Publié par (l.peltier) le 9 septembre 2008 | En savoir plus |
16 11 1936
Roger Salengro, ministre de l’intérieur, maire de Lille, se suicide : au départ, un communiste avait avancé que Roger Salengro avait déserté pendant la première guerre mondiale, passant à l’ennemi. L’information fût reprise par L’Action Française, Gringoire, journaux d’extrême droite, qui surent à merveille distiller toute la haine dont ils étaient capables.
Grâce au zèle de son ami le capitaine M…, Salengro fût acquitté – à la minorité de faveur dit-on. Acquitté dans ces conditions, M Salengro doit être regardé comme coupable.
Action française 14 juillet 1936
M. Roger Salengro, ministre de l’Intérieur, a-t-il déserté le 7 octobre 1915 ?
Gringoire 21 Août 1936
À l’initiative de son adversaire politique, Henri Becquart, député du Nord, un débat à la Chambre des Députés révéla qu’effectivement, Roger Salengro était effectivement en Allemagne à partir de 1915, car il avait été fait prisonnier le 7 octobre 1915 alors qu’il tentait de ramener du front le corps d’un camarade tué au combat ! Il était effectivement passé devant un conseil de guerre, mais un conseil de guerre allemand, pour avoir provoqué une grève dans une fonderie ! Le 30 octobre 1936, la commission présidée par le général Gamelin, après examen du dossier confirmera que le soldat Salengro a été acquitté par jugement rendu par contumace par le conseil de guerre de la 51° division, le 20 janvier 1916. Le 13 novembre, à la fin d’une discussion parlementaire, la Chambre des députés constate l’inanité des accusations.
Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose !
Voltaire
Les mots peuvent tuer aussi sûrement que les balles
Yves Boisset
La poudrerie de Saint Chamas, à la pointe nord-ouest de l’étang de Berre explose, faisant 53 morts, soit les trois quart des employés, et 200 blessés. La déflagration s’est faite sentir jusqu’à Marseille, à 50 km. La Fabrique royale de poudre d’Aubagne avait déménagé à Saint Chamas vers 1690, où la proximité de l’étang de Berre, le cours constant des canaux garantissaient un approvisionnement en eau que l’Huveaune ne pouvait assurer. Étendue en 1810 sur 2.5 ha, elle s’était constamment agrandie jusqu’à occuper 110 ha en 1936. Les fabrications avaient suivi l’évolution des explosifs : au départ, fabrique de poudre noire – mélange de charbon de bois, de soufre et de salpêtre – ; s’y était ajouté à la fin du XIX° siècle un atelier de tolite, plus connue sous le nom de TNT, poudre jaune obtenue à partir de charbon de bois et de nitrate. C’est ce bâtiment 104 affecté à la fabrication de la tolite qui a d’abord pris feu puis explosé.
20 11 1936
José Antonio Primo de Riveira, fondateur de la Phalange, est exécuté par les Républicains. Le dirigeant anarchiste Buenaventura Durruti est arrivé à Madrid avec plus de 3 000 hommes, du front d’Aragon. Il a eu dans ses rangs Simone Weil [1]. Il meurt des suites d’un accident au cours des combats [le coup était parti de l’arme d’un de ses hommes, accrochée à la poignée d’une voiture]. Ses funérailles à Barcelone seront suivies par un demi million de personnes !
22 11 1936
Le vélo des airs, pédalé par Heinz Hoffmann vole sur 427 m à Hambourg.
23 11 1936
Première utilisation du néon aux États-Unis.
6 12 1936
Mermoz disparaît dans l’Atlantique Sud, aux commandes de l’hydravion Latécoère 300 la Croix du Sud. Parti de Dakar, il aurait du atterrir au Brésil.
9 12 1936
En Chine, des milliers de manifestants font une marche de protestation contre les guerres intestines entre Chinois, jusqu’à Lintong, une station de sources chaudes, près de Xi’an, où Tchang Kaï Chek a établi son QG.
10 12 1936
Édouard VIII d’Angleterre abdique en faveur de son frère, le duc d’York, qui va devenir Georges VI, père d’Elizabeth, dès lors promise à la fonction de reine et de Margaret, pour épouser Wallis Warfield, une Américaine divorcée, ex épouse Simpson : le mariage sera célébré au château de Candé, à l’ouest d’Angers, le 3 06 1937. Il devient le duc de Windsor. Le statut de femme divorcée d’un premier mari, séparée d’un second, la nationalité américaine, un temps pensionnaire d’un bordel de Hong Kong, quand son premier mari y était affecté, dans les années 1920 ; autant d’éléments qui serviront longtemps d’alibi pour justifier cette abdication : en fait, on apprendra en 2002 que dans les années 30, elle avait été la maîtresse de Von Ribbentrop [2], ambassadeur d’Allemagne à Londres, puis ministre des Affaires Étrangères d’Hitler : Roosevelt s’assura une surveillance discrète du couple qui prouva que Wallis Simpson gardait une grande sympathie pour les nazis, au point de leur confier pas mal de petits secrets anglais, pris sur l’oreiller et ailleurs : la France ne fût sans doute pas mise dans la confidence.
12 12 1936
Tchang Kaï Chek est enlevé et retenu en otage par le seigneur de la guerre Zhang Xueliang, qui est en négociation avec les communistes et impose à Tchang d’accepter finalement de constituer un front uni avec ces derniers pour lutter contre les Japonais : c’est l’incident de Xi’an qui aboutit à l’accord de Xi’an qui institue un deuxième front uni entre Guomintang et Communistes contre les Japonais.
19 12 1936
Les Républicains espagnols tentent avec succès de jouer dans la rubrique on n’est jamais bien aussi servi que par soi-même : à 8 h 15, le téléphone sonne à l’aéroport de Millau, annonçant la venue d’une délégation du Ministère de l’air. Le gardien, seul, accueille six hommes bien nippés qui se disent à la recherche d’un site pour un nouvel aéroport ; devançant les demandes de ses hôtes, le gardien leur propose un vol de reconnaissance avec les trois avions au réservoir plein : deux Potez 58, immatriculés FANLK et FAMRG, et un Potez 43 : on ne les reverra jamais à Millau, puisqu’il iront se poser à Caravajak, en Espagne.
Ce n’était pas un coup d’essai : Il m’est signalé qu’un mois et demi plus tôt six individus avaient tenté un coup pareil à l’aérodrome de Montpellier l’Or, écrit le commissaire Alleguede. Le 27 janvier 1937, un commissaire de police spéciale de Marseille notera que Dominique Grimaldi, arrivé d’Espagne par bateau, a eu l’occasion de rencontrer au camp Prat, un nommé Paquet ex-commandant de l’armée française, cassé de son grade, qui se vantait d’être venu en France avec six autres aviateurs voler trois appareils dans un camp du Midi et de la avoir ramenés en Espagne. Edouard Paquet, 37 ans, sera arrêté le 4 mars 1937 à Paris, mais l’affaire ne connaîtra jamais de suites judiciaires. L’aéroport du Larzac sera doublement indemnisé : le ministère de l’Air lui donnera deux Caudron et l’assurance remboursera la valeur des avions dérobés. Finalement, cela aura été plutôt une bonne affaire.
12 1936
En tournée des popotes à Si-ngan fou, Chan Kai-shek est fait prisonnier par une armée communiste à la tête de laquelle on trouve Tcheou En-lai. On le garde 14 jours, puis il est relâché. Russes et alliés souhaitaient avant tout contrer le Japon, et encourageaient un rapprochement entre communistes et nationalistes chinois, rapprochement auquel étaient bien sûr hostiles les Japonais.
En Mandchourie, à Pingfan, 20 kilomètres au sud de Harbin, Shiro Ishii crée un autre centre qui prendra le nom d’Unité 731. À proximité de Pingfan se trouvait le camp Hogoin où les prisonniers, principalement des russes, servirent de cobayes aux expériences d’Ishii : inoculation des maladies, malnutrition jusqu’à la mort, vivisection sur des vivants etc… on parle de 3 000 victimes.
1936
La taxe à la production vient prendre la suite de la taxe sur le chiffre d’affaires, instaurée en 1920. Elle sera réformée en 1948. Faillite de Pathé. I.G. Farben lance des verres de contact en plexiglas ; en France, c’est M. Rouvereau qui s’en chargera en 1948. Deux scientifiques français travaillant à l’École vétérinaire de Maisons-Alfort, Cuillé (1870-1950) et Chelle (1902-1943) établissent que l’ESB est une maladie contagieuse dont l’incubation est très lente, de 2 à 15 ans. Ils parviennent à démontrer que la barrière des espèces peut être franchie, mais ne parviennent pas à isoler l’agent infectieux.
Jean Pomagalski construit le premier téléski : c’est à l’Alpe d’Huez, sur les pentes de l’Échenoz. La première Appellation d’Origine Contrôlée – AOC – est attribuée au vin d’Arbois, dans le Jura : quand je bois du vin clairet, ami tout tourne, tourne, tourne, aussi désormais je bois Anjou ou Arbois.
Carl Burckhardt, vice président du CICR (Comité International de la Croix Rouge) est revenu tout à fait satisfait de son voyage effectué en Allemagne, sur invitation personnelle d’Hitler.
Première remise de la médaille Fields, équivalent du prix Nobel pour les mathématiques. John Charles Fields, mathématicien canadien en avait proposé la création dès 1923. Très lié au brillant mathématicien suédois Gösta Mittag-Leffler, membre influent de l’Académie Royale des Sciences suédoises, il avait été choqué que Nobel, qui haïssait Gösta Mittag-Leffler, n’ait pas voulu de prix en mathématiques craignant que celui-ci lui soit décerné. Pour compenser cela Fields avait créé sa médaille.
L’architecte Frank Lloyd Wright construit Falling Water en Pennsylvanie.
7 01 1937
David Ben Gourion déclare à la Commission anglaise Peel : Quand nous disons que la Terre d’Israël est notre pays, nous n’entendons pas exclure les autres habitants. C’est aussi le pays de ceux qui sont nés ici et qui n’ont pas d’autre patrie. Nous avons le droit d’entrer dans ce pays sans exproprier les habitants qui vivent ici.
de février à mai 1937
Le midi de la France subit les dégâts collatéraux de la guerre d’Espagne : wagons déchiquetés à Cerbère, un bateau qui explose, des bombes au consulat d’Espagne de Perpignan, la porte de la cathédrale Saint Pierre de Montpellier qui explose le 15 mars, suivi de celle de la cathédrale de Maguelone 15 jours plus tard, une bombe découverte dans le port de Marseille avant d’exploser, un wagon du rapide Bordeaux-Vintimille dévasté dans la plaine de la Crau, et, un véritable acte de guerre, l’incendie le 4 novembre 1938 du cargo britannique Stamburg, avec ses 3 000 fûts de kérosène destinés aux Républicains, via Valence, causant deux morts et cinq blessés et l’incendie d’un stock de nitrate d’ammonium destiné encore à Valence, le 5 juillet 1938 aux Docks Sétois. Tous ces engins explosifs semblent avoir été fabriqués en Allemagne et l’on croit savoir que des Italiens ont été envoyés en France pour empêcher l’envoi de matériel au gouvernement de Valence ; ils seraient membres de l’OVRA – Organisation des volontaires de la répression des antifascistes -.
du 6 au 8 02 1937
La carretera Malaga Alméria, route de la côte méditerranéenne espagnole, de plus de 200 kilomètres, (actuelle N 340) est encadrée au nord-ouest par les montagnes de la Sierra Nevada et au sud-est par la Méditerranée. Il n’existe pas d’autre échappatoire de Malaga. Les franquistes canonnent la route depuis leurs navires longeant la côte. Les Italiens et les Allemands la bombardent avec leur aviation, terminant par des passes mitraillage en rase mottes prenant les colonnes de réfugiés civils en enfilade sous leurs tirs. Entre le 6 et le 8 Février 1937, cette route verra passer environ 150 000 civils, hommes, femmes, enfants et vieillards ; entre 5 000 et 7 000 y perdront la vie, les chiffres réels demeurant inconnus… On nommera l’épisode la huida ou desbanda.
7 02 1937
Émile Allais remporte les premiers championnats du monde de ski alpin : il termine la descente avec 13 secondes d’avance sur le second ! [3]
Il devait en grande partie ses victoires et places d’honneur à une grande maîtrise du ski obtenue auprès de l’Autrichien Otto Lantschner, de Seefeld, au Tyrol, pionnier de la pratique du ski. Lui-même créera une méthode française. Grand ami du chansonnier Maurice Baquet. Dans les années 50, il rapportera d’outre atlantique pour Laurent Boix-Vives, patron des Ets Rossignol, une paire de skis métalliques de la marque Head [Howard Head était ingénieur aéronautique]: les Ets Rossignol s’en inspireront pour fabriquer les Allais 60 sur lesquels Jean Vuarnet allait devenir champion du monde de descente à Squaw Valley en 1960. Ce ski connaîtra un succès foudroyant : à cette époque le marché américain ne concernait encore que peu de monde tandis que celui de l’Europe était déjà beaucoup plus développé.
13 02 1937
Léon Blum, devant la gravité de la situation économique annonce une pause dans les réformes.
3 03 1937
Premier numéro de Marie-Claire.
13 03 1937
L’encyclique Mit Brenneder Sorge – Au nom d’une poignante inquiétude – met en garde le régime nazi : la diffusion en est interdite en Allemagne, et les exemplaires détruits par la Gestapo.
Le nazisme est une véritable apostasie, une doctrine contraire à la foi chrétienne.
Pie XI
5 04 1937
Le Normandie reprend le ruban bleu au Queen Mary.
10 04 1937
Au Mexique le vieux continue, encore et toujours, à se battre : Le président Lâzaro Cârdenas a accepté qu’une commission menée par des étrangers vienne juger Trotsky au Mexique. C’est en première page et les crieurs courent sur les trottoirs. Cârdenas est accusé par la droite de bafouer la souveraineté nationale, et par les staliniens d’offrir une tribune au renégat diabolique. Le contre-procès se tiendra dans la maison bleue de Frida Kahlo, transformée pour l’occasion en forteresse, guérites et sacs de sable à l’entrée sur la rue Londres, hommes en armes. Sans doute on enferme ou déporte les animaux du jardin, le singe-araignée, le cerf, la poule. Les oiseaux n’osent plus venir boire aux vasques. Les audiences sont ouvertes le 10 avril 1937.
Le philosophe new-yorkais John Dewey, soixante-huit ans, démocrate, professeur à l’Université, spécialiste renommé des sciences de l’Éducation, a accepté de présider le jury. C’est une sommité morale qu’on ne peut soupçonner de soutenir ni Staline ni Trotsky. Pendant dix jours, du matin au soir, la commission fonctionne sur le modèle d’un tribunal. Les jurés interrogent et les avocats répondent, l’accusé dépose. Tous les débats se tiennent en anglais. Avec l’aide de Van, Trotsky a extrait des archives les multiples preuves qui doivent montrer l’inanité des accusations portées contre lui. L’enjeu est considérable. Trotsky a accepté de se livrer si son innocence n’est pas attestée. Avec une précision mathématique, Van présente les documents qui démontrent les incohérences des lieux, des dates, les fausses déclarations arrachées, décrivent la machinerie infernale des procès de Moscou. Staline veut justifier ses échecs et la famine qui sévit par la trahison et le sabotage, il veut aussi et surtout régner seul. Bientôt, Trotsky et lui seront les deux derniers survivants du Comité central de dix-sept.
La première grande mise en scène, le procès du Centre terroriste trotskyste-zinoviéviste, dit procès des Seize, s’est tenue quelques mois plus tôt, pendant que Trotsky était en Norvège, en août 1936. Tous les accusés, et parmi eux les vieux compagnons de Lénine, Zinoviev et Kamenev, ont été exécutés dès le lendemain du verdict. La seconde mise en scène, le procès du Centre antisoviétique trotskyste de réserve, dit procès des Dix-sept, s’est ouverte en janvier 1937, juste après l’arrivée de Trotsky à Tampico. Devant le procureur Vychinsky, les vieux héros torturés, dont les familles sont déjà incarcérées, s’accusent de tous les crimes dont Trotsky entreprend par l’étude des archives de les disculper.
Ses réfutations sont implacables et peu à peu il l’emporte, convainc. Lorsqu’on lui demande à la fin si c’était bien utile, s’il n’a pas vendu son âme au Diable en s’alliant avec ceux qui aujourd’hui bafouent la vérité, si, même innocent des crimes dont on l’accuse à Moscou, il ne reconnaît pas une part de responsabilité de la Révolution elle-même, si c’était bien la peine pour en arriver à la Loubianka, Trotsky répond par une phrase que Natalia et Frida, peut-être, comprennent mieux encore que John Dewey: L’humanité n’est pas parvenue jusqu’à présent à rationaliser son histoire. C’est un fait. Nous, êtres humains, n’avons pas réussi à rationaliser nos corps et nos esprits. Il est vrai que la psychanalyse tente de nous enseigner à harmoniser notre physique et notre psychologie, mais sans grand succès jusqu’à présent.
Quant aux alliances politiques qu’il a dû nouer, tout au long de l’action révolutionnaire dans laquelle il est engagé jour et nuit depuis l’âge de dix-huit ans, il ne peut rien regretter, parce que l’Histoire est ainsi, que c’est toujours dans l’instant présent qu’il faut agir, décider, et qu’attendre d’y voir clair, avec le recul nécessaire, c’est se condamner à ne jamais rien faire. Dès sa première rencontre avec Lénine, à Londres, au début du siècle, ils se sont opposés. Trotsky voyageait alors sous le pseudonyme de Pero et tout cela figure dans les archives. Le coup de génie et la fourberie de Lénine avaient été de donner le premier à son petit groupe le nom de Bolcheviks, les Majoritaires, et d’obliger tous les autres dont Trotsky, plus nombreux, à devenir les Mencheviks, les Minoritaires. Par la suite, il avait rejoint Lénine parce que sans leur union la Révolution aurait échoué, et qu’il ne fallait pas qu’elle échoue. Bien sûr, on peut s’enfermer dans une chambre pascalienne et ne commettre aucune erreur. On est autant responsable alors, devant l’Histoire, de n’avoir pas agi.
Il fait chaud dans le jardin de la maison bleue, des mouchoirs passent sur les visages et sur les nuques. La parole est à l’accusé et Trotski entame sa longue plaidoirie, une déclaration finale en anglais de plus de quatre heures : La question n’est pas de savoir si nous pouvons atteindre la perfection absolue de la société. Pour moi, la question est de savoir si nous pouvons faire de grands pas en avant, et non de chercher à rationaliser le caractère de notre histoire, sous prétexte qu’après chaque grand pas en avant, l’humanité fait un petit détour, et même un grand pas en arrière. Je le regrette beaucoup, mais je n’en suis pas responsable. Après la Révolution, après la Révolution mondiale, il est bien possible que l’humanité soit fatiguée. Pour certains, pour une partie des hommes ou des peuples, une nouvelle religion peut apparaître, et ainsi de suite. Mais je suis certain que ça aura été un grand pas en avant, comme la Révolution française. Bien sûr elle a fini par le retour des Bourbons, mais le monde a d’abord retenu l’avancée, les enseignements, les leçons de la Révolution française.
L’ensemble des audiences de la commission Dewey sera publié à New York sous le titre de L’Affaire Trotsky, un compte rendu de six cents pages, dont les conclusions déclarent l’accusé innocent des crimes dont il est accusé à Moscou. Un tel jugement démocratique, porté par des ennemis de l’Union soviétique, n’est pas de nature à inquiéter Staline, et peut-être alimente au contraire la théorie du complot, démontre la trahison de Trotsky, allié des capitalistes et des impérialistes, et accélère encore la machine infernale.
Dès le mois suivant, en mai 1937, s’ouvre en secret le procès de l’Organisation militaire trotskyste antisoviétique. L’Armée rouge est décapitée, tous les généraux et officiers accusés sont exécutés et parmi eux Ouborevitch, le vainqueur de Vladivostok. En mars 1938, ce sera le procès du Bloc des droitiers et des trotskystes antisoviétiques, dit procès des Vingt et un, dans lequel disparaîtra Boukharine qui avait accueilli Trotsky à New York pendant la Première Guerre mondiale. Et en marge des grands procès ce sont les purges, les exécutions, les camps, les centaines de milliers d’arrestations, bientôt les millions, les esclaves envoyés dans les mines de Sibérie. L’horreur qu’on découvrira dans vingt ans à la lecture du Ciel de la Kolyma d’Evguénia Guinzbourg, l’humanité avilie, la folie meurtrière. Lorsque des journalistes demandent à John Dewey son sentiment sur Trotsky, sur l’homme qu’il a côtoyé pendant ces journées, au-delà de son rôle historique, il répond que c’est un personnage tragique. Une telle intelligence naturelle, si brillante, enfermée dans des absolus.
Bien sûr il va mourir en exil, Trotsky, ce dernier témoin qui refuse de se taire, menacé par les communistes mexicains et par les fascistes sinarquistas, il s’en doute bien, mais tout recommencera, pour le meilleur et pour le pire. On sait la phrase de Bolivar. Celui qui sert une révolution laboure la mer. La Revoluciôn nunca se acaba. Dans vingt ans, Ernesto Guevara et la petite bande des clandestins cubains entreprendront en cordée l’ascension du Popocatéped, viendront endurcir leur corps dans la neige et affermir leur solidarité avant d’embarquer sur la Granma. Dans quarante ans, de nouveaux sandinistes chasseront la dictature somoziste au Nicaragua. Dans soixante ans, de nouveaux zapatistes se soulèveront dans l’État du Chiapas. Les nacelles montent au ciel et descendent à chaque révolution de la grand-roue Ferris, qui tourne dans le Volcan de Malcolm Lowry comme au-dessus de la Vienne ravagée de Graham Greene.
Patrick Deville. Viva. Le Seuil 2014
Dans les mêmes années, Horloogiyn Choybalsan, président de la Mongolie extérieure, se livrait au même type de purge que son grand modèle Staline, avec priorité donnée aux moines bouddhistes, mettant à mort entre 20 000 et 35 000 personnes.
14 04 1937
La France continue à réduire à la portion congrue sa tradition d’hospitalité : Vous devez refouler impitoyablement tout étranger qui cherchera à s’introduire sans passeport ou titre de voyage valable ou qui n’aura pas obtenu de visa consulaire s’il est soumis à cette formalité.
Lettre aux Préfets de Max Dormoy, ministre de l’Intérieur du Gouvernement de Léon Blum.
26 04 1937
En Espagne, la légion allemande Condor sous les ordres de Richtofen vient de bombarder Durango. Elle bombarde maintenant Guernica, la ville historique vénérée de tous les Basques, près de Bilbao ; c’est jour de marché ; à 16 h 30′, un bombardier Heinkel 111 largue son chargement et disparaît ; les habitants laissent passer quelques instants puis sortent des abris pour secourir les blessés ; 15 minutes après, passe la totalité de l’escadrille, larguant des bombes de diverses tailles, dont certaines incendiaires, puis repasse en mitraillant hommes, femmes, enfants, religieuses, bétail ; à partir de 17 h 15′, trois escadrilles de Burgos, en vagues successives couvrirent systématiquement la ville d’un tapis de bombes. On comptera entre 200 et 300 tués.[4]
En France, on trouvera évidemment des gens pour nier la réalité ; en 1896, c’est Maurras en personne qui était allé aux J.O. d’Athènes pour en dénoncer le cosmopolitisme ; cette fois-ci il envoie Pierre Héricourt pour nier les faits, et accuser les Anarchistes d’avoir organisé le massacre, par provocation : mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose, disait Voltaire.
La ville est en ruine, mais par le feu. La fable des avions allemands qui avaient déversé des tonnes de bombes, éclate aux yeux les moins avertis ! Après trois semaines de bombardement de gros calibre le Faubourg Pavé de Verdun ne présentait pas cet aspect lugubre d’une ville où la dévastation a été scientifiquement organisée et où le pétrole a été versé par les canalisations, afin de communiquer plus sûrement l’incendie à des groupes entiers d’immeubles. Sur les murs qui restent debout on cherche en vain les traces des éclats d’obus. Mais on sentait encore, en revanche, le 1er mai, lors de ma première visite dans ces mines, l’odeur d’essence.
Pierre Héricourt, envoyé spécial de L’Action française, 11 mai 1937
À Madrid, José Cazorla, le communiste responsable de l’ordre public, voit étalé en place publique l’existence des prisons secrètes qu’il a mises sur pied pour torturer et exécuter comme espions, traîtres, des socialistes, des anarchistes et des républicains.
27 04 1937
À San Francisco, inauguration du pont suspendu le plus long du monde : le Golden Gate Bridge, avec 2 725 m.
2 05 1937
À Barcelone, autour de l’immeuble de la Telefónica, sur la Plaza de Cataluña, la guerre civile s’installe dans la guerre civile espagnole, opposant communistes aux ordres de Moscou et l’ensemble des autres forces de gauche, principalement les anarchistes et les trotskistes. Chacun soupçonne chacun, les polices secrètes pullulent. Coté communiste, l’art de la manipulation et d’une propagande qui ne recule jamais devant l’invraisemblable, finiront par avoir raison des autres forces. Un rapport envoyé à Moscou deux mois plus tôt révélait que 27 des 38 commandements clefs du Front du Centre étaient occupés par des communistes et trois autres par des sympathisants. On verra des communistes refuser des munitions aux divisions qui ne le sont pas, on verra des officiers pointer leur revolver sur le dos de leurs soldats si ceux-là s’avisaient de reculer lors d’un assaut, on verra des jugements expédiés et des soldats fusillés – 400 par exemple le 24 juillet 1937 lors de la bataille de Brunete au sein de la division de Lîster, on verra un camp de concentration à usage interne des Brigades internationales, le camp Lukács : il comptera à partir du 1 août 1937 jusqu’à 4 000 hommes ! Au sein de ce concentré d’ignominies, d’aucuns s’efforçaient de faire entrer un peu d’oxygène : le commandant d’une brigade anglaise fit venir Paul Robeson, le chanteur noir américain et communiste qui les gratifia d’une soirée de concert.
6 05 1937
Le dirigeable Hindenburg explose et s’enflamme à Lakehurst : 35 morts, 63 blessés : c’est l’arrêt pour plusieurs décennies du transport par dirigeable.
15 05 1937
Le socialiste Juan Negrin élimine les anarchistes et les trotskistes du gouvernement républicain espagnol, mais ces derniers auront le pouvoir dès le mois de décembre en Catalogne et à Valence.
18 05 1937
Défaite des troupes franquistes à Guadalajara. La guerre est civile en même temps qu’internationale : Allemands et Italiens antifascistes se retrouvent aux cotés des républicains pour combattre leurs compatriotes envoyés par Hitler et Mussolini soutenir Franco : on entendra des harangues en allemand et en italien s’essayant à persuader celui d’en face de son erreur.
24 05 1937
Ouverture de l’exposition internationale des Arts et Techniques de Paris. Picasso a réalisé une grande toile : Guernica, après le massacre du mois précédent. Quelques années plus tard, un membre de la Gestapo, devant une photo du tableau, lui demandera : c’est vous qui avez fait ça ? Picasso répondra : Non, c’est vous ! Raoul Dufy a répondu à une commande et livre La fée électricité :
La fée électricité de Raoul Dufy, voilà une œuvre qui électrise son public ! Exposée MAM (Musée d’Art Moderne de Paris) depuis 1964, cette gigantesque fresque, considérée comme la peinture la plus grande du monde, se déploie aux yeux des visiteurs, sur une superficie de 624 m². Composée de 260 panneaux de contreplaqué peints et assemblés sur une surface de 62,40 mètres par 10 mètres, il aura fallu 10 mois à l’artiste Normand, avec l’aide de son frère Jean, pour réaliser cette décoration monumentale.
C’est à l’occasion de l’organisation de l’exposition universelle de Paris en 1937 que la commande est passée à Raoul Dufy. La Compagnie parisienne de distribution d’électricité souhaite raconter l’histoire de l’électricité, de l’Antiquité à nos jours, à travers un décor grandiose, installé sur le mur légèrement courbe du hall du Palais de la Lumière et de l’électricité. Malgré les délais très court, Raoul Dufy se plie aux exigences du commanditaire, ce qui, pour lui, est une véritable défi étant donné qu’à cette date, l’artiste n’a jamais réalisé un aussi grand format.
Pour relever le défi, Raoul Dufy rassemble une importante documentation sur la science, sur les dieux de l’Olympe ou sur la centrale électrique de Vitry sur Seine. Sur la partie supérieure de l’œuvre, on retrouve les thèmes favoris du peintre, entre voiliers, nuées d’oiseaux et bal du 14 juillet. En partie basse, ce sont 110 savants et inventeurs ayant participé au développement de l’électricité qui sont représentés. Au centre, place est faite à la mythologie et à la technique avec les dieux de l’Olympe, Iris messagère des dieux (fille d’Electra) et les générateurs de la centrale électrique reliés par la foudre de Zeus. Pour tenir les délais, l’artiste utilisa également une technique innovante en projetant et reproduisant, en grandeur nature, ses dessins sur les panneaux à l’aide d’une lanterne magique.
GEG – Gaz et Electricité de Grenoble
Trente et un millions de visiteurs en six mois. Le pavillon français sera en fait terminé seulement début juin, quand les pavillons allemand, japonais et italien étaient finis depuis le mois de mars. Bilan : 150 millions de recettes contre 1 443 millions de dépenses.
05 1937
Alphonse de Châteaubriant termine un voyage en Allemagne ; il en fera le récit dans Gerbes de forces qui sortira quelques mois plus tard ; il n’est pas dans l’esprit de ce blog de reprendre les délires d’un pauvre toqué qui aurait soliloqué du fond d’un vieux manoir de province, oublié de tous, car ce n’est pas le cas : Alphonse de Châteaubriant n’est pas un paumé submergé par le délire et l’exaltation ; c’est un écrivain qui a eu le Goncourt en 1911, le Grand prix du roman de l’Académie française en 1923. Avec La Brière, il fait l’un des plus forts tirages de l’entre-deux-guerres : 600 000 exemplaires, traduit dès 1924 en allemand, puis en anglais, publié par 26 éditeurs différents.
L’Allemagne hitlérienne est avant tout fondée je ne dis pas sur des déclarations pacifiques, mais sur une conception d’elle-même qui la place en face d’un immense idéal humain à prévaloir, idéal qui est aujourd’hui sa vision intime la plus chère et qu’elle ne peut réaliser pleinement et sûrement que dans la paix et par la paix.
[…] Chaque groupe, bien accroché à sa place dans l’enchaînement savant de l’édifice, possède à sa tête un Führer.
Nous n’avons plus ici, comme dans les pays parlementaires, la représentation des groupes, mais un principe d’action immédiate, qui, sous la forme d’un homme choisi parmi les meilleurs, déploie son dynamisme direct au sein des innombrables divisions de l’organisme. Et ce principe trouve son application à la base même de la société, parmi les groupes de Pimpfen et de Maedel, petits garçons et petites filles, lesquels comptent tous à leur tête un Führer, un chef, un guide, relié lui-même par ses chefs supérieurs aux étages les plus élevés de la direction de l’Empire. Et ce chef, ce guide est celui dont le caractère s’est avéré le plus fou et le jugement le plus sûr. Et ce jeune chef, comme tous ceux qui agissent au-dessus de lui, n’est pas seulement le meilleur, il est responsable ; et il a accepté volontairement et à l’avance toutes les conséquences résultant de cette responsabilité.
Ainsi, le chef, c’est-à-dire l’ordre, règne du haut en bas de l’édifice, dans une succession d’assises superposées, qui font ressembler la société allemande tout entière, non seulement en surface, mais en profondeur, à une vaste pyramide, dont l’armature inférieure reposant sur le sol, au sein de la famille même, et s’élevant peu à peu, apparaît au sommet, comme une pointe, sous la forme du Führer-Chancelier.
Ici, l’organisation du peuple tout entier se confond avec la structure de l’État… et l’on y voit fonctionner l’un par l’autre, étayés l’un sur l’autre, les deux principes indispensables l’un à l’autre : le principe démocratique et le principe des aristocraties.
Le National-Socialisme est une démocratie, contrôlée et dirigée par une aristocratie tirée de son sein et qui se renouvelle constamment.
[…] Depuis plusieurs années, par l’évolution d’un esprit toujours en mouvement, Hitler croit à la nécessité d’une entente franco-allemande. Parfois… il lui arrivait de penser au geste symbolique qu’il adressait à se anciens ennemis. Il rêvait d’aller seul lancer dans les eaux du Rhin une couronne de lauriers tressée à la gloire des soldats allemands et français morts pour leur patrie.
[…] L’Allemagne actuelle n’a aucun projet contre la France. Cet esprit de proie que nous lui prêtons n’est pas le sien.
[…] Hitler n’est pas un conquérant, il est un édificateur d’esprits, un constructeur de volontés. C’est à l’intérieur des âmes que son national-socialisme semble avoir construit sa cathédrale germanique ; et c’est pour cela qu’il s’est adressé aux forces profondes de l’amour et de la foi.
[…] Ses yeux sont du bleu profond des eaux de son lac de Koenigsee, quand le lac tout autour de Sank Bartholomae reflète les puissantes cassures striées de son Tyrol. Il est exaltant de se trouver près de lui quand il parle…. Son corps vibre, sans s’évader une seconde du galbe de sa tenue ; son mouvement de tête est juvénile, sa nuque est chaude…
[…] Je crois que l’analyse physiognomélique de son visage révèle quatre caractères essentiels : par la hauteur particulière de la tempe, un haut idéalisme ; par la construction du nez, dur et fouilleur, une très remarquable acuité d’intuition ; par les distance de la narine à l’oreille, une puissance léonine. La quatrième caractéristique est une immense bonté : il est immensément bon. Et je répète : bon, avec la conviction que cette affirmation scandaleuse n’empêchera pas les délicieux, les incomparables raisins français de mûrir sur les coteaux de Beaugency.
[…] Si Hitler a une main qui salue, qui s’étend vers les masses de la façon que l’on sait, son autre main dans l’invisible ne cesse d’étreindre fidèlement la main de Celui qui s’appelle Dieu. Et ce Dieu-là, c’est quelque chose qui ressemble singulièrement à celui qui jadis fit que Daniel dans la fosse aux lions ne fut pas déchiqueté.
Beaucoup de gens lisant ma phrase la mettront entre deux pointes de compas et souriront. Mais Hitler lui ne sourira pas.
[…] Les leaders catholiques français auront beau dénoncer et accuser l’anti-christianisme hitlérien, ce qui fait la force de l’Allemagne hitlérienne c’est son âme religieuse.
[…] L’on voit comment la pensée d’Hitler, malgré tout ce que l’on pourra objecter, plonge ses racines organiques dans l’eau généreuse et profonde du lac chrétien.
Hitler cherche à élever pour l’Allemagne un temple chrétien germanique au-dessus de la confusion humaine.
[…] Et qu’est-ce que ça peut nous faire qu’il donne le nom de germanique à son œuvre pourvu que Dieu vive !
[…] Les nationaux-socialistes sont le recommencement de l’œuvre de Dieu.
Alphonse de Châteaubriant. Gerbes de force. 1937
Et de ce délire, exalté, aveugle, on trouvera des journaux d’extrême droite pour en dire que c’était la Bible de la nouvelle France !
5 06 1937
Dans les usines d’Henry Ford, la semaine de travail est ramenée à 32 heures.
12 06 1937
Au début de l’année, à l’occasion des obsèques du roi Georges V, le maréchal Toukhatchevski, ministre adjoint de la Défense de l’URSS, a tenté de persuader les états major des pays démocratiques de la nécessité d’entreprendre une guerre préventive contre l’Allemagne. Ses propos ont été très mal perçus, tant à Paris qu’à Londres. Rentré à Moscou, il les répète en réunion du soviet suprême. Tout cela vient directement s’opposer aux projets, encore non déclarés de Staline de rapprochement avec l’Allemagne. D’autre part, le chef des SD, Reinhardt Heydrich a fabriqué un dossier constitué de faux de A à Z, établissant que le maréchal complote pour renverser Staline, et le lui fait parvenir. Il est arrêté et fusillé avec Iakir, Ouborévitch, Kork, Eidemann, Primakov et Boutna, dans la cour du NKVD, entourée de camions moteur allumé pour étouffer le bruit des coups de feu.
16 06 1937
Andres Nin, le principal dirigeant du POUM, [Partido Obrero de Unificación Marxista : Parti des Travailleurs de l’Union Marxiste], est exécuté sur ordre du NKVD de Moscou, assassinat mis sur le compte des nationalistes.
21 06 1937
Démission de Léon Blum.
30 06 1937
Pierre Étienne Flandin expose la situation financière : les caisses sont vides : il reste 20 millions de francs. La parité franc/argent ou or est supprimée : le franc flotte.
2 07 1937
Aux commandes d’un Lockheed 10 E Electra, avec son navigateur Fred Noonan, Amalia Earhart, première femme à avoir traversé l’Atlantique le 20 mai 1932, disparaît entre Lae en Papouasie-Nouvelle-Guinée et Hawaï, au-dessus de l’île Nikumaroro, dans l’archipel des îles Phoenix, Kiribati, avant d’avoir pu atteindre l’île Howland où ils devaient faire étape. Les derniers à avoir eu un contact avec Amelia Earhart et Fred Noonan sont les marins à bord de l’Itasca, un bateau envoyé par la marine américaine pour guider les aviateurs. Officiellement, elle tentait un tour du monde en survolant l’équateur, officieusement elle pourrait être partie sur demande du gouvernement américain pour un espionnage des installations japonaises. En 1940, on retrouvera sur cette île leurs restes ainsi que certaines pièces mécaniques et en 2023
De multiples hypothèses ont été avancées au fil des décennies et examinées par le biais de preuves, notamment un atterrissage d’urgence réalisé sur la minuscule île Nikumaroro. Des ossements ainsi que des vêtements retrouvés sur l’île sont encore en cours d’examen aujourd’hui, 87 ans après la disparition d’Amelia Earhart.
Et, fin 2023, Tony Romeo, dirigeant de l’entreprise Deep Sea Vision, pensera avoir retrouvé grâce à des drones sous-marins l’épave de l’avion à 160 km de l’île Howland.
6 07 1937
La commission britannique pour la Palestine propose d’abandonner le statut de mandat et de créer deux états, l’un arabe, et l’autre juif, plus un territoire sous mandat spécial pour les Lieux Saints : ces propositions sont rejetées par les intéressés.
7 07 1937
Un incident à Lugou qiao, au pont de Marco Polo, près de Pékin, déclenche la guerre entre la Chine et le Japon. Officiellement Guomin et communistes sont alliés contre le Japon. En fait, Tchang-Kaï chek s’est réfugié dans le Sseu-tch’ouan, et les communistes harcèlent les Japonais dans le nord et le nord-est. Sur l’ensemble de la guerre, Tchang-Kaï chek aura réussi à mobiliser près de 14 millions d’hommes, mal entrainés, mal nourris et donc vivant sur le pays de vols, de viols… de tout ce qu’il faut pour nourrir la haine des populations. Mao Zedong déclarera en 1945 avoir disposé d’une armée de 910 000 hommes et de forces auxiliaires de 2.2 millions de combattants.
10 07 1937
Nikita Kroutchtchev est responsable de l’organisation du Parti de Moscou : en vue du déclenchement de l’opération koulak, il remet son rapport à Staline : Au camarade Staline. Je vous communique que le nombre d’éléments criminels et koulaks installés à Moscou et dans sa région s’élève à 41 305 répartis ainsi : 33 436 éléments criminels, 7 869 éléments koulaks. Les matériaux existants (sic) permettent d’attribuer 6 500 éléments criminels et 1 500 éléments koulaks à la 1° catégorie soit un total de 8 000. 26 936 éléments criminels et 5 272 éléments koulaks à la 2° catégorie.[5]
1° catégorie, dans le langage du NKVD, cela signifie la peine de mort, 2° catégorie, c’est 10 ans de camp.
Parallèlement se déroule le procès des Quatorze qui élimine Boukharine, le procès des Généraux, qui élimine 90 % des généraux, 80 % des colonels. Quatre ans plus tard, face à une Wehrmacht toute puissante, la Russie paiera très cher ces assassinats de masse. Pour juger tout ce monde, le procureur Vychinski, secondé par le nabot sanguinaire Nicolai Jejov – 1.52 m. – grand maître du NKVD (ex Guépéou) disposait de près de 300 000 hommes. Car il ne s’agissait pas d’éliminer seulement les élites : on estime à 750 000 le nombre de fusillés en 16 mois à partir de juillet 1937, et à un million les déportés au goulag. On observa un silence assourdissant dans tous les pays d’Europe occidentale : on ne fait rien qui puisse gêner Staline.
07 1937
Conspués par les spectateurs qui leur jettent du poivre dans les yeux, les coureurs belges du Tour de France abandonnent collectivement.
28 07 1937
À Megève, la décence tient encore le haut du pavé :
ARRETE MUNICIPAL
concernant les Bains de soleil
NOUS, MAIRE de la commune de Megève
Vu l’article 50 de la loi des 14/22 décembre 1872
Vu les articles 91; 94 ; 97 de la loi du 5 avril 1884 sur l’administration municipale.
Vu les articles 330 ; 471 ; N° 15 et 475 ; N° 12 du Code Pénal
Considérant que la Commune de Megève organisée à la fois en Station de Tourisme et en Station d’Enfants, doit demander la répression de tous faits pouvant porter atteinte à sa réputation de bonne moralité, décence et protester contre les pratiques modernes du nudisme [7]
Considérant qu’il importe de réglementer dans l’intérêt de la décence publique et du respect des mœurs l’usage des bains de soleil.
ARRETONS
Article 1. Il est formellement INTERDIT de prendre des bains de soleil dans les lieux se trouvant être à la vue des passants ou voisins.
Article II. Le port du maillot complet est rigoureusement obligatoire pour les baigneurs de soleil des deux sexes.
Article III. L’usage des culottes courtes (shorts) ; jambes nues au-dessus du genou est interdit à partir de l’âge de 16 ans.
Article IV. Le caleçon à mi-corps ne sera admis que pour les enfants ne dépassant pas l’âge de 10 ans.
Article V. Il est interdit de se promener en maillot de bains sans être recouvert d’un peignoir dans les rues, chemins, promenades publiques et dans tous lieux pouvant être vus des passants ou voisins.
Cette interdiction est également applicable aux personnes des deux sexes dans les bars, cafés restaurants.
Article VI. Les contraventions au présent Arrêté seront constatées par des Procès Verbaux et poursuivies conformément aux Lois.
A MEGEVE le 28 Juillet 1937. Le Maire Signé : FEIGE
Vu pour récépissé à Bonneville, le 29 Juillet 1937, le S/S. Préfet Signé VILLEGER
fin 07 1937
À Vogelenzang Bloemendal, en Hollande, Baden Powell, 80 ans fait ses adieux à 28 000 scouts de 54 pays réunis pour le 80° jamborée : Le temps est venu pour moi de vous dire au revoir. Je veux que vous meniez des vies heureuses. Vous savez que beaucoup d’entre nous ne se reverront plus jamais dans ce monde.
Au milieu d’eux, Guy de Larigaudie et Roger Drapier, au volant d’une vieille Ford 19 CV immatriculée 5445 RK3, 4 cylindres, qui affichait 70 000 km, et baptisée Jeannette [les Jeannettes sont la branche féminine des Louveteaux chez les scouts] achetée 5 000 F [2 800 €], au volant de laquelle ils vont se lancer dans la grande aventure de leur vie : la première liaison automobile Paris-Saïgon. Madame Cornateanu, directrice du Figaro leur a donné une aide financière consistante.
Le départ sera donné de Saint Martin de Ribérac, en Dordogne, berceau de la famille Larigaudie, dans les jours suivants. Politiquement, les bruits de botte montent en puissance : la guerre d’Espagne fait rage, les communistes y règlent des comptes lugubres avec les Brigades Internationales et les Anarchistes, la légion Condor a bombardé Durango, puis Guernica quelques mois plus tôt, la Chine a déclaré la guerre au Japon. L’itinéraire : Genève, Innsbruck, Vienne, Budapest, Belgrade, Sofia, Plovdiv, Andrinople [aujourd’hui Edirne] Istanbul, Angora, Konya, Adana, Alexandrette, Antioche, Beyrouth, Haïfa, Jaffa, Tel Aviv, Jérusalem, Bethléem, Nazareth, Damas, désert de Syrie [1 300 km de pistes, 180 litres d’essence, 100 litres d’eau], Palmyre, Abu-Kemal, Ramadi, Al Faluja, Bagdad, Hamadan, Téhéran, Mashad, Hérat, Farrah, Giriskh, Kandahar, Ghazni, Kaboul, Khyber Pass, Peshawar, Delhi, Bénarès, voie ferrée Calcutta-Chandpur-Chittatong, Cox-bazar, Akyab, Maungdau, Alethangaw, Rangoon, Taungup, Xien-Ray, descente du Mékong, Luang Prabang, Xien-Kouang, Ton Hoa, Hanoï, Hué Phnom Penh, Angkor, Baie d’Along Cao Bang. Saïgon. Dans les passages les plus difficiles, la consommation grimpe à 70 l/100, elle est en moyenne de 40 l/100.
Ils vendront Jeannette aux enchères à l’américaine pour une piastre à la meute louveteau de Saïgon qui en fera don au clan routier. Le retour se fera sur le Forbin avec une belle tempête. Ils se verront offrir une croisière à Sumatra et Bali. Roger Drapier trouvera une belle situation chez Ford à Saïgon : ce qui était sans doute aucun la meilleure façon pour Ford de faire une fleur à ces Français, dont la Jeannette lui avait fait la meilleure publicité qui fut. De plus, c’était une manière d’effacer la muflerie de l’amiral Byrd, américain quand celui-ci n’avait pas daigné répondre à André Citroën qui lui demandait en 1934 de lui restituer au moins un des trois chenillettes qu’il lui avait prêté pour son expédition en Antarctique !
À son retour en France, le 4 juillet 1938 au port de Marseille, Guy de Larigaudie racontera son voyage au journaliste de Radio Paris 1.
Dix ans plus tôt, l’allemande Clärenore Stiness, avait effectué le premier tour du monde en voiture : en bonne allemande, l’intendance suivait et il n’est que de voir une photo de leur voiture lors du départ pour s’en persuader : chargée comme un taxi-brousse africain, jusqu’à au moins 4 mètres de haut, et en plus suivie d’un camion accompagnateur qui, lui, rendra l’âme avant d’avoir bouclé la boucle. Elle avait choisi d’ignorer l’Himalaya, en quittant Téhéran vers le nord-ouest pour passer à l’ouest de la Caspienne et gagner Moscou. traversant la Sibérie selon un parcours à peu près identique à celui du transsibérien.
Cinq ans plus tôt, c’était la Croisière Jaune avec toute la logistique impressionnante d’un grand constructeur européen : Citroën.
Et, là, que voit-on ? Deux jeunes qui ne sont encore pas tout à fait des hommes quitter la douce Dordogne au volant d’une voiture rutilante, saluant gaiement leurs proches comme s’ils partaient draguer sur la Côte d’azur ! Étonnant !
Et puis, en feuilletant leur carnet de voyage, on découvre qu’en fait ils ont fait un choix judicieux : animés d’une ardente foi catholique – un chapelet par jour, pendant tout le voyage, s’il vous plait – ils sont de plus scouts, mouvement éminemment international : il leur suffira de frapper aux portes des très nombreux établissements religieux – missions, écoles et collèges, séminaires, couvents etc. – qu’ils trouveront sur leur route pour que leur soit offert le gîte et le couvert, et parfois même une révision complète de la voiture ! Ce n’est certainement pas en traversant la Russie de Staline pas plus que l’Himalaya musulmane, bouddhiste, brahmaniste, voire même chamaniste qu’ils auraient pu disposer de pareil accueil ! Avec une option sud, côtière, ils avaient l’assurance de voir s’ouvrir très souvent des portes hospitalières. L’internationale catholique aura fonctionné à plein.
Bien sûr, cela n’enlève rien à leur immense débrouillardise, à toutes les solutions trouvées pour faire passer leur voiture là où jamais aucune ne s’était aventurée, des trucs à la Mc Giver, bien avant Mc Giver. Le pont est-il trop étroit ? on mettra des madriers en travers et d’autres dans le sens de la marche et roule ma poule ! la piste à flanc de montagne ne peut laisser passer qu’un âne ? on attachera avec des cordes le coté qui regarde le vide et on passera les cordes d’un arbre à l’autre ; la pente est trop raide ? on fabrique en amont un cabestan et on hèle la voiture… les innombrables bras du Gange n’ont jamais été traversés par une voiture ? on la mettra sur des radeaux de bambou, tirés par des buffles… incroyable ! Gloire de la poulie, partie essentielle de toutes ces innombrables galères.
Les catholiques fervents attribueront leur succès à la Providence, ceux qui osent en douter, à l’efficacité du réseau de relais catholiques et au génie de leur débrouillardise. On trouve les très élégants croquis de Guy de Larigaudie sur ce système D sur www.fr.calameo.com. Il sera tué le 11 mai 1940, au sein du 11° régiment de cuirassiers, affecté à un groupe de reconnaissance à cheval, dans un bois près de Musson, dans la région de Virton, en Belgique.
3 08 1937
Les Chinois du Guomintang, commandés par le général Xue Yue, supérieurs en nombre aux Japonais, mais inférieurs en armement, (leurs avions abattus ne pouvaient être remplacés, contrairement à ceux des Japonais), résistent à Shangaï jusqu’au 26 novembre et se replient alors sur Nankin, leur capitale.
11 08 1937
Sur ordre de Staline, des exécutions de masse commencent à Sandarmokh, en Carélie ; elle vont se poursuivre pendant 14 mois. Ouvriers, paysans, fonctionnaires, travailleurs culturels, artistes, prêtres et militaires. Parmi les personnes abattues, on compte 3 500 habitants de la République socialiste soviétique autonome de Carélie et environ 3 000 prisonniers du canal Mer Blanche-Mer Baltique. De plus 1 111 prisonniers du camp de prisonniers des Îles Solovki y sont exécutés. Plus de 60 nationalités sont représentées chez les victimes : 2 154 Russes, 762 Finlandais, 676 Caréliens, 493 Ukrainiens, 212 Polonais, 184 Allemands 89 Biélorusses… Jusqu’à 9 500 personnes…
27, 28 08 1937
Les enfants mineurs de la colonie pénitentiaire d’Aniane, dans l’Hérault, implantée sur l’emplacement de l’abbaye bénédictine de Saint Benoît d’Aniane, se révoltent. Il faut savoir jusqu’à quel degré de perversité, de mépris, l’administration pénitentiaire avait dérivé : l’existence de grands dortoirs avait laissé s’installer un état de violence, notamment sexuelles, entre les délinquants telle qu’avait été mis en place un système rendant impossible tout contact physique entre les détenus : des cages individuelles de 2 m. X 1.5 m., dont l’ouverture/fermeture ne dépendaient que des seuls gardiens ! Les dortoirs des camps de concentration des nazis ne seront pas pires !
À 8 heures du soir, les 120 pupilles du dortoir n° 3 montent l’escalier qui va au dortoir, les 60 premiers arrivent, refusent de se coucher et brisent les vitres, les portes, les ampoules électriques et jettent tous les morceaux dans l’escalier. Un gardien et le directeur qui interviennent sont blessés… Les mutins descendent alors dans la cour n° 2 et essaient d’entraîner les pupilles de la cour n° 3 [il semble d’après la presse locale que les pupilles des cours 1 et 3 refusent de faire cause commune…]. Le feu est mis aux copeaux de l’atelier de menuiserie ce qui embrase les ateliers voisins. Les mutins franchissent le chemin de ronde et prennent la clé des champs.
[…] Le secrétaire général de la préfecture est sur les lieux dès 21 heures 30, ainsi qu’une cinquantaine de gendarmes. À 23 heures arrivent les gardes mobiles d’Agde… Vers une heure du matin les pupilles massés dans la cour regagnent leur dortoir.
Le Petit Méridional, samedi 28 août 1937
Une nouvelle révolte a lieu le lendemain où une dizaine de colons mettent à nouveau le feu à un atelier. Selon le directeur qui l’exprime devant la presse, le climat était mauvais depuis quelques jours, il craignait des incidents. Sur les 25 pupilles échappés, 18 sont arrêtés dans les 24 heures.
L’Éclair, samedi 28 août 1937.
31 08 1937
Les compagnies de chemin de fer sont nationalisées et deviennent la SNCF : Société Nationale des Chemins de Fer.
31 10 1937
Mussolini inaugure à Rome, Piazza di Porte Capena, l’obélisque d’Axoum, ville du nord de l’Éthiopie ; il en reste deux, dont un à terre, probablement tombé par la faute des pilleurs de tombes, qui creusaient des galeries à tort et à travers. Ils ont été érigés aux III° et IV° siècle après J-C, sous le règne d’Ezana, premier roi chrétien du royaume d’Axoum. Les dimensions en font les plus grands monolithes jamais élevés par l’homme : 24 m de haut, 160 tonnes. Les soldats de Mussolini ont dû agrandir des routes, construire des ponts, pour franchir les 400 km qui séparent Axoum de Massawa, aujourd’hui en Érythrée. En 1998, l’Italie acceptera le principe de la restitution, mais cela se fera avec une évidente mauvaise volonté : un ministre de Berlusconi déclarera : l’obélisque est un citoyen naturalisé. Il quittera tout de même Rome en novembre 2003, coupé en trois. Trouver l’argent pour remonter l’ensemble sur site sera encore une autre histoire.
10 11 1937
Le Nobel de littérature va à Roger Martin du Gard.
Lorsqu’on est décidé à prendre au sérieux la vérité et à suivre notre conscience, il est bien difficile d’être de son parti sans être un peu de l’autre.
Roger Martin du Gard. Jean Barois
18 11 1937
En Turquie, à Dersim, centre est de la Turquie, au sud de Trobzon, Mustafa Kémal fait exécuter le chef de la résistance kurde, Seyit Riza : il a 81 ans ! Ces Kurdes sont de confession alevi. La première révolte kurde remontait à 1925, et dès cette date, l’État turc s’était préparé à la répression, qui sur les deux ans à venir va sévir ; le bilan sera très controversé, selon les sources : de 7 594 à 80 000 morts. Des milliers de personnes déportées vers l’ouest. En novembre 2011, le premier ministre Recep Tayyip Erdoğan s’excusera officiellement, au nom de l’État turc, pour le massacre perpétré à Dersim.
13 12 1937
L’armée du Mikado, l’empereur du Japon, entrée la veille à Nankin se livre à une tuerie sans pareil sur les habitants et les soldats chinois de Nankin, alors quartier général de la résistance du Guomindang. Pour économiser les munitions on tue à l’arme blanche. Les troupes chinoises avaient reçu la veille l’ordre d’évacuer la ville et cela se fit dans une indescriptible pagaille : il fallait traverser le Yangzi, dans lequel périrent des milliers d’hommes, simplement noyés car les embarcations étaient surchargées ou tués par les mitrailleuses de la flottille japonaise ; les jours suivants la quasi totalité des soldats chinois faits prisonniers furent tués : 13 500 abattues à la mitrailleuse.
Vous exécuterez tous les prisonniers conformément aux ordres de votre brigade. En ce qui concerne la méthode d’exécution, pourquoi ne pas constituer des groupes de douze soldats que vous attacherez ensemble et fusillerez les uns après les autres ?
Ordre reçu par le 1° bataillon du 66° régiment d’infanterie, 114° division, le 13 décembre.
On comptera encore entre 8 000 et 20 000 viols. Au total, cela représente entre 50 000 et 90 000 morts. Mais on lit aussi des chiffres de 200 000 victimes. Le général Matsui, proche de la retraite, avait voulu mener une opération rapide et décisive. Il sera condamné au procès de Tokyo en 1948 pour ne pas avoir empêché les massacres. La Kempetai, la redoutable police militaire obéissait au principe des trois tout du général Okamura : tout tuer, tout brûler, tout piller. Le prince Asakasa, premier responsable du carnage, ne sera pas inquiété après la guerre.
Les Japonais atteindront au printemps 1938 à l’ouest, la province du Shanxi, puis celle du Shaanxi., sans jamais réussir à passer le fleuve Jaune.
1937
L’industrie du cinéma est à son apogée : en cette année 1937, ce ne sont pas moins de 567 films qui sortiront des studios d’Hollywood : plus de dix par semaine ! Bien entendu, business is business, et, quand il s’agira de films destinés à être projetés dans les salles allemandes, les chefs des grands studios américains – tous juifs, à l’exception de Daryl F. Zanuck, qui dirigeait la Fox – ont activement collaboré avec le régime nazi. La Metro Goldwyn Mayer, Universal, Paramount, la Fox et la Warner se sont pliés aux exigences de Berlin, la plupart du temps pour préserver leurs intérêts en Allemagne, l’un des principaux marchés européens. Avant 1939, aucun film explicitement antinazi ne sera produit aux États-Unis, certains projets avortant après l’intervention de Georg Gyssling, consul allemand à Los Angeles, d’autres – comme l’adaptation du roman antinazi de Sinclair Lewis It Can’t Happen Here (Cela ne peut arriver ici, 1935) par la MGM – étant abandonnés par un studio soucieux d’éviter la controverse. Carl Laemmle, né en Allemagne, fondateur d’Universal avait été le premier à subir la colère des nazis lorsque ceux-ci, en 1930, avant leur arrivée au pouvoir, parvinrent, à force d’intimidations, à obtenir des coupes dans l’adaptation d’À l’Ouest rien de nouveau, d’Erich Maria Remarque, par Lewis Milestone.
Les catholiques ont le Vatican. Les Musulmans ont la Mecque. Les communistes, Moscou. Les femmes, Paris.
Mais pour les hommes et les femmes de toutes les nations, de toutes les croyances, de toutes les latitudes, une ville est née depuis un quart de siècle, plus fascinante et plus universelle que tous les sanctuaires. Elle s’appelle Hollywood.
Hollywood !
On y fabrique, à destination de la terre entière, des songes et du rire, de la passion, de l’effroi et des larmes. On y construit des visages et des sentiments qui servent de mesure, d’idéal ou de drogue à des millions d’êtres humains. Et de nouveau héros s’y forment chaque année pour l’illusion des foules et des peuples.
Y a-t-il encore dans les campagnes ou dans les villes une jeune fille, un jeune homme qui, ne fut-ce qu’un instant, n’ait frémi, n’ait aimé sous le ciel de ses constellations ?
Hollywood …
Quand je disais que je venais de ses studios, un feu de curiosité quasi barbare se levait au fond des visages impassibles dans les villages indiens du Mexique, dans les petits ports vénézuéliens noyés sous l’éblouissante humidité tropicale. J’avais parcouru pourtant des milliers de kilomètres en avion. Puis un bateau m’avait porté longuement d’escale en escale. Je croyais toucher à l’humanité la plus simple, la plus nue. Mais l’envoûtement de la cité magique avait pénétré jusque-là.
Et n’a-t-elle point au service de sa renommée et de ses gloires, pour débiter les bêtises de sa vie de chaque jour, plus de journalistes que n’importe quelle capitale du globe ?
Hollywood…
Terre des hyperboles et des surnoms – movieland, filmlalnd, starland – terre par elle-même dévorée, arrachée à tout, placée sur le rivage bleu et or d’un continent immense, baignée par le plus vaste océan, elle ne participe à aucune de leurs convulsions, elle laisse mourir toutes les rumeurs et tous les appels sur son seuil. Planète étrangère à la nature, elle continue de rouler à travers les cataclysmes et les effondrements, traînant dans son sillage ses artificielles féeries, ses figures consacrées, ses baisers et ses trahisons comme autant de mécaniques sortilèges.
Tel est le sens absurde et fantastique de cette ville qui, par son destin et son influence, ne se peut comparer à nulle autre. Quel est donc son accessible et visible appareil ?
Des lisières de Los Angeles, un immense quadrilatère bâti s’étire vers le Pacifique, ses plages et ses grèves. Qu’importe les noms qui désignent les différents fragments de cette figure géométrique : Beverly Hills, Glendale, Santa Monica, Big Sur ; il n’y a pas de solution de continuité entre ces quartiers. N’ont-ils pas foisonné autour de la cellule mère comme des racines secondaires se répandent et s’agrippent au sol ? Ne sont-ils pas régis par les mêmes formes, les mêmes lois, le même rythme, le même enchantement ?
De nouvelle communes pourront naître, plus luxueuses encore plus spacieuses, étendant à travers les vergers et les prairies le profil démesuré de Hollywood… C’est ce dernier nom qui, seul, est connu par le monde qui, seul porte en lui toute l’efficacité, tout le rayonnement. Pourquoi se servir des autres ?
Ainsi, le long des quatre ou cinq avenues qui s’allongent sur des dizaines de kilomètres, c’est Hollywood qui joint Los Angeles à l’océan. On sent partout son exigence exclusive, son style inexorable.
La nature, pourtant, proposait en ce lieu les meilleures armes contre l’uniformité. Elle y a fourni aux hommes des collines, une plaine, un rivage. Et les hommes, là plus que nulle part, ont eu à leur disposition les ressources que fournissent l’argent, la fantaisie, l’espace et la hardiesse.
Ils ont utilisé tous ces moyens. Ils ont construit, rasé et reconstruit. Des fortunes ont été jetées joyeusement dans la terre, dans les murs et les toits, les jardins et les meubles.
Entre les avenues posées comme des drains géants, au flanc des monts, le long des plages, des demeures basses et fines, cottages, bungalows, hôtels particuliers, se suivent avec un bonheur presque parfait. Très peu ont mauvais goût. Le nombre des maisons charmantes étonne et, au premier abord, séduit le regard sans mélange. La variété ne nuit pas à l’harmonie. Partout des jardins où miroitent des piscines. Partout des jets d’eau, des lumières savantes. Bordées de pelouses, de palmiers et de sycomores magnifiques, les allées semblent fondre dans une brume radieuse qui tient de l’idylle puérile et du conte pour grandes personnes.
Des hauteurs, on découvre un paysage adorable dallée de vert et haché de belles ombres, soutenu par les collines, amplifié part l’océan. Tout, je le répète, a été fait par la nature et par les hommes pour donner à Hollywood la diversité de la grâce et de l’agrément.
Mais dans ces allées féeriques, on n’entend pas un cri d’enfant, pas un aboiement de chien, on n’aperçoit pas une silhouette aux fenêtres.
Mais dans ces maisons, où le confort intérieur est égal à la simplicité somptueuse des façades, on ne sent pas de vie. Elles sont, même habitées par dix personnes, comme vides et interchangeables.
Mais dans les plus grandes artères, il n’y a pas de passants. Les automobiles roulent, roulent sans arrêt les unes derrière les autres, comme les anneaux d’une chaîne sans fin, entre les trottoirs déserts. C’est la seule ville au monde où l’on voit les camelots vendre les journaux au milieu de la rue, aux carrefours où les signaux lumineux et les bras mécanique arrêtent, pour quelques secondes, les flux des voitures.
Mais pour voir un ami, pour acheter un grape-fruit – dans ces marchés aux piles rigoureuses qui ressemblent à des halls d’usine – il faut faire des kilomètres et des kilomètres.
Tous est loin, tout est glacé, tout s’engrène automatiquement, et la beauté et la grâce elle-même, sous un ciel qui semble, par sa tiédeur, dissoudre le sang du nouveau venu.
Ce caractère réel, inhumain, cet apprêt inefficace, ce jeu sans chaleur ni vie est plus fort que toutes les richesses et que tous les prestiges. Et c’est lui qui donne à Hollywood une monotonie et une vanité de rêve sans substance.
Joseph Kessel. Hollywood, ville mirage, 1936
La Russie a trouvé son savant, – enfin une science marxiste ! – : Trofim Lyssenko, qui réfute les thèses de Mendel sur l’hérédité, et veut remplacer l’enseignement d’une science bourgeoise par celui d’une science prolétarienne. Sa victoire est celle du terrorisme idéologique. Le faussaire truquait ses expériences pour faire croire que l’on pouvait facilement obtenir du seigle à partir du blé, de l’orge à partir de l’avoine, du rutabaga à partir du chou, un sapin à partir d’un pin ; il aura mis en œuvre la plantation de murs constitués de millions d’arbres pour détourner le vent : un fiasco à grande échelle. etc…
Trofim Lyssenko, biologiste russe, est au sommet de sa gloire. Il a acquis sa notoriété grâce à ses travaux sur la vernalisation, procédé qui consistait à plonger dans l’eau, puis à refroidir des graines provenant de la moisson d’automne, ce qui provoquait une germination plus hâtive. Cette moisson n’était pas une invention de Lyssenko, on la connaissait déjà au XIX° siècle. Lorsqu’il l’expérimenta sur du blé d’hiver, Lyssenko l’estima efficace pour obtenir que même des graines plantées au printemps mûrissent avant les gelées fatales de l’automne. Il l’essaya alors sur du blé de printemps et, en 1929, annonça que les changements dus à la vernalisation se transmettaient aux générations suivantes, si bien qu’il n’était pas besoin de renouveler le traitement de vernalisation tous les ans. Cette conception essentiellement lamarckienne s’accordait fort bien à la croyance marxiste selon laquelle l’environnement, et non l’hérédité, est déterminant. La conception de Lyssenko devint la politique soviétique officielle, bien que la production n’augmenta pas, contrairement aux prédictions de Lyssenko.
Puis Lyssenko proclama que la théorie chromosomique était idéaliste et que l’on pouvait provoquer l’apparition par évolution de nouvelles plantes, en changeant simplement leurs conditions de nutritions. La génétique de Mendel fut alors totalement évincée de la biologie soviétique. En 1937, le pouvoir de Lyssenko était tel qu’il devint dangereux de s’élever contre ses théories.
Colin Ronan Histoire mondiale des sciences. Seuil. 1988
Il faudra attendre 1952 pour les biologistes soviétiques puissent envisager de répudier Lyssenko.
Le généticien et biologiste russe mondialement connu, Nikolaï Vavilov, qui défendait la théorie du gêne, sera finalement arrêté pour ses idées, en 1941, et condamné à la prison par un tribunal militaire, il y mourra de faim deux ans plus tard. Il avait constitué, grâce à ses nombreuses expéditions et à ses expérimentations dans des stations scientifiques réparties sur l’immense territoire de l’URSS, une banque de semences sans équivalent. Durant le siège de Leningrad, ses collaborateurs à l’Institut pansoviétique des productions végétales préféreront mourir de faim, eux aussi, plutôt que de livrer les précieuses semences. Aujourd’hui, l’Institut porte le nom de son fondateur. Et les milliers de boîtes métalliques contenant le patrimoine de la biodiversité alimentaire de l’humanité y sont toujours conservées…
Le Japonais Kaname Akamatsu, économiste, établit un modèle de développement économique pour l’Extrême Orient, dit en vol d’oies sauvages : ce modèle de division régionale du travail permettra de lire le développement économique de la région durant les 30 Glorieuses :
Le modèle sera perfectionné par Shinoara en 1982. Le pays de tête par habitant produit et exporte des biens sophistiqués vers les pays intermédiaires, qui eux-mêmes abandonnent progressivement les productions banalisées aux derniers arrivants. Cela permet la croissance du revenu par habitant de tous dès lors que le pays de tête (Japon) remonte progressivement en niveau technologique, laissant la possibilité aux autres partenaires de rentrer dans des secteurs plus productifs pour eux. Les pays d’Asie du Sud comme l’Inde ou le Pakistan n’auront jamais bénéficié de cette dynamique et leur revenu par habitant croitra beaucoup moins vite. Parti au même niveau au moment de l’ouverture de la Chine dans les années 1990, le revenu par habitant des Chinois sera en 2010 quatre fois supérieur à celui des Indiens.
Inauguration de la plus haute route d’Europe, par le col de l’Iseran, à 2 770 m. Le ministre des sports Léo Lagrange met sur pied l’Ecole Nationale du Ski Français.
En Allemagne, il y a déjà 5 camps de concentration : Dachau est le premier à avoir été mis en service, dès mars 1933, puis, la même année, Oranienburg. Quatre autres ouvriront : Sachsenhausen, Lichtenberg, Buchenwald et Ravensbrück ; à la veille de la guerre, ils compteront environ 8 000 prisonniers, opposants des nazis.
Fort de sa mission de Messie du genre humain, ce peuple de seigneurs, cette race de maîtres, s’entraîne déjà à compter quelles légitimes violences devront être imposées aux mâles des peuples vaincus et quelles hontes pèseront sur leurs femmes et leurs enfants. Un statut nouveau de l’humanité se prépare, un droit particulier est élaboré : le racisme hitlérien nous fera assister au règne tout-puissant de sa horde.
Charles Maurras, avant-propos de Devant l’Allemagne éternelle.
Le Fianna Fáil d’Eamon de Valera dote l’Eire [l’Etat libre d’Irlande] d’une nouvelle Constitution dans laquelle n’apparaît aucune référence à la couronne britannique. Dans les faits, l’Irlande était donc devenue une république indépendante, avec un président, une première langue officielle – le gaélique -, et un statut bien spécial pour l’Église catholique. Pendant la 2° guerre mondiale, Dublin, estimant avoir déjà bien assez donné pendant le 1°, choisira la neutralité.
15 01 1938
Le général d’aviation Vuillemin, membre du Conseil supérieur de l’Air, commandant le premier corps aérien, héros de la 1° guerre – il a abattu 10 appareils ennemis -, écrit à Guy La Chambre, successeur de Pierre Cot au ministère le d’air :
Aucune mission de jour, par beau temps, n’est possible sans risquer des pertes considérables.
Les missions de nuit ne pourraient être effectuées que sur des objectifs facilement repérables, pas trop sérieusement défendus et seulement par une partie de notre aviation, le Bloch 210 étant jugé inapte, parce qu’il se voit la nuit aussi bien que le jour (pots d’échappement).
Les missions par temps nuageux ne pourront guère se faire qu’en été, et encore, en prenant de grandes précautions, faute d’instruments et systèmes divers indispensables (dégivreurs, sondeurs acoustiques, etc )
[…] La situation est extrêmement grave. Nous ne savons pas ce que l’avenir nous réserve. Mais je suis bien convaincu que, si un conflit éclatait cette année, l’aviation française serait écrasée en quelques jours.
Il ne faudra attendre que vingt huit mois pour que les faits viennent confirmer les prédictions.
Il dit, il écrit, il répète que tout va mal, que les états hebdomadaires de sorties d’avions sont truqués, que nos avions de bombardement Bloch 210 et 131 sont largement surclassés, que partout règne la gabegie, le mensonge et que la désorganisation est la règle.
Henri Amouroux. Le peuple du désastre 1939-1940. Robert Laffont 1976
12 02 1938
Hitler convoque à Berchtesgaden le chancelier autrichien Kurt von Schuschnigg, pour lui imposer de prendre dans son gouvernement deux ministres aux sympathies nazies affichées, dont Seyss-Inquart, pour leur confier l’Intérieur et la Guerre, et lui ordonne aussi de libérer tous les prisonniers nazis.
18 02 1938
Abrogation de l’article 213 du Code Civil selon lequel la femme devait obéissance à son mari.
02 1938
À 16 ans, James Couttet devient champion du monde de descente à Engelberg, en Suisse. Dans les années 50, il mettra au point le christiania [6] léger. Emile Allais remporte le combiné.
4 03 1938
Création de l’échelle mobile des salaires : à partir d’une augmentation du coût de la vie de 5 %, tous les salaires sont indexés.
9 03 1938
Le chancelier autrichien Kurt von Schuschnigg annonce un référendum sur la question de l’indépendance de l’Autriche. Inacceptable pour Hitler
12 03 1938
L’Allemagne envahit l’Autriche : l’Anschluss. L’Autriche devient l’Ostmark – Marche de l’Est -. Une bonne majorité d’Autrichiens approuvait le coup de force d’Hitler. C’était préférable pour lui, car, sitôt passée la frontière ce ne sont pas moins de 70 % de ses panzers qui tomberont en panne : ça fait désordre. Lui-même piqua une mémorable colère quand il réalisa que ces panzers l’empêchaient de passer ! un comble !
Les musiques militaires elles-mêmes, sont des ensembles d’automates. De jeunes hommes regardent, suffoqués, ces figurants de cirque tragiques qu’ils ont un instant applaudis. Eux aussi, ils devront demain, ces ingénus, vêtir cette camisole de force… Déjà, des instructeurs nazis les alignent sur les trottoirs… j’ai même vu des Allemands aryens pleurer l’écrasement de ce monde trop exquis, qui n’était pas seulement le monde de Johann Strauss et des valses légères mais le monde aussi d’Hofmannsthal et de la plus pure poésie. Ce monde n’est plus. C’est fini. Tout maintenant est consommé. Mozart est mort pour la seconde fois.
Paul Géraldy
Et cependant, juste avant l’Anschluss, il y eut plus de 1 700 suicides en une seule semaine. Bientôt, annoncer un suicide dans la presse deviendra un acte de résistance. Quelques journalistes oseront encore écrire décès subit ; les représailles les feront vite taire. On cherchera d’autres formules usuelles, sans conséquences. Ainsi, le nombre de ceux qui mirent fin à leurs jours demeure inconnu et leurs noms ignorés. Le lendemain de l’annexion, on put encore lire dans la Neue Freie Presse quatre nécrologies : Le 12 mars au matin, Alma Biro, fonctionnaire, âgée de quarante ans, s’est entaillée le veines au rasoir, avant d’ouvrir le gaz. Au même moment, l’écrivain Karl Schlesinger, âgé de 49 ans, s’est tiré une balle dans la tempe. Une ménagère, Helene Kuhner, agée de 69 ans, s’est suicidée elle aussi. Dans l’après-midi, Leopold Bien, fonctionnaire, âgé de 36 ans, s’est jeté par la fenêtre. Cette petite apostille banale remplit de honte. Car, le 13 mars, personne ne peut ignorer leurs mobiles. Personne. On ne doit d’ailleurs pas parler de mobiles mais d’une seule et même cause.
Alma, Karl, Leopold ou Helene ont peut-être aperçu, depuis leur fenêtre, ces Juifs que l’on traîne par les rues. Il leur a suffi d’entrevoir ceux auxquels on a rasé le crâne pour comprendre. Il leur a suffi d’entrevoir cet homme sur l’occiput duquel les passants avaient peint une croix de tau, celle des croisés et que portait encore, il y a une heure, le chancelier Schussnigg au revers de sa veste.
Eric Vuillard. L’ordre du jour. Actes Sud 2017
Dans ces conditions, lâcher la Tchécoslovaquie, admettre l’annexion des Sudètes par l’Allemagne, c’est perdre non seulement la face, non seulement l’honneur, mais les bases même de notre propre sécurité et de notre propre indépendance.
Henri de Kérilis, député de droite, mais électron libre. L’Époque.
Cette opinion de Henri de Kérilis, qui avait été le rédacteur en chef de L’écho de Paris [de même que celle de Joseph Kessel], ne reflètent en rien l’état d’esprit général de la presse étrangère sur l’évolution du nazisme : elle sont au contraire l’exception de la règle qui veut que cette presse, anglo-saxonne comme française, aura été plutôt bienveillante vis à vis de Hitler : deux principales raisons à cela : d’abord, tous ces gens tenaient à conserver leur emploi, et ce n’est pas en disant la vérité sur le nazisme et sur Hitler qu’ils y parviendraient, il était donc préférable d’avoir souvent les yeux à peine entrouverts, et de se boucher le nez, mais encore, et surtout, les grand patrons de presse, étant tous très riches, milliardaires, étaient de ce fait des conservateurs dont l’ennemi principal était le bolchevisme. Hitler lui aussi était contre le bolchevisme : donc pour simplifier, les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Ainsi va le monde.
Cinquante ans plus tard, François d’Aubert, secrétaire d’Etat au Budget dans le 1° gouvernement Juppé, dira des Autrichiens à propos des paradis fiscaux : Il faut se méfier des Autrichiens ; ils sont très malins : ils ont réussi à faire croire au monde entier que Mozart était autrichien alors que Salzbourg, où il est né, n’est devenue autrichienne que vingt ans après sa mort et encore, que Hitler était allemand, alors qu’il est né à Braunau, en Autriche et n’a abandonné la nationalité autrichienne pour devenir allemand qu’en 1925.
*****
Aujourd’hui Hitler a annexé l’Autriche. Bridge, messe, caviar, dîner, fous rires…
Josée Laval, fille de Pierre Laval, épouse du comte de Chambrun. Née en 1901.
25 03 1938
Ettore Majorana est à bord d’un bateau reliant Naples à Palerme. Il a 31 ans et il disparaît. Jusque-là, on serait tenté de dire Et alors ? Mais il se trouve qu’Ettore Majorana est un génie des mathématiques et de la physique nucléaire. Il a intégré l’équipe d’Enrico Fermi à l’Institut de Panisperna, où, en une nuit il a résolu une équation portant sur le potentiel de l’électron sur laquelle le patron s’acharnait depuis une semaine. Les trompettes de la renommée le laissent complètement froid, il note idées et intuitions sur un paquet de cigarettes dans le bus, il néglige de faire publier ses découvertes. En 1933, désireux de se perfectionner auprès d’un des pères de la mécanique quantique, Werner Heisenberg, il part à Leipzig, observateur froid et complice des changements qui affectent l’Allemagne. Il écrit à sa mère, justifiant ainsi l’élimination des juifs, des communistes et des opposants…faire place à la nouvelle génération. Mussolini offre 30 000 lires pour tout renseignement. Un avis de recherche est publié : a mystérieusement disparu. Agé de 31 ans, il mesure 1,70 mètre…
Pour toute l’Italie, l’affaire finit par être classée… jusqu’à ce qu’un jour de 2008, grâce à l’inoxydable émission de télévision Chi l’ha visto ?- Qui l’a vu ? – de la RAI depuis 1989, Francesco Fasani assure l’avoir connu dans les années 1950 au Venezuela, à Valencia où il se faisait appeler Bini ; une photo des deux hommes vient appuyer ses dires. Ayant pris acte qu’il n’y a pas eu de disparition ni de suicide, le parquet de Rome ouvrira une enquête… À suivre…
03 1938
La paranoïa stalinienne envoie Sergueï Pavlovitch Korolev à la Kolyma, le plus dur des goulags : lors d’un interrogatoire, on lui cassera la mâchoire. Il attrapera le scorbut et ne pourra sortir de là que sur intervention de Tupolev. Sergueï Korolev, jeune ingénieur de 31 ans, se révélera un scientifique d’exception, génie visionnaire, organisateur hors pair, force de caractère : Spoutnik, Gagarine, les Soyouz, les Proton, la quasi-totalité des succès spatiaux de l’après guerre soviétique sont le fait de trois ingénieurs, souvent rivaux : Mikhaïl Yangel, Vladimir Tchelomeï, Sergueï Korolev et son motoriste Valentin Glouchko. Opéré pour un polype le 11 janvier 1966, les chirurgiens découvriront une tumeur de la taille d’une orange à l’anus ; ce n’est pas prévu au programme, mais il faut ouvrir… hémorragie. Korolev ne s’en relèvera pas. La Russie aura perdu un génie.
3 04 1938
Match de foot entre l’Autriche – Austria Wien – et l’Allemagne – Altreich – . L’avant-centre d’Austria Wien est Matthias Sindelar, juif originaire de Moravie. L’Austria-Wien refuse de faire le salut hitlérien et affiche un maillot rouge. Peu avant le début du match, un colonel SS glisse à l’oreille du président du club autrichien : bien entendu, il vous est fortement conseillé de ne pas gagner ce match. Mais comment freiner son talent ? Matthias Sindelar ouvre le score et son copain Karl Sesta enfonce le clou avec un coup franc à 40 mètres ! Score 2-0. Le 23 janvier 1939, on retrouvera Sindelar et sa compagne Camilla asphyxiés au gaz.
début avril 1938
Les forces nationalistes chinoises remportent une grande bataille sur les Japonais à Taierzhuang, près de Xuzhou, au sud-sud-est de Pékin. Mais il ne l’exploitent pas. Les Japonais ne seront ralentis dans leur avance que par le dynamitage des digues du fleuve Jaune, qui inonde onze villes et des milliers de villages. Un débarquement près de Canton leur permettra de prendre la ville le 25 octobre, puis Hankou et Wuhan : le gouvernement nationaliste se réfugiera alors à Chongqing, sur le haut Yang Tse, qui demeurera sa capitale jusqu’à la fin de la guerre.
18 04 1938
André Breton débarque au Mexique. Les quelques rencontres qu’il aura avec Trotsky, non seulement resteront sans lendemain, mais plus grave, le mettront à nu, tant la fumisterie du bonhomme se décomposera face à la puissance de la personnalité de Trotsky, qui ne s’en laissait pas conter.
André Breton a sollicité le soutien de ses amis du Quai d’Orsay, Jean Giraudoux et Alexis Léger, lesquels ont télégraphié à Mexico, et le 18 avril 1938, de mauvaise grâce, l’ambassadeur de France et historien Henri Goiran fait le voyage jusqu’à Veracruz pour aller l’accueillir. Il en a un peu sa claque, des poètes, Goiran. C’est lui déjà qui s’était coltiné Artaud. En cette période de troubles qui suit la nationalisation des pétroles de Tampico par Lâzaro Cârdenas, alors que le général Cedillo se soulève avec sa garnison à San Luis Potosî, alors que depuis un mois c’est l’Anschluss, et que les armées hitlériennes sont à Vienne, alors que la conflagration se rapproche et que le colonel de Gaulle réclame à grands cris des chars d’assaut, il ne lui semble pas que la mission première de la diplomatie française soit d’exporter le surréalisme. Le contact est cordial, mais aucun crédit ne lui permettra de prendre en charge le poète, pas même son hébergement. Breton est accompagné de sa femme Jacqueline. Ils hésitent à rembarquer aussitôt, préviennent Diego Rivera [célèbre peintre muraliste qui a permis le séjour de Trotsky au Mexique]
[…] Voilà Breton au pays de la beauté convulsive dont il ne sait pas grand-chose. Il a reproduit des œuvres de Posada dans la revue Minotaure, il a lu Au pays des Tarahumaras paru l’été dernier dans la NRF sans nom d’auteur. Il imagine bien qu’Artaud lui a un peu coupé l’herbe sous le pied, a joliment dézingué le mouvement surréaliste, mais les textes publiés ici dans les journaux ne paraîtront que bien plus tard en France, sous le titre de Messages révolutionnaires. En vérité, Artaud lui a déjà gravement savonné la planche : Je ne suis pas venu ici porter un message surréaliste : je suis venu dire que le surréalisme était passé de mode en France.
[….] Les trois couples Breton, Trotsky et Rivera vont souvent quitter Mexico dans les mois qui suivent et se livrer au tourisme. Ils descendront dans les meilleurs hôtels. Breton n’est pas du genre à aller dormir par terre chez les Indiens. […] Il fait quelques apparitions publiques, assiste à la première mexicaine d’Un chien andalou de Luis Bunuel et Salvador Dali et présente le film. Assez vite, cependant, sur l’injonction de Trotsky, son activité principale devient la rédaction d’un Manifeste pour un art révolutionnaire indépendant.
Dès l’arrivée de Breton à Mexico, Trotsky a envoyé un article à New York pour parution dans Partisan Review : Comme vous devez déjà le savoir, en matière artistique et politique, il est non seulement étranger au stalinisme mais il est son adversaire. Il fait preuve de sincère sympathie pour la Quatrième Internationale.
Trotsky veut profiter de sa présence pour doter son mouvement d’une grande déclaration artistique et il lui faut un manifeste. Breton est flatté mais la tâche l’effraie. La personnalité de l’ancien chef de l’Armée rouge l’impressionne au point de le rendre muet. Une dizaine de rencontres en tête à tête seront organisées, toujours en français, dont Van donnera le compte rendu. Tant qu’il s’agit de parler des livres de Gide, de Malraux et de Céline, Breton tient son rang. Dès qu’il s’agit d’écrire, il est tétanisé. Lui qu’on imagine avoir rédigé d’un trait les manifestes du surréalisme, avec superbe, secouant sa chevelure de lion, préparant du fond de son bistrot les futures excommunications, l’index dressé, en vient à balbutier devant Trotski un curieux hommage à Zola qu’il aurait flingué à Paris. Breton abattu finit par prétexter fièvre et aphasie. Van nous apprend que c’est peu après que Trotski commença à presser Breton de lui présenter le projet de manifeste. Breton, le souffle brûlant de Trotsky sur la nuque, se sentait paralysé et ne pouvait écrire. Trotsky commence à comprendre que sa prise est médiocre, qu’il pensait avoir ferré un espadon et se retrouve devant un colin muet.
[…] Nous reprîmes le chemin de Mexico sans que Trotsky revît Breton. C’était le retard persistant de Breton à présenter le projet de manifeste qui, sur la route de Guadalajara, avait provoqué la colère de Trotsky.
Dans les semaines qui suivent, Breton aggrave encore son cas. Un jour qu’il visite en compagnie de Trotsky une église à Cholula, il arrache du mur cinq ou six de ces ex-voto populaires, peints sur des petites plaques de fer découpées dans les bidons d’huile, et les glisse sous sa veste. Trotsky, furieux, garde son calme et sort de l’église à grandes enjambées. Cette fois ce sont les journaux catholiques qui s’en seraient donnés à cœur joie, et auraient lancé une campagne pour l’annulation de son visa et l’expulsion du profanateur. […] Trotsky resté seul avec Breton est un génie surplombant, et aussi un monstre froid et calculateur, un pêcheur qui ne lâchera pas sa proie :
Vous avez quelque chose à me montrer ?
Devant lui, le petit tyran du surréalisme, le tribun ironique et mordant est un écolier pris en faute. Breton a déjà connu une situation semblable au début des années vingt, lorsqu’il était allé rencontrer Freud à Vienne, la peur de déplaire et de ne pas être à la hauteur qui le paralyse, il va pourtant chercher dans sa chambre quelques feuillets raturés à l’encre verte. Trotsky voit bien qu’il lui faudra finir le travail avec Van : Après de nouvelles conversations, Trotsky prit l’ensemble des textes, les découpa, ajouta quelques mots ici et là et colla le tout en un rouleau assez long. Je tapai le texte final en français, traduisant le russe de Trotsky et respectant la prose de Breton.
Dans le document original des archives de Harvard, les apports de chacun sont visibles. Les citations de Marx, vérités toujours bonnes à rappeler, même si elles sont sues de tous les poètes, sont apportées par Trotsky : L’écrivain doit naturellement gagner de l’argent pour pouvoir vivre et écrire, mais il ne doit en aucun cas vivre et écrire pour gagner de l’argent… L’écrivain ne considère aucunement ses travaux comme un moyen. Ils sont des buts en soi, ils sont si peu un moyen pour lui-même et pour les autres qu’il sacrifie au besoin son existence à leur existence…
Dès lors Breton, pris d’ivresse politique et embarqué dans son élan, croyant bien faire, en rajoute : À ceux qui nous presseraient, que ce soit pour aujourd’hui ou pour demain, de consentir à ce que l’art soit soumis à une discipline que nous tenons pour radicalement incompatible avec ses moyens, nous opposons un refus sans appel et notre volonté délibérée de nous en tenir à la formule : toute licence en art, sauf contre la révolution prolétarienne.
C’est Trotsky qui corrige, hausse les épaules, garde la tête froide, voit bien ce que le procureur d’un tribunal révolutionnaire pourrait faire de cette formule restrictive. Il biffe, coupe la phrase : Toute licence en art. Point final.
[…] Breton transporte avec lui dans ses bagages tout le fourbi qu’il s’est procuré au Mexique ainsi qu’une idée derrière la tête. Il a proposé à Frida Kahlo [épouse épisodique de Diego Ribera ; un temps maîtresse de Trotsky qu’elle avait commencé par héberger dans sa maison bleue. ndlr] d’organiser à Paris une première exposition de ses tableaux.
Lorsqu’elle arrive en France six mois plus tard, pourtant, rien n’est prêt. Les œuvres expédiées depuis longtemps n’ont toujours pas été dédouanées, et des photographies ont été égarées. Frida constate que Breton n’a pas encore trouvé de galerie, puis, lorsqu’il en trouve une, elle apprend que seules deux de ses toiles seront exposées, et que Breton au passage souhaite fourguer toutes les pouilleries trouvées aux puces ou chez les antiquaires de Cuernavaca ou de Guadalajara, et peut-être aussi les ex-voto dérobés à Cholula, deux tableaux d’Estrada et quelques saloperies plus ou moins précolombiennes. Elle entre dans une fureur qui ne la quittera pas de son séjour, et écrit à son amant d’alors, le photographe new-yorkais Nickolas Muray : Je préférerais m’asseoir par terre pour vendre des tortillas au marché de Toluca plutôt que de devoir m’associer à ces putains d’artistes parisiens. Ils passent des heures à réchauffer leurs précieuses fesses aux tables des cafés, parlent sans discontinuer de la culture, de l’art, de la révolution et ainsi de suite, en se prenant pour les dieux du monde, en rêvant de choses plus absurdes les unes que les autres et en infectant l’atmosphère avec des théories et encore des théories qui ne deviennent jamais réalité.
Pas davantage qu’Artaud, Breton n’aura besoin d’exclure Frida. Sa rencontre avec ce qui reste de la petite bande des surréalistes est une catastrophe. Le lendemain matin ils n’ont rien à manger à la maison vu que pas un seul d’entre eux ne travaille. Ils vivent comme des parasites aux crochets d’un tas de vieilles peaux pleines aux as qui admirent le génie de ces artistes. De la merde, rien que de la merde, voilà ce qu’ils sont. Je ne vous ai jamais vus, ni Diego ni toi, gaspiller votre temps en commérages idiots et en discussions intellectuelles, voilà pourquoi vous êtes des hommes, des vrais, et pas des artistes à la noix. Bordel ! Ça valait le coup de venir, rien que pour voir pourquoi l’Europe est en train de pourrir sur pied et pourquoi ces gens – ces bons à rien – sont la cause de tous les Hitler et Mussolini.
Patrick Deville. Viva. Le Seuil 2014
Mon Colonel,
Bien que les grandes manœuvres de Champagne, auxquelles mon régiment devait prendre part, aient été, hélas! supprimées, le 507° chars est, cependant, en période d’exercices intensifs. C’est vous dire que son Colonel a fort à faire et invoque ce surcroît d’obligations pour s’excuser du retard qu’il met à vous écrire.
Je suis très honoré de n’être pas oublié par Léon Blum. Je crois qu’il s’est convaincu, à son tour, qu’il ne saurait y avoir de justice, de liberté, de dignité internationale, sans une belle et bonne force militaire française. Encore faut-il que cette force ait le caractère qu’il convient. Ce n’est pas le cas, quand, le 7 mars 1936, se présente l’occasion de briser sans guerre la menace d’Hitler, ni quand notre gouvernement pensa à intervenir en Espagne pour séparer les combattants. Je crois avoir proposé, quand il en était temps, la solution technique adéquate à ce problème de politique militaire. Léon Blum et l’état-major, chacun au nom de son conformisme, m’ont alors combattu.
Léon Blum entendait, en effet, appliquer telle quelle à notre époque la conception de Jaurès, bien que les conditions eussent entièrement changé (mécanisation terrestre et aérienne, exigences de la sécurité collective, ambitions du nazisme et du fascisme).
Je ne sais ce qu’il adviendra de la crise du moment. Si la paix survit, il faudra bien, sous peine de ruine générale, limiter contractuellement les armements. Comment, pratiquement, le faire sur la base des nations armées ? C’est la quadrature du cercle. Il n’y a que l’armée de métier qui puisse à la fois permettre une limitation réelle et contrôlable, répondre à l’esprit du temps (la mécanique) qu’on ne chassera pas des institutions militaires non plus que des autres, enfin donner à la France, privée du nombre et dépourvue d’espaces protecteurs, sa chance stratégique. Cela, sans préjudice des avantages politiques, sociaux, moraux, que les États tireraient de l’abolition du service militaire obligatoire.
Si Léon Blum, homme d’État, se ralliait franchement, publiquement, à cette doctrine, s’il y amenait son parti, il serait, me semble-t-il, beaucoup plus étroitement d’accord avec l’intérêt humain, qu’en cultivant l’affreuse et barbare théorie des masses populaires instruites, armées, mobilisées, pour s’entretuer, se ruiner, se haïr.
Charles de Gaulle
04 1938
Le dessinateur Rob-Vel, donne naissance à Spirou. Doté par la suite de nombreux pères adoptifs, le gamin au calot rouge restera toujours la propriété de l’imprimeur éditeur Jean Dupuis, qui en suspendra la publication mensuelle en 1943, pour ne pas avoir à travailler sous la direction d’un administrateur allemand, et la reprendra sous la forme hebdomadaire le 10 janvier 1948.
_________________________________________________________________________________________________
[1] … Simone Weil, dont Maurice Nadeau dira qu’elle était plus trotskiste que n’importe qui.
[2] Bizarrement, l’homme passait pour être gaffeur, [peut-être de jour mais certainement pas de nuit] ; des Anglais passablement naïfs l’avaient surnommé Brickendrop : de To drop a brick : faire une gaffe, une bourde.
[3] évidemment de tels écart iront en s’amenuisant au fil des ans. Ainsi, en 2023, on verra aux championnats du monde de ski alpin à Méribel les quatorze première femmes du slalom géant dans moins d’une seconde, et de même pour les dix-neuf premiers hommes du slalom spécial !
[4] les chiffres officiels parlaient jusqu’en 2006 de 1 654 morts, chiffre qu’Anthony Beevor : La Guerre d’Espagne, 2006, donnera pour faux.
[5] Archives présidentielles (fonds 3, inv. 58, dossier 212, f.38), publié dans Troud le 4 06 1992.
[6] Christiania est l’ancien nom d’Oslo, la capitale de la Norvège.
[7] Quelle que soit l’opinion qu’on ait sur le sujet, le maire avait la loi pour lui : L’exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible aux regards du public est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende. Article 222-32 du code pénal. On laisse le soin au lecteur de traduire les € en francs 1936.