15 08 1636 à 1649 Le Potala. La Fronde. 14641
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Publié par (l.peltier) le 9 novembre 2008 En savoir plus

15 08 1636  

Richelieu avait décidé du siège de Dole. On la nommera guerre de Dix ans : la part de guerre de Trente ans se déroulant sur le sol de la France actuelle : la Franche-Comté était alors espagnole et s’en trouvait bien : Il faut prendre cette place ; de là dépendent la loi et les prophètes. Les ennemis même ne font pas de difficulté de dire que la prise de Dole est la prise de tout le pays.

Depuis 3 mois, le grand Condé en fait le siège, mais les habitants se défendent âprement, endurant peste et privations jusqu’au 15 août ; l’arrivée d’une armée comtoise et espagnole le contraint à lever le siège. Les Espagnols ne s’occupaient pas seulement de Dole : ce jour-là, ils étaient aussi à Corbie, à 3 jours de marche seulement de Paris, mais le cardinal-infant décida de se replier sur Arras.

Deux ans plus tard, les mercenaires français saccageront le vignoble, puis la montagne en 1639, et même les blés, coupés verts en 1640 pour affamer les villes. L’horreur s’installait aussi dans les campagnes : Enfin on en vint à la chair humaine, premièrement dans l’armée où les soldats étant occis servaient de pâture aux autres qui coupaient les parties les plus charnues des corps morts pour bouillir ou rôtir et hors du camp faisaient picorée de chair humaine pour manger. On découvrit dans les villages des meurtres d’enfants faits par leur mère pour se garder de mourir et des frères par leurs frères et la face des villes était partout la face de la mort.

Quand les Français partiront en 1644, les deux tiers – 200 000 – des Francs Comtois seront morts ou se seront exilés. Plus tard, Voltaire dira l’attachement des Francs Comtois à l’Espagne : Cette province, assez pauvre en argent mais très fertile, avait le nom de Franche et l’était en effet. Les rois d’Espagne en étaient plutôt les protecteurs que les maîtres, le peuple jouissait de grands privilèges, toujours respectés par la Cour de Madrid qui ménageait une province jalouse de ses droits et voisine de la France. Jamais peuple ne vécut sous une administration plus douce et ne fut si attachée à ses souverains. Son amour pour la maison d’Autriche s’est conservé pendant deux générations, mais cet amour était, au fond, celui de la liberté.

1636  

En France, un effroyable harassement de chaleur fait 500 000 morts.

01 1637 

Le Théâtre du Marais donne la première du Cid de Pierre Corneille et, c’est un immense succès dès le début. Richelieu, qui fronce le sourcil dès que le succès touche un événement quel qu’il soit, créé sans son intervention, demandera à la toute nouvelle Académie française de formuler son opinion sur la pièce, ce dont elle se sortit avec un avis de normand, mais tout de même quelques critiques… il fallait bien ! Les représentations ne désemplirent pas pour autant et le succès se confirmera, ce que dira Boileau en des vers devenus célèbres :

En vain contre le Cid un ministre se ligue,
Tout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue
L’Académie en corps a beau le censurer,
Le public révolté s’obstine à l’admirer.

3 02 1637      

En Hollande, le marché des bulbes de tulipe, devenu purement spéculatif avec un développement des achats et ventes sans lien avec la réalité, s’effondre ; la tulipe devient commune, ruinant ceux qui avaient misé sur sa rareté. C’est la première bulle spéculative des temps modernes.

1637  

Dans la péninsule japonaise de Shimabara se joue le dernier acte de la christianisation du Japon, commencée par Saint François Xavier en 1549. On prêtait aux japonais convertis au christianisme une loyauté unique : comme elle est pour leur dieu, elle ne peut-être pour leur maître sur terre. Des chrétiens conduits par des paysans faméliques s’emparent d’un dépôt de riz puis d’une forteresse où ils soutiennent un siège de 2 mois contre une immense armée de métier : lorsque le château tombe, tous les survivants sont massacrés : on parle de  37 000 morts ! Ce sont les canons d’une corvette obligeamment prêtée par l’Ost Indische Companiie qui ont ouvert la première brèche. Dans l’ensemble, les grands perdants de la stabilité sociale du Japon étaient les paysans, exploités jusqu’à l’insupportable par leurs maîtres, et très souvent par leurs propriétaires : de 1603 à 1868, on recensa officiellement pas moins de 1 240 insurrections paysannes : une moyenne de pratiquement 5 jacqueries par an !

Désormais, le temps des chrétiens, et plus généralement de leurs amis étrangers, est compté. Une chasse méthodique est ouverte pour en finir avec les convertis, même ceux qui dissimulent leur foi. Partout dans l’empire, on envoie des médailles portant des images du Christ ou de la Vierge que l’on demande à tous les individus suspects de piétiner en public, pour prouver qu’ils ont bien abjuré. Ceux qui ne le font pas sont exécutés. Les Occidentaux, toujours suspectés de les aider, sont désormais rejetés. Et la tentation du repli se fait d’autant plus forte que les nouvelles qui viennent de l’étranger font de plus en plus peur. Dans les années 1630-1640, les Mandchous réussissent à conquérir la Corée, et s’apprêtent à ravir le trône impériale Pékin à la vieille dynastie Ming.

Par volonté de ne plus être tributaire en rien d’une Chine si incertaine, pour être sûr de maîtriser totalement son propre commerce, et pour en terminer à jamais avec tous les désordres, le shogun choisit une solution radicale. Il impose le sakoku, la fermeture totale de son pays au reste du monde. À partir de 1639, les missionnaires, puis tous les étrangers sont expulsés. Les ports sont interdits à leurs navires. Peu de temps après cette décision, un malheureux capitaine portugais, qui a imprudemment fait entrer son bateau dans une rade japonaise comme on le faisait depuis un siècle, comprend ce qu’il en coûte de rompre les ordres du maître du pays : tous les membres de l’équipage sont immédiatement saisis et exécutés. La même règle fonctionne dans l’autre sens. Il est interdit aux Japonais de passer leurs propres frontières sous peine de mort. Toutes les relations commerciales ou humaines de l’archipel avec le reste de la planète tiennent désormais à deux minces cordons. Remerciés pour les services qu’ils ont rendus lors de l’écrasement de la rébellion chrétienne, seuls, parmi les barbares, les Hollandais obtiennent le privilège de commercer avec le Japon, sans pourvoir toutefois y poser le pied. Leurs bateaux ne peuvent accoster que sur une petite île artificielle créée dans la baie de Nagasaki. Cet étonnant sas sera, jusqu’au milieu du XIX° siècle, le seul point de contact entre l’empire du Soleil-Levant et l’Occident. Les Chinois et les Coréens peuvent, eux, aborder dans le port de Nagasaki lui-même.

François Reynaert. La Grande Histoire du Monde. Fayard. 2016

7 08 1638 

Agathange de Vendôme, capucin jusqu’alors en poste à Alep en Syrie où il a appris l’arabe, a rejoint son collègue, Cassien de Nantes, au Caire en Égypte en 1633, avec pour mission de réunir les chrétiens orientaux à ceux de Rome : il pensent qu’Arminius, patriarche copte d’Éthiopie, leur est favorable et entreprennent donc de remonter le Nil pour le rencontrer. Mais celui-ci a été retourné par un protestant et c’est un procès sommaire qui les attend, qui se termine par leur pendaison… avec la corde de leur habit, et leur lapidation… Les guerres de religion s’exportaient très bien.

5 09 1638 

Anne d’Autriche donne naissance à Louis, si attendu et depuis si longtemps. On fait venir le vieux moine dominicain Tommaso Campanella, l’auteur de la Cité du Soleil, qui lui fait son horoscope  : il consigne son diagnostic dans une longue Églogue, dans laquelle il annonce que le futur roi de France deviendrait souverain de la Cité du soleil : il n’en faudra pas plus pour mettre au cœur de l’iconographie officielle le roi soleil.

En action de grâces pour cette heureuse naissance, le roi et la reine firent exécuter une statue revêtue de plaques d’argent et représentant un jeune ange, grandeur nature portant un nourrisson en or : le tout sera porté dans la Sainte Maison de Lorette, à coté d’Ancône, sur la façade Adriatique de l’Italie. La Sainte Maison, c’est celle de la Sainte Vierge que des anges emportèrent de Nazareth à Lorette, pour qu’elle ne tombe pas aux mains du Turc. Le pèlerinage de Lorette était devenu à partir du XV° siècle un des plus importants de la chrétienté.

30 09 1638 

Lunéville brûle, et c’est la plus grande partie de l’œuvre du peintre Georges de la Tour qui part en fumée.

09 1638 

Deux riches fermiers, Guillaume Boutheroüe et Jacques Guyon, ont proposé de reprendre et terminer à leurs frais les travaux du canal de Briare, interrompus dès 1610 par l’assassinat d’Henri IV. Louis XIII le leur accorde selon contrat : […] mettant et subrogeant pour ce regard lesdits Bouteroüe et Guyon en nostre lieu et place… entendons qu’ils puissent faire tracer le canal partant les lieux et endroits qu’ils trouveront à propos… Ils prendront telle quantité de terre qu’ils jugeront nécessaire… pour faire des maisons, cours fermées et magazins pour la décharge, conservation et sécurité des marchandises qui seront voiturées sur ledit canal. Nous leur accordons à perpétuité, un péage sur toutes les marchandises qui seront voiturées sur ledit canal, et cinq sols pour bateau, bascule ou train de bois pour les rembourser des notables sommes pour creuser et continuer ledit canal, réparer les ruines survenues ès ouvrages faits…, comme aussi pour entretenir ledit canal, estangs, ruisseaux, réservoirs d’eaues, aqueducs, levées, et autres choses par des réparations continuelles…

Le péage était différent selon les types de marchandises. Un véritable coche d’eau devait partir un des jours de chaque semaine de Briare pour conduire et voiturer des personnes jusques à Paris, et de Paris jusques à Briare [52 km], comme aussi ès villes qui sont entre Briare et Paris, dont ils percevront l’émolument provenant de la voiture desdites personnes. Nous mesurons à sa juste valeur l’importance du service que lesdits Bouteroüe et Guyon rendront au public faisant réussir un dessein si utile à notre bonne ville de Paris et plusieurs provinces de ce royaume, aussi les avons-nous anoblis.

L’approvisionnement en eau du bief le plus élevé se fera par la mise en commun des eaux de plusieurs étangs, existants ou creusés pour ces travaux, ce qui nécessitera la réalisation de dizaines de kilomètres de rigoles. À son achèvement, en 1641, le canal de Briare,  réalisé dans des délais très brefs pour l’époque, sera célébré par une grande fête à Paris où l’on tira des salves de canon en l’honneur de l’arrivée des premiers bateaux. Cette œuvre va inspirer des générations de concessionnaires, dont Riquet, fermier quant à lui des gabelles, pour la construction du canal du Languedoc.

Derrière les écluses, 400 ans d'histoire - Rogny-les-Sept-Écluses (89220)

Les 7 écluses à Rogny, qui franchissent un dénivelé de 24 mètres. Elle ne sont plus en service aujourd’hui.

1638                          

Cinq ans après avoir fondé les Filles de la Charité – les petites Sœurs des Pauvres -, Saint Vincent de Paul fonde l’œuvre des Enfants trouvés. C’est la collaboration étroite de Saint Vincent de Paul avec la compagnie du Saint Sacrement qui permit l’ouverture de nombreux lieux d’enfermement – les premiers hôpitaux – des pauvres et des mendiants, notamment à Orléans, Marseille, Angoulême : La fin principale pour laquelle on a permis qu’on ait retiré ici des personnes hors des tracas de ce grand monde et fait entrer en cette solitude [l’hôpital général], en qualité de pensionnaire, n’était que pour les retenir  de l’esclavage du péché, d’être éternellement damnés et leur donner le moyen de jouir d’un parfait contentement en cette vie et en l’autre.

L'histoire de la Société de Saint-Vincent-de-Paul - SSVP

Sully, en profond désaccord avec Marie de Médicis, après l’assassinat d’Henri IV, avait démissionné de ses charges de surintendant des finances et de gouverneur de la Bastille, mais avait conservé celle  de gouverneur du Poitou, et au-delà, était resté homme d’influence dans de nombreux réseaux. Il arrive sur ses 80 ans – il mourra en 1641 – mais la tête est encore à même de nourrir de beaux rêves, avec quelques siècle d’avance : il les nomme le grand dessein : Dans ses Oeconomies royales, Sully visait à briser l’isolement de la France, notamment face aux Habsbourg de Madrid et de Vienne, en proposant un redécoupage politique de l’Europe. Le grand dessein prévoyait ainsi de regrouper toutes les puissances en une république très chrétienne, une sorte d’Europe des quinze, formée de six monarchies héréditaires (France, Espagne, Grande Bretagne, Danemark, Suède, Lombardie), de six puissances électives (Papauté, Venise, Saint Empire, Pologne, Hongrie, Bohême) et de trois républiques fédératives (Helvétie, Italie et Pays Bas espagnols).

Joël Cornette. L’Histoire n° 411 Mai 2015

1639

Maarten Harperttozoon Tromp, l’un des plus grands amiraux hollandais, inflige une lourde défaite à la flotte espagnole à Dunes, au large de Douvres. On le retrouvera encore 13 ans plus tard, narguant les Anglais dans l’estuaire de la Tamise.

Les Hollandais sont comme les gens d’Église : on ne touche jamais à l’essentiel, pour l’accessoire, on s’adapte.

Nous, les gens d’Amsterdam, nous allons partout où il y a de l’argent à gagner, sur toutes les mers et sur tous les rivages. Par amour du gain, nous explorons les ports du vaste monde.

Joost Van den Vondel à Marie de Médicis.1639

Sur ce chapitre, ça, c’est vrai, ils n’ont pas changé d’un pouce.

Cette petite nation s’est créé un empire – ce n’est pas le pouvoir politique qui a créé un empire, ce sont les marchands hollandais – parce qu’ils ont été les premiers à comprendre la nature profonde du capitalisme naissant : on ne peut faire des affaires que si l’on peut emprunter ; quand on a emprunté une fois et qu’on souhaite le faire une seconde fois, il est essentiel que les conditions du contrat du premier emprunt aient été respectés scrupuleusement, à savoir, pour l’essentiel que les remboursements aient été effectués précisément pour le montant comme pour les dates fixées. Des désaccords sur cela, et c’en est fini de la confiance et les prêts à suivre ne seront pas accordés. Les rois d’Espagne, du Portugal, de France n’avaient pas vraiment compris cela. Les marchands hollandais l’avaient parfaitement compris. Il est vrai qu’en plus, ils s’adossaient à une justice qui n’était pas aux ordres, complètement indépendante et qui protégeait les droits des particuliers, et notamment les droits attachés à la propriété privée.

Les capitaux s’éloignent des dictatures qui ne défendent pas les particuliers et leurs biens pour affluer dans les pays qui défendent l’état de droit et la propriété privée.

Yuval Noah Harari. Sapiens. Une brève histoire de l’humanité. Albin Michel 2015

7 06 1640  

La Catalogne rechigne depuis des années à participer à l’effort pour la guerre de Trente ans. La troupe à loger commet de nombreux excès et se rend impopulaire. Des centaines de faucheurs attendent du travail à Barcelone ; ils s’en prennent au vice-roi, le comte de Santa Coloma et le tuent. L’un des leurs aussi est tué : c’est la début de la guerre des faucheurs, contre le pouvoir central de Madrid. Et c’est ainsi que la Catalogne va se mettre sous la protection de Louis XIII, et se retrouver française jusqu’en octobre 1652. On nomme encore cet épisode Corpus de Sangre, car c’était la fête du Corpus Christi.

Il n’est pas inutile de comparer, à l’approche du milieu de ce XVII° siècle, les populations des principaux pays d’Europe : on compte 11.5 millions d’habitants en Italie, 15 à 16 en France, et seulement 4.5 en Espagne !

1 12 1640 

Le duc de Bragance, descendant de l’ancienne dynastie royale du Portugal, se proclame roi sous le nom de Jean IV : il a derrière lui le clergé et la noblesse. Bon guerrier, on le surnommera le Victorieux. Il s’alliera rapidement aux ennemis de l’Espagne, la France et les Provinces Unies, puis l’Angleterre. L’Espagne mettra vingt-cinq ans pour reconnaître son indépendance, lorsqu’elle aura perdu la bataille de Villaviciosa, le 17 juin 1665.

vers 1640  

Alphonse Louis du Plessis, archevêque de Lyon, frère de Richelieu, introduit le chocolat en France : il vient du Mexique, via l’Espagne. Il faudra attendre encore près de vingt ans pour qu’il entre dans le circuit commercial quand David Chaillou, bon connaisseur de l’Espagne, époux d’Olympe Mancini obtiendra le 29 novembre 1659 la permission pour 29 ans de composer § vendre le Chocolat en Liqueur ou Pastille, Boëtes ou autre manière qu’il lui plairoit. La reine Marie-Thérèse en raffolait. Il ouvrira son débit de chocolat rue de l’Arbre-Sec, à mi-chemin entre le Louvre et les Halles.

Le Clos Coypeau, sur l’emplacement de l’actuel Jardin des Plantes, a été acheté par le roi pour devenir Jardin du Roi, ou Jardin des Plantes médicinales : l’affaire a été mise en route en 1626. Guy de la Brosse, médecin ordinaire du roi, en est le premier intendant. Son neveu, Guy Crescent Fagon, prendra sa suite et inventera les serres qui permettront l’acclimatation des plantes tropicales.

1640  

Début d’exploitation d’une mine de galène, un sulfure de plomb argentifère – argent, plomb et litharge – à Peisey Nancroix à 1800 m d’altitude dans les montagnes de Savoie. Elle sera en activité jusque vers 1860, sortant 320 t de plomb et 780 kg d’argent en 1760.

6 07 1641

Petit cousin de Louis XIII, Louis de Bourbon, comte de Soisson, ennemi juré de Richelieu, allié à Gaston d’Orléans, jeune frère du roi, a rassemblé une véritable armée à Sedan, fief protestant et principauté à la tête de laquelle on trouve Frédéric-Maurice de la Tour d’Auvergne ; Richelieu y a dépêché l’armée royale, sous les ordres du maréchal de Châtillon. Le choc a lieu sur le plateau de la Marfée et les conjurés ont le dessus, mettant en fuite l’armée du roi. Vainqueur, Louis de Bourbon se détend : il relève la visière de son casque en s’aidant de son pistolet, qui lui aussi, se détend : le coup part, lui emportant la moitié du visage. Notre chef est mort…panique dans les troupes des séditieux, l’armée du roi se reprend : Richelieu a gagné. Il parait qu’on l’aurait entendu murmurer : la justice immanente est bienvenue. Cela mériterait un Te Deum.

Gravures Anciennes & Dessins | Bataille de la Marfée - Mort du comte de ...

1641  

Avec le concours du souverain d’Aceh, les Hollandais enlèvent Malacca aux Portugais. En France, il n’y a guère que les marins de Dieppe pour s’aventurer vers les mers du sud, et ce sont eux qui fondent Saint Louis, au Sénégal. Envoyé par Antonio van Diemen, le gouverneur général des Indes orientales néerlandaises, le hollandais  Abel Tasman découvre l’île qu’il nommera d’abord Terre de Diémen, au sud-est de l’Australie, puis la côte ouest de la Nouvelle Zélande, les Tonga, Fiji, l’archipel Bismarck et la côte nord de la Nouvelle Guinée. La Terre de Diémen deviendra Tasmanie le 1° janvier 1856 ; son exploration ne commencera qu’au tout début du XIX° siècle, et 100 ans plus tard, les Tasmaniens qui avaient jusque là vécu dans un splendide isolement depuis 11 800 ans, lorsque la montée des eaux les avaient isolés de l’Australie, auront tous été massacrés.

Nawang Lobsang Gyatso, devenu le cinquième Dalaï Lama par la grâce de l’empereur de Chine, s’installe à Lhassa et fait construire le palais du Potala : plus de 1 000 salles sur 13 étages !

Potala Palace

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Tibet's Potala Palace undergoes repair - Sight to behold ...

La masse du Potala était alors comme suspendue au-dessus de nos têtes ; nous n’avions plus pour arriver à la porte occidentale de la ville qu’à parcourir les quelque 200 mètres d’un chemin tout droit bordé d’un côté par un petit champ d’orge et des plantations de saules, de l’autre par les eaux tranquilles d’un marais entouré de saules également ; au-dessus des arbres s’apercevait la roche du Chag-pori. Après les 200 mètres , un demi-tour sur la droite nous mit face à la porte. Sans pénétrer dans la ville, nous commençons à grimper sur la pente assez raide du rocher qui joint les deux colonnes jumelles ; enfin après une petite ascension de 700 mètres, la panorama de Lhassa éclata pour ainsi dire à nos yeux.

Oui ! Lhassa serait encore Lhassa, ne fut-elle qu’une agglomération de huttes dans un désert de sable ! Mais la magnificence du spectacle qu’elle offre est à peine imaginable. Rien n’y manque : architecture, arbres séculaires, verdoyantes et larges places, rivières, montagnes, tout à la fois concourt à rehausser l’admirable tableau qui s’offre du haut de ce belvédère. Et la beauté de Lhassa s’augmente encore de l’impossibilité où se trouve si longtemps le voyageur de l’apercevoir derrière le rideau de promontoires rocheux qui s’élèvent dans toute la vallée du Ki-tchou. Rien dans les approches de la ville, rien encore dans les descriptions et les plans qui ont été faits antérieurement, rien ne nous faisait prévoir cette profusion magnifique de palais gigantesques et de toits dorés, dans une végétation merveilleuse.

La Palais est isolé, dans la ville même, sur un rayon de plus d’un kilomètre, par une ceinture de parcs et de jardins merveilleux qui ont fait donner à Lhassa le nom de Ville des Jardins. Dans cette admirable verdure, vierge de temples, vierge de maisons, ne passe pas une route, à peine des sentiers. Le puissant orgueil des moines, qui a fait vivre et qui tuera peut-être un jour le Tibet, a mis là son empreinte : dans cette étrange et belle ville que son isolement farouche défend du contact étranger, il a voulu que fut plus isolé encore le Palais du Roi et du Dieu.

Au-dessus des massifs, au travers des jardins, on entrevoit bien la ville elle-même, un enchevêtrement de rues étroite et de maisons aux toits plats couronnés çà et là d’un éblouissement de toits d’or et de coupoles dorées, mais la vue, pour l’instant, ne s’y arrête pas : elle est toute au Potala qui l’attire comme un aimant. L’audace et le gigantesque en architecture ne sauraient être poussés plus loin : songez que cette merveille de pierre s’élève à vingt-cinq mètres plus haut que la croix d’or qui surmonte la cathédrale de Saint-Paul. Le Potala dominerait Londres : il éclipse Lhassa. Il n’y a certainement rien en Europe qui puisse lui être comparé. Peut-être l’austérité de ses façades énormes, simples et nues, sa façade sud-est surtout, absolument colossale, vous suggère-t-elle un rapprochement avec la grandeur massive de l’architecture égyptienne ; mais pour la beauté de l’entourage et surtout pour le jeu des couleurs, qui éclatent sur les monuments, l’Égypte même n’a rien de comparable.

Dans la mer de verdure qui en baigne la base, les murailles blanches s’élèvent percées de mille fenêtres, logis des moines qui, vêtus de rouge, se chauffent au soleil, de-ci de-là, sur les paliers lointains. Une fois par an, les murs principaux du Potala sont badigeonnés de blanc ; mais la gamme des couleurs est, ailleurs, infiniment variée : le bâtiment central du Palais, le Phodang-Marpo, demeure particulière du Dieu lui-même, qui se dresse carrée, sur et entre les massifs de la puissante maçonnerie, est d’un rouge cramoisi ; et les toits d’or, qui s’appuient au ciel, fondent sous l’éclat de leurs feux une succession de teintes vertes, de marron, de bleu pâle…

[…] La disproportion complète qui règne entre le Palais et le quartier de la ville qu’habite la population est d’une profonde signification : les maisons qui s’entassent à 2 kilomètres au-delà du Potala, derrière sa couronne de verdure, accentuent, par leur insignifiance, l’abîme qui sépare le peuple des prêtres du Tibet. C’est, il est vrai, dans ce quartier que se trouve le sanctuaire le plus vénéré de la foi ; c’est sous les toits d’or lointains du Jo-kang que s’abrite l’idole suprême, les richesses et les traditions du culte bouddhique ; il est encore vrai qu’il n’y a rien de sacré dans le Potala lui-même ; mais le Potala symbolise d’autant mieux la puissance monstrueuse des Lamas et l’orgueil qui sépare les moines du Tibet, d’une religion qu’ils ont prostituée.

La terrible sainteté qui entoure la personne de leur chef divin éclate au Potala d’une façon qui doit impressionner le dernier des pèlerins. Cette arme à deux tranchants, la réclusion, dont le pape, dans sa solitude magnifique du Vatican se sert avec un succès douteux, cette arme brille d’un éclat non pareil dans l’arsenal du Grand Lama ; son usage est justifié par un succès prodigieux. Une visite au Potala satisfait l’âme du sujet le plus récalcitrant de Sa Sainteté.

J’ai dit et pensé bien du mal de Lamaïsme ; mais la vue du Potala renverse tous les préjugés que le Lamaïsme fait concevoir. Le Lamaïsme peut être un instrument d’oppression ; mais ses victimes, quand elles ont vu le Potala, ne protestent pas. Le Lamaïsme peut-être une barrière contre tout progrès humain, le symbole vivant contre ce que, nous, Occidentaux, nous avons toujours combattu et souvent vaincu en fait de bizarrerie, de cruauté et d’esclavage ; mais, sous le soleil ardent d’un lourd été, sous le voile blanc d’un ciel sans nuage, le Potala renverse la critique, et impose la croyance, quelque étroite et cruelle qu’elle soit. Dans un paradis de fraîcheur et de verdure, dans la ceinture neigeuse des plus hautes montagnes du globe, le Lamaïsme a élevé un monument qui dépasse infiniment tout le roman et toute la poésie dont ses mystères l’avaient depuis longtemps entouré à nos yeux. […]

Perceval Landon.  À Lhassa, la ville interdite. Description du Tibet central et des coutumes de ses habitants. Relation de la marche de la mission envoyée par le gouvernement anglais (1903-1904) Paris Hachette 1906

Ce que Perceval Landon, envoyé particulier du Times nomme mission sera en fait une véritable expédition militaire déclenchée par le vice-roi des Indes en 1903 pour s’assurer l’amitié du gouvernement tibétain. Cette mission, sous les ordres de Francis Younghusband, forte de 3 000 combattants, accompagnés de 7 000 sherpas, porteurs et vivandiers, munie de ce qui se fait alors de mieux en matière d’armement : mitrailleuses Maxim, fusils à verrou, contre des pétoires du Moyen-Âge. Les rumeurs d’ambassade laissaient entendre que la mainmise des Chinois sur le Tibet au début du XX° siècle pourrait bien passer aux Russes, ce dont ne voulaient en aucun cas les Anglais, déjà maîtres de la plupart des pays du nord de l’Inde.

10 01 1642  

Des milliers de protestants ont été massacrés en octobre 1641 en Ulster. Le Parlement se dresse contre le roi, avec en tête Gordon Pym, que le roi déclare coupable de haute trahison avec trois autres députés. Mais ces derniers sont soutenus par le peuple et le roi doit s’enfuir de Westminster pour se réfugier dans le Nord avec ses partisans : la guerre civile venait de commencer en Angleterre.

26 02 1642    

En la cathédrale de Valence, Louis XIII remet à Mazarin, 39 ans, la barrette rouge et le bonnet de cardinal et le nomme parrain du dauphin, le futur Louis XIV. Un des camériers du pape était tout de même présent à la cérémonie. Le dit cardinal sut tout de suite obtenir toutes les dispenses nécessaires pour n’avoir aucune obligation d’ordre ecclésiastique, et en temps voulu, saura encore faire le nécessaire pour être grassement rémunéré par les revenus de très nombreuses abbayes. Deux ans plus tard, la régente Anne d’Autriche le confirme à la tête du gouvernement : il y restera jusqu’à sa mort, en 1661, avec une autorité et une marge de manœuvre que même Richelieu n’aurait jamais songé à obtenir.

4 12 1642 

Mort de Richelieu. Il a 57 ans. Il aura pratiquement passé les dix dernières années alité : maux de tête provoqués peut-être par du paludisme contracté à Rome, phlegmon de la prostate, maladies héréditaires – il avait une sœur à la santé psychologique plus que chancelante – ?

La politique consiste à rendre possible ce qui est nécessaire.

Il laissera dans son testament quelques appréciations sur sa politique étrangère et sur l’intérêt des colonies des Antilles :

  • Sur la guerre d’Espagne : Ainsi soixante millions de dépense par chacune de ces cinq années, cent cinquante mille hommes de pied, tant pour les armées que pour les Garnisons de vos Places, § plus de trente mille chevaux, seront à la Postérité un argument immortel de la puissance de cette Couronne.
  • Sur les Antilles : Les petites Isles de Saint Christophe § autre situées à la teste des Indes, peuvent rapporter quelque Tabac, quelques Pelleteries § autres choses de peu de conséquence.
  • Qu’on me donne six lignes écrites de la main du plus honnête homme de France, et j’y trouverai de quoi le faire pendre. (si le mot n’est pas de Richelieu, il est de Jean Martin de Laubardemont, son homme de confiance pour instruire les procès en sorcellerie). Trois cents ans plus tard, Andreï Vychinski, le procureur de Staline, reprendra le mot, mais en plus concis : Donnez-moi l’homme, je trouverai l’article de loi.

8 12 1642

Je veux que les choses restent comme elles sont, sans les modifier. Je veux me servir des mêmes ministres, et comme le cardinal Mazarin est plus que tout autre au courant des projets et des maximes du susdit cardinal, j’ai voulu l’agréger à mon conseil.

Louis XIII à l’ambassadeur vénitien Giustiniani

1642

Au Tibet, le régime du Tsang Desi est renversé par une coalition de forces tibétaines et mongoles, à l’instigation du courant gelug, qui confie le pouvoir au cinquième Dalaï Lama, qu’il nomme Chef de l’État. Débute alors une théocratie encore en place de nos jours. Le Ganden Potrang devient le siège officiel du gouvernement au monastère de Drepung, à 8 km de Lhassa, au pied du Mont Gephel, construit en 1416 par Jamyang Choje. Au 17° siècle, il deviendra un haut lieu religieux, abritant alors près de 10 000 moines, – seulement 1 000 aujourd’hui -. C’est ici qu’ont vécu les 2°, 3° et 4° dalaï-lama.

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19 05 1643

À Rocroi, proche de la frontière avec la Hollande, les Espagnols assiègent la ville défendu par une garnison de 500 français. Les Espagnols sont au nombre de 18 000 : Espagnols, Italiens, Allemands, Bourguignons, et gens des Pays-Bas, sous les ordres du vieux Francisco de Melo, avec ses 450 vieux soldats, les tercios viejos et, à leur tête un comte de Fuentes de plus de 80 ans. Les Français sont au nombre de 17 000, Français, Suisses et Ecossais, sous les ordres de Louis de Condé, 23 ans ! ou encore Louis de Bourbon, duc d’Enghien, qui va devenir le Grand Condé ; le duc d’Enghien, c’est un peu l’Emmanuel Macron de l’époque, le surdoué qui a bénéficié de la meilleure des formations possibles, point frêle et la tête bien faite. Il est fils de Henri II de Bourbon Condé, cousin de Louis XIV ; son grand père paternel, Henri I° est  cousin germain de Henri IV. Et les troupes de ce jeune homme vont défaire les invincibles Espagnols et leur vieux Francisco de Melo : pareil exploit fera de lui le Grand Condé qui n’a pas fini de se distinguer… sous d’autres oriflammes.

10 12 1643  

André Le Nôtre reçoit la charge de dessinateur des plans et parterres de tous les jardins de sa Majesté. 15 ans plus tard, il sera nommé Contrôleur général des Bâtiments et Jardins du Roi. L’homme aimait les arbres et avait compris que pour avoir une belle allée destinée à être urbanisée et bordée d’arbres, ce sont les arbres qu’il faut planter en premier, avant tout autre travail : et c’est ainsi qu’il fait pour les Champs Élysées qui ne sont alors qu’une campagne.

fin avril 1644  

Louis XIII constitue un Conseil de Régence de 4 ministres, Mazarin au-dessus des trois autres, pour contrebalancer l’influence de son épouse, de son frère et de son cousin Condé.

14 05 1644 

Mort de Louis XIII, quelques six mois après celle de Richelieu.

Sous ce marbre repose un monarque sans vice
Dont la seule bonté depleut aux bons François,
Et qui pour tout péché ne fit qu’un mauvais choix
Dont il fut trop longtemps innocemment complice.

L’ambition, l’orgueil, l’audace, l’avarice,
Saisis de son pouvoir, nous donneront des lois,
Et bien qu’il fust en soy le plus juste des Rois
Son règne fut pourtant celuy de l’Injustice.

Vainqueur de toutes parts, esclave dans sa cour,
Son tiran et le nostre à peine perd le jour
Que jusque dans la tombe il le force à le suivre.

Jamais de tels malheurs furent-ils entendus ?
Apres trente trois ans sur le trosne perdus,
Commençant à régner, il a cessé de vivre

Pierre Corneille. Sur la mort du Roy Louis XIII

Quatre jours plus tard, Anne d’Autriche demande au Parlement l’annulation de la Constitution du Conseil de Régence et déclare devant la Cour ébahie qu’elle nomme Mazarin, parrain du Roi, et Premier ministre. À Fontainebleau, elle fait brûler des centaines de toiles de Primatice et de l’école de Fontainebleau, attentatoires à la décence.

Moyennant la suppression des aumônes du lardon et de celles du dimanche gras, le prieur des jésuites s’engage à prêcher chaque année la station du Carême en l’église de Megève, et cède en toute propriété aux deux communautés le pré de foire (aujourd’hui patinoire centrale).

2 07 1644

Les troupes royales d’Angleterre sont battues sévèrement à Marston Moor par celles du Parlement. Un an plus tard, Oliver Cromwell était nommé lieutenant général des troupes parlementaires, auxquelles il inculque ses inébranlables convictions puritaines avec des attitudes à proprement parler stupéfiantes comme celle de s’arrêter en plein combat pour prier… pendant des heures, voire des jours… Commentaires d’un officier royaliste, donc adverse : Dans notre armée, nous commettons des péchés d’homme : nous aimons le vin et les femmes. Dans la vôtre, vous commettez les péchés du Diable : l’orgueil de l’esprit et la rébellion. Mais Cromwell avait aussi du bon sens, et pour s’attirer les succès, il payait et nourrissait très bien ses hommes.

1644 

Le parlement de Paris autorise le prêt à intérêts dans le cas du dépôt en banque, pourvu qu’il reste raisonnable : les pays protestants le pratiquaient déjà depuis longtemps, d’où l’avance de leur système bancaire par rapport à celui des pays catholiques.

À 29 ans, Nicolas Fouquet est nommé intendant de justice, police et finances à Grenoble en Dauphiné ; il doit cela probablement à la protection d’Anne d’Autriche, mais il commet l’erreur de faire une escapade à Agde où son frère François est intronisé évêque. Mal l’en prend : les grenoblois en profitent pour fomenter une émeute antifiscale : le couperet tombe vite, à l’initiative du chancelier Séguier : il est révoqué. Mais, sur le chemin du retour, il tombe sur une autre émeute du même type à Valence, où son habileté, son sang-froid et son courage parviennent à calmer le jeu. Mazarin se dit : ce garçon devrait aller loin : il le réintégrera dans le corps des maîtres de requêtes dès 1646, en ayant probablement sous-estimé ses capacités.

Toricelli invente le baromètre en mettant en évidence la pression atmosphérique.

Roger Williams, exilé de la colonie de la Baie du Massachusetts, fonde la colonie de Rhode Island et sa première ville, Providence, comme un centre pour la liberté religieuse. Le territoire avait été acheté aux Amérindiens locaux, ainsi qu’au roi d’Angleterre. La charte royale de la nouvelle colonie affirme que personne ne devra y être molesté, puni, inquiété ou mis en examen pour une quelconque différence d’opinion en matière de religion. En 1652, Rhode Island est la première région d’Amérique du Nord à adopter une loi pour supprimer l’esclavage, ce qui n’empêche pas les négociants de Providence et de Newport de continuer à gagner des fortunes avec le commerce des esclaves avec d’autres colonies.

Dans un autre texte titré La doctrine sanguinaire de la persécution pour le motif de conscience, Roger Williams évoque le mur de séparation entre l’Église et l’État, établissant une distinction entre les autorités politiques, que Roger Williams appelle les pouvoirs civils, et les institutions religieuses. Il estime que l’on ne pourra restaurer la paix – n’oublions pas qu’il est quasi contemporain des guerres de religion qui ravagèrent l’Europe au XVI° et au XVII° siècle – que lorsque les autorités publiques reconnaîtront qu’elles ne sont ni juges, ni gouverneurs, ni défenseurs de la condition et des cultes spirituels ou chrétiens. Bien que profondément chrétien Roger Williams souhaite étendre cette liberté de conscience à tous, même ceux des plus païens, des juifs, des Turcs ou des antichrétiens. Elle vaut donc non seulement pour les juifs et les musulmans, mais aussi pour les Amérindiens, avec qui Roger Williams entretenait des relations d’amitié. Il est considéré comme le père de la liberté religieuse aux États-Unis et l’un des premiers à avoir pensé la neutralité de l’État en matière religieuse.

En Chine, une dynastie d’origine mandchoue – les Qing – s’installe au pouvoir, chassant la dynastie chinoise des Han ; elle restera en place jusqu’en 1911. C’est parce qu’en Chine, la magistrature n’est plus confiée à des personnes amies de la justice qu’on voit cet empire, jadis si florissant et si bien gouverné, aller de jour en jour en décadence, et marcher rapidement à une ruine effroyable et peut-être prochaine.

En recherchant la cause de cette désorganisation générale, de cette corruption qui dissout à vue d’œil toutes les classes de la société chinoise, il nous a semblé la trouver dans une grave modification à l’ancien système gouvernemental, introduite par la dynastie mandchoue. Il fut établi qu’aucun mandarin ne pourrait exercer son emploi dans le même endroit pendant plus de trois ans, et que personne ne serait jamais fonctionnaire dans sa propre province. On devine aisément la pensée qui dicta une loi semblable. Aussitôt que les Tartares mandchous se virent maîtres de l’empire, ils furent effrayés de leur petit nombre ; perdus, en quelque sorte, au milieu de cette multitude innombrable de Chinois, ils durent se demander comment ils pourraient parvenir à gouverner cette immense nation naturellement hostile à une domination étrangère.

Remplir tous les postes de mandarins choisis parmi les Tartares, ils n’y eussent pas suffi ; d’ailleurs, ce n’eut pas été un excellent moyen pour pacifier les esprits et se faire accepter d’un peuple si jaloux et si convaincu de son mérite. Il fut donc décidé que les vaincus ne seraient pas exclus des fonctions publiques. Les emplois des cours suprêmes de Péking furent doublés et partagés entre les Tartares et les Chinois. Ces derniers eurent, en grande partie l’administration des provinces, à l’exception, toutefois, des premiers mandarinats militaires et des places fortes, qui furent réservés aux Tartares.

Malgré toutes ces précautions, il était encore bien difficile à la nation conquérante de consolider son pouvoir ; elle avait à craindre les conspirations. Il devait y avoir, parmi les hauts fonctionnaires, des partisans de la dynastie déchue ; l’autorité dont ils jouissaient dans les provinces était capable de leur donner une grande influence pour soulever le peuple. Il leur était aisé de tramer des conspirations, de s’entendre entre eux, de se rallier pour miner sourdement et à la longue le nouveau gouvernement. Il est donc probable que ce fut pour paralyser ces tentatives de contre révolution qu’il fut statué que nul ne serait mandarin dans son propre pays, et que les magistrats n’exerceraient pas leur charge au delà de trois ans dans le même lieu.

La dynastie mandchoue ne manqua certainement pas de colorer cette innovation de spécieux prétextes tirés de l’utilité publique et de sa sollicitude pour le bonheur du peuple ; on n’oublia pas de dire que les magistrats, éloignés de leurs parents et de leurs amis n’auraient à subir aucune influence dans l’administration de la justice, et seraient plus libres de se dévouer entièrement à leurs fonctions et aux intérêts du pays. Tels étaient les motifs avoués publiquement pour faire accepter cette modification aux institutions de l’empire ; mais, au fond, on avait pour but d’empêcher les hommes influents de prendre racine quelque part et de se créer des partisans.

Les conquérants de la Chine ont parfaitement réussi pendant plus de deux cents ans. Les grands mandarins chinois, errant toujours de province en province sans pouvoir jamais se fixer dans aucun poste, tout concert est devenu impossible ; les chefs de parti, les représentants de la nationalité chinoise, ne pouvant compter, dans les provinces, sur des agents dont l’autorité était passagère, les conjurations ont été facilement étouffées. Cette politique, bonne peut-être, pour asseoir et consolider un pouvoir naissant, ne pouvait manquer d’être, dans la suite, une source de désordre ; en faisant de cette mesure qui ne devait être que transitoire, une loi de l’empire les imprudents vainqueurs la Chine déposèrent, en quelque sorte, dans la racine même de leur pouvoir un germe empoisonné, qui devait se développer insensiblement et porter ses fruits de dissolution. Les magistrats et les fonctionnaires, n’ayant à passer que quelques années dans le même poste, y vivent comme des étrangers, sans s’inquiéter des besoins des populations qu’ils administrent ; aucun lien ne les attache à elles, tout leur souci consiste à ramasser le plus d’argent possible, à recommencer ensuite ailleurs la même opération jusqu’à ce qu’ils puissent aller enfin dans leur pays natal jouir d’une fortune extorquée en détail dans toutes les provinces. On a beau crier contre leurs injustices et leurs déprédations, maudire leur administration, peu leur importe ; ils ne font que passer ; demain ils s’en iront à l’autre extrémité de l’empire où ils n’entendront plus les cris des victimes qu’ils ont dépouillées.

Les mandarins sont ainsi devenus égoïstes et indifférents au bien public. Le principe fondamental de la monarchie chinoise a été détruit ; car le magistrat n’est plus un père de famille vivant au milieu de ses enfants, c’est un maraudeur qui arrive sans qu’on sache d’où il sort, et s’en allant ensuite on ne sait où. Aussi, depuis l’avènement de la dynastie tartare mandchoue, tout languit et tout meurt dans l’empire ; on ne voit plus comme autrefois, ces grandes entreprises, ces travaux gigantesques, indices d’une vie forte et puissante chez la nation qui les exécute. On rencontre dans toutes les provinces des monuments qui durent exiger d’incroyables efforts et une longue persévérance : de nombreux canaux, des tours d’une grande hauteur, des ponts superbes, de larges routes à travers les montagnes, de fortes digues le long des fleuves, etc. Aujourd’hui, non seulement on ne fait rien de semblable, mais on laisse encore tomber en ruine les ouvrages des dynasties antérieures.

M Huc, ancien missionnaire apostolique en Chine. L’empire Chinois. Librairie de Gaume Frères 1854

Après une féroce répression au monastère de Shaolin où les Mandchous tuèrent la plupart des moines, c’est là que va naître l’opposition aux Qing, sous forme d’une société secrète, avec pour but la restauration de la dynastie des Ming. Au XIX° siècle, les sociétés secrètes chinoises seront à la fois syndicats, sociétés d’entraide, organisations politiques, groupes économiques, etc, fonctionnant comme des syndicats souvent contrôlés par des patrons. Celui qui refusait de devenir membre ne pouvait guère espérer trouver un emploi dans les mines d’étain du sud de la Thaïlande ou les moulins à riz de Bangkok. Les ang-yi, tua-hia, Tian di hui – société de la terre et des cieux –  faisaient également office de société d’assurance et d’entraide pour leurs membres. Elles pouvaient honorer les frais d’un procès devant un tribunal, veillaient à ce que les membres emprisonnés reçoivent un traitement décent, s’occupaient de leur personne en cas de maladie et de leur dépouille en cas de décès.

Mais avec le temps, va, tout s’en va et les buts honorables des débuts seront oubliés pour ne plus garder que l’aspect secret des choses, donnant ainsi naissance aux très fameuses triades chinoises, gangs de voleurs et d’assassins.

14 06 1645 

Les troupes de Cromwell infligent une sévère défaite à Naseby à celles du prince Rupert, neveu du roi, qui doit se réfugier en Écosse où, refusant d’accepter la liberté religieuse réclamée par le Covenant écossais, le parlement d’Édimbourg le livre à Londres… contre la somme de 400 000 £. Mais l’emprisonnement du roi ne va pas régler le contentieux car continuaient à s’opposer les partisans presbytériens d’une nouvelle Église nationale, et les autres, protestants indépendants et puritains qui, derrière Cromwell, étaient opposés à une Église d’État et voulaient la liberté religieuse pour toutes les confessions.

29 06 1645  

Révolte de Montpellier contre l’instauration de l’impôt dit du joyeux avènement. Les troupes du gouverneur Schomberg se font étriller par les insurgés dans les rues étroites, et les maisons des commis des finances sont incendiées.

La traite des Noirs a commencé depuis 1641, sur l’île de la Barbade, où l’introduction de la culture de la canne à sucre crée d’importants besoins de main-d’œuvre. D’abord limitée à quelques dizaines, elle va passer alors à plus de 1 000 par an : les esclaves, s’ils coûtent plus cher que les serviteurs blancs, offrent l’avantage d’être théoriquement liés pour toujours à son propriétaire, et de résister beaucoup mieux – mortalité 4 à 5 fois moindre – que les blancs aux maladies tropicales, essentiellement fièvre jaune et malaria. Ce système de production s’étendra dans les années 1660 à la Martinique, Guadeloupe et Jamaïque, puis à l’ensemble du bassin Caraïbe au XVIII° siècle. On estime à 1.5 million de personnes le flux d’esclaves de l’Afrique vers les Antilles et les Caraïbes. À la veille de la Révolution française, les Amériques recevront environ 100 000 esclaves par an, … vivants, c’est à dire sans tenir compte des quelque 5 à 30 % morts pendant la traversée.

1645  

On publie à Paris une Bible polyglotte en 10  volumes : elle est traduite en huit langues, chaque page contenant la longueur de texte permettant la vision simultanée des huit langues : français, hébreu, samaritain, chaldéen, grec, syriaque, latin, arabe ! On peut en voir un exemplaire au Musée Champollion de Figeac.

16 01 1647

Loin des combats, les négociateurs se parlent depuis longtemps… il en faut du temps pour que chacun rende compte à son gouvernement de chaque proposition ; il faut attendre que la réponse revienne, et parfois tout reprendre à zéro. Pendant ce temps, la mort étend son emprise : On dit que la terrible guerre est finie. Mais l’on ne voit pas de signes de paix ; seulement des signes de haine et de violence. C’est ce que nous avons retiré de la guerre […] Nous vivons comme des bêtes, arrachant l’herbe avec nos dents […] Nombreux sont ceux qui affirment que Dieu n’est pas là.

Annotations sur une Bible

25 03 1647 

Le Nieuw Haarlem, navire hollandais, sombre dans la Baie de la Table, au large du cap de Bonne Espérance. 67 rescapés survivent sur le site même de l’actuelle ville du Cap, jusqu’à ce qu’un an plus tard, cinq navires eux aussi hollandais se mettent à l’abri d’une tempête et découvrent leurs compatriotes qu’ils remmènent au pays. Il se dit que quelques-uns d’entre eux quittèrent ces rivages la larme à l’œil.

Face à leurs conquêtes lointaines, en Extrême-Orient, les Hollandais étaient confrontés à des problèmes de logistique, – aller-retour, le voyage durait environ six mois –  il leur fallait des relais pour assurer les réparations ou le simple entretien de leurs navires, refaire de l’eau, réapprovisionner en nourriture etc… ils avaient essayé plusieurs endroits : l’île Maurice, dans l’océan indien, l’île Sainte Hélène, dans l’Atlantique sud, mais aucune des deux ne faisait l’affaire.

Les rescapés du Cap seront convoqués devant le Conseil des Dix-sept, organe de direction de la VOC, leur vanteront les nombreux atouts du site et les 17 se laisseront convaincre sans difficulté : le commandement du comptoir à venir sera confié à Jan Anthnoniszoon Van Riebeeck : les 90 premiers colons seront installés dans la Baie de la Table en avril 1652 : dix ans plus tard, on comptera 200 colons, des maisons en dur, un fort, un potager, un verger et un vignoble. De 1688 à 1701, un contingent d’environ 200 anciens huguenots français viendra renforcer la première colonie.

17 07 1647 

En temps normal, les impôts ne sont évidemment jamais populaires. Il suffit dès lors que se superposent à lui de mauvaises récoltes, avec leur corollaire immédiat – la faim – pour que la révolte éclate : cela se passe à Naples alors aux mains de la monarchie espagnole : À son corps défendant, la population mâle du royaume de Naples va ainsi constituer la principale source d’approvisionnement de l’armée espagnole en chair à canon. Le recrutement se fait sans beaucoup d’égards pour le droit des gens. De véritables rafles sont organisées dans les campagnes du Midi et des îles pour enlever et incorporer de force d’importants contingents de jeunes hommes valides. Ceux-ci sont acheminés vers les lieux d’embarquement, souvent enchaînés comme des forçats, puis dirigés vers les fronts d’Allemagne, de France ou d’Italie du Nord, où ils vont – après un dur apprentissage des armes – grossir les rangs de la redoutable infanterie espagnole.

Cette pratique du recrutement forcé ne pouvait que provoquer contre la domination espagnole une réaction de rejet, attisée par le poids écrasant de la fiscalité. On évalue à trois millions et demi de ducats la somme annuelle fournie au vice-roi au titre des subsides de guerre. Pour réunir une telle somme, le représentant des Habsbourg doit sans cesse augmenter les impôts, en créer de nouveaux (taxes diverses, contributions extraordinaires, etc.) et finalement emprunter à des banquiers privés qui, en échange des sommes avancées, reçoivent des titres de rentes constituées sur les différentes rentrées fiscales : titres qu’ils réussiront à se faire escompter à leur valeur nominale, alors même qu’ils ont subi une forte dévaluation. À l’instar du plus habile d’entre eux, Bartolomeo d’Aquino, ces financiers sans scrupule vont ainsi réaliser d’immenses profits spéculatifs, aussitôt réinvestis dans l’achat des impôts et des droits sur la consommation et sur le commerce. Ils se transforment donc en percepteurs, d’autant plus acharnés à faire rentrer la manne fiscale qu’ils exercent sur celle-ci de fortes ponctions.

L’hostilité des Napolitains au pillage du royaume a trouvé un écho dans le baronnage, traditionnellement hostile au pouvoir monarchique et prompt à rechercher l’appui d’un protecteur étranger. Lorsque l’insurrection éclatera, les barons n’hésiteront pas à se ranger en bloc aux côtés du vice-roi pour défendre leurs privilèges. Mais ce sera après avoir manifesté une opposition frondeuse à l’encontre d’un gouvernement auquel ils reprochent d’avoir favorisé l’essor d’une nouvelle noblesse, enrichie par la spéculation et avide de pouvoir et de titres. Les plus déterminés vont ainsi renouer avec les conjurations nobiliaires (celle de Pignatelli par exemple, en 1634) et rechercher un appui extérieur du côté de la France, ennemie déclarée de l’Espagne et des Habsbourg. La répression conduite par les représentants du gouvernement espagnol n’aura rien à envier à celle menée par les monarques aragonais ou angevins.

Les mouvements insurrectionnels qui se développèrent en Italie du Sud en 1647-1648 et en Sicile une trentaine d’années plus tard ne s’expliquent pas seulement par l’opposition à la domination étrangère. Ils s’inscrivent dans une conjoncture de récession, de mauvaises récoltes, de forte hausse des denrées alimentaires, donc de disette, dont le peuple attribuait la responsabilité au vice-roi et à ses conseillers. Ce fut en réplique à une décision d’ordre fiscal, la création d’une nouvelle taxe sur les fruits, que le peuple napolitain se souleva contre le représentant du roi catholique Arcos, le 17 juillet 1647. Pas de complot contre le pouvoir à l’origine de ce mouvement spontané et radical, mais une véritable révolte de la misère que vont prendre en charge plusieurs meneurs et tribuns populaires, dont le pêcheur Tomaso Aniello, dit Masaniello. Bientôt maître de la ville et nommé capitaine général, ce dernier obtint du vice-roi la promesse de concessions d’ordre fiscal et juridique, mais il fut assassiné peu après par certains de ses amis, moins disposés que lui à traiter avec le pouvoir.

Il en est de l’insurrection napolitaine comme de la plupart des mouvements de contestation violente qui ponctuent l’histoire de l’Europe de l’Ouest durant la première moitié du XVII° siècle : Catalogne et Portugal en 1640, Angleterre en 1642, Fronde parisienne en 1649. Lorsqu’ils mettent en scène des acteurs urbains, ces mouvements ont en général un caractère interclassiste, les protagonistes appartenant à des catégories sociales dont les intérêts et les objectifs divergent, mais qui peuvent avoir pour projet à court terme de se débarrasser d’un adversaire commun. À Naples, plèbe et bourgeoisie partagent le même désir de réduire la pression fiscale et les privilèges de l’aristocratie. À l’instar de son principal inspirateur politique, le vieux Giulio Genoino, la classe aisée aurait volontiers opté pour une réforme du royaume dans un sens antibaronnial, donc pour un compromis avec Madrid. C’est l’intransigeance du gouvernement de Philippe IV qui la pousse à la radicalisation. Le 22 octobre 1647, s’inspirant de l’exemple des Pays-Bas, les insurgés proclament l’indépendance du royaume et instaurent la république. L’épreuve de force avec le pouvoir madrilène est engagée. Elle va durer un peu moins d’un an et s’achever par l’étouffement de la révolte.

Dans l’intervalle, la France de Mazarin n’est pas restée complètement inactive. Pour elle, la question napolitaine ne constitue que l’un des fronts du conflit qui l’oppose à l’Espagne. En Italie même, Mazarin avait multiplié les initiatives visant à intercepter les communications entre les diverses possessions de la Péninsule et le Milanais. En 1646, il a même dépêché en Toscane un corps de 20 000 hommes qui ont mis le siège devant Orbetello – dégagée à la suite d’une intervention de la flotte espagnole – et se sont emparés de Piombino et de l’île d’Elbe. Au moment où la république est proclamée à Naples, les Français ne sont donc pas loin. Aussi est-ce de ce côté que se tournent les insurgés. Ils s’adressent à l’un des derniers représentants de la famille de Guise, le jeune duc Henri qui séjournait alors dans la capitale de la Chrétienté et qu’ils prirent pour chef avec le titre de duc de la République.

Ce choix, aussi bien que la proclamation de la république, n’étaient pas pour plaire à la régente Anne d’Autriche. Mazarin opposa donc à Henri de Guise un oncle du duc de Savoie, Thomas, auquel il promit de céder les droits de la France sur le royaume de Naples en échange de ses droits éventuels sur la Savoie. Comme de son côté de Guise entretenait des relations ambiguës avec le baronnage, et s’employait surtout à jouir des plaisirs de la dolce vita napolitaine, l’alliance de la France se révéla vite illusoire. L’intervention de la flotte espagnole et l’envoi par Philippe IV d’un corps expéditionnaire commande par Jean d’Autriche contraignirent les troupes françaises à se retirer. En août 1648, l’armée du roi catholique reprit le contrôle de Naples. Henri de Guise fut jeté en prison et la monarchie rétablie dans tous ses droits.

Pierre Milza. Histoire de l’Italie. Arthème Fayard 2005

11 11 1647

Avec le soutien de 50 cavaliers, Charles I° s’échappe de sa résidence de Hampton Court à Londres pour se réfugier sur l’île de Wight, d’où il réussit à regagner l’appui des Écossais : c’est le début de la seconde guerre civile qui va durer un an :  l’armée écossaise sera battue en août et septembre 1648, et le roi à nouveau capturé en octobre. Cromwell, grand vainqueur de ces guerres, réduit le parlement à 60 membres, avec pour première tâche, celle de juger le roi pour haute trahison.

1647-1648

Il est bien rare que, derrière les grandes joutes idéologiques, religieuses,  n’existe pas un terrain marqué par une épreuve ou une autre qui avive les antagonismes d’une douleur affective, et sur ces deux années, c’est un jésuite, le Père Noël (qui n’est pas une ordure puisqu’il n’a pas encore été inventé) qui avait prié ses confrères de Clairmont d’accuser Pascal de s’être approprié des découvertes sur le vide dues à Toricelli. Et Pascal était homme à ne pas plus tolérer une atteinte à sa compétence qu’à son honneur. Trois ans plus tard, un autre Jésuite, Jean de Brisacier produira un libelle Le Jansénisme confondu dans lequel les religieuses de Port Royal étaient traitées de vierges folles désespérées, impénitentes, asacramentaires, incommuniantes, phantastiques. Un an plus tard encore, c’est la propre sœur cadette de Pascal qui rejoindra cette communauté où elle sera sœur Jacqueline de Saint Euphémie. Rien de tout cela ne peut mettre de l’huile dans les rouages, aussi ne faudra-t-il pas s’étonner de l’antipathie viscérale dont fera preuve Blaise Pascal à l’endroit des Jésuites quand il relèvera la bannière des Jansénistes de Port Royal avec ses Provinciales en 1656.

30 01 1648

Le traité de Münster met fin à la guerre de Quatre Vingts ans : l’Espagne reconnaît l’indépendance des Provinces Unies, les provinces du nord. Celles du sud, la Belgique restent sous l’autorité des Habsbourg.

20 6 1648  

Les Cosaques ont commencé la colonisation de la Sibérie : Semeon Ivanov Dezhnev, accompagnés d’hommes sûrs, est parti de l’embouchure de la Kolyma avec 6 kotches (petits bateaux légers pour la navigation côtière et en estuaire), profitant d’une année exceptionnelle où le nord du continent n’était pas pris dans la banquise : il débouche dans le Pacifique d’où il remonte le fleuve Anadyr. Il est le premier à franchir le détroit auquel Vitus Béring, navigateur danois au service du tzar, donnera son nom, presque 100 ans plus tard, en 1741, en ignorant probablement l’exploit de son prédécesseur. La même année, le Cosaque Bogdan Khmelnytsky fonde un état ukrainien autonome, qui tiendra jusqu’à … l’adolescence, en 1664.

La Sibérie n’était pas un désert. Il est des descriptions d’une nature fort accueillante qui donne une vie tranquille à bien des paysans, sur la bande qui d’ouest en est, va de l’Oural au fleuve Ienisseï. Plus au sud, on retrouve l’économie traditionnelle des peuples en état de guerre larvée sur fond de rivalité entre musulmans et tous les autres : pillages, expéditions punitives, rançons, esclavage : c’est là le quotidien de toute une zone à l’est de la Caspienne, au sud de la mer d’Aral jusqu’à Kashgar, à l’extrémité ouest de la Chine

16 07 1648 

Le Conseil étroit – 6 ministres et la Reine – décide d’annuler tous les prêts, traités, sous-traités et avances consentis par des particuliers pour la présente année et les suivantes, le roi considérant qu’il lui serait impossible de fournir aux dépenses de la guerre et autres nécessaires à la conservation de son État en [les] laissant subsister. Ce n’est ni plus ni moins qu’une banqueroute, assortie d’une promesse de régler au moins… mais plus tard, les intérêts des prêts annulés.

26 08 1648

Louis XIII est mort depuis 5 ans. Les relations avec le Parlement sont mauvaises : au menu, la suppression des Intendants, détention sans jugement limitée à un jour, accord du parlement pour toute nouvelle levée d’impôt, etc. Ce n’est qu’à contre cœur que la régente Anne d’Autriche finit par donner son accord. Un Te Deum est donné à Notre Dame pour la victoire du prince de Condé sur les Espagnols à Lens : elle fait arrêter alors Pierre Broussel, conseiller du Parlement, un des opposants les plus ardents, démagogique et donc populaire : il avait commencé à engager des procédures contre des traitants. La population parisienne se soulève : barricades, occupation de la ville par les troupes royales. Le calme réapparût quelques jours plus tard mais la Fronde était lancée : 4 ans de bouillonnement incessant, de libelles enflammés, de mazarinades. Le futur Louis XIV a alors dix ans : il n’oubliera pas. On le dira distant, retenu, mélancolique, adepte de la dissimulation, mais ceci n’explique pas entièrement cela, car un an plus tôt, Madame de Mottevile, première femme de chambre d’Anne d’Autriche, notait déjà à son propos : J’ai souvent remarqué, avec étonnement que, dans ses jeux et ses divertissements, ce prince ne riait guère. Donc, on peut dire que si la Fronde n’a certes rien arrangé, elle n’en est pas pour autant la cause unique du tempérament royal. Il n’est pas interdit de rêver en se disant que seule une femme aimante, une femme aimée, dotée d’une densité à même de faire le poids, aurait pu changer le cours des choses, en le maintenant, au prix d’une bataille quotidienne, chez les humains et cette femme aurait pu être Marie Mancini, rencontrée dix ans plus tard. Mais la glaciale raison d’État l’emportera sur celle du cœur.

Un parlement à cette époque, ce n’était pas précisément la même chose qu’aujourd’hui : Il faut savoir que les parlements – il y en avait un dans chacune des grandes capitales provinciales – n’étaient pas des assemblées législatives élues, comme pourrait nous le faire croire leur nom, mais des cours de justice, qu’on disait souveraines parce qu’elles jugeaient en dernier ressort. Composés de magistrats nommés par le roi, mais propriétaires de leurs charges parce que François I° avait trouvé fructueux de les leur vendre, ils avaient des attributions dépassant de beaucoup celles d’un tribunal actuel. Celui de Paris, doté d’un statut particulier, était chargé de vérifier les édits et ordonnances royaux, c’est-à-dire de s’assurer qu’ils n’entraient pas en contradiction avec la législation existante, et de les enregistrer, faute de quoi ils n’étaient pas exécutoires. Il était autorisé à donner son avis, sous la forme de très humbles remontrances, qui parfois n’avaient d’humble que la formulation. Certes le roi pouvait passer outre : il lui suffisait de paraître en personne à une séance dite lit de justice pour que l’enregistrement d’une loi contestée devînt automatique. Mais les magistrats, se sachant inamovibles, n’étaient pas en peine d’expédients pour bloquer les mesures qui leur déplaisaient. Le conflit avec l’autorité royale, latent quand celle-ci était forte, pouvait devenir aigu si elle s’affaiblissait.

Simone Bertière. Les Reines de France au temps des Valois. France Loisirs 1994

Il faut toujours se méfier des mots, on le sait bien, et plus encore de ceux du XVII° siècle : ils ne sont les mêmes que les nôtres qu’apparemment et désignent souvent tout autre chose.

Ainsi, un Parlement n’est absolument pas une assemblée où l’on fabrique des lois (bien qu’il ait parfois essayé). C’est principalement un tribunal qui se dit souverain, donc supérieur à tout autre, sauf au souverain, de qui émane en principe toute justice. On va bien voir que ce fut autre chose aussi, qui aurait ambitionné devenir plus encore : un parlement à l’anglaise, par exemple.

Un parlementaire n’est pas, en principe, un homme politique, et surtout, il n’a pas été élu par un quelconque mode de suffrage. Il a acheté (cher) au roi le droit d’être parlementaire ou en a hérité, dans les conditions qu’on verra. Bref, il est essentiellement un juge, un grand juge, magnifiquement vêtu, qui s’estime beaucoup et voudrait s’estimer et être estimé plus encore. Il est davantage : quelque chose comme un légiste (mais après le roi) et un administrateur, notamment dans sa ville. Mais, étant juge au XVII° siècle (au XVIII° aussi), il est forcément ce que l’on nomme un officier.

Un officier qui, en ce qui le concerne, n’est pas un officier militaire (ceux-là, on les désigne plutôt par leur grade, d’ailleurs souvent acheté, aussi), mais rappellerait plutôt, en plus considérable, ce qu’étaient hier nos officiers ministériels, notaires ou huissiers. Petits ou grands, ils exerçaient alors, sur un territoire donné, des fonctions principalement judiciaires ou financières, qui leur ont été vendues par le roi, qui manquait à la fois de personnel et d’argent et qui, en échange, promettait de leur verser des gages, sortes d’intérêt de la somme versée. Ces fonctions achetées s’appelaient des offices, de finance et de judicature, surtout (d’autres aussi) ; non seulement l’office avait été acheté, mais il pouvait être revendu (avec l’accord du roi, qui prélevait un pourcentage) et même légué. Mais, pour que fût assurée l’hérédité, absolue, il fallait, depuis 1604 payer chaque année au roi un droit spécial, dit justement annuel, égal au soixantième de la valeur à laquelle l’administration royale estimait ledit office ; suprême astuce, un bail de neuf ans, imaginé par le financier Paulet sous Henri IV (d’où le nom de paulette donné à l’annuel) renouvelait, périodiquement et non gratuitement, l’autorisation de payer cette taxe supplémentaire qui assurait l’hérédité de la charge… Telle était, (fort simplifiée) la situation des officiers français, ancêtres peu reconnaissables et doublement vénaux des fonctionnaires actuels. Au sommet du groupe appartenaient naturellement (outre d’éminentes Cours des Aides et Chambres des Comptes à caractère financier et fiscal) les parlementaires ; outre deux petits jeunes (Pau, 1620, Metz, 1633), on trouvait sept grands Parlements de province (on les retrouvera). Celui de Paris dominait par l’ancienneté, le prestige et le nombre, la richesse et les prétentions de ses membres, qui par surcroît se trouvaient bien intégrés dans ce qu’on appelle le tissu social de la société parisienne, nonobstant leur magnificence. Henri IV et Louis XIII avaient eu maille à partir avec eux (comme plus tard Louis XV).

La régence [d’Anne d’Autriche ] venue, il était certain que la reine et son ministre allaient les trouver devant eux.

Et pourtant, à Paris comme ailleurs, la fonction essentielle du Parlement était de juger généralement en appel, mais en première instance cependant pour les cas très graves ou qui concernaient de très grands personnages. Les magistrats – plus de deux cents, dont une vingtaine de présidents à mortier (mortier : coiffure spéciale) – se répartissaient en plusieurs chambres : les plus jeunes (et souvent les plus remuants) siégeaient aux Requêtes, deux chambres qui connaissaient des causes les moins importantes ; au-dessus, cinq chambres des Enquêtes, qui jugeaient, surtout par écrit, les procès civils de quelque consistance ; au sommet, la Grand’Chambre, réceptacle des grandes robes d’âge et d’expérience, avec le premier président, seul grand juge nommé directement par le roi, outre ses gens, procureur général et avocats généraux. La Tournelle (où se succédaient les divers magistrats) jugeait au criminel, et la Chambre des Vacations des urgences survenues durant les vacations (septembre et octobre pour les vendanges, plus une centaine d’autres jours ; selon Roland Mousnier, le Parlement ne siégeait pas deux cents jours par an).

Naturellement, tout ce beau monde, campé au Palais (dans la Cité), couvrait un ressort d’une superficie supérieure au tiers du royaume et comptait, outre les magistrats, des nuées de greffiers, huissiers, notaires, procureurs, avocats (non officiers ceux-là), receveurs, secrétaires, scelleurs, chauffe-cire, et pas mal de parasites, outre les boutiquiers et libraires de la galerie du Palais. La plupart gîtaient à l’entour, au milieu d’un peuple fort bigarré qui ne détestait pas vivre dehors, au voisinage du marché, de l’échoppe, de l’église, du cabaret. Dans leur quartier et leur paroisse, les Parisiens d’alors se connaissaient, se rencontraient, se parlaient volontiers – type de sociabilité urbaine qui ne serait pas sans importance dans un proche avenir  -.

Messieurs ou, plus respectueusement, Nos seigneurs du Parlement y tenaient une bonne place (après la grande noblesse tout de même) par la splendeur de leurs costumes de fonction, la magnificence de leurs hôtels, de leurs équipages, de leurs laquais et par l’opulence non ignorée des seigneuries, terres, vignes et parfois châteaux qu’ils détenaient dans le voisinage et d’où leur venaient, sans payer octroi (ou si peu) les produits de leurs fermes, pour consommer… et pour revendre. Tous étaient juridiquement nobles (rarement d’épée, presque toujours de robe, mais assez récemment) et pouvaient prendre le titre d’écuyer, même, de chevalier pour les présidents, et parfois plus encore. Leur fortune était proverbiale, bien qu’assez inégale, et fort éloignée de celle des princes et des ministres. Elle provenait assez peu de leurs fonctions, mais souvent de leur richesse foncière et seigneuriale, et souvent aussi d’une discrète pratique du prêt à intérêt, sinon de l’usure, et de leur intéressement aux affaires du roi.

[…] Tous les Parlements (et le plus souvent aussi, les Cours des Aides) avaient à la fois le droit et le devoir d’inscrire sur un registre (enregistrer) les décisions royales, en particulier les édits, afin qu’ils soient ensuite publiés, donc appliqués (si possible). Cet enregistrement pouvait s’accompagner d’humbles remontrances, à l’origine simples observations, principalement juridiques, sur la conformité du texte avec la législation antérieure, et sur la possibilité de l’améliorer. La plupart du temps, à Paris comme en province, l’opération s’accomplissait en quelque sorte à l’amiable, avec plus ou moins de diligence et d’enthousiasme. Mais lorsque le pouvoir royal paraissait faible ou au contraire lorsqu’il se montrait hardi, les remontrances changeaient de ton et se transformaient en remarques aigres, en critiques de fond plus que de forme, voire en refus d’enregistrer. Si d’éventuelles négociations échouaient, le Roi en son Conseil (telle était la formule) adressait alors au Parlement récalcitrant des lettres de jussion (ordres péremptoires) qui pouvaient être renouvelées. En cas de résistance prolongée, le roi, le chancelier, les princes du sang et tout leur arroi se transportaient au Palais, en séance royale ; dans la plus solennelle, le lit de justice, le monarque faisait connaître sa volonté, à laquelle il était alors impossible et impensable de s’opposer. Il n’empêche que, le roi parti, le Parlement pouvait se raviser, revenir à sa position première, et même se mettre en grève. C’était alors la révolte ouverte, contre laquelle le souverain n’était pas dépourvu d’armes, ne serait-ce que l’arrestation des meneurs supposés et l’exil de quelques autres, voire du Parlement tout entier.

[…] En temps de régence, surtout avec un roi si jeune, le Parlement (quelques grands nobles aussi) soutenait qu’il ne pouvait s’agir d’un règne plein et que l’ancienne Curia regis (la Cour du roi, au complet comme aux vieux temps capétiens), cette Curia, dont le Parlement était jadis issu, devait se reconstituer au complet ; bref, les principaux parlementaires au moins devaient participer aux travaux du Conseil, donc aux décisions législatives et administratives.

Mazarin ne pouvait rien imaginer de semblable ; quant à la Reine, elle méprisait franchement ces roturiers tout juste anoblis. Sans aller aussi loin, le Parlement réclamait au moins le contrôle des édits bursaux (de finance) et tendait à multiplier les remontrances. Par surcroît, il soutenait qu’un roi mineur ne pouvait valablement tenir lit de justice et que les décisions prises directement en Conseil royal (les arrêts du Conseil, de plus en plus utilisés) devaient aussi être contrôlés et ne sauraient aller contre les desiderata parlementaires. C’était vraiment beaucoup ; on arriva certes à négocier durant quelques années, mais de plus en plus difficilement, en attendant l’éclat.

Derrière le conflit entre le Conseil du roi (en fait, Mazarin) et le Parlement de Paris (que ceux de province suivent peu ou prou), se profile à nouveau et s’enfle. rapidement la furieuse et fondamentale opposition entre officiers et commissaires, ces derniers (intendants compris) étant des émanations pures de la volonté royale, désignés en Conseil, bien choisis et pourvus fort légalement d’une part de la toute puissance royale. L’affaire remontait d’ailleurs au début du siècle, quoique sous une forme moins aigüe. Sans la conter en détail, évoquons le problème, fort grave.

Il y avait bien plus d’un siècle que le roi avait commencé à vendre en détail sa propre autorité, surtout judiciaire et financière, aussi bien en province qu’à Paris. Depuis 1604, on l’a dit, tous les officiers du roi pouvaient librement (sauf faute très grave) transmettre, léguer, vendre leur office, c’est-à-dire le droit de juger et d’imposer, pourvu qu’ils eussent régulièrement payé l’annuel ou paulette. En somme, plusieurs dizaines de milliers d’officiers, du plus petit au plus grand, éprouvaient la très vive impression, voire la certitude, que c’étaient eux qui détenaient le pouvoir judiciaire, le pouvoir financier et quelques autres. Il était tentant d’en abuser, de ménager les amis, d’accabler les adversaires et de tirer du tout, outre les gages, remises et profits légaux, de substantiels suppléments. D’autant que le roi ne se gênait guère pour tirer également maints profits de cette quasi-classe de fonctionnaires-propriétaires, par des astuces comme les dédoublements d’offices et les augmentations de gages.

Diviser et re-diviser les offices, c’était évidemment les dévaloriser ; le premier titulaire se trouvait pratiquement contraint, qu’il fût petit juge de bailliage ou noble parlementaire, de racheter s’il le pouvait (il ne pouvait pas toujours) l’office dédoublé et parfois redédoublé, pour conserver le prestige, la valeur et les revenus du sien.

Les augmentations de gages (le gage était théoriquement l’intérêt annuel de la valeur estimée de l’office, versé par le roi plus ou moins – et de moins en moins – régulièrement) se ramenaient à faire verser par le titulaire une somme supplémentaire dont il pouvait espérer percevoir les revenus un jour ou l’autre. Si bien que les officiers, si puissants qu’ils aient pu se croire, s’estimaient grugés par les ministres détestés d’un grand roi forcément trompé. De fait, ils devenaient de plus en plus matière imposable, en même temps que le prestige et les pouvoirs auxquels ils tenaient tant se trouvaient amoindris.

Et cela d’autant que, pour remédier à leur paresse, leurs abus et leur inefficacité, le Conseil du roi leur dépêchait ce qu’on appelait des commissaires, et de plus en plus des intendants, pourvus directement, d’abord à temps et dans une province, de la partie des pouvoirs royaux définis par le texte même de leur commission. Images du roi ou presque, on leur devait en principe une obéissance totale. Ces missi dominici, pour reprendre un terme fort ancien mais expressif, pouvaient être de grands parlementaires fidèles, plus souvent des conseillers d’État et de plus en plus des maîtres des requêtes. Ces deux derniers types de personnages étaient extraits du Conseil du roi où (ministres et princes non considérés) les premiers accomplissaient l’essentiel du travail (préparation des décisions et des lois) tandis que les seconds rapportaient, c’est-à-dire rassemblaient et présentaient les pièces des dossiers.

Tous ont été choisis par le roi, et désormais par la reine-régente (et donc Mazarin) pour leur fidélité, leur sérieux, leur autorité ; ils dépendent étroitement d’eux et peuvent envisager un avenir brillant (et substantiel) s’ils ont bien accompli leur mission. Au début, celle-ci était habituellement limitée dans l’espace, le temps et même l’objet. Pourvus assez tôt d’attributions de justice et de police, ils entrent en tout tribunal, qu’ils ont pouvoir de présider, contrôlent l’ordre public, le ravitaillement, les étapes des soldats, à l’occasion la conduite des nobles et des puissants, rendent compte au Conseil (habituellement par le canal d’un secrétaire d’État ou du Chancelier) ; ils ont même le droit de châtier. On se doute bien que les officiers propriétaires de leurs charges, petits juges ou nobles conseillers, les appréciaient assez peu puisqu’ils les abaissaient et pire les dévaluaient.

Les officiers de finances, roturiers cantonaux, comme les Élus, ou possibles anoblis provinciaux, comme les Trésoriers de France, les aimaient encore bien moins. C’est que ces commissaires départis (c’est-à-dire envoyés), qui prenaient de plus en plus le nom vite abhorré d’intendants, surveillaient la répartition et surtout la perception des impôts, dont ils tendaient à se réserver l’exclusivité. Or, depuis l’entrée du royaume en guerre, les besoins d’argent étaient devenus tels que, devant la lenteur et l’inefficacité des officiers de finances, des instructions puis des décisions royales en forme de règlements (1641-1642) avaient confié la levée de presque tous les impôts, tailles comprises, à des intendants nommément désignés, escortés de financiers et de soldats efficaces. De telles nouvelletés, comme on disait, provoquaient mécontentement et même révoltes, fortement dénoncées par la correspondance reçue par le chancelier Séguier et exprimés avec une grandiloquence volontiers violente dans les discours, réclamations et déclamations des officiers ainsi visités, contrôlés, amoindris, châtiés parfois et quelque peu désargentés. Allant plus loin, les officiers de finances de base, les Élus (bien sûr, ils n’étaient pas élus au sens où l’entend le XX° siècle) ont constitué dès 1641 un syndicat (mot employé par eux) fort bien organisé, avec bureau central à Paris et bulletin assez régulier, pour lutter contre les exactions des intendants, assimilés à des financiers, donc à des voleurs, pour le moins à de harpyes qu’ils ne cesseront de dénoncer, plus violemment que le syndicat (sans le nom) des plus considérables Trésoriers de France, plus pondérés ou plus fins. Il était bien vrai que les officiers de finances avaient perdu une part assez profitable de leurs fonctions, et que, depuis 1635-1640, dédoublements d’offices et augmentations de gages fondaient régulièrement sur eux. Bien sûr, tous les parlements, jaloux de leurs pouvoirs, relayaient les officiers de plus modeste envergure dans leur violente dénonciation des méfaits des intendants de province et autres commissaires.

Il faut cependant souligner que cette hostilité entre compagnies d’officiers et commissaires a commencé bien avant la régence, s’est accentuée à partir des années 1636-1640, celles où le royaume, engagé dans une guerre difficile, a des besoins financiers si considérables que les impôts doublèrent ou triplèrent : ce qui explique ces mesures autoritaires et ces protestations violentes.

Décidément la guerre, la guerre à la fois glorieuse et honnie, la guerre qui requiert tant et tant d’argent constitue peut-être la clé de l’histoire d’une époque où l’on a trop pris l’habitude de voir surtout un vilain Sicilien, de graves magistrats, de magnifiques seigneurs et de belles dames aussi étourdies que comploteuses et dévergondées…

L’argent et la guerre, premiers personnages de cette régence sans doute ; et pourtant Mazarin, bien soutenu par la reine, parviendra à peu près à les régenter ou les dominer.

[…] Le Parlement prétend désormais contrôler, sinon toute la justice du royaume, du moins tout le domaine financier, n’admettant que les mesures qu’il aura lui-même délibérées et acceptées. Il y aurait eu là l’amorce de la transformation de la nature même du royaume, la naissance d’une sorte de pouvoir législatif au moins partiel, si la reine avait songé un instant à acquiescer (sauf apparemment et contrainte) à cette prétention, aussi inapplicable qu’inacceptable pour la royauté française.

L’essentiel était peut-être ailleurs. Le Parlement entendait éliminer ce qui avait été l’arme de la monarchie depuis plusieurs décennies, depuis Richelieu surtout, les commissaires-départis issus de son Conseil et munis en quelques sorte de pleins pouvoirs du moins de pouvoirs considérables. Placés auprès des gouverneurs, auprès des armées, mais au-dessus de tous les officiers de justice, et surtout de finances, les intendants présidaient eux-mêmes au ramassage des impôts depuis 1641, épaulés par les financiers et les soldats. Le Parlement veut faire disparaître commissions et commissaires et y parvient presque. Mais Mazarin montre que des agents directs du roi sont indispensables auprès des armées et des provinces frontières, et sauve ceux qui instrumentaient de la Picardie à la Bourgogne, à la Provence et au Languedoc. Ceux de l’Intérieur du royaume – une poignée-  disparaissent théoriquement, mais on va les voir, avec des titulatures différentes, continuer à correspondre avec le chancelier (leurs lettres ont même été publiées…). On sait par ailleurs que le Conseil continuera d’expédier en province des sortes de chargés de mission munis de pouvoirs précis. En somme, la monarchie a paru capituler ; en fait, elle a biaisé.

[…] Il ne faut pas s’y tromper : l’essentiel était là. Les revendications hardies, les agitations insolentes – et en fin de compte irresponsables et inintelligentes des parlementaires – n’étaient rien auprès des fortes nécessités que Mazarin ressentait mieux que tout autre : effacer la dette de l’État, au besoin faire banqueroute et pourtant sauver les indispensables financiers, piliers de l’État, de manière à préserver le lendemain, le surlendemain et même l’avenir plus lointain du royaume et du roi. L’argent est derrière presque tout, barricades non exclues.

Pierre Goubert. Mazarin. Fayard 1990

13 09 1648  

Sous la protection de Condé, la Reine, une partie de la Cour et du Conseil, se font héberger par la nièce de Richelieu en son château de Reuil, puis, à partir du 24 septembre à Saint Germain, plus grand.

24 10 1648

La paix de Westphalie met fin à la guerre de Trente ans. Elle rassemble les traités de Münster, signé le 6 août et d’Osnabrück, signé le 8 septembre.

Je suis née dans la guerre, je n’ai ni foyer, ni pays, ni amis… Mon seul capital est la guerre. Et maintenant, où irais-je ?

Une femme anonyme

Sur le plan territorial, l’Alsace devient française, mais Mulhouse conserve son indépendance en restant alliée aux cantons suisses.

Les traités de Westphalie, modèle de toute paix sérieuse et durable avec les pays germaniques, comprenaient quatre éléments essentiels, harmonieusement combinés, à l’effet d’interdire à l’Allemagne de redevenir un grand État dangereux pour la France et pour l’Europe. C’étaient : le morcellement territorial et politique ; l’élection ; le régime parlementaire ; et la garantie des vainqueurs pour maintenir le système et le faire respecter.

Jacques Bainville. Histoire de deux peuples, continuée jusqu’à Hitler. 1933

Le traité de Westphalie a reconnu, contrairement aux idées, qui, depuis un temps immémorial avaient cours dans le monde, non pas que le droit de la guerre jusqu’alors observé fût une chimère, un préjugé de la barbarie : personne n’y eût ajouté foi. Il a déclaré seulement ceci que l’hypothèse d’une monarchie universelle, conséquence extrême du droit de la guerre, admise par les anciens peuples… était chimérique ; qu’ainsi, quelles que fussent les guerres qui pourraient à l’avenir désoler les nations chrétiennes, ces guerres ne pourraient aller jusqu’à les absorber toutes en une seule et à renouveler de la sorte l’expérience d’un État unique ; que, sauf la délimitation à faire des territoires, la pluralité des puissances était, à l’avenir, reçue en principe, et, autant que possible, maintenue par leur égalité ou équilibre.

Depuis cette époque, le principe d’équilibre a été reçu dans le Droit des gens : en sorte qu’on peut dire, en toute logique et vérité, que, si le droit de la victoire ou la raison de la force est le premier article du droit des gens, la pluralité des puissances, et, par la suite, la raison d’équilibre en est le second.

[] Tant qu’il y aura pluralité de puissances plus ou moins équilibrées, le traité de Westphalie existera : il n’y aurait qu’un moyen de l’effacer du droit public de l’Europe, ce serait de faire que l’Europe redevînt… un empire unique… Charles-Quint et Napoléon y ont échoué : il est permis de dire, d’après ce double insuccès, que l’unité et la concentration politique, élevées à ce degré, sont contraires à la destinée des nations : le traité de Westphalie, expression supérieure de la justice identifiée avec la force des choses, existe à jamais.

Proudhon.

Après la guerre de Trente ans (1618-1648), chaque église de Vienne avait une messe avec orchestre au cours de laquelle on donnait un concert pendant l’offertoire – une aria, de la musique profane -. Tout aspect liturgique mis à part, une messe avec orchestre c’est aussi une confrontation à l’art. À l’époque, le pourcentage d’athées déclarés, qui ne mettaient jamais les pieds dans une église, était très faible, peut-être 4 ou 5 %. Du balayeur, de la femme de ménage au prince, tout le monde bénéficiait donc d’un concert, d’un accès à la grande musique, tous les dimanches. Ils savaient ce que c’était, c’était leur langage. On n’a plus jamais eu par la suite une telle fusion des hommes et de la musique, du moins dans les villes.

Nikolaus Harnoncourt. Süddeutsche Zeitung. Juillet 2002.

1648 

L’Angola, conquête portugaise, est tombé aux mains des Hollandais depuis 1641. Salador de Sa est gouverneur de la capitainerie de Rio de Janeiro. Il prend la tête d’une flotte pour reprendre l’Angola aux Hollandais : ce sera chose faite au bout de 3 mois et il gouvernera l’Angola jusqu’en 1652. Création de l’Académie des peintres et sculpteurs.

30 01 1649 

Charles I°, roi d’Angleterre, de la dynastie des Stuart a été  traduit devant une cour spéciale de 135 jurés, nommée par un parlement croupion, ainsi nommé après que 96 membres en aient été exclus et 47 autres arrêtés par les soins de Cromwell. Ne reconnaissant pas l’autorité du tribunal, ce dernier lui a retiré la parole, et Charles I° commente : Si on ne me laisse pas parler, imaginez un peu quelle justice d’autres que moi peuvent espérer. Juste avant d’être décapité devant Whitehall, il s’écrie : Remember !

30 03 1649   

Un accord est trouvé à Rueil entre la Fronde où l’on a vu le Parlement lever des troupes et la régente. Le prince de Condé avait assiégé Paris avec l’armée royale… Anne d’Autriche, Mazarin et le jeune roi Louis XIV avaient fui à Saint Germain en Laye le 6 janvier.

03 1649   

Huit Missionnaires jésuites sont mis à mort par les Iroquois, dans la Nouvelle France entre Québec et Trois Rivières. Pas simple de rester en bons termes avec tout le monde dans ce pays où l’arrivée des colons français, en provoquant une forte augmentation de la valeur de la peau de castor, n’avait fait qu’attiser les querelles permanentes entre Algonquins, Hurons et Iroquois. Les Jésuites avaient choisi, en accord avec les autorités françaises, d’évangéliser les deux premières, et la troisième les avait massacrés, ce qui n’empêcha pas quelques Iroquois de se convertir, sous l’influence de leurs prisonniers Hurons ! Le récit est d’un rescapé du massacre : Lorsque je remontai cette rivière, il y a à peine treize ans, je trouvai tous ses bords peuplés d’Algonquins qui ne connaissaient pas même Dieu et se croyaient eux-mêmes des dieux sur terre. Ils avaient tout ce qu’ils désiraient : du poisson et du gibier en abondance, un commerce prospère avec les tribus alliées et, de plus, ils étaient la terreur de leurs ennemis. Mais depuis qu’ils ont embrassé la Foi et adoré la croix du Christ, il leur a donné une lourde croix à porter et les a livrés à la misère, à la mort et aux tortures les plus cruelles. En un mot, c’est un peuple qui a disparu de la surface de la terre.

[…] Le Sauvage, se sentant mal extraordinairement, se couche tout au long du feu ; lors on luy dit : Ouëscouzi, ouëscouzi, il est malade […] On luy donne sa part de ce qu’on aura rosty, bouilly ou traisné par les cendres, tout ainsi qu’aux autres […] Si le malade mange ce qu’on lui aura baillé, bon prou luy fasse ; sinon l’on dira qu’il est bien malade. Et après quelques jours, si l’on peut, on mandera quérir l’Autmoin, que les Basques appellent Pilotois, c’est-à-dire Sorcier. Or, ce Pilotois, ayant considéré son malade, le souffle et le ressouffle auec ie ne sçay quels enchantemens ; vous diriez que ces vents pectoraux doivent dissiper la cacochymie du patient […] sur quoy les spectateurs estans desia intimidez, luy, d’vn effroyable et vrayment energumenique ton, redouble ses dénonciations et mugissemens : Qu’on se garde, il est en fougues le satan, il y a du grand danger !

Ayant bien dormy et songé, le Pilotois revoit son malade, et selon les prognostics qu’il recognoist, il le prononce debuoir ou viure ou mourir. Il n’est desia si-tost de dire qu’il viura, s’il n’en a des prorrhetiques asseurez ; il dira donc qu’il mourra, par exemple dans trois jours. Or oyez maintenant une belle façon de vérifier ses prophéties. Première­ment le malade, dés qu’il est ainsi iugé à mort, ne mange point, et l’on ne luy donne rien plus ; que si le troisiesme jour venu, il ne meurt point encore, ils disent qu’il y a ie ne sçay quoy du Diable, qui ne le permet pas expirer à son aise ; pour ainsi, on s’en court à l’aide : Où ? à l’eau ; quoy faire ? en apporter des pleins chaulderons. Pourquoy ? pour la luy verser toute froide sur le ventre, et ainsi luy esteindre toute chaleur vitale, si aucune luy reste. Il faut bien qu’il trépasse le troisiesme iour. Puis que s’il ne veut mourir de soy, on le tue.

R.P. Raguenau, S.J. Supérieur des Missions jésuites du Saint Laurent

16 05 1649

Le parlement anglais institue le Commonwealth, la république et proclame l’abolition de la monarchie.

1649

Sous Cromwell, les catholiques irlandais, dépouillés de leurs droits civils et de leurs propriétés, connaissent la persécution : 40 000 d’entre eux sont tués ou vendus comme esclaves à Drogheda et à Wexford.

Descartes, invité par la reine Christine de Suède [1] s’y rend presque à contre cœur :

Les incommodités des voyages sont infaillibles et les avantages fort incertains
[…] Les mauvais succès de tous les voyages que j’ai faits depuis vingt ans me font craindre qu’il ne me reste plus pour celui-ci que de trouver en chemin des voleurs qui me dépouillent ou un naufrage qui m’ôte la vie.

Descartes

Le cher homme avait bien raison de manquer d’enthousiasme pour ce voyage : ce ne sont ni les voleurs ni un naufrage qui auront raison de sa vie, mais une pneumonie attrapée dans une salle glacée du palais lors d’une trop matinale leçon de philosophie ; elle l’emportera le 11 février 1650. Il sera enterré dans le lieu où on enterre les enfants morts et les pestiférés, après que l’ambassadeur de France, Chanut, eut refusé l’offre de la reine Christine de le faire enterrer dans une Église avec solennité. Charles Huyghens, son ami, lui fera une épitaphe sans complaisance pour la Suède, en évoquant le climat glacé de ces terres chagrines où l’hiver est suivi de l’arrière saison. Peu avant sa mort, il confirmait ses craintes initiales au vicomte de Bregy chargé de missions secrètes en Suède : […] Je voudrais avoir quelques nouvelles qui méritassent de vous être mandées ; mais depuis les lettres que j’ai eu l’honneur de vous écrire le 8/18 décembre, je n’ai vu la Reine que quatre ou cinq fois, et ça toujours été le matin dans sa bibliothèque, en la compagnie de Monsieur Fransheimius, où il ne s’est présenté aucune occasion de parler de rien qui vous touche. Et il y a quinze jours qu’elle est allée à Upsale et où je ne l’ai point suivie ni ne l’ai pas encore vue qui n’est que de jeudi au soir. Je sais aussi que Monsieur notre Ambassadeur ne l’a vue qu’une seule fois, excepté en sa première audience, à laquelle j’étais présent. Pour d’autres visites, je n’en fais aucunes, et je n’entends parler de rien, de façon qu’il me semble que les pensées des hommes se gèlent ici pendant l‘hiver aussi bien que les eaux […]. Je vous jure que le désir que j’ai de retourner en mon désert s’augmente tous les jours de plus en plus, et que je ne sais pas même si je pourrai attendre ici le temps de votre retour. Ce n’est pas que je n’aie toujours un zèle très parfait pour le service de la Reine, et qu’elle ne me témoigne autant de bienveillance que j’en puis raisonnablement souhaiter. Mais je ne suis pas ici en mon élément, et je ne désire que la tranquillité et le repos, qui sont des biens que les plus grands Rois de la terre ne peuvent donner à ceux qui ne les savent pas prendre d’eux-mêmes.

René Descartes (auteur de Discours de la méthode) - Babelio

En Russie, sous le règne d’Alexis I°, l’Assemblée du pays – zemsky sobor, qui ne représente que la seule aristocratie rédige un nouveau code de lois – les Établissements – qui définit juridiquement les groupes sociaux et attache de manière définitive les paysans aux terres des propriétaires fonciers, ces derniers assurant le service de l’État : c’est l’instauration du servage. Ce code vient remplacer celui d’Ivan le Terrible et restera en vigueur jusqu’en 1833.

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[1] Seule femme à être enterrée à Saint Pierre de Rome : il est vrai qu’elle avait pris le temps de préparer l’affaire en se convertissant au catholicisme, puis en s’installant à Rome, via un funeste détour par la France, après son abdication, et en léguant beaucoup de biens au Vatican après sa mort : mourir en odeur de sainteté après avoir fait trucider son amant, cela se paie…