Chansons et poèmes au fil de l’eau. 2210
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Publié par (l.peltier) le 31 décembre 2006 En savoir plus

Adenet Le Roi           1240 – 1300

La rivière de Saine vit qui molt estoit lée

Et d’une part et d’autre mainte vigne plantée

               

Au bord de la rivière     

Francine Cockenpot vers 1940-45

Au bord de la rivière,
M’allant promener,
L’eau était si claire
Et le vent léger.
Je me suis couché dans l’herbe
Pour écouter le vent,
Ecouter chanter l’herbe des champs.

Au bord de la rivière,
Les oiseaux du ciel
Chantent leur prière
Au dieu du soleil.

Au bord de la rivière,
Me suis endormi,
Rêvant de la Terre
Et du Paradis.

 Le Bateau Espagnol              

Paroles : Michèle Arnaud        

Musique : Michèle Arnaud, Jacques Douai, Léo Ferré

J’étais un grand bateau descendant la Garonne
Farci de contrebande et bourré d’Espagnols
Les gens qui regardaient saluaient la Madone
Que j’avais attachée en poupe et par le col

Un jour je m’en irai très loin en Amérique
Donner des tonnes d’or aux nègres du coton
Je serai le bateau pensant et prophétique
Et Bordeaux croulera sous mes vastes pontons

Qu’il est long le chemin d’Amérique
Qu’il est long le chemin de l’amour
Le bonheur ça vient toujours après la peine
T’en fais pas mon amie j’reviendrai
Puisque les voyages forment la jeunesse
T’en fais pas mon amie j’vieillirai

Rassasié d’or ancien ployant sous les tropiques
Un jour m’en reviendrai les voiles en avant
Porteur de blés nouveaux avec mes coups de triques
Tout seul mieux qu’un marin je violerai le vent

Harnaché d’Espagnols remontant la Garonne
Je rentrerai chez nous éclatant de lueurs
Les gens s’écarteront saluant la Madone
En poupe par le col et d’une autre couleur

Qu’il est doux le chemin de l’Espagne
Qu’il est doux le chemin du retour
Le bonheur ça vient toujours après la peine
T’en fais pas mon amie j’reviendrai
Puisque les voyages forment la jeunesse
J’te dirai, Mon amie, à ton tour.

T’en souviens-tu, la seine                

Paroles et musique : Anne Sylvestre    1964

T’en souviens-tu, la Seine
T’en souviens-tu comme ça me revient
Me revient la rengaine
De quand on n’avait rien
De quand on avait pour tous bagages
Tes deux quais pour m’y promener
Tes deux quais pour y mieux rêver ?
Tu étais, tu étais mes voyages
Et la mer, tu étais mes voiliers
Tu étais, pour moi, les paysages ignorés

Je te disais, la Seine
Qu’on avait les yeux d’ la même couleur
Quand j’avais de la peine
Quand j’égarais mon cœur
Quand je trouvais la ville trop noire
Tu dorais des plages pour moi
Tu mettais ton manteau de soie
Et pour moi qui ne voulais plus croire
Et pour moi, pour pas que je me noie
Tu faisais d’un chagrin une histoire, une joie

Ils te diront, la Seine
Que je n’ai plus le cœur à promener
Ou que, si je promène
C’est loin de ton quartier
Ils te diront que je te délaisse
Et pourtant je n’ai pas changé
Non, je ne t’ai pas oubliée
Mon amie de toutes les tendresses
J’ai gardé dans mes yeux tes reflets
J’ai gardé tes couleurs, tes caresses pour rêver

T’en souviens-tu, la Seine
T’en souviens-tu comme ça me revient
Me revient la rengaine
De quand on était bien ?
Et si j’ai vu d’autres paysages
Tes deux quais m’ont tant fait rêver
Attends-moi, j’y retournerai !
Tu seras mon premier grand voyage
Et le port où je viens relâcher
Fatiguée de tant d’autres rivages oubliés

T’en souviens-tu, la Seine
T’en souviens-tu ?

La Garonne

Paroles : Gustave Nadaud 1858          Musique : Julos Beaucarne

Si la Garonne avait voulu,
Lanturlu !
Quand elle sortit de sa source,
Diriger autrement sa course,
Et vers le Midi s’épancher,
Qui donc eût pu l’en empêcher?
Tranchant vallon, plaine et montagne,
Si la Garonne avait voulu,
Lanturlu !
Elle allait arroser l’Espagne.

Si la Garonne avait voulu,
Lanturlu !
Pousser au Nord sa marche errante,
Elle aurait coupé la Charente,
Coupé la Loire aux bords fleuris,
Coupé la Seine dans Paris,
Et moitié verte, moitié blanche,
Si la Garonne avait voulu,
Lanturlu !
Elle se jetait dans la Manche.

Si la Garonne avait voulu,
Lanturlu !
Elle aurait pu boire la Saône,
Boire le Rhin après le Rhône,
De là, se dirigeant vers l’Est,
Absorber le Danube à Pesth,
Et puis, ivre à force de boire,
Si la Garonne avait voulu,
Lanturlu !
Elle aurait grossi la mer Noire.

Si la Garonne avait voulu,
Lanturlu !
Elle aurait pu dans sa furie,
Pénétrer jusqu’en Sibérie,
Passer l’Oural et le Volga,
Traverser tout le Kamtchatka,
Et, d’Atlas déchargeant l’épaule,
Si la Garonne avait voulu,
Lanturlu !
Elle aurait dégelé le pôle.

Si la Garonne avait voulu,
Lanturlu !
Humilier les autres fleuves.
Seulement, pour faire ses preuves,
Elle arrondit son petit lot:
Ayant pris le Tarn et le Lot,
Elle confisqua la Dordogne.
La Garonne n’a pas voulu,
Lanturlu !
Quitter le pays de Gascogne.

Le Pont Mirabeau

Paroles : Guillaume Apollinaire         Alcools 1913

Musique : Serge Reggiani

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine.

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

L’île Saint Louis  

Paroles : Francis Claude / Léo Ferré          

Musique       Léo Ferré    1950, 

L’île Saint-Louis en ayant marre
D’être à côté de la Cité
Un jour a rompu ses amarres
Elle avait soif de liberté
Avec ses joies, avec ses peines
Qui s’en allaient au fil de l’eau
On la vit descendre la Seine
Ell’ se prenait pour un bateau.
Quand on est une île
On reste tranquille
Au cœur de la ville
C’est ce que l’on dit,
Mais un jour arrive
On quitte la rive
En douce on s’esquive
Pour voir du pays.

De la Mer Noire à la Mer Rouge
Des îles blanches, aux îles d’or
Vers l’horizon où rien ne bouge
Point elle a trouvé l’île au trésor,
Mais tout au bout de son voyage
Dans un endroit peu fréquenté
On lui raconta le naufrage
L’île au trésor s’était noyée.
Quand on est une île
On vogue tranquille

Trop loin de la ville
Malgré ce qu’on dit,
Mais un jour arrive
Où l’âme en dérive,
On songe à la rive
Du bon vieux Paris

L’Ile Saint-Louis a de la peine
Du pôle Sud au pôle Nord
L’océan ne vaut pas la Seine
Le large ne vaut pas le port
Quand on a trop de vague à l’âme
Mourir un peu n’est pas partir
Quand on est île à Notre-Dame
On prend le temps de réfléchir.

Quand on est une île
On reste tranquille
Au cœur de la ville
Moi je vous le dis,
Pour les îles sages
Point de grands voyages
Les livres d’images
Se font à Paris

La Seine

Louis Aragon, 1915, il avait 18 ans

La Seine…Les pontons s’en vont vers la colline
Qui borne l’horizon d’un profit bleuissant.
Le fleuve tourne au pied du coteau frémissant
De l’Avril qui renait au sein de l’aubépine

Dans le rouge reflet du soleil qui descend,
Monte, noire, fumeuse et vivante, l’usine.
La fumée et le ciel se teintent de sanguine ;
Une maison se dresse et sourit au passant.

Comme de ce vallon monte la vie, et comme
L’œuvre de la nature et le travail de l’homme
S’unissent, dans un ton de rouille vespéral !

On devine, parmi la paix et le silence,
La chanson des oiseaux qui sortira du val
Pour apporter l’amour à l’humaine souffrance.

Chanson de la Seine     

Paroles : Jacques Prévert                    Musique : Christine Huerre

La Seine a de la chance
Elle n’a pas de souci
Elle se la coule douce
Le jour comme la nuit
Et elle sort de sa source
Tout doucement, sans bruit, sans sortir de son lit
Et sans se faire de mousse
Elle s’en va vers la mer
En passant par Paris.
La Seine a de la chance
Elle n’a pas de souci
Et quand elle se promène
Tout au long de ses quais
Avec sa belle robe verte
et ses lumières dorées
Notre-Dame jalouse, immobile et sévère
De haut de toutes ses pierres
La regarde de travers
Mais la Seine s’en balance
Elle n’a pas de souci
Elle se la coule douce
Le jour comme la nuit
Et s’en va vers le Havre, et s’en va vers la mer
En passant comme un rêve
Au milieu des mystères
Des misères de Paris.

 AUX BORDS DE LA SEINE          Carlos Alvarado Larroucau

Des Cours d’eau, L’Harmattan, coll. Poètes des cinq continents, 2013.

Ce n’est pas par hasard
que la Seine roule
à ses bords la vie
Et qu’elle me voit revenir
constant
pour débusquer les lignes
pliées des saules
jour et nuit
A ses bords je lis
à vive voix
Divagations et Dés
La dentelle des ondes
explore déjà
sur le reflet mouvant
les coordonnés des astres
Ce n’est pas par hasard
Vous l’avez vue
s’abreuver
d’étincelante poussière
distillation migrante
des hauts confins du monde
le soupir bruineux des cours sacrés

Le fleuve des druides
accueille en chaque feuille
trempée et ballottée
l’orbe du Nil
L’œil mystique déborde
le bleu d’une larme
et une rouge traînée

C’est ici qu’Isis
dame du trône
pharaonne des hirondelles
chante et rassemble le corps aimé
C’est ici que le feu
fait d’Anahï
princesse guarani
fleur de Ceibo
arbre phare de La terre sans mal

Aux bords de ce fleuve
persistant témoin des métamorphoses
aimant de l’absolu
le monde fait semblant
de ne pas craindre
l’engloutissement
et l’Infini…

Les bateliers de la Volga          Paul Mauriat

Ah! que l’aube est triste au vieux haleur 
Sous la bise qui lui fend le cœur 
La corde crisse, les eaux gémissent 
Barques au front pesant 
Glissent dans le vent. 
Hole tire, marche tire 
La corde t’usera les mains et les bras 
Holà tire, marche tire 
De l’aube jusqu’au soir, tire sans espoir Ah! les rêves
bleus qui m’ont bercés, 
Ah! jeunesse et fleurs du temps passé 
Tire les chaînes, tire tes peines, 
Adieu les jours enfuis 
Tire sans merci.

Old man River    

Paul Robeson, Bing Crosby, Frank Sinatra, Ray Charles, Django Reinhardt, Ruth Brown, John William, Nino Ferrer, Art Pepper

Texte : Oscar Hammerstein

Musique : Jérome Kern  1929

Traduction présentée par Wikipedia

Here we all work ‘long the Mississippi
Here we all work, while the white boys play
Gettin’ no rest from the dawn till the sunset
Gettin’ no rest till the judgment day

You don’t look up, you don’t look down
You don’t dare make the rich boss frown
Bend your knees and bow your head
And tote that barge until you’re dead
Let me go away from the Mississippi
Let me go away from the rich man boss
Show me that stream called the River of Jordan
That’s the old stream that I long to cross
Old Man River, Old Man River
Old Man River, Old Man River
He don’t say nothin’, he must know somethin’
Old Man River, he just keeps rollin’ along
You know, you know he don’t plant taters
And we all know the man don’t plant no cotton
And then, then they plant ’em
Oh the Lord knows they are soon forgotten
But Old Man River, he just keeps rollin’ along

You, you and me, you know sometimes
We have to we have to sweat, sweat and strain
Our bodies, our bodies are all achin’
And wracked with a whole lot of pain

Tote that barge, lift that bale, you get a little drunk
And you land in jail

I get weary and so sick of tryin’
I’m tired of livin’, and afraid of dyin’
But Old Man River, he just keeps rollin’ a
Old Man River, he just keeps rollin’ along

********

Ici, nous travaillons tous le long du Mississippi,
Ici, nous travaillons tous tandis que les blancs s’amusent,
Tirant les bateaux de l’aube au coucher du soleil,
Sans connaître de repos jusqu’au jour du jugement dernier.
Ne regarde ni en haut ni en bas,
Tu ne peux prendre le risque de mécontenter le patron blanc,
Plie les genoux, courbe la tête,
Et tire cette corde jusqu’à la mort.
Laisse-moi partir loin du Mississippi,
Laisse-moi partir loin du patron blanc,
Montre-moi ce fleuve qu’on appelle le Jourdain,
Ce vieux fleuve que je languis de traverser.
Sacré bonhomme de fleuve, sacré bonhomme de fleuve,
Il doit bien savoir quelque chose,
Mais il ne dit rien,
Il suit simplement son cours,
Il va imperturbablement son chemin.
Il ne plante pas de pommes de terre,
Il ne plante pas de coton,
Et ceux qui les plantent sont vite oubliés,
Et ce sacré bonhomme de fleuve,
Lui, suit tranquillement son cours.
Vous et moi, nous suons et trimons,
Le corps endolori et rompu de fatigue,
Halant les chalands, soulevant les balles,
Et pour un verre de trop tu te retrouves au cachot.
Je suis las et malade d’épuisement,
Fatigué de vivre et j’ai peur de mourir,
Et ce sacré vieux bonhomme de fleuve poursuit imperturbablement son chemin.