4 octobre 2005 à 2007 Aménagements autour du Mont Saint Michel. Musées Reinhold Messner. Mo Ibrahim. Exit l’A 380.14364

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Publié par (l.peltier) le 19 août 2008 En savoir plus

4 10 2005

Le Hamas prend le pouvoir dans la bande de Gaza. La fin de l’occupation et de la colonisation israélienne est revendiquée comme une victoire par le mouvement Hamas de plus en plus populaire dans la bande de Gaza. Les  et , le Hamas avait déjà remporté la majorité des sièges municipaux aux premier et second tours des élections locales à Gaza, mais il est vrai, avec un taux de participation de seulement 8 %. Les craintes de l’effacement de l’Autorité Palestinienne sont confortées par les affrontements fratricides entre le Hamas et le Fatah dans la bande de Gaza. Dans la période 2006-2007 plus de 600 Palestiniens seront tués dans les combats entre le Hamas et le Fatah. Dans la foulée de la guerre de Gaza, les violences commises par les factions islamistes et le Hamas ont fait 54 morts parmi les Palestiniens qui ont été considérés comme traîtres. tandis que des centaines ont affirmé qu’ils avaient été torturés. Les combats entre factions rivales ont fait 349 victimes palestiniennes en 2007, dont 160 pour le seul mois de juin.

8 10 2005  

Tremblement de terre dans les hautes vallées du Cachemire pakistanais : 73 000 morts, 69 000 blessés. Les secours n’arriveront très souvent qu’avec beaucoup de retard, et la toile de fond de guerre larvée Inde Pakistan n’arrangera bien sûr rien.

27 10 2005  

Zyed Benna, 17 ans, Bouna Traoré, 15 ans, de Clichy sous Bois – poursuivis ou non par la police ? – se réfugient dans l’enceinte d’un transformateur EDF, et y meurent électrocutés, un troisième, Muhittin Altun, 17 ans, est grièvement brûlé. Le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, se refusant à adopter la prudence diplomatique qui sied aux Affaires Étrangères, et préférant appeler un chat un chat parle de racaille et de voyous. Trois semaines d’émeutes non stop vont ravager les banlieues, surtout parisiennes : 9 193 voitures brûlées, des dizaines d’autobus de même, des dizaines d’édifices publics, commissariats, écoles, gymnases, entrepôts, commerces, médiathèques, églises, incendiés, 2 921 interpellations, 56 policiers blessés, 3 morts. La Fédération des sociétés d’assurance estime l’ardoise à 200 millions d’Euros (les inondations de décembre 2003 avaient coûté 700 millions d’Euros).

Il ne peut s’agir d’une révolution qui est l’expression d’un projet politique : on est là à l’opposé du projet politique : la destruction est tous azimuts, la réflexion est au degré zéro, le vide absolu et l’échec absolu du père qui a abdiqué son devoir d’autorité, soit parce qu’il est tout simplement absent, soit parce que présent, il n’a plus la force de soulever les montagnes pour l’exercer : souvent au chômage, comment pourrait-il conserver le respect de ses enfants ? il donne une taloche à son gosse ? et il va toujours se trouver quelqu’un pour appeler la police… qui vient et verbalise le père…

Tous les crimes de l’homme commencent par le vagabondage de l’enfant…. Quand l’on ouvre une école, on ferme une prison.

Victor Hugo

Est-ce vraiment l’ensemble du territoire qui s’est enflammé ? Non, car là où l’immigration est la plus ancienne… de toujours, pour faire court, cela n’a pas bougé : Marseille, où les siècles ont façonné un vivre ensemble suffisamment solide pour résister à pareil assaut : il a bien dû y avoir quelques discussions bien rudes entre jeunes et vieux au sein des familles d’immigrés, mais au final, la sagesse l’a emporté. Et, près de quinze ans plus tard, à la fin de l’emprise de Daech, quand les djihadistes français seront rapatriés, on s’apercevra là encore que leur origine géographique couvrait de façon plutôt homogène l’ensemble du territoire, avec un grand blanc : Marseille, où la greffe djihadiste n’aura pas réussi à prendre.

*****

Les violences en banlieue n’ont aucun lien avec les institutions ou des préoccupations religieuses, dixit le directeur général de la police nationale. Sans doute désireux de se faire reconnaître en acteurs politiques de plein droit, moyennant contrepartie, c’est un fait qu’en dépit d’une mosquée malencontreusement ­agressée fatwas, imams et hauts dignitaires n’ont joué dans les flamboyances de novembre qu’un rôle principalement scénique. L’offre religieuse d’interposition n’a pas rencontré une vraie demande. Ce constat inspire à nos commentateurs un  ouf de soulagement. Un peu à courte vue.

De bons esprits nous enjoignent de ne pas culturaliser une crise dont les clés sont d’évidence le chômage et la ségrégation Ce serait justifier un choc de civilisations et disculper nos classes dirigeantes de leurs responsabilités. Une guerre de religion brûle des hommes. Une guérilla sociale brûle des voitures. On imagine cependant ce qu’aurait pensé un vieux viennois à barbichette se promenant dans le 93, au vu de ces écoles, théâtres, bibliothèques, crèches centres culturels incendiés : Le problème ici n’est pas le trop, mais le pas assez de relig­ion. Le feu sacré est redoutable. L’absence de sacralité, dévastatrice. Aujourd’hui, et partout en Europe, c’est le deuxième cas de figure qui pose question.

Pauvreté (alors bien pire), discrimination des immigrés, crise du logement, exploitation de classe ont hanté pendant des décennies la ceinture rouge de Paris. On y réclamait le pain et les roses. On y défilait, on débrayait, on votait, on faisait le coup de poing – mais en plein jour, sous des étoffes claquant au vent et au son entraînant de La Marseillaise, en 1936, ou de l’Internationale, en 1950 – deux hymnes religieux s’il en est ! C’était l’époque où le culte républicain, entretenu par l’école et le service militaire, puis le progressisme messianique du mouvement ouvrier faisaient lever des générations de militants. Où le gamin fils de d’ouvrier et de femme de ménage aspirait  avant tout à parler français mieux qu’un Français de souche. 2005 a vu disparaître de l’ancienne zone le drapeau rouge, a fortiori le tricolore.

C’est moins le vert qui a pris la place, que le United Colors of Benetton. Désaffiliés de tout, sauf de la marchandise, apparemment plus préoccupés par les signes de la richesse sur soi que par sa redistribution à tous, les enfants à streetwear du rap et du zapping ont pour repères des marques de blouson et de chaussures. Damnés de la terre ou laissés  pour  comptes  du capitalisme ?

Entre les anciens combats de l’espérance et l’actuelle désespérance du vandale, entre la férule du Parti et celle du ghetto, entre l’âge de L’Internationale et celui des territoires, nulle continuité. La cassure symbolique n’est pas moins grave que la sociale. Elle touche au fondamental,  qui est la croyance et le sentiment d’appartenance. Dans le lien libidinal unissant les activistes les uns aux autres, a disparu l’identification à des enseignes politiques ou des martyrs, laïques, éléments moteurs et sublimants d’un idéal de groupe.

Tony Montana (le héros du dernier Scarface), qu’on dit être l’icône des quartiers, n’est pas porteur d’avenir, comme l’étaient, à tort ou à raison, les images de Trotski, de Staline ou du Che. Prendre un voyou pour héros et le business pour une solution n’annonce rien de très progressiste. C’est la présence d’un surmoi mental et moral qui différencie une jacquerie urbaine d’un soulèvement révolutionnaire, ou l’encapuché sans leader ni slogans des quartiers de l’insurgé à passe-montagne du Chiapas.

Parler d’Intifada, comme on l’a fait à l’étranger, laisse perplexe. Où est la Terre promise ? L’île d’utopie ? Le projet ? Les valeurs ? Cet assèchement mythologique raccorde cet épisode hexagonal au drame culturel européen. Cherchons religion civile désespérément. Prière s’adresser d’urgence aux gouvernements de Paris, Madrid, Rome, Berlin, La Haye.

Freud, qui n’était pas tendre pour la névrose obsessionnelle baptisée croyance religieuse, en était venu à la fin de sa vie à lui reconnaître au moins un mérite capital. Non pas, comme le cynique Voltaire, celui d’endormir la misère humaine et d’inciter les pauvres à souffrir en silence en attendant le paradis, mais le mérite, plus fondamental, de réunir des individus isolés en canalisant et le plus souvent en inhibant cette disposition instinctive, primitive et autonome de l’être humain : l’agressivité. Le sentiment religieux peut certes basculer dans l’instinct de mort, dans la mesure même où unir les uns aux autres par les liens de l’amour une grande masse d’hommes ne peut se faire qu’à la condition qu’il en reste d’autres en dehors pour recevoir les coups. Mais, en dépit de cette tragique ambivalence, fondamentalement, le mythe du péché originel et de la rédemption œuvre au service d’Eros et fait partie du combat de l’espèce humaine pour la vie. Le sentiment de culpabilité, et donc d’autopunition, donne du grain à moudre à la conscience morale.

En quoi l’opium du peuple, qui fut en réalité la vitamine du pauvre, contribue au programme de civilisation, qui épargne nos cousins les chimpanzés. La pacification des mœurs (pour reprendre l’expression de Norbert Elias) repose en définitive sur le renoncement à nos satisfactions infantiles, sur le sacrifice toujours laborieux de nos ardeurs, notamment sexuelles, sur l’inhibition répressive et disciplinée de nos pulsions par toutes sortes d’institutions civilisatrices – famille, école, métier, armée, État -. Bref, sur la tension entre un Surmoi sévère et un Moi sans cesse à soumettre.

Ces expressions anachroniques, qu’on jugera fort réactionnaires, sont empruntées à un maître livre de 1929, écrit dans un style simple et direct, aujourd’hui passé sous silence par la plupart des psychanalystes, intitulé Malaise dans la civilisation. Il serait urgent de le rééditer, même si on peut comprendre la relégation aux oubliettes de cette œuvre prophétique. Le vieux Freud y défend une thèse des plus incorrectes et intempestives : la recherche effrénée par les individus, dès leur plus jeune âge, du plaisir maximal ne peut que déboucher sur un ensauvagement général du vivre ensemble. Encore ce sombre pronostic datait-il d’avant l’omniprésente publicité appelant sur tous les trottoirs et écrans à la satisfaction sans tarder du moindre désir ; d’avant les mass media, avec les deux coïts et les trois meurtres par minute désormais exigés de la moindre série télévisée qui se respecte.

Qu’eût dit notre Père Fouettard, ce grand émancipateur qui connaissait le prix de l’émancipation ? Que la poursuite du programme de civilisation est rien moins qu’assurée. Pour le dire dans ses mots à lui : la sublimation en culture intellectuelle, artistique et religieuse de nos pulsions libidinales impliquait son lot de souffrances individuelles, celles du refoulement. La désublimation en cours porte dans ses flancs la désintégration européenne, fédérale, nationale et personnelle. Alimentée par un consumérisme sans rivages et par le désencadrement politique et la désaffection nationale (aggravée, chez nous, par la fin criminogène du service militaire obligatoire), la dépression du croire rendra de plus en plus douloureuse la vie en société. Parce qu’un supermarché n’a jamais suffi à faire une communauté. L’apothéose de la marchandise sur fond de crise économique a placé sous nos pieds, partout, une bombe à fragmentation.

Deux choses menacent le monde, disait Valéry : l’ordre et le désordre.  Ajoutons : deux choses menacent la Cité, l’excès d’autorité symbolique et l’absence d’autorité symbolique. C’est cette dernière, aujourd’hui, qui passe la facture à la République française. Car là où défaille l’autorité, qui est le contraire du pouvoir, ne triomphe que la loi du plus fort, cette tristesse.

Regis Debray. Le Monde 28 novembre 2005

10 2005 

Andy Greenhalgh, retraité anglais, propose au British Museum trois reliefs assyriens. Le musée envisage d’en acheter un, les deux autres sont proposés à la maison de vente Bonhams, dont l’expert, Richard Falkiner, n’est pas dupe un instant. Pour lui, il s’agit au mieux d’une copie du XIX°  siècle. Le British Museum réexamine l’œuvre et… constate une faute dans l’écriture cunéiforme ! Andy était le père de Shaun Greenhalgh, faussaire des temps modernes, c’est-à-dire avec une certaine aptitude pour les fautes d’orthographe. La morale de cette histoire, c’est que l’orthographe, contrairement à ce que disent ses détracteurs, ça sert à quelque chose, et la morale de cette morale, c’est que les scribes assyriens, selon les apriori du British Museum, ne faisaient jamais de fautes d’orthographe. Peut-être la punition était-elle autrement plus sévère qu’elle ne l’est aujourd’hui ?

7 11 2005  

Harry Markopolos est américain, expert en produits dérivés, avec deux armes : beaucoup de rigueur mathématique et d’obstination. Dès le mois de mai 1999, il a averti les services de la SEC – Securities and Exchange Commission – de Boston que Bernard Madoff était un escroc de très haut vol. Sans réaction. Il remet le couvert, mais cette fois-ci, il s’agit d’un rapport écrit, de 19 pages, intitulé : The World’s Largest Hedge Fund is a Fraud. Et là encore, cet envoi n’est suivi d’aucun effet, et pour cause : celui qui traite le dossier Madoff n’est autre que son gendre ! eh beh voyons ! Le président de la SEC a donné le dossier Madoff à son gendre ! Un peu plus de trois ans plus tard, le scandale du fond Bernard Madoff sera l’un des actes principaux de la crise financière qui amènera le monde entier en récession : c’est 25 % de la capitalisation boursière du monde qui passera à la trappe ! La SEC savait, et la SEC n’a rien dit, n’a rien fait. Le rapport de Harry Markopolos sera publié le 18 décembre 2008 par le Wall Street Journal.

9 12 2005

Début des travaux du gazoduc sous-marin Nordstream, en mer Baltique. Le capital initial de la société Nordstream AG est modifié et réparti entre le russe Gazprom (51 %), les allemands Wintershall Holding et E.ON Ruhrgaz (15.5 % chacun), le néerlandais Gasunie (9 %) et le français Gaz de France – devenu ensuite GDF Suez (9 %).

18 12  2005  

Evo Morales Ayma, producteur de coca, d’origine aymara, devient président de la Bolivie dès le premier tour de la présidentielle, avec 53.7 % des voix. Depuis le début de l’année, c’est le troisième président, mais cette fois-ci, c’est le bon : il gagnera encore les élections pour son deuxième mandat en 2009 avec 64 % des voix et fin 2014, se présentera pour un troisième mandat. Il saura prendre conseil auprès d’experts internationaux pour procéder à des nationalisations imposées de façon que chaque partenaire soit gagnant, et augmentation régulières aidant pour les matières premières du pays, la redistribution profitera à tous.

29 12 2005

Gerhard Schröder, chancelier de l’Allemagne jusqu’au 22 novembre 2005, entre au conseil d’administration du consortium Nordstream AG, crée pour développer et exploiter le gazoduc Nord Stream dont Gazprom est actionnaire majoritaire. L’eurodéputé vert Reinhard Bütikofer se lâche : Das StinksÇa pue -.

2005

[…] Mo Ibrahim est une célébrité en Afrique. Plus encore que pour son combat actuel contre la mauvaise gouvernance, on l’y connaît comme l’un des pionniers de la téléphonie mobile. Dans les années 2000, il a révolutionné le quotidien sur un continent gigantesque, manquant de routes, d’électricité, et où le fixe n’était jamais parvenu à s’imposer. Aujourd’hui, le portable est un outil économique, financier, sociétal, démocratique, possédé par neuf Subsahariens sur dix.

Sa marque, Celtel, avait officiellement conquis, selon les chiffres diffusés à l’époque, 6 millions d’utilisateurs dans 13 pays subsahariens, du Burkina Faso à l’Ouganda, de la Zambie au Tchad. A sa vente, en 2005, seulement sept ans après sa création, elle s’arrachera pour 3,4 milliards $, propulsant Mo Ibrahim parmi les hommes les plus riches et les plus influents d’Afrique.

L’affaire n’était pas franchement écrite. J’ai vraiment été un homme d’affaires par accident, lâche l’intéressé de son anglais rocailleux teinté d’accent soudanais, tout en bourrant sa pipe devant son écran d’ordinateur, de sa résidence de Monaco. Mo Ibrahim est né en 1946 à Halfa, dans l’extrême nord de l’actuel Soudan, alors sous domination de l’Égypte et du Royaume-Uni. Il grandit à Alexandrie, en Egypte, poumon économique où travaille son père greffier. Dans cette famille musulmane de cinq enfants, on valorise l’argent honnête des docteurs et des ingénieurs, mais on dédaigne celui des affaires, jugé douteux.

Ce sera donc ingénieur, en électricité, puis dans le secteur naissant de la communication mobile. Studieux, l’étudiant décroche plusieurs bourses, à l’université d’Alexandrie d’abord, puis à Bradford et à Birmingham, en Angleterre. Passionné par la transmission des signaux entre deux antennes, il travaille comme chercheur avant de rejoindre, en 1983, à près de 40 ans, British Telecom, qui développe un réseau cellulaire. Le mobile est encore un drôle de gadget pour voiture, avec un gros émetteur-récepteur dans le coffre et une antenne sur le toit. Dr Mo raconte avoir convaincu le groupe de miser sur le tout nouveau téléphone portatif, qu’il découvre dans une conférence. Les années suivantes marquent l’explosion du secteur en Europe.

Souffrant des lourdeurs bureaucratiques, l’ingénieur démissionne et monte, en 1989, dans sa salle à manger de Londres, une société de logiciels et de consultance en téléphonie mobile, Mobile Systems International -MSI -. Elle va crouler sous les demandes. Nous devions doubler nos équipes chaque année, se rappelle celui qui est entre-temps devenu citoyen britannique. Nous avons conçu peut-être la moitié des réseaux GSM en Europe.

L’Afrique, trop dangereuse, trop instable, n’apparaît même pas sur le radar de ses clients, de grands groupes de télécommunications. L’un d’eux lui affirme un jour, à propos de l’Ouganda, qu’il n’investira jamais dans un pays dirigé par Idi Amin Dada… alors que le sanguinaire despote n’était plus au pouvoir depuis quinze ans déjà. J’ai compris que la perception du risque en Afrique était juste trop élevée chez les Européens et les Américains. Je me suis dit que seuls des Africains allaient le faire. Parce que nous n’avons pas peur de l’Afrique. Son intuition est que le besoin de communiquer y est encore plus grand qu’ailleurs.

Au milieu des années 1990, la téléphonie accuse un retard béant en Afrique. Les lignes fixes sont rares, concentrées dans les grands centres urbains, un poste étant souvent partagé entre plusieurs familles, retrace Thecla Mbongue, du cabinet d’analyse Omdia, à Johannesburg, en Afrique du Sud. Le mobile commence à se développer, mais l’offre est parcellaire, coûteuse, réservée aux plus nantis.

Ce qui a tout changé, c’est d’avoir des investisseurs panafricains qui connaissaient leur marché et qui y croyaient,  souligne l’experte, notant également l’invention cruciale, à cette époque, des cartes prépayées, mieux adaptées que les forfaits au budget serré et fluctuant des ménages. Ce sont des économies où la population a l’habitude d’acheter par petits bouts, depuis les morceaux de sucre jusqu’aux sachets d’eau. 
Mo Ibrahim Foundation Founder and Chair, Mo Ibrahim, poses for a photograph at his office in London on November 16, 2020. Governance progress slowed across Africa for the first time in a decade, even before the coronavirus pandemic hit, with commitment to democracy and civil rights faltering, a major report said Monday. The Mo Ibrahim Index of African Governance, published every two years, gives each country's government a score according to criteria including anti-corruption measures, protection of civil liberties and caring for the environment. (Photo by Hollie Adams / AFP)

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Celtel se lance en 1998. Mamadou Kolade, directeur du développement commercial au sein de la petite équipe basée aux Pays-Bas, témoigne avec émotion de leurs performances inespérées. Au Congo-Brazzaville, par exemple, nous visions 3 000 abonnés sur l’année et nous les avons eus en une semaine ! L’engouement était tel que les gens se sont bousculés à notre siège, ils ont fracassé la porte, parce que chacun voulait avoir un téléphone, parce que ça fonctionnait. 

Le Sénégalais partage avec d’autres vétérans du secteur le sentiment d’avoir été embarqué dans une aventure rocambolesque, aux défis logistiques extrêmes. Au Gabon, entre Libreville et Franceville, loin dans les terres, se dressent de denses forêts. On se faisait attaquer par des singes, des éléphants ! Pour relier les deux villes, installer des antennes, amener le fioul pour les générateurs, il fallait les hélicoptères de l’armée. 

La vente des activités de MSI pour plus de 900 millions $, en 1999, ainsi que l’entrée à son tour de table de banques de développement aident Celtel à financer ses dépenses colossales. Mais les défis sont également politiques, régulatoires. Mo Ibrahim instaure des règles strictes (pas de gré à gré, dépenses scrutées par le conseil d’administration), raconte Mamadou Kolade. De plus, outre leurs poches profondes, les investisseurs ont été choisis pour leur influence auprès des gouvernements : en cas de problème, la Banque mondiale et les coopérations britannique et allemande offrent un levier certain de négociation.

Alors que les géants sud-africains MTN et Vodacom ont désormais rejoint la bataille continentale, Celtel tient la barre grâce à son marketing avisé et sa capacité d’innovation. Joël Cadier, alors patron du groupe ivoirien Atlantique Télécom, observe que Celtel fonctionnait comme une start-up, avec une équipe très solide et motivée par des stock-options. Le succès tient aussi, selon lui, à la personnalité même de Mo Ibrahim : Il a une vision, un leadership. Il vous inspire, même quand on est son concurrent.

Réputé humble, mais aussi ami des puissants, le fondateur de Celtel est, selonle magnat nigérian Aliko Dangote, un homme sans peur. L’ancien directeur de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Pascal Lamy honore, quant à lui, le flair de cet homme d’affaires malgré lui, qui jure n’avoir jamais anticipé l’ampleur de la révolution mobile.

Elle finit cependant par aiguiser les appétits, alors que les utilisateurs africains ont grimpé de 3 millions à 134 millions, entre 1998 et 2005, selon les données d’Omdia. Au tournant du siècle, un rachat avait été discuté avec le français Vivendi – pour un montant, dit-on, de 600 millions $ –, mais il restera sans suite. Quelques années plus tard, l’opérateur koweïtien MTC va enchérir à 3,4 milliards $ pour remporter, au nez et à la barbe de MTN, Celtel, qui deviendra Zain, puis Airtel. Voilà l’Anglo-Soudanais milliardaire, tandis que quelque 180 de ses salariés deviennent millionnaires.

Depuis, un pied à Monaco ou à Londres, un autre dans un avion, il a fait de la gouvernance son grand mantra, lui consacrant sa fortune – en plus d’un fonds d’investissement, Satya Capital – à travers la Fondation Mo Ibrahim. Dans l’esprit Celtel, l’institution s’est entourée d’un aréopage de personnalités présentées comme des garants des valeurs démocratiques, dont l’ancienne présidente irlandaise Mary Robinson, l’ancien vice-président nigérian Yemi Osinbajo,  le Sénégalais Macky Sall. Ses enfants, Hadeel et Hosh, y siègent également.

La fondation a deux principaux outils. Elle publie chaque année un indice de la bonne gouvernance en Afrique, dont la dernière édition primait les Seychelles et reléguait au dernier rang le Soudan du Sud. Elle attribue aussi, ou non, un prix de 5 millions $ (cinq fois plus que le prix Nobel) à un chef d’Etat exemplaire. Le dernier en date a été décernéen 2020 au Nigérian Mahamadou Iissoufo, soupçonné d’avoir laissé faire, trois ans plus tard, le coup d’Etat militaire contre son successeur, Mohamed Bazoum. Mo Ibrahim rétorque que le lauréat remplissait strictement les critères au moment de l’attribution.

La fondation a aussi son grand raout annuel, itinérant, l’Ibrahim Governance Weekend, qui s’est tenu en juin à Marrakech, au Maroc. Dans le centre de conférences cossu d’un grand hôtel s’y rassemble un parterre de décideurs autour d’un thème – en 2025, le financement -. Sur scène, décontracté, pantalon et baskets blanches, l’homme de 79 ans fait son show. Dans ses conversations avec Mo, il interviewe en longueur des plus ou moins proches (au fil des ans, le Nigérian Aliko Dangote, le Rwandais Paul Kagame, le Kényan William Ruto).

Il prend aussi le micro pour livrer ses saillies tranchantes contre la nouvelle loi de la jungle mondiale, la complainte récurrente contre le colonialisme ou l’explosion des conflits, y compris celui, fou et stupide, qui ravage son pays. Moi, je vous dis, à quoi bon vous financer si vous allez tout détruire et vous entretuer ? Si vous détruisez ce pont, cette route, cette infrastructure, à quoi ça sert ? a-t-il tancé cette année en ouverture. En juge, et en vedette.

Marion Douet Le Monde du 20 juillet 2025

Joël le Scouarnec, chirurgien exerçant aux hôpitaux de Vannes et Quimperlé est condamné à 4 mois de prison avec sursis pour détention d’images à caractère pédopornographique. Il avait déjà échappé de peu aux recherche de la gendarmerie sur ce sujet l’année précédente, mais l’enquête ayant été menée à la Dutroux, elle n’avait pas abouti. Son statut de notable lui permettra d’échapper par la suite à tout contrôle administratif et à poursuivre dans sa folie de détraqué sexuel jusqu’en  avril 2017, quand il sera incarcéré ! que de fillettes aux vies massacrées par la lâcheté de l’administration ! Son procès de tiendra en mai 2025 à Rennes.

Face aux menaces d’ensablement du Mont Saint Michel, les autorités réagissent et entreprennent des travaux visant à lui rendre son caractère premier :

Pour restaurer la beauté originelle de la Merveille, menacée par l’ensablement de sa baie, un grand projet de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel a été initié. Travaux hydrauliques, nouvelles voies d’accès et ouvrages d’art : cet immense chantier apparaît, aujourd’hui encore, comme l’une des opérations d’aménagement les plus originales d’Europe.  

En 1979, le Mont Saint-Michel est consacré par une double inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. Mais au même moment, l’inquiétude grandit. La Merveille s’ensable peu à peu…. Un phénomène naturel de sédimentation qui s’est accéléré au fil des interventions humaines sur le site depuis le XIX° siècle : canalisation du Couesnon, barrage, route d’accès, parkings au pied des remparts… 

[…] Réunies au sein du Syndicat Mixte Baie du Mont Saint-Michel, les principales collectivités locales lancent en 2005 une grande opération de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel. L’ambition est à la hauteur du site : restaurer durablement le paysage et instaurer des conditions d’accueil dignes de ce haut lieu du patrimoine mondial et de sa représentation symbolique.

L’ancien barrage en porte à flots du Couesnon est remplacé par un barrage réversible à 8 vannes, dont la construction débute dès 2006. Pièce maîtresse de l’opération, il fonctionne sur un principe de chasse d’eau : il assure le remplissage du fleuve à marée montante, puis sa vidange à marée descendante. Dès 2009, il relâche deux fois par jour 70 000 à 1,2 million de m³ d’eau. L’élan nécessaire pour redonner au fleuve la force d’emporter les sédiments vers le large… Au-delà de sa  fonction hydraulique, l’ouvrage a été conçu pour révéler le caractère exceptionnel du site. Son pont-promenade invite les visiteurs à déambuler d’une rive à l’autre pendant que son balcon maritime et ses gradins offrent un espace de contemplation unique face à la baie.

En amont, les travaux consistent à recréer un réservoir d’eau. Le lit du Couesnon, envasé sous l’effet de l’ancien barrage, est curé sur 4,7 km. Ses berges sont nettoyées, les roselières fauchées. Un peu plus loin, l’Anse de Moidrey, un ancien méandre, est reconstitué : un réseau de 8 km de canaux en forme de « mains » est formé, pour contenir jusqu’à 300 000m3 d’eau. Au total, 1,5 million de m3 de tangue (le nom de ce sol bien particulier) sol sont extraits lors de ces opérations.

L’opération de rétablissement du caractère maritime du Mont Saint-Michel a été conçue pour réduire au maximum ses impacts environnementaux. Les études, menées avant son lancement, ont évalué ses potentielles conséquences sur la faune et la flore locales et déterminé les mesures à prendre. Parmi elles, la mise en place d’écluses à poissons sur le nouveau barrage pour favoriser son franchissement par les migrateurs et les anguilles. Le long du Couesnon, les travaux ont, eux, été menés en plusieurs étapes afin de respecter les périodes de migrations des civelles et des saumons comme de nidification des oiseaux. Un programme de transfert de plantes a également été instauré dès 2008. Plusieurs espèces rares (Crételle hérissée, Trèfle à folioles étroites, Tordyl majeur et Scabieuse maritime), présentes le long de l’ancienne digue-route ont été déplacées ailleurs dans la baie…

Les ouvrages d’accès au Mont sont quant à eux totalement redessinés, de manière à ne plus gêner la circulation de l’eau. Un nouveau parking de 4 000 places est aménagé sur le continent. Désormais, pour se rendre jusqu’au Mont, à pied ou en navette, les visiteurs empruntent une nouvelle voie d’accès de 1085, construite un peu plus à l’Est . Elle se prolonge par un pont-passerelle de 760 m. Tel un fil tendu au-dessus de l’eau, l’ouvrage repose sur 134 piliers coulés dans des pieds ancrés à une vingtaine de mètres sous le niveau de la mer.

Au bout, le pont-passerelle se pose sur une esplanade surmontée d’un gué qui permet de franchir les 120 derniers mètres jusqu’au Mont. Une vingtaine de fois par an, lors de coefficients de marée exceptionnels, le gué se recouvre d’eau. La grande opération menée sur ce site prend alors tout son sens : le Mont-Saint-Michel redevient une île, au milieu de son écrin maritime.

Sur ce chantier emblématique, nous avons travaillé sous le feu des projecteurs, avec une attention toute particulière sur l’exemplarité et la tenue des délais. Les enjeux étaient très importants, notamment sur le plan environnemental

La démolition des parkings situés aux pieds du Mont et le démantèlement de l’ancienne digue-route, en 2015, constituent la dernière étape, hautement symbolique, de l’opération de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel. Les courants sont libérés de leurs entraves. Depuis, les premiers relevés topographiques réalisés ont permis de constater que d’importantes surfaces ont été regagnées par la mer, dans un rayon d’un kilomètre autour du Mont (20 hectares de plus en 2014 par rapport à 2009).

Un courant qui a aussi bénéficié au tourisme et à l’économie locale. Les visiteurs se pressent toujours plus nombreux pour admirer le Mont-Saint-Michel entouré d’eau. Le phénomène ne s’était plus produit depuis la construction de la première digue-route en 1879. La Merveille a ainsi renforcé sa position de destination incontournable et vu sa fréquentation augmenter pour atteindre désormais les 3 millions de visiteurs chaque année. Soit le site le plus visité en France après Paris.

Normandie, le 14 octobre 2024

25 01 2006

Le Hamas remporte les élection législatives palestiniennes avec la majorité des suffrages : 42,9 % sur l’ensemble du corps électoral. Dans la bande de Gaza, il arrive en tête, notamment à Gaza.

27 01 2006

Jean-Christophe Lafaille a passé la nuit à 7 600 mètres, sur les pentes du Makalu 8 463 m  : il part pour le sommet… on ne le reverra plus.

Le G.H.M. - Actus

 

Il y a 10 ans Jean-Christophe Lafaille disparaissait au Makalu

Camp de base du Makalu Décembre 2005

03 02 2006  

Al Salam Boccacio 98, un ferry égyptien coule en Mer Rouge à 70 km au large du port égyptien de Safaga,  à la suite d’un incendie ; il comptait 1 305 passagers et 97 hommes d’équipage. Le commandant a été parmi les premiers à quitter le navire avec 40 de ses hommes… pas assez de chaloupes pour emmener tout le monde etc  etc… En 1991, l’armateur lui avait fait rajouter trois ponts aux Chantiers Navals de La Spezia. 378 rescapés, 185 morts, 947 disparus.

illustration de Al-Salam Boccaccio 98

il avait été surnommé le bateau le plus laid du monde.

avril 2006 

Dominique de Villepin, premier ministre, veut réduire le chômage des jeunes, scandaleusement élevé : dans une tranche 18-25 ans : 23 % ! Il concocte un nouveau contrat de travail : le CPE : Contrat Première Embauche, qui devrait permettre aux employeurs d’embaucher en beaucoup plus grand nombre des jeunes sans qualification. Et c’est la tempête, lycéens, étudiants, tout le monde y va de sa grève de sa manif, de son indignation… les syndicats embrayent : trois bonnes semaines de pagaille, bien sur coûteuse ; on retire tout et le calme revient. Mais on se demande bien pourquoi Dominique de Villepin a tenu à baser toute son affaire sur un chiffre faux, car incluant comme chômeur les lycéens et étudiants : en fait le chômage des jeunes, dixit l’économiste Jacques Marseille, est de 7.8 %. Comprenne qui pourra.

1 05 2006   

Le nouveau président bolivien, Evo Morales, visite le site de production gazière de Carapari, San Alberto, 1 200 km au sud de La Paz. Le directeur local s’empresse pour lui demander lequel des sites il souhaite visiter et s’entend répondre : Je ne suis pas venu pour une visite, mais pour prendre – au nom du peuple bolivien – le contrôle de vos installations. L’affaire avait été menée de main de maître :

La veille, des ingénieurs opérant pour le compte de la Compagnie nationale des hydrocarbures, – de fait une coquille vide depuis son démantèlement par le président précédent, Sanchez Losada – étaient venus, sous couvert de contrôle de sécurité,  mettre en place des appareils sophistiqués rendant impossibles tout sabotage des opérations.

Au même moment, dans tout le pays, des régiments d’élite de l’armée occupaient les champs pétrolifères et gaziers, les stations de pompage, les raffineries, les ateliers, les salles de commande électronique des pipelines, les dépôts de chemin de fer, les gares routières les ateliers, les sièges administratifs et les centre de communication internationale des sociétés étrangères.

Evo Morales avait obtenu la collaboration matérielle du président algérien, Aziz Bouteflika, du président vénézuélien Hugo Chavez et, plus surprenant, de la très luthérienne et honnête Norvège, lesquels dépêchèrent nombre d’experts en marketing, comptabilité, le tout dans le cadre de contrats ficelés par un coûteux cabinet d’avocats de New York, rémunéré par le Venezuela : il s’agissait de faire en sorte que les sociétés pétrolières et gazières continuent à œuvrer dans le pays, mais de les transformer, de sociétés privées, en sociétés de service agissant sous les ordres de l’État bolivien. Matthieu Pigasse, aujourd’hui gérant associé de la Banque Lazare, actionnaire du Monde y aurait aussi participé. Les Norvégiens déterminèrent l’exact taux de rentabilité, à savoir sous quelles conditions précises imposées par l’État bolivien les sociétés pourraient dégager les profits propres à satisfaire les exigences de leurs actionnaires.

Et cela marcha, et marcha remarquablement bien : jusqu’au 31 décembre 2006, douze sociétés étrangères ont signé 44 nouveaux contrats.

Voir les détails de l’image associée. Evo Morales Wallpapers - Wallpaper Cave

11 06 2006

Reinhold Messner, 62 ans, encore bien vivant après avoir flirté avec la mort des dizaines d’années sur les toits du monde inaugure un ensemble de musées dédiés à la montagne, créés à son initiative ; le MMM – Messner Mountain Museum -, réparti sur six sites :

  • Firmian, dans les Dolomites, au pied de l’Ortles, dans le château de Sigmundskron au sud-ouest de Bolzano. Il possède une salle de réunion d’une capacité de 200 personnes.
  • Juval, dans les Dolomites dans le château de Juval à Naturno. Les salles sont consacrées au Tibet
  • Ripa. Le musée occupe le château de Bruneck dans la commune de Brunico, consacré aux Sherpas, aux Indiens d’Amérique du Sud, Tibétains, Mongols et Hunzas.
  • Dans les Dolomites, au Monte Rite, sur la commune de Valle di Cadore.
  • Plan de Corones.  Dans les Dolomites, à l’est de  Bressanone, le musée est dans un ancien fort militaire de la Première guerre mondiale, réhabilité par Zaha Hadid.
  • Dans l’Ortles à Sulden le musée est consacré au ski, à l’Arctique et l’Antarctique.

Le projet est estimé à 30 millions $. Que n’a-t-on donc un tel ensemble en haute montagne en France ?  les bâtiments à réhabiliter de la ligne Maginot sur la frontière France Italie, de Saint Gingolph à Vintimille, ne manquent pas : le contenu ne manque pas non plus : il n’est que de penser à l’immense et magnifique collection Payot qui ne demande qu’à être exposée…. Les aquarelles de Samivel rivalisent toutes de talent comme de poésie. Peut-être est-ce la volonté qui manque ? Et s’il n’est pas possible de trouver un site au-dessus de 2 000 m., les Pouvoirs publics auraient pu faire jouer leur droit de préemption sur les Instituts Dolomieu et l’Institut de Géographie Alpine de Grenoble : ils auraient faits une bien belle vitrine. Et puisque l’on est passé à côté à Grenoble, un peu plus au sud, il y a toute la forteresse de Mont Dauphin et les très nombreux forts de Briançon… l’embarras du choix. Et au diable tous les chauvinismes, qu’ils soient régionaux, nationaux, ce musée là pourrait se consacrer à tout l’alpinisme, de l’Amérique du Sud à l’Himalaya, de l’Ouest Américain aux Alpes d’Europe, des cascades de glace du Ben Nevis aux sommets de l’Antarctique

Sept incroyables musées de montagne

MMM Corones. Zaha Hadid, architecte

Messner Mountain Museum Corones (Brunico, 2015) | Structurae

MMM Corones, à l’est de Bressanone

Les Musées de la Montagne Messner (MMM)

MMM Corones

Forte Monte Rite, MMM Dolomites, Messner Mountain Museum

MMM Monte Rite

20 06 2006

Pour Jacques Chirac, l’inauguration du musée des Arts Premiers, quai Branly, est un des moments les plus heureux de ma présidence et l’une des plus grandes joies de ma vie. Les Arts premiers, jusqu’alors son jardin secret, sont devenus jardin public, pour tous.

9  07 2006

On est à cinq minutes de la fin de la finale de coupe du monde de football qui oppose la France à l’Italie. Et Zinedine Zidane, le capitaine de l’équipe de France donne à Marco Matterazzi, un professionnel de la provocation, le coup de boule du siècle. Ce n’est pas vraiment le retour en force du droit à la paire de baffes, mais c’est une très bonne introduction.

On parlera encore longtemps de cette image de footballeur solitaire, descendant les escaliers en essuyant ses larmes avec son maillot, disparaissant du terrain, loin de ses coéquipiers. On parlera encore beaucoup de ce coup de tête, un geste terrible à voir pour nous tous mais qui a dû être bien plus terrible encore pour Zizou. Car il doit maintenant affronter et assumer son erreur, celle de s’être laissé emporter par les provocations de Marco Materazzi. Car il y a bien eu provocation. En effet, même si le match auquel nous avons assisté le 9 juillet a été extraordinaire d’énergie et de précision, il faut reconnaître que les Italiens jouent toujours le coup de théâtre et la provocation. C’est pourquoi je crois que cette finale a été, pour tous les Français qui l’ont vue, très marquée par le fatum, le destin littéraire, avec un grand exploit, une intrigue parfaite et un drame à sa hauteur, magnifique dans son déroulement et avec un dénouement humain, où le héros a disparu pour laisser la place à l’homme. Pour moi, la France a gagné la Mondial, et, malgré son coup de tête, Zidane reste incontestablement un footballeur extraordinaire et d’une intégrité exceptionnelle : il est le meilleur de tous parce que son équipe a été et reste inégalable en expérience, en authenticité et en élégance. Oui, voir la France repartir sans la Coupe du monde a été très dur. Mais elle occupe désormais une place unique dans l’histoire du sport : on ne pourra plus jamais parler d’union, d’esprit collectif, d’amitié, d’affection et d’amour sans mentionner cette équipe et sans nommer un par un chacun de ses membres.

Pourquoi mentirais-je ? Voilà longtemps que j’attendais ce moment. Sans le savoir, sans même m’en douter. Comment- aurais-je pu imaginer qu’il me surprendrait chez moi, enfoncée dans mon canapé, en train de me ronger les ongles ? Je m’explique : il y a une éternité que le sport cubain ne m’émeut plus. Ce n’est pas à cause de ses athlètes, car beaucoup me paraissent exceptionnels. Mais, comme je connais parfaitement les fils politiques qui font d’eux des marionnettes, les compétitions qui se déroulent sur l’île ont cessé de m’intéresser.

Voilà donc onze ans que j’attendais cet instant, cette minute précise où un sportif tel que Zizou me ferait monter les larmes aux yeux. Je me suis mise à pleurer une perte qui n’avait rien à voir avec celle qui n’a jamais cessé de m’affliger durant toutes ces années : la perte de mon pays. Et, en même temps j’étais heureuse, justement parce que je pleurais enfin pour quelque chose n’ayant aucun lien avec Cuba, pour une personne qui fait désormais partie de ma vie, qui représente aussi désormais ma patrie. En fait, les exilés reconstruisent peu à peu leur patrie perdue avec des petits riens piochés çà et là : un roman de Sandor Marai, un film de Wong Kar Wai, des vers de Federico Garcia Lorca, une chorégraphie de Joaquin Cortés, une aria de Montserrat Caballé, une relecture de François Rabelais, de Marcel Proust ou de Marguerite Yourcenar, une finale de la Coupe du monde où l’on peut voir une idole dans toute sa fragilité. Une fragilité qui confirmera sûrement sa grandeur, son intégrité en tant qu’être humain. Je me suis mise à pleurer pour Zizou, pour l’équipe de France et pour ces gens tout aussi excités que moi qui attendaient, le drapeau tricolore à la main, le moment de se jeter dans la rue en criant: À la Bastille ! On a gagné ! Il y a longtemps que j’ai compris que ma vraie patrie est l’émotion poétique. Ou plutôt l’émotion, tout simplement, tout court. Merci les Bleus ! Merci Zizou !

Zoé Valdés. El Mundo Madrid. Courrier International n° 820. 20 au 26 juillet 2006

Quand, pour reprendre un slogan entendu en 1998, il n’y a plus que la victoire en nous, il ne saurait plus y avoir de victoire du tout. Les intérêts financiers en jeu font perdre tout intérêt au jeu, ou plutôt toute sa passion. Comment se passionner pour ce qui n’est plus intéressant, ou pire : intéressé ?

Et c’est là que Zidane, par son geste inexplicable en finale de la Coupe du monde 2006, intervient dans le débat. Un geste universellement présenté comme contre-exemplaire, au point que Zidane lui-même, probablement préparé par quelque conseiller, trois jours après la finale perdue contre l’Italie, en exclusivité pour Canal+, qualifie son geste de pas pardonnable.

Pourtant tout le monde ou presque paraît le lui avoir instantanément pardonné, mettant ce geste d’humeur et sur le compte d’une sensibilité méditerranéenne à l’insulte, ou de l’émotion d’une fin de carrière, ou d’un défaut de caractère jamais complètement réglé malgré l’expérience du haut niveau.

Ce que je crois, c’est que tout le monde, sans pouvoir vraiment se l’avouer, a su gré à Zidane de briser le carcan commercial, poli, trop poli, trop lisse et policé d’un football sponsorisé et primé au résultat. Zidane, dans un violent éclair d’orgueil, a fait parler la poudre de la liberté, de la passion brutale, de la grandeur homérique. Il a restauré d’un coup [de tête] le sens humain du jeu. Enfin un acte gratuit, hors de prix, risqué, inexplicable, opaque. En un mot : humain, Zidane, quatre ans plus tard, ne regrette pas son geste.

Apparemment irréfléchi, mais profondément juste, au point, il le sent, de ne pouvoir y renoncer. Ce geste-là, je le garderai de toute façon toute ma vie. Ça fait partie du destin.  Un athlète qui parle de destin, qui emploie ces grands mots alors qu’il est sponsorisé, employé par de grandes marques, toujours tentées d’en faire leur petit esclave, manifeste la valeur de son mauvais geste, dernier refuge d’une liberté qui est celle du jeu.

Un grand joueur, c’est quelqu’un qui est capable aussi de casser son jouet. Liberté négative, mais liberté tout court.

Olivier Pourriol. Le Monde 12 juin 2010

13 07 2006 

Mise en service du BTC : le premier tanker chargé de brut caspien quitte le terminal de Ceyhan. BTC : Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, sur la mer Caspienne – Tblilissi, capitale de la Géorgie – Ceyhan, sur la mer Méditerranée, proche de la baie d’Iskandérum, en Turquie : c’est le nom de l’oléoduc long de 1 762 km enterré à 1.5 m. de profondeur, qui franchit des cols à plus de 2 500 m. d’altitude. C’est la BP : – British Petroleum qui a été le principal financeur : 30 % des parts, 4 milliards $ – de cet oléoduc, qui soustrait à l’avidité russe une bonne part du pétrole de la Caspienne pour en faire bénéficier l’Occident., à raison, une fois atteint le régime de croisière d’un millions de barils/jour.

Aux côtés de ce BTC, un autre pipe, de gaz, de Bakou à Erzurum en Turquie, via Tbilissi. Arrive aussi à Ceyhan un autre oléoduc, partant de Kirkouk, en Irak qui n’aura été opérationnel que quelques années, car abandonné dès 1990 à cause de l’embargo sur l’Irak.

fin juillet 2006

Il n’est pas courant de voir des citoyens, usagers d’une ville au quotidien, dire avec une rare unanimité leur plaisir du profit qu’ils font d’une opération d’urbanisme où l’humanité est restée constamment présente aux cotés de la technicité ; cela se passe à Bordeaux :

Au tournant du millénaire, la ville et la communauté urbaine organisent un concours pour l’aménagement de la rive gauche de la Garonne. Plusieurs membre du jury pensent que le projet sélectionné sera celui d’Alexandre Chemetoff, précédemment choisi pour l’île de Nantes. À l’ouvertures des enveloppes, surprise ! le gagnant n’est pas Chemetoff, mais Michel Corajoud. Ce professeur à l’École nationale supérieure de paysage de Versailles, qui est un des pères du renouveau de cette discipline en France, va laisser dans la ville une empreinte inversement proportionnelle à l’ampleur de son ego. À l’inverse de beaucoup de spécialistes de l’espace public, Michel Corajoud, décédé en 2014, est un humble. Et la trace qu’il laisse à Bordeaux est immense : grâce à lui, la bande de quelque 5 kilomètres de long et d’une centaine de mètres de large située entre le fleuve et la première ligne d’immeubles devient le pôle le plus attractif de la ville.

Pourtant, les quais reviennent de loin. Quand Alain Juppé prend les commandes de la ville, les bateaux de commerce ont déserté depuis quelque temps déjà ces bords de Garonne pour des zones situées plus en aval. Les bars à marin ne sont plus qu’un souvenir. Mais le Port Autonome a gardé la maîtrise foncière d’une bonne partie des anciennes zones de chargement des navires, qu’elle finira par céder à l’issue d’un âpre marchandage pour un tiers du prix demandé. Les grilles qui, depuis des décennies, coupaient la ville de la Garonne, ne sont pas encore toutes tombées. Et plusieurs hangars en ruine, témoignent de la fin du très long passé maritime de cet espace qui fit la fortune de la ville, et où l’on pouvait encore parfois humer quelques décennies plus tôt, sur ses terres pleins, des senteurs de barrique, de vanille et de bois tropicaux.

De ce passé portuaire, Michel Corajoud dit qu’il a aidé la ville-centre à faire son deuil. Le long de ce segment de Garonne qui n’accueille plus guère que des bateaux de croisière et des berges fluviales transportant des tronçons d’Airbus, Michel Corajoud a fait, avec la bénédiction des élus, un lieu de rencontre, de promenade, de sport, de fêtes bon enfant, mais aussi parfois de bringues échevelées. Un lieu où des jeunes accroupis sur leur skate croisent des septuagénaires débarquant d’un promenade en Garonne, où des couples branchés viennent déguster des huîtres le dimanche matin, en même temps que des familles modestes y promènent leurs enfants.

Cette métamorphose est le fruit de plusieurs ingrédients. Le tramway qui longe le fleuve quasiment d’un bout à l’autre, rend ces quais facilement accessibles, en même temps que ces voies, plus ou moins parallèles à la courbe du fleuve, en rythment l’espace. Le trafic des voitures y a été comprimé sous l’effet du nouveau plan de circulation de la ville, qui transforme en boulevard urbain tranquille un axe où transitait jadis une bonne partie du trafic nord-sud de l’agglomération. Les trottoirs sont devenus plus larges devant les hôtels XVIII° où les négociants vivaient dans des appartements surplombant les chais et les entrepôts. Du coup, cette façade des quais a recommencé à accueillir des terrasses de restaurant, dont le vacarme et les émanations d’oxyde de carbone décourageaient naguère l’implantation.

Mais l’essentiel s’est peut-être passé dans la frange de ce territoire situé entre voie routière et Garonne. C’est là que le professeur de paysage à l’école de Versailles a fait le choix de planter des milliers d’arbres. À quelques dizaines de mètres des façades de pierres blondes, ce parti pris végétal a pu paraître iconoclaste. Mais, pour Michel Corajoud, avec la fin des activités portuaires, cet espace risquait de souffrir d’une trop grande minéralité, le rendant difficilement supportable les jours de grande chaleur. D’où la décision de planter des arbres de hauteur diverse, et dont l’agencement est conçu en fonction de leur couleurs, mais aussi de la forme et de la densité des ombres qu’il génère. Du marronnier au charme, l’érable de Cleveland, le paulownia et le cytise, des dizaines d’essences se succèdent ainsi sur ces bords de fleuve. Fleurs et plantes aromatiques, telles que la pivoine, la sauge, le romarin et la lavande complètent cet ensemble végétal dont les dimensions sont conçues de façon à ne pas masquer les façades.

Au cœur de cet aménagement figure le miroir d’eau installé juste en face de la place de la Bourse. (3 450 m², une réalisation du fontainier Jean-Max Lorca. ndlr). Cet espace, recouvert d’un pellicule d’eau animée à la belle saison d’un mouvement mécanique qui évoque le cycle des marées et autour duquel se déploie de façon intermittente une nuée de brume artificielle  avait pour but, à l’origine, de refléter la splendeur des palais jumeaux de l’illustre place. Mais, à cette vocation initiale, s’est ajouté très vite un usage devenu aujourd’hui dominant. Dès que les beaux jours reviennent, les tout petits, et parfois les moins jeunes aiment à venir barboter dans cette source de fraîcheur au beau milieu de la ville. Une décennie après sa création, les miroir d’eau est devenu le totem d’une ville rajeunie et le symbole de la récupération des quais par une partie des habitants.

Bernard Broustet Juppé de Bordeaux. Conquête et métamorphoses. Editions sud-ouest 2016

Miroir d'Eau (Bordeaux) : 2020 Ce qu'il faut savoir pour votre visite ...

Bordeaux, une métropole d'innovation - fondation Bordeaux Université

Le jardin des lumières

Michel Corajoud, In Memoriam | Arquitectura Viva

Michel Corajoud. 14 07 1937 Annecy, 29 10 2014 Paris.

09 2006  

Quelques semaines après le cessez le feu de la guerre entre Israël et le Hezbollah, une plume israélienne et féminine revient au fond des choses : qu’avons-nous fait de la soif de justice qui est ce qu’il y a de plus commun à tous les hommes ? En quoi la politique de l’État juif a-t-elle eu le souci de la justice envers les Palestiniens ? Le constat est accablant.

Laissons de côté ces Israéliens qui, par idéologie, soutiennent la dépossession du peuple palestinien parce que Tu [Dieu] nous a choisis. Laissons de côté ces juges qui couvrent la politique militaire de meurtre et de destruction. Laissons de côté ces officiers qui emprisonnent sciemment tout un peuple entre des murs, des tours de guet fortifiées, des mitrailleuses, des barbelés et des projecteurs aveuglants. Et laissons de côté nos ministres et tous ces gens qui comptent – les architectes, les planificateurs et, plus généralement, les concepteurs et les exécutants de la politique gouvernementale -.

Parlons plutôt des autres. Des historiens et des mathématiciens, des éditeurs, des vedettes médiatiques, des psychologues et des médecins, des avocats qui ne soutiennent pas le Goush Emounim [l’extrême droite religieuse] ou Kadima [le parti au pouvoir], des enseignants et des éducateurs, des amoureux de la nature, des magiciens des hautes technologies. Où êtes-vous ? Et vous, les spécialistes du nazisme, de la Shoah et du goulag ? Etes-vous vraiment en faveur de ces lois discriminatoires qui décrètent que, pour les ravages provoqués par la dernière guerre, les Arabes de Galilée ne recevront pas les mêmes indemnisations que leurs voisins juifs ?

Se peut-il que vous souteniez ce code de la nationalité raciste qui interdit à un Israélien arabe de vivre avec sa famille dans son propre logis ? Se peut-il que vous souteniez les expropriations programmées en Cisjordanie pour créer un nouveau quartier d’implantation juive et une nouvelle route, le yehudim bilvad [pour Juifs seulement] ? Se peut-il que vous soyez d’accord pour qu’un tiers de la Cisjordanie soit désormais inaccessible aux Palestiniens ? Que vous acceptiez une politique qui empêche des dizaines de milliers de citoyens étrangers d’origine palestinienne de rendre visite à leur famille dans les Territoires ?

Pensez-vous réellement vous en sortir avec l’argument de la sécurité pour trouver normal d’interdire aux étudiants gazaouites d’étudier l’ergothérapie à Bethléem et la médecine à Ramallah, ou aux malades de Rafah de recevoir des soins à Ramallah ? Pensez-vous pouvoir vous réfugier derrière le lo yadanou [nous ne savions pas] lorsqu’on vous parlera de la discrimination pratiquée dans l’accès à l’eau [sous le contrôle exclusif d’Israël] et qui laisse des milliers d’immeubles palestiniens sans eau durant les canicules ? Ou du fait que Tsahal a pu impunément ceinturer les villages par des barrages empêchant les habitants d’aller s’approvisionner en eau ?

Il n’est pas possible que vous ne voyiez pas les lourds portiques d’acier qui jalonnent la Nationale 344, cette route qui traverse l’ouest de la Cisjordanie, mais sans accès aux villages palestiniens. Il n’est pas possible que vous souteniez l’interdiction faite à des milliers de fermiers d’accéder à leurs champs. Ou que vous souteniez la quarantaine imposée à Gaza et qui empêche la livraison de médicaments aux hôpitaux et la fourniture d’électricité et d’eau à 1,5 million d’êtres humains. Se peut-il que vous ne sachiez pas ce qui se passe à quinze minutes de vos cabinets et de vos universités ? Se peut-il que vous souteniez ce système qui voit des soldats hébreux dresser des barrages au cœur de la Cisjordanie et bloquer des dizaines de milliers de civils des heures durant sous un soleil de plomb et trier les habitants selon leur âge ou selon qu’ils viennent de Naplouse ou de Tulkarem ? Ou, pour l’exemple, placer en détention une femme malade qui a eu le tort de sortir de la file ? Le site www.machsomwatch.org [ONG israélienne chargée de surveiller les agissements des soldats israéliens aux postes de contrôle] est accessible à tous et regorge de témoignages et de documents qui rendent compte de ces horribles pratiques. Il n’est pas possible que ceux qui s’insurgent à la moindre croix gammée sur une tombe juive en France ou au moindre titre antisémite dans un journal local espagnol ne soient pas informés de ce qui se passe en Cisjordanie et ne s’insurgent pas

Comme Juifs, nous jouissons tous du privilège que représente pour nous Israël et c’est pourquoi nous sommes tous, bon an mal an, des collaborateurs [du système]. La question est : que fait chacun d’entre nous pour minimiser sa collaboration avec un régime spoliateur et oppresseur insatiable ? Il ne suffit pas de signer des pétitions et de se plaindre. Israël est une démocratie pour ses Juifs. Nos vies ne sont pas en danger, nous ne risquons pas d’être placés en camp d’internement et nous pourrons toujours nous détendre à la campagne ou à l’étranger. C’est pourquoi le poids de notre collaboration et de notre responsabilité directe est terriblement lourd

Amira Hass. Ha’aretz Septembre 2006

23 11 2006  

Alexandre Litvinenko, ex-espion russe du KGB, s’est mis au service de MI 6 anglais et meurt empoisonné au polonium 210, versés dans son thé quelques semaines plus tôt par Dmitri Kovtun et Andreï Lougovoï. Ce dernier sera élu député en Russie moins d’un an plus tard. Le capitaine Barril affirmera qu’en fait le travail a été le fait des services secrets américains et anglais.

10 12 2006 

Moussa Koussa, l’un des plus proches collaborateurs de Kadhafi, chef de ses services secrets extérieurs, signe un document qui acte l’accord de principe…d’appuyer la campagne électorale du candidat aux élections présidentielles Nicolas Sarkozy pour un montant d’une valeur de cinquante millions €. La signature de Moussa Koussa sera authentifiée.

2006 

Salman Khan, professeur indo-américain à Boston a une nièce à la Nouvelle Orléans, nulle en maths. Il conçoit pour elle des petites vidéos qu’il met sur You Tube. La petite nièce apprécie beaucoup, mais aussi ses cousins, ses copains et copines, tant et si bien que le pédagogue ouvre la Khan Academy, hors de tout modèle économique classique. Huit ans plus tard, elle sera plébiscitée par dix millions de jeunes, en version anglaise et française. J’ai toujours voulu créer l’enseignement que j’aurais aimé recevoir, répète celui qui a séché les cours magistraux de Harvard, fussent-ils délivrés par des Prix Nobel.

La Khan Academy connaît un énorme succès, mais elle n’innove par vraiment sur le principe : dès 2001, le MIT avait mis une partie de ses cours sur son site MIT OpenCourseWare. Les MOOC – Massive Open Online Course – sont entièrement gratuits, composés de vidéos, quiz, forums et animations sur les réseaux sociaux ; ils sont ouverts à un nombre illimité de participants.

C’est une révolution, comme il n’y en a pas eu depuis la massification de l’éducation lancée en France par Jules Ferry.

Gilles Badinet, en charge des enjeux numériques auprès de la Commission Européenne.

Roberto Saviano écrit Gomorra, Dans l’empire de la Camora, publié chez Mondadori. Depuis lors, il vit en permanence sous protection policière : sept carabiniers et deux voitures blindées. En France, vous n’avez pas encore bien compris ce que signifie le fait d’avoir l’extrême droite au pouvoir. Vous allez bientôt comprendre. [la Tribune Dimanche du 15 février 2025]

Le 14 juillet 2025, la cour d’appel de Rome confirmera la condamnation de Francisco Bidognetti, l’une des têtes du clan Casalesi à quinze mois de prison, pour menace de mort et intimidation contre l’écrivain. En 2008, le maxi procès Spartacus s’était terminé par la condamnation de 115 mafieux, principalement du clan Casalesi.

1 01 2007

L’Europe compte 27 pays :

Au 1° juillet 2013, elle accueillera la Croatie, qui deviendra le 28° membre.

Une faute lourde sera alors commise : conserver la règle de l’unanimité en dépit de cet agrandissement, ce qui est la façon la plus sure d’aller vers la paralysie. Faute d’avoir eu l’audace d’éditer de nouvelles règles, (noyau central des seuls états des premiers jours ou autre), l’Europe s’est vouée pieds et poings liés au sur place. Dans les année 2020, l’exemple le plus marquant en sera la Hongrie de Victor Orban, au fascisme à peine dissimulé, incompatible avec le fonctionnement démocratique.

Cependant, L’Être historique européen existe, il s’est construit en nouant par des principes communs les différences qui la traversent. Et le droit a été un instrument déterminant de cette construction. À lire chacune des vingt-sept constitutions, la diversité et la particularité de l’histoire politique de chacun des vingt-sept pays apparaissent clairement : méfiance de l’Allemagne à l’égard des référendums et de l’élection populaire du Président en souvenir de leur utilisation par Hitler; affirmation du principe de laïcité par la France en souvenir du temps où la religion s’opposait à la République ; défense de la liberté religieuse par la Pologne et la Grèce en souvenir du temps où la religion a servi à se libérer là de l’empire soviétique ici de l’empire ottoman… Mais en même temps, chacune des vingt-sept constitutions énonce les mêmes droits, les mêmes valeurs, les mêmes principes et souvent dans les mêmes termes : égalité et notamment entre les hommes et les femmes, liberté individuelle, liberté d’opinion, liberté d’expression [1] , droit de propriété, liberté syndicale…

Que les peuples européens aient ainsi en partage les mêmes droits signifie qu’au-delà des histoires particulières qui les ont faits, ils peuvent se rassembler autour des mêmes valeurs, autour d’une même conception sociale convergente dont la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne est l’expression la plus récente.

Dominique Rousseau. Le Midi-Libre du 5 mars 2025

25 01 2007 

Naissance d’AQMI, – filiale d’Al-Quaïda au Maghreb islamique -, héritière du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat – GSPC -.

3 04 2007 

Dans la Marne, sur la ligne LGV Est, un TGV atteint 574.8 km/h.

29 04 2007     

L’ancien premier ministre de Kadhafi, Choukri Ghanem, qui sera retrouvé noyé à Vienne le 29 avril 2012, écrit dans son journal : J’ai déjeuné chez Bachir Saleh [directeur de cabinet de Kadhafi], Baghdadi [le premier ministre] était présent. Bachir a dit avoir payé 1,5 million € à Sarkozy ; quant à Saïf – le fils de Kadhafi -, il lui a envoyé 3 millions €. Il semblerait que les émissaires aient empoché une partie des sommes avant de les remettre à destination. Abdallah Senoussi [beau-frère de Kadhafi] lui a également envoyé 2  millions €.

Les intermédiaires Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri ont profité de la manne ; l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Boris Boillon, sera contrôlé gare du Nord, en  2013, avec 350 000  € et 40 000  $ ; Claude Guéant, l’ancien secrétaire général de l’Élysée, peinera à justifier le demi-million € perçu par l’intermédiaire de circuits panaméens tortueux ; l’ancien premier ministre Dominique de Villepin touchera la même somme, par les mêmes circuits.

Par après, l’ex-premier président de la Libye post-Kadhafi, Mohamed Al-Megarief, écrira dans ses Mémoires : Pourquoi mentir ou le nier ? Oui, Kadhafi a financé la campagne électorale de Nicolas Sarkozy et a continué à le financer encore après 2007. Redevenu justiciable ordinaire, Nicolas Sarkozy sera mis en examen et placé sous contrôle judiciaire le 21 mars 2018, avec les chefs d’inculpation de corruption passive, financement illégal de campagne électorale, recel de détournement de fonds publics libyens.

6 05 2007  

Nicolas Sarkozy est élu président de la République avec 54 % des voix. Cécilia, son épouse se refuse à partager sa liesse au Fouquet’s. La détente qui suit fait remonter le naturel à la surface : On ne peut pas se réclamer du général de Gaulle, et se comporter comme Silvio Berlusconi. […] Entre Fouquet’s, Falcon et palace flottant, il a oublié qu’il venait d’être élu président de la République. Pendant trois jours, il nous a fait honte.

Alain Finkielkraut

Il y a dans ce personnage un mystère passionnant à explorer. Son ascension pourrait être shakespearienne, mais c’est Shakespeare sans la grandeur tragique. Sarkozy est une bête politique, une bête de scène. Il incarne ce qu’il appelle le pragmatisme, qui est en fait cette absence totale de pensée qui triomphe aujourd’hui. Qu’y a-t-il derrière cette intelligence vide de fond, cette énergie folle qui cherche désespérément son contenu ? Mon hypothèse, c’est qu’il y a une forme d’ennui, de haine de soi absolu.

Denis Podalydès, qui jouera son rôle en 2011 dans La conquête

Le problème de Sarkozy, c’est qu’il a souvent un excès d’adrénaline. Quand ça va bien, il en fait trop. Quand tout va mal, il devient calme. Il a fait preuve, dans la crise financière  des subprimes en octobre 2008 d’un impressionnant sang-froid.

Alain Minc

Avec lui arrive à l’Élysée le temps des présidents qui ne sauront plus habiter la fonction, des présidents indignes en quelques sorte : de son Casse-toi, pauvre con à la confusion mentale de François Hollande qui pensera que bavarder inconsidérément avec des journalistes, c’est gouverner, aux innombrables petites phrases de café de Commerce de Macron,  pour donner place, soi-disant, au parler vrai.

12 06 2007   

Alexandre Soljenitsyne, installé à Troïtse-Lykovo, reçoit Vladimir Poutine, lequel a depuis longtemps compris que la Russie ne serait jamais athée ; c’est donc une excellente opération politique que fait le maître du Kremlin, renforçant ainsi, pour autant que cela fut nécessaire, son attachement à la puissante Église orthodoxe. La renommée de Soljenitsyne aura fait beaucoup d’ombre à celle de Varlam Chamalov, né en 1907, auteur entre autres des Récits de la Kolyma, où il était resté détenu plus de dix ans. Chalamov, mort en 1982, sera toujours resté résolument athée.

15 06 2007 

Areva, né en 2001 de la fusion de la Cogema et de Framatome, avec pour présidente Anne Lauvergeon, formée à Normal sup science, nommée en 2001 par Lionel Jospin, 1° ministre sous la présidence de Jacques Chirac, rachète la société canadienne UraMin, pour la bagatelle de 2.5 milliard $, – 1.8 milliard € -. UraMin détient 5 permis d’exploitation d’uranium en Afrique – Namibie, Centre Afrique, Sénégal, Afrique du Sud, Niger – mais n’a à ce jour aucun savoir-faire en exploitation d’uranium. Ces permis se révéleront être presque tous des coquilles vides : il n’y a pas d’uranium exploitable. Le plan d’Anne Lauvergeon consistait en fait à revendre par la suite 49 % d’UraMin à la Chine, devenant ainsi son principal fournisseur en uranium… malheureusement les Chinois vont vouloir se rendre compte par eux-mêmes de la valeur de ces gisements et vont dès lors rapidement faire machine arrière en ne donnant pas suite au projet. La bonne dame ira voir alors du côté de l’Inde, qui fera exactement comme les Chinois, et la voilà avec un bien gros bébé sur les bras ! Donc cet achat tourne au désastre financier. Pour finir, il s’agit de 3 milliards € qu’épongera le contribuable français. Il faudra attendre juin 2011 pour qu’elle soit éjectée de la présidence d’Areva par Nicolas Sarkozy, président le la République, avec, tout de même, 1.5 millions € d’indemnités ! Croyez-vous que tous ses chers collègues la tiendront désormais à distance ? Que nenni ! La liste des conseils d’administration qu’elle continue d’honorer de sa présence est longue comme un jour sans pain… à consulter sur Wikipedia. Areva deviendra New Areva en 2016, puis Orano en 2018, et Atomic Anne attend les procès en nombre, probablement en compagnie d’Olivier Fric, son mari, à la profession mystérieuse jusqu’à ce qu’il apparaisse comme recruteur d’un des cadres d’Areva, le banquier belge Wouters, au premier plan dans le rachat d’UraMin, puis, ensuite, comme l’un des mystérieux acheteurs d’actions UraMin en 2007, peu avant son rachat par AREVA, ce qui avait permis une rentrée d’argent qui pourrait avoir servi à vouloir corrompre des dirigeants d’Afrique du Sud, pour qu’ils commandent des centrales nucléaires !

Areva : Olivier Fric, le mari gênant d'Anne Lauvergeon | Vanity Fair

Anne Lauvergeon et Oliver Fric aux côtés de James Wolfensohn, ancien président du World Bank Group, et sa femme lors d’une réception au théâtre Mariinsky, à Saint-Pétersbourg en juin 2010 (Getty). Tout va très bien, Madame la Marquise, tout va très bien… Pourtant, il faut, il faut que l’on vous dise, On déplore un tout petit rien : Un incident, une bêtise, […] Votre jument grise, elle a péri Dans l’incendie Qui détruisit vos écuries

7 07 2007 

L’initiative d’un Québécois [c’était un Québécois, narquois, comme tous les Québécois, chantait Félix Leclerc] globe-trotter et cinéaste d’origine suisse, Bernard Weber, officialise la rupture entre le monde du web et les Institutions Internationales confortablement installées depuis des lustres dans leur priorité : préserver ses avantages, et ils sont de taille. L’insolent a eu l’audace de venir marcher dans leurs plates bandes en organisant sur la toile un concours pour classer les Sept nouvelles Merveilles du Monde du XXI° siècle. Le dernier classement remontait à ~250 avant J.C. Depuis le mois de janvier, les internautes étaient invités à choisir les 7 nouvelles Merveilles parmi 21 monuments sélectionnés à partir de 77 sites choisis par un jury formé notamment d’architectes prestigieux. Près de 100 millions de personnes se sont prononcées. Ce concours a été  mis sur pied après la destruction par les talibans des bouddhas géants de Bamiyan, en Afghanistan, en 2001. Une partie des recettes de la cérémonie qui se déroule à Lisbonne doit financer leur reconstruction. La télévision l’a retransmise dans plus de 170 pays. L’astronaute Neil Armstrong, l’ex-secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, la reine Rania de Jordanie et le premier ministre portugais José Socrates, président en exercice de l’Union européenne, y ont également participé. Les choix ne font pas preuve d’une réelle affection pour l’architecture moderne : le monument le plus récent doit être le Christ rédempteur de Rio !

Les heureuses élues sont les suivantes :

  • la Grande Muraille de Chine
  • le mausolée du Taj Mahal, en Inde
  • la cité troglodyte de Petra, en Jordanie
  • la statue du Christ rédempteur, à Rio de Janeiro
  • les ruines incas du Machu Picchu, au Pérou
  • l’ancienne cité maya de Chichen-Itza, au Mexique
  • le Colisée de Rome, en Italie

Quatorze autres sites étaient dans la course :

  • l’Acropole d’Athènes, en Grèce
  • la Tour Eiffel à Paris, en France
  • les statues de l’Île de Pâques
  • les alignements de Stonehenge, en Grande-Bretagne
  • les temples d’Angkor, au Cambodge
  • l’Alhambra de Grenade, en Espagne,
  • la basilique Sainte Sophie d’Istanbul, en Turquie
  • le temple Kiyomizu à Tokyo, au Japon
  • la place Rouge à Moscou, en Russie
  • le Kremlin à Moscou, en Russie
  • le château de Neuschwanstein, en Allemagne
  • la Statue de la Liberté à New York, aux États-Unis
  • l’Opéra de Sydney, en Australie
  • l’ancienne cité de Tombouctou, au Mali

Bien sur, la cérémonie n’a pas  fait l’unanimité. L’UNESCO a choisi de se désolidariser totalement de l’événement. L’organisme de l’ONU chargé de répertorier le patrimoine mondial estime que la nouvelle liste des sept Merveilles du Monde ne contribuera en rien à la préservation des sites historiques.

10 07 2007   

Les ministres des transports autrichien et italien signent à Vienne un accord de coopération pour les travaux du tunnel ferroviaire du Brenner. Il reliera Innsbruck en Autriche à Bressano en Italie, cela en fera le tunnel le plus long du monde, avec 62 km. Coût : 9 milliards €, dont 6 pour les travaux et 3 en charges financières. L’Autriche, l’Italie et l’Europe s’en partageront le coût, à raison d’un tiers chacune. En 2006, 1.9 million de poids lourds ont emprunté le col du Brenner, deux fois plus qu’en 1995, date d’entrée de l’Autriche en Europe, et près de deux fois le trafic de l’ensemble des cols frontaliers suisses, qui lui, s’est réduit, vu la très forte augmentation des tarifs autoroutiers, laquelle réduction en Suisse est devenue augmentation en Autriche.

14 08 2007 

Quatre camions piégés explosent dans les villages d’Al Khataniyah et Al Adnaniyah, en Irak, essentiellement peuplés de Yézidis : on compte plus de 400 morts.

6 09 2007   

Sept chasseurs F-151 israéliens, partis de la base de Ramat David, au sud-ouest de Haïfa, après un détour subterfuge avec une escorte font cap sur Al-Kibar, dans le district de Deïr es Zor, dans le nord-est de la Syrie, pour y détruire la centrale atomique bientôt opérationnelle construite par les Nord Coréens, non configurée à des fins pacifiques, du même type que celui construit par la Corée du Nord à Yongbyon.

Syrië dicht bij herovering Deir ez-Zor - Geotrendlines

Israel Admits Bombing Nuclear Facility in Syria's Deir ez ...

Ce n'est plus un secret: comment Israël a détruit le réacteur nucléaire ...

10 10 2007

Une vérité qui dérange, le documentaire de Davis Guggenheim, cheval de bataille d’Al Gore sur le réchauffement climatique sorti le 24 mai 2006 est retoqué par la Haute Cour de Londres saisie par le proviseur d’un lycée du Kent : sa diffusion est liée à l’insertion dans le film d’un avertissement énonçant les conclusions de ce jugement.  Il a relevé neuf erreurs :

  • La fonte des neiges au Mont Kilimandjaro serait attribuable au réchauffement climatique alors que le consensus scientifique est qu’on ne peut rien affirmer de tel. L’explication la plus courante est la diminution des retombées neigeuses à la suite de la disparition progressive de la forêt humide à la base de la montagne.
  • Sur l’interprétation des graphiques montrant l’évolution des températures et du CO2 sur 650 000 ans, le jugement considère que s’il y avait un large accord chez les scientifiques sur un lien entre les deux courbes, celles-ci ne prouvaient pas ce qu’affirme Gore ;
  • L’ouragan Katrina serait dû au réchauffement climatique alors que l’opinion scientifique est qu’il n’y a pas de preuves suffisantes ;
  • L’assèchement du Lac Tchad serait une conséquence du réchauffement climatique, alors que les preuves sont là aussi insuffisantes : d’autres facteurs comme la hausse de la population et les variations du climat dans la région sont plus plausibles ;
  • Une étude montrerait que des ours polaires se sont noyés à cause de la fonte des glaces arctiques. Il apparaît que la seule étude scientifique trouvée sur le sujet parle de quatre ours polaires noyés à cause d’une tempête ;
  • Le réchauffement climatique pourrait stopper le Gulf Stream et renvoyer l’Europe à l’âge de glace, alors que le GIEC considère comme très improbable un tel arrêt bien qu’il juge qu’il devrait ralentir ;
  • Le réchauffement climatique serait à l’origine de la disparition d’espèces, dont la décoloration (bleaching) des récifs de corail alors que le rapport du GIEC affirme qu’il est difficile de séparer les différentes causes du blanchissement du corail ;
  • Les calottes de glace du Groenland et de l’Ouest Antarctique pourraient fondre et entraîner une hausse alarmante du niveau des mers. Le film semble suggérer une fonte dans un proche avenir, alors que le point de vue général est que le Groenland ne pourra pas fondre avant des millénaires ;
  • Le relèvement du niveau des mers aurait été à l’origine de l’évacuation de certaines îles du Pacifique en direction de la Nouvelle-Zélande, alors qu’aucune preuve d’une telle évacuation n’existe.

La Haute Cour de Londres ne s’est pas opposée à la diffusion du film dans les établissements scolaires du Royaume-Uni, mais à condition qu’il soit accompagné d’un document indiquant ce qui est de l’ordre du consensus scientifique, ce qui ne l’est pas et ce qui est d’ordre politique.

La France ne tiendra pas compte de ce jugement et ne demandera pas d’insertion qui le mentionne.

Un an plus tard, Al Gore conclura une conférence à l’American Geophysical Union à San Francisco : Vous avez le devoir de réduire au silence ceux qui s’opposent aux avis du GIEC ! On a envie de poursuivre : et vive Staline ! 

L’unanimité des opinions n’est pas une preuve qui vaille.

Descartes

On finira par trouver des scientifiques, eux-mêmes membres du GIEC pour en critiquer fermement la méthodologie : ainsi de François Gervais, lors d’une conférence du 13 décembre 2018 :

Et de Christian Gérondeau, ex directeur de la Sécurité Routière, en décembre 2017 :

Ces messieurs auraient gagné en crédibilité s’ils avaient, ne serait-ce que mentionné, les indiscutables preuves d’un réchauffement : fonte de la banquise arctique, de la calotte glaciaire groenlandaise, de la montée vers le nord de la vigne, de la fonte rapide des glaciers alpins, – la mer de glace en particulier, au-dessus de Chamonix -, fonte de la calotte neigeuse du Kilimandjaro, des 38° en Sibérie… Qu’ils veuillent montrer que ceci n’est pas dû à l’intervention humaine relève d’un argumentaire acceptable, mais qu’ils ne le mentionnent même pas relève du déni de réalité.

On en trouve d’autres pour dire : Vous vous trompez de direction, ce n’est pas en haut qu’il faut chercher, mais en bas, sous vos pieds : le réchauffement climatique vient peut-être en partie des activités humaines, mais probablement aussi d’un réchauffement de la terre en provenance du noyau où les conditions habituelles se transforment beaucoup. Voulez-vous des preuves ? eh bien demandez-vous donc pourquoi les glaces du Groenland fondent à l’interface terre/glace plutôt qu’à l’interface glace/atmosphère. 

10 2007 

Mise en service du géant des airs, l’Airbus A 380. Il avait fait son premier vol de 27 avril 2005 dans le ciel de Toulouse. De 575 à 850 passagers. Quadriréacteur. 24 mètres de hauteur, 72 mètres de longueur, 80 mètres d’envergure. Le plus grand avion commercial du monde. Splendide réussite technique, mais pour finir, échec commercial. Et on peut finalement se réjouir que la fabrication ait été arrêtée aussi rapidement : le coût de cet échec aurait été beaucoup plus important si on avait attendu la crise due au Covid. En 2022, on étudiera un moteur à hydrogène pour en équiper cet avion, comme cinquième moteur, en service une fois atteinte la vitesse de croisière.

Douze ans après sa mise en service commercial, l’A 380 a son avenir stoppé en plein vol. Airbus cessera la production de son emblématique géant des airs, entré en service en 2007, en bout de course faute de commandes, et qu’il cessera de livrer en 2021. L’A 380 rejoint ainsi la liste des avions commerciaux ayant échoué par le passé à trouver leur clientèle tels la Caravelle de Sud-Aviation (devenue Aérospatiale), le Mercure de Dassault Aviation ou le Concorde d’Aérospatiale et de British Aerospace.

Si l’A 380 est toujours autant plébiscité par les passagers pour son confort et son silence en vol, les raisons de son échec commercial auprès des compagnies aériennes sont multiples, même si ce programme a conforté la place d’Airbus parmi les géants de l’aéronautique.

Au lancement du programme, à la fin des années 1990, l’avionneur européen pariait sur un marché mondial potentiel pour les avions très gros porteurs autour de 1 400 appareils d’ici 2020, en espérant en capter 50 % des parts. Avec son plus gros avion de ligne au monde avec une capacité de 575 à 850 passagers, elle pensait séduire le marché. Deux décennies plus tard, avec 178 appareils commandés dont plus d’une centaine déjà livrés, la compagnie Emirates reste de loin la principale cliente du Super Jumbo. Au total, l’A 380 aurait été commandé à 321 exemplaires. 234 ont été livrés dont 232 qui sont encore en service. Mais ce nombre de commandes ne tient pas encore compte de l’annonce récente de la compagnie australienne Qantas qui a confirmé le 7 février dernier qu’elle annulait définitivement ses huit A 380 commandés.

En développant un avion géant, Airbus a parié sur le développement des vols de hubs aériens à hubs aériens, c’est à dire la connexion entre grandes métropoles, les voyageurs utilisant ensuite des court-courriers et moyen-courriers pour arriver à leur destination finale. Mais les hubs desservis par un avion de très grande capacité nécessitent des aménagements en raison de la taille imposante de l’A 380 : 24 mètres de hauteur, 72 mètres de longueur, 80 mètres d’envergure !

  • Une taille qui impose aussi aux compagnies aériennes un taux de remplissage le plus élevé possible pour assurer la rentabilité des lignes. Avec le 787 et le 777, Boeing a quant à lui opté pour le modèle dit point à point, qui prévoit de relier directement les villes de destinations avec des long-courriers.

Le lancement commercial de l’A 380 a été repoussé à plusieurs reprises. Des problèmes d’industrialisation ont concerné le câblage de la cabine passagers à double pont, réalisé en Allemagne à Hambourg. Certains câbles se sont avérés trop courts pour être raccordés aux autres parties de l’avion lors de l’assemblage final à Toulouse. Résultat, alors que les premières livraisons étaient prévues pour 2006 et excepté un premier appareil fourni à Singapore Airlines en octobre 2007, la grande majorité des commandes n’ont commencé à être honorées qu’en 2008.

Cette année fut celle de la crise économique et financière ce qui a rendu les compagnies aériennes très prudentes, d’autant que l’A 380 est très onéreux à l’achat avec un prix catalogue de 445 millions de dollars pièce (395 millions d’euros). En outre, de nombreuses compagnies, pénalisées par les retards du très gros porteur, ont exigé d’Airbus des compensations financières. Emirates aurait ainsi reçu 110 millions de dollars d’indemnités (98 millions d’euros).

Plus grand qu’un Boeing 747, l’A 380 peut transporter 575 passagers voire 850 en capacité maximum grâce aux 550 mètres carrés de sa cabine. Il peut stocker 320 000 litres de carburant, pesant jusqu’à 578 tonnes au décollage au total. Son rayon d’action peut atteindre 15 200 km. Mais la taille de l’avion mis en service en 2007 (avec son envergure de 80 mètres !) est également son talon d’Achille car elle dissuade les potentielles compagnies clientes. Sans compter son prix élevé qui éloigne d’autant les perspectives de rentabilisation. De même, son gigantisme renchérit les coûts d’exploitation. L’A 380 est doté de quatre moteurs, ce qui augmente les coûts de carburant, les coûts de maintenance et les durées d’immobilisation au sol pour entretien ou en cas de panne. 

Le Super Jumbo d’Airbus, n’a pas résisté à la concurrence de nouveaux biréacteurs long-courriers comme le 787 de Boeing, plus économe en carburant même s’il transporte moins de voyageurs qu’un A 380. Le 787 est un avion fabriqué sur le modèle du point à point, c’est-à-dire des vols directs. Ce modèle est celui des compagnies low-cost, qui peuvent ainsi concurrencer les grands transporteurs. D’ailleurs Airbus a répliqué avec ses A 350, plus faciles à remplir et donc plus rentables.

De son côté, le choix passé d’Air France en faveur du Boeing 777, un autre biréacteur long-courrier, est symbolique. Avec ses deux gros moteurs, contre quatre pour l’A 380, l’avion s’est révélé lui aussi moins gourmand en carburant. Bien que le 777 accueille moins de sièges que l’A 380, son seuil de rentabilité est plus abordable pour une compagnie aérienne.

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Frédéric Bergé. BFM Business

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10 11 2007   

Hugo Chavez, le président du Venezuela, participe à un sommet ibero américain à Santiago du Chili. Il ne cesse de parler, invectivant les unes après les autres les personnalités politiques espagnoles. Le roi d’Espagne est là, fronçant de plus en plus les sourcils, jusqu’à ne plus pouvoir se contenir et interrompre l’orateur par un cinglant Por que no te callas ? Pourquoi tu ne la boucles pas ? -. Tous les médias présents firent leur choux gras de l’affaire mais aussi le petit peuple  et les étudiants : quelques jours plus tard, on dansait dans toutes les universités un paso doble intitulé Por que no te callas ?

3 12 2007

Pose de la première pierre de l’EPR – European Pressurized water Reactor – à Flamanville, dans la Manche. Il faudrait en fait plutôt parler de la première tonne de béton…. qui sera loin, très loin d’être la dernière.

Au début des années 1990, l’Allemagne réunifiée devient la meilleure alliée de la France. Le Président François Mitterrand veut symboliser cette union à travers un grand projet industriel international, comme le fut Airbus auparavant. Une certaine Anne Lauvergeon, alors Sherpa du chef de l’État et future PDG d’Areva, lui souffle l’idée de la construction commune d’un nouveau réacteur à la pointe de la technologie. En 1989, un accord de coopération avait été signé entre Framatome et Siemens visant la mise au point d’une nouvelle technologie de réacteur pour les marchés français et allemands, mais aussi pour l’export.

Le timing est parfait, l’idée séduit. La France est en train de terminer son parc de 58 réacteurs (la dernière unité entrera en fonction en 2002). Elle doit penser la génération de remplacement et aussi miser sur l’export afin de valoriser cette expérience technologique française. Ainsi naît le concept de l’EPR. Il doit être développé par Framatome côté français et Siemens côté Allemand.

Sur le papier, c’est idéal. Mais des données vont compliquer l’affaire. D’une part, les ingénieurs EDF ont déjà un réacteur dans les cartons : le REP 2000, de conception 100 % française et enrichi de 30 ans d’expérience. Déjà très avancé dans son développement, les ingénieurs français auront du mal à faire le deuil de leur produit. D’autant plus que le design du nouvel EPR, qui embarque des technologies françaises et allemandes, sera extrêmement compliqué à finaliser. Conçu sur la base des réacteurs français N4 et allemand Konvoi, l’EPR est un réacteur nucléaire de troisième génération à eau pressurisée. Cette filière, la plus répandue dans le monde, repose sur un échange de chaleur entre deux circuits d’eau sous pression : l’un, le circuit primaire, passe au cœur du réacteur, l’autre, le circuit secondaire, fait tourner des turbines à vapeur permettant de produire de l’électricité.

Ce sera un monstre d’une puissance de 1650 MW, plus que tout ce qui existe. Il garantira également une sûreté maximale en prenant le retour d’expérience de l’accident de Tchernobyl survenu en 1986 et a été développé avec deux objectifs principaux : améliorer la sécurité et assurer de meilleurs rendements. Pour répondre au premier, l’ensemble du système a été conçu pour résister à un séisme et une partie des bâtiments est bunkérisée pour supporter la chute d’un avion gros-porteur. Plusieurs dispositifs ont été intégrés pour éviter la survenue d’un incident grave, comme des vannes de dépressurisation ultime installées sur le circuit primaire. En cas d’accident, le réacteur est doté d’un récupérateur de corium, chargé de collecter et refroidir le produit d’une fusion du cœur. L’enceinte de confinement doit également être en mesure de contenir les fluides radioactifs vaporisés. Selon Hervé Machenaud, cela va donner un monstre de ferraillage et de béton.

D’une puissance de 1.600 MW – soit 100 à 150 de plus que la génération précédente – l’EPR utilise de l’uranium enrichi à 5 % ou du combustible MOX. Composé de plutonium et d’uranium appauvri, celui-ci est en partie créé grâce au traitement de combustible nucléaire usé et, au bout du compte, la filiation industrielle EDF passera à la trappe au profit de celle de Siemens, selon Hervé Machenaud.

Sur le plan du rendement, le réacteur est conçu pour fonctionner avec un combustible nucléaire moins enrichi que les générations précédentes. Les rechargements doivent être plus espacés, permettant des cycles plus longs, et les générateurs de vapeurs offrent une pression plus importante dans le circuit secondaire pour une meilleure production d’électricité. EDF affirme que le réacteur peut produire 22 % d’électricité supplémentaire qu’un réacteur traditionnel, à partir de la même quantité de combustible.

D’autre part, au début des années 2000 le chancelier Gerhard Schröder annonce la sortie progressive de l’Allemagne du nucléaire. Une telle perspective conduira Siemens à s’éloigner du projet, éloignement qui sera encore accentué par la création d’Areva en 2001. Le 20 janvier 2009, Siemens se désengage complètement du projet.

L’EPR sera enfin au centre d’une guerre entre Areva et EDF, tous deux voulant devenir chef de file du nucléaire en France. Le premier chantier lancé en 2003 en Finlande par Areva seul va rapidement s’embourber alors que la filière n’est pas mobilisée derrière ce qui aurait dû être la vitrine du savoir-faire français.

pour le principal, Ludovic Dupin, @LudovicDupin SFEN Société Française d’Énergie Nucléaire

10 12 2007     

La France reçoit Kadhafi, qui plante sa tente dans les jardins de l’Hôtel Marigny, résidence habituelle des hôtes de marque étrangers. L’affaire fera grincer bien des dents mais elle se fera. Sarkozy est un funambuliste, pas un homme d’Etat.

Le président français Nicolas Sarkozy accueille le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, au palais de l’Elysée, à Paris, le 10 décembre 2007. Éric Feferberg / AFP

Du Sarkoprez au Sarkotrou ? - AgoraVox le média citoyen

24 12 2007

Quatre touristes français sont tués à l’arme automatique par un groupe de terroriste se réclamant d’AQMI dans le désert mauritanien : cela entraînera l’annulation du rallye Paris-Dakar.

26 12 2007      

Six membres de L’Arche de Zoé sont condamnés au Tchad à huit ans de travaux forcés et au paiement de 61 000 €/enfant : ils sont 103. On peut parler de tentative d’enlèvement, sans coup et sans blessure. Et les condamnations sont celles infligés à des criminels ! C’est toute l’Afrique minable,  tricheuse et cupide qui s’exprime dans ce verdict honteux.

27 12 2007   

Assassinat à Islamabad de Benazir Bhuto, 54 ans, revenue au pays depuis le 18 octobre pour s’y présenter aux élections présidentielles à la mi-janvier contre Perez Musharraf.

12 2007   

Des études démographiques sur l’Afrique viennent infirmer toutes les prévisions catastrophiques sur les hécatombes à  venir à mettre au compte du sida. La démographie africaine est saine. Elle exige des investissements très importants pour que tout ce monde puisse accéder à une vie décente, mais l’Afrique n’est pas sur une pente de déclin. L’Afrique a toujours refusé, pour des raisons à la fois culturelles et idéologiques de mener des politiques de modération démographiques : moins de 10 % des femmes utilisent une méthode moderne de contraception. En Afrique subsaharienne, deux personnes sur trois ont moins de 25 ans, en Chine, c’est 40 %, en Europe, 30 %. La densité est aujourd’hui de 32 hab/km² en Afrique subsaharienne (28 en Amérique du sud/Caraïbes, 128 en Asie). Si l’on prend des densités en référence aux superficies de terres arables, on arrive très souvent à des chiffres supérieurs à 400 hab/km². En 2001, on estimait le nombre de personnes séropositives à 9 %, aujourd’hui, on l’estime à 6 %.

2007    

On compte 33 000 boulangeries en France.

Quelque trente ans plus tôt, à la demande du président du Congo-Kinshasa Mobutu Sesse Seko, 114 œuvres d’art ont été transférées – il s’agit d’un prêt à long termepar le musée belge de Tervuren au Congo. Un inventaire est fait… qui révèle qu’il n’en reste plus que 21 dans les collections de l’Institut des musées nationaux du Congo : le reste avait disparu, parti chez des particuliers ou sur les marchés de l’art …

Xiran, journaliste chinoise installée en Angleterre depuis 1997, écrit des livres à succès. Après Chinoises, elle publiera en 2009 Mémoire de Chine [publié en France en 2010], compilation fort intéressante de témoignages sur la vie en Chine depuis la fin de la première guerre mondiale à nos jours. On lit à la fin :

Sur Internet, les sites et les blogs sont les seuls espaces où les Chinois peuvent s’exprimer sans réserve. Ils y cherchent et défendent leurs racines, ils y transmettent avec passion l’héritage de la culture chinoise. La popularité croissante d’Internet est une véritable révolution culturelle dans la société chinoise, balayant l’ancien système, vieux de plusieurs millénaires, où les mots ne pouvaient voyager que dans un sens : de la haute société vers la base ; les Chinois peuvent maintenant exprimer sans crainte tout ce qui leur passe par la tête. Aujourd’hui, la toile permet aux internautes chinois de s’exprimer sans danger et en toute liberté : ceux qui doutent des dieux, qui interrogent le gouvernement, se rebellent contre leurs parents, s’opposent à leurs supérieurs, et même ceux qui ont des griefs envers leur conjoint ou des reproches à faire à leurs amis ou à leur famille, et dont les opinions auraient été considérées comme hostiles à l’autorité, inconvenantes ou traitres envers leur famille peuvent ici se défouler, sans que jamais personne ne vienne le leur reprocher,  pas même les dieux !

Quand on sait à quel point le gouvernement de la Chine est obsédé par la surveillance d’Internet, quand on sait qu’il emploie à peu près deux millions de personnes pour surveiller tout ce qui s’écrit, se dit, se voit sur la Toile, on ne peut que s’esclaffer face à une telle contre vérité, face à un mensonge aussi énorme. Une seule explication possible : le gouvernement chinois a dit à Xiran : OK, vous allez où vous voulez, vous interrogez qui vous voulez, vous les laissez dire et vous transcrivez tous les propos qu’ils vous tiendront, nous ne vous mettrons aucun bâton dans les roues, vous aurez tous les feux verts, tout ceci, à une seule condition : affirmez qu’Internet est un espace de totale liberté. Et ainsi fût fait. Xiran fait feu de tout bois, mais on ne peut pas compter sur elle pour tenir des propos quelque peu dérangeants pour le pouvoir en place en Chine.

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[1] Liberté d’expression qui demande l’existence d’une autorité de régulation, pour ce qui est des démocraties libérales occidentales. Là où l’autorité de régulation n’existe pas, cela signifie que l’on est dans un régime totalitaire, que ce soit celui de Xi Jinping, de Vladimir Poutine, de Kim Jung II, de Victor Orban, de Xavier Milei ou même de Donald Trump etc…