Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
Pierre de Ronsard, À Cassandre Les Odes
10 04 2023
Vous prenez une bonne poignée de bactéries prélevées dans un lieu tenu secret de la forêt finlandaise (à l’heure de la rédaction de ces lignes il n’est pas encore certain que des bactéries made in France fassent l’affaire), vous y ajoutez de l’eau et vous obtenez une poudre jaune, – la Solein – couleur du bétacarotène, un antioxydant des bactéries sélectionnées) dont la composition nutritionnelle est parfaite : 65 à 70 % de protéines, – composées des acides aminés essentiels -, 5 à 8 % de matières grasses, 10 à 15 % de fibres, 3 à 5 % de micronutriments tels le fer ou la vitamine D…
Le procédé est très simple. Techniquement, c’est de la fermentation, comme pour la bière ou le vin, sauf qu’au lieu de la levure et des sucres les microbes sont nourris de bulles de gaz carbonique et de différents nutriments (phosphore, calcium…). On les laisse se multiplier pendant deux à trois jours, pour un résultat vingt fois plus efficace que la photosynthèse.
Petri Tervasmäki
On utilise la Solein comme de la farine, c’est une matière première pour des préparations liquides ou solides. L’idée n’est pas de tout remplacer, mais qu’elle s’insère dans notre alimentation, avec une empreinte environnementale minimale. En produire un kilo nécessite 10 litres d’eau, contre 15 000 pour un kilo de bœuf.
Sini Möttönen, cuisinière à Solar Foods, la société qui fabrique la Solein en Finlande.
Les neurones de nos cerveaux ne pourront qu’être séduites par un tel produit auquel on ne trouve pour l’instant que des avantages… qui sont immenses. Il reste à savoir si notre métabolisme en dira autant, estomac, intestins, reins, … à voir…
14 04 2023
Après des mois et des mois de contestation, parfois violente dans la rue, [13 journées, dont 4 avec plus d’un million de manifestants dans la rue] la loi N° 2023-270 portant l’âge du départ en retraite à 64 ans est promulguée au Journal Officiel en utilisant l’article 49-3 qui permet de se passer de l’accord du Parlement. On ne sait pas très bien qui sont les perdants, mais parmi les gagnants, c’est le Rassemblement National qui arrive en tête, avec près de 10 % d’adhésions en plus.
Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont, écrivait René Descartes en 1637 dans le Discours de la méthode. Mais depuis, les choses ont bien changé, sais-tu ? disait Julos Beaucarne au XX° siècle.
*****
L’exécutif a vidé de son sens le discours politique. Le 5 avril, après avoir reçu les syndicats à Matignon, Élisabeth Borne a déclaré, en s’en félicitant : J’ai entendu leur désaccord sur le relèvement de l’âge [du départ à la retraite], et j’ai pu leur redire ma conviction et celle de mon gouvernement de la nécessité de cette réforme. Comment peut-on à la fois affirmer son envie de discuter, et refuser par principe tout retrait de la réforme ? On atteint là un degré suprême; d’absence de sens. Come une machine discursive qui tourne à vide, une langue morte dépourvue d’empathie, de sens politique et de sens tout court. Séparée de la réalité sociale qui n’est plus intégrée ni dans les discours ni dans les gestes des gouvernants. Cette même scénographie s’est retrouvée lors de l’allocution d’Emmanuel Macron le 17 avril : la parole présidentielle, un monologue, devait être reçue comme telle par la magie d’un verbe quasi divin censé ouvrir une nouvelle séquence.
Divin ? Dans la Bible, il est écrit : Dieu dit : que la lumière soit, et la lumière fût. Eh bien Emmanuel Macron semble penser qu’il lui suffit de dire : La réforme est validée, on passe à autre chose, pour que cela advienne. Un verbe tout puissant et qui serait infaillible – à l’image de l’infaillibilité pontificale – , car il ne revient jamais en arrière en s’enrichissant d’autres points de vue… Autant dire que l’allusion à Notre-Dame n’a fait que renforcer cela : le chef de l’État se pose en personnage sacrificiel et thuriféraire, investi d’une mission quasi mystique ; un bâtisseur de cathédrales à la fois réelles et symboliques, Notre-Dame incendiée, puis la France tout entière. Son discours montrait encore la façon dont il aborde le dissensus : il le psychologise. Dans un passé pas si lointain, les politiques s’opposaient pour des raisons idéologiques. Avec son prétendu dépassement du clivage droite-gauche, Emmanuel Macron infantilise les revendications sociales en les attribuant uniquement à des sentiments, la colère ou l’angoisse. Comme si ses opposants n’avaient pas eux-mêmes une vision politique du type de société qu’ils souhaitent mais seulement des émotions. Lui, à l’inverse, serait du côté de la raison et de la logique.
Les élus de la France insoumise ont créé un spectacle politique à l’Assemblée empêchant, lui aussi la mise en place d’un espèce de dialogue, de délibération et de compromis. Ils sont dans la fonction démonstrative, performative de l’opposition, plutôt que dans l’argumentation. L’hémicycle est détourné de sa fonction première, être un lieu de création du droit, pour devenir une plate-forme de streaming – d’ailleurs la chaîne parlementaire LCP, réalise d’excellentes audiences ces temps-ci. Cette spectacularisation de l’Assemblée est-elle une cause ou un symptôme de l’absence de dialogue ? sans doute les deux. Les seules paroles qui a à mes yeux portent encore du sens, dans la mesure où l’on peut y percevoir du réel, ce sont les discours des syndicats, finalement assez calmes et rationnels dans le chaos ambiant et la plupart des slogans des manifestants. Quel paradoxe : d’ordinaire, c’est dans la rue que sont censées se jouer les émotions fortes. Cette fois, le tapage a eu lieu à l’Assemblée.
Nous avons basculé d’un conflit social assez classique à une crise politique avec l’utilisation du 49-3 qui, bien que légale, a gelé le processus de la représentation nationale et donné la sensation que l’exécutif fonctionnait en circuit fermé, en imposant ses desiderata. Face à cela, la France insoumise a adopté une stratégie de rapport de force assez explicite : la rue contre le gouvernement. Est-ce parce qu’ils n’ont pas vraiment l’habitude de siéger à l’Assemblée que ses députés la prennent pour une tribune ? Toujours est-il qu’en effet ils y relaient des mots d’ordre de mobilisation populaire en dehors du Parlement. Mais n’oublions pas que ceci est un leitmotiv de Jean-Luc Mélenchon, depuis longtemps. Encore l’an passé, alors que la France insoumise venait d’obtenir plus de soixante-dix sièges aux législatives, il appelait à se retrouver dans la rue pour un troisième tour.
Du temps de Jean-Marie Le Pen, l’extrême droite était dans une stratégie de captation de l’attention médiatique, qui allait de pair avec une violence du langage, dans le contenu comme dans le ton employé. En 1986, elle ne comptait que trente-cinq députés (contre quatre-vingt-huit aujourd’hui) et on n’entendait qu’eux, tellement ils hurlaient ! Marine le Pen cherche au contraire la normalisation. Elle veut apparaître comme la prochaine présidente, ce qui implique qu’elle ait un groupe parlementaire discipliné. L’un des obstacles pour le Rassemblement National reste son image dans l’opinion publique : environ 50 % des électeurs estiment toujours qu’il est un danger pour la démocratie. Pour gagner, le RN doit donner l’image d’un parti le plus respectable possible, légaliste, qui se moule dans les institutions. Ses élus endossent ainsi les habits du parlementaire sérieux, en costume cravate ou en tailleur, sans un mot plus haut que l’autre.
Pour des raisons diverses, d’autres acteurs que le RN se sont lancés dans une sorte de concours de celui qui parlera le plus fort et de la façon la plus polémique possible. Quand Gérard Darmanin s’interroge par exemple sur les subventions accordées à la Ligue des droits de l’homme, association créée pendant l’affaire Dreyfus et à laquelle s’était attaqué le régime de Vichy, jusqu’à la dissoudre, il sait que cela va faire du bruit. Sans doute cherche-t-il d’abord à faire parler de lui, à affirmer son statut d’homme fort au sein du gouvernement. D’autant que s’annonce un vide politique ! comme Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter en 2027, des prétendants à l’Élysée vont devoir émerger. D’où le risque d’une surenchère permanente, extrêmement dommageable au débat public.
La comparaison entre Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron est assez juste, dans la mesure où l’on constate une même volonté de se construire l’image de quelqu’un qui n’a pas peur, ni des faits ni des mots. Et qui est du côté de l’ordre. Cela m’évoque d’ailleurs aussi le on va nettoyer la cité au karcher de Nicolas Sarkozy, en 2015, alors qu’il n’était encore que ministre. Mais les références à Vichy sont plus graves. Dès qu’un politique s’autorise à piocher un arsenal de mesures qui s’en inspirent, même si ce ne sont que des menaces verbales, il abîme les valeurs de la République. Des digues morales, éthiques s’effondrent. Après cela, comment faire appel à ces valeurs pour ériger, par exemple, un front républicain contre le RN ? la surenchère peut naître de l’émotion à la suite d’un fait divers, ou s’une stratégie politico-médiatique, elle a toujours des conséquences tragiques à long terme. Me revient une citation du philosophe allemand Victor Klemperer (1881-1961) auteur de La langue du III° Reich : Les mots peuvent être comme de minuscules doses d’arsenic : on les avale sans prendre garde, elles semblent ne faire aucun effet, et voilà qu’après quelques temps l’effet toxique se fait sentir. Les manifestants ont fait référence à la Révolution française, en fabriquant des guillotines en carton et en chantant : Louis XVI, on l’a décapité, Macron, on peut recommencer. Ceci est une réponse directe à ce qu’Emmanuel Macron lui-même avait théorisé dans un entretien à l’hebdomadaire Le 1 en 2015: il nous manque un roi en France. Depuis son intronisation solitaire dans la cour du Louvre, il bâtit un récit faisant de lui le nouveau souverain. Forcément, cela réveille un imaginaire, y compris révolutionnaire. L’autre chose, c’est qu’à force d’éliminer les corps intermédiaires pour élaborer des lois et des politiques, le chef de l’État s’est isolé dans un face à face avec les citoyens. La rue l’a parfaitement compris à propos des retraites et c’est ce qui se lit dans les pancartes et dans les chants qui le visent directement. Il est très difficile à mes collègues de Stanford de comprendre le motif du mécontentement. Les Américains vivent dans un autre univers social : il n’existe chez eux quasiment que la retraite par capitalisation et, faute de ressources, certains travaillent jusqu’à leur mort. Ils ont aussi beaucoup de mal à comprendre la force des mobilisations. Voir entre un et trois millions de personnes dans la rue, c’est incroyable pour eux. Même la marche des femmes à Washington après l’élection de Donald Trump n’avait pas atteint le million de participants, alors que le pays compte plus de 330 millions d’habitants. La France a une culture politique vraiment très spécifique.
La présence de Marlène Schiappa dans Playboy, le coming out d’Olivier Dussopt, ministre du travail dans Têtu, ce sont deus jeux sur le registre de l’intime et cela penche pour l’hypothèse de la diversion qui vise à exister médiatiquement, faire du buzz sur autre chose que leur action et créer un cycle médiatique qui n’a plus rien à voir avec les retraites. En posant pour Playboy, Marlène Schiappa dévalorise son ministère et son discours politique, c’est assez pathétique. Olivier Dussopt, lui, mélange les genres : c’est très bien de défendre les droits LGBTQ, mais il faut le faire par l’action ministérielle; un coming out ne changera pas la société. Enfin j’imagine que l’interview du président dans Pif-Gadget était prévu depuis longue date, mais il est malencontreux qu’il soit sorti maintenant, tant il conforte l’impression d’un décalage énorme entre l’état d’inflammabilité de la société et la parole présidentielle, paternaliste.
Le caractère extrêmement tendu et conflictuel de la situation sociale se reflète dans les rapports entre politiques et médias. Jean-Luc Mélenchon a récemment taclé le journal Libération, qu’il a rebaptisé Le Figaro, pour sa Une qui pointait les divisions de la Nupes. Mais en réalité rien de nouveau de son côté : depuis 2012, Jean-Luc Mélenchon a théorisé son rejets des médias qui, selon lui, ne feraient que déformer ses propos… quelques jours plus tôt, la nouvelle dirigeante de la CGT, Sophie Binet, avait refusé de répondre à CNews en arguant : Je m’adresse à tous les médias qui garantissent une liberté d’expression et la pluralité. Le problème de CNews c’est celui des bulles médiatiques hyperfiltrées idéologiquement, qui se livrent à une concurrence cognitive et font du réel un récit très orienté. Le chroniqueur vedette de la chaine a longtemps été Éric Zemmour, ce n’est pas anodin. CNews est certes un média au sens strict du terme, un médium de communication, mais pas du tout de la même nature que LCI, Frane Info ou d’autres. Je doute qu’il réponde aux mêmes critères déontologiques. Sophie Binet a clarifié sa position vis-à-vis de ce genre de chaîne ; les politiques, pas encore.
Christine Kelly a invité Éric Zemmour pendant des années dans ses émissions, et a avoué qu’elle écoutait Dieu pour savoir ce qu’elle devait dire ou pas… L’entendre prétendre qu’elle crée, avec Factuel, un média indépendant d’investigation pour enfin fournir de l’information au public, c’est comme plonger dans un espace-temps parallèle où les mots n’ont plus aucun sens. On emploie souvent l’adjectif orwellien à tort et à travers, mais il m’arrive de ne pas en trouver d’autres pour décrire ce qui se passe.
La séquence actuelle me semble inédite. Quand j’étais adolescente, puis jeune adulte, les choses étaient très structurées : il y avait la droite, la gauche… Pas ce magma dans lequel les choses ne veulent plus rien dire, et où des personnalités essaient désespérément de faire parler d’elles. Désormais tout le monde se dit républicain, démocrate, social, et même écologiste – et finalement, personne, ou presque, ne l’est. Il faut mobiliser énormément d’attention pour repérer les idéologies derrière les affichages. On ne devrait pas avoir besoin d’être spécialiste de sciences politiques pour comprendre ce qui se passe dans son pays ! Sans compter qu’on tend de plus en plus souvent à disqualifier la parole de l’autre en le traitant d’ultra ou d’extrême, avant même qu’il formule une position qu’on pourrait en effet qualifier ou non, d’extrême gauche ou d’extrême droite… Lorsque j’était professeure de littérature du XVI° siècle, je citais souvent Montaigne: il y a trois choses qui me plaisent dans la vie, les femmes, les livres et la conversation. La France d’aujourd’hui semble ne plus avoir cette capacité à converser sans invectiver, sans délégitimer l’interlocuteur. Nous avons perdu l’art de l’écoute.
Dans son discours du 17 avril (2023) Emmanuel Macron a parlé de cent jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action. Son objectif était sans doute de projeter les Français dans le futur et de tourner la page des rois derniers mois. Mais les cent jours c’est une allusion historique très ambivalente. Certes cela peut évoquer la prétendue période de grâce qui suit généralement une élection. Mais c’est également ainsi qu’on désigne le retour de Napoléon de son exil sur l’île d’Elbe, en 1815. Sans juger de l’ego démesuré qui se cache derrière la référence, je rappellerai que la période s’est extrêmement mal terminée pour lui et pour la France, avec Waterloo, la pire défaite géopolitique de l’histoire du pays, et l’abdication de l’empereur.
Cécile Alduy. Professeure à l’Université de Stanford. Télérama n° 3824 du 29 avril au 5 mai 2023
17 04 2023
Mis en service du robot BathyBot à 40 km au large de Toulon par – 2 440 mètres :
20 04 2023
Trois minutes après son décollage, Starship, la dernière fusée de Space X – Elon Musk – 120 mètres de haut, dont les deux éléments principaux auraient du se séparer, et les moteurs du premier s’arrêter, n’exécute plus le programme : les deux étages ne se séparent pas et peu après le tout explose. Elle était prévue pour être multifonction… aller sur la Lune, sur Mars etc… Malgré son décollage correct, le pas de tir a été endommagé.
25 04 2023
Clochemerle, quand tu nous tiens !
Pull de ski, jeans, chaussures de running et gueule burinée par le froid et le soleil, Christophe Profit, 62 ans, a posé ses pattes carrées et rugueuses sur la barre du tribunal correctionnel de Bonneville (Haute-Savoie) pour se défendre. Jeudi 20 avril, le guide de haute montagne, alpiniste star des années 1980, était devant la justice, dans le rôle de voleur allégué.
L’objet du délit ? Quatre pieux métalliques d’environ 1,80 m, propriétés de la mairie de Saint-Gervais-les-Bains (Haute-Savoie), que ce membre de la prestigieuse Compagnie des guides de Chamonix aurait frauduleusement soustraits, entre le 10 juin et le 13 juillet 2022, sur l’arête des Bosses, – située à environ 4 600 m d’altitude – sur la voie dite normale du mont Blanc (4 807 m). Une infraction passible d’une peine maximale de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende que ce partisan d’un alpinisme exempt d’aménagements humains et professionnels de la montagne depuis quarante ans, réfute farouchement.
Jeudi, le guide, auteur d’ouvertures en solo très médiatisées dans les parois les plus techniques et les plus vertigineuses des Alpes (Drus, Grandes Jorasses, Cervin, Eiger… ), mais néanmoins justiciable ordinaire, a assuré avoir démonté ces pieux afin d’éviter des prises de risques inutiles. Situées aux abords d’une large crevasse récemment formée, ces tiges métalliques généraient, selon lui, un sentiment de sécurité trompeur. Les quelque deux cents prétendants au sommet du Toit de l’Europe occidentale qui se croisent quotidiennement, en période estivale, sur cette section effilée de plusieurs dizaines de mètres auraient pu être tentés de s’y amarrer.
La question qui se pose est de savoir, si oui ou non, M. Christophe Profit a commis un vol, et pas comment il convient de pratiquer l’alpinisme dans nos montagnes, ce que le tribunal serait bien en peine de dire, a prévenu la présidente, Anne-Sophie Vilquin, pour décourager toute digression sur la marchandisation, la surfréquentation et la régulation de l’accès au sommet du mont Blanc.
Achetés par la commune de Saint-Gervais, les pieux à l’origine du procès ont été installés le 10 juin 2022 par la Compagnie des guides de Saint-Gervais, en accord avec celle de Chamonix et la préfecture de Haute-Savoie, afin de sécuriser une des deux voies contournant la crevasse proche de l’arête des Bosses. Une décision collégiale dont Christophe Profit, absent des réunions de concertation, n’aurait pas eu connaissance, mais qui n’aurait de toute façon pas emporté son adhésion.
J’ai d’abord retiré les deux pieux situés sur l’arête qui matérialise la frontière franco-italienne, et ça m’a bien pris une vingtaine de minutes pour chacun, car ils étaient bien pris dans la glace, a raconté Christophe Profit, mais pour les deux derniers [situés sur le territoire italien et extraits plus tard], je n’ai même pas eu à forcer. Avec la chaleur, ils sont venus tout seuls !
Fustigeant la vision élitiste de la montagne du guide, Jean-Marc Peillex, 69 ans, maire sans étiquette de Saint-Gervais-les-Bains depuis 2001, absent à l’audience, a alors déposé plainte pour mise en danger d’autrui et vol.
On s’étripe ici sur des règles de droit qui n’ont rien à voir avec la choucroute, a réagi Me Laurent Thouvenot, conseil et compagnon de cordée occasionnel de Christophe Profit, arguant du caractère politique et d’intérêt général de l’acte commis au nom de la liberté d’expression par son client. Il avait raison, a insisté l’avocat. (…) Ces pieux n’ont pas été réinstallés, leur pose n’était donc pas nécessaire (…). On vous demande de le condamner parce qu’il est passionné (…), mais pour avoir fait son travail de guide, vous le relaxerez.
A l’issue de l’audience, la procureure – qui pratique elle-même la montagne – a offert une poignée de main à Christophe Profit. J’aurais préféré vous rencontrer dans d’autres circonstances, lui a-t-elle glissé. Le jugement a été mis en délibéré au 5 juin.
Patricia Jolly de Bonneville, Haute-Savoie Le Monde du 25 04 2023
Le jugement du 5 juin condamnera Christophe Profit à 600 € d’amende pour le vol de 2 piquets. Pour les deux autres, sur territoire italien, aucune condamnation, l’Italie n’ayant pas jugé nécessaire de s’associer à cette querelle franco-française. Christophe profit fera appel.

Christophe Profit, 62 ans
Donc, les gens de la montagne en connaissent un brin sur la conquête des sommets, y compris ceux de la connerie. Un procès pour quatre bouts de fer ! Connerie et mauvaise foi, car ce sont bien les mêmes gens qui se résignent à ce que chaque année les cailloux du couloir du Goûter tuent les candidats au Mont Blanc par la voie normale (Saint Gervais, Col de Voze, Nid d’Aigle, Tête Rousse, Goûter, Mont Blanc), sans rien entreprendre pour éviter ce massacre – il est vrai que ça coûterait nettement plus cher que quatre piquets de fer -. Donc, on brandit comme argument pour l’Aiguille du Goûter l’inévitable prise de risque inhérente à la montagne, mais on le tait pour la mise en place de quatre piquets soi-disant pour sécuriser ce risque, plus haut, sur l’arête des Bosses ! Où est la logique, où est la cohérence ? La seule vérité dans cette affaire, c’est que la haine entre les guides de Saint Gervais et les Guides de Chamonix est elle aussi un sommet, et pas des moindres, et qui ne s’érode pas avec le temps. Et ces procureurs qui se disent en permanence débordés de travail et qui acceptent d’instruire une plainte pour quatre morceaux de fer ! où est donc le simple bon sens quand il suffisait de dire à ces gens : réglez vos affaires entre vous, moi, j’ai bien d’autres choses à faire, et d’une toute autre importance ! Si le ridicule pouvait encore tuer, il y aurait eu un bon petit paquet de morts dans cette grotesque histoire de Clochemerle.
Rivalité ? Elle est ancienne, très ancienne : dès que l’autorisation avait été accordée au début du XX° siècle à Duportal de construire le TMB – Tramway du Mont Blanc – avec pour ambition initiale d’aller jusqu’au sommet en partant de Saint Gervais, c’est le projet chamoniard de Vallot/ Eugster/Fabre d’en faire autant, mais à partir de Chamonix, qui avait été abandonné. Plus récemment, il y a soixante-dix ans de cela, le 3 novembre 1950, le Malabar Princess s’était crashé sur les rochers de la Tournette, et une caravane de guides de Chamonix s’était mise en route le 6 novembre pour trouver quoi ? certainement pas des survivants : à cette époque de l’année, sans équipement, on ne tient pas 48 heures ; mais elle avait fait demi-tour après la mort accidentelle de Renée Payot. Presque simultanément, une caravane de guides de Saint Gervais s’était mise en route et était arrivée sur les lieux le 8 novembre ; à leur retour, ils furent fêtés comme des héros, mais personne ne leur demanda d’examiner le contenu de leur sacs à dos. Ce n’est qu’en septembre 2013 qu’un alpiniste de Bourg Saint Maurice trouvera un coffret de bijoux. Donc c’est bien des bijoux et autre pierres précieuses, voire de l’or, que partaient chercher ces guides, comme nos naufrageurs bretons !
27 04 2023
La Sud-Africaine Kirsten Neuschäfer, 40 ans, remporte la Golden Globe Race – un tour du monde à la voile en solitaire – après 8 mois en mer.
Le bateau se nomme Minnehaha, ce qui signifie « l’eau rieuse », dans un des dialectes Sioux du Dakota. Il ressemble beaucoup à celui de Joshua Slocum, dans les années 1900.
10 05 2023
Yannick Morez, maire de Saint Brévin les Lis, en Loire Atlantique, contraint par l’abandon de ceux qui auraient de le protéger, démissionne, épuisé par le harcèlement, les violences des crétins, des abrutis racistes d’extrême-droite, qui n’ont pas hésité à s’en prendre à ses biens propres en incendiant sa maison. Prévenu, l’État n’a pas eu l’élémentaire courage d’intervenir, a laissé parler sa lâcheté, sa couardise, son double langage de parfait faux-cul : la honte en préfecture de la Loire Atlantique, place Beauvau, à Matignon, mais surtout à l’Élysée.
18 05 2023
S’il existait un prix Nobel de la Solidarité, c’est à Gelje, un guide népalais qu’il faudrait l’attribuer, pour avoir descendu sur son dos un homme en détresse (qui n’était pas son client) sur les pentes de l’Everest, de 8 500 m. à 7 900 m. : ce que j’ai fait aucune bête ne l’aurait fait, avait dit il y a déjà bien longtemps Henri Guillaumet. L’hélicoptère ne peut participer à une opération de secours à cette altitude ; il y a trop de rochers pour tirer un homme au sol ; seule solution : le porter sur le dos, jusqu’au camp le plus proche, à 7900 m., où il sera pris en charge.
20 05 2023
L’État ne cesse de réformer son service public et la qualité du service rendu au public ne cesse de se dégrader. Problème… et tentative de réponse :
Nos services publics devront porter l’espérance en une vie meilleure, déclarait le chef de l’État il y a un mois, après la promulgation de la loi sur les retraites – depuis, la cheffe du gouvernement, le ministre de la Santé puis celui de la Justice, ont annoncé une série de mesures. La fonction publique, qui emploie 5.6 millions de personnes en France, revient régulièrement dans les discours des politiques. Qui, tous , promettent d’améliorer les services rendus aux usagers. Pourtant, réforme après réforme, ceux-ci constatent des fermetures de classes ou de maternités, un manque de lits dans les hôpitaux, des délais allongés pour nombre de démarches. Tandis que les agents dénoncent une dégradation de leurs conditions de travail. Dans La valeur du service public, sorti en 2021, la politiste Julie Gervais, enseignante à l’Université Paris I-Panthéon Sorbonne, et l’historienne Claire Lemercier membre du Centre de sociologie des organisations (CSO CNRS-Sciences Po Paris), s’interrogeaient déjà sur cet apparent paradoxe. Dont la résolution apparaît plus que jamais nécessaire.
Le gouvernement dit faire des services publics l’une de ses priorités. Face à la forte demande de la société, il est légitime de les réformer…
Tout le monde aimerait qu’ils soient plus efficaces, et, si possible, en dépensant moins. Mais depuis vingt ans, les réformes qui devaient les consolider n’ont fait que les affaiblir. Elles reposent sur des notions abstraites, supposées fonctionner partout : on veut gérer un hôpital comme on gère une mairie, une sous-préfecture, un lycée ou une entreprise. Cela est renforcé par une plus grande circulation des cadres, voulue par l’État: une même personne, peut, un jour, diriger une collectivité locale, puis un service de l’Éducation nationale et le lendemain, un opéra, en appliquant chaque fois les mêmes recettes… Globalement les effectifs de la fonction publique restent stables depuis quelques années ; la question n’est pas tant celle des moyens que celle de leur utilisation, et de leur organisation. Or les modes de gestions de services publics fort différents les uns des autres sont de plus en plus dictés d’en haut, de façon uniforme, par des décideurs qui restent dans leurs bureaux et cadrent les moyens et les objectifs dans des tableaux Excel, sans prendre en compte les contraintes du quotidien.
N’est ce pas caricatural ?
Comment l’Éducation nationale décide-t-elle de fermer ou non des classes de primaire ? En regardant d’abord un tableau qui répertorie, à l’échelle du département, le nombre d’élèves par maître ; s’il est trop faible, les classes sont menacées. Sauf qu’en appliquant ce ratio en Lozère, par exemple, certains enfants devront faire quatre heures de car pour aller et revenir de l’école. Face à de tels écueils, il faut bien discuter. Mais la négociation est compliquée car elle est vue comme une insulte à la beauté des tableaux Excel. De façon plus générale, on demande désormais aux services publics, ou du moins à certains, de créer du profit. Pour se voir allouer des moyens, un hôpital doit distinguer les opérations et les examens qui rapportent de ceux qui coûtent cher – ce qui le pousse à développer les premiers au détriment des autres. C’est la conséquence de la T2A, la tarification à l’activité, mise en place en 2004. La qualité du service s’en ressent.
Comment et par qui ce type de réformes est-il conçu ?
Par de très hauts fonctionnaires, qui souvent vont pantoufler dans le privé ; mais aussi des consultants de cabinets de type McKinsey ; des banquiers travaillant de manière temporaire dans les ministères ; des dirigeants d’entreprise, sollicités pour amender les programmes scolaires – des Ponts et Chaussées par exemple ; etc… La liste est longue. Tous ces gens forment, avec les responsables politiques au sommet de l’État, ce que nous appelons la NMPP – la noblesse managériale publique-privée – pour reprendre le concept bourdieusien de noblesse d’État, en l’adaptant aux réalités d’aujourd’hui. [qui n’est qu’un détournement en forme de clin d’œil des NMPP – Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne. ndlr]. Or il se trouve que cette NMPP est largement déconnectée du terrain. Ceux qui la composent ne croisent jamais les groupes sociaux concerné par leurs modernisation, ils n’en voient pas les conséquences. Leur socialisation des isole du reste du monde. Leurs existences sont étanches, elles ont leurs enjeux propres, qui déterminent ce qui, pour eux a ou non de la valeur. Entendons-nous bien : le privé n’assiège pas l’État – après tout, les consultants répondent à des appels d’offres. Mais force est de constater qu’au terme de leur formation dans les grandes écoles nos très hauts fonctionnaires et nos dirigeants politiques sont convaincus de la supériorité du général sur le particulier, et font de la rentabilité financière un objectif central et universel, pour le public comme pour le privé. Cette foi préside ensuite aux règles de gestion des services publics. Les cadres qui veulent grimper dans la hiérarchie doivent aussi y adhérer.
De quand datez-vous le début de ce phénomène ?
Les préceptes du nouveau management public apparaissent dès les années 1970dans l’ensemble du monde occidental. En France, 2001 aura été une étape importante, avec l’adoption de la LOLF, la Loi organique relative aux lois de finances. Outre des impératifs gestionnaires, elle induit une logique de performance, avec des indicateurs chiffrés censés mesurer la réalisation des objectifs. Or une loi organique est difficile à détricoter, car elle se situe au-dessus d’une loi ordinaire ; et les indicateurs sont un carcan, qui contraint la possibilité d’imaginer de nouvelles réformes. Sont ensuite venues la RGPP en 2007 (Révision générale des politiques publiques), puis d’autres textes, qui ont amplifié de mouvement.
A-t-il existé un âge d’or des services publics ?
De la toute fin du XIX° siècle aux années 1980, le maillage du territoire métropolitain était remarquable, pour les tribunaux notamment, mais ce n’était pas du tout le cas dans les territoires d’outre-mer – qui souffrent encore d’un sous-équipement hérité de l’époque coloniale. Quant à l’égalité femmes-hommes, elle est restée une chimère durant des décennies, de nombreux corps de la haute fonction publique étant, de fait, fermés aux femmes. Du point de vue des usagers non plus, l’égalité était loin d’être parfaite : l’attribution des HLM a été longtemps tributaire de considérations racistes. On ne peut donc pas parler d’un âge d’or à restaurer. Pour moderniser les services publiques actuels, mieux vaudrait imaginer des réformes nouvelles, qui tiendraient compte des aspirations de la population, en matière de proximité ou de nouveaux besoins. Les réflexions se multiplient par exemple, autour d’un service public de l’alimentation, avec des propositions très variées sur la façon dont il pourrait se concrétiser. Cela n’a jamais été tenté – hormis l’ouverture des cantines publiques à la fin du XIX° siècle, mais personne ne voudrait aujourd’hui d’une cantine municipale comme il en existait à Roubaix en 1895… Ceci dit, reconnaissons qu’il n’est pas facile de savoir ce que souhaitent les gens. Les sociologues expliquent que ce sont souvent les mêmes qui répondent aux questionnaires, que les autres censurent, voire se taisent. Donc, oui, il est compliqué de réformer les services publics en partant du terrain. Reste que les gouvernements actuels ne font pas beaucoup d’efforts pour y parvenir.
Le Covid n’a-t-il pas changé la donne ?
Un peu. On a senti, après le premier confinement, un début d’inflexion des discours politiques qui s’est d’ailleurs accentué des dernières semaines, sur fond de crise politique et sociale ; Elisabeth Borne elle-même assure qu’il faudrait désormais que chaque décision règle un problème, améliore le quotidien des Français. Mais il est frappant de voir le décalage entre ces propos et les mesures annoncées. L’ouverture des Maisons France Services, par exemple, pour contrer les déserts administratifs, ne suffira pas …
Où, géographiquement, les services publics manquent-ils le plus ?
Dans les zones rurales, où les fermetures ont été motivées par la baisse de la population, mais aussi, de façon plus étonnante, dans les banlieues populaires : l’offre de service y est restée à peu près la même que dans les années 1950-1960, c’est-à-dire avant la construction des grands ensembles. Elle est donc aujourd’hui très sous-dimensionnée. Les Maisons France Service sont censées compenser cela en rassemblant en un lieu l’accès à un ensemble de guichets (Caisse d’allocations familiales, impôts, Pôle emploi…). Mais ce qui peut sembler une bonne idée pose deux gros problèmes : les gens ne sont pas au courant que cela existe, d’autant que ces structures ont changé plusieurs fois de nom, qu’elles déménagent fréquemment, n’ont pas une signalétique claire, et que les gouvernements surestiment totalement leur capacité à communiquer dessus. La plupart des usagers, notamment à la campagne, continuent de s’adresser d’abord à leur mairie – en vain. Ensuite, les personnes travaillant dans ces Maisons France service ne sont pas en capacité de résoudre tous les problèmes qui leur sont soumis. Elles sont souvent très mal payées, avec des contrats précaires, et n’ont pas reçu de formation approfondie ; elles n’ont même pas le droit d’effectuer les démarches qui requièrent la confidentialité. Elles sont juste en position d’aiguillage et disent souvent aux usagers : Rentrez chez vous pour faire vos dossiers sur Internet, ou Remplissez votre demande sur la borne là-bas, mais je ne peux pas tout vous expliquer. Dans le passé, les secrétaires de mairie pouvaient connaître le numéro de téléphone direct d’interlocuteurs adhoc, à la CAF par exemple, qui savaient résoudre tel et tel problème. Les jeunes précaires des Maisons France-service n’ont pas ces numéros. Or il existe beaucoup de cas compliqués, de situations personnelles qui n’entrent pas dans les cases des formulaires.
La dégradation des services publics peut-elle peser sur le fonctionnement de la démocratie ?
La fermeture des guichets de proximité est une violence pour celles et ceux qui se retrouvent sans service public à moins de 20 ou 30 kilomètres, et qui n’ont pas de voiture pour s’y rendre… La colère de cet éloignement se traduit politiquement. La carte de la désertification des services publics coïncide avec celle des services électoraux du Rassemblement national. La dématérialisation (le recours à Internet) ne règle rien, au contraire : elle crée de la frustration – la défenseure des droits l’a montré – pour des populations qui se sentent hors du jeu, et hors de la société. Une méfiance généralisée est entrain de s’installer : celle de usagers vis-à-vis d’un État qui de répond plus à leurs besoins ; celle de l’État vis-à-vis des ses propres agents soupçonnés de ne pas être assez efficaces ; celle d’agents qui ont le sentiment d’être empêchés de bien travailler, face à des objectifs intenables. Et bien sur tout cela pourrait se transformer en méfiance envers la démocratie elle-même.
Julie Gervais, politiste, Claire Lermercier historienne. Propos recueillis par Valérie Lehoux. Télérama 3828 du 20 au 26 mai 2023
On aurait pu encore ne pas se limiter aux jeunes en contrat précaire pour ce qui est de l’incompétence et donc aller voir un peu partout où elle s’affiche sans complexe : ainsi de ces machines à fournir des timbres à la Poste qui commencent par vous demander de taper le code-barre ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Il n’y a pas qu’une personne impliquée dans l’affaire : d’abord bien sur le concepteur du logiciel mais aussi tous ceux qui ont laissé passer cette ânerie sans rien y trouver à redire…. Etanchéité interne aux services publics, car il suffisait d’aller voir aux impôts pour trouver quelqu’un qui en fabrique un correct, -les impôts font des logiciels particulièrement bien conçus -.
27 05 2023
Les Américains – démocrates et républicains confondus – ont en horreur les gens qui crachent dans la soupe ; Jane Fonda, cette éternelle jeune fille de 85 ans remet à Justine Triet la palme d’or du festival de Cannes pour Anatomie d’une chute ; et elle sans élégance aucune profite de l’occasion pour mettre son grain de sel dans le concert des contestations contre la réforme du régime des retraites du gouvernement, confortant ainsi que la déontologie n’est plus qu’une vieillerie et que l’on est en droit d’instrumentaliser n’importe quelle manifestation pour s’en faire un marchepied politique. Mais passons sur la malhonnêteté intellectuelle que cela suppose. Fin du discours et Justine Triet commence à regagner sa place oubliant son trophée que Jane, furibarde, lui jette dans le dos.
Mais après tout en subventionnant le cinéma, le gouvernement n’achète pas les consciences des réalisateurs, et Georges Pompidou, en son temps avait été le premier à en convenir. La porte claquée par Adèle Haenel il y a quelques semaines était certes plus honnête, sans ambiguïté aucune, mais cela restera un geste isolé, probablement sans grande portée. Justine Triet a fait un film militant… ce n’est pas le premier mais les autres sont restés le plus souvent dans une marginalité plutôt maigrichonne. Là, c’est la palme d’or ; c’est à dire la reconnaissance par tout un milieu jusqu’alors plutôt abonné au strass et aux paillettes ; et c’est un extraordinaire changement de braquet. Les valeurs prônées par les revendications des femmes se retrouvent boostées et en position de force sur la grand place des décideurs.
28 05 2023
Premier vol du C 919, premier avion commercial chinois, à même d’emmener 164 passagers, qui espère rivaliser avec l’Airbus A 320 et le Boeing 737 MAX. Il est fabriqué par l’entreprise d’État Comac.
31 05 2023
Développé par la start-up EEL Energy, une hydrolienne ondulant comme un poisson est expérimentée dans le lit du Rhône, sur le réseau de Voies navigables de France.
Cette technologie permet de transformer la force du fleuve en électricité, grâce à un ingénieux système d’ondulation. Quatre machines de ce type sont prévues dans le Rhône d’ici à la fin de 2023, pour une production annuelle d’électricité de 400 mégawattheures. Ce qui permet d’alimenter environ une centaine de foyers.
La machine est composée d’une membrane de 7 mètres sur 10, plongée à environ 7 mètres de profondeur, qui se met à osciller grâce au courant du fleuve. Donnant l’effet d’une queue de baleine en plongée, la membrane articulée est reliée à un bras mécanique entraînant un transformateur, placé sur une barge en surface.
Cette technologie dépend de la vitesse du courant au cube. Nous l’avons testée dans la rade de Brest. Et nous avons pu démontrer qu’elle n’était pas soumise aux limites physiques des éoliennes. Celles-ci développent 59 % de l’énergie captée ; nous atteignons 67 %. C’est plus efficace que les turbines. Nous battons les hélices, confie Franck Sylvain, directeur général de la société EEL Energy.
La start-up de huit salariés travaille depuis dix ans sur cette source d’énergie inédite. Imaginé par l’inventeur Jean-Baptiste Drevet, originaire de Bourgoin-Jallieu (Isère), le procédé est développé à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), et les machines sont fabriquées à Gravelines (Nord).
Selon ses concepteurs, l’hydrolienne par ondulation a l’avantage de produire une énergie décarbonée, sans impact sur l’environnement. Ce qui entre parfaitement dans le cadre du projet de fermes hydroliennes lancé en 2015 à Lyon par Voies navigables de France (VNF).
Des hydroliennes par turbine ont déjà été installées dans le secteur du Rhône dévolu aux nouvelles productions d’énergie, situé au nord de Lyon, entre le parc de Saint-Clair, à Caluire, et celui de la Feyssine, à Villeurbanne. Le lieu est à l’écart des lignes de navigation, donc sans conflit d’usage. L’avantage est que la vitesse du courant est assez forte, de plus de 2 mètres par seconde.
Cette démarche permet à notre réseau des Voies navigables en France de contribuer à la production d’une électricité verte, et de répondre ainsi, de manière concrète, aux enjeux de la transition énergétique, souligne Cécile Avezard, directrice territoriale de VNF. La concession prévue sur dix ans va permettre à EEL Energy de tester la fiabilité et la productivité de l’hydrolienne biomimétique en milieu naturel.
D’après Franck Sylvain, l’expérience lyonnaise pourrait ouvrir de sérieuses perspectives dans d’autres fleuves puissants, tels le Congo ou l’Amazone, ou dans des secteurs marins à fortes marées, capables d’activer des machines de 250 mégawattheures.
Richard Schittly. Le Monde du 31 05 2023
3 06 2023
Un train de voyageurs percute un train de marchandises près de Balasore, à environ 200 kilomètres de Bhubaneswar, la capitale de l’Etat d’Odisha, dans l’est de l’Inde. Un autre train de voyageurs s’ajoute à la catastrophe : bilan : au moins 288 morts, plus de 900 blessés.
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[1] Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et candidat potentiel à la présidentielle de la fin 2023, enverra près de 300 secouristes à Antioche deux heures après la première annonce, et dès le lendemain 800 personnes et 275 véhicules sur les lieux du drame.