter les signatures du vivant tiennent dans des pièces de plusieurs dizaines de mètres carrés et il est impossible de les miniaturiser.  En rapportant quelques centaines de grammes d’échantillons, il sera aussi possible de les soumettre à des dizaines d’équipes dans le monde. C’est dans une quinzaine d’années que l’on devrait avoir une réponse à la seconde question : ces échantillons contiendront-­ils des traces incontestables d’une vie martienne ? Si l’on ne découvre rien, cela ne prouvera rien quant à l’existence ou non d’une vie passée sur Mars, car la science ne peut démontrer l’absence, dit Michel Viso. Mais si l’on trouve ces traces, cela signifiera que la vie terrestre n’est pas seule. Et, ultime révolution copernicienne, que l’apparition du vivant est probablement un phénomène banal.

Pierre Barthélémy. Le Monde du 30 07 2020

La mission américaine ne va pas seulement préparer le retour d’échantillons martiens. Avec l’instrument Moxie, elle vise encore plus loin : l’arrivée d’humains sur la Planète rouge. Développé par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et l’Institut Niels Bohr de l’université de Copenhague, ce démonstrateur de 17 kg embarqué à bord de Mars 2020 a pour objectif de fabriquer de l’oxygène à partir du dioxyde de carbone qui compose la quasi-totalité de l’atmosphère martienne. La réaction chimique est simple – deux molécules de CO2 sont brisées et donnent au bout du compte deux molécules de monoxyde de carbone (CO) et une de dioxygène (O2) –, mais elle consomme beaucoup d’énergie. Moxie profitera de la pile nucléaire qui alimente le rover, lorsque celui-ci sera inactif. Il fournira environ 10 grammes d’oxygène par heure. Dans une future base martienne, il faudrait un système cent fois plus gros pour faire respirer les humains et fabriquer l’oxygène liquide alimentant les fusées de retour.

Pierre Barthélémy. Le Monde du 30 07 2020

Atlas 5, la fusée porteuse, a été construite par United Launch Alliance (coentreprise de Boeing et de Lockheed. Elle est partie de Cap Canaveral. Le coût total de la mission est de 2.4 milliards $.

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Le rover Perseverance a pour mission de repérer et collecter des échantillons témoignant d'une vie passée sur Mars.

La SuperCam est perchée à deux mètres de hauteur, au-dessus du petit robot.

La SuperCam, perchée à deux mètres de hauteur, au-dessus du petit robot. • © NASA / JPL Caltech

 

1 08 2020                         

Les Suisses continuent à entretenir leur 1°place en progrès dans les technologies de pointe :

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En ce premier août, Fête nationale suisse, c’est l’occasion de vous présenter une petite Start-up qui répond au nom de Dufour Aerospace. Comme tant d’autres, cette société est lancée dans la conception d’un avion léger électrique. Mais la spécificité du Team Dufour est de concevoir un avion électrique de type VTOL (Vertical Take-off and Landing).

Inspiré du Canadair CL-84 :

Les ingénieurs de Dufour Aerospace se sont inspirés du Canadair CL-84 un prototype de VTOL qui a réalisé ses premiers vols dans les années 60, mais qui n’a jamais été commercialisé. Une fois que l’aéronef se trouve à son altitude de mise en croisière, l’aile reprend un plan horizontal pour se transformer en avion en bénéficiant de sa portance.

Pour la directrice technique de Dufour Aerospace, cette architecture avec une aile inclinable permet de conserver un bon rendement, puisque l’air s’écoule toujours de la même façon sur l’aile, ce qui permet de passer d’une configuration de vol à une autre de façon rapide et économique. Le démonstrateur télécommandé vient de réaliser sa première phase d’essais avec 550 vols. Ils ont permis de pousser l’aéronef dans ses retranchements et de vérifier, avec succès ce qui avait été modélisé par l’avionneur.

Inspiré par le travail de pionnier de Canadair il y a cinquante ans avec le CL-84, nos recherches ont montré que les aéronefs convertibles à voilure inclinable offrent un haut degré de sécurité et d’efficacité.

L’aEro

L’aEro VTOL biplace de Dufour Aerospace a été conçu en collaboration avec l’institut de recherche de l’ETH Zurich. Doté d’une envergure de 4,5 mètres, l’appareil est propulsé par une motorisation 100 % électrique. Le choix de ce type d’appareil parait étrange, lorsque l’on sait que les VTOL ont toujours eu du mal à trouver leur place dans le secteur civil en raison de la consommation excessive d’énergie nécessaire à l’élévation de l’appareil. Mais, dans le cas du démonstrateur, l’architecture du système de vol diffère de ce qu’il se fait actuellement. Plutôt que de faire pivoter les moteurs à la verticale pour décoller, l’appareil incline l’intégralité de son aile pour utiliser les quatre moteurs à hélice pour décoller ou se poser.

Felix Rubin, ingénieur principal pour l’aérodynamique, a déclaré : À plus grande échelle, les flux d’air de glissement au-dessus des ailes inclinables deviennent plus turbulents et plus difficiles à prévoir et il faut veiller à ce que l’avion reste stable pendant la transition. Avec cet avion sans pilote à grande échelle, nous avons maintenant pu démontrer que nous pouvons atteindre cette stabilité à des nombres de Reynolds élevés.

Jasmine Kent, directeur de la technologie, a déclaré : D’après nos simulations, nous nous attendions à ce que notre système exclusif de commande d’aile inclinable, développé au cours des deux dernières années en collaboration avec l’ETH Zurich, fonctionne bien. Mais il est encourageant de voir que ses performances et sa stabilité ont dépassé nos attentes.

Thomas Pfammatter, PDG, a déclaré : Je suis fier que l’équipe ait pu s’appuyer sur la technologie de propulsion électrique et les processus de test en vol que nous avons mis au point avec aEro 1. Nous avons maintenant une solide expérience avec les technologies des voilures fixes électriques habitées et eVTOL. En tant que pilote de sauvetage en hélicoptère, j’ai hâte de les réunir.

Performances de l’aEro VTOL :

Selon ses concepteurs l’aEro VTOL pourra par exemple permettre de décoller de l’aéroport de Zurich pour rejoindre Zermatt en 30 minutes à une vitesse moyenne de 350 km/h au lieu des plus de 3 heures qu’il faut aujourd’hui en train ou en voiture. L’aEro VTOL pourrait donc être une solution simple pour effectuer des trajets de 75 à 500km en utilisant les infrastructures existantes. La capacité VTOL est un avantage certain pour un usage en ville et pour atterrir et redécoller depuis une zone faiblement aménagée. Avec l’aEro VTOL l’équipe de Dufour Aerospace dispose d’une solution simple efficace et adaptée au système aéronautique actuel. Cette vision est réaliste à très court terme en comparaison des drones Taxis autonomes ou non actuellement en réflexions.

4 08 2020      18 h 10′                     

2 750 tonnes de nitrate d’ammonium, base de nombreux engrais azotés, déjà à l’origine, mais pour une quantité neuf fois moindre : 300 tonnes, de l’explosion d’AZF à Toulouse en septembre 2001, explosent dans le port de Beyrouth. Il y a 218 morts, 7 500 blessés, près de 300 000 sans abris. Déjà au bord de la faillite, le pays est plongé dans l’enfer, victime de la carence des responsables politiques aussi bien qu’économiques. Emmanuel Macron, seul chef d’Etat étranger à se préoccuper réellement de la situation, faute de vouloir manier le bâton, dispose d’une grosse carotte : en avril 2018, le FMI a accordé au Liban une enveloppe de 11 milliards de $, mais par crainte de voir détourné cet argent, s’est jusqu’alors abstenu de tout versement, et Macron se saisit de la carotte pour imposer le train de profondes réformes qui s’impose… Le gouvernement libanais se retrouve pris à la gorge… Dans un classement de gravité de situation économique et financière depuis 1850, la Banque Mondiale met le Liban au 3°rang ! 

Six ans plus tôt, le navire moldave Rhosus en provenance de Batoumi, port géorgien de la Mer Noire et à destination du Mozambique fait une escale technique à Beyrouth ; les réparations à entreprendre lui interdisant de reprendre la mer, il est abandonné par ses propriétaires et ses affréteurs ; on ordonne le transfert dans un entrepôt à quai des 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium qui représentent un danger pour l’équipage. Et depuis six ans, les choses en sont restées là. C’est probablement le chalumeau d’un ouvrier faisant une réparation sur un mur voisin – entrepôt de feux d’artifices … ça ne s’invente pas –  qui a mis le feu aux poudres : d’où deux explosions. Mais les expert passeront et viendront catégoriquement démentir cette première hypothèse : on ne fait pas exploser 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium avec un chalumeau… ça ne peut pas marcher. Pour ce faire il faut un détonateur. Donc, qui a mis le détonateur ? À qui le crime pourrait-il profiter ? Quelques mois plus tard un journaliste nous apprendra que les sociétés ayant passé commande du produit sont des sociétés écrans… écrans pour masquer la probable destination finale du produit : la Syrie de Hafez el Hassad.

https://www.courrierinternational.com/sites/ci_master/files/styles/image_original_1280/public/assets/images/beyrouth.jpg?itok=Ed5044y4

Étendue du déversement vue par le satellite Sentinel-2

Étendue du déversement vue par le satellite Sentinel-2

7 09 2020             

Maria Kolesnikova, musicienne biélorusse de 38 ans, l’une des principales opposantes au despote Alexandre Loukachenko, est enlevée en pleine rue, jetée dans une voiture banalisée et conduite à la frontière ukrainienne pour y être expulsée… mais sitôt arrivée à la frontière, elle saute de la voiture, et déchire son passeport : dès lors elle ne peut plus franchir aucune frontière. Elle a choisi d’aller en prison en son propre pays.

Le 17 janvier 2021, Alexeï Navalny, empoisonné par les nervis de Poutine, fera le même choix en quittant l’Allemagne où il aurait pu rester avec femme et enfants et en regagnant la Russie où il sera arrêté.

Navalny riposte avec une enquête sur le «palais de Poutine» | Le Devoir

Palais de Poutine à Gelendjik. Mais qu’il est laid, aussi laid que le Pentagone !

10 09 2020     

Serait-ce une amorce de révolution en Allemagne ? Révolution, parce qu’il n’est pas coutume de voir le patron d’un géant économique tenir un discours autre que celui du seul profit ; révolution encore parce que ce discours pourrait peut-être amorcer un tournant considérable dans les relations que l’Europe entretient avec le futur numéro un mondial : la Chine. Tenant à garder les yeux ouverts, l’Allemagne se laisse gagner par la méfiance envers la Chine.

Nous observons de près et avec inquiétude ce qui se passe en ce moment à Hongkong ainsi que dans la région du Xinjiang,  Nous condamnons catégoriquement toute forme d’oppression, de travail forcé et d’atteinte aux droits de l’homme.

Joe Kaeser, patron du géant allemand Siemens , dans l’hebdomadaire Die Zeit.

Venant du patron d’un groupe qui réalise un dixième de son chiffre d’affaires en Chine, pays où il est implanté depuis 1872 et où il compte aujourd’hui plus de 35 000 employés, une telle fermeté aurait été inimaginable il y a encore un an. L’Allemagne doit veiller à bien faire la balance entre ses valeurs morales et ses intérêts, avait déclaré M. Kaeser, le 8 septembre 2019, après trois jours passés en Chine dans la délégation d’Angela Merkel. Quand des emplois, en Allemagne, dépendent de la façon dont sont abordés des sujets délicats, il convient de ne pas renforcer l’indignation générale, avait-­il alors affirmé en référence à l’inquiétude suscitée, en Europe, par le durcissement de la politique de Pékin vis ­à­ vis de Hongkong. Concurrent systémique.  Le changement de ton assumé par le patron de Siemens en dit long sur l’évolution de la perception que l’Allemagne – notamment ses milieux économiques – se fait de la Chine. Jusqu’à très récemment, celle ­ci était essentiellement vue comme un partenaire indispensable à la croissance allemande. En 2018, les échanges commerciaux entre les deux pays s’élevaient à 200 milliards d’€, deux fois plus que dix ans auparavant. En 2017, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Allemagne, devant la France et les États ­Unis. Cette image a été fortement remise en cause dans un rapport publié, en janvier 2019, par la puissante Fédération des industriels allemands (BDI). Pour la première fois, la Chine y était définie comme un concurrent systémique, et non plus seulement comme un partenaire. S’alarmant des défis posés par le modèle interventionniste chinois en termes de distorsion de marché et de limitation de la concurrence, le BDI prenait note de la stratégie industrielle et d’innovation très ambitieuse poursuivie par le pays, qui vise la domination technologique à travers, notamment, la création de champions nationaux issus de fusions géantes d’entreprises. La conviction qui prévalait jusqu’alors, selon laquelle la Chine se libéraliserait politiquement au fur et à mesure que ses échanges commerciaux avec l’étranger s’intensifieraient, était elle aussi battue en brèche. Ce rapport du BDI, qui reflétait les inquiétudes de l’industrie, a contribué à une prise de conscience dans l’opinion publique, explique l’eurodéputé Vert allemand Reinhard Bütikofer, président de la délégation pour les relations avec la Chine au Parlement européen. Jusque-là, l’idée dominante était celle d’une complémentarité profitable à l’Allemagne : d’un côté, celle-ci achetait à la Chine des biens fabriqués à bas coût et, de l’autre, elle lui vendait des produits à forte valeur ajoutée. On s’est mis à comprendre que c’était de moins en moins vrai, autrement dit que la Chine n’était plus un simple atelier, mais qu’elle était devenue un sérieux concurrent. À cause des certitudes qu’il ébranlait autant que des inquiétudes qu’il exprimait, ce document a profondément marqué les esprits. Au départ, les milieux économiques étaient réticents à formuler des critiques [contre Pékin], de peur des représailles. Un an et demi après la publication de notre rapport, ils ont compris que c’est au contraire en disant ouvertement les choses qu’on est davantage respecté, affirme Patricia Schetelig, chargée des relations avec la Chine au sein du BDI. Sur le front politique aussi, le débat a évolué. Les récentes discussions sur le fait de savoir s’il faut autoriser ou non Huawei à participer au déploiement de la 5 G en Allemagne auraient été inimaginables il y a quelques années, explique Reinhard Bütikofer. Fin novembre 2019, le sujet avait enflammé le congrès de l’Union chrétienne­ démocrate (CDU), opposant les tenants d’une ligne souple, comme Mme Merkel, aux partisans d’une interdiction du géant chinois des télécommunications pour des questions de sécurité et de souveraineté, à l’instar du président de la commission des affaires étrangères du Bundestag, Norbert Röttgen. À l’époque, le Parti social­ démocrate (SPD) avait affiché une beaucoup plus grande unité dans sa volonté de faire barrage à Huawei. De notre côté, nous avons pris acte du fait que la Chine n’est plus seulement un partenaire ou un concurrent, mais qu’elle est désormais avant tout un rival systémique, comme l’a dit la Commission européenne [en mars 2019], explique Nils Schmid, porte­ parole pour les questions de politique étrangère au sein du groupe SPD du Bundestag. Cette problématique est au cœur du document de onze pages que les parlementaires SPD ont publié, le 30 juin, pour jeter les bases d’une politique sociale­ démocrate vis­ à ­vis de la Chine, à la fois souveraine, fondée sur des règles et transparente. C’est la première fois que le SPD a éprouvé le besoin d’élaborer une vraie stratégie vis­ à ­vis de la Chine, confie Nils Schmid, qui explique que deux causes profondes sont à l’origine de cette réflexion : les nouveaux défis auxquels est confrontée l’économie allemande et l’évolution de la politique américaine à l’égard de Pékin. Le débat très profond qui a lieu à Washington autour de la Chine depuis quelques années a des répercussions chez nous, poursuit le député. Face à la dégradation des rapports entre les États­ Unis et la Chine, nous devons plus que jamais affirmer nos positions. Nous, c’est à ­dire l’Allemagne avec l’Europe, car l’Allemagne a maintenant compris – là aussi, c’est nouveau – que c’est au niveau européen qu’il faut maintenant définir une politique à l’égard de la Chine. Pour le chercheur français Antoine Bondaz, spécialiste de l’Asie à la Fondation pour la recherche stratégique, les débats qui ont lieu ces temps­ ci à Berlin n’ont pas leur équivalent à Paris. Vu de France, on ne peut qu’être frappé par les discussions intenses que suscite la Chine au Bundestag et dans les partis politiques allemands. L’une des raisons, selon lui, tient au poids des centres de recherche. À l’instar de l’Institut Mercator sur la Chine (Merics), un think tank fondé en 2013 et où travaillent plus d’une vingtaine d’experts. À lui seul, le Merics compte plus de spécialistes de la Chine que les principaux think tanks français réunis, explique Antoine Bondaz, qui se dit frappé par le contraste entre l’intensité des discussions sur la Chine en Allemagne et leur quasi ­absence en France, où la Chine se heurte à une forme d’impensé. Jusqu’à présent, ce bouillonnement du débat sur la Chine en Allemagne ne s’est toutefois pas traduit par une redéfinition en profondeur de la politique de Berlin vis­ à ­vis de Pékin. Tant que Merkel sera là, le changement ne pourra être que limité, estime Nils Schmid, pour qui la chancelière allemande est prisonnière d’une vision démodée de la Chine, qui envisage celle ­ci avant tout sous le prisme du business. Une opinion que n’est pas loin de partager Reinhard Bütikofer. L’Allemagne manque encore d’une ligne claire sur la Chine. On ne peut pas dire, le lundi, qu’il s’agit d’un rival systémique, et agir, les autres jours, comme si c’était un partenaire comme les autres, déplore l’eurodéputé écologiste allemand. Dans un tel contexte, il n’est guère étonnant que le sommet vidéo prévu, lundi 14 septembre, entre le président chinois Xi Jinping, le président du Conseil européen, Charles Michel, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et Angela Merkel, dont le pays assure la présidence du Conseil de l’Union européenne, suscite peu d’attentes, notamment en raison des difficultés qu’a l’UE à finaliser avec la Chine un accord sur les investissements. Pour le reste, certains espèrent malgré tout que la fin du quatrième mandat de Mme Merkel, à défaut d’initiatives d’envergure, permettra de clarifier certaines positions allemandes, sur Huawei par exemple, mais aussi de mettre davantage de pression sur Pékin s’agissant des droits de l’homme, notamment vis­ à ­vis des Ouïgours, pour lesquels l’Allemagne souhaite qu’un observateur indépendant des Nations unies puisse visiter les camps d’internement où nombre d’entre eux sont détenus. 

cécile boutelet et thomas wieder. Le Monde du 14 09 2020

Et pendant ce temps là, les médias français restent scotchés, business as usual, aux élections américaines, en nous en rebattant les oreilles : Trump, toujours aussi fada, et Biden, bien effacé, pâlichon et pas vraiment jeune jeune. Il n’a pas d’idées, il n’a que des réactions. Il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Mais …

Y avait-il jamais eu dans l’Histoire, un pays qui ait à ce point pesé sur chaque parcelle de cette terre ? Une nation dotée d’une telle densité économique, qui ait influencé toute la vie de la planète, y imprimant sa marque, imposant sa musique, sa nourriture, ses distractions, son mode de vie, ses vices, ses valeurs, ses visions, ses armées, et ne laissant d’autre choix aux habitants de ce monde que cette vague impression de végéter dans l’ombre terne et alanguie des colonies ? 

Jean-Paul Dubois. Jusque-là tout allait bien en Amérique. Éditions de l’olivier 2002

17 09 2020                                   

Jean-Marc Jancovici est invité par lAtlanti Forward Thinking Series, à Genève, un think tank de la Suisse romande. Une intelligence très pointue qui se met au service de l’analyse de la réalité plutôt que de tordre le cou au réel pour le rendre compatible avec des idées préconçues. Un discours lumineux pour parler d’un futur au mieux très sombre, voire noir. Il est vrai qu’il part avec un avantage : il ne cherche pas à plaire, il n’est pas en campagne électorale : ça laisse une grande liberté. Implacable et glaçant. Il fera, avec Christophe Blain comme dessinateur une remarquable BD qui est une  histoire mondiale de l’économie : Le monde sans fin. Dargaud 2021. La plus grosse vente de livres de 2022.

Gaël Giraud, jésuite, une des grosses têtes de l’aide au développement. L’intervieweuse pour Blast, c’est Salomé Saqué, le 14 février 2021.

17 09 2020                     

Et si l’avenir en vert vous intéresse, Isabelle Saporta parle français, pas toujours celui des académiciens, mais au moins on comprend. Elle sait beaucoup de choses, ne manque pas de courage, et quand elle ne sait pas, elle le dit aussi… tout cela n’est pas commun ! Mais il y a des limites à tout, et il est urgent, vraiment urgent qu’elle prenne conscience, qu’en étant la compagne de Yannick Jadot, elle ne peut plus se contenter de déclarer, sans argumenter, qu’elle est contre le nucléaire, qu’elle ne peut pas répondre car elle n’a pas suffisamment étudié la question, qu’elle n’a pas d’avis sur les analyses de Jean-Marc Jancovici. Le choix vis à vis du nucléaire est l’option fondamentale pour quelqu’un qui se réclame de l’écologie, et si elle veut rester crédible, il va lui falloir se démarquer, et le plus vite sera le mieux, des options immatures, irréfléchies, irresponsables, non chiffrées, démagogiques, de son compagnon dont la plus importante mesure, en cas d’élection à l’Élysée, serait de mettre en route le démantèlement de toutes les centrales nucléaires françaises d’ici 2035 !

L’interview est du 17 septembre 2020. 

19 09 2020                               

Le Tour de France est arrivé jusque là, sans accident majeur avec un maillot jaune en la personne du Slovène Primoz Roglic, vainqueur très probable dans deux jours sur les Champ Élysées. L’étape est un contre la montre de 36.2 km entre Lure 290 m et La Planche des Belles filles 1 035 m. [Les filles n’étant qu’une déformation de l’ancien faye : hêtre, en nombre dans ces forêts vosgiennes]. Et voilà que Tadej Pogacar, lui aussi Slovène, mais de 21 ans, second au classement général, met le feu aux poudres et relègue à plus d’une minute les meilleurs rouleurs du monde, s’emparant du maillot jaune qu’il conservera une fois franchie l’arrivée aux Champs Élysées, le lendemain. Il faut remonter à 1904 pour trouver un vainqueur plus jeune, Henri Cornet, 20 ans, après disqualification des quatre premiers. Les équipes sont constitués autour d’un leader et ont le devoir d’emmener celui-ci au meilleur rang possible dans le classement général. On aura vu bien des leaders défaillir : Thibaut Pinot, Egan Bernal, etc … Donc, le jeu s’est ouvert… Tadej Pogacar a vu la sienne – UAE Team Emirates – se défaire rapidement  et c’est un homme seul qui a conquis le maillot jaune à la fin de la course. Quel exploit, à 21 ans … peut-être d’ailleurs parce qu’il n’a que 21 ans : un jeune récupère plus vite de la fatigue des jours précédents, et dans les 3 derniers kilomètres de la côte de la Planche des Belles filles, il a pu surclasser tous les autres parce qu’il avait mieux récupéré…

Et vive le Tour de France ! Événement majeur du sport mondial, il ne nécessite aucune infrastructure importante, aucun bâtiment conséquent, il  est par définition nomade et utilise l’existant : les routes, plutôt les petites que les grandes, dans une France rurale que l’on n’a que rarement l’occasion de voir jour après jour, faite de villages et de petites villes, de paysans et de néo ruraux, de beaucoup de forêts, avec quantité d’églises plus ou moins belles, de monastères et de châteaux, magnifiquement filmés et commentés par un excellent Frank Ferrand, toute une France où nos élites craignent de devenir neurasthéniques ; et le spectacle plaît, les foules sont au rendez-vous, trop souvent au-delà de la limite de l’exubérance et de la prudence mais bon ! Et que les pisse-vinaigre qui voudraient sa fin aillent au diable ! Les Français ont parfaitement de droit de s’enthousiasmer pour autre chose que l’Opéra, le théâtre ou la musique classique : le totalitarisme culturel est aussi insupportable que le totalitarisme politique.

Quels que soient l’ampleur et le retentissement des événements qui ébranlent le monde à longueur d’année, il faut avoir les oreilles singulièrement hérissées pour en tirer prétexte à vilipender le Tour de France, dont l’un des mérites est précisément de nous les faire oublier. Au demeurant, nous savons, avec les sociologues, qui sont des gens de recul, que l’histoire générale des peuples s’inscrit bien plus sûrement à travers leur style de vie et leur art d’aimer que sur les champs de bataille ou dans les traités de paix. La France, si harmonieusement distribuée entre des vocations méditatives et légères, est depuis toujours contenue dans sa propre chronique sentimentale. C’est l’une des vertus du Tour de la faufiler sous son double aspect rural et citadin, pathétique et triomphal. […]

Aujourd’hui, si le Tour de France continue de faire la belle part à l’épopée, il s’est considérablement domestiqué. Des provinces entières, sur le pas de leur porte, saluent avec admiration et amitié la réussite d’une entreprise qui provoque l’investissement sentimental et progressif d’un paysage par un état d’âme, dans une harmonie si rigoureuse qu’elle fait dire à un journaliste américain invité dans la caravane : Je ne connais qu’un chef-d’œuvre d’organisation qui puisse lui être comparé, c’est le débarquement en Afrique du Nord. 

Antoine Blondin. Sur le Tour de France. Édition La Table Ronde

25 09 2020                       

France Pélagique baptise à Concarneau le Scrombus (maquereau commun), un chalutier de 17.5 m de large, 81 m. de long (la flotte de pêche française est composée à plus de 85 % de bateaux de moins de 12 mètres). Il cible les espèces pélagiques de pleine mer dans les eaux communautaires, de l’ouest de l’Écosse au Golfe de Gascogne, ce que n’autorisent pas les licences des pêcheurs côtiers. Le bateau est à même de remplir ses trois cales d’un peu moins de 2 000 tonnes au total en une marée de deux à trois semaines. D’autres cales accueillent le poisson traité qui peuvent contenir 80 000 cartons de 2 kilos de poisson congelé à – 50°, calibré, emballé, étiqueté. L’équipage est d’une trentaine d’hommes. Cette pêche, après avoir été débarquée à Ijmuiden en Hollande ira approvisionner les marchés africains. France pélagique est une filiale de Cornelis Vrolijk, un groupe familial néerlandais. Monstrueux.

Finistère : présentation du Scombrus, nouveau chalutier géant

Et  celui-là, opérationnel en février 2024, l’Annelies Ilena, 145 mètres de long pour 24 mètres de large, loué 15 millions € par la Compagnie des pêches de Saint-Malo à Parlevliet & Van der Plas, un armateur hollandais, battant pavillon polonais. C’est un navire-usine, capable de capturer 400 tonnes kg de poisson toutes les 24 heures, avec une capacité de stockage de 7 000 tonnes. On transforme directement à bord le merlan bleu en surimi.

Annelies Ilena KW174 - Fishing Vessels - Gallery - TrawlerPictures.net

2 10 2020                         

Un coronavirus ose s’attaquer à Donald Trump : c’est dangereux, ça,  pour un coronavirus… qui des deux sera le plus toxique ? les paris sont ouverts. Pendant ce temps-là, la Chine s’offre pour le 70° anniversaire de la création de la Chine Populaire un pied de nez au monde entier : huit jours de congé à tous les Chinois et, circulez, personne hors des frontières mais, en Chine, y’ a tout à voir. Ne craignez plus le coronavirus, nous l’avons terrassé. Ah, mais ! Mais existe-t-il un seul pays occidental qui aurait pu supporter un confinement à la Chinoise : on ne sort pas de chez soi…. les repas vous sont livrés à domicile ?

10 10 2020                               

Elle n’a même pas vingt ans, et elle remporte le tournoi de Roland Garros en simple dames. Tout au long du tournoi, Iga Swiatek, polonaise, n’a concédé aucun set à ses adversaires ! On dirait qu’elle ne fait pas de musculation, elle doit peser moins de 70 kg, mais quelle énergie ! quelle précision !  Elle n’a pas fini de faire parler d’elle. Dans les mois suivants, elle enchaînera 37 victoires d’affilée, n° 1 mondiale ; la série gagnante ne sera interrompue qu’en juillet 2022 à Wimbledon par une Alizé Cornet en très grande forme. 

WTA w Lugano: Iga Świątek z awansem do ćwierćfinału! | Polski sport.pl

elle est jolie, elle a vingt ans, ses yeux sont remplis de lumière, pour l’oublier, y’a rien à faire, disait la chanson

16 10 2020         

Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, est décapité à sa sortie du collège Bois d’Aulne de Conflans Sainte Honorine par Abdouallakh Abouyezidovitch Anzorov, un musulman tchéchène de 18 ans, habitant Éreux, immigré depuis l’âge de 6 ans. L’horreur, l’impensable… Mais, sans vouloir ajouter au déluge de déclarations, de condamnations les plus fermes, à la compassion pour la famille de Samuel Paty, il est souhaitable d’essayer d’y voir clair et de se demander quel est le rôle d’un enseignant, quels sont les matériaux qu’il doit utiliser pour que ses élèves soient dotés un peu plus chaque jour d’esprit critique, pour que l’émotionnel, au moins en classe, cède le pas au rationnel. Au moins en classe, puisqu’en dehors du monde de l’enseignement, l’émotionnel a de plus en plus la priorité sur le rationnel, et exerce de plus en plus son diktat. Et l’on est en droit de se demander s’il faut considérer comme logique, normal l’utilisation des caricatures de Mahomet de Charlie Hebdo dans une salle de classe d’enfants d’un âge moyen de 14 ans ? Est-ce un outil pédagogique ?

Car, il faut bien appeler un chat un chat, c’est comme si l’on considérait que l’éducation sexuelle peut ou même doit se faire avec des films porno. Et comment en est-on arrivé là ? Comment cette indiscutable liberté d’expression est-elle parvenue à devenir une vache sacrée indéboulonnable dont la place ne saurait être remise en question ? Il ne s’agit pas de la rejeter mais de faire bouger les lignes entre les différentes valeurs qui fondent une démocratie. Si l’on dit que cette liberté d’expression doit être la valeur la plus précieuse de notre système politique, alors, d’accord, on utilise les caricatures de Mahomet. Mais, si on adopte une autre focale en disant que la première valeur d’un système politique c’est la vie, on adopte de ce fait d’autres valeurs qui viennent limiter le champ de la liberté d’expression, et le respect de la vie implique le respect des différences. Et dès lors que l’on accepte que vivent sur notre territoire des musulmans, on se doit de témoigner du respect pour la religion qu’ils pratiquent. Et les caricatures de Mahomet ne font preuve d’aucun respect pour l’islam, et c’est une tartuferie sans nom que de prétendre le contraire. Et si on ne veut pas faire preuve de ce respect pour l’islam, eh bien, on refuse l’accès au territoire français aux musulmans. Et ça, c’est le love it ou leave it de Ronald Reagan. Mais qui, parmi les voix audibles, soutiendra cela : Justin Trudeau au Canada, Ségolène Royal en France… ça fait tout de même peu de monde.

Il n’est pas inutile de rappeler que dans le monde des déportés politiques de la 2° guerre mondiale, comme dans celui des survivants de la Shoah, la plus grande souffrance, celle qui reste à jamais inoubliable, c’est l’humiliation permanente, l’inexistence totale de tout respect pour la personne humaine de la part de leur bourreaux nazis. Il est bien des témoignages de déportés, juifs ou non-juifs, qui se contredisent – faiblesses de la mémoire – mais ce n’est jamais sur cette question de l’humiliation : là-dessus, il n’y a jamais le moindre désaccord, les témoignages sont tous unanimes. La plus grande souffrance… est d’ordre moral. Foulez donc au pied ce qui me tient le plus à cœur, et c’est ainsi que vous me ferez le plus souffrir, puisque ce sera le signe que je ne vous inspire aucun respect.

Il faut bien être suffisamment lucide pour voir comment on en est arrivé là : c’est tout simplement le lobby des médias qui nous a imposé le caractère absolu, non négociable de cette liberté d’expression, avec un matraquage médiatique de tous les instants. Monopole de fait que le gouvernement a eu la lâcheté d’adopter sans jamais chercher à corriger ce hold-up médiatique. Il faut aussi noter que c’est un produit interdit d’exportation : quel journaliste oserait se risquer en pays musulman avec, dans ses bagages l’intégralité des caricatures de Mahomet ? Il sait bien qu’il serait emprisonné si ce n’est lynché rapidement ! On brandit cette liberté d’expression comme les missionnaires de la fin du XIX°, début XX° siècle, brandissaient l’évangile et enlevaient les enfants dans les villages d’Afrique pour les christianiser. Ce n’est rien d’autre que du colonialisme de pays développé à l’égard d’autre pays qui ont fait d’autres choix. Cela a commencé dans les années 70 quand le corpus décisionnaire inspiré de l’intérêt général a commencé à se dissoudre dans le marketing ; le plus évident exemple en est l’histoire du TGV, qui a vidé les caisses de la SNCF au point d’abandonner l’entretien du réseau secondaire, qui a induit la création d’entités économiques aberrantes, une véritable escroquerie comptable,  comme RFF – Réseau Ferré de France – pour pouvoir déclarer que, depuis la mise en service du TGV, la SNCF avait renoué avec les bénéfices, alors que RFF n’est que la partie investissement de la SNCF, très largement subventionné par l’État : donc, on sort les dépenses de la gestion de la SNCF et Cqfd : on a une entreprise qui fait du bénéfice… eh beh voyons ! Il est essentiel que le TGV soit bénéficiaire, donc tout ce qui manquera à l’équilibre budgétaire de RFF sera versé par l’État, et le tour est joué ! Cette solubilité de l’intérêt général dans le marketing a provoqué un vide, dans lequel s’est engouffré la défense de la liberté d’expression de la part de tous les membres du ministère de la parole : les médias.

Le respect de l’autre est complètement étouffé dans cette affaire. Samuel Paty invitait les élèves qui le souhaitaient à détourner les yeux quand il passait ces images, mais là n’est pas le problème. Le problème, c’est qu’il considérait comme normal de donner à voir à des adolescents des images qui ne faisaient preuve d’aucun respect pour qui que ce soit, bien au contraire. Quand en politique, on refuse que les équilibres soient essentiels, on laisse s’installer le totalitarisme, – car le diktat de la liberté d’expression en est un – (diktat qui est celui des médias, pas de l’État) et l’on court au devant du drame.

Samuel Paty lors d'un cours au collège.

29 10 2020                       

Brahim A. tunisien de 21 ans, tout récemment arrivé en France via Lampedusa, puis Bari, tue à l’intérieur de la basilique Notre Dame de l’Assomption, à Nice, au couteau trois personnes – une femme de 60 ans dont l’identité n’a pas été révélée, Vincent Loquès, sacristain qui aurait eu 55 ans le lendemain, Simone Baretto Silva, aide-soignante brésilienne de 44 ans, qui mourra dans un café voisin où elle s’était réfugiée.  Comment se débarrasser de cette engeance, de cette malédiction ? Il faudra bien un jour ou l’autre que l’on se saisisse de tous les suspects ayant tout ou partie liée avec cette alliance du meurtre et de l’islam, et les services publiques concernés ont déjà des listes, pour les mettre dans des charters à destination de Tripoli, Alger, Damas, Bagdad et que sais-je encore, en sachant bien qu’ainsi on ne fera que limiter les risques mais qu’on ne pourra rien contre des gens comme ce tout récent immigré qui a frappé à Nice.

2 11 2020                 

Kujtim Fejzulai, 20 ans, dont les parents sont originaires de Macédoine du Nord,  se livre vers 21 h à une fusillade dans le centre de Vienne, – 2 millions d’habitants, dont plus d’un tiers d’immigrés – Autriche. Quatre morts, dont un homme de Macédoine du Nord, plusieurs blessés.

4 11 2020                       

Olivier Véran, ministre de la Santé revient d’une tournée dans les hôpitaux où il a vu des malades de la Covid en réanimation, dans le coma. Il sait que les députés cherchent à avancer la date de la fin de l’État d’urgence. Il y va, leur rend compte de la réalité de ce qu’il vient de voir et leur lance : C’est ça la réalité, mesdames et messieurs les députés, si vous ne voulez pas l’entendre, sortez d’ici. Et il ne s’est trouvé personne pour lui citer Mirabeau : Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes ! 

7 11 2020                     

Un civilisé, Joe Biden, est élu à la Maison Blanche. Ouf !

Oui, oui, il va partir, mais, comme jusqu’au 7 novembre il était seulement à moitié fou et que depuis le 7 novembre, il l’est complètement, il va faire payer sa défaite le plus cher possible… jusqu’à encourager une véritable insurrection contre le Capitole, siège du sénat : bilan : 5 morts !

Joe Biden civilisé ? Certes, on peut même être sûr qu’il a des slips bien propres. Mais est-il bien à sa place ? Les mois à venir montreront qu’il ne sait pas faire de différence entre le langage propre à la diplomatie et celui d’un citoyen lambda entièrement libre de ses propos ; et c’est bien une sottise monumentale que de traiter Poutine, qui est un chef d’État, de tueur, (que cela soit vrai ou faux, là n’est pas la question ; la question, c’est qu’on ne dit jamais cela quand on prétend faire de la diplomatie ; sauf, bien sûr, si l’on est déjà en guerre, qui est le résultat de l’échec de la diplomatie. La diplomatie est le lieu par excellence où toute vérité n’est pas bonne à dire. Biden veut régler seul les problèmes de l’Afghanistan en ignorant superbement l’Europe pourtant le plus gros contributeur à l’aide extérieure, il demande à ses négociateurs avec la Chine à Arkhangelsk de commencer par lister tous les motifs de griefs que les États-Unis peuvent avoir contre la Chine. Ce type est un gaffeur né, tout plein de ses certitudes de catholique WASP, confondant sa fonction de chef d’État avec celle de missionnaire entièrement voué au prosélytisme.

8 11 2020                               

Trente trois marins prennent le départ du Vendée Globe, aux Sables d’Olonne ; on verra sur les façades des banderoles : veinards, le coronavirus ne sait pas nager ! Le sourire d’Isabelle Joschke est le même que celui de Florence Aubenas sur le tarmac de Villacoublay, le 12 juin 2015, à la fin de son cauchemar. Hillary et Tensing avaient aussi ce sourire quand ils sont redescendus du toit du monde – l’Everest – en 1953, et Walter Bonatti encore, quand il enchaînait les grands jours… et, dans sa trace, Catherine Destivelle, quand elle sortait des Drus et Alex Honnold d’El Capitàn… et même Tabarly, pourtant plutôt avare de sourires.  Et il en est d’autres, moins éclairés par les sunlights des médias ; ainsi Fionia Kolbinger, une allemande de 24 ans qui a remporté en 2019 la course à vélo Transcontinental Race, 4 000 km sans assistance, sans ravitaillement, créée en 2014 par l’anglais Mike Hall, ainsi Marie Couderc et Nil Hoppenot qui sont allés à pied de Sagres, au Portugal à Istanbul, en 2018, et Nirmal Purja, Népalais, qui s’est offert les 14 plus hauts sommets du monde, en solitaire, sans oxygène, et bien d’autres encore… Ce sourire s’est nourri de grands rêves. C’est certes l’accomplissement d’un grand rêve que de franchir la ligne d’arrivée d’un Vendée Globe, mais c’en est aussi un que d’être admis à franchir la ligne de départ. Malheureusement, une quille bloquée la contraindra à l’abandon à son entrée dans l’Atlantique.

Isabelle Joschke — Wikipédia

Réparer l'IMOCA MACSF et repartir en course ! - Isabelle Joschke

C'est parti pour le neuvième Vendée Globe !

Vendée Globe 2016-2017

et si vous intéresse des foils en action sur un monocoque : Airbus n’est pas un bateau français, mais seulement la finalisation d’un partenariat entre Airbus et le Yacht Club de New York pour réaliser ce bateau américain.  

11 11 2020                          

Hold-Up, le film censé dénoncer une conspiration mondiale sur la Covid 19, n’est dans le fond qu’un gros machin très racoleur qui picore dans tous les genres : parodique, interview sérieuse, phrases détachées de leur contexte, – plutôt le slogan et l’émotion que le raisonnement – tout cela est avant tout très gênant… on ne sait pas si l’on s’est fait entraîner dans une foire exposition au stand des vendeurs de cuisine ou dans un meeting électoral. Entre l’ex-chercheur qui dit avoir abandonné la recherche parce que lui, il a trouvé, donc il est bien normal qu’il ne cherche plus sans penser un instant à nous dire ce qu’il a bien pu trouver, et le prix Nobel de Chimie qui nous dit qu’on peut pardonner un confinement, mais pas deux, sans nous expliquer ce que le pardon vient faire dans l’affaire. Mais c’est Monique Pinçon-Charlot, sociologue, qui décroche le pompon : C’est la Troisième Guerre mondiale, une guerre de classe que les plus riches mènent contre les pauvres de la planète. Dans cette guerre de classe, comme les nazis allemands l’ont fait, il y a un holocauste qui va éliminer la partie la plus pauvre de l’humanité […] dont les riches n’ont plus besoin. Eh beh voyons… et vous n’avez rien à ajouter ?

Un grand déballage d’où disparaît tout ce qui pourrait bien à voir de près ou de loin avec la déontologie. La sobriété préside à la mise en scène d’une esthétique léchée – style Thinkerview -, mais cela ne concerne que l’emballage. Un plat de résistance : l’énorme faux pas de The Lancet en mai 2020 en condamnant l’utilisation de l’hydroxy chloroquine (HCQ), quand ils l’avaient recommandé jusqu’alors, grand écart qui contraindra la revue à un rapide rétropédalage ; trop tard, son mépris pour la déontologie lui aura fait perdre sa présence sur la plus haute marche de la reconnaissance scientifique. Mais, à l’échelle mondiale, ce n’est guère plus qu’une péripétie. Quant à l’affirmation de la connaissance de la Covid 19 dès 2015, ce n’est qu’une lecture erronée d’un brevet déposé en 2015 qui permet d’affirmer cela : là encore, c’est du travail de fripouille… avec Bill Gates en ligne de mire, vite fait, mal fait… On serait presque tenté de dire : pauvre Bill Gates, mais il ne faut quand même pas exagérer ! Dire que les réalisateurs de ce film sont aussi brouillons et malhonnêtes que la malhonnêteté et l’amateurisme de ceux qu’ils dénoncent… c’est encore passer à côté de la réalité, car en fait ils ne savent même plus ce que pourrait bien être l’honnêteté.

Le constat qu’il reste à faire de tout cela, c’est que depuis les année 60, la raison se laisse grignoter un peu plus tous les jours par le plaisir et l’émotion, qui voient ses avocats se renforcer constamment – réseaux sociaux, médias –  créant une confusion mentale qui brouille les cartes tous les jours un peu plus : on n’ose plus dire le réel, car, pour les politiques, cela risquerait de réduire à peau de chagrin les électeurs, et pour les médias,  les auditeurs et réseauteurs sociaux ; on se retrouve devant des discours incompréhensibles, fous ! Et l’immense succès de ce Hold-up montre bien que ces gens, s’ils n’ont pas encore gagné la guerre, ont néanmoins déjà gagné une bataille. Mais les interviewés qui s’en sont mordus les doigts ont eux aussi participé à cette escroquerie, en n’exigeant pas de donner leur feu vert lors d’une avant-première réunissant tous les participants. Absence totale de prudence, difficilement excusable de la part d’une pointure comme Philippe Douste-Blazy.

Pierre Barnérias et Christophe Cossé sont deux très bons techniciens, parfaitement amoraux, même si grands catholiques, tripatouilleurs et manipulateurs. Il n’y a rien de vraiment nouveau à cela : les trafiquants et autres faux-monnayeurs ont existé de tous temps : de la donation de Constantin aux armes de destruction massive de l’Irak, en passant par les Protocoles des Sages de Sion, notre passé est parsemé de trafiquants de la réalité : mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose, disait Voltaire : le problème aujourd’hui, c’est qu’avec les réseaux sociaux, l’effet multiplicateur est tel qu’il met la démocratie en grand danger. Le quelque chose de Voltaire est devenu une part considérable du gâteau. Il y a encore trente ans, pour avoir Les Protocoles des Sages de Sion, il fallait aller dans une librairie d’extrême droite… il n’y en a tout de même pas à tous les carrefours. Aujourd’hui, il suffit de deux ou trois clics. Barnérias et Cossé sont du même acabit que les commissaires politiques qui instruisaient les procès de Moscou dans les années 30 : trucage, manipulation, mensonge et tutti quanti.

J’aime cette langue italienne, ses précisions qui protègent des falsifications. La langue est un système d’échange comme la monnaie. La loi punit ceux qui impriment de faux billets, mais elle laisse courir ceux qui écoulent des mots erronés. Moi, je protège la langue que j’utilise.

Erri de Luca. Impossible. Gallimard 2019

Ceci étant dit, prétendre que les complots n’existent pas serait d’une aveuglante stupidité :

La meilleure ruse du diable, c’est de nous faire croire qu’il n’existe pas

Bernanos

propos que les Russes tempèrent en affirmant que le diable n’est pas aussi terrible qu’on le dépeint.

16 12 2020             

Michèle Rubirola, élue maire de Marseille cinq mois plus tôt, démissionne en échangeant son poste avec celui du premier adjoint. Belle illustration de la désinvolture qui s’installe partout, un sans-gêne politique rarement pratiqué à cette hauteur, l’absence totale de scrupules à se sentir engagé par son acceptation d’être tête de liste. Evidemment quand la chanson préférée est Les gens qui doutent, d’Anne Sylvestre, il y a incompatibilité avec l’exercice du pouvoir, c’est évident, mais ça, il fallait s’en apercevoir avant, sinon il y a tromperie. Marseille sera toujours Marseille, et le bidouillage imprégnera toujours le politique.

1 01 2021                 

En guise de bon vœux, une longue causerie avec Michel Onfray, qui se plait à appeler un chat un chat : 

Le choix de Thinkerview tient à la qualité de la mise en scène toute en sobriété, à la qualité des personnalités interviewées et, surtout, à la longueur de l’émission : enfin un lieu où l’on n’entend pas dire bon alors, une dernière question, mais vite, il ne nous reste que quarante cinq secondes …

Mais on ne peut que déplorer l’ahurissante médiocrité de l’interviewer, tant dans la forme que dans le fond, – une pensée de caniveau – avec l’absolue certitude d’être dans le vrai, le juste dans ses analyses, ce que développent avec un grand naturel tous les gauchistes : un cuistre, un mufle, pas plus… dans le sud on a un raccourci pour ce genre de personnage : il s’la joue, il s’la pète… Il est comme les mémés de Toulouse pour Claude Nougaro : il aime la castagne. Ce gugusse, ignorant tout de la finesse comme de l’élégance ne fait que monter d’un cran les propos de café du commerce : tous pourris… il faut nettoyer tout cela au karcher ; systématiquement provocateur et donc intrinsèquement malhonnête, prématurément vieilli avec déjà ses tics : alors on fait quoi ? etc…  . Pourvu qu’il tienne son engagement de rester anonyme, car, reconnu dans la rue, on ne donnerait pas cher de sa peau.

La France, sixième puissance mondiale, avec un PIB de 3 000 milliards de $… cela reste un peu abstrait mais en dit plus long lorsqu’on compare ce PIB avec des ensembles économiques proches : ainsi ce PIB est-il le même que celui de tout le continent africain ! 

5 01 2021                   

Vaccination à la française :

Le Monde du 5 janvier 2021

7 02 2021                                 

Dans les montagnes de l’Uttarakhand, sur le flanc sud du Nanda Devi, – 7 816 m. – en Himalaya, une énorme partie d’un glacier se détache pour se jeter dans la rivière Rishi Ganga, et ravage Raini un village du district de Chamoli, après avoir emporté les éléments d’un barrage en construction dont les blocs de béton iront eux-mêmes éclater les ponts en aval. On compte 26 morts et 171 disparus. On ne connaît pas précisément les raisons de cet accident : décrochement d’une partie du glacier, du au réchauffement climatique ? Difficile à croire, surtout en plein hiver. Débordement d’un lac sous-glaciaire ? avalanche de neige suffisamment puissante pour déclencher un arrachement d’une partie du glacier ?

10 02 2021                             

Lancée le 19 juillet 2020, la sonde Hope a atteint la planète Mars après un voyage de sept mois et un parcours de plus de 493,5 millions de kilomètres, depuis son lancement. La sonde est entrée en orbite à 19 h 57′, heure des Émirats arabes unis (16 h 57′ heure française). Pour cela, la sonde a freiné pendant 27 minutes, pour ralentir sa vitesse de croisière de 121 000 km/h à environ 18 000 km/h, afin d’effectuer la manœuvre d’insertion orbitale de Mars (MOI).

Première photo de Mars prise par la sonde Hope à 25.000 kilomètres au-dessus de la surface de la planète rouge. On distingue les trois volcans alignés des monts Tharsis. © MRSBC

Première photo de Mars le 14 02 2021 10 22 AM, prise par la sonde Hope à 25.000 kilomètres au-dessus de la surface de la planète rouge. On distingue les trois volcans alignés des monts Tharsis. © MRSBC

La sonde spatiale est conçue pour fournir une image complète de la dynamique météorologique de la planète. Contrairement aux missions chinoise Tianwen 1 et américaine Mars 2020 (le rover Perseverance et le premier hélicoptère martien Ingenuity), Hope ne se posera pas sur le sol martien. Elle doit utiliser trois instruments scientifiques pour surveiller l’atmosphère de la planète rouge et devrait commencer à transmettre des informations en septembre 2021, données auxquelles les scientifiques du monde entier auront accès.

La sonde maintiendra cette orbite de capture, étalonnera et testera ses instruments scientifiques, avant de passer en orbite scientifique. Hope fournira la toute première image complète de la météo et du climat de mars, tout au long de l’année martienne. Pendant les deux mois suivants, le centre de contrôle de la mission testera tous les instruments et le périastre de l’orbite (point de l’orbite le plus proche du corps dominant) sera progressivement remonté pour amener la sonde sur son orbite opérationnelle de 20 000 x 43 000 kilomètres d’ici le courant du mois d’avril 2021.

Rémy Decourt. Futura Sciences

On le croyait perdu. L’hélicoptère martien Ingenuity, déposé à la surface de la Planète rouge avec le rover Perseverance en avril 2021 est resté silencieux après son 52° essai, le 26 avril, pendant soixante-trois jours. Le 30 juin, la NASA annonçait avoir retrouvé, à l’endroit prévu, le petit engin de moins de 2 kilos, qui ne dépasse pas les 50 centimètres de haut. Sa disparition n’était due qu’à un problème de communication avec le rover, en raison des reliefs alentour qui empêchaient les antennes de se relier. Il a suffi que Perseverance se déplace un peu pour que les deux engins se captent de nouveau ! Et cette aventure qui, même selon les esprits les plus optimistes de l’agence spatiale américaine, n’aurait dû être qu’éphémère peut continuer.

Ingenuity a dépassé de deux ans sa mission initiale, qui devait durer trente jours, résume le chef de ce projet, Joshua Anderson. Et, de ce que nous savons, il est toujours en pleine forme ! Même si, désormais, chaque vol comporte de plus en plus de risques. En effet, il n’y a pas que le temps passé sur Mars qui pousse le petit hélicoptère dans ses retranchements. Il se trouve désormais dans un environnement très différent de ce pour quoi il a été conçu.

Initialement, Ingenuity n’était qu’une mission secondaire. Un petit bonus, littéralement, raccroché par un câble à l’imposant et ambitieux rover Perseverance. C’était une toute petite équipe d’une vingtaine de personnes à peine, se souvient Farah Alibay, ingénieure au Jet Propulsion Laboratory, qui a participé aux deux projets. C’est une manière très différente de travailler : moins de paperasse, moins de paliers de décision, plus de fun ! L’impression d’avoir une équipe à taille humaine, même si nous étions en pleine pandémie et que je n’ai rencontré réellement mes collègues, pour la plupart, que bien plus tard ! 

Arrivée tardivement sur le projet Ingenuity, Farah Alibay était chargée de s’occuper de la coordination de l’hélicoptère avec le rover. Après les millions de kilomètres parcourus par les deux engins lancés six mois plus tôt, l’enjeu était de gérer, au centimètre près, la relation entre eux pour ne pas gêner leurs premiers pas sur le sol martien. Ingenuity ayant été fixé sous le rover, il a fallu le poser délicatement au sol, puis que Perseverance se déplace afin de le libérer entièrement.

Une fois cette prouesse réalisée, l’équipe a organisé les cinq premiers vols d’Ingenuity, correspondant à sa mission. Il s’agissait, pour l’essentiel, de savoir s’il était possible de faire voler un hélicoptère sur Mars. Une démonstration technologique avant tout, indépendante de la mission scientifique. Cet objectif ayant été atteint haut la main, les ingénieurs ont voulu savoir jusqu’où Ingenuity pouvait aller – ce n’est pas tous les jours que l’on peut travailler avec un engin volant sur Mars !

Une extension de mission enthousiasmante. Mais, vers la fin de l’année 2021, la situation s’est corsée. À l’arrivée de l’été martien (ce qui est une bonne chose pour les panneaux solaires), les températures ont augmenté, mais la densité de l’air a diminué. Dans ces conditions, il devenait difficile de brasser suffisamment d’air avec les pales. L’appareil n’était pas conçu pour des conditions trop difficiles. De nombreux composants d’Ingenuity sont des produits standards de l’industrie téléphonique, rappelle Joshua Anderson. Il subit des choses qu’on ne fait jamais en ingénierie !, renchérit Farah Alibay. Mais il résiste malgré tout, ce qui est à chaque fois une source d’émerveillement. 

Malgré les conditions défavorables, Ingenuity doit essayer de voler, même si cela signifie faire tourner ses rotors plus vite pour brasser le peu d’air existant à cette période de l’année. Quitte à puiser dans ses réserves. Il s’en sort à merveille. Six mois plus tard surgit un autre défi, alors que l’hiver martien lui inflige des nuits à − 90 °C. Là aussi, il tient bon.

Depuis, l’équipe tente de nouvelles choses, raconte Farah Alibay. Des changements sur le logiciel de bord pour comprendre l’effet des saisons sur ses capacités de vol, des vols de reconnaissance pour guider Perseverance… Ça ne s’arrête plus ! 
Vue d’artiste d’un vol de l’hélicoptère martien Ingenuity avec, représenté en arrière-plan, le rover Perseverance.

Tout est fait pour préserver l’énergie au maximum et faire durer chaque élément et chaque composant au-delà de ce qui avait été prévu. Un petit miracle d’ingénierie qui semble, chaque fois, être le dernier. Sauf que l’hélicoptère surprend toujours en s’en sortant brillamment. Il n’y a pas vraiment d’explication à cette solidité, reconnaît Farah Alibay. Quand nous faisons les tests en laboratoire, nous prévoyons toujours une marge pour aller plus loin en cas de besoin, mais nous ne pensions pas que ce serait à ce point ! 

L’équipe chargée de son trajet reste extrêmement prudente pour ne pas perdre l’appareil à la suite d’une erreur de pilotage. Mais il lui est permis de prendre un peu plus de risques étant donné que l’hélicoptère a montré, à de nombreuses reprises, une solidité à toute épreuve. Il avait atteint, le 13 avril, les 18 mètres d’altitude – son record.

Il y a toujours une inquiétude, nuance Farah Alibay. Si vous laissez votre enfant à l’école, vous êtes très inquiet le premier jour, puis ça va mieux, mais ça ne disparaît jamais vraiment ! Et le garnement continue de susciter des frayeurs chez l’équipe au sol. Comme lors du vol du 22 juillet, son premier après les retrouvailles avec Perseverance, qui a été écourté avec le déclenchement de l’atterrissage d’urgence au bout de soixante-quatorze secondes. En cause, manifestement, un problème de synchronisation entre sa caméra et la centrale inertielle, qui lui sert à se localiser.

Ingenuity a repris, depuis, son exploration. Il a même réussi son 56° vol, le 25 août 2023, allant se poser 410 mètres plus loin. Il fait désormais pleinement partie de la mission en tant qu’assistant de Perseverance, pour lequel il mène des opérations de repérage avant les déplacements du fameux rover.

Même si Ingenuity s’arrêtait demain, la mission serait déjà considérée comme un véritable triomphe, au-delà de toutes les projections. Ce succès a poussé la NASA à réfléchir à d’autres missions similaires, précise Joshua Anderson. Des hélicoptères encore plus développés pourraient être utilisés pour rapporter des échantillons de Mars. Mieux : l’architecture d’Ingenuity est étudiée de près pour d’autres missions, notamment Dragonfly, une sonde qui compte voler sur Titan, un satellite de Saturne. J’espère que d’autres missions volantes se développeront ailleurs encore, vers des mondes inexplorés, ajoute le chef du projet Ingenuity. Toutes se serviront certainement des données que nous avons récoltées. 

Hugo Ruher Le Monde du 10 09 2023

illustration tianwen-1

Tianwen-1 : 8 questions sur le rover chinois Zhurong qui a atterri sur Mars

18 02 2021                   

Le robot Persévérance se pose sur Mars

21 02 2021               

Les championnats du monde de ski alpin se terminent à Cortina d’Ampezzo, où l’on aura vu devenir encore plus puissante l’emprise du fric, du pouvoir des organisateurs sur les skieurs : les responsables des pistes s’étaient mis en tête de les arroser pour qu’elles gèlent et donc, se déforment moins sur le passage des coureurs ; et c’est ainsi que l’on verra bon nombre des meilleurs skieurs du monde s’envoyer en l’air en décrochant sur des plaques de glace… une honte, du travail de naufrageur, (le terme employé en marine quand on envoie les bateaux au fracas contre les rochers), qui, en temps normal, aurait du entrainer la démission de ces gens. Une piste de ski est une piste de neige, ce n’est pas la même chose qu’une patinoire. Et là, ce n’est pas des skis qu’il fallait avoir aux pieds, mais des patins !

Et côtés skieurs, pas l’embryon d’une protestation ; même notre double médaillé d’or – Matthieu Faivre – pourtant connu pour son franc-parler ( figurez-vous qu’il avait osé dire l’année dernière, que le ski était un sport individuel, ce qui lui avait valu une bonne réprimande des autorités françaises du ski… incroyable… incroyable de voir jusqu’où peut mener le déni de réalité), eh bien même Matthieu Faivre n’a rien dit sur cette entreprise de sabotage généralisé ! Tout au plus entendra-t-on Johan Clarey, l’ancien, réclamer à voix haute le rabotage d’une bosse pour éviter que les coureurs ne se reçoivent sur le plat de l’arrivée, risquant ainsi l’accident grave. Et sur la saison 2023-2024, on verra nombre da chutes graves chez des skieurs de tout premier plan : l’Autrichien Marco Schwarz, le Norvégien Alexander Amoodt Kilde, les Français Alexis Pinturault et Nils Allegre, la Slovaque Petra Vhlova, la Suissesse Corine Sutter, l’Italienne  Sofia Goggia, et même l’immense Américaine Michaëla Shiffrin, … Grands dieux, quelle hécatombe ! il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond dans le milieu des responsables des compétitions : ces gens oseraient-ils dire que ces skieurs ont fait des fautes de débutant ? 

25 02 2021               

Le tribunal de Bordeaux condamne Valérie Murat, porte-parole de l’association AAT – Alerte aux Toxiques – pour avoir publié des analyses montrant la présence de pesticides dans 22 vins certifiés HVE (Haute Valeur Environnementale), dont 19 du Bordelais. Elle devra verser 100 000 € d’amende au requérant, le CIVB (Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux), comme il le réclamait, et 25 000 € à d’autres plaignants (25 entreprises et organisations, mêlant des viticulteurs, des négociants, des fédérations…), dont 5 000 à chacun des vignobles Haverlan, Grandeau et Vieux Cassan. Certes les taux de pesticides étaient inférieurs à ceux acceptés par la certification HVE, mais ils n’en sont pas moins réels, c’est à dire conformes à la réalité. Donc on fabrique des normes qui autorisent certains taux de pesticides en suite de quoi on peut gagner des procès contre une association qui ne fait que mettre à la disposition du public ces informations ! C’est comme ces milliardaires qui parviennent à ne payer pratiquement pas d’impôts en optimisant les niches fiscales : mais ce ne sont pas eux qui sont condamnables mais bien ceux qui ont rendus légales, par leur vote, ces niches fiscales. Ce sont les politiques qui sont responsables de cet état de fait, ce sont eux qui devraient être condamnés pour avoir donné force de loi à ce qui est de l’escroquerie.

23 03 2021                   

L’Ever Given, un porte conteneur de 400 mètres de long, 59 de large, 219 000 tonnes, portant plus de 18 300 conteneurs, va s’échouer sur une rive du canal de Suez, dans le tronçon qui n’avait pas encore bénéficié de l’élargissement devenu opérationnel en 2015, pas loin de l’entrée, côté Mer Rouge. Existe-t-il seulement une procédure selon laquelle un alcootest doit être obligatoirement pratiqué sur le pilote, ainsi qu’une recherche de consommation de drogue, cannabis ou autre ? Cela est pratique auprès des automobilistes pour des infractions qui coûtent infiniment moins cher que cette affaire. Il sera sorti de la berge le 28 mars, mais la SCA – Autorité du Canal de Suez – va le garder en otage, le temps de parvenir à un accord d’indemnisation avec le propriétaire du navire : le Japonais Shoei Kisen Kaisha, lequel accord comprendra outre une indemnité, un remorqueur de 75 tonnes : un accord sera conclu début juillet, l’indemnité, non dévoilée devant tourner autour de 550 millions $. Les pertes pour le commerce mondial auraient été de 6 à 10 milliards $/jour ; pour l’Egypte de 12 à 15 millions $/jour.

Après l'Ever Given : les implications du blocage du canal de Suez pour le  commerce mondial 

                                                                 eh beh, on n’est pas sorti de la berge
Image satellite du porte-conteneur bloqué, le 25 mars 2021.
Imágenes satelitales muestran las embarcaciones que están esperando para cruzar el Canal de Suez. (© CNES2021, DISTRIBUTION AIRBUS DS).

Ils sont 422 bateaux qui attendent, transportant 26 millions de tonnes de marchandises. Le canal voit passer 51.5 navires par jour. Deux ans plus tard le 25 mai 2023 le M/V XIN HAI TONG 23, encore on porte conteneur, de Hong-Kong remettra le couvert mais sera sorti d’affaire plus rapidement par les remorqueurs.

Le Bhoutan devient ainsi le pays qui est parvenu le plus rapidement à vacciner une telle proportion de sa population, devant les Seychelles, Israël et les Émirats arabes unis, selon une analyse de l’AFP.

Lorsque la campagne a été lancée le 27 mars 2021, son objectif était de vacciner 533 000 adultes (à l’exception des femmes enceintes, des mères récentes, des personnes ayant des problèmes de santé et des malades chroniques) en seulement une semaine. Ce délai a ensuite été allongé.

 

Un porte-parole du ministère de la Santé a déclaré à l’AFP que la campagne visait désormais les personnes de plus de 70 ans et les handicapés. Le Bhoutan n’a pour l’instant enregistré que 896 infections et un seul mort.

20 minutes du 7 avril 2021

21 04 2021

Le sous-marin indonésien 402 Nanggala, 53 hommes, implose par 800 m. de profondeur.             

   

Un plancher, deux gros boudins de part et d’autre et l’on fait embarquer là-dessus près de 130 personnes, qui, à 200 km des côtes libyennes, se retrouvent dans un temps qui empire sans arrêt et qui finit par retourner complètement l’embarcation : 130 morts, qui avant de mourir, ont pu communiquer avec Alarm Phone, une ONG qui capte les SOS, qui essaiera en vain, d’alerter les marines libyennes, italiennes maltaise. Cette nuit là le même drame de reproduira, avec 45 personnes.

Les débris d’une embarcation qui a fait naufrage au large des côtes libyennes, dans la nuit du mercredi 21 au jeudi 22 avril, au moins 130 migrant sont morts.

Pour autant, il faut prendre garde que l’émotion ne vienne masquer la réalité, qui est la suivante : Au total, entre 2016 et 2020, les quatre grosses opérations de sauvetage en mer financées par l’Union européenne, Thémis, Poséidon, Indalo et Sophia ont permis de secourir 536 605 personnes en Méditerranée pour 13 705 décès [Données Frontex et Organisation internationale pour les migrations]. Ce sont 13 705 morts de trop, mais le pourcentage de vies protégées (97.5 %) est substantiel.

Front Populaire n° 4

La tension hispano-marocaine autour de Ceuta n’est pas fortuite. Elle est le révélateur d’une nouvelle géopolitique migratoire en Méditerranée où l’on voit les zones de friction se déplacer de l’est vers l’ouest. En somme, le trio Maroc-Algérie-Tunisie prend désormais le pas sur la Libye et la Turquie, les deux tremplins privilégiés dans la grande crise de 2015-2016 comme couloirs de passage vers l’Europe. Et, dans cette reconfiguration, l’Espagne, le seul pays européen à avoir une frontière terrestre avec l’Afrique grâce à ses enclaves de Ceuta et Melilla, est aux premières loges.

En 2016, la péninsule ibérique ne représentait (avec 13 246 migrants et réfugiés débarqués sur son sol) que 3,4 % du total des arrivées sur le Vieux Continent, très loin derrière la Grèce (45,6 %) et l’Italie (46,7 %), selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Quatre ans plus tard, la hiérarchie s’est inversée. Avec un chiffre en valeur absolue qui a triplé (à 41 861 arrivées), l’Espagne est devenue en 2020 le principal pays de débarquement en Europe, absorbant 42 % du flux, devant l’Italie (34,3 %) et la Grèce (14,8 %). Le tarissement du courant migratoire sur ces deux derniers pays est dû à une assistance européenne aux États de transit – accord conclu en mars 2016 entre Bruxelles et Ankara, financements des garde-côtes libyens, aides au Niger – dont les effets ont fini par se faire sentir.

Mais, alors que la crise s’apaisait sur ces routes de la Méditerranée orientale et centrale, les clignotants sont passés au rouge dans la zone occidentale. L’aspect inquiétant pour l’Europe est qu’il ne s’agit pas – pour l’essentiel – d’un redéploiement géographique du flux précédent qui contournerait ainsi les obstacles placés en Libye et en Turquie. La dynamique migratoire est différente car elle implique, cette fois, les populations riveraines et non plus seulement des migrants extérieurs – subsahariens, syriens ou afghans – en transit.

Trois facteurs y ont contribué. D’abord, la dégradation de la situation socio-économique en Tunisie, qui fournit désormais le premier contingent national de migrants arrivés en Italie (un tiers) alors que sa part était marginale lors de la précédente crise de 2015-2016. Ensuite, l’Algérie, minée par une double crise politique (la répression du Hirak) et économique (chute des revenus pétroliers), est le théâtre d’une reprise des départs vers l’Espagne. Le nombre d’Algériens débarqués sur la péninsule a été multiplié par 2,7 entre 2019 et 2020, selon les chiffres du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR). Ils représentent désormais 40 % des arrivées en Espagne.

Enfin, et surtout, l’attitude du Maroc constitue un défi épineux pour l’Europe. Alors que Bruxelles a mobilisé près de 343 millions d’€ depuis 2014 pour aider Rabat à maîtriser ses flux migratoires, les Marocains ont à l’évidence levé le pied ces derniers mois – ainsi que l’illustre avec éclat la crise de Ceuta – afin d’imposer aux Européens leurs exigences sur le conflit du Sahara occidental. Le doute n’est pas permis : 55 % des arrivées en Espagne en 2020 (23 025 sur 41 861) provenaient des îles Canaries, un nombre en augmentation de… 753 % en l’espace d’un an. Or ce flux inédit – atlantique cette fois – prend essentiellement sa source sur les côtes du Sahara occidental, fermement contrôlées par l’armée marocaine. Le message adressé aux Espagnols et, au-delà, aux Européens est sans ambiguïté.

Frédéric Bobin. Le Monde du 20 mai 2021

04 2021                               

Certains lieux n’ont rien à envier à l’enfer : une décharge de 42 millions de pneus, soit 507 000 tonnes, à quelques dizaines de km de la ville de Koweit, constituée depuis 17 ans, sur 2 km². On y déclare 4 incendies depuis 2012 ; ça na peut plus durer comme ça, et donc on déménage la décharge, pour aller la mettre un peu plus loin, sur un site industriel à l’ouest, où serait déjà en place une usine de retraitement, moyennant 44 000 voyages de camions. Donc le problème n’a pas été résolu, il a été seulement déplacé. Il faudrait plus de 30 ans à l’usine en place sur le nouveau site pour traiter ce stock ! qu’en sortira-t-il ? Des produits pour faire des routes, des trottoirs, des aires de jeux etc… Apparemment le traitement chimique pour remonter la chaine moléculaire – partant du produit fini pour recréer du pétrole – existe, mais ne doit pas être réalisable dans les conditions économiques du marché : les responsables de la start-up qui fait cela donnent les informations sur la technique mais rien le prix de revient…

https://www.laterredufutur.com/accueil/wp-content/uploads/2021/08/pneus-koweit-1.jpg

 

5 05 2021                                   

Il n’y avait plus d’otage français au Sahel depuis la libération de Sophie Petronin, en octobre 2020, et Dieu sait si cela pèse lourd dans le rapport de force entre les Islamistes et la force française Barkhane. Et voilà qu’Olivier Dubois, passe outre les conseils des militaires français de ne pas y aller, comme ses confrères Ghislaine Dupont et Claude Verlon, huit ans plus tôt l’avaient fait à Kidal, quelques centaines de kilomètres plus au nord, pour s’y faire assassiner, et part pour un rendez-vous hasardeux, sans sécurité aucune et se fait enlever. Mais quand donc les journalistes, sous couvert d’informer les lecteurs, les téléspectateurs, cesseront -ils donc de venir complexifier une situation qui l’est déjà bien assez avant leur intervention, quand donc cesseront ils de donner de la reconnaissance à des gens addicts à la kalachnikov ? Quelles informations déterminantes seraient-ils à même de dénicher auprès de ces menteurs professionnels qui disent aujourd’hui le contraire de ce qu’ils disaient hier, qui sera encore une autre version de ce qu’ils diront demain ? Quand donc le pouvoir politique français donnera-t-il à l’armée le devoir de s’opposer physiquement aux déambulations de journalistes irresponsables ? Une scène de crime vient d’être circonscrite, la police est là : que fait -elle ? elle commence par interdire les lieux à toute personne, journaliste inclus. Et c’est le cas au Sahel. Quand donc le politique cessera-t-il de s’aplatir devant cette presse avide de clash, d’ambiance de match de boxe sentant bon la sueur sur des arcades sourcilières pétées…. allant jusqu’à inviter à l’Élysée le pire représentant de cette sale presse : Pascal Praud, animateur vedette de L’heure des pros sur Cnews, à l’ego boursoufflé par la testostérone, grand manitou de la morgue, de la provocation et de la friponnerie.

15 05 2021

Le Mayflower 400 est le premier bateau sans équipage, sous la houlette d’IBM. Construit à Plymouth, Angleterre, il appareille pour Plymouth, Massachussetts, États-Unis, où il devrait arriver trois semaines plus tard reprenant le parcours du premier Mayflower. Coût : un peu moins d’un million $, grâce à la contribution de très nombreuses sociétés à l’international. C’est probablement un des plus beaux produites de l’intelligence artificielle, pour rester dans le domaine civil, car, en allant chez les militaires, il existe aussi des bateaux sans pilote, chasseurs entre autres de sous-marins.

Le "Mayflower 400", premier bateau intelligent, s'attaque à l'Atlantique sans capitaine

15 mètres de long, 9 tonnes.

https://lemarin.ouest-france.fr/sites/default/files/2021/06/17/mayflower_autonomous_ship_.jpg

05  2021                               

en mai fais ce qu’il te plait ; va pour un bon coup de soleil, à ne pas fréquenter de trop près, tout de même.

Images prises depuis le satellite de la Nasa Solar Dynamics Observatory Les différences de couleur viennent des différentes longueurs d’onde utilisées par la caméra. La boule noire qui traverse l’écran, c’est Vénus.

05 2021                             

Le trafic aérien va très probablement diminuer, et en particulier le tourisme de masse, en low cost ; avec des vacances aux quatre coins du monde, elles aussi low cost mais aux grandes potentialités épidémiques : et si les autorités en place à Phuket par exemple se mettent à appliquer aux touristes les règles draconiennes que les gouvernements vietnamiens, chinois ont appliqué à leurs peuples, il est bien certain que les touristes n’y reviendront plus. Globalement, il n’est pas inutile de savoir que 80 % des touristes décident de leur lieu de vacance en fonction des destinations vues sur les séries télévisées ! ça laisse songeur ! 

Quant aux paquebots, véritables camps de concentration même s’il n’y a pas de barbelés, il est bien possible que ce soient les villes destinataires, de plus en plus réticentes, qui provoquent leur baisse d’activité, avec, au premier plan, Venise, mais encore Dubrovnik, Marseille, Barcelone etc… qui en ont toutes ras le bol. Pour Venise, pour l’instant c’est le double langage qui l’emporte et donc, les grandi navi, confinement terminé, reviennent. Par contre le train, qui, sur les courtes distances, devient de plus en plus concurrent de l’avion, de centre-ville à centre-ville s’entend, voit les nouveaux projets se développer à grande vitesse, avec en ligne de mire essentiellement la baisse de l’empreinte carbone, d’où le recours fréquent à de nouvelles énergies, type hydrogène.

Sur les 30 000 km de voies ferrées, 14 000 ne sont pas électrifiées, et donc utilisées par des TER et autorails thermiques : à fréquentation équivalente, le thermique émet dix fois plus qu’un train électrique.

  • La quatrième génération de TGV se nommera M qui, à longueur égale, comportera neuf voitures. Un Inoui transportera 600 voyageurs contre 510 aujourd’hui, un Ouigo 740 contre 630, et tout ça avec un bilan carbone par passager réduit de 32 %. Livrable à partie de 2024.
  • La SNCF, qui avait commencé à fermer de nombreuses petites lignes, non rentables avec le matériel en service aujourd’hui, a fini pas se voir opposer la volonté politique des pouvoirs publics de maintenir, dans la mesure du possible, ces petites lignes ; et l’on s’oriente vers des projets de trains légers, modulaires et frugaux, de 40 places environ, sans conducteur, à motorisation hybride décarbonée à batteries et propulsion hydrogène ou biogaz.
  • Et toute une gamme de trains à grande vitesse, [mais à quoi bon ! c’est tout de même la question fondamentale] jusqu’à 1 220 km/h pour l’Hyperloop TT, faits de capsules pressurisées flottant grâce à des électro-aimants, sans frottement sans le tube, à l’intérieur desquels a été fait le vide : l’idée est d’Elon Musk, le génial patron de Pay Pall, puis Tesla, puis Space X, avec son livre blanc Hyperloop Alpha, laissant aux entreprises qui veulent développer l’affaire le soin de le faire de leur côté, ce qu’elle feront au Pays-Bas, en Suisse, au Canada, avec un centre d’études à Limoges, aux États-Unis avec un centre européen de recherches et d’essai à Toulouse, en Pologne, en Espagne. Première ligne commerciale aux Émirats Arabes Unis entre Abu Dhabi et Dubaï, sur 150 km, pour 2023. En Juillet2023 les projets Hyperloop en France, – essentiellement à Toulouse – seront au point mort, après avoir bien consommé les subventions publiques, tant françaises qu’européennes : 300 mètres de tube pour les essais, une capsule qui n’a jamais servi… et c’est tout…, pour finalement plier bagages pour s’en aller à Venise en février 2024
  • Le Spacetrain, navette autonome flottant sur un coussin d’air, alimenté par une pile à hydrogène, dans la ligne de l’aérotrain des année 1970, dont l’ancien monorail, existant, n’a pas reçu l’autorisation de l’État pour être réutilisé. Vitesse de 500 km/h. Avenir incertain.
  • Le Maglev de Japan Rail, – mag : magnétique, lev : lévitation – par suspension électromagnétique. L’augmentation de la vitesse provoque la répulsion magnétique entre les voitures et la voie. La ligne inaugurale entre Tokyo et Osaka en moins d’une heure, devrait être opérationnelle d’ici 2045. Aujourd’hui, en conduite manuelle, c’est le Maglev entre Shangaï et Hangzou qui détient le record du monde de vitesse avec 623 km/h, en février 2024, sur un tronçon de 2 km.
  • Et encore un projet fonctionnant sur lévitation magnétique qui permettent à des nacelles de se déplacer sur une voie aérienne à 160 km/h : projet de la NASA qui devrait être réalisé en Israël à Eilat.
  • en 2023, Przemek Ben Paczek, PDG et cofondateur de Nevomo, une société polonaise, signera une convention de partenariat avec le SNCF pour son train Mag Rail, à lévitation magnétique sur une infrastructure ferroviaire existante. Nevomo a développé Neo-4, un prototype de bogie de 6 mètres de long et de 2 tonnes qui a été construit et testé, circulant sur un tracé d’essai long de 720 mètres (le plus long du genre en Europe) élaboré à Nowa Sarzyna, en Pologne, dans les Basses-Carpates. L’entreprise a présenté les résultats promettants de ses essais. Sur ces 720 mètres, le bogie a pu atteindre une vitesse maximale de 135 km/h, mais surtout être en lévitation de 22 millimètres par rapport au rail dès que la vitesse de 70 km/h était atteinte combiné à un guidage magnétique stable.

    Pour que le public puisse profiter de MagRail, les gestionnaires de réseau (Infrabel, SNCF Réseau, ProRail, DB Netz…) devront poser un moteur linéaire fixe sur la voie ainsi que deux faisceaux de lévitation sur les côtés des rails. Le véhicule possèdera un bogie de faible masse, avec un moteur linéaire et des aimants de lévitation.

    L’installation de ce matériel comporte un avantage considérable : il peut se faire progressivement de nuit en plusieurs années, sans interrompre le trafic, au contraire de la construction du Maglev qui peut demander plusieurs décennies.

    MagRail Booster

    La start-up polonaise livrera au grand public son premier concept de MagRail Booster fonctionnel, sans locomotive, destiné au transport de fret, en coopération avec GATX, un loueur de matériel ferroviaire.

    Il s’agit d’une amélioration des voies ferroviaires actuelles où il faudra poser un moteur linéaire statique sur les rails et un en mouvement sur chaque wagon du train. Ce dernier sera autonome grâce à des algorithmes, permettant ainsi d’éliminer la nécessité d’une locomotive dans une gare de triage en plus d’en augmenter sa capacité et sa flexibilité. Le système ouvre également la possibilité d’électrification des tunnels et des ports, qui requièrent parfois des trains à combustion thermique. Le booster délivrera une force supplémentaire pour les trains qui pourront parcourir des pentes plus rapidement, en plus d’augmenter la capacité par heure sur une ligne donnée. Le produit est aussi adaptable au trafic passager pour être compatible avec le système, permettant une accélération et un freinage plus précis qu’actuellement (un TGV lancé à 300 km/h a par exemple besoin de 4 kilomètres pour s’arrêter), en plus de moins user les essieux au freinage et à l’accélération.

    La commercialisation du produit est attendu pour 2024. Nevomo continuera aussi la recherche et le développement de sa technologie pour diverses applications, afin d’améliorer l’efficacité et la capacité du transport par rail. La société ferroviaire pourra compter sur ses solides finances pour y parvenir : la société a levé 11 millions d’euros de fonds (dont la moitié en fonds propre, le reste étant des subventions non dilutives de l’UE), plus 17,5 millions d’euros supplémentaires de la Commission européenne, ainsi que des fonds de 7 millions d’euros pour un financement de présérie A, investis notamment par EIT, InnoEnergy et Hütter Private Equity.


Des personnes visitent un prototype de train à sustentation magnétique développé avec la technologie Maglev à Chengdu, au sud-ouest de la Chine, le 13 janvier 2021. Photo d’illustration.

à Chengdu, en Chine, le 13 janvier 2021

A 600-kilometer-per-hour magnetic levitation train rolls off a production line in Qingdao, Shandong province. ZHANG JINGANG/FOR CHINA DAILY

23 05 2021                             

Chute d’une cabine de téléférique sur les pentes du lac Majeur, en Italie : 14 morts. Il y avait un dysfonctionnement du frein automatique de sécurité sur la cabine, et celui-ci avait été volontairement désactivé : la notion de sécurité est très variable d’un pays à l’autre.

27 05 2021                         

Emmanuel Macron parle au mémorial Kwibuka 27 du génocide au Rwanda, à Gisozi, et il parvient à faire oublier la noirceur de François Mitterrand.

Seul celui qui a traversé la nuit peut la raconter

Raconter la nuit.

Ces paroles convoquent un insondable silence. Le silence de plus d’un million d’hommes, de femmes, d’enfants, qui ne sont plus là pour raconter cette interminable éclipse de l’humanité, ces heures où tout s’est tu.

Elles nous racontent la course éperdue des victimes, la fuite dans la forêt ou dans les marais. Une course sans arrivée et sans espoir, une traque implacable qui reprenait chaque matin, chaque après-midi, dans une terrible et banale répétition du mal.

Elles nous font entendre la voix de ceux qui, après avoir trébuché, ont affronté la mort ou la torture de leurs bourreaux sans un cri, parfois pour laisser s’enfuir un proche, un parent, un enfant, un ami, qu’ils avaient protégé jusqu’à leur dernier souffle. Ces voix qui se taisaient quand montait, à l’aube, l’insoutenable euphorie des chants de rassemblement de ceux qui tuaient ensemble et de ceux qui partaient, dans leur vocabulaire dévoyé, au travail.

Ce lieu leur restitue tout ce dont on avait tenté de les priver : un visage, une histoire, des souvenirs. Des envies et des rêves. Et surtout une identité, un nom – tous les noms, gravés, un à un, inlassablement sur la pierre éternelle de ce mémorial.

Ibuka, souviens-toi.

Ces paroles nous font entendre aussi la voix de ceux qui portent la plaie de cette nuit, ceux qui portent la blessure béante d’avoir été là et d’être encore là. Ceux dont nous n’avons écouté la souffrance ni avant, ni pendant, ni même après, et c’est peut-être là le pire. Survivants, rescapés, orphelins, c’est grâce à leur témoignage, à leur courage, à leur dignité que nous mesurons combien il ne s’agit pas de chiffres ou de mots, mais de l’irremplaçable épaisseur de leurs vies.

Ces paroles disent une tragédie qui porte un nom : génocide. Elles ne s’y réduisent pas pour autant. Car il s’agit bien d’une vie, avec tous ses rêves, un million de fois fauchée.

Un génocide ne se compare pas. Il a une généalogie. Il a une histoire. Il est unique.

Un génocide a une cible. Les tueurs n’ont eu qu’une seule obsession criminelle : l’éradication des Tutsi, de tous les Tutsi. Des hommes, des femmes, leurs parents, leurs enfants. Cette obsession a emporté tous ceux qui ont voulu y faire obstacle, mais, elle, n’a jamais perdu sa cible. Un génocide vient de loin. Il se prépare. Il prend possession des esprits, méthodiquement, pour abolir l’humanité de l’autre. Il prend sa source dans des récits fantasmés, dans des stratégies de domination érigées en évidence scientifique. Il s’installe à travers des humiliations du quotidien, des séparations, des déportations. Puis se dévoile la haine absolue, la mécanique de l’extermination.

Un génocide ne s’efface pas. Il est indélébile. Il n’a jamais de fin. On ne vit pas après le génocide, on vit avec, comme on le peut.

Au Rwanda, on dit que les oiseaux ne chantent pas le 7 avril. Parce qu’ils savent. C’est aux hommes qu’il appartient de briser le silence.

Et c’est au nom de la vie que nous devons dire, nommer, reconnaître.

Les tueurs qui hantaient les marais, les collines, les églises n’avaient pas le visage de la France. Elle n’a pas été complice. Le sang qui a coulé n’a pas déshonoré ses armes ni les mains de ses soldats, qui ont eux aussi vu de leurs yeux l’innommable, pansé des blessures, et étouffé leurs larmes.

La France a un devoir : reconnaître la part de souffrance qu’elle a infligée au peuple rwandais.

Mais la France a un rôle, une histoire et une responsabilité politique au Rwanda. Elle a un devoir : celui de regarder l’histoire en face et de reconnaître la part de souffrance qu’elle a infligée au peuple rwandais en faisant trop longtemps prévaloir le silence sur l’examen de la vérité.

En s’engageant dès 1990 dans un conflit dans lequel elle n’avait aucune antériorité, la France n’a pas su entendre la voix de ceux qui l’avaient mise en garde, ou bien a-t-elle surestimé sa force en pensant pouvoir arrêter ce qui était déjà à l’œuvre.

La France n’a pas compris que, en voulant faire obstacle à un conflit régional ou une guerre civile, elle restait de fait aux côtés d’un régime génocidaire. En ignorant les alertes des plus lucides observateurs, la France endossait alors une responsabilité accablante dans un engrenage qui a abouti au pire, alors même qu’elle cherchait précisément à l’éviter.

À Arusha, en août 1993, la France pensait, aux côtés des Africains, avoir arraché la paix. Ses responsables, ses diplomates, y avaient œuvré, persuadés que le compromis et le partage du pouvoir pouvaient prévaloir. Ses efforts étaient louables et courageux. Mais ils ont été balayés par une mécanique génocidaire qui ne voulait aucune entrave à sa monstrueuse planification.

Lorsqu’en avril 1994, les bourreaux commencèrent ce qu’ils appelaient odieusement leur travail, la communauté internationale mit près de trois mois, trois interminables mois, avant de réagir. Et nous avons, tous, abandonné des centaines de milliers de victimes à cet infernal huis clos.

Au lendemain, alors que des responsables français avaient eu la lucidité et le courage de qualifier le génocide, la France n’a pas su en tirer les conséquences appropriées.

Depuis, vingt-sept années de distance amère se sont écoulées. Vingt-sept années d’incompréhension, de tentatives de rapprochement sincères mais inabouties. Vingt-sept années de souffrance pour ceux dont l’histoire intime demeure malmenée par l’antagonisme des mémoires.

Alors, en me tenant, avec humilité et respect, à vos côtés, ce jour, je viens reconnaître nos responsabilités. C’est ainsi poursuivre l’œuvre de connaissance et de vérité que seule permet la rigueur du travail, de la recherche et des historiens. Et nous le poursuivrons encore en soutenant une nouvelle génération de chercheurs, de chercheuses, qui ont courageusement ouvert un nouvel espace de savoir. En souhaitant qu’aux côtés de la France toutes les parties prenantes à cette période de l’histoire rwandaise ouvrent à leur tour toutes leurs archives.

Reconnaître ce passé, c’est aussi et surtout poursuivre l’œuvre de justice. En nous engageant à ce qu’aucune personne soupçonnée de crimes de génocide ne puisse échapper au travail des juges.

Reconnaître ce passé, notre responsabilité, est un geste sans contrepartie. Exigence envers nous-mêmes et pour nous-mêmes. Dette envers les victimes après tant de silences passés. Don envers les vivants dont nous pouvons, s’ils l’acceptent, encore apaiser la douleur. Ce parcours de reconnaissance, à travers nos dettes, nos dons, nous offre l’espoir de sortir de cette nuit et de cheminer à nouveau ensemble. Sur ce chemin, seuls ceux qui ont traversé la nuit peuvent peut-être pardonner, nous faire le don alors de nous pardonner.

Diibuka.

Diibuka.

Diibuka.

Je veux ici, en ce jour, assurer la jeunesse rwandaise qu’une autre rencontre est possible. N’effaçant rien de nos passés, il existe l’opportunité d’une alliance respectueuse, lucide, solidaire, mutuellement exigeante, entre la jeunesse du Rwanda et la jeunesse de France.

C’est l’appel que je veux lancer ici. Baptisons ensemble de nouveaux lendemains. Préparons ici, pour nos enfants, de prochains souvenirs heureux. C’est le sens de l’hommage que je veux rendre à ceux dont nous garderons la mémoire, qui ont été privés d’avenir et à qui nous devons d’en inventer un. 

Ce sont ces paroles, empreintes de gravité et de dignité, qui résonnent en ce lieu, ici au mémorial de Gisozi, à Kigali.

Emmanuel Macron, président de la République française

Dans un discours historique prononcé à Kigali, le 27 mai, le président Emmanuel Macron a reconnu officiellement la responsabilité  accablante  de la France et demandé avec subtilité, pardon au peuple rwandais.

Soulagement et émotion devant ce geste politique qui rétablit la vérité en affrontant la réalité et rétablit en même temps la dignité de la France, compromise par une poignée de décideurs autour de François Mitterrand pour avoir soutenu les génocidaires du Rwanda, dans une géopolitique hallucinée au détriment de toute humanité.

Certes, les Français n’ont pas participé au génocide – ce dont nous n’avions jamais douté –, mais en apportant leur soutien aux extrémistes hutu qui mettaient en place une solution finale contre les Tutsi, ils se transformaient de fait en collabos de ces nazis du Rwanda. J’en étais.

De 1990 à 1994, sans que les Français ne le sachent, nous nous sommes battus aux côtés de ceux qui préparaient le génocide. Nous les avons aidés à multiplier par sept leur armée, qui allait devenir le fer de lance de cette monstruosité. Nous les avons même aidés à constituer des milices d’autodéfense qui seront les escadrons de la mort de leur épouvantable programme.

En avril 1994, avons-nous seulement fermé les yeux quand une équipe de mercenaires est venue préparer l’attentat contre le président Juvénal Habyarimana, à partir du camp de Kanombe qu’occupaient les unités d’élite  rwandaises que nous instruisions ?

Nous avons volé les boîtes noires de l’avion sur les lieux du crash pour perturber l’enquête et diffusé de fausses preuves fournies par leur Himmler, le colonel Bagosora [présenté comme le cerveau du génocide rwandais, il a été condamné à la perpétuité, en 2008, par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR)].

Nous avons accueilli les nazis du Rwanda dans l’ambassade de France pour qu’ils constituent un gouvernement intérimaire, qui sera le gouvernement des génocidaires, à l’encontre même des accords d’Arusha [signés le 4 août 1993 et en vertu desquels les casques bleus de l’ONU prennent le relais de la présence militaire française], qu’on qualifiait de Munich à l’Élysée… Une délégation reçue à Paris

Et lorsque nos avions ont atterri le lendemain à Kigali pour évacuer les ressortissants étrangers, ils ont débarqué encore des armes pour ces hordes criminelles. Plusieurs dizaines de nos soldats d’élite sont restés sur place pour une mission qui est encore soigneusement cachée. En plein génocide, l’Élysée a officiellement reçu une délégation conduite par leur Goebbels et nous avons continué à les assurer de notre soutien et de nos armes.

Nous avons commémoré, en juin 1994, les 50 ans du massacre d’Oradour-sur-Glane avec un formidable : Plus jamais ça ! du président Mitterrand, tandis que nos alliés répétaient 15 fois par jour ces massacres, 10 000 morts par jour pendant cent jours.

Au 75° jour des massacres, tandis que nos brillants alliés perdaient pied face aux soldats du Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame, nous avons déclenché l’opération Turquoise, sous mandat humanitaire de l’ONU, pour envoyer les meilleures unités de l’armée française se battre contre… les ennemis des génocidaires, ces soldats du FPR que nous ne cessions de désigner comme notre ennemi.

La mission fixée par l’Élysée était claire : stopper nos ennemis plutôt que les génocidaires. 

Et lorsque nos soldats ont croisé les survivants tutsi des collines de Bisesero, ils ont reçu l’ordre de les laisser choir à nos alliés qui les massacraient, parce que la mission fixée par l’Élysée était claire : stopper nos ennemis plutôt que les génocidaires. Trois jours plus tard, mes camarades des forces spéciales ont désobéi, sans le dire, pour porter enfin secours aux rescapés de Bisesero, et ils en furent blâmés.

L’armée française a alors créé, sur ordre, une zone humanitaire sûre qui a sauvé l’armée des génocidaires. Nous avons même été obligés de mener des raids à l’intérieur de cette zone, que nous protégions, pour sauver quelques rescapés tutsi de la volonté exterminatrice des SS qui s’y étaient installés en toute liberté. La destruction a continué

Nous aurions pu nous arrêter là, dans ce désastre, mais nous avons été obligés de boire la coupe jusqu’à la lie. Les organisateurs du génocide se sont présentés à Cyangugu, où se trouvait un groupement militaire français, celui dont je faisais partie. Son commandant fut obligé d’escorter les responsables du génocide jusqu’à la frontière du Zaïre, devenu Congo, alors qu’il avait réclamé de les arrêter.

Ces criminels ne sont pas partis seuls : ils avaient pu conserver la Radio Mille Collines, qui diffusait des ordres odieux, et ils ont déclenché l’exode forcé de la population hutu pour continuer leur résistance, la destruction des Tutsi. Nous leur avons à nouveau livré des armes et nous leur avons même proposé nos conseils pour élaborer une nouvelle stratégie.

Ces combats durent encore dans l’est du Congo[avec la deuxième guerre du Congo, de 1998 à 2002, puis celle du Kivu], faisant près de 300 000 morts, dix fois plus de vies massacrées que celles sauvées par l’opération Turquoise, qui, de fait, a sauvé les génocidaires.

Des voix se sont élevées en France pour réclamer des explications. Mais la vérité était indéfendable et inacceptable, alors les responsables de l’époque ont inventé des thèses alternatives pour atténuer leurs responsabilités et enterrer ce désastre français.

À la tête de certains d’entre eux, depuis vingt-sept ans, Hubert Védrine [secrétaire général de l’Elysée de 1991 à 1995] oriente les actions : n’y aurait-il pas eu un deuxième génocide, commis par les Tutsi, qui contrebalancerait l’horreur de celui qu’ils avaient subi ? Le président Kagame n’aurait-il pas organisé lui-même l’assassinat du président Habyarimana pour déclencher le génocide ? Des Tutsi n’auraient-ils pas infiltré ces milices qui démembraient les leurs pour les transformer justement en bourreaux ?

Le président Macron a rétabli l’équilibre des valeurs qui honorent notre nation et notre société, l’intelligence d’apprendre de ses échecs et la force de reconnaître ses erreurs.

Le négationnisme, ce n’est en effet pas seulement nier le génocide contre les Tutsi, c’est aussi chercher à atténuer la responsabilité de ceux qui l’ont commis ou, pis, de transformer les bourreaux en victimes.

Le 27 mai, avec solennité, avec des mots choisis, avec une humilité à laquelle il ne nous avait pas habitués, le président Macron a rétabli l’équilibre des valeurs qui honorent notre nation et notre société, la capacité à affronter la réalité, l’intelligence d’apprendre de ses échecs et la force de reconnaître ses erreurs.

Pour les militaires français, qui se sont vu imposer une politique délirante amenant à collaborer, qui se sont vu imposer un silence mortifère et le déshonneur d’assumer de tels mensonges, c’est une page sordide de notre politique qui est enfin tournée. Car l’honneur d’un soldat réside dans son humanité bien plus que dans sa discipline, et c’est pour cela que mon cœur s’est senti soulagé en écoutant ce jeune président nous libérer de la honte d’avoir collaboré.

Guillaume Ancel, ancien lieutenant-colonel de l’armée française, vétéran de l’opération Turquoise, a écrit Rwanda, la fin du silence (Les Belles Lettres, 2018).

2 06 2021                               

Le porte conteneur neuf MV Xpress Pearl fait naufrage au large de Colombo, au Sri Lanka. En soute, 297 tonnes de fioul lourd, 57 tonnes de fioul marin, mais encore de l’acide nitrique qui a commencé à fuir dès le 11 mai dans le port de Hamad, au Qatar, sans que l’on puisse réparer. De là, il a repris la mer, avec une nouvelle escale à Hazira, un port du nord-ouest de l’Inde, sans que l’on puisse réparer. De là il a repris la mer et l’incendie s’est déclaré le 20 mai.

Donc, on peut noter que le Qatar a suffisamment d’argent pour organiser une coupe du monde de foot, mais pas assez pour donner les infrastructures portuaires modernes adaptées à la nature du trafic maritime d’aujourd’hui. Et cela dit bien l’échelle des valeurs qui ont cours aujourd’hui : le fric, la com mais du travail sérieux, le moins possible.

Naufrage du porte-conteneurs MV « X-Press Pearl » au large du port de Colombo, au Sri Lanka, le mercredi 2 juin 2021.

Naufrage du porte-conteneurs MV X-Press Pearl au large du port de Colombo, au Sri Lanka, le mercredi 2 juin 2021

3 06 2021                               

Suite au dernier coup d’État au Mali du 24 mai, la France suspend ses accord bilatéraux militaires avec ce pays. Ce n’est qu’un petit pas vers le désengagement, mais symboliquement très lourd. Avec les mercenaires privés de Wagner, les Russes sont dans les starting-blocks pour prendre la place, mais, une fois en place, accepteront-ils de payer les fins de mois du pays comme le font actuellement l’Europe et le FMI ? Une semaine plus tard, Emmanuel Macron annoncera la fin de Barkhane, avec un calendrier qui devrait voir, d’ici 2023, le départ de la moitié de l’effectif actuel, 5 100 hommes.

8 06 2021                  

Dans la plus vieille course poursuite du monde, entre le gendarme et le voleur, le premier vient de marquer un but splendide, de la tête : le FBI est parvenu à faire pénétrer un portable de sa conception muni d’une application précise – ANoM -, au sein du grand banditisme sévissant essentiellement en Australie-Nouvelle-Zélande ; ces gens-là étaient donc sûrs de la sécurité et de l’impossibilité à décrypter ces appareils, et, donc, ne pouvaient pas soupçonner une seconde que tout cela venait du FBI qui les écoutait donc en permanence – 27 millions de messages -. Ils sont certes particuliers, mais n’en ont pas l’air : impossible d’appeler, d’envoyer un mail, d’aller sur Instagram, d’envoyer des photos : on peut seulement envoyer des messages, écrits et vocaux.

Résultat de la pêche miraculeuse :

  • 800 arrestations en international, 700 lieux perquisitionnés
  • 8 tonnes de cocaïne, 22 tonnes de cannabis, deux tonnes de méthamphétamine, 250 armes à feu, 55 véhicules de luxe et plus de 48 millions $ (39 millions d’€) en diverses devises et crypto-monnaies
  • Rien qu’en Australie, plus de 200 personnes ont été inculpées dans cette enquête qui, selon le Premier ministre Scott Morrison, a infligé un dur coup au crime organisé dans ce pays, et qui aura un écho dans le monde entier.
    Autre pays principalement concerné, la Suède a déclaré avoir arrêté 155 personnes, dont cinq en Espagne. Les autorités ont pu repérer plus de 600 suspects, empêchant plus de 10 meurtres planifiés en Suède.
    La Finlande voisine a annoncé une centaine d’arrestations, une grosse saisie de mitrailleuses et de 500 kg de drogues, d’armes et d’argent liquide, ainsi que la découverte d’un atelier d’impression 3D fabriquant des pièces d’armes à feu. En Norvège, sept arrestations ont eu lieu.
    L’Allemagne a interpellé 70 suspects, les Pays-Bas 49 et la Nouvelle-Zélande 35.
    À l’origine de Bouclier de Troie figurent l’infiltration par le FBI de Phantom Secure, un autre système de communications cryptées, et le démantèlement au cours des deux dernières années de deux autres, Sky Global et Encrochat.
    La fermeture de ces deux plateformes (…) a créé un vide sur le marché des communications cryptées, a expliqué mardi la police néo-zélandaise.
    Pour combler ce vide, le FBI a opéré son propre système d’appareils cryptés, baptisé +ANOM+. Cela lui a permis de retourner la situation contre les criminels, a expliqué M. Shivers. Nous avons pu voir des photos de centaines de tonnes de cocaïne dissimulées dans des cargaisons de fruits.

Question : Est-il bien certain que des bons vieux mafiosi latins se seraient ainsi fait piéger ? Peut-être les pizzini ces petits bouts de papier que le mafioso brûle sitôt lu – vont-ils reprendre du poil de la bête. Ce qui est certain encore, c’est que, côté grand banditisme, il est aujourd’hui absolument indispensable de créer un poste à très grande responsabilité d’informaticien en chef qui parviendra à la maîtrise complète des communications, pour ne pas être ridiculisé par la facilité avec laquelle ils sont tombés dans ce piège, de même que les parrains marseillais d’antan mettaient à leurs côtés des chimistes de haut niveau pour obtenir de la blanche parfaite. Tout cela n’est vraiment nouveau que par l’ampleur de l’opération, car, quelques mois plus tôt, les Police et Gendarmerie françaises étaient déjà parvenus à décrypter des réseaux codés, de moindre ampleur.

22 06 2021                 

Quand un laïque, distingué certes mais laïque, donne une leçon de droit, et donc d’humanisme … au pape…

Assignée à résidence dans des conditions discutables, une religieuse est chassée de sa communauté après y avoir vécu depuis plus de trente ans, par l’effet d’une révocation autoritaire de ses vœux, autrement dit d’une annulation de son existence entière dans le sens qu’elle lui avait librement donné. Les faits ont été précisément rapportés dans Le Monde et je n’y reviendrai pas [fin avril avec confirmation le 18 juin, mère Marie Ferréol, née Sabine Baudin de la Valette, avait été renvoyée des dominicaines du Saint-Esprit. Elle assurait n’avoir aucune idée de la faute grave dont l’Eglise l’accuse, qui donne à cette sanction rarissime des relents de procès en sorcellerie].

L’affaire de la religieuse de Pontcallec n’est pas plus une affaire de bonnes femmes que l’affaire Finaly, qui vit après la guerre Maurice Garçon et François Mauriac s’opposer au sujet du sort réservé à des orphelins juifs recueillis et baptisés, sous l’Occupation, par une famille catholique, n’avait trait à une question de garde d’enfants. Dans les deux cas, de grandes questions se posaient, se posent encore.

À propos de mère Marie Ferréol, c’est à une succession de problèmes essentiels que l’esprit le moins prévenu se trouve confronté : le statut de la femme dans l’Église catholique, le respect par les institutions de cette même Église des droits de la personne, et son crédit moral pour finir. Car de deux choses l’une : ou l’on croit à la vocation affichée par cette institution, et l’on ne prendra jamais à la légère ses procédures ni les comportements de ceux qui les mettent en œuvre ; ou l’on n’y croit pas, et l’on trouvera dans l’affaire de Pontcallec une occasion nouvelle de la taxer d’hypocrisie et d’imposture.

Voici longtemps, et en tout cas de manière très explicite depuis le concile Vatican II, que l’Église prétend délivrer un message universel valable pour l’humanité entière et largement fondé sur la défense des droits de la personne. Qu’en reste-t-il si elle en méconnaît les exigences les plus élémentaires lorsqu’il s’agit du sort de ceux qui ont consacré, à travers elle, leurs vies à ce message ?

Quand bien même on serait philosophiquement ou religieusement étranger au christianisme, il se pourrait qu’on fût toujours sensible à sa compassion pour les persécutés. Le sera-t-on encore si cette Église tolère en son sein des persécutions, même moins importantes que celles qu’elle dénonce à travers le monde ?

Ici, la persécution ne concerne pas d’abord la sévérité de la mesure finale, mais son caractère manifestement abusif, tenant au simple fait que le principe du contradictoire, auquel s’attachent tous les systèmes de droit civilisé, n’ait simplement pas été respecté. C’est d’autant plus frappant que rien de sérieux, aucun impératif transcendant, n’empêchait qu’il en soit autrement.

À aucun moment cette femme n’a été mise à même de connaître son dossier, de présenter sa défense, de contester utilement les mesures dont elle faisait l’objet. Ces règles élémentaires, que la moindre administration respecte, en Europe, à l’égard de ses employées, n’ont reçu aucune application.

Et c’est bien là que l’essentiel se noue. On ne peut facilement admettre que le droit de Dieu, mis en œuvre par une bureaucratie qui est, comme toute bureaucratie, tentée par nature de se prévaloir abusivement des grandeurs qui justifient son existence, s’exerce d’une manière aussi radicale et dans l’obscurité, dans la mesure même où le message évangélique se fonde précisément sur la valeur prééminente du comportement inverse.

Si l’esprit passe avant la loi, l’amour avant la règle, on admettra difficilement qu’il en aille différemment au sein même de l’institution qui prétend énoncer ces idées libératrices. Imagine-t-on un instant le divin maître condamner sans savoir, ou même sans interroger ?

Telle est d’ailleurs la raison pour laquelle les plus grandes règles monastiques, même en réservant l’obéissance, font la part d’un dialogue nécessaire. Les Constitutions de la Compagnie de Jésus, largement écrites par Ignace de Loyola, sont traversées par un leitmotiv qu’on pourrait résumer ainsi : On fera selon la règle sauf si le salut des âmes ou la gloire de Dieu demandent que l’on fasse autrement. 

C’est d’autant plus nécessaire que le cas de cette religieuse est loin d’être évident. Il suffit d’une connaissance élémentaire du droit canonique pour s’apercevoir que la dispense autoritaire des vœux ne peut s’appliquer sans cause grave, c’est-à-dire en pratique hors des situations d’apostasie publique ou de vie notoirement scandaleuse, après qu’un ensemble de représentations ont été faites, et les personnes amenées à s’expliquer.

Rien de tel n’a eu lieu. Autant dire qu’on a transformé le droit canon en chiffon de papier, au mépris, au passage, de la parole réitérée des plus hautes autorités de l’Église. Ainsi Jean Paul II énonçait-il, après ses prédécesseurs, que le droit n’est pas un corps étranger seulement voué à la protection d’intérêts temporels, mais qu’il est connaturel à la vie de l’Église.

Récemment encore, le secrétaire d’État [du Saint Siège] Pietro Paolin s’exprimait en termes identiques, se référant à cet égard au procès de Jésus-Christ. Or, l’observation même rapide de la manière dont la procédure d’exclaustration forcée de cette religieuse a été conduite montre un ensemble de légèretés, d’approximations et d’illégalités qui feraient rougir de honte le moindre tribunal administratif français, la moindre commission disciplinaire de la fonction publique, qui eux au moins ne prétendent pas dire, urbi et orbi, le bien universel.

Lorsque j’étais enfant, au collège, on nous faisait écrire nos compositions sur de grandes feuilles où étaient inscrites, en haut à gauche, les lettres AMDG, pour Ad Majorem Dei Gloriam, qui signifie pour la plus grande gloire de Dieu. Devenu vieux, un simple laïc de l’Église de France, pour employer la périphrase de C. S. Lewis, ne se souvient pas sans nostalgie de l’invitation qui nous était faite de rechercher l’important même dans l’accessoire. Mais il ne voit pas ce que la gloire de Dieu gagne, de Pontcallec à Rome, à une aussi navrante combinaison de la bêtise et de l’insensibilité ordinaires.

La gestion assez lamentable de cette affaire, et sans même qu’on se prononce sur le fond, fait venir au jour des défauts de nature différente. Un manque de sérieux tout d’abord ; un manque de bon sens ensuite ; enfin, l’inadaptation flagrante d’un corpus lacunaire de règles anciennes aux principes les plus élémentaires. Ces questions relèvent pour finir d’un contentieux de nature administrative où la communication des griefs, le droit de choisir son conseil, les délais raisonnables de jugement des tribunaux, l’indication des voies de recours, devraient aller de soi.

Il est à l’évidence inacceptable que le droit positif de l’Église soit si fort en retard sur les éléments les plus importants d’un droit naturel dont elle ne cesse de rappeler au monde, et à juste titre, toute l’importance. Rien de transcendant ne le justifie, et c’est même exactement le contraire si l’on se réfère à la doctrine qu’elle défend. C’est bien, là encore, son crédit qui est en cause, autant que dans des circonstances plus graves que je ne rappellerai pas.

Sous ce rapport, c’est l’ensemble de la procédure canonique qui est à revoir, ou, en matière administrative, à créer. Mais en attendant, un règlement simplement humain de cette question dissiperait un soupçon qui n’est hélas que trop d’actualité : que l’affaire eût été différemment conduite s’agissant d’un homme, et plus élevé dans la hiérarchie ; que le mépris, administrativement manifesté, des droits de la personne, paraît trop souvent encore de nature, par un curieux entraînement, à prévenir le scandale public, alors qu’il en est la cause. Le pape François n’a cessé, me semble-t-il, de le rappeler. C’est pourquoi j’espère qu’il lira cet article, et décidera en conséquence ce qui convient, à la suite d’Ignace, qui ne voyait de pire faute que celle d’être un obstacle au salut des âmes.

François Sureau, avocat et écrivain, membre de l’Académie française. Le Monde du 24 06 2021

En mars 2024, le tribunal civil de Lorient condamnera le cardinal Marc Ouellet, tout puissant préfet de la congrégation pour les évêques, au demeurant grand ami de Sœur Marie de l’Assomption, opposée à Sœur Marie Ferreol, pour sa prise de décision, coupable d’abus de droit, d’absence d’impartialité pour ce renvoi infâmant et vexatoire et le condamnant à 120 000 € d’amende. Le Saint Siège se fendra d’un note verbale pour protester de cette condamnation, jouant avec un talent certain la vertu outragée, dont s’amusera François Sureau.

26 06 2021                       

Inauguration de la Tour Luma, en Arles.

En 1961, Luc Hoffmann avait été l’un des fondateurs du WWF, puis, aussi, d’une association Vincent van Gogh en Arles, qui avait été reprise par sa fille Maja, qui avait maintenu à flot les Rencontres Internationales de la Photographie, avant de fonder, en 2015, la fondation LUMA, au cœur de laquelle trône en majesté la tour de l’architecte Frank Gehry pour un montant avoisinant les 150 M€. [Le groupe Hoffmann Laroche est le troisième groupe mondial de pharmacie, avec un CA annuel de 47.2 milliards de $, en 2019].

Courte florilège de cet univers mental : la définition de la bibliothèque en feu

Une créature cherche la forme de son intelligence. Depuis 2011 une bibliothèque expérimentale s’élabore à partir de la lecture de ses volumes : livres, films, jeux vidéo. Elle y détecte des mouvements, opérations et structures qui viennent à composer les logiques de son avancée. Comme face à un mystérieux poème, vous entrez dans la possibilité d’un monde où tout devient suspense, réfraction de signes, source virtuelle d’attention.

Métafiction créée et écrite par Charles Arsène-Henry dans un espace conçu avec Dominique Gonzalez-Foerster et Martial Galfione, La bibliothèque est en feu développe, avec d’anciens étudiants de Shapes of Fiction (Architectural Association School of Architecture, Londres), un programme de recherche dans les profondeurs de ses bibliographies : réaliser un nouvel instrument de lecture.

https://www.telerama.fr/sites/tr_master/files/styles/simplecrop1000/public/luma_arles_fog_21-06_3706_iwanbaan_0.jpg?itok=JN8gdQ_D

Les 10752 blocs d’acier inoxydable, chacun d’eux étant orienté différemment du voisin, jouent avec la fumière de l’instant, faisant de l’ensemble une variété de monstre préhistorique bien vivant. En basse saison, c’est à dire sans exposition, le ticket gratuit n’est là que pour le comptage, et le visiteur prend un plaisir certain à contempler cet espace très ouvert, où la beauté est omniprésente.

Photo Adrian Deweerdt

9 07 2021                             

L’ex-président d’Afrique du Sud, Jacob Zuma, se constitue prisonnier dans le cadre de son procès pour détournement de fonds publics, incluant les milliards de Kadhafi ; moins d’une semaine plus tard, ses partisans – c’est du moins ce qu’ils prétendent être – se livrent à un pillage généralisé dans la région de Johannesburg : plus de 200 supermarchés pillés, distributeurs automatique de billets etc etc… Les autorités, la police, l’armée seront complètement débordées et ne pourront que s’en prendre à des attardés. Les tentatives de retour à l’ordre ne seront le fait que du privé, l’État n’ayant que des mains vides : une coquille et rien dedans.

14 au 16 07 2021                           

Il pleut sans discontinuer sur la Rhénanie Palatinat. On aura vu les eaux de l’Ahr, un affluent du Rhin, monter de 8 mètres ! 174 morts en Allemagne, 31 en Belgique. Les services météo allemands se seront montrés particulièrement défaillants, lançant l’alerte beaucoup trop tard : un air froid venait du nord, un air chaud du sud, et voilà le résultat. Au Canada, c’est un dôme de chaleur venu du Mexique qui se fait piéger par un puissant anticyclone qui fait fonction de couvercle : 49.6° le 29 juin au pied du versant oriental des Rocheuses ! Un an plus tôt, c’était 1.15 million d’hectares qui brûlaient en Sibérie, après six mois de sécheresse : avec les fortes chaleurs, les arbres arrêtent leur photosynthèse, si bien qu’ils ne fournissent plus de fraîcheur mais au contraire deviennent du bois à brûler, David Faranda.

 

Au bord de la rivière Bad Neuenahr, le 17/07/2021

Bad Neuenahr-Ahrweiler (Rhénanie-Palatinat, région de Cologne)

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Passau

19 07 2021                         

Je t’écoute, tu m’écoutes, il m’écoute etc etc …  Aujourd’hui, c’est NSO, une boite israélienne, hier, c’était la NSA américaine, avant-hier, c’était Échelon. Versions contemporaines d’un des plus vieux métiers du monde : la police et ses indics, Fouché et ses mouchards. Le monde des journalistes ne ferait-il pas un peu trop de mousse là autour, s’enfermant dans une posture de victimisation, jouant la vertu outragée quand eux-mêmes passent une bonne partie de leur temps à bénéficier d’informations obtenues moyennant le viol du secret professionnel, du secret de l’instruction, du devoir de réserve, tous ces viols n’étant que la négation pure et simple de toute déontologie ?  Vous avez dit déontologie ? Mais qu’est-ce c’est que ça  ? 

14 08 2021                       

La terre tremble à nouveau sur cette terre d’Haïti, terre de tous les malheurs : 7.2 de magnitude, 2 200 morts, 12 000 blessés, 300 disparus et des dizaines de milliers de sinistrés. Bien viv pa fasil.

15 08 2021                     

Les Talibans sont à Kaboul, pratiquement sans avoir eu à se battre : l’armée afghane s’est débandée… le hasch ou le combat… il faut choisir. On pense à la formule de George Bidault à la chute de la IV° république en 1958 : La République n’est pas à prendre mais à ramasser. Il faudra bien un jour essayer de savoir pourquoi  et comment une armée équipée d’un armement dernier cri par les Américains, formée, entraînée par eux, (60 millions $ depuis le début de 2021, 6 000 milliards depuis 20 ans, un investissement largement égal à celui des Russes auparavant) s’est volatilisée – oui, certains ont réussi à détourner un avion de sa mission pour prendre la fuite -, carapatée, dissoute… Quand les habitants d’un pays ne sont plus en mesure de défendre par les armes les valeurs dont ils se revendiquent, c’est qu’il y a quelques chose de profondément faux, pourri au cœur même du pays. Corruption, drogue, le gouvernement en place n’obéissait qu’à ces maîtres mots. Qui oserait parler aujourd’hui de l’indispensable courage qu’il y a a joindre le geste à la parole ? Massoud, reviens pour les mettre debout ! Les bataillons de journalistes qui, par ce que c’est dans l’air, veulent à tout prix que de tout cela les occidentaux soient encore responsables se fourvoient lourdement : non les Américains ne sont pas responsables de la débâcle afghane ; ce n’est pas Joe Biden qui a décidé du retrait de ses troupes, ce n’est pas non plus Donald Trump, c’est Barack Obama : donc on ne peut pas dire que les Afghans aient été surpris ! ce sont bien ceux-là qui sont responsables en ayant refusé systématiquement d’endiguer par la force la reconquête des Talibans, en ayant fui plutôt que d’affronter.  Si les militaires afghans sont devenus des pleutres, les Américains n’en sont pas responsables. L’OTAN peut juste être accusée de n’avoir pas su voir que l’armée nationale serait aussi inexistante et donc que les talibans avanceraient aussi vite. Et, pour ajouter au cauchemar, la guerre éclate entre Daech – plus précisément État islamique au Khorassan – et les Talibans, les premiers ne pardonnant pas aux seconds d’avoir discuté, négocié avec les Américains à Doha, d’où l’attentat suicide le 26 août aux abords de l’aéroport qui va faire 182 morts – dont treize soldats américains et 160 blessés. Un peu plus loin dans le cortège des calamités, on verra arriver la faim, la maladie, et l’extension du conflit au Pakistan voisin. Le bilan est catastrophique.

C’est à une véritable bascule des valeurs du monde occidental que l’on assiste avec ce drame afghan : l’occident ne veut plus envisager que la première chose à faire pour un pays quand il est attaqué, ce soit de se défendre. Et donc on va chercher les explications dans les bas-côtés de la réalité plutôt que d’aller en son cœur. On n’est pas loin du Münich de Chamberlain et de Daladier… [les cons, s’ils savaient !] dont on connait la suite. Perte d’argent, perte légère ; perte d’honneur, grosse perte ; perte de courage : perte irréparable, disait Goethe.

Afghanistan : Sept morts dans le chaos près de l'aéroport de Kaboul

C’est l’état général de maladie profonde du monde musulman qui explique la naissance des monstres terroristes aux noms d’Al-Qaïda, Al Nostra, AQMI ou de l’État islamique. Ce ne sont là que les symptômes les plus graves et les plus visibles sur un immense corps malade, dont les maladies chroniques sont les suivantes : impuissance à instituer des démocraties durables dans lesquelles est reconnue comme droit moral et politique la liberté de conscience vis-à-vis des dogmes de la religion ; prison morale et sociale d’une religion dogmatique, figée, et parfois totalitaire ; difficultés chroniques à améliorer la condition des femmes dans le sens de l’égalité, de la responsabilité et de la liberté ; impuissance à séparer suffisamment le pouvoir politique de son contrôle par l’autorité de la religion ; incapacité à instituer un respect, une tolérance et une véritable reconnaissance du pluralisme religieux et des minorités religieuses. Tout cela serait-il donc la faute de l’Occident ? 

Abdennour Bidar, philosophe

6 09 2021                         

Le temps d’un film, il nous aura fait oublier les cons, les pisse-vinaigre, les durs à jouir, les radins, les mesquins, les faux-culs, les grincheux, les envieux, les snobs, tous les pseudos, gauche et droite confondues, les donneurs de leçons, les pédants, les rétrécis, les étriqués… Il fallait tout son panache pour mettre à bas pareille muraille ; le panache, cette élégance de l’action, plus innée qu’acquise… qu’outre Manche et outre Atlantique on nomme French Touch. Monsieur Belmondo : merci.

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1933 – 2021 Pour ce que rire est le propre de l’homme

24 au 26 09 2021                       

Le Monde ouvre son nouveau siège au public : 

Pour la première fois cette année, les festivaliers vont pouvoir découvrir le nouveau siège du groupe.

Dans le prolongement de la gare d’Austerlitz, par l’agence norvégienne mais  internationale d’architecture Snohetta dont Kjetil Trædal Thorsen est cofondateur.

15 09 2021                         

Non, non, non, la solidarité anglo-saxonne – l’anglosphère, dit-on aujourd’hui –  n’est pas morte : réunis dans une alliance regroupant les États-Unis, La Grande Bretagne et l’Australie au sein d’AUKUS, ils dénoncent le contrat passé avec la France en 2016 pour la fourniture de 12 sous-marins à propulsion diesel, pour prendre une autre orientation  en choisissant 8 sous-marins à propulsion nucléaire. Et peut-être la France a-t-elle sous-estimé la force du lien que représente encore aujourd’hui le Commonwealth ? Rappel des ambassadeurs français à Washington et Canberra, mais pas celui de la pourtant perfide Albion. Ça se gâte dans les relations avec Joe Biden. Avis de gros temps si ce n’est de tempête. Les Australiens se seront montrés faux-culs au delà du supportable, allant jusqu’à envoyer un courrier au ministère de la Défense à Paris, arrivé le lendemain, l’assurant de son complet soutien dans la suite à donner à ce partenariat ! 

Quand on entre sur un terrain de foot comme si on allait à la chasse…

D’après les chiffres du site Transfermarkt, Lionel Messi, l’homme aux 672 buts avec le FC Barcelone aime prendre son temps et n’a jamais marqué lors des trois premières minutes de jeu. Le premier quart de ses matchs est d’ailleurs celui dans lequel il se révèle le moins prolifique. Tout sauf un hasard statistique.

Quand d’autres enchaînent déjà les courses à haute intensité, l’Argentin préfère marcher, comme indifférent aux événements. En 2015, le journaliste britannique Simon Kuper assiste à un match du Barça contre l’Atlético de Madrid et raconte ce phénomène dans son livre The Barcelona Complex : Lionel Messi and the Making – and Unmaking – of the World’s Greatest Soccer Club (Penguin, 416 pages, non traduit) : Pendant les cinq premières minutes, il n’a pas regardé le ballon ni participé au jeu. Il a marché dans la défense et regardé le positionnement de chacun. Javier Mascherano lui a fait une passe mais il a simplement laissé filer le ballon car il n’était pas prêt à jouer, écrit-il.

En réalité, Messi est bien occupé. Il regarde chacun de ses adversaires pour voir où il se positionne et comment la défense s’articule, confie un dirigeant catalan à Kuper. Et quand il pique son premier sprint, le sextuple Ballon d’or a ainsi analysé, scanné et photographié le match.

L’ancien recruteur Luis Ferrer connaît bien le phénomène pour l’avoir étudié pour le compte du PSG entre 2013 et 2015, époque où le PSG croise six fois la route du Barça en Ligue des champions. Il en tire une conclusion : Messi marche pour mieux comprendre le jeu, voir où se trouve la faille. L’Argentin n’est ainsi jamais aussi dangereux que lorsqu’il semble dans son monde, perdu dans ses pensées, la tête rentrée dans les épaules.

De l’inaction surgit l’action chez lui. Même les cinq premières minutes écoulées, l’enfant de Rosario se désintéresse – en apparence – du cours des événements. Il disparaissait des matchs pour mieux surprendre et casser les règles. C’est-à-dire créer le déséquilibre dans une défense en place sur une accélération, un dribble ou un geste, développe son compatriote Luis Ferrer, aujourd’hui à la tête d’une structure d’accompagnement de joueurs, LF360.

Dans les faits, Lionel Messi donne parfois l’impression d’être un promeneur égaré au milieu du semi-marathon de Paris. Dans un football gagné par la data, on peut faire dire beaucoup de choses aux chiffres, sauf que la recrue du PSG est une machine à répéter les courses.

À Barcelone, seul le gardien pouvait lui contester le titre du joueur au plus faible kilométrage. Et parfois de justesse. En 2014, Messi affiche 6,8 km un soir d’élimination en Ligue des champions face à l’Atlético de Madrid, contre 5,3 km pour le portier, José Manuel Pinto. Ce soir-là, un certain Neymar – pas connu comme un marathonien des pelouses – termine à 9,5 km.

Messi n’est pas le premier à ménager sa monture. Entre deux buts, Zlatan Ibrahimovic a plus arpenté la pelouse du Parc des Princes au petit trot qu’au galop. Recalé en cadets par le FC Metz pour un test à l’effort jugé insuffisant, le jeune Michel Platini a laissé les Fernandez ou Tigana galoper pour lui en équipe de France. Et que dire de Gerd Muller, décédé le 15 août ? Des chercheurs de l’École supérieure des sports de Cologne ont mesuré que le bombardier du Bayern Munich courait en moyenne 3,5 km par match, à son meilleur, dans les années 1970. À ce niveau-là, on frôle le surplace pour le champion du monde 1974.

Peu courir serait-il une sorte de privilège des grands, de ceux dont le talent fait basculer une rencontre et dispense de s’époumoner ? Quand Guardiola était l’entraîneur [entre 2008 et 2012], le Barça défendait tellement haut que Messi n’avait pas à effectuer de grandes courses, note Luis Ferrer. Sa fonction était juste de gêner la relance des défenseurs axiaux, mais on ne lui demandait pas un gros travail défensif. 

Un état de fait accepté et même encouragé par l’intransigeant et égalitariste Pep Guardiola, comme celui-ci le théorise dans son autobiographie, Pep Guardiola, la métamorphose, (Marabout, 2017). Il faut faire attention quand Messi s’éloigne, on a l’impression qu’il marche… Il remarque qu’il est seul, mais quand il voit qu’il est surveillé, il prend l’espace et s’éloigne… Messi passe son match à marcher, il radiographie la situation à chaque instant. Et d’ajouter : C’est le joueur qui court le moins en Liga.

Cette parcimonie dans l’effort lui permet aussi de garder sa lucidité pour effectuer le bon choix, le bon geste dans la zone de finition. Dans un football qui demande toujours plus de vitesse, Messi ralentit pour mieux observer, surprendre et réaccélérer. Le philosophe Frédéric Gros décrypte ce paradoxe : Il y a, derrière la marche, l’idée qu’on se traîne. Or, chez Messi, elle va être le préalable à des accélérations fulgurantes. Auteur d’un livre en forme de plaidoyer pédestre (Marcher, une philosophie, Carnets Nord,2009), ce spécialiste de Michel Foucault voit dans la démarche (sans doute instinctive) de Messi une attitude vieille de plus ou moins 400 000 ans chez l’Homo sapiens : celle qui est propice à la chasse.

Il peut paraître un peu hagard sur le terrain, mais se laisse en réalité imprégner par son environnement, explique-t-il au Monde. En marchant, il se donne les moyens de tout voir. Dans la course, on devient plus attentif à son souffle, à son corps, on finit par ne plus rien voir. La marche permet davantage d’ouverture, l’acuité est démultipliée… Elle développe une forme d’intelligence plus instinctive, ça ramène à l’intelligence du chasseur. Une sorte de lenteur très aux aguets comme s’il se mettait en position de tout percevoir. 

Dans une rhétorique plus footballistique, on dira que Messi choisit ses actions et laisse les autres se charger de compenser le déséquilibre provoqué par son faible goût pour l’effort défensif. Son entraîneur et compatriote Mauricio Pochettino le sait et ne se risquera pas à lui demander de se transformer en bête de somme.

À 34 ans, Messi chasse encore les records et les buts, en atteste son récent triplé avec l’Argentine contre la Bolivie, le 10 septembre. Avec lui, le PSG n’attend pas de la sueur et des kilomètres, mais d’enfin gravir la dernière marche menant à la victoire en Ligue des champions.

                    30 09 2021                               

Domenico Lucano a été maire de Riace de 2004 à 2018, une commune de 1 800 habitants en Calabre ; arrêté le 18 octobre 2019, il est condamné à plus de 13 ans de prison ferme et 500 000 € d’amende pour avoir accueilli en son village des migrants et l’avoir ainsi fait revivre ; la sentence est presque le double de ce qu’avait requis le parquet : association de malfaiteurs visant à aider et encourager l’immigration clandestine, escroquerie, détournement de fonds et abus de fonction. Une peine plus sévère que pour un mafiosi. La justice italienne peut être aux ordres de Matteo Salvini, même lorsqu’il n’est plus au pouvoir.

09 2021 Paris 

L'Arc de Triomphe empaqueté, hommage à Christo, disparait ce dimanche 3  octobre - Sortiraparis.com

L’Arc de triomphe, linceul de Cristo. Et demain, pourquoi pas la Victoire de Samothrace, la Venus de Milo, la Joconde… après tout…les femmes voilées, c’est tendance , n’est-il pas vrai ?

Au NYU Langone Health, Transplant Institute – NYU : New-York University – le rein d’un porc génétiquement modifié (de façon à éliminer la molécule qui provoquait le rejet du greffon) est greffé sur le corps d’un receveur en état de mort cérébrale, maintenu en vie par un ventilateur : et ça marche, au quart de tour. Le rein reste hors du corps, connecté aux vaisseaux sanguins du patient au niveau du haut de sa jambe, a commencé à fonctionner normalement, produisant de l’urine et des déchets de créatinine presque immédiatement, s’est félicité le Dr Robert Montgomery, directeur du NYU Langone Transplant Institute. Et pour lui, le fonctionnement de l’organe fonctionne à l’extérieur du corps indique qu’il fonctionnera dans le corps. Pourvou que ça doure, disait la mère de Napoléon. Bonne nouvelle à confirmer pour tous les patients en attente d’une greffe du rein. Le 7 janvier 2022, ce sera la greffe du cœur d’un porc lui aussi génétiquement modifié sur un homme de 57 ans qui sera réussie dans l’université du Maryland, par les professeurs Griffith Bartley et Muhammad Mohiuddin.

Depuis vendredi 7 janvier, un homme de 57 ans vit avec un cœur de porc génétiquement modifié. Cette première mondiale en matière de xénogreffe – c’est-à-dire de transplantation à partir d’une autre espèce animale – a été annoncée lundi 10 janvier par une équipe de l’université du Maryland (États-Unis).

David Bennett, atteint d’une insuffisance cardiaque au stade terminal et d’une arythmie, n’était pas éligible à une transplantation de cœur conventionnelle, ni même à un système de pompe cardiaque artificielle. La Food and Drug Administration (FDA) a donc autorisé cette stratégie expérimentale à titre compassionnel, chez ce patient consentant et sans autre option thérapeutique.

Si le recul encore très limité de l’intervention dirigée par les chirurgiens Bartley Griffith et Muhammad Mohiuddin incite à la prudence, cette première greffe cardiaque de porc est d’ores et déjà reconnue comme un pas important sur la longue route des xénotransplantations. La survie du patient au-delà de soixante-douze heures avec un cœur fonctionnel signifie en effet qu’il n’y a pas eu de rejet hyperaigu de l’organe, l’un des principaux risques des transplantations entre espèces.

Ce succès survient quelques mois après une autre première dans ce domaine, également aux États-Unis. Le 25 septembre 2021, une équipe de l’université Langone (New York) avait transplanté un rein de porc chez un humain pendant trois jours sans observer de rejet immunitaire. Le cadre était toutefois bien différent : il s’agissait d’une femme en état de mort cérébrale, et le rein étranger a été raccordé à ses vaisseaux sans être réimplanté dans son abdomen.

Les modifications du cœur porcin réalisées par Revivicor (la firme américaine aussi à l’origine du rein génétiquement modifié) portent au total sur dix gènes. Si le communiqué de l’université américaine du Maryland reste discret sur la technique utilisée pour fabriquer ce cœur dénommé UHeart, il précise que trois gènes responsables du rejet rapide des organes de porc par les humains, via des anticorps, ont été éliminés chez le porc donneur. Par ailleurs, six gènes humains responsables de l’acceptation immunitaire du cœur de porc ont été insérés dans le génome. Enfin, un gène supplémentaire a été éliminé chez l’animal, afin d’éviter une croissance excessive du tissu cardiaque du porc. Le patient reçoit désormais un traitement immunosuppresseur, lui aussi expérimental.

C’est une véritable prouesse, obtenue grâce à des ciseaux à ADN comme Crispr-Cas 9, qui permettent de purifier génétiquement des porcs avec une grande précision, et ainsi de franchir la barrière des espèces en proposant des organes utilisables en transplantation humaine, salue le docteur Benoit Averland, directeur adjoint de l’Agence de la biomédecine. Selon lui, l’équipe américaine a réussi en jouant sur deux tableaux : prévenir le rejet hyperaigu, qui est l’un des principaux défis des xénogreffes, mais aussi protéger le receveur du risque d’infections par des rétrovirus porcins, autre écueil des transplantations à partir de cochons. Bien sûr, il faut rester prudent car le recul est encore modeste, il faudra voir ce que devient ce patient dans les semaines et mois à venir, tempère le docteur Averland. Il est d’ailleurs possible que cette xénogreffe ne soit pas définitive et lui permette de passer un cap, rendant possible une transplantation d’un cœur humain dans un deuxième temps. 

Ce n’est pas une surprise, des projets d’humanisation d’animaux donneurs sont en cours depuis les années 2000, indique de son côté Geneviève Jolivet, récente retraitée de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) qui travaillait notamment sur le lapin. Avec les nouvelles technologies d’édition du génome, tout est devenu plus facile. C’est magnifique, cela passe du laboratoire à la clinique, même si ce n’est pas gagné. 

La chercheuse constate que si l’investissement dans le domaine est resté élevé aux États-Unis et en Allemagne, par exemple, il s’est étiolé en France. L’INRA [devenue Inrae] a été très frileux sur les organismes génétiquement modifiés. Les équipes de chercheurs finissent par lâcher prise, précise-t-elle. Revivicor, qui est un spin-off de PPL Therapeutics, la société britannique qui avait produit en 1996 la brebis clonée Dolly, a sans doute profité de ce savoir-faire en matière de transferts d’embryons nécessaires à l’obtention de porcs génétiquement modifiés, et de sa notoriété pour poursuivre les investissements dans cette voie de recherche, estime Geneviève Jolivet.

Pour le docteur Muhammad Mohiuddin, directeur scientifique du programme de xénogreffe cardiaque de l’université du Maryland, cette première procédure chez un humain intervient après une longue série de travaux précliniques, chez des primates. En 2016, l’équipe avait ainsi publié un article dans la revue Nature Communications faisant état d’une survie allant jusqu’à 945  jours (298 jours en moyenne) chez des babouins ayant reçu un cœur de porc.

L’une des principales modifications génétiques consiste en l’élimination du gène alpha 1-3 galactosyltransférase, codant pour un glucide. Présent chez les cochons mais pas chez les primates supérieurs, il est en effet impliqué dans les rejets hyperaigus, survenant spontanément en quelques minutes ou heures, lors d’une greffe interespèce.

Cette procédure réussie est l’aboutissement d’années de recherches très complexes pour perfectionner cette technique chez les animaux, souligne le spécialiste américain dans le communiqué de l’université du Maryland. Le docteur Muhammad Mohiuddin estime aussi que cette première xénogreffe a fourni des informations précieuses pour aider la communauté médicale à améliorer cette méthode qui pourrait sauver la vie de futurs patients.

Aux États-Unis, environ 110 000 personnes sont en attente de transplantation d’organes, et plus de 6 000 décèdent chaque année sans avoir pu être greffées. La xénogreffe fait donc figure d’espoir, même si l’association PETA de protection animale a rappelé que les animaux ne sont pas des cabanes à outils que l’on peut piller, mais des êtres complexes et intelligents.

Jusqu’ici, l’histoire des xénogreffes, dont le principe est envisagé de longue date, a été semée d’embûches. L’une des premières tentatives, la transplantation d’un rein de singe, daterait des années 1905, et a été suivie du décès du receveur en quelque 48 heures. Dans les années 1980, en Californie, une petite fille d’environ 1 an (Baby Fae) a reçu un cœur de babouin, et a succombé en trois semaines, du fait d’un phénomène de rejet.

Progressivement, le porc est apparu comme l’espèce la plus appropriée, notamment parce que son anatomie est assez proche de celle de l’homme, et qu’il est relativement facile à élever et à croissance rapide. Mais la question des réactions immunologiques est restée cruciale et complexe, tout comme celle des risques infectieux. En Europe, et notamment en France, la crise de la vache folle, dans les années 1990, a donné un coup d’arrêt aux recherches sur les greffes interespèces, rappelle le docteur Benoit Averland, de l’Agence de la biomédecine. À terme, les xénogreffes pourraient offrir une nouvelle source de donneurs mais aujourd’hui, dans ce domaine, l’Europe est totalement distancée par les États-Unis et la Chine. Si l’on veut s’y investir, c’est maintenant ou jamais, dit-il.

La compétition est déjà intense aux États-Unis, où le célèbre généticien George Church parie avec sa start-up eGenesis sur des porcs  humanisés pour des greffes de rein ou de pancréas, mais aussi de cœur. Cette première est très excitante, commente-t-il, mais de telles expérimentations ne sont généralement pas considérées comme significatives tant que la survie n’excède pas quelques jours et qu’elles ne concernent qu’un patient. Il souligne que sa stratégie inclut en plus un gène pour une puissante protéine anti-inflammatoire et l’inactivation de tous les rétrovirus de porc, pour réduire le risque de transmission de zoonoses.

Si le chirurgien cardiaque Patrick Nataf (hôpital Bichat, Assistance publique-Hôpitaux de Paris) se réjouit lui aussi de cette première, il pointe les questionnements éthiques et sociétaux des transplantations interespèces. La question de l’acceptabilité de ces greffes, qui renvoient à la symbolique des organes, est au moins aussi importante que le volet scientifique, estime-t-il.

Le sujet pourrait bientôt revenir à l’ordre du jour dans l’Hexagone. Avec les spécialistes en transplantation du campus Nord de Paris, Patrick Nataf travaille à un projet d’institut hospitalo-universitaire (IHU), consacré aux transplantations multi-organes. Si ce projet est accepté par les tutelles, la xénotransplantation sera l’un de nos objectifs primordiaux, souligne le spécialiste. En ce qui concerne le cœur, on fait aujourd’hui environ 400 transplantations par an en France, et il y a un greffon pour deux candidats. Le recours à des organes animaux est l’une des voies, avec les cœurs artificiels, pour pallier le manque de greffons humains.

Sandrine CabutChloé Hecketsweiler et Hervé Morin. Le Monde du 13 01 2022

Voir la video sur le CRISP au 28 06 2012

Les 26 pièces rendues ont été exposées de février à mai 2022 en combinaison avec 130 œuvres d’art contemporain, et cela a donné un résultat incroyable. Dans la partie historique, on a vu de jeunes enfants, accompagnés de leurs parents et grands-parents, découvrir des statues anciennes et poser des questions sur leur origine, leur signification. Dans la partie contemporaine, des chefs traditionnels, en tenue d’apparat, se sont confrontés à des œuvres afrofuturistes. Cela a créé des rencontres, des chocs de temporalité très riches. En trois mois d’exposition gratuite, 175 000 visiteurs ont afflué. À l’échelle de ce pays  de 13 millions d’habitants, c’est énorme ! Et tout ceci a engendré de nouveaux projets, des dynamiques inattendues : le Bénin souhaite désormais avoir un pavillon à la prochaine biennale de Venise, en 2024 et l’État a créé une collection publique d’art contemporain.

[…] En novembre 2021, alors que les pièces restituées étaient encore entreposées dans des caisses, des collègues béninois nous ont dit : Nous ignorons dans quelle langue nous devons parler à ces statues. Là, il ne s’agissait pas d’une question abstraite. Quelles langues étaient utilisées autrefois pour s’adresser à ces objets ? Est-ce qu’elles existent encore ? Du coup, des universitaires béninois, autour de Didier Houénoudé, veulent lancer un travail de recherche pour recenser les langues parlées dans tel ou tel royaume à l’époque.

[…] Ces pièces raniment dessavoirs et agissent aussi sur le plan émotionnel. Lors d’une récente exposition au musée de Cologne, la conservatrice Nanette Snoep a permis à des artistes et des intellectuels nigérians de toucher des œuvres provenant du pillage de Benin City, au Nigeria, en 1897. La professeure d’histoire de l’art Peju Layiwola, de l’université de Lagos, raconte qu’elle a fondu en larmes au contact d’une des pièces, et que cette sensation lui a aussitôt inspiré un poème. Dans les sociétés de tradition orale, certaines oeuvres sont des supports destinés à enseigner l’histoire, comme des bandes dessinées. Les bronzes de Benin City, dont des centaines d’éléments se trouvent au British Museum, à Londres, racontent l’épopée de l’ancien royaume d’Edo. Ailleurs, des défenses sculptées d’éléphant retracent des victoires militaires, à la façon de notre colonne Vendôme. Quand un support iconographique n’est plus disponible, son récit n’est plus transmis, et peut être oublié. Au Cameroun, la chercheuse Yrène Matchinda se rend avec d’anciennes photos dans des villages reculés pour recueillir la mémoire liée à des objets disparus. Elle n’obtient parfois que d’infimes détails mais, à partir de cela, elle parvient à reconstituer leur histoire et leur usage. Et ce sont bien les objets qui réveillent la mémoire.

[…] Ce qui s’est passé à Cotonou est, du point de vue des relations culturelles Nord-Sud, l’équivalent de la chute du mur de Berlin au niveau géopolitique. Fin 2018, au moment de la remise de notre rapport, le ministre béninois de la Culture ne croyait toujours pas au retour des pièces demandées. Tout en reconnaissant que, si cela se concrétisait, la donne serait définitivement changée. Le geste de la France, la restitution d’objets qui étaient exposés en permanence dans un grand musée, a fait irrémédiablement bouger les lignes. L’Allemagne s’apprête à rendre au Nigeria des objets résultant du pillage de Benin City. Le mouvement s’étend à la Belgique, aux Pays-Bas, à la Suisse et au Royaume-Uni, avec les collections universitaires de Cambridge et d’Aberdeen. Les restitutions vont représenter l’un des grands enjeux du XXI° siècle entre l’Europe et l’Afrique. Cela va devenir une question globale avec l’entrée dans le processus des États-Unis, qui n’ont pas de passé colonial : la Smithsonian Institution [une fédération de 19 musées et neuf centres de recherches] a récemment annoncé qu’elle allait rendre certains bronzes du Bénin à l’État nigérian.

Bénédicte Savoy. Géo  28 10 2022

1 11 2021                               

Ouverture de la COP 26 à Glasgow, avec 40 000 participants. Une FARCE, bien polluante et très couteuse. Notre maison brûle, et nous jetons de l’huile sur le feu.

Selon la société d’analyse de l’aviation Cirium, 76 jets privés ont atterri à l’aéroport de Glasgow ou dans ses environs au cours des quatre jours précédant le 1° novembre, jour de l’ouverture de la COP 26. En tout, environ 400 jets privés sont attendus durant les deux semaines de ce sommet pour le climat.

Les jets privés sont dix fois plus polluants que les gros-porteurs, eux-mêmes déjà très critiqués pour leur importante empreinte carbone. Ces 400 appareils vont rejeter dans l’atmosphère environ 13 000 tonnes de CO2, soit l’équivalent de ce que produisent 1 600 Écossais chaque année. Le comble de l’hypocrisie, ont dénoncé de nombreux défenseurs de l’environnement sur les réseaux sociaux.

Le Monde du 5 11 2021

Les promesses [BLA BLA, BLA] n’engagent que ceux qui les croient.

Henri Queuille, pilier des III° et IV° républiques, repris par Jacques Chirac

Comme tout événement international d’importance, il entraîne dans son sillage un festival off, au sein duquel les intervenants peuvent s’exprimer, plus masqués que jamais, et c’est ainsi que les lobbys anti-écolo l’infiltrent  par le biais d’un marionnettiste qui met en scène Greta Thunberg et les colibris chers à Pierre Rabhi, avec pour titre Bla Bla Bla et Cui Cui Cui vont en bateau ; Bla Bla Bla tombe à l’eau… Eh bien, on ne peut pas s’en cacher, c’est un gros succès.

5 11 2021                           

Et la mise à l’eau des camps de concentration flottants, mais consentants, continue  : Wonder of the seas : 6 360 passagers et 2 100 membres d’équipage. Propriété de la compagnie américaine Royal Carribean  (RCCL), le bateau mesure 362 mètres de long et 64 de large. Pas encore la moindre croisière et déjà has been : la confirmation de la commande date de mai 2016 : les choix économiques ont tellement changé en cinq ans ! Mais tant qu’on fera en sorte d’allonger tous les jours un peu plus la durée de vie des hommes comme des femmes, ces croisières là connaîtront encore de beaux jours.

Toutefois, pour réaliser des économies futures, peut-être pourrait-on trouver un dispositif qui permette d’imposer aux croisiéristes de prévoir une transformation au moindre coût en prison, le jour où toutes les villes portuaires refuseront leur accès à ces paquebots : on manque de prison, en voilà des toutes prêtes ! Après tout, il ne s’agit que de poser des grilles là où l’indiqueront les architectes des prisons : on les maintiendra ouvertes tant qu’il accueillera des touristes. Et si jamais il se révélait être inutile dans un pays, par manque de détenus, eh bien on le refile à une autre pays…

Première sortie en mer du Wonder of the seas le 20 août 2021 à Saint-Nazaire.

Le Wonder of the seas, le plus gros paquebot du monde.

Retraite

10 11 2021

L’OTAN et l’Ukraine signent à Genève une charte de partenariat stratégique; c’est Antony J. Blinken qui représente les États-Unis et Dmytro Kuleba, ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine.