Glossaires marins à l’usage des terriens qui veulent comprendre ce que disent les marins ; de A à E. 18887
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Publié par (l.peltier) le 30 avril 2008 En savoir plus

CONRAD ou le mot juste

Avant même qu’une ancre puisse être levée, il faut la mouiller, et ce truisme parfaitement évident me conduit immédiatement à mon sujet qui est la dégradation du langage maritime dans la presse quotidienne de ce pays. Votre journaliste, qu’il prenne la responsabilité d’un navire ou d’une flotte, presque infailliblement jette l’ancre. Or on ne jette jamais une ancre, et une liberté prise avec un langage technique est un crime contre la clarté, la précision et la beauté d’un parler porté à la perfection. (…)

Cette insistance à employer ce mot détestable provient de ce qu’un terrien à l’esprit particulièrement embrumé doit se représenter l’acte de mouiller l’ancre comme une opération consistant à envoyer quelque chose par-dessus bord, alors que l’ancre prête à être employée est déjà au-delà du bordé, et qu’au lieu de l’envoyer par-dessus bord on la laisse simplement tomber. Elle est suspendue au flanc du navire à partir de l’extrémité d’une lourde pièce de bois en saillie appelée bossoir, par une boucle de grosse chaîne à maillons courts dont le dernier est soudain libéré par un coup de masse ou par un levier qu’on tire, quand l’ordre en retentit. Et cet ordre n’est pas : Envoyez par-dessus bord ! comme semble l’imaginer le gratte-papier, mais Mouillez ! En fait, rien n’est jamais jeté, dans ce sens, à bord d’un navire, à l’exception du plomb de sonde, dont le jet sert à reconnaître la profondeur de l’eau sous la flottaison. Une chaloupe saisie, un espar de rechange, un tonneau ou tout objet de ce genre assuré quelque part sur le pont est jeté à la mer quand il se détache. De même, le navire lui-même est envoyé bâbord amures ou tribord amures quand on met en route. Jamais, cependant, il ne jette son ancre.

Pour utiliser le vocabulaire technique le plus strict, un navire ou une flotte mouille, les mots complémentaires, que l’on ne dit ni n’écrit, étant bien entendu sur ancre. De manière moins technique, mais tout aussi correctement, le mot ancrer, avec son aspect caractéristique et sa sonorité résolue, devrait être acceptable pour les journaux du plus grand pays maritime du monde. La flotte ancra à Spithead : peut-on désirer une meilleure phrase pour sa brièveté et sa sonorité marine? Mais le coup de l’ancre jetée, avec son faux air d’expression nautique – car pourquoi ne pas écrire tout aussi bien envoya l’ancre, projeta l’ancre, ou lança l’ancre ? – est insupportablement odieux à l’oreille d’un marin.

Joseph Conrad, le Miroir de la mer. 1906.

 

 

Brèves de comptoir et autres

Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer.

Platon

Horizon pas net, reste à la buvette.

Quand les mouettes ont pied, il est temps de virer.

Goéland volant bec en avant, signe de mauvais temps.

Goéland volant sur l’dos, ne fera pas le temps beau

Goéland ne volant plus, f’ra pas beau non plus

En rentrant au port, le vert est à tribord, le rouge est à bâbord, le verre de rouge est à ras-bord.

Quand surfent les oursins, reste à terre, marin !

Celui qui veut aller au fond des choses, fera bien de penser à relever la dérive

Est-ce qu’une navigatrice qui avait un gaillard avant, le retrouve après une solitaire ?

Le marin a rarement le vague à l’âme. Celles qui l’entourent lui suffisent.

*****

La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent.                                                               Les Hommes à Terre – Bernard Giraudeau

Et je suis d’une autre époque, une époque où les bateaux étaient faits de bois et les marins d’acier. Aujourd’hui, c’est le contraire.
Smilla et l’Amour de la neige de Peter Høeg – Peter Høeg
Les marins savent que leur royaume est mouvant et que, dans ce royaume, il n’existe que des vérités humbles, des assurances fragiles.
L’entreprise des Indes – Erik Orsenna

GLOSSAIRES MARINS

Extraits de plusieurs ouvrages, ils n’ont pas été reclassés et donc, nombreux sont les mots à être définis deux voire trois fois.

Cette admirable langue de la mer, si complète et si pittoresque, qu’ont parlé Jean Bart, Duquesne, Suffren et Duperré, qui se mêle au sifflement des agrès, au bruit des porte-voix, au choc des haches d’abordage, au roulis, au vent, à la rafale, au canon […], cet argot héroïque et éclatant, qui est au farouche argot de la pègre ce que le lion est au chacal.

Victor Hugo

J’ai passé tout mon temps à chercher l’homme de la marine, sans avoir jamais rien pu rencontrer. Il y a dans ce métier une spécialité, une technicité, qui arrêtaient toutes mes conceptions. Proposais-je une idée nouvelle, aussitôt j’avais Ganteaume sur les épaules et la section de Marine. – Sire, cela ne se peut pas. – Et pourquoi ? – J’étais arrêté tout court. Comment continuer la discus­sion avec ceux dont on ne parle pas le langage? Combien de fois au Conseil d’Etat, leur ai-je reproché d’abuser de cette circonstance ! A les entendre, il eût fallu naître dans la marine pour y connaître quelque chose. J’eus beau me débattre, il me fallut céder à leur una­nimité, en les prévenant toutefois que j’en chargeais leur conscience.

Napoléon, à Sainte Hélène, novembre 1816

Ce glossaire, qui fait de nombreux et libres emprunts à Robert Gruss : Petit dictionnaire de marine (Éditions géographiques, maritimes et coloniales, Paris 1952), ne cherche nullement à proposer un survol général du langage nautique ; il se contente de définir les principaux termes techniques rencontrés dans les pages de cette anthologie.

Simon Leys. La mer dans la littérature française. Plon 2007

ABATTRE : ou faire une abatée (ou abattée), arriver, laisser porter; faire tourner un voilier du côté opposé à celui d’où vient le vent ; pour un navire qui marchait au près, c’est l’écarter du lit du vent.

ABORDAGE : 1° collision, choc involontaire de deux navires qui se heurtent ; 2° dans la guerre navale à l’époque de la voile, manœuvre de combat consistant à s’amarrer bord à bord avec un vaisseau ennemi au moyen de grappins d’abordage, afin de le prendre d’assaut.

AFFALER : faire descendre ; donner du mou à une manœuvre. (Contraire : embraquer, haler.)

AFFOURCHER : assurer à un navire une meilleure tenue au mouillage en mouillant successivement deux ancres opposées l’une à l’autre dans une direction perpendiculaire au vent ou au courant dominant.

AIGUILLETTE : bout de corde (notez en passant que le mot « corde» est banni du vocabulaire nautique : à bord d’un voilier, il n’y a qu’une seule corde, celle de la cloche) qui sert à ligaturer deux objets ensemble – aiguilleter.

AIGUILLOT : aiguillot de gui (appelé aussi cou de cygne, vit de mulet), ferrure articulée qui relie le gui (la bôme) au mât; – aiguillots de gouvernail : pivots fixés sur la mèche du gouvernail et tournant dans les fémelots, pitons fixés sur l’étambot.

AIRE voir erre. AIRE-DE-VENT voir rhumb.

ALLURE : direction que suit un navire par rapport à celle du vent. Les allures du près sont : le plus près, ou près serré, le bon plein ou petit largue, le travers, ou largue. Les allures portantes sont : le grand largue et le vent arrière.

AMARINER: au sens général et courant, amariner un équipage ou des passagers : les conduire au large pour les habituer à la mer. Au sens ancien et particulier, utilisé principalement dans la guerre navale et la guerre de course : pourvoir d’un équipage et utiliser contre l’ennemi un navire qu’on lui a pris.

AMARRER : attacher un cordage (ou une chaîne) en lui faisant faire plusieurs tours sur une bitte, un taquet ou un cabillot.

AMENER : abaisser, faire descendre. (Contraire : hisser.)

AMURE : manœuvre qui retient le coin inférieur d’une voile, du côté d’où vient le vent. (contraire: écoute.) Changer d’amures est synonyme de virer de bord. Un navire est tribord amures quand il reçoit le vent du côté droit, et bâbord amures quand il le reçoit du côté gauche.

ANCRE : tige de fer (verge) se terminant par deux pattes, ou bras, armés de becs. La verge est surmontée par une boucle mobile appelée cigale ou organeau ; le câble (ou la chaîne) de l’ancre est fixé à la cigale. À son sommet, sous la cigale, la verge est munie d’une barre transversale formant croix avec la verge ; cette barre qui s’appelle le jas, est  aussi long que la verge et plus long que l’ouverture des pattes; le plan qu’il forme avec la verge est perpendiculaire à celui formé par les pattes. Les grandes ancres sont manœuvrées du bossoir et sont donc appelées ancres de bossoir, tandis que l’ancre à jet, plus petite et plus légère, peut être transportée dans un canot à une certaine distance du bord pour embosser le navire. (Embosser : tenir à l’ancre dans une direction déterminée, malgré le vent et le courant.)

Notez qu’on ne «jette» pas l’ancre, on la mouille. Pour appareiller, un bateau commence par virer l’ancre à pic, c’est-à-dire que l’on embraque la chaîne ou le câble au moyen du cabestan ou du guindeau, jusqu’à ce que le bateau se trouve juste à la verticale (à pic) de son ancre ; dans cette position, l’ancre peut alors être dérapée, c’est-à-dire arrachée du fond. Au mouillage, sous l’action du vent et du courant, si l’ancre a mal mordu ou que la nature du fond ne permette pas une bonne tenue, il peut arriver que le navire se mette à chasser sur son ancre, c’est-à-dire qu’il part à la dérive en traînant son ancre sur le fond. Pour prévenir pareil accident et assurer une meilleure tenue au mouillage, on peut mouiller une seconde ancre, dite ancre d’affourche. (Voir affourcher.)

ANSPECT : ou barre d’anspect (Victor Hugo l’orthographie « anspec ») ; levier en bois, démontable, dont on se sert pour virer au cabestan ou au guindeau.

APPAREILLER : 1 ° quitter un mouillage ou un port ; dans le premier cas, on vire la chaîne et on hisse l’ancre, dans le second, on largue les amarres et on s’écarte du quai ; 2° établir ou larguer une voile (emploi plus rare; on le rencontre chez Duguay-Trouin).

ARAIGNÉE : assemblage de plusieurs bouts de .ligne tendus en éventail à partir d’un même point: araignée d’une tente, d’un hamac, etc.

ARCASSE : pièce de la charpente arrière du navire, au-dessus de l’étambot. Transversalement à la quille, l’arcasse soutient la voûte (partie arrière de la coque, surplombant le gouvernail). Sabord d’arcasse : sabord pratiqué autrefois dans l’arcasse pour les pièces (canons) de retraite.

ARRIMER : répartir la cargaison dans la cale (ou sur le pont) d’un navire d’une façon qui assure et la stabilité du navire et la bonne conservation des marchandises. L’arrimeur est le spécialiste chargé de l’arrimage. (Attention, ne pas confondre avec amarrer: erreur fréquente, et qui se rencontre même chez des écrivains par ailleurs très soucieux de langage correct ! )

ARRIVER voir abattre.

ARTIMON : mât d’arrière d’un navire à trois mâts (ou plus). Sur un bateau à deux mâts, le second ne s’appelle artimon que s’il est le plus court des deux (c’est-à-dire, sur un ketch – ou dundee – ou sur un yawl; tandis que sur un brick, un brigantin ou une goélette, le second mât est en fait le grand mât). Artimon désigne aussi la voile aurique gréée sur un mât d’artimon.

AULOFÉE, AULOFFÉE : mouvement d’un bateau qui quitte sa route pour se rapprocher du lit du vent. (Contraire: abattée.)

AUSSIÈRE, HAUSSIÈRE : gros cordage employé pour l’amarrage des navires et les manœuvres de force (trois aussières commises en grelin forment un câble ) .

BÂBORD : côté gauche d’un navire en regardant vers l’avant.

BARRE : 1 ° levier actionnant le gouvernail, soit de façon directe – barre franche des petites embarcations -, soit par l’intermédiaire d’une roue; 2° barres traversières: près du sommet d’un bas-mât, elles supportent la hune et assurent l’écartement des haubans des mâts supérieurs; 3° banc de sable le long d’une plage ou à l’embouchure d’un fleuve, sur lequel la mer se brise.

BAU : traverse qui maintient l’écartement des murailles (de la coque) et soutient les bordages. La longueur du maître-bau, la plus grande de ces traverses, correspond à la plus grande largeur du bateau.

BEAUPRÉ : mât placé obliquement sur l’avant; se prolonge parfois d’un bout-dehors. C’est sur le beaupré que sont gréés les focs, et, anciennement, la civadière. (On ne compte jamais le beaupré lorsque l’on indique le nombre des mâts d’un navire.)

BITTE : pièce de bois ou d’acier fixée verticalement sur un pont ou sur un quai, et servant à tourner les aussières et amarrer.

BONNEITE : voile carrée supplémentaire, en toile légère, que l’on établit par beau temps dans le prolongement latéral des voiles principales – bon nettes basses à côté de la grand-voile et de la misaine, bonnettes de hune         à côté des huniers, et bonnettes de perroquet à côté des perroquets.

BORDAGE : planches épaisses ou tôles qui recouvrent la membrure, les baux, les barrots, en les croisant et les fortifiant.

BORDÉ : ensemble des tôles ou des planches formant l’enveloppe extérieure d’un navire.

BORDÉE : 1° tirer une bordée (ou un bord ) : au louvoyage, parcourir une certaine distance sous la même allure et les mêmes amures. Tirer des bords: louvoyer; 2° les matelots sont normalement répartis en deux bordées ou équipes, comprenant chacune la moitié de l’effectif total de l’équipage – bordée de tribord et bordée de bâbord – qui se relaient pour assurer les quarts.

BORDER : peser sur les écoutes pour raidir une voile. Border à contre : orienter la voile de façon qu’elle reçoive le vent à revers ; on dit également: masquer.

Bosco, BOSSEMAN : maître d’équipage sur les grands voiliers (terme familier et ancien).

BOSSE : bout de filin épissé sur une boucle à l’avant d’un canot et au moyen duquel on remorque ou amarre celui-ci.

BOSSOIR : grosse pièce de bois faisant saillie de part et d’autre du beaupré et servant à la manœuvre de l’ancre.

BOULINE : manœuvre qui sert à porter plus au vent la ralingue du vent d’une voile.

BOUT (prononcer « boute») : morceau de cordage.

BOUT AU VENT : debout au vent, contre le vent.

BOUT-DEHORS : vergue ou mât que l’on pousse en dehors d’un navire et qui sert à établir une voile supplémentaire. Le bout-dehors de bonnette prolonge une vergue, le bout-dehors de clinfoc prolonge le beaupré.

BRAS : manœuvres servant à orienter les vergues suivant la direction du vent.

BRASSER : orienter les vergues au moyen des bras pour profiter du vent. Brasser carré: brasser les vergues d’un navire à angle droit avec la quille (allure du vent arrière). Brasser en pointe: les vergues forment un angle aigu avec la quille (allure du près).

BRICK : navire à deux mâts – mât de misaine et grand mât – gréés tous deux de voiles carrées.

BRIDURE : amarrage servant à brider. Brider: étrangler, rapprocher plusieurs cordages tendus parallèlement par plusieurs tours d’un autre cordage qui les serre en leur milieu et augmente ainsi leur tension.

BRIGANTIN : navire à deux mâts – misaine et grand mât -, le premier seul étant gréé de voiles carrées.

BRIGANTINE : voile quadrangulaire de l’arrière enverguée sur la corne d’artimon.

CABANER : renverser une embarcation (quille en l’air) sur le pont ou sur une cale.

CABESTAN : treuil vertical pour virer les amarres, câbles et chaînes d’ancre.

CABILLOTS : chevilles en bois ou en métal, plantées au travers des râteliers, et auxquelles on amarre les manœuvres courantes au pied des mâts ou en abord (sur le côté du navire).

CACATOIS : petite voile carrée au-dessus du perroquet.

CADÈNES : chaînes à très longues mailles fixées sur la muraille, sur lesquelles viennent se rider (raidir, tendre) les haubans et les galhaubans, soit au moyen de caps-de-mouton avec rides en chanvre, soit au moyen de ridoirs métalliques.

CALE : supplice de la cale: la victime était suspendue sous les bras à bout de vergue, et on la faisait plonger plusieurs fois dans la mer, l’amenant ainsi à la limite de la suffocation. Dans une variante du supplice, elle était immergée le long des flancs du navire, de façon à l’écorcher au contact coupant des coquillages incrustés sur la coque.

CALEBAS voir hale-bas.

CALER : 1° caler un mât (supérieur), c’est le faire descendre le long du mât inférieur qui le soutient; manœuvre de mauvais temps, ou que l’on effectue pour réparer ou remplacer le mât en question; 2° un bateau cale un certain tirant d’eau; «le bateau cale trois mètres» : le bateau a trois mètres de tirant d’eau.

CALIORNE : gros palan formé de deux poulies triples, ou d’une poulie double et d’une poulie triple. CAMBUSE : magasin du bord où sont entreposées les vivres.

CAP-DE-MOUTON : bloc de bois plat et circulaire percé de trois ou quatre trous dans lesquels passent des rides (bouts de filin) pour raidir les haubans et galhaubans.

CAPE : un navire est à la cape quand, par gros temps, il réduit sa voilure de manière à diminuer sa vitesse. Dans cette position, il dérive en faisant le moins de route possible.

CAPELAGE : ensemble des boucles des manœuvres dormantes qui embrassent la tête d’un mât ou l’extrémité d’une vergue.

CAPELER : faire une boucle avec un cordage, et en entourer un objet.

CAPON : palan qui sert à hisser l’ancre à poste.

CAPONNER : crocher le capon dans la cigale (anneau) de l’ancre pour la hisser jusqu’au bossoir.

CARDAN : suspension composée de deux cercles concentriques dont les pivots sont à angles droits, au milieu desquels on pose en équilibre un compas, un chronomètre, une lampe, etc., afin de les soustraire aux mouvements du navire.

CARÈNE : partie de la coque qui est immergée lorsque le navire est chargé.

CARÉNER : tirer un bateau au sec pour nettoyer et repeindre sa carène.

CARGUE : manœuvre qui sert à retrousser une voile sur elle-même pour la soustraire à l’action du vent. Suivant l’endroit de la voile sur laquelle s’exerce son action – ralingue de chute, fond, points d’amure et d’écoute -, on l’appelle cargue-bouline, cargue-fond et cargue-point.

CARGUER : agir sur les cargues d’une voile pour la retrousser et la soustraire ainsi à l’action du vent.

CHASSE-MARÉE : petit navire français à trois mâts, misaine, grand mât et mât de tapecul, portant chacun une voile au tiers amurée près du mât. Le lougre est très semblable au chasse-marée, mais il a un arrière carré, tandis que le second a l’ arrière rond. (Voir également voile au tiers.)

CHASSER voir ancre.

CHOUQUE, CHOUQUET : pièce de bois servant à assembler un mât supérieur avec la tête du mât inférieur.

CIGALE voir ancre.

CIVADIÈRE : autrefois, voile carrée qui se gréait sous le beaupré. (Disparut vers le milieu du XIXe siècle.)

COQUERON : compartiment ménagé à l’extrémité avant ou arrière d’un bateau.

CORNE : vergue supérieure d’une voile aurique; son extrémité inférieure s’appuie sur le mât par le moyen d’une mâchoire.

COTRE : bateau à un mât, avec mât de flèche et beaupré, et gréant grand voile, flèche, trinquette et focs. Cotre à tapecul: autre nom du yawl.

COURONNEMENT : extrémité supérieure arrière d’un navire.

COURSIVE : couloir des aménagements intérieurs d’un navire.

CULER : aller en arrière, reculer.

DALOTS : trous pratiqués dans les gouttières de pont pour permettre l’écoulement de l’eau.

DÉBORDER : pousser ou repousser une embarcation pour l’écarter du quai ou du navire auquel elle était accostée.

DÉCAPELER : dépouiller les mâts ou les vergues de leur gréement.

DÉHALER : déplacer un navire au moyen de ses amarres.

DÉRALINGUER : enlever les ralingues d’une voile. Le voilier déralingue les voiles pour les réparer. Le vent déralingue lorsqu’il déchire la toile et la sépare de la ralingue.

DÉRAPER : arracher une ancre du fond, la faire décrocher.

DESSOUS : mettre la barre dessous, c’est la mettre sous le vent de façon à faire         lofer le bateau.

DESSUS : mettre la barre dessus, c’est la mettre au vent de façon à faire arriver          le bateau.

DOGUE D’AMURE : sorte de bitte placée verticalement sur le pont à mi-longueur du navire et à proximité du pavois pour y amarrer l’amure de grand-voile. (Usage ancien.)

DRISSE : cordage servant à hisser une vergue, une corne, une voile, un pavillon, etc.

DROME : assemblage de pièces de rechange, mâts, vergues, avirons, etc., disposés au-dessus des chantiers (supports verticaux en bois) sur le pont.

DROSSE : filin, câble ou chaîne qui sert à transmettre à la barre du gouvernail les mouvements imprimés par la roue.

DROSSER : être entraîné hors de sa route par le courant ou par le vent.

DUNETTE : superstructure sur le pont arrière d’un navire, qui s’étend en largeur d’un bord à l’autre.

ÈBE, EBBE (de l’anglais ebb) : marée descendante, jusant.

ÉCOUTE : manœuvre servant à orienter une voile et à l’amarrer à son coin inférieur sous le vent, qui est le point d’écoute. (L’amure remplit la même fonction du côté opposé, c’est-à-dire au vent.)

ÉCOUTILLE : ouverture pratiquée dans le pont, donnant accès aux entreponts et aux cales.

ÉCUBIER : ouvertures ménagées de chaque côté de l’étrave pour le passage des chaînes d’ancre.

ÉLINGUE : bout de filin dont on entoure les objets pesants, et que l’on accroche au palan ou à la chaîne d’un mât de charge pour les embarquer ou les débarquer.

ÉLONGER (une amarre) : envoyer une embarcation frapper une amarre sur un autre navire ou sur un corps mort pour déhaler le navire.

EMBOSSER : voir ancre.

EMBOUDINURE : entourage d’une pièce métallique par un cordage.

EMBRAQUER : raidir un cordage.

EMPANNAGE : situation d’un navire dont les voiles masquent accidentellement par le côté de l’écoute, à la suite d’une saute de vent ou d’une erreur de l’homme de barre. Sur un grand voilier l’empannage constitue un accident très dangereux; sur un petit voilier, par contre, quand la brise est maniable, l’empannage peut être délibéré et contrôlé : c’est une manière rapide de virer de bord lof pour lof.

EMPOINTURE : extrémité supérieure d’une voile carrée. Empointure de ris : extrémité d’une bande de ris.

ENCABLURE : mesure employée pour estimer la distance approximative d’un           objet peu éloigné ; une encablure équivaut à 120 brasses – c’est-à-dire environ deux cents mètres.

ENFLÉCHURES : petits filins horizontaux qui croisent les haubans des bas-mâts et des mâts de hune pour former une échelle qui sert à monter dans la mâture.

ENGAGÉ : un navire est engagé lorsque, sous l’action du vent et de la mer, ou du fait que sa cargaison a ripé, il a pris un angle de gîte tel qu’il ne peut plus se redresser.

ÉPISSER : réunir deux cordages ou deux bouts d’un même cordage en décommettant les torons et en les entrelaçant les uns dans les autres sur une longueur suffisante pour assurer la liaison. Épissoir : poinçon qui sert à desserrer les torons d’un cordage qu’on veut épisser. Épissure: procédé pour joindre deux cordages, ou pour former un. œil à l’extrémité d’un cordage par entrelacement des torons, sans modifier sensiblement l’épaisseur du cordage à l’endroit de la greffe.

ÉPONTILLE : support vertical soutenant un barrot (lequel est lui-même une poutre transversale soutenant le pont).

ERRE : vitesse conservée par un bateau après que son moyen de propulsion (voile, moteur, ou aviron) a cessé d’opérer.

ESPAR : longue pièce de bois employée comme mât, vergue, corne, etc.

ESTROPE : ceinture de cordage ou bande de fer ajustée dans la rainure d’une            poulie. Morceau de cordage épissé aux deux bouts et servant à divers usages.

ÉTAI : cordage destiné à consolider un mât contre les efforts de l’avant à l’arrière.

ÉTALINGUER (une chaîne, une ancre) : joindre une chaîne à la manille d’une ancre, ou fixer un câble sur l’organeau de l’ancre,

ÉTAMBOT : arrière du navire.

ÉTARQUER : hisser une voile ou raidir une drisse en leur donnant le maximum de tension.

ÉTOUFFER (une voile, la toile) : la serrer avec les mains et les bras contre la vergue pour l’empêcher de battre.

ÉTRAVE : avant du navire.

ÉVITER : changements de position effectués par navire à l’ancre sous l’action du vent et du courant.

FASÉYER : battre au vent, en parlant d’une voile que le vent n’emplit pas. (On écrit également faseyer, faséier, fasseyer et asciller ; anciennement : fasier. )

FAUX-PONT : («  faux» signifie supplémentaire) pont constituant la limite supérieure de la cale. L’espace entre le faux-pont et le pont est l’entrepont.

FERLER : relever une voile pli par pli tout le long et un peu au-dessus d’une vergue, puis l’attacher dans cette position au moyen de rabans. (Ferler s’emploie uniquement en parlant d’une voile carrée; le terme général qui s’applique à toutes les voiles est serrer.)

FIL DE CARET : petit cordage constitué par des fils de chanvre tordus ensemble. Plusieurs fils de caret tordus ensemble forment un toron. (Victor Hugo orthographie « carret ».)

FILIN : terme générique désignant les cordages en chanvre.

FLÈCHE : petite voile supérieure, hissée le long du mât de flèche.

FOC : voile triangulaire d’avant, hissée entre le beaupré et le mât (mât de misaine dans le cas d’une goélette ou d’un trois-mâts, grand mât dans le cas d’un ketch, d’un cotre ou d’un sloop). En ordre décroissant de taille : grand foc, petit foc, clin foc.

FORTUNE : voile carrée, souvent volante (c’est-à-dire, gréée en supplément, de façon provisoire) qu’on établit sur une vergue barrée (c’est-à-dire, qui ne porte pas de toile enverguée), ou sur la vergue de misaine des goé­lettes, ou la grand-vergue des cotres et autres petits bâtiments à voiles auriques.

FOSSE-AUX-LIONS : soute ou magasin où sont entreposés agrès et apparaux de rechange. (Terme ancien.)

FRANC-BORD : distance entre le niveau de l’eau à l’extérieur du bateau et la partie supérieure du pont à la demi-longueur.            .

FRAPPER : attacher, amarrer, fixer.

FUNIN (également funain) : cordage non goudronné.

GABURON voir jumelle.

GAILLARD : partie extrême avant et extrême arrière du pont supérieur.

GALGALE : composition de chaux, d’huile et de goudron. (Victor Hugo écrit « gall e-gall e ».)

GALHAUBAN : cordage fixe servant à assujettir les mâts supérieurs par le travers et l’arrière.

GALIOTE : navire à voiles hollandais généralement gréé en goélette, très arrondi tant à l’avant qu’à l’arrière. Dans les ports français du Nord, ce nom est communément donné à tous les caboteurs et voiliers de pêche hollandais.

GALOCHE : poulie longue et plate dont la caisse est ouverte sur l’une de ses joues, de façon que l’on puisse y introduire librement le double d’un cordage.

GAMBES (de hune, de revers, haubans de revers) : manœuvres dormantes destinées à fournir aux haubans de hune le point d’appui nécessaire pour                                         permettre leur ridage.

GARANT : nom que prend un cordage quelconque quand il est employé pour former un palan.

GARCETTE : petit bout de filin.

GARNITURE : protection dont on munit un élément du gréement en l’entourant de bitord, de limande ou de fil de caret formant natte, pour le préserver du frottement.

GOÉLETTE : navire à voiles rapide, gréé de deux mâts – misaine et grand-mât.          Les goélettes de commerce ou de pêche (terreneuviers) ont en outre un hunier et quelquefois un perroquet carrés au mât de misaine.

GOURNABLE : longue cheville cylindrique en bois employée pour fixer les bordages de la carène. (Navires en bois.)

GRAND-VOILE : voile principale (et voile la plus basse) du grand-mât.

GRAIN : vent violent qui s’élève soudainement, généralement de peu de durée. Les grains sont parfois accompagnés de pluie, de grêle ou de neige. Grains noirs : ils entraînent avec eux un nuage épais. Grains blancs : ils n’ont pas de nuages avec eux; on ne peut donc les prévoir que par l’aspect de la mer qui moutonne au fur et à mesure qu’ils se rapprochent.

GRELIN : fort cordage utilisé (par exemple) pour l’amarrage ou le remorquage des navires.

GUI : espar sur lequel vient se border une voile à corne, ainsi que les voiles auriques (ou marconi) des goélettes, ketch, cotres, sloops, etc. Synonyme : bôme (ou baume).

GUIBRE : pièce de bois établie sur l’étrave où elle sert de point d’appui au beaupré.

GUINDEAU : petit cabestan horizontal pour lever l’ancre.

GUINDER : hisser un mât au moyen d’un palan.

GUINDERESSE : cordage ou fil d’acier servant à manœuvrer un mât de charge.

HABITACLE : sorte d’armoire de forme circulaire, recouvert d’une glace et placé près de la barre ; contient le compas de route et les lampes.

HALE-BAS : petit cordage frappé au point de drisse d’une voile enverguée sur draille (focs, voiles d’étai) et qui, lorsqu’on a largué la drisse, sert à faire descendre la voile pour pouvoir la serrer.

HALER (vent) : tourner vers. « Le vent hale le nord» : le vent tourne au nord.

HAUBAN : fortes manœuvres dormantes qui servent à soutenir et assujettir les mâts par le travers et par l’arrière (comme les étais le font par l’avant). Les haubans maintiennent un étage de mâture, les galhaubans plusieurs étages.

HILOIRE : 1° bordure verticale d’un panneau, servant à empêcher l’eau de pénétrer à l’intérieur; 2° poutre longitudinale disposée en vue d’accroître la résistance du pont.

HOURQUE : bâtiment hollandais que ses formes renflées et arrondies rendent très propre au transport des marchandises, tout en faisant de lui un mauvais marcheur. (Victor Hugo l’orthographie « ourque ».)

HUNE : plate-forme arrondie sur son avant qui repose sur les barres traversières des bas-mâts.

HUNIER : voile carrée située immédiatement au-dessus des basses voiles. Au mât de misaine, cette voile s’appelle petit hunier, au grand-mât, grand hunier, et au mât d’artimon, perroquet de fougue. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les huniers étaient d’une pièce, avec un très long guindant (hauteur) ; depuis, ils sont généralement composés de deux voiles, le hunier fixe et le hunier volant.

ITAGUE : manœuvre souvent en chaîne ou en fil d’acier, fixée par son extrémité à une vergue, qu’elle est destinée à hisser. .

JARRETIÈRE : tresse cousue sur l’arrière d’une voile et terminée à une extré­mité par une boucle, et à l’autre par une garcette. Quand la voile est serrée, on l’amarre sur elle-même en passant la garcette dans la boucle.

JOTTEREAUX (d’un mât) : pièces de bois dur appliquées et chevillées de chaque côté d’un bas-mât pour supporter les élongis (sur lesquels reposent les barres traversières). (Victor Hugo orthographie «joutereau ».)

JOUAIL : autre nom du jas de l’ancre. (Voir ancre.)

JUMELLE DE RACAGE, GABURON : pièce de bois dur que l’on applique sur la face avant d’un bas-mât. Cette pièce consolide le mât et le préserve du frottement.

KETCH : cotre muni d’un second mât (artimon), placé en avant de la barre (à la différence du yawl, dont l’artimon, plus petit et appelé tape-cul, est en arrière de la barre). Le nom de ketch est réservé aux yachts ; un voilier de même gréement, employé pour la pêche, s’appelle un dundee.

LAN : abattée involontaire, par l’effet du vent ou d’un faux mouvement de l’homme de barre. « Lan» est un terme vieilli – on dit plus couramment « embardée» – mais c’est celui que Victor Hugo emploie.

LARGUER (un cordage) : le laisser aller, le lâcher, le détacher. Larguer en bande: larguer d’urgence, filer sans précaution ni retenue. Larguer une voile: la déferler.

LISSE : assemblage de pièces plates, en bois, servant de garde-fou sur le pourtour des ponts.

LIT du vent : direction de laquelle souffle le vent.

LIURE : dispositif qui assujettit le beaupré contre la guibre.

LOCH : appareil servant à mesurer la vitesse d’un navire.

LOFER (également loffer) : venir plus près du vent. Virer lof pour lof : virer vent arrière.

LOUVOYER : progresser en zigzag en tirant des bords tantôt sous une armure, tantôt sous l’autre, pour atteindre un objectif situé dans la direction d’où vient le vent.

LOVER : ramasser un cordage en glène, c’est-à-dire le ployer en rond. On love toujours de gauche à droite.

MALINE (reverdie, grande marée, marée de vive-eau) : hauteur extraordinaire qu’atteignent les marées aux moments de nouvelle ou de pleine lune, et pendant deux ou trois jours après, lorsque les influences du soleil et de la lune agissent conjointement.

MANŒUVRES : filins composant l’ensemble du gréement. Les manœuvres dor­mantes sont fixes et servent à soutenir les mâts ; les manœuvres courantes sont mobiles et servent à manœuvrer les voiles et orienter les vergues.

MANTELET : volet plein, en bois ou en fer, qui servait à fermer les sabords.

MARCHEPIED : cordage suspendu sous une vergue par des étriers; les matelots se tiennent dessus lorsqu’ils travaillent sur la vergue.

MARGOUILLET : petit morceau de bois dur en forme d’anneau, ayant dans l’épaisseur de sa circonférence une cannelure pour recevoir une estrope, et qui sort de conduit soit à une bouline, soit à un autre cordage.

MASQUER : un navire masque lorsque le vent, au lieu d’emplir ses voiles par derrière, les frappe par-devant. On dit aussi « faire chapelle ».

MIDSHIP (MAN) : désigne familièrement en France un enseigne de vaisseau de 2e classe.

MINOT (d’amure) : arc-boutant qui fait saillie à chaque épaule d’un navire et sur lequel s’amure la misaine.

MISAINE : voile basse du mât de misaine. Mât de misaine: le premier mât à l’avant d’un bateau comptant deux ou plusieurs mâts (sauf s’il s’agit d’un ketch ou d’un yawl – auquel cas ce premier mât est le grand mât).

MOQUE : sorte de cap-de-mouton à un seul trou, dont on se sert pour rider (raidir) la sous-barbe.

MOU : donner du mou à un cordage, c’est le détendre, le relâcher. Le gréement (haubans, étais) a du mou lorsqu’il n’est pas assez tendu. Un voilier est mou lorsqu’il a tendance à abattre, à tomber sous le vent – par opposition à un bateau ardent qui tend spontanément à venir au vent.

MOUFLE : assemblage de poulies servant à lever de lourdes charges.

NAGER : mouvement imprimé aux avirons d’une embarcation pour la faire avancer. Les marins n’emploient jamais le mot ramer.

OREILLE D’ÂNE : fort taquet auquel on amarre un gros cordage.

ORGANEAU voir ancre.

ORIN : filin dont une extrémité est frappée sur un objet immergé (ancre, par exemple) et l’autre sur une bouée qui signale l’emplacement de cet objet.

PALAN : appareil composé de deux poulies et d’un cordage appelé garant, qui permet de multiplier la force exercée sur le garant. Le palan sert à raidir sans secousse, et à retenir, un cordage ou une manœuvre qui a déjà reçu une certaine tension (palan d’étai, par exemple), ou à embarquer du matériel (palan de charge).

PALANQUIN : petit palan.

PANNE : manœuvre qui a pour but d’arrêter la marche d’un navire en brassant les vergues, de façon que les actions contraires des voiles s’équilibrent et se neutralisent. On met en panne pour embarquer un pilote, pour communiquer avec un autre navire, pour mettre un canot à la mer, etc.

PANTENNE : « en pantenne » signifie en désordre: après un échouage ou un coup de vent, état d’un navire qui a perdu des voiles, rompu des manœuvres et dont les vergues se retrouvent brassées en différents sens. D’autre part, on met aussi en pantenne en signe de deuil : on apique les vergues, c’est-à-dire qu’on les hisse de guingois, une extrémité plus haute que l’autre.

PANTOIRE : fort bout de cordage capelé à un mât et terminé par un œillet garni d’une boucle en fer pour recevoir les crocs de caliornes et de palans.

PASSAVANT : passerelle légère permettant de passer de l’arrière à l’avant, ou d’un rouf sur l’autre. Désigne également la partie du pont en abord, entre le grand mât et l’avant du navire.

PASSERELLE : superstructure la plus élevée d’un navire sur laquelle se tiennent l’officier de quart et les timoniers. Elle comprend la chambre de veille, l’abri de navigation avec les appareils de conduite du navire et parfois l’appartement du commandant.

PATARAS : hauban supplémentaire destiné à soulager temporairement un hauban soumis à un effort exceptionnel. (Également: faux-hauban.)

PAVOIS : partie de la coque dépassant le niveau du pont.

PENON : petite girouette ou banderole en étamine attachée à quelque hauteur au-dessus du pont, à une vergue ou à un galhauban au vent, pour                               indiquer la direction du vent.

PERROQUET : voile carrée au-dessus du hunier. Au mât de misaine: petit perroquet; au grand mât : grand perroquet; au mât d’artimon : perruche.

PERRUCHE : voile carrée du mât d’artimon, au-dessus du perroquet de fougue (le perroquet de fougue est, pour le mât d’artimon, l’équivalent d’un hunier) .

PIC : extrémité d’une corne ; par extension, la corne tout entière.

PISTOLET (d’amure) voir minot d’amure. Pistolet d’embarcation : grand porte-manteau en fer. On dit aussi bossoir d’embarcation.

PLAT-BORD : ceinture en bois entourant les ponts et limitant le bordage en bois.

POINTS (d’une voile) : angles inférieurs d’une voile. (Les angles supérieurs s’appellent empointures.)

PORQUE : forte pièce en forme de couple, renforçant la membrure de la carène.

PORTE-HAUBANS : pièce de bois en saillie sur la muraille, destinée à donner de l’épatement (angle d’écartement) aux haubans et galhaubans.

PORTEMANTEAU : arcs-boutants servant à hisser les embarcations le long du bord.

PORTER (laisser porter) : arriver, abattre, c’est-à-dire écarter le navire du lit du vent, le rapprocher de l’allure du vent arrière.

POULAINE : extrême avant du navire (où se trouvaient les cabinets de l’équipage, d’où l’expression gabier de poulaine pour qualifier un matelot maladroit) .

POUPE : arrière du navire.

PRÉCEINTES : la partie la plus épaisse de la muraille d’un navire, située un peu plus haut que la ligne de flottaison lège.

PRÉLART : laizes (bandes) de toile à voile souple, cousues ensemble puis gou­dronnées, destinées à couvrir les panneaux et empêcher l’accès de l’eau dans les entreponts ou la cale.

PRÈS : allure sous laquelle la marche du navire se rapproche le plus possible du lit du vent. (Un voilier à gréement carré }le peut guère remonter que jusqu’à un angle de 60° ; les voiliers modernes vont jusqu’à 30°.)

PROLONGER : dans l’ancienne guerre navale, se ranger le long d’un navire ennemi en vue de s’en emparer par abordage.

PROUE : avant du navire.

QUART : 1 ° un certain angle de l’horizon. (Synonymes : rhumb ou aire-de-vent.) Il y a trente-deux quarts dans un tour complet d’horizon ; chacun vaut Il° 15′ ; 2° période de quatre heures durant laquelle les hommes sont de service ou au repos. Les quarts vont de midi à 4 heures, de 4 à 8, de 8 à minuit, de minuit à 4, de 4 à 8 et de 8 à midi.

RABAN : tresse ou sangle servant à serrer une voile sur une vergue, un gui, etc.

RACAGE (d’une vergue) : sorte de collier qui lie une vergue à un mât, en lui conservant sa mobilité, c’est-à-dire la possibilité de glisser verticalement le long du mât, de s’orienter et de s’apiquer.

RAGUER : un cordage rague lorsqu’il s’use et se détériore par frottement continuel contre un objet dur, ou présentant des aspérités.

RALINGUE : bordure d’une voile ; elle est faite d’un cordage cousu le long de ses côtés. Sur une voile carrée, la ralingue horizontale supérieure est appelée ralingue d’envergure ; l’horizontale inférieure, ralingue de fond ; les deux verticales sont les ralingues de chute. La voile est dite « en ralingue» lorsqu’elle bat, le vent soufflant parallèlement à ses ralingues.

RAME : à la mer, il n’y a pas de rames (sauf, anciennement, sur les galères), il n’y a que des avirons ; et l’on ne rame pas, on nage. Le mot rame est toutefois employé dans le commandement « lève-rames ! » adressé par un patron de canot à ses canotiers pour retirer de l’eau leurs avirons et les maintenir horizontalement sur le bord.

RANGER (la terre) : passer à petite distance.

REFUSER : se dit du vent lorsqu’il tourne dans une direction défavorable à la progression du navire. (Contraire : adonner.)

REMONTER (au vent, dans le vent) : naviguer au près, louvoyer.

RHUMB voir quart. (Victor Hugo écrit « rumb ».)

RIDOIR : tout appareil à poulie, crémaillère, ou vis permettant de tendre (raidir, rider) une manœuvre dormante (haubans, étais).

RIPER : glisser, déraper. Se dit de deux pièces du gréement qui, soumises à un effort, glissent ou frottent l’une contre l’autre. Également: déplacement accidentel de la cargaison.

RIS : bandes horizontales dans les voiles, que l’on replie et noue au moyen de garcettes pour réduire la surface de la toile quand le vent est trop fort. Une voile est au bas ris quand on y a pris tous les ris de façon à n’exposer au vent que la plus petite surface possible. Ris de chasse : première bande de ris à prendre quand le vent fraîchit, ou par précaution pour la nuit.

RISÉE : brise subite et passagère.

ROUET : sorte de grosse poulie.

ROUF, ROUFLE : superstructure établie sur le pont d’un navire, mais sans en occuper toute la largeur (à la différence de la dunette).

SABORD : ouverture quadrangulaire pouvant être fermée, pratiquée dans la muraille d’un navire, pour laisser passer la bouche d’un canon. Sabord d’arcasse : sabord de poupe.

SAISIR : amarrer, fixer.

SERRE-BOSSE (d’une ancre) : chaîne au moyen de laquelle une ancre est sus­pendue en travers par une de ses pattes. Sert aussi à affaler l’ancre au-dessous du bossoir.

SERRER (une voile) : plier et raban ter une voile sur une vergue, une bôme, un mât. Serrer le vent : gouverner le plus près possible du lit du vent.

SLOOP : petit bateau à un mât et deux voiles – grand-voile et foc.

SOUQUER : nager avec énergie dans une embarcation. Serrer ferme un nœud, une surliure, un amarrage. Border à bloc une écoute.      .

SOUS-BARBE : ensemble des cordages métalliques ou chaînes qui maintiennent le beaupré en place et résistent à la traction que les étais de misaine exercent vers le haut. La martingale sert de sous-barbe pour le bout-dehors.

SURJALER (surjouailler) : une ancre est surjalée (surjouaillée) quand sa chaîne fait un tour sur le jas (jouail).

SURPATTER : une ancre est surpattée quand sa chaîne fait un tour sur une des pattes.

TAILLE-MER : partie avant de la guibre ou de l’étrave, qui fend l’eau quand le navire avance.

TAPECUL : petite voile, aurique ou bermudienne, et son mât établis tout à l’arrière de certains voiliers, en particulier les yawls – appelés aussi cotres à tapecul.

TAQUET : pièce de bois dur ou de métal, munie de deux cornes et fixée en divers points du bateau pour y tourner des cordages.

TIERS : voile au tiers (appelée aussi bourcet ou misaine bretonne), voile quadrangulaire soutenue par une vergue sur laquelle le point de drisse est placé au tiers : gréement typique des voiliers de pêche côtière bretons et normands (lougres ou chasse-marée).

TILLAC : vieux mot signifiant pont supérieur (entre les gaillards).

TIMONIER : homme de barre. (Littéralement, celui qui tient le timon, ou barre du gouvernail).

TIRE-VEILLES : filins fixés à chaque bout d’une traverse capelée sur la tête du gouvernail d’une embarcation pour gouverner sans barre. Bouts de filin qui pendent le long de l’échelle de côté d’un navire, et auxquels on se tient pour monter à bord ou pour en descendre.

TONTURE : courbure que l’on donne aux ponts des navires, en en relevant légèrement les deux extrémités. Ceci facilite l’écoulement des eaux vers le milieu, d’où elles s’échappent par les dalots.

TORON (les Bretons – et Victor Hugo – disent « touron») : plusieurs fils de caret réunis forment un toron ; trois torons commis ensemble font un cordage.

TOUER : déplacer un navire en tirant à bord sur une ancre de touée ou sur une amarre fixée à terre. Touée : longueur de remorque servant au halage ; longueur de chaîne filée en mouillant l’ancre.

TOURMENTIN : petit foc ou trinquette en toile très résistante que l’on utilise par gros temps.

TOURNER UNE MANŒUVRE : c’est lui faire faire plusieurs tours sur un taquet, une bitte, un cabillot, etc., pour l’empêcher de filer.

TRÉLINGAGE : araignée ou bridure en filin employée pour rapprocher les haubans de bas-mât afin d’en éliminer le mou.

TRIBORD : côté droit du navire en regardant vers l’avant.

TRINQUETTE : voile triangulaire d’avant – foc le plus rapproché du mât, souvent hissé sur l’étai en guise de draille.

VAIGRAGE : bordages qui recouvrent le côté intérieur des membrures.

VENIR (au vent) : lofer.

VENT : «au vent », côté d’où vient le vent; «sous le vent », côté opposé à celui d’où vient le vent.

VERGUE : espar placé en croix sur l’avant du mât. On désigne chaque vergue par le nom de la voile qui y est enverguée.

VERGUE BARRÉE : vergue qui ne porte pas de voile, ainsi par exemple, la vergue la plus basse du mât d’artimon.

VIRER : embraquer un cordage, une amarre ou une chaîne par enroulement sur un treuil ou un guindeau. Virer l’ancre: virer sur la chaîne pour rentrer l’ancre quand on appareille. Virer à pic: virer suffisamment de chaîne à bord pour que l’étrave vienne se placer directement à la verticale de l’ancre.

VIRER DE BORD : modifier la direction du navire de telle sorte que les voiles reçoivent le vent du bord opposé – changer d’amures. Cette manœuvre s’effectue soit en passant par la position vent debout, et c’est le virement de bord vent devant ; soit en passant par la position vent arrière, et c’est le virement de bord vent arrière, ou lof pour lof.

VOÛTE : partie arrière de la coque d’un navire, située au-dessus du gouvernail.

YAWL (cotre à tapecul) : voilier gréé en cotre, mais avec l’addition d’un court mât et d’une petite voile (tapecul) à son extrême arrière.

YOLE : canot léger et élégant, ordinairement à clins.

YOUYOU: très petite embarcation à tableau arrière, armant une ou deux paires d’avirons.

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Glossaire établi par  Nicolas GRONDIN,

En annexe de L’énigme de la Diane. Les Nouveaux auteurs 2010.

a

À contre. Loc. Se dit d’une voile qui reçoit le vent du mauvais côté. Cela peut-être volontaire, pour tenir une cape* courante, par exemple. Venir à contre : Manœuvre consistant à faire venir deux bâtiments bord à bord.

A contre-bord. Loc. Se dit de deux navires aux amures* strictement opposées, face à face ils vont se croiser, ou dos à dos ils s’éloignent l’un de l’autre.

A Dieu vat. Loc. À la grâce de Dieu. La formule s’employait dans la marine française au moment de déferler les voiles à l’appareillage, ou pour donner le signal d’une manœuvre particulièrement délicate (virer de bord vent debout, par exemple)

À pic. Loc. Quand on vire* (tire) les chaînes d’ancre au cabestan*, le moment où elles sont à la verticale et que l’ancre va s’arracher du fond. Une fois l’ancre arrachée et parvenue au flanc du navire, on la dit « Haute et claire ». Une fois rangée dans son logement de route, on dit qu’elle est « caponnée ».

Abaca. Subst. f. Musacée (famille du bananier) des Philippines, au fruit non comestible, mais dont les pétioles foliaires fournissent des fibres textiles. Par extension, la fibre elle-même, appelée aussi chanvre de Manille.

Abattée. Subst. f. Descente dans le lit du vent (i.e. de la ligne fictive qu’il trace dans l’espace). Le contraire d’une auloffée*.

Abattis (ou Abatis). Subst. m. Massacre, hécatombe, ce sens n’a pas de caractère proprement maritime, mais, dans l’argot des marins du XVIII° siècle, le mot désignait la partie centrale de la batterie* basse, celle que les canons ennemis touchaient le plus souvent, Abatis ayant en effet à cette époque le sens d’abattoir (Sabre* d’abatis, par exemple).

Abattre. Verbe t. Descendre dans le lit du vent (i.e. de la ligne fictive qu’il trace dans l’espace). Syn : Arriver. Cont : lofer*.

Abordage. Subst. m. À l’origine, c’est l’action de venir bord à bord avec un autre navire. Ce n’est que par extension que le mot a désigné l’opération consistant à sauter sur le pont supérieur d’un navire ennemi pour y porter l’assaut.

Aboutage. Subst m Réunir les extrémités de deux cordages par un nœud.

Aboutement. Subst. m. Manière de faire tenir ensemble deux pièces de bois bout à bout.

Acabit. Subst. m. État d’une denrée.

Accastillage. Subst. m. Au XVIII° siècle, c’est la partie du bâtiment au-dessus des plats-bords, et ses équipements : mâts, voiles et cordages. Dans le langage des forbans et Frères* de la cote du XVI° siècle, on dit la gabie*. Ce n’est qu’au XIX° siècle que le mot prendra le sens d’équipement maritime que l’on connaît aujourd’hui.

Accore. adj. Qui plonge verticalement dans une mer profonde, en parlant d’une côte, d’un écueil.

Adonner. Verbe t. Utilisé pour un vent qui devient favorable. Ant : Refuser*.

Affaler. Verbe t. Déhaler* ou détacher, laisser des­cendre le long d’un cordage, qu’il s’agisse d’un objet (un canot, un baril…) pour le mettre à la mer, ou d’une voile.

Affût. Subst. m. Lourd coffre de bois, muni de roues, sur lequel repose le fût du canon.

Agrès. Subst. m. p. Ensemble des éléments composant le gréement courant.

Aiguade. Subst. f. 1. Avitaillement* en eau. 2. Site (port, point de la côte (anse, île…) où refaire les réserves d’eau est possible.

Aiguillot. Subst. m. Crochet de gouverne. Pièce métallique qui termine chacune des drosses* de gouverne qui traversent l’étambot*. Cette pièce vient s’accrocher à l’un des deux fémelots*. Quand la roue* tire sur la drosse, elle entraîne l’aiguillot qui tire sur le fémelot et oriente donc le safran*.

Alarguer. Verbe, t. Se détacher des amarres, ou des cordages retenant un navire qui n’est pas à l’ancre mais retenu à un quai, à un autre navire.

Alizé. Subst. m. Vent régulier soufflant de chaque côté de l’équateur entre les parallèles 30° sud et 30° nord. Du Nord-Est dans l’hémisphère Nord et du Sud-est dans l’hémisphère Sud.

Allège. Subst. f. Toute embarcation, quels que soient sa taille et son gréement, servant au chargement ou au déchargement d’un navire qui n’est pas mouillé à quai. En général, des bailles* qui ne sont faites que pour les opérations portuaires.

Allure. Subst. f. Direction de laquelle le navire reçoit le vent par rapport à l’axe de sa route. On distingue quatre types d’allure : portante ou vent arrière, tribord amures*, louvoyage* ou vent debout, et bâbord amures*. Bâbord et tribord amures sont divisés en cinq positions au fur et à mesure que l’on passe de vent debout à vent arrière : Près* serré. Près* bon plein, Petit largue, Largue*, Grand largue.

Allure portante. Loc. Position du navire par vent arrière, occupant environ sept quarts de la rose* des vents (45° d’arc, soit 22,5° de chaque côté du lit du vent). Même si Allure portante est le terme juste, on dit plus aisément Vent portant, ou Vent arrière.

Amariner. Verbe t. Habituer à la mer, aux manœuvres et à la vie à bord. Avoir de l’expérience à la mer.

Amarrer. Verbe t. Retenir par un câble ou une chaîne, « attacher » de façon à ce que l’objet amarré ne bouge plus, ou le moins possible, qu’il s’agisse du navire lui-même, d’une vergue*, d’une pièce d’artillerie ou d’un simple baril.

Amarrer à trois tours morts Loc Familier pour « Mettre un terme définitif à une chose ». Amener. Verbe t. Abaisser, faire descendre. Se dit spécialement d’une vergue et de sa voile. Cette opération s’effectue principalement en larguant et filant les drisses. On dit ainsi Amenez la corne; Amenez les perroquets. Amener se dit aussi d’un canot, de fardeaux, d’objets pesants soulevés à l’aide d’un palan, et qui sont suffisamment hissés pour être reçus à bord, ou débarqués. Amener se dit aussi de signaux de jour ou de nuit, ainsi que de marques distinctives de bâtiments, quand il y a lieu de les rentrer. Amener son pavillon est la locution consacrée pour indiquer qu’un bâtiment est contraint à se rendre par des forces ennemies.

Amer. Subst. m. Objet fixe et visible du large (un clocher, un phare, un pic rocheux, etc.) servant de point de repère sur une côte. À l’aide d’un sextant, on peut « faire le point à la côte » en s’appuyant sur deux amers.

Ampoulette. Subst. f. Sablier* de l’habitacle* à durée variable (de 30 secondes à 30 minutes) servant à minuter telle ou telle opération.

Amure. Subst. f. 1. Au singulier, cordage qui assujettit une voile carrée au vent par son point inférieur. Par extension, le point de fixation latérale d’une voile le plus bas et le plus au vent. 2. Au pluriel, côté d’où souffle le vent. On est donc tribord amures* ou bâbord amures*. Amurer. Verbe, t. Action d’orienter une voile selon le vent. Amure ! est un commandement qui vient après Largue ! (on fixe les écoutes après avoir déferlé les voiles). Le verbe est courant ment détourné dans l’argot maritime : fin mal amure : mal parti ; amurer un poing flanquer un coup ; etc.

Amures (bâbord amures). Loc Position du navire par rapport au vent, occupant 112,5° d’arc à gauche des allures* portantes, arc séparé en trois zones de 37,5° soit (dans le sens des aiguilles d’une montre) grand largue, largue, au plus près.

Amures (tribord amures). Loc Position du navire par rapport au vent, occupant 112,5° d’arc, à droite des allures* portantes séparés, arc sépare en trois zones de 37,5° soit (dans le sens des aiguilles d’une montre) plus près, largue et grand largue.

Ancre. Subst. f. Le principal outil d’amarrage du navire au mouillage, et l’ancrage est une science qui fait l’objet de manuels complets. Mais elle a d’autres usages : elle peut servir à déhaler* Il navire, à le tirer d’un échouement, etc. Deux types au moins : l’ancre de bossoir, la plus usitée, fixée à demeure à l’avant ; et l’ancre à jet, plus légère, qui peut être lancée de n’importe quel point du navire. L’ancre de touée* est l’un* ou l’autre, mais souvent une troisième, et sa fonction est de déhaler le navire.

Ancre à jet. Loc. Ancre de moindres dimension» (- de 1 200 kg). Elles sont destinées à procurer des points fixes au fond pour faciliter des opérations de halage, touage ou évitage. Elles sont en général portées en chaloupe au point précis où elles doivent faire leur office.

Ancre flottante. Loc. Pièce de toile, une voile en général, que l’on mouille* pour que le navire la traîne, soit pour le ralentir, soit le forcer à tenir une position par rapport au vent, pour limiter la dérive* que lui impose le vent. Lors d’un combat, lorsque voiles et esp tombent à l’eau, ils forment une ancre flottante handicapante. D’où la nécessité de couper les câbles qui les retiennent. Syn Traînard.

Anglais. Nom pr. L’ennemi par excellence de Royale. Rosbifs est attesté dès 1750, mais on dit plus aisément Goddems ou Ingliches. Voir aussi John Bull*

Anspect. Subst. m. Forte pièce de bois, renforcée de métal, utilisée pour régler le pointage vertical des canons. Par extension, levier.

Antiscorbutique. Subst. m. La nécessité pour les amirautés et les armateurs des compagnies coloniales de ralentir, sinon vaincre, le scorbut devint impérieuse dès la fin du XVI° siècle. La guerre sur mer, le commerce avec les Indes impliquaient des séjours à la mer de plus en plus longs. C’est la Navy qui, vers 1750, commença à employer du jus de lime pour couper l’eau et le rhum servis aux matelots pendant les repas. Voir Scorbut*.

Appareillage. Subst. m. Toutes les manœuvres nécessaires à la sortie du port.

Arack (ou Arak). Subst. m. Liqueur fortement alcoolisée tirée… de ce qu’on trouve sur place : riz, palmier, cactus, canne à sucre (sans le raffinage du rhum), etc. Pas un navire, en effet, n’appareille sans son alambic.

Arbre. Subst. m. Nom familier pour mât, dans l’argot de matelot : l’arbre de mitan (misaine*), le grand arbre (grand mât) et l’arbre de maître (artimon*).

Arc-boutant. Subst. m. Espar servant de bout-dehors à une vergue lorsque l’on veut y fixer des bonnettes. De martingale : espar placé verticalement au-dessous du beaupré et destiné à maintenir les martingales.

Arcasse. Subst. f. Charpente en arc de la poupe, reposant sur les estains*, assemblée perpendiculairement à la quille, sur l’étambot*. Son tracé est souvent particulier à chaque navire.

Ariser. Verbe t. Prendre un ris* dans une voile, c’est-à-dire diminuer la toile prenant le vent.

Armement. Subst. m. Ensemble des matériels non solidaires de la coque et de la mâture elles-mêmes, mais indispensables à la bonne marche du navire, des denrées alimentaires aux armes, en passant par la drome*, les manœuvres*, etc. Le terme inclus les hommes nécessaires à la marche du navire.

Armer. Verbe t. 1. Doter un navire, une embarcation, un outil des hommes nécessaires à son emploi. 2. Assujettir une pièce fixe au navire : Armer les fémelots* au safran* : les souder. Gréer* au contraire implique une fixation temporaire.

Arrimage. Subst. m. L’art et la manière de ranger avitaillement* et réserves (ou cargaison pour un commerce) est la responsabilité du maître d’équipage, mais nombreux sont ceux qui regardent par-dessus son épaule, du commissaire au capitaine, tant la chose est d’importance. La sécurité d’abord, mais aussi la marche harmonieuse du navire en dépendent.

Arrimer. Verbe t. Ranger la cargaison dans la cale d’un navire, et donc la répartir de façon à préserver son équilibre et son assiette* sur l’eau.

Arriver (laisser). Verbe t. Tourner la barre pour diriger le navire dans le sens du vent. On dit aussi Laisser porter Le contraire d’Amener*.

Arrondir. Verbe l. Passer au large d’un obstacle, en le contournant pour retrouver ensuite son cap. (Voir aussi Doubler*.)

Artimon. Subst. m. Mât placé devant le gouvernail et en arrière du grand mât. On dit aussi familièrement arbre* de dunette, ou de maître.

Assiette. Subst. f. Position d’équilibre du navire « assis » sur l’eau. Elle dépend de son architecture, évidemment, mais aussi de la répartition de sa cargaison. C’est ce sens qu’utilise l’expression « Ne pas être dans son assiette ».

Atterrage. Subst. m. Mouillage où l’on peut toucher terre, y prendre pied.

Atterrissage. Subst. m. Être en vue de la terre, si possible à l’endroit où on l’avait souhaité. Apercevoir son atterrage*. Le verbe Atterrir est aussi employé dans le sens de venir en vue de la terre.

Au vent. Loc. Désigne le côté d’où souffle le vent. Opposé à Sous* le vent.

Aurique. Adj. Gréement dont les voiles ont quatre côtés non égaux et reçoivent le vent toujours sur le même bord d’attaque : le guindant*. Ces voiles sont portées en haut par une corne*, en bas par une bôme*. Par distinction avec le gréement carré*.

Aussière (ou Haussière). Subst. f. 1. Gros cordage servant au haleur à touer* ou amarrer* à partir du pont. Son diamètre est d’environ 12 cm. 2. Manière de toronner un cordage, plus solide que la manière ordinaire.

Aviron. Subst. m. Composé d’une poignée, d’un manche passé dans un tolet*, une dame* de nage ou une simple estrope*, et enfin de la pelle, dite aussi pale ou plat. Il peut être manipulé par un seul homme agissant avec deux avirons des deux bords, ou par plusieurs agissant seul ou à plusieurs sur chaque aviron. L’emploi d’un seul aviron pour une propulsion arrière (par un mouvement hélicoïdal) s’appelle la godille*.

Aviso. Subst. m. Petit bâtiment servant de lien entre les navires d’une escadre, généralement un cotre* ou une goélette*. En langage courant, familier, on dit une mouche.

Avitailler. Verbe, t. Accomplir lors d’une escale les opérations d’approvisionnement en vivres et eau surtout, mais aussi en divers matériels nécessaires â la vie à bord. L’opération s’appelle ravitaillement.

b

Bâbord. Subst. m. Le côté gauche du navire quand on regarde vers l’avant, dos au gouvernail. Opposé à Tribord*.

Bâbordais. Subst. m. Matelot ayant son hamac à bâbord, faisant partie du quart bâbord, servant une pièce de bâbord.

Bachot. Subst. m. Canot grossier et rudimentaire. Mauvais navire.

Baguette. Subst. f. Accessoire de fusilier destiné à tasser au fond de l’âme charge, bourre et balle (voir cartouche*). Pour le canonnier, on parle de Refouloir.

Baille. Subst. f. 1. Baquet de bois servant à divers usages. La baille de combat est le baquet d’eau près des canons qui, pendant la bataille, remplit plusieurs usages : tenir les boutefeux* hors d’état d’incendier le navire, mouiller l’éponge qui refroidit la gueule des pièces, éteindre un départ de feu. Voir Caque*.             2. Terme dépréciatif pour désigner un mauvais navire.

Bande. Subst. f. Inclinaison transversale que prend un navire sous l’effet du vent ou de la houle, ou lorsque la cargaison est mal arrimée*. Donner de la bande, c’est s’incliner sur un bord.

Banian. Subst. m. Culotte large à mi-mollets cousue par les marins pour un usage quotidien, en général dans de la toile à voile, du drap grossier ou du droguet*, retenue aux hanches par des cordons, voire des cordages, plutôt que par boutons ou des crochets.

Bannette. Subst. f. Cadre plat garni d’un matelas, elle est suspendue à un barrot et permet de garder le couchage horizontal quand le navire tangue ou roule. Un hamac* plat en bois, en somme, réservé aux officiers supérieurs, sinon au seul capitaine.

Barbette. Subst. f. Batterie* découverte du pont supérieur.

Bargue. Subst. f. Espar* monté en mât de charge, ou en flèche de charge, destiné à haler les charges lourdes à bord. Syn : Bigue* (plus puissante)

Baromètre. Subst. m. Instrument de mesure de la pression atmosphérique. Son principe découle de l’expérience de Torricelli (physicien italien 1608-1647) en 1643. Il consiste en deux tubes de verre dont l’un est gradué. Ils sont enchâssés l’un dans l’autre, contenant du mercure dont le volume varie selon la pression atmosphérique.

Barque. Subst. f. 1. Bateau non ponté (ou à demi-pont) comptant un ou deux mâts, et réservé aux activités non militaires (pêche, cabotage-). 2. Définit un navire à gréement carré* dont le mât d’artimon* porte une voilure aurique* : un trois-mâts barque.

Barre (1). Subst. f. Partie visible de l’appareil à gouverner. La barre franche est, sur les petites embarcations, un simple espar* qui prolonge le safran*. Sur les navires, la barre à roue* actionne les drosses* qui actionnent le safran. Syn : Timon*.

Barre (2). Subst. f. Vague qui déferle sur les hauts-fonds devant une côte. Elle constitue l’une des principales difficultés quand on veut quitter certains rivages à bord d’un canot, d’où l’expression passer la barre.

Barrot. Subst. m. 1. Poutrelle transversale qui se fixe sur les membrures* et soutient le bordage*. Par extension, toute poutre horizontale.

Basse-cour. Subst. f. Si l’amirauté fournit aux navires de guerre le « sec », les budgets de nourriture fraîche sont particulièrement drastiques, et les conditions de conservations difficiles. Le plus simple est donc de l’emporter sur pied… Les officiers supérieurs, le carré, l’équipage même ont le droit de payer de leurs deniers les extras de bouche. C’est donc quelquefois une véritable ferme qui embarque sur un navire en partance, du bœuf au poussin en passant par toute la variété de la basse-cour : cochons, moutons, oies, canards… Certains animaux « fabricant » de produits consommables sauvent leur tête plus longtemps (poules pour les œufs, chèvres pour le lait…). Une exception notable : le lapin, rigoureusement interdit à bord. Le rongeur invétéré risquant de créer… des voies d’eau.

Bastingage. Subst. m. Coffre, caissons ou simples sacs de grosse toile, renforcés et disposés autour du pont supérieur, et destinés à ranger les hamacs. Pendant un combat, ils servent de protection sous le feu de l’ennemi (voir Branle-bas*).

Batayole. Subst. f. Sorte de balustre, montant vertical soutenant la lisse* des superstructures de poupe (dunette*) et de proue (gaillard*). Syn : Chandelier.

Batterie. Subst. f. Ensemble des pièces à feu d’un navire de guerre, que l’on peut diviser en batterie bâbord ou tribord, barbette (découverte sur le pont supérieur), couverte (dans les entreponts), ou basse (la plus basse, donc). Quelquefois l’état de la mer peut empêcher d’ouvrir les bas sabords de peur d’embarquer de l’eau.

Bau. Subst. m. Poutre traversière principale, au-dessus de chaque couple*, qui maintient l’écartement des murailles* et soutient les bordages*. Le maître-bau est le plus large, celui qui donne donc la largeur hors bordages du navire. Syn. Barrot* (moins épais, servant à l’aménagement des entreponts mais contribuant aussi à la solidité).

Beaupré. Subst. m. Mât incliné vers l’avant quasiment à l’horizontale, au-dessus de la proue et la prolongeant. Il est soutenu par ses guibres* au-dessus (le plus souvent) de la figure de proue. Quand on parle d’un bâtiment à un, deux ou trois mâts, on ne fait pas mention du beaupré.

Béjaune. Subst. m. Naïf, débutant, blanc-bec, bleu…

Ber. Subst. m. Support de bois et de cordages bâti en forme de berceau, sur lequel repose un navire en construction ou en réparation, et qui glisse avec lui, lors du lancement à la mer.

Bernacle. Subst. m. Nom populaire de l’anatife, un coquillage qui s’accroche aux objets flottants en mer. L’anatife n’est pas le seul, il n’est que le plus fréquent. Toutefois, Bernacle désigne tous les coquillages adoptant ce comportement. Des algues s’y prennent, y poussent, le tout étant extrêmement préjudiciable à la marche du navire.

Biffin. Subst. m. À l’origine, le mot désigne un chiffonnier. Mais il prend dans l’armée le sens de « fantassin », et donc dans la marine, c’est l’insulte suprême. Un biffin ou un marche-à-terre est la lie des équipages.

Bigue. Subst. f. Ensemble de palans, gréés entre deux mâts, formant une grue capable de soutenir de lourdes charges. Syn : Bargue* (moins puissante)

Biscaïen. Subst. m. 1. Petit boulet d’une livre ou moins, dont l’on charge les caronades ou les mousquets, à partir du début du XVIII° siècle. C’est à partir du XIX° que l’on parle de chevrotine. 2. Basque, c’est alors Biscayen.

Bishop. Subst. m. Rhum mélangé à de l’eau bouillante où macèrent des piments. Costaud…

Bitord. Subst. m. Cordage fin composé de deux ou trois fils simples retordus ensemble. Plus fin qu’un toron*, il n’est donc pas tressé, au contraire d’une garcette*. Un terrien dirait ficelle.

Bitte. Subst. f. Grosse cheville de bois sur laquelle sont enroulées les câbles d’amarrage du navire. L’extension du mot à la borne d’amarrage du quai ne s’est faite que dans la deuxième moitié du XIX° siècle.

Bitton. Subst. m. Cheville de bois amovible fichée dans des trous ménagés dans le plat-bord, la base des mâts ou des enfléchures. Il sert à arrimer les cordages de la voilure.

Bitture (biture). Subst. f. Longueur de câble (ou de chaîne) élongée sur le pont et qui file avec l’ancre lors du mouillage. Le mot s’est répandu à terre dans la deuxième moitié du XIX* pour parler d’une cuite alcoolisée et systématique. Mais l’expression de marine Prendre une biture existait auparavant dans ce sens chez les marins, faisant probablement référence à une longueur définie de flacons allongée sur un comptoir et réputée nécessaire au marin pour le mettre en état de tirer sa bordée.

Bôme Subst. f. Espar maintenant la bordure inférieure d’une voile aurique à corne*. On dit plutôt le gui* pour les navires.

Bonnette. Subst. f. 1. Voile carrée, légère, que l’on ajoute en saillie de la voilure, à l’aide des bouts-dehors*, pour améliorer la marche quand le vent le permet. 2. La plus fine des toiles à voile.

Bord. Subst. m. Le mot désigne d’abord l’extrémité supérieure de chaque planche de la coque (bordage*), puis par métonymie chaque côté du navire, se spécialisant en bâbord et tribord. Puis le mot désigne l’ensemble du navire, comme dans monter à bord. Les divers emplois coexistant dans le langage maritime, avec des dérivés et des sens argotiques, il s’ensuit quelquefois des confusions.

Bordage. Subst. m. Planche épaisse de construction navale, servant à la fois : 1) à former le revêtement extérieur de la coque d’un navire. Ils sont alors divisé en virures* et doublés par un vaigrage*. 2) À former le revêtement supérieur des ponts d’un navire, recouvrant alors la rangée de barrots* d’une membrure*.

Bordé. Subst. m. Chacune des planches épaisses du bordage*.

Bordée (1). Subst. f. 1. À la manœuvre : part de l’équipage suffisante pour prendre le quart (bordée du bas : au repos ; bordée du haut : à la manœuvre). 2. Au combat : partie de l’équipage chargée du maniement de l’artillerie, répartie par bord (bordée de tribord ou tribordais, bordée de bâbord ou bâbordais).

Bordée (2). Subst. f. La salve des canons de l’un des côtés du navire. On dit aussi la volée.

Bordées (tirer des). Loc 1. Louvoyer, faire passer l’étrave d’un côté et de l’autre d’un vent debout, pour remonter au vent. 2. Familièrement, le parcours chaotique et alcoolisé des marins en goguette à l’escale, d’un bord à l’autre de la rue de la Soif. On dit aussi « virer* une biture* ».

Border. Verbe t. Mettre une voile au vent. Haler sur l’écoute* d’une voile, pour la rider*. Border à joindre signifie que le bas de la voile supérieure touche la vergue de la voile du dessous. Border à plat, c’est rider la ralingue* vers l’arrière du bâtiment lorsque le navire est au plus près.

Bornage. Subst. m. Navigation côtière faite par des navires de moins de 25 tonnes dans un rayon de 15 lieues autour de leur port d’attache.

Bosco. Subst. m. Familier pour major, premier officier marinier qui commande la manœuvre des voiles depuis le pont.

Bosse. Subst. f. Cordage présentant un nœud. La bosse libre est un cordage de faible dimension, dont l’une des extrémités présente un nœud libre. On la passe autour d’un objet pour avoir une prise plus sûre. La bosse d’amarrage est fixée sur l’avant d’un canot. La bosse de ris* est une garcette* nouée, point de saisie cousu dans la couture de chaque laize* pour relever la voile. On dit aussi Bosser pour « fixer par un nœud », et Embosser* pour « amarrer solidement ».

Bossoir. Subst. m. Pièce de bois fixe, saillante (on dit qu’elle « déborde ») et couplée le plus souvent, constituant un point d’appui pour affaler*, mouiller* depuis le pont. Les bossoirs d’ancre ont une forme particulière permettant de caponner* l’ancre. Les bossoirs de poupe permettent de maintenir un gros canot hors d’eau pendant que le navire fait route, etc. En argot, si la dame a de jolis bossoirs, c’est qu’elle a une poitrine avantageuse.

Bouchain. Subst. m. Partie arrondie de la coque comprise entre les fonds (courbes) et la muraille* (droite), au-dessous de la ligne de flottaison.

Boucon. Subst. m. Mets ou breuvage empoisonné. Souvent employé au sens imagé pour qualifier un mauvais mets ou breuvage.

Boudin. Subst. m. Protection oblongue, faite de toile à voile, emplie d’étoupe et de charpie compressées qui est gréée aux hunes pour la protection des fusiliers perchés là pendant les combats.

Boujaron. Subst. m. Ustensile à boire muni d’une anse. D’une contenance de 25 cl, il sert aussi de mesure. Syn : Moque*.

Boulet. Subst. m. Leur poids varie d’une demi-livre (le biscalen*) à trente-six livres, soit de 225 grammes à plus de seize kilos. Le boulet ramé est sciée en deux puis chaque moitié est soudée à une traverse de fer, on l’utilise pour accroître les dégâts, humains et matériels, lorsque l’on tire sur les ponts. Le boulet chaîné est scié de même mais ses moitiés sont soudées à une chaîne, utilisé pour briser les gréements et désemparer le navire ennemi. Les bombes sont des boulets creux de gros calibres, porteurs d’une charge à retardement qui explose une fois sur l’objectif (voir Galiote*). Les boulets rouges sont chauffés au rouge avant d’être projetés et mettent le feu au navire touché (uniquement utilisés par les défenses côtières).

Bouline. Subst. f. Cordage (cargue*) amarré par le milieu de chaque côté d’une voile carrée pour lui faire prendre le vent venu par le travers*. Par métonymie d’usage courant, la voile ainsi placée. On utilise aussi les boulines (voiles et/ ou cordage) par gros temps, d’où le mot de boulinier* qualifiant un navire pour son bon comportement par temps difficile.

Bouliner. Verbe, t. Jouer sur les boulines* c’est-à-dire ouvrir, par un vent du travers*, une voile carrée pour qu’elle le prenne le plus possible.

Boulinier. Subst. m. Se dit d’un navire qui se comporte bien dans des circonstances difficiles. Il remonte bien au vent, il est aisé à manœuvrer par gros temps, etc.

Boutefeu. Subst. m. Bâton de bois garni d’une mèche à combustion lente (une étoupille*) à l’une de ses extrémités, que l’on enflamme pendant la bataille et qui permet de mettre le feu à la lumière* du canon.

Boute-hors. Subst. m. Espar ajouté pour prolonger une vergue* afin d’établir des voiles en saillie (les bonnettes*) à l’extérieur de la voilure ordinaire. Sur certains navires, le boute-hors de foc est posé à demeure en prolongement du beaupré*, et permet d’établir les focs. Par altération orthographique, on écrit plutôt bout-dehors à partir du milieu du XVIII°.

Bouteilles. Subst. f. p. Retranchement en saillie à la poupe de certains vaisseaux du XVII pour servir de latrines aux officiers supérieurs, le mot est resté pour désigner les bonbonnes de terre cuite placées dans un réduit à l’arrière des navires du XVIII° pour le même usage. Il est curieux de constater que l’emploi de ce mot pour désigner les lieux d’aisances reste d’actualité dans la marine de guerre moderne du XXI°. Syn : latrines*, souillarde*, poulaine*.

Bragues. Subst. f. p. Elles vont par deux. Forts cordages, ou chaînes, qui maintiennent le canon au bordage au moment du tir, pour en borner le recul. Elles servent aussi au pointage (visée) horizontal de la pièce.

Brai. Subst. m. Mélange pâteux et noirâtre de suif* animal, de résidus de distillation du goudron et d’autres matières organiques. Il sert au nettoyage de la carène du navire, de liant au calfat et à certaines peintures. On dit aussi Suif noir.

Branle. Subst. m. Sac de toile suspendu aux barrots de l’entrepont par ses deux extrémités et servant au couchage des matelots (Hamac*). Ils sont remisés dans des filets, ou des bastingages, pendant le combat (Voir Branle-bas*). Syn : Hamac*, havresac.

Branle-bas. Subst. m. Manœuvre consistant à plier ou déplier les branles (hamacs*) au moment du coucher et du lever des quarts d’équipage. Le branle-bas de combat consiste à transformer le navire pour en faire, d’un lieu de vie bondé, une batterie flottante et manœuvrante aussi efficace que possible. Parmi les actions pour ce faire, deux sont essentielles : abattre toutes les cloisons amovibles des ponts, et mettre les hamacs dans les bastingages* où ils servent de protection pendant le combat, comme les sacs de sable de l’infanterie.

Bras. Subst. m. Manœuvre* (cordage) servant à orienter un espar, et notamment à faire se mouvoir les vergues autour du mât qui les porte. Voir écoute*.

Brasse. Subst. f. Mesure de profondeur surtout, équivalente à cinq pieds, soit 1 mètre 60.

Brasser. Verbe, t. Orienter un espar* en agissant sur son (ou ses) bras*. Brasser carré signifie positionner cet espar à angle droit avec la quille, brasser en pointe, parallèle à cette quille. Syn : Brasseyer.

Brasseyage. Subst. m. Opération consistant à orienter les vergues. On écrit aussi Brassiage

Brigantin. Subst. m. Bâtiment à deux mâts, au grand mât incliné vers l’arrière, gréant des huniers carrés, généralement bas sur l’eau. Armé en guerre, c’est un vaisseau de cinquième rang, portant huit à vingt canons, 50 à 100 hommes. Syn : Brick.

Brigantine. Subst. f. Voile trapézoïdale gréée en arrière du mât d’artimon* sur une corne* (en haut) et une bôme* (en bas). C’est la voile la plus à l’arrière du navire. C’est souvent sur la corne de brigantine que sont hissées les couleurs*.

Brimbale. Subst. f. Levier sur lequel on pèse pour actionner le piston d’une pompe à eau. Par métonymie, on parle des brimbales pour désigner les pompes. En argot, Brimbaler signifie « copuler ».

Brion. Subst. m. Pièce de bois doublée de métal faisant la jonction entre l’étrave et la quille, sous la proue du navire. Dans les calculs d’assiette* au moment de l’arrimage, on oppose le cul au brion.

Brique. Subst. f. Pierre de grès fin servant à récurer (briquer*) les ponts, plats-bords et mâts.

Briquer. Verbe, t. Passer la brique*, nettoyer.

Brise. Subst. f. Vent maniable, permettant de manœuvrer le navire. Les écarts de température entre terre et mer font qu’un vent maniable s’établit le soir du large vers la côte (brise de mer) et le matin de la côte vers le large (brise de terre).

Brûlot. Subst. m. Bâtiment enflammé pour brûler les navires ennemis en se dépalant* vers eux. La tactique française de combat naval, autour de 1750, fit grand cas de ces bâtiments « kamikazes », au point de créer un grade de lieutenant, puis de capitaine de brûlot. Mais l’évolution de l’artillerie embarquée les rendra obsolètes.

Bugalet. Subst. m. Navire de servitude à deux mâts, généralement employé au transport et au cabotage. Dans les ports d’avitaillement, ces barques solides et manœuvrières sont idéales pour le transport d’eau douce.

But-en-blanc. Loc. Artil. Les deux points où la trajectoire du boulet croise la ligne de mire. L’un est très près de la bouche du canon et l’autre est au point où la courbe de la trajectoire retombe. Évidemment, si la cible est à l’un ou l’autre des buts-en-blanc, le tir fait mouche pile sur le point visé.

c

Caban. Subst. m. Capote courte de marine en toile goudronnée pourvue d’un large col rabattable pour parer les embruns. S’il est pourvu d’un capuchon, on parle de magellan*. Syn : Tourmentin*.

Cabestan. Subst. m. Treuil lourd à tambour horizontal, placé en général sur le pont supérieur, et muni de barres amovibles. Remonter la chaîne d’ancre est sa fonction la plus courante, mais pas la seule. Dans quasiment toutes les marines, virer au cabestan est une activité qui se fait en musique, un air entraînant qui rythme l’effort. Voir aussi Guindeau*.

Cabillot. Subst. m. Cheville de bois amovible fichée dans les râteliers de plat-bord ou de pied de mât. Elles servent à tourner* les manœu­vres courantes (drisses*, écoutes*…). Toucher le cabillot, comme toucher du bois, porte chance.

Cable. Subst. m. Gros cordage. Il est à noter que c’est le vocabulaire de marine qui lui donne définitivement ce sens. Quant à savoir à partir de quel diamètre la ligne* devient câblot et le câblot* accède au rang de câble, la notion varie selon les régions et les époques et probablement au sein d’un même équipage.

Câblot. Subst. m. Petit câble ou grosse ligne, va savoir…

Cabotage. Subst. m. Navigation à petite distance des côtes, passant d’un port à un autre. On l’oppose à la navigation hauturière* et au bornage*.

Cacatois. Subst. m. Voile au-dessus du perroquet. Le grand cacatois sur le grand mât, et le petit cacatois sur le mât de misaine. Ils sont bordés, comme les bonnettes*, par vent maniable.

Cadène. Subst. f. Chaîne fixée au porte-hauban* et destinée à rider* les haubans*.

Caillebotis. Subst. m. Treillis de bois recouvrant une ouverture dans le pont (l’écoutille*). Le plus large d’entre eux, près du grand mât sur le pont supérieur, sert souvent au supplice du fouet administré aux matelots fautifs que l’on lie face contre lui. Syn : Claire-voie.

Calque. Subst. f. Bateau léger à gréement latin dont la poupe et la proue sont également pointues. En usage dans les eaux turques et grecques.

Cale. Subst. f. Espace situé sous le pont inférieur, sous la ligne de flottaison. Elle est divisée verticalement et horizontalement pour ménager des espaces spécifiques : soutes diverses (aux câbles, à poudre, aux biscuits, à eau…) coqueron*, sentine*, etc. On y entrepose, soigneusement arrimée*, la majeure partie des équipements nécessaires à la vie à bord. Le supplice de la cale : Navire à la cape, la victime est liée par les pieds à une basse vergue. On la laisse choir brutalement dans la mer, elle est laissée « un certain temps » sous la surface, puis remontée pour recommencer l’opération un nombre de fois plus ou moins grand, fonction de la gravité de la faute. Plus de dix « plongées » peut être mortel.

Caler. Verbe t. Estimer, mesurer, donner la profondeur du tirant* d’eau d’un navire.

Calfat. Subst. m. L’homme qui fait le travail de rendre étanches les pont et la coque (qu’il soit marin à bord ou ouvrier de radoub à terre) à l’aide d’un mélange d’étoupe* et de goudron servant à calfater*, mélange appelé aussi Calfat.

Calfatage. Subst. m. Mélange d’étoupe et de goudron chauffé puis coulé entre les bordages du pont ou de la coque pour rendre étanches les jointures. Ce n’est qu’à partir de 1832 qu’il a pris la valeur d’un substantif d’action et que l’on commence à dire « calfatage » au lieu de « réfection du calfatage ».

Calfater. Verbe t. Garnir les interstices et les joints entre les bordages* de calfatage* pour assurer l’étanchéité de la coque ou du pont.

Calibre. Subst. m. Celui des canons de marine, de six à quarante-deux, est défini non pas par le diamètre des boulets mais par leur poids exprimé en livres. Une pièce de dix-huit projette donc des boulets de dix-huit livres, soit un peu moins de neuf kilos.

Calier. Subst. m. Assumant l’une de nombreuses fonctions accessoires de matelot, le calier assiste le commissaire ou le maître d’équipage pour l’arrimage* des cales, soit qu’il soit plus fort que d’autres, soit qu’il ait un sens plus sûr du rangement.

Caliorne. Subst. f. Grosse poulie*. Opposé à Pouliot*.

Cambuse. Subst. f. Magasin dans lequel sont arrimés les provisions de bouche. Le sens en français de « cuisine du bord », malgré l’histoire du mot, est plus tardif et ne s’impose que vers 1815. Emprunté au néerlandais Kombuis, qui désignait sur les premières nefs (vers 1350-1400) l’endroit sur le pont supérieur où l’on pouvait faire du feu. Au XVIII°, on dit encore la Coquerie*.

Canon. Subst. m. Plusieurs types et calibres, ils pointent leur gueule par les sabords* sur un, deux, trois voire quatre ponts. Lourds, extrêmement bruyants et produisant une fumée acre et dense, ils ne bénéficient d’aucun système de visée sinon le savoir-faire du maître de pièce (anspects* pour la hauteur, bragues* pour le balayage latéral). Le chargement par la gueule impose un déplacement de deux tonnes et demi d’acier (pour les plus lourds embarques) entre chaque tir. On compte un homme pont 250 kg, soit dix par pièces de vingt-quatre. Le canon de chasse est la pièce pointée vers l’avant, mise en batterie barbette au gaillard d’avant sur la plupart des navires en dehors de ceux de premier et deuxième rang, où des sabords sont ménagés dans l’étrave haute. Le canon de retraite est la pièce pointée vers l’arrière, mise en batterie dans les sabords de poupe (dits sabords d’arcasse).

Canot. Subst. m. Toute embarcation légère non pontée (ou semi-pontée) pourvue d’un gouvernail. Plusieurs types de canot sont embarqués à bord d’un navire de guerre. Leur nombre et leur type dépendent évidemment de la taille du navire : canot major ou d’apparat, chaloupe, gigue (ou guigue), yole, cotre, etc. Le canot major, ou d’apparat, est destiné au service du capitaine, et quelquefois des officiers. Pouvant porter huit à dix nageurs et pourvu d’une chambre à la poupe, il est plus ou moins décoré selon la bourse du capitaine.

Cape (mettre à la). Loc. Donner au navire un cap et une orientation des voiles tels qu’il n’avance pas. La cape courante signifie qu’il avance à vitesse extrêmement réduite. C’est aussi l’allure adoptée par gros temps, travers à la lame pour éviter de prendre un coup de mer dangereux.

Capeler. Verbe t. Entourer d’une boucle de cordage, ou d’une estrope*, l’extrémité d’un espar*.

Capeyer. Verbe t. Être à la cape*, faire du sur place ou avancer à très faible erre. Allure adoptée notamment par gros temps. On dit aussi Capéer.

Capon. Subst. m. Dernier câble amarré à l’organeau* d’ancre, et lové* dans le logement de route de cette dernière, la gatte*. On dit Caponner l’ancre pour « ranger l’ancre ».

Capot. Subst. m. Pièce de bois fermant une écoutille.

Caprerie. Subst. f. Familièrement, pratique de la course* en corsaire*.

Caque. Subst. f. Baril de harengs salés. Tous les emplois péjoratifs possibles pour un vil contenant, voir Baille*. Donne aussi le proverbe : La caque sent toujours le hareng : quel que soit le rang atteint, l’origine transparaît toujours (Le fruit ne tombe jamais loin de l’arbre).

Caraque. Subst. f. Navire portugais du XV° siècle, assurant le commerce avec le Brésil et les Indes Orientales. Le terme reste longtemps en usage pour désigner un lourd navire au commerce.

Cardan. Subst. m. Système de suspension à axe longitudinal et latéral, permettant à une lampe, un foyer de coquerie, un compas de route, une bannette… de rester à l’horizontale malgré les mouvements du navire.

Carène. Subst. f. Partie immergée de la coque, située sous la ligne de flottaison, souvent opposée à la muraille* (voir aussi âuvres*). Rarement dans la Royale, plus souvent dans la Navy, la carène est doublée de cuivre. Le supplice de la carène : particulièrement cruel, il consiste à lier la victime aux bras et aux jambes et à la faire passer sous le navire, de la proue à la poupe. On hale le supplicié de la poupe en veillant à la tension des cordages de manière à le maintenir contre la carène tout au long du bâtiment. Soit l’homme se noie, soit il est irrémédiablement estropié par les coquillages tranchants.

Caret. Subst. m. Dévidoir permettant aux cordiers de produire un fil brut à partir de chanvre, ou d’autres fibres naturelles (abaca*, lin…). Après filature, c’est le fil de caret qui sert de matière première à la fabrication des cordages de tous types.

Cargue. Subst. f. Cordage courant du haut en bas des voiles trop grandes pour carguer* la voile à bras, et servant à l’étouffer, limiter sa prise au vent. Le Cargue-fond sert à remonter la bordure d’une voile carrée contre sa vergue. Le Cargue-point sert à remonter le point* d’écoute ou d’amure d’une voile carrée contre sa vergue.

Carguer. Verbe t. Replier une voile pour la ferler* sur sa vergue*. On peut carguer à bras, pour les voiles dont la taille le permet, ou à l’aide des cargues*. Syn : Étouffer. Ne pas confondre avec Ariser*.

Carlingue. Subst. f. Poutre longitudinale servant à renforcer la quille à l’intérieur de la coque. Elle est placée au-dessus des varangues*, parallèlement à la quille. Dessus prennent appui les épontilles*.

Caronade. Subst. f. Canon court, trapu, généralement de batterie barbette*. Si sa portée est moitié moindre que celle d’une pièce longue ordinaire, elle projette des boulets plus lourds et de plus fort calibre et elle est à la fois plus facile à manipuler, plus rapide et plus précise, ayant moins de recul et étant pourvue à partir de 1780 d’une molette de visée. Particulièrement meurtrière à courte portée, elle peut être redoutable, chargée à mitraille, contre les ponts d’abordage. On parle de flasque, plutôt que de cul, pour l’arrière d’une caronade.

Carotte. Subst. f. Cylindre de cuivre, pourvu à son extrémité d’un gros boulon. Elles traversent les membrures* de part en part et servent à assembler la coque.

Carré (1). Adj. Se dit d’un gréement dont les voiles sont trapézoïdales et établies sur des vergues, par distinction avec le gréement aurique*.

Carré (2). Subst. m. Salon, pièce à vivre d’un navire. Par métonymie, le « carré » utilisé sans autre précision désigne les officiers (du lieutenant en second au commis) et leur lieu de vie. Sur les gros vaisseaux, il y a le carré des officiers, celui des cadets, celui de la maistrance*.

Carrée. Subst. f. Familier pour désigner le lieu de vie d’une bordée* de matelots.

Cartahu. Subst. m. Fort cordage libre, gréé en bout de vergue, terminé par un œillet à boucle, une estrope* ou une demi poulie qui sert à haler (hisser), ou affaler (descendre) une charge ou un objet du quai au pont, ou du pont à la hune*. La pantoire*, cordage du même type, sert elle à la manoeuvre.

Cartouche. Subst. f. Comme le canonnier à sa gargousse*, le fusilier a sa cartouche, petite poche de papier dans laquelle la poudre d’un tir est pré-pesée. Il la mord pour la déchirer, fait couler son contenu dans le canon. Puis il ajoute la bourre, puis la balle (en la crachant souvent, puisqu’il l’a dans la bouche pour libérer ses mains) et tasse le tout de sa baguette.

Casernet. Subst. m. Ou livre de bord. Le capitaine, ou son secrétaire, y porte jour après jour la position du navire, la distance parcourue depuis la veille, les conditions météorologiques, les rencontres et/ou combats éventuels, les denrées et passagers embarqués ou débarqués à l’escale, l’heure des événements notables, l’état des vivres, et tout ce qui a une influence sur la marche du navire.

Casse-tête (filet de). Loc. Grand filet tendu horizontalement au-dessus du gaillard d’arrière pour garantir la dunette et la timonerie des pièces de gréement qui tomberaient des mâts, pendant la bataille.

Chaînes (de revers). Loc. Gréées au bout des vergues avant un combat, elles restreignent la chute sur le pont (et la tête des matelots) des espars principaux, et elles limitent le passage par-dessus bord d’un matériel précieux dans une longue croisière.

Chaise de gabier. Loc. Siège de corde (quelquefois simplement un gros nœud) gréé au bossoir pour faire monter (ou descendre) un homme le long de la muraille, de façon à le faire passer du canot à bord (ou l’inverse). En général des terriens, les marins mettant un point d’honneur à monter sans cette aide honteuse.

Chaloupe. Subst. f. Canot assez grand pour embarquer une trentaine d’hommes (elle peut atteindre un dizaine de mètres). Elle est mue le plus souvent à la voile (un mât, un beaupré) mais elle peut l’être aussi aux avirons. Elle est utilisée pour les raids à terre, comme allège* ou canot de sauvetage.

Chambre. Subst. f. Pièce ménagée dans les entreponts La grand-chambre est réservée au capitaine. Ici navires de premier et deuxième rang en possèdent plusieurs, dont une chambre de réception où l’amiral réunit ses capitaines. Celles des navires de sixième rang possèdent des parois amovibles pour dégager les ponts inférieurs pendant le combat. La chambre de veille se trouve généralement derrière la timonerie, sous la dunette et contient cartes et matériel de traçage, compas répétiteur, horloges, baromètres et autres matériels de navigation. À sa porte, le banc de quart sur lequel l’officier veille pendant son quart.

Chape. Subst. f. Deux pièces de bois réunies par un (des) axe(s) autour duquel (desquels) tournent le(s) réa(s). Un seul axe et un seul réa forment une poulie, deux (ou plus) axes et deux (ou plus) réas forment une moufle*.

Chapelle (faire). Loc. Le moment où la vague venue de l’arrière rattrape le navire et submerge le gaillard d’arrière. Elle peut dépaler* le navire d’un coté ou de l’autre, qui présente alors son travers à la lame suivante, position très dangereuse, qui peut le faire chavirer.

Charançon. Subst. m. Désigne à la fois le coléoptère nuisible parasite des céréales (épeautre, blé, riz…) de la famille des curculionidés ; et sa larve, compagne fidèle du matelot, hôtesse des biscuits de marin dès le dixième jour de mer, au point qu’il est considéré comme un apport protidique bienvenu.

Charge. Subst. f. Quantité de poudre tassée dans l’âme du canon (ou du mousquet). La charge détermine la puissance et la portée du tir. Elle est pré-mesurée dans les gargousses* pour le canon, dans des cartouches* pour les mousquets* ou les pistolets*.

Charpie. Subst. f. Amas de fils permettant de faire des pansements. Au XVIII°, le mot est réservé à la médecine.

Chasse. Subst. f. Situation dans laquelle deux navires (au moins) se poursuivent l’un l’autre. Le mot désigne tant la position du chassé que celle du chasseur : tous deux sont en chasse.

Chasse-marée. Subst. m. Navire hauturier de Bretagne, rapide et très manœuvrant, à deux mâts sans hunier* gréant deux voiles au tiers et un ou plusieurs foc(s) sur un court beaupré. Ils servaient le plus souvent à la pêche (Manche, Terre-Neuve, Golfe de Gascogne), mais aussi à la contrebande et… aux douanes.

Château. Subst. f. Superstructure au-dessus du pont supérieur, sur toute la largeur du navire. Cette notion de noblesse, et de bastion, fait que le château désigne souvent la superstructure arrière, appuyée ou traversée par le mât d’artimon* car c’est le domaine réservé des officiers et il abrite, fonction de la taille du bâtiment, les chambres* du capitaine et des officiers supérieurs, celles de navigation ou de réception. Il est ceint du couronnement * et ses fenêtres ouvrent sur le tableau*. Ant : Gaillard*.

Chebek. Subst. m. Ou. Bâtiment maure en usage en Méditerranée, un mât à voilure latine et un bout-dehors sur lequel est gréée un clinfoc. Il peut aussi être mu par une trentaine de rameurs. Pourvu d’une espingole* ou d’une pièce de six, c’est l’une des embarcations préférées des pirates d’Afrique du nord.

Choquer. Verbe t. Ramener, contrarier ou inverser la position naturelle d’une voile, d’un espar, d’une manœuvre. Il s’agit de modifier la voilure et la manière dont elle porte au vent, pour s’arrêter, virer de bord, libérer la tension trop forte sur une voile ou un mât.

Chouquet. Subst. m. Pièce de bois femelle fixée à la tête d’un mât* inférieur dans laquelle vient s’engager l’élongis* du mât supérieur, de manière à en assurer l’axe. Le chouquet de grand-hune maintient le grand mât de hune solidaire du grand mât. (Voir mât*) On utilise aussi Chouque, au féminin.

Chronomètre. Subst.m. Le mot désigne au XVIII° une horloge de marine, ou garde-temps*, essentielle pour la détermination de la longitude par la méthode dite « par la méridienne », qui combine son emploi avec celui du sextant*.

Civadière. Subst. f. 1. Grand vergue de beaupré*. 2. Les voiles carrées qui se gréent au dessous de cet espar : civadière et – sur un vaisseau de bonne taille – contre-civadière.

Claire-voie. Subst. f. Claie de bois croisé recouvrant les ouvertures dans le pont, qui donnent lumière et aération aux chambres. Cernée d’un hiloire*, les claires-voies sont recouvertes d’un capot* par grosse mer. Syn : Caillebotis.

Clavesin. Subst. m. Sur une frégate (ou un navire de taille supérieure) grande pièce ménagée entre la grand-chambre* et les cabines qui donne sur le pont. Elle peut servir au capitaine d’antichambre, de chambre ou encore voir ses cloisons disparaître (pour augmenter la surface de la grand- chambre) ou se multiplier (pour ménager des cabines supplémentaires).

Clin. Subst. m. Disposition dans laquelle les bordages d’une embarcation se chevauchent l’un l’autre, plutôt que d’être bord à bord. La yole* est une embarcation à clins.

Corne. Subst. f. Vergue* oblique destinée à porter une voile aurique, et notamment celle dite ourse d’artimon, pour les vents arrière ou sous le travers*.

Commissaire. Subst. m. Officier marinier chargé de ravitaillement, de la gestion des stocks et de la tenue des comptes d’un navire. Sur les vaisseaux modestes, on parle d’écrivain du bord. Dans la Royale, il rendait ses comptes au commissaire de port, un peu comme un subrécargue* à son armateur.

Compas (1). Subst. m. Boussole de marine, assujettie au pont dans l’habitacle* de timonerie* et montée sur cardans* (on dit ici compas de route). Il comporte une plaque ronde avec la rose* des vents, une flèche non aimantée indiquant le cap et un trait symbolisant la ligne* de foi. Il y a en général au moins deux autres compas (dit répétiteurs), l’un dans la chambre des cartes, l’autre dans la grand-chambre*.

Compas (2). Subst. m. Instrument composé de deux pointes sèches jointes par une charnière, il sert à reporter angles et longueurs sur une carte pour tracer la route* d’un navire.

Connaissement. Subst. m. Liste de ce qui est embarqué à bord, établie par le commissaire* ou l’écrivain du bord et remise au capitaine et/ou à l’armateur. Il y a un connaissement par type de matériel (denrées, armes, outils…) et tous sont réunis dans le manifeste*.

Conserve. Subst. f. Navire dont la route est commune à celui depuis lequel on le désigne.

Coq. Subst. m. Le cuisinier du bord. Même si ce n’est pas une règle stricte, il a en général grade de quartier-maître (maître-coq), voire plus s’il n’y a pas de commissaire* de bord et qu’il sait lire, écrire et compter.

Coquerie. Subst. f. Cuisine du bord. Un lieu très surveillé tant l’utilisation du feu à bord de navires construits de bois, de corde et de goudron est dangereuse.

Coqueron. Subst. m. Compartiment extrême de la cale, à la proue ou à la poupe, que sa disposition rend peu propice au stockage de produits encombrants ou de nécessité quotidienne. Dans certains navires, ils servent de réserves d’eau supplémentaires. Inconfortable mais faciles à aérer par une manche posée sur la gatte d’écubier, le coqueron avant est également utilisé pour mettre aux fers les prisonniers ou les matelots mis aux fers.

Corne. Subst. f. Espar placé en oblique sur un mât et soutenant la partie supérieure d’une voile aurique* dont la partie inférieure est bordée sur la bôme* ou gui*. Les couleurs* sont hissées sur la corne d’artimon, et flottent donc derrière la brigantine*.

Corne à poudre. Subst. f. Flasque de cuir à bec métallique, emplie de poudre. Elle permet d’amorcer les lumières* d’un canon* ou de charger un mousquet en l’absence de cartouche*.

Corsaire. Subst. m. 1. Navire armé en course* pour le compte d’un armateur privé et bénéficiant de lettres de marque (ou de course) délivrées par les autorités maritimes lui donnant le droit d’arraisonner les navires ennemis (de commerce ou de guerre) au bénéfice de l’armateur et pour le bien de la patrie reconnaissante, qui n’omet pas cependant de prendre sa part du butin.                 2. Membre de l’équipage d’un corsaire.

Corvette. Subst. f. Navire armé de sixième classe, entre la frégate* et le brigantin*. trois-mâts portant beaucoup de toile. Syn : Schooner

Cotre. Subst. m. Embarcation à barre franche qui peut être mue à bras, même si elle est pourvue d’un mât pour une grand-voile, quelquefois d’un beaupré pour un foc et une trinquette voire d’une cabine sommaire, il est couramment employé au XVIII° pour la pêche côtière ou la contrebande. Pourvu d’une pièce légère, il sert aux douanes, à la surveillance des côtes.

Cotriade. Subst. f. (ou Chaudrée en Normandie) Soupe de pêcheur bretonne, faite de poissons peu nobles et de pommes de terre, c’est le quotidien sur les côtes de France au XVIII°, de Luçon à Dunkerque.

Couchette. Subst. f. Lit aménagé dans une cabine et solidaire du bordage. C’est-à-dire que, contrairement à une branle* ou à une bannette*, elle est solidaire du navire, et suit donc roulis et tangage. Elles garnissent en général la cabine commune des sous-officiers.

Couleuvrine. Subst. f. À mi-chemin entre un gros fusil et un petit canon, elle est montée sur un axe, sur la dunette*, le gaillard* ou l’avant d’un canot (voire la hune* de grand mât), chargée à mitraille ou à biscaïen* et pointée sur l’ennemi en cas d’abordage. Syn : Espingole, Mousqueton.

Coup de vent. Loc. Mauvais temps soutenu, pas encore tempête, mais qui peut le devenir. La Risée*, elle, ne dure pas.

Coupée. Subst. f. Ouverture pratiquée dans un bord pour y placer une descente, une échelle. L’échelle de coupée (la plus citée mais non la seule) désigne l’ouverture pratiquée dans les lisses et pavois sur les flancs du navire et qui permet de monter â bord par le pont supérieur. Sur les navires de premier rang, à trois ponts et plus, cette ouverture donne sur un pont inférieur, le pont découvert étant trop haut sur l’eau pour permettre un accès aisé.

Couple. Subst. m. Pièce de bois courbe, montant de la quille au plat-bord sur les deux côtés du navire, et sur laquelle sont fixés les bordages*. C’est la série des couples, montée perpendiculairement à l’étrave*, qui définit la ligne des œuvres* vives du navire, donc sa stabilité, sa tenue au vent et à la mer, etc. À couple signifie « Bord à bord ».

Couronnement. Subst. m. Le haut de la poupe à l’arrière de la dunette* ou du gaillard* d’arrière, surmontant le château* de poupe. Par extension, la décoration qui l’agrémente.

Course. Subst. f. Situation d’un navire investi d’une mission de poursuite et de destruction (ou prise) de navires ennemis à sa portée. C’est généralement la mission des navires corsaires*, qui disposent alors de lettres de marque délivrées par les autorités maritimes. On dit aussi Caprerie*. La course accordée aux navires de guerre en récompense s’appelle plus facilement dans ce cas la croisière*.

Coursive. Subst. f. Galerie horizontale de circulation ménagée dans les parties séparées en pièces (cabines ou soutes*) des ponts inférieurs ou des entreponts. Les parois qui la forment sont amovibles sur un bâtiment de guerre.

Couteau. Subst. m. Pas de matelot sans couteau. Il sert à tout à bord : aux épissures, au dîner, aux disputes… Une sorte de griffe rétractile qu’un marin sort à toutes occasion.

Coutelas. Subst. m. Grand couteau de combat à lame droite et garde courte ou inexistante. Tout marin au long cours, commerce ou Royale, en possède un, pour parer à tout aux escales sauvages, même s’il préfère porter au quotidien un simple couteau de travail. On parle aussi de sabre d’abattis (ou d’abattage).

Coutil. Subst. m. Toile croisée et serrée en fil de lin plus ou moins grossier, et plus tard en coton, qui sert à la confection des voiles, mais aussi à celle de la plupart des culottes et pantalons de marin.

Croisière. Subst. f. Activité de recherche d’ennemis ou de proies dans un secteur déterminé de l’espace maritime, et dans le cadre d’une mission précise. Comme on le voit, elle n’a nullement le sens d’aujourd’hui et on ne s’y amuse pas beaucoup.

Cueille. Subst. f. Largeur d’une pièce de toile à voile. Syn. Laize*.

Culée. Subst. f. Recul, s’agissant d’un navire, pas d’un canon.

Culer. Verbe, t. Faire marche arrière, reculer sous l’action du vent, du courant, d’une vague…

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Dalot. Subst. m. Ouverture pratiquée dans le bas du pavois*. Il permet l’évacuation de l’eau (lames, embruns, pluie ou simplement lavage à grande eau). Il en existe sur les ponts inférieurs, calfatés en dehors des corvées de nettoyage, et d’autres encore dont les dalots de la gatte*.

Dame de nage. Subst. f. Creux ménagé dans le plat-bord d’une embarcation et destiné à recevoir les avirons.

Déborder. Verbe t. 1. Littéralement, « dépasser du bord », i.e. en saillie par rapport au corps principal du navire. 2. Quitter, s’éloigner du bordage, pour une embarcation par rapport à une autre.

Déferler. Verbe t. 1. Déployer une ou des voile(s), la (les) libérer de sa vergue. Ant : Ferler*. 2. Se dit d’une vague qui se brise en écumant.

Dégorgeoir. Subst. m. Instrument servant à gratter les résidus de poudre et de bourre dans l’âme du canon. Syn : Tire-bourre.

Dépaler. Verbe t. Être soumis à la dérive, quand le navire est encalminé*, par exemple. S’il y a danger, on dit Drosser*.

Déraper. Verbe t. Dernière manœuvre pour lever l’ancre avant l’appareillage. On dit aussi d’une ancre qu’elle dérape lorsqu’elle « gratte » les fonds sans pouvoir s’y accrocher.

Dérive. Subst. f. Mouvement du navire non désiré, sous l’influence de vents ou de courant gênant la marche qu’il s’est fixée. La dérive existe toujours, plus ou moins importante selon les conditions météorologiques et le navire concerné.

Descente. Subst. f. Escalier sans contremarche pour passer d’un niveau à un autre. En principe, au contraire de l’échelle*, droite, la descente est légèrement penchée pour permettre d’y monter ou d’en descendre sans utiliser les mains… à condition d’être marin évidemment.

Deshaler. Verbe t. Déplacer le navire au moyen de ses amarres ou de cordages (pour le sortir d’un goulet, d’un échouement, etc.). Par extension, progresser avec effort. On n’écrit Déhaler que plus tardivement, vers 1850.

Dévente. Subst. f. Partie de la mer, proche d’une côte, et que cette côte préserve du vent.

Doris. Subst. m. Canot annexe de bateau de pêche, fond plat, non ponté, manœuvré à la godille, que les terre-neuvas utilisaient pour mouiller les lignes de fond.

Doubler. Verbe t. Franchir un point précis repérable, sur la côte. (Voir aussi Arrondir*)

Drague. Subst. f. Gros cordage qu’on laisse traîner derrière le navire. Généralement terminée par un grappin (pour récupérer une ancre), quelquefois d’une manche conique en toile à voile, pour pêcher, si elle est garnie d’un filet, ou faire un prélèvement des fonds. Elle est aussi utilisée comme ancre flottante* pour limiter la dérive ou encore corriger temporairement un défaut de voilure qui le déporte d’un côté ou d’un autre ; ou encore comme traînard* pour ralentir le navire.

Draille. Subst. f. Cordage ridé* en biais entre deux mâts et qui sert de support sur lequel on peut gréer une voile (draille de foc), ou poser une toile en guise de taud* pour abriter la dunette, par exemple.

Drisse. Subst. f. Cordage (voire palan pour les voiles les plus grandes) qui sert à hisser à sa place la vergue gréée de sa voilure, ou la voile elle-même s’il s’agit d’une voile d’étai, ou encore les pavillons ou les signaux. De façon générale, la drisse monte dans le gréement et la drosse* descend vers les œuvres vives.

Droguet. Subst. m. Toile grossière servant à confectionner des vêtements de travail. C’est en général la toile des pauvres.

Drome. Subst. f. Ensemble des pièces de rechange en bois (mâts, espars, avirons…) disposées et/ ou stockées en général sur le pont supérieur.

Drosse. Subst. f. Type de cordage. De façon générale, la drisse* agit en montant dans le gréement et la drosse en descendant vers les œuvres vives. Les drosses de safran sont les cordages (ou chaînes, filins, câbles…) qui relient la roue* de gouvernail au safran, en passant par les palans* de retenue.

Drosser. Verbe t. Être détourné de son cap (par un courant, le vent, l’impossibilité de manœuvrer…) vers un danger : la côte, un récif, un autre navire, le quai, etc. Être drossé à la côte est l’un des périls les plus fréquents qui menacent un bâtiment. Le navire, pris par la brise* de mer, un vent contraire ou un courant sous-marin, est irrémédiablement entraîné vers le rivage… et le naufrage. (Voir aussi Dépaler*)

Dunette. Subst. f. Le pont au-dessus du château*, à l’arrière. C’est aussi quelquefois, sur les vaisseaux imposants à trois ponts, une superstructure venant encore s’ajouter au-dessus du château lui-même.

e

Eau (douce). Subst. f. Elle est évidemment cruciale à bord. Elle sert à boire, on s’en doute, mais aussi à dessaler la viande pour la rendre consommable et c’est là la moitié au moins de son emploi. De plus, malgré les précautions, l’eau se corrompt, devenant en quelques semaines un vrai bouillon de culture. On compte, dans le meilleur des cas, quatre litres par homme et par jour. Autant dire que se laver, soi-même ou ses vêtements, à l’eau douce n’est envisageable que pour quelques privilégiés, lorsque le navire est à pleine réserve et ne doit faire qu’une courte croisière. D’où l’importance des aiguades* pour des navires qui partent pour six mois, voire trois ans pour les baleiniers, par exemple.

Échelle. Subst. f. Escalier droit sans contremarche pour passer d’un niveau à un autre. En principe, au contraire de la descente*, légèrement penchée, l’échelle est droite et ne permet pas d’y monter ou d’en descendre sans utiliser les mains.

Échouage. Subst. m. Mise au sec volontaire (pour radoub, réparations, etc.). La plupart des terriens utilisent ce mot à la place de Échouement.

Échouement. Subst. m. Mise au sec accidentelle. Situation extrêmement dangereuse, même si la coque ou la mâture (un choc sur la quille désolidarise les mâts) n’ont pas subi de dégâts importants, le navire peut être engagé*, coincé sur un récif, un banc de sable, et le ressac ne tarde pas alors à le couler.

Éclisse. Subst. f. Gros éclat de bois, acéré. Les éclisses sont particulièrement dangereuses au cours d’un combat, quand les boulets adverses font voler en éclats la drome*, les mâts, les superstructures ou la muraille*.

Écoute. Subst. f. Cordage servant à orienter une voile et à l’amarrer à ses coins (ou points). Les écoutes des points supérieurs sont fixées aux vergues, celle au vent s’appelle « bras* ».

Écoutille. Subst. f. Ouverture dans un pont, dotée d’une descente* (ou d’une échelle*) fixe, et permettant de passer d’un pont à l’autre. Elle est fermée par un capot* (plein) ou un caillebotis* (ajouré) et bordée d’un hiloire* empêchant le plus gros de l’eau de s’y engouffrer. La plus large est au pied du grand mât, et sert au chargement. La plus fréquentée est celle du gaillard d’avant par laquelle passe l’équipage au changement de quart.

Écoutillon. Subst. m. Petite écoutille permettant le passage d’un homme dans certaines partie» peu accessibles de la cale ou des entreponts.

Écouvillon. Subst. m. Brosse cylindrique garnie de peau de mouton, fixée au bout d’un long manche, et utilisée pour nettoyer ou graisser l’âme des canons (ou de n’importe quelle arme à feu de l’époque). Il est utilisé entre chaque tir (écouvillonner) pour ôter les restes de poudre et de bourre qui pourraient gêner le tir suivant.

Écubier. Subst. m. Chacune des ouvertures ménagées à l’avant du navire, de chaque coté de l’étrave, pour le passage des chaînes d’ancre principalement, mais aussi de câbles d’amarrage ou de touage*.

Élingue. Subst. f. Cordage dont on entoure les fardeaux pour avoir prise sur eux et les soulever. On utilise aussi le verbe Élinguer pour « Entourer un fardeau de cordage pour le soulever », mais aussi pour « Faire courir une élingue d’un point à un autre, en faisant un nœud à chacun des points ». Ainsi les haubans* élingués servent d’échelle vers les haut mâts. Par ex. Cordage, gros filin dont les deux extrémités sont garnies d’une épissure ou de griffes, qui entoure ou agrippe, par en dessous, un corps lourd pour permettre de le charger ou de le décharger à l’aide d’un palan.

Élonger. Verbe t. 1. Longer une côte, un autre navire, approcher par le flanc. 2. (plus récent) Allonger un câble, l’étendre, l’étirer dans le sens de la longueur.

Élongis. Subst. m. 1. Entremise, raidisseur transversal servant à renforcer localement des bordés, sur les ponts ou la coque. 2. Pièce de bois mâle fixée au talon* d’un mât* supérieur venant s’engager dans le chouquet* du mât inférieur, de manière à en assurer l’axe.

Embelle. Subst. f. 1. Partie du pont supérieur comprise entre les gaillards d’avant et d’arrière. On dit plus facilement tillac* pour un commerce. 2. Amarre tirant par le travers du navire.

Embosser. Verbe t. Amarrer fortement, avec l’idée de contraindre. Voir Bosse*.

Embosser (s’). Verbe int. Amarrer ensemble deux navires par des embossures*.

Embossure. Subst. f. Solide nœud fait sur une amarre.

Embouquer. Verbe t. S’engager dans une passe étroite : un chenal, un goulet, un estuaire, etc. Débouquer signifiant bien sur « sortir d’une passe étroite ».

Embraquer. Verbe t. Tirer avec force. Haler une manœuvre* dans le but de la rider*. On haie* (tire), on embraque (souque) puis on ride (tend et fixe) une manœuvre*. Syn : Étarquer*.

Empanner. Verbe t. Stopper le navire en gardant la toile haute. Le principe est de disposer les voiles de telle sorte que leurs poussées se contrarient. Voir Virer* lof pour lof.

Emplanture. Subst. f. 1. Position des mâts par rapport aux baux*, la façon dont ils sont plantés dans le navire, et donc la façon qu’ils ont de distribuer la force des voiles. On ne parle pas ici de leur inclinaison, cela, c’est la Quête*. 2. Encaissement destiné à recevoir le pied d’un bas-mât.

Empointure. Subst. f. Angle supérieur d’une voile carrée où de rejoignent les coutures de ralingues. Chaque ris a aussi son empointure, l’endroit où se rejoignent la couture de ralingue et la couture de ris.

Encablure. Subst. f. Mesure, équivalant à 195 mètres, utilisée pour les câbles d’ancre, puis par extension pour estimer d’autres longueurs.

Encalminé(e). Adj Se dit d’un navire contraint à l’inertie par l’absence totale de vent.

Enfléchures. Subst. f. Élingues frappées perpendiculairement aux haubans, formant ainsi des échelons qui permettent de grimper dans la mâture.

Enfourner. Verbe t. Plonger la proue dans la vague suivante quand, au tangage*, la poupe se soulève.

Engager. Verbe t. Un navire est dit « engagé » quand, à la suite d’un événement quelconque (risée, grain, échouement…) il reste sur un bord, perpendiculairement à sa position normale, mâts et quille affleurant l’eau. Une position délicate, voire irrémédiable si les conditions ne se prêtent pas aux mesures immédiates qui peuvent empêcher le naufrage.

Enverguer. Verbe t. Fixer une voile par son bord supérieur à une vergue encore nue.

Envoyer. Verbe t. 1. Hisser, s’agissant de pavillons ou de couleurs. 2. Effectuer la manœuvre des voiles pour virer de bord.

Épave. Subst. f. À la fois la coque échouée d’un navire perdu, et les objets qui s’en détachent et s’échouent sur la grève.

Épisser. Verbe t. Entrelacer les torons* de deux cordages pour les assembler l’un à l’autre.

Épissoir. Subst. m. Outil en forme de poinçon permettant d’écarter les torons* d’un cordage pour l’épisser.

Épissure. Subst. f. Entrelacement assemblant les torons* de deux cordages.

Épontille. Subst. f. 1.) Pièce de bois ou de fer verticale servant d’étai interne aux baux. Ils soutiennent les différents ponts. 2. Étai de bois maintenant un navire sur sa quille à sec.

Équipage. Subst. m. Ensemble des hommes ins­crits au rôle*, du mousse au capitaine.

Équipet. Subst. m. Placard de rangement pourvu de dispositifs empêchant les objets qui y sont rangés de tomber au tangage ou au roulis.

Erre. Subst. f. La vitesse acquise du navire quand il cesse d’être propulsé, indispensable pour que l’appareil à gouverner joue son rôle, notamment au changement d’amures.

Erseaux. Subst. m. p. Anneaux de cordage (ou de fort cuir) servant à faire coulisser les voiles d’étais sur les étais.

Escarbit. Subst. m. Petit récipient de bois à deux bacs utilisé par les calfats qui y humectent ou y graissent leurs ciseaux à bois. L’un des bacs contient du suif et l’autre de l’étoupe mouillée.

Espar. Subst. m. Longue pièce de bois travaillé. Selon son diamètre et sa longueur, il peut servir de mât*, de beaupré*, de vergue*. Les espars en général désignent l’ensemble du bois du gréement. Les espars de rechange font partie de l’équipement indispensable pour un navire en croisière, car la casse est, sinon fréquente, au moins habituelle, notamment sur un navire de guerre amené à surtoiler pour une chasse, à s’exposer aux tirs ennemis. Une voile mal gréée fendant son mât, un coup de vent brisant les vergues, des boulets chaînés pointés à démâter, tout concourt à mettre en danger le « moteur » du navire.

Essarder. Verbe t. Nettoyer, éponger.

Estains. Subst. m. p. Derniers couples* à l’arrière d’un navire soutenant la charpente arrière, l’arcasse*, laquelle soutient le château*.

Estime. Subst. f. Position approximative déduite des informations portées sur le livre de loch (cap et vitesse) corrigées autant que possible de l’éventuelle dérive. Cette position à l’estime est faite quand les observations ne sont pas possibles du fait de la météorologie (brouillard cachant les astres, forte mer empêchant les mesures…) ou quand un instrument (sextant, chronomètre) manque.

Estrope. Subst. f. 1. Anneau formé par une bande de fer ou par un cordage aux deux extrémités épissées l’une sur l’autre, que l’on ajuste dans la rainure d’une poulie, d’une moque* ou dont on capelle* un espar*. L’estrope de gouverne est le cordage qui retient les avirons d’un canot (ou tout autre embarcation mue à bras et sans dame de nage) dans les tolets*. 2. La dragonne assurant à la main le manche d’une arme blanche, hache d’abordage, sabre ou coutelas.

Étai. Subst. m. Fort cordage ridé* vers l’avant à la tête d’un mât destiné à le consolider contre les efforts qui s’exercent sur lui. Par vent de travers, pour améliorer la marche, Pétai sert aussi de draille* sur laquelle on peut gréer des voiles triangulaires (comme les focs) dites voiles d’étai. Les étais ridés vers l’arrière sont appelés Galhaubans*.

Étale. Subst. f. Marée basse. Opposé à Plain*. Voir Marée.

Étaler. Verbe t. Faire face à, résister à.

Étambot. Subst. m. Pièce de bois qui, prolongeant la quille du navire jusqu’au tableau* de poupe, est destinée à porter le safran*. On mesure un navire de l’étrave* à l’étambot.

Étançon. Subst. m. Contrefort de bois, fixé en biais entre les bordages et les barrots*, destiné à renforcer la rigidité. En charpente de bâtiment, on dirait un « corbeau ».

Étarquer. Verbe t. Tendre (rider*) le plus possible l’un des côtés d’une voile. Syn : Embraquer*.

Étouffer. Verbe t. Replier une voile pour l’empêcher de prendre le vent. Syn : Carguer*.

Étoupe. Subst. f. Partie la plus grossière de la filasse, résidu du chanvre employé en corderie.

Étoupille. Subst. f. Tresse (d’étoupe à l’origine) serrée qui brûle lentement et sert à allumer la lumière d’un canon chargé. On dit aussi Mèche lente.

Étrave. Subst. f. Parue en saillie, sur la proue, où se rejoignent les bordages de la coque. Souvent renforcée d’un bois plus dur et/ou doublée de cuivre, car c’est elle qui fend l’eau au niveau de la guibre*. On mesure un navire de l’étrave à l’étambot*.

Éviter. Verbe t. Dériver par rapport à un (des) point(s) d’amarrage fixe, ancre ou bitte. Sur un mouillage inconnu, la zone d’évitement doit être soigneusement estimée pour éviter l’échouage (ou pire).